Protagoniste féminin dans GTA VI, Lara Croft lesbienne : ce que les polémiques disent de leurs instigateurs
Cet été, deux rumeurs ont fait couler de l'encre dans le paysage vidéoludique. La première évoquait que le protagoniste principal du futur GTA serait une femme, la seconde la possibilité de voir une Lara Croft lesbienne dans le ou les futurs Tomb Raider.
Je ne vais pas m'intéresser à la plausibilité ou à la véracité de ces rumeurs, car cet aspect-là du sujet est plié d'office : les seules informations fiables et avérées sont celles provenant d'annonces officielles de la part du studio réalisant le jeu. Le reste n'est que spéculation jusqu'à la sortie du jeu, quelle que soit la fiabilité qu'on accorde aux sources des rumeurs.
Ce qui m'intéresse à propos de ces rumeurs est que malgré leur statut de simple rumeur, elles ont tout de même déchaîné les paniques morales des réactionnaires qui se sentent menacés chaque fois qu'ils entendent "femme", ou bien de tout mot impliquant la représentation d'une minorité* qui sort de leur confortable carcan, qui leur permet de ne voir que les personnes blancs, cisgenres, hétéros, valides etc.
*Deux précisions : premièrement, je n'inclus pas "femmes" dans les minorités, puisqu'elles représentent 50% de la population. Cela dit, cela ne change en rien le fait qu'à l'instar des minorités LGBT+, racisées, handi etc, elles subissent des oppressions.
Deuxièmement, ce qui me dérange sont les gens qui critiquent la présence de personnages féminins, LGBT+, racisés, handi etc. car ils n'ont pas envie d'en voir du tout. Cela ne veut pas dire que de tels personnages sont imperméables à la critique (je pense au pinkwashing).
Lara Croft, sexualisée mais seulement quand ça arrange
Avec la rumeur d'une possible Lara Croft homosexuelle, on a pu lire chez certains "Quel est l'intérêt de faire de Lara Croft une lesbienne ?" ou encore "son orientation sexuelle on s'en fout". Passons sur le fait que ces deux phrases se contredisent totalement, bien que juxtaposées dans certaines argumentations critiquant la rumeur.
Donc, vingt-six ans après la sortie du tout premier Tomb Raider sur PlayStation, des gens se réveillent pour affirmer que la vie sexuelle ou amoureuse de Lara Croft n'a jamais été mise en avant. Une affirmation un brin curieuse, quand, après treize jeux-vidéo (et films, comics...), on a largement eu le temps de voir Lara flirter avec des hommes, avoir des relations avec, et même être régulièrement associée à l'expression "femme fatale". À croire que l'orientation sexuelle d'une personne devient politique seulement lorsqu'elle diverge de la norme hétérocentrée.
Ce sont exactement les mêmes relents qui suintent lorsqu'on entend quelqu'un demander quel est l'intérêt de faire un personnage lesbien (ou racisé, ou handicapé, etc.). On n'entend jamais ces gens-là se poser la question inverse : quel est l'intérêt de postuler qu'un personnage donné est et restera toujours hétéro, indépendamment des adaptations ? L'identité d'un personnage devrait-elle être fixée dans le marbre et ce, dans toutes les œuvres fictionnelles qui la mettent en scène ?
Pourtant, personne n'a crié au scandale quand dans Batman Arkham Knight (2015), le personnage d'Azrael a été associé à l'identité de Michael Lane (reprenant l'adaptation du personnage dans Batman #672, 2008) et non à Jean-Paul Valley, la version la plus connue de 1992, personne n'a crié au scandale.
D'ailleurs, personne non plus n'a crié – à l'exception peut-être de l'absence de son double 9mm, ce qui sort un peu du sujet – lors du reboot Tomb Raider de 2013, dont la Lara Croft était bien différente, scénario oblige, de celle des originaux.
Alors, pourquoi se plaindre uniquement quand les variations dans l'interprétation de l'identité d'un personnage concernent son orientation sexuelle ?
Ou plus précisément, quand ladite orientation sexuelle exclut toute relation hétéro ? Car quand Angelina Jolie a joué son rôle, elle était déjà connue pour être elle-même bisexuelle. Là non plus, pas souvenir d'une polémique...
GTA VI : jamais de femmes gangster, vraiment ?
On ne devrait jamais demander s'il y a un "intérêt" à associer un personnage, qu'il soit ancien (au sens : ayant déjà connu d'autres interprétations) ou nouveau, tout simplement car la représentation, c'est important. Pourtant, tout comme certains demandent que la narration explique la présence de personnages noirs dans l'univers de Tolkien, on voit encore des gens demander pourquoi Lara Croft "devrait être une lesbienne", ou "pourquoi le protagoniste de GTA VI serait une femme". Après tout, les femmes gangsters, ça n'existe pas...
