... et la Fortune le suivait.
[Exceptionnellement, cette nouvelle est une suite directe à S’en fut Poursuivant, que je conseille donc fortement de lire avant ce texte.]
Prostré sur le côté, les mains enroulées dans les cheveux, Poursuivant-des-monstres gémissait. Le souffle qui remontait de sa gorge était chargé et brûlant. D’une ruade, il se retournait dans le lit comme un ver, sans que les draps bouillants n’offrent le moindre répit à son flanc trempé de sueur.
Il brûlait, il brûlait plus que l’incendie. La discipline et une vie d’habitude seules l’empêchaient de hurler. La salive de sa gorge était pâteuse et les larmes de ses yeux lui irritaient tout le visage comme de l’acide.
Chaque soir, c’était la même chose, désormais.
Chaque soir était le pire de sa vie. Chaque nuit amenait un lot de cauchemars physiques pires que la mort. Il se sentait ployer à une force inextinguible qui le broyait – mais qui ne daignait pas le tuer. Un répit ! N’importe quel répit !
Il se sentait dévoré par sa propre sueur, et peu importaient les bains, peu importaient les draps propres. Sa peau étrangère ne lui laissait aucun repos. Elle rampait sur ses muscles, s’infiltrait dans son corps, jusqu’à ses os… mais la brûlure n’était pas le pire de sa condition.
Car quand la chaleur refluait, quand les suées se transformaient en frissons sur son cuir moite, les démangeaisons commençaient. Alors les ongles de Poursuivant se transformaient en instruments de libération et de supplice.. Mais il fallait gratter et c’était impossible de ne pas le faire. Gratter en arrachant le plus possible de cette peau terrible.
Le visage dans l’oreiller, les genoux serrés l’un contre l’autre à les casser, les mains frénétiquement plongées dans ses côtes, Poursuivant pria jusqu’à ce que sa conscience défaille.
La plus vraie des prières n’est pas en vers mais étouffée dans un matelas. Celle-ci n’avait ni mots ni raison. Elle n’avait même pas la grâce d’un souffle. Elle avait pour elle la terreur et la douleur à leurs états les plus purs – et la foi sublime des martyrs, qui les sublimait en détermination.
Poursuivant ouvrit les yeux. Un jour incertain flottait derrière la fenêtre. Dans l’angle de ses yeux, il voyait des fils de gris et de blanc sale. Contre sa joue et son flanc nus, les draps étaient encore trempés et collants, au point qu’il lui semblât percevoir le moindre fil de leur tissage comme autant de lames de rasoir. Ses paupières et sa gorge étaient toutes engluées de sucs pâteux.
Il faisait jour – assez jour en tout cas – et il voulut se lever, tendre son bras devant lui pour saisir le fer froid de son épée, pour s’y appuyer ou s’y rafraîchir, il ne savait encore trop. Son épaule pesante refusa de lui répondre. Il voulut tenter autre chose, mais même se râcler la gorge pour en évacuer les glaires lui était impossible. Pourtant, son corps était bien là – il le sentait, si lourd, si brûlant, si irrité, si grand – mais hors de portée de son esprit.
Son regard croisa la lame de son épée, posée à la verticale contre le mur, à quelques dizaines de centimètres à peine. Dans le métal-miroir, il aperçut son propre visage.
« Ah, je rêve. » songea-t-il en soupirant intérieurement. L’année passée, si le reflet de son rêve disait seulement vrai, ne lui avait pas été tendre. Le garçon face à lui avait de longues cernes noires et les yeux à la fois rougis et chassieux. Le duvet qu’il tentait, à l’époque de son adoubement, de transformer en barbe digne, était devenu un chagrin de boucles noires déjà parsemées de gris.
Cela faisait un an, et une vie, qu’il ne s’était pas vu. Le garçon, l’homme devant lui lui donna envie de pleurer, mais ni ses yeux, ni sa gorge, ne répondirent, et il en fut heureux.