Car on le sait, Bonnie Parker, Mae Capone, Anna Gristina, Fernande Grudet (Mme Claude), Rosetta Cutolo, Maria Licciardi et Pupetta Maresca, Judy Moran, Sandra Ávila Beltrán (la Reine du Pacifique), Stephanie St. Clair (Queenie), Ma Barker ou encore Virginia Hill, n'ont jamais existé. Elles ne sont que le fruit de l'imagination collective.
Ou bien se pourrait-il que certains joueurs ne voient que ce qui les arrange ?
Ce que ces polémiques disent des joueurs
Ces tristes épisodes sont les plus récents, mais non les derniers. Bien des fois, face à l'idée d'un protagoniste féminin dans un jeu-vidéo, des joueurs ont trouvé le moyen de se plaindre.
Quand Assassin's Creed Valhalla offrait la possibilité de jouer une femme Viking, ou quand Wolfenstein: Youngblood mettait en scène les deux filles de Blazcowicz affrontant les nazis, on pouvait lire que c'est "seulement pour faire plaisir aux féministes", et que "les femmes guerrières (ou soldates), ça n'existait pas" – ignorant très commodément l'existence de Boudicca, reine des Iceni qui mena une campagne militaire face aux Romains au Ier siècle, de femmes pirates comme Grace O'Malley (XVIème siècle), Anne Bonny (XVIIIème siècle) ou Ching Shih (XIXème siècle) et tant d'autres exemples.
Et d'ailleurs, pas besoin que ces personnages soient les protagonistes principales. Dès que l'on dérive un tant soi peu du modèle de la femme blanche hétéro, objectifiée dans un récit plus ou moins ostensiblement viriliste, pour certains, ça chatouille.
Le dénominateur commun ? Sont toujours exigées des justifications pour la présence de protagonistes féminins et/ou appartenant à l'une ou l'autre minorité... mais jamais pour un protagoniste masculin, blanc, hétéro, etc. Comme si ces personnages-là, dans leur hégémonie, étaient pourtant invisibles et ne demandaient aucun regard, aucune analyse.
Quand on fait ces constats, on se rend inévitablement compte que ces polémiques disent bien plus de choses à propos des joueurs qui les instiguent qu'elles n'en disent à propos des jeux critiqués.
Pour aller plus loin sur la masculinité dans le JV, et la place qu'y ont les femmes et les minorités, je vous renvoie à l'excellent documentaire de Sofia (Game Spectrum).
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Know any gaming myths to debunk?
Gaming myths have been around as long as games, from the earliest Sumerian board games to the latest video game for your brand new Nintendo 64. Here are a few popular myths over the years to debunk:
The Royal Game of Ur: According to the weekly cuneiform tablet of Lord Kotaqu VI, the Royal Game of Ur held a secret block that could be accessed by moving a stone left, right, left, and right and up and down several times. This was simply untrue and Kotaqu was executed for his charlatan magic.
Chess: Several early critics of the game of Chess claimed that the game's battlefield strategy emulation inspired violence, despite many studies showing that Chess players like Gandhi were no more likely to go to war than non-Chess players such as Napoleon, except in certain Sid Meier simulations.
Texas Hold-'Em Poker: Many poker players were prone to cheating, especially in the old west. There are claims that card manufacturers such as Bicycle and Hoyle began to include serial numbers and codes, such as letter "L" on the lower left corner of a card so that nobody could claim a 9 was a 6, and so on. Though this has never been proven, many still claim that the L is real.
Pong: In the 1970s, games went electronic and many myths developed about this strange new form of play. The first game, "Pong," was much like table tennis, and some players claimed that one could, with proper timing, pick up the "ball" pixel and throw it on the "roof" of the video screen. This was proven untrue as more people learned how computers worked.
Tomb Raider: As more teenagers played video games, playground rumors such as a "Nude Code" to show the game protagonist naked became popular. Though there is no nude code in Tomb Raider, there is one in Kirby's Dream Land, in which Kirby can appear nude but for shoes by starting the game in normal mode.
Dark Souls: With the complexity of the world of Dark Souls, many rumors and myths were spawned, such as the ability to fast-travel early, a hidden map behind an old fog gate, and even the ability to enter other games by switching discs during a load screen. This last bit was only true in one case, where replacing the game disc with Postal 3 would improve the quality of the Postal game by making it crash irrecoverably.
Super Mario Bros. Wonder: The newest Mario game's "Wonder" mechanics are strange and diverse, leading to many rumors about weird tricks they can result in. While the normal game can turn Mario into a sticky blob, make inanimate pipes crawl like inchworms, or illuminate previously invisible walkways, claims of Wonder effects that make the console explode, save money on your car's extended warranty, or even let you see real people's names and how many days they have left to live have mostly proven false. One Wonder effect that did prove real was a 79 step ladder that lets Mario climb into a developer room. The room didn't have all that much in it, but also, it's everything.
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