« Je suis désolé. » fit-il au garçon, en pensée. « Je ne prends pas soin de nous. Quand nous aurons terminé la mission… »
« Quoi alors ? » fit une voix comme une cascade glacée. Le poids qui épinglait Poursuivant au lit se fit plus écrasant encore. Il sentit une main gelée ramper dans son dos, puis sur son épaule, laissant sur son passage un sillage d’échos tactiles. Mais il ne pouvait pas se retourner.
Dans son reflet, la main émergea dans sa nuque. Elle avait des petits doigts gris et des ongles rongés bien court.
« Quand tu auras fini ta mission… qu’est-ce qu’il se passera, Poursuivant ? Une autre mission ? Ou un monstre ? » La tête de la fille – la fille de l’auberge, celle avec les cheveux – émergea de derrière la sienne. Ses longues boucles caressèrent le front de Poursuivant, son souffle aux odeurs de charogne passa sur son visage en ravivant toutes les irritations de ses yeux et de sa peau. « Ou tu vas faire une pause, des vacances, tu sais ? Pour massacrer quelques innocents, histoire de bien leur faire comprendre que tu vas les sauver ? Tu vas nous sauver, Poursuivant ? Tu nous sauveras tous ? »
Poursuivant sentit un long gémissement faire vibrer sa poitrine. Mais il ne pouvait toujours pas parler, même pas desceller ses lèvres. A la place, il songea :
« Tu n’es pas réelle. C’est encore une paralysie.
-J’étais réelle. Tu t’es arrangé pour régler ce problème.
-Je suis désolé.
-Ha ! Nous, tu n’es pas désolé. Si tu étais vraiment désolée, tu ne m’utiliserais pas comme instrument d’auto-apitoiement. J’avais un nom, Poursuivant, j’avais un visage, une histoire, de la famille et des amis. Maintenant regarde ce que je suis. »
Les mains grises le saisirent, l’une au menton, l’autre à l’épaule, et le tirèrent violemment sur le côté, le forçant à rouler sur le dos.
Il se sentait comme une poupée désarticulée. L’un de ses bras se retrouva coincé sous sa cuisse, l’autre glissa du lit et se mit à pendouiller, les phalanges contre le parquet. Au dessus, la jeune femme morte se tenait à quatre pattes, son visage à quelques centimètres du sien. Ses boucles pendouillaient contre sa peau, envoyant des ondes de fièvre à chaque fois qu’elles l’effleuraient. Sa face était détruite et son expression, haineuse et méprisante.
« Je ne suis même pas un fantôme. Je ne suis RIEN. Tu ne me penses même pas assez importante pour te souvenir de mon putain de nom. Je ne veux pas être l’accessoire de ton histoire, salaud. Je voulais vivre, tu m’entends ? J’avais ma vie ! Et parce que tu t’es cru plus important que moi, tu m’as tuée. Tu as tué mon père. Et tu penses avoir le droit à la culpabilité, maintenant ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas raconter mon histoire ? Salaud ! Tu t’en fous ! Tu n’as jamais écouté qui que ce soit !
-Tu en savais trop… ton nom… ton nom, Fortune ! C’est Fortune !
-Et le reste ? Tu sais qui j’aimais ? Ce que je voulais faire ? C’était quoi mon plat favori ? Le surnom que me donnait mon frangin ? Qui j’aurais été à trente, cinquante, soixante-dix ans ? Salaud !
-Oui. Salaud. Pardon…
-Tu m’as raconté ton histoire. Je voulais t’aider. Tu m’as tout lâché dessus, toutes tes conneries et tu m’as tuée pour t’avoir écoutée. Et maintenant tu OSES, tu OSES utiliser mon visage pour… pour ça… pour TOI. Branle-toi sur mon cadavre, tant qu’à faire !
-Tu es partie. Je sais que tu es partie. Je sais que tu étais réelle, et tu ne l’es plus. Je suis désolé, je suis désolé. Je ne voulais pas te faire de mal.
-Pas partie. Morte. Crevée. Clamsée. TUEE. Dis-le aux juges noirs ! Oh, dis-le à tes pairs chevaliers ! Dis-leurs tiens ! Excusez-moi je ne voulais pas lui faire de mal, je l’ai juste massacrée, mais tout va bien puisque je ne voulais pas ! Salopard ! Et pour me faire pardonner, je pleure tout seul !
-Fortune. Tu n’es PAS. Réelle. »
Le fantôme furieux encadra le visage de Poursuivant de ses mains et rapprocha le sien, dents serrées.
« Ose le croire. Ose seulement le croire, Poursuivant. Laisse-moi pourrir où tu m’as laissée. Tu n’as pas le droit de te servir de moi pour te flageller. Je voulais vivre.
-Je sais. Il n’y a rien que je puisse réparer à la mort.
-Et tu prétends sauver le monde par elle ! Porteur de lame ! Porteur de lance ! Porteur de mort !
-Oui. Je n’ai plus le choix maintenant. Il faut que je sauve le monde. »
Comme un miracle, Poursuivant sentit ses paupières se débloquer. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. Le monde vacilla un instant. Il bascula sa tête sur le côté et risqua un regard.
Dans le fer de sa lame, le visage moqueur du barde rouge le sondait. Il se passa doucement la main du front – lisse – au nez – retroussé – au menton – glabre. Ah, il n’y avait pas de doutes. Il était bien de retour à la réalité, et il était bien, et toujours, et à jamais, Poursuivant-des-monstres, le chevalier sans visage.
Il lança ses longues jambes sur le côté et s’assit sur le lit, tâtonnant à proximité à la recherche de son masque. Avant même tout le reste, il fit glisser les lanières de cuir pensivement entre ses mains, et l’enfila – bien serré. L’étouffement persistant l’ancrait au monde. La pression de l’argent contre son visage le forçait à la réalité, le rappelait à sa mission. Plus de fièvre, plus de sommeil, plus d’hallucinations. Il y avait des choses à accomplir.
Poursuivant s’habilla et sortit. Son habit bleu était si taché de sang, désormais, qu’il fut tenté de le jeter ici et maintenant, et de partir en exigeant une chemise de l’aubergiste. Et ajouter le racket au meurtre, songea-t-il avec amertume. Vraiment, la fine fleur de l’Humanité.
Dans la salle principale, plus d’ailleurs un salon que, véritablement, une salle de service, l’aubergiste l’attendait. C’était une petite vieille femme qui se tordait les mains et sursauta à son approche. A la grande surprise de Poursuivant, une jeune femme de dos était également attablée, malgré l’heure tardive.
Puis elle tourna la tête vers lui – et c’était Fortune, le visage en sang. Le chevalier marqua un arrêt, puis tira la chaise à lui, et s’assit au travers de l’hallucination.
« Bon matin, madame. Vous n’aviez point à m’attendre. Mon cheval a-t-il été nourri ? »
La vieille femme acquiesça.
« Puis-je emporter quelques provisions pour la route, ainsi qu’un sac d’avoine ? »
Elle secoua vaguement la tête vers une table au fond, où trois miches de pain, trois saucissons et un sac de pommes l’attendaient.
« Je… je n’ai pas pensé à l’avoine, messire. Je vais la chercher. Je prie monseigneur de m’excuser, la saison a été rude..
-Rude pour tous, madame, je ne vous en tiens pas rigueur. Je vous attendrai dehors. Merci pour cette générosité, c’est plus que l’on ne me donne habituellement.
-La grâce du Onzième.
-La grâce du Onzième ! »
Il lui sourit avant de se souvenir qu’elle ne le verrait pas – et que même en retirant son masque, elle ne ferait qu’en voir un autre, particulièrement haï, en dessous. Il vit que ses yeux étaient froids, ses mains toujours serrées l’un à l’autre pour ne pas trembler, et qu’à l’idée de l’avoine, elle avait presque bondi vers la porte pour fuir, sans pour autant le quitter des yeux.
Il eut envie de pleurer et se retint avant de se souvenir qu’elle ne le verrait pas.
Mais le Onzième Dieu te voit, lui.
Il s’en fut prendre pain, saucissons et pommes, et en faire un baluchon piqué à sa lance. Il emboîta le pas de la vieille femme nerveuse et passa la porte de l’auberge modeste – elles finissaient par toutes se confondre.
Au sortir, il bruinait légèrement et Fortune l’attendait, debout au milieu de la pluie, le regard fixé sur lui et les bras croisés. Il inspira et passa au travers d’elle sans un frisson et se dirigea vers la grange où sa haquenée l’attendait. Du coin de l’œil, il perçut le mouvement bringuebalant de la vieille femme, qui luttait sous trois lourds sacs de grain.
Son œil tiqua et il vit le sabot de la vieille femme glisser dans la boue. Poursuivant bondit en lâchant son épée et tendit le bras pour la saisir à l’écharpe. Il l’entendit glapir, puis s’étouffer.
« Vous tombiez. Vous devriez faire attention, madame. Cela suffira bien, je vous remercie de votre générosité. Je pars, rentrez à présent. Ce n’est point un temps pour votre âge. »
Dieu, qu’elle tremblait. Ses dents claquaient, et ce n’était pas la bruine. Poursuivant fit sauter les trois sacs sur son épaule. La vieille aubergiste n’en demanda pas plus, et recula vers sa porte en marmonnant quelque chose, un adieu peut-être, qu’il n’entendit guère.
« Evidemment, connard, que tout le monde a peur de toi. » siffla la voix de Fortune lorsqu’il fut seul.
Poursuivant amena sacs et baluchon à l’intérieur de la grange, et revint pour son épée. Il la ramassa souplement et fendit la bruine de quelques coups pour débarrasser la lame de sa boue.
« Je sais bien. Je ne puis rien aux cœurs des hommes. Ou des femmes.
-Tu les effraies. Tu les dégoûtes.
-Je n’y puis rien. Je ne suis que passager dans leurs vies tranquilles. Il y a de plus larges causes que leur amour.
-Ça te dévore hein ? Que personne t’aime. Avec toutes les histoires. Tout ce que tu penses que tu fais. Personne t’aimera jamais, Poursuivant.
-Je sais. »
Il rentra et décrocha les brides du clou au mur. Une ombre barra la porte – Fortune l’avait suivi.
« Pourquoi t’acharnes-tu ?
-Je te renvoie la question.
-C’est du dépit. Non… c’est de la hargne.
-C’est la foi qui me maintient.
-Tu crois !»
Poursuivant souleva la selle de la jument d’un bras, et, de l’autre, secoua vivement le tapis qui avait pris la poussière pendant la nuit.
« Maints de mes pairs, Fortune, ont des illusions sur qui nous sommes.
-Parce que tu n’as pas d’illusions, toi. TOI.
-J’ai survécu à plus que chacun d’entre eux. La fortune n’a jamais été de mon côté. Je sais ce qu’est l’espérance, parce que j’ai connu le plus pâle désespoir. Je sais ce qu’est la vraie foi.
-La Fortune jamais de ton côté… ha ! Tu l’as gagnée, ta Fortune, regarde-moi.
-Je suis désolé de ce qui t’est arrivé.
-De ce que tu m’as fait ! Regarde-moi. »
Il la regarda un instant, puis serra la sangle de la selle d’un coup sec de poignet.
« Fortune, il faut que tu entendes. Tu n’es point le premier de mes fantômes.
-Je ne suis pas réelle.
-Non, tu n’es pas réelle… et tu ne bloqueras pas mon chemin. »
De la bride, il guida gentiment la haquenée au travers du fantôme.
« Salaud. » lui siffla t-elle.
« Me suivras-tu, Ô Fortune ?
-Tu me laisses pas le choix, hein ? J’existe qu’en toi. Ha. J’existe que pour toi. Salopard. J’aurais pu être quelqu’un.
-La vie est ainsi faite…
-Ta gueule ! Plus un mot ! La vie c’est pas ça !
-… la vie est ainsi faite, mon ombre… ainsi faite que… la seule chose qu’il me reste de toi, l’inconnue, c’est l’idée que tu m’aurais haï pour ce que je vous ai fait, à ton père et à toi. Je n’ai rien d’autre à offrir à ce que je t’ai volé. Je ne te connaissais pas. Marche auprès de moi si tu veux… marche… reste…
-Tu es complètement fou.
-Certainement, oui. »
Poursuivant allait courbé au travers du hameau, et bientôt, sur la route. Il mit le pied à l’étrier et se hissa souplement.
« Où allons-nous ? » gronda Fortune, lovée dans son dos avec le poids d’un cadavre.
« Vers ma quête ! Toujours vers ma quête. Ou je ne suis pas Poursuivant-des-monstres. Demain ou après-demain, nous auront rattrapé le barde rouge et son apprentie.
-Et quand tu les auras ?
-La justice.
-Laisse-moi rire. Pour eux ? C’est toi qu’on devrait occire !
-Peut-être, oui, après. Je demanderai pénitence auprès de l’ordre.
-J’espère qu’ils te détruiront. »
Poursuivant eut un long frisson. Les écailles sous sa peau le lancèrent. « Je crains que ce ne soit déjà en cours, Ô Fortune. »
Les pas de la haquenée faisaient doucement bruisser les herbes mouillées, juste avant de les écraser.
« Pourquoi ne pas te tuer, Poursuivant ?
-Je n’ai que par trop péché et je dois trouver la rédemption avant ma mort.
-Chacune de tes tentatives empire la situation.
-C’est… c’est pour ça que je dois continuer. La rédemption, je la trouverai, je l’arracherai au monde même. Plus j’erre plus le prix est vaste à payer, mais je ne peux ployer la nuque devant mes frères ou devant les civils.
-Alors tu nous tues… comme si nous n’étions rien… et après, tu te permets de pleurer et de promettre que tu finiras par compenser nos morts… un jour.
-Ô Dieu, oui. Je ne puis perdre la foi.
-Tu veux mourir en martyr, Poursuivant.
-Cela ne me déplairait point.
-Egoïste ! On ne peut rien dire sur les martyrs. Ni cracher sur leurs tombes ! Tous autant que vous êtes, chevaliers d’argent, dragons, vous êtes les architectes de votre violence et de votre impunité. Vous buvez le sang qui vous rend fort et qui vous rend mort… le sang des dragons… et dragons, vous êtes.
-Nous ne devenons point tous dragons. Point tous !
-Mais toi, Ô le plus parfait des chevaliers, le plus fort et le plus vif des chevaliers d’une génération… Ô toi qui de ta main déchire le bois d’un arbre, qui de ton poing fend la pierre, qui du talon brise la terre… Ô toi… tu es déjà plus qu’à demi bercé de ténèbres.
-Oui, je sais, je sais. Cela importe peu : ma foi demeure. Je ferai mieux. Ce que je fais a un sens, et je le montrerai au monde.
-Tu ne sais que donner la mort !
-Au moins je suis bon à une chose. Fi ! Tais-toi, Fortune. Il n’est pas bon pour un chevalier d’argent de se morfondre à son sort. Tu es le plus doux de mes fantômes, mais tu as raison. Il ne sied pas que j’abuse de ton souvenir, pauvre enfant…
-De ton âge… nous aurions pu être amis…
-Je ne sais point aimer.
-J’avais remarqué. Au revoir, Poursuivant. »
Et la pensée de Fortune descendit de selle et Poursuivant fut bien seul avec son cheval et la pluie, et songea à sa proie qui se rapprochait.
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Applejack wiped the sweat from her brow. She set the hammer aside and groaned. Her hooves were sore from the day's chores and adding putting up a billboard on top of the list had been a bit more tiring than the middle-aged mare had expected.
Rainbow Dash wrapped a hoof around her wife and appraised her work. With a peck on the neck and a poke in the ribs she gave up a smirk of approval. "Not bad. Not bad. Nice work, hon."
"Heh" Applejack chuckled, rising to her hooves. "Eeyep."
Rainbow Dash joined in her knowing chuckle. "So, what made you finally decide to put it up?"
Applejack gave her partner's hoof a pat, looking over the bright yellow billboard. In white letters, trimmed it black it read "No Hate In Our Holler". She had wanted to be sure it would be in a highly visible place somewhere well-trafficked so she had chosen the Northeastern trail. Dubbed "The Naughty Nor-easter" for it's reputation as a place for young lovers to take romantic walks together, it was a long, broad dirt path which bordered their family orchard closest to Ponyville and facing New Canterlot.
"You 'n me, Dashie. We're, well, celebrities. We're heroes to a whole mess of folkes."
Rainbow Dash grinned, giving AJ a squeeze. "Well, yeah." Rainbow sai matter-of-factly "We are pretty awesome."
Applejack's jade eyes trailed to the nearby field. Amid the waves of short green shoots and fluffy patches of clover, their little Filly, R.J. giggled and squealed. The tiny orange pegasus awkwardly stumbled about in circles, playing with the family dog, Winona and one of their family's two on-site security-hoofs, a Changeling they called Blue. Blue usually took the form of a grey-muzzled Blue-heeler hound, as she did now and could often be found by Winona's side. Blue seemed to have a certain fondness for the old border collie which Applejack only understood well enough to understand that she didn't understand.
"We've done a lot to make this world a better place. For all the young'uns. But for her? OUR little R.J.? Is it enough?" She gave her partner's hoof a concerned squeeze. "What if she grows up and falls for one of them Changelin' gals?"
Rainbow Dash's brow furrowed. "Well, we wouldn't care."
"Well of course, we wouldn't. Most folkes wouldn't. Still, there's some ponies out there with their noses in the air and sticks up their backsides who'd be awful to them. The same ones who'd be all rude to you'n me on accounts of us bein' what we are."
"A Pegasus and an Earth Pony?"
Applejack nodded, her nostrils flared and jaw clenched. "Yeahp. And that ain't right, Dashie. That ain't right and that ain't no way to treat a body. And if THAT's the legacy we're leaving for our little R.J. then, elements or not, what kind of mamas are we?"
"Yeah. You know, that last time we all went out to The Lavendar Saddle, Chryssi was telling me that in the Stormlands, some of those creepy jerks would actually even hate on us just for us both being mares?"
Applejack jerked around to glare at her wife in wide-eyed shock. "Say what?"
Rainbow Dash raised a wing, folding a few feathers like fingers in a promisory salute. "Swear to P.W."
"You gotta be kidding me. What kinda stone-age, bass-ackwards tom-foolery is that?"
"I know, right?" The pegasus ruffled her crest of chest fluff with a snort of disdain. "I mean, it's not ALL of them but enough that it's actually a problem for the rest of their kingdom."
"Well, I'll be…" Applejack shook her had and whistled. "I know that us ponies had a problem with that nonsense WAY back in the old days but… Coo-whee."
"Yeah." Rainbow's feathers ruffled, flush with Equestrian patriotism. "But that was, like a THOUSAND years ago, maybe. And even then it was just the stuffy old-money unicorn jerks from up in the richie-rich mountains.
Applejack nodded. "Well, anyhoof, this country that Twi and that bughorse wife a'hers are building, this 'New Equestria', it's gonna be a place for all critters to live together. Ponies 'n Pegasi, Unicorns 'n Yaks, Changelings, Lovebugs, Griffins, Kirins and… well, all folkes. Just a-living and a-loving, together. Nobody fightin'. Nobody feudin'. Nobody looking down on anybody. It's gonna take a lotta work but for our little R.J.? That's a place worth fightin' for, even for old gals like us."
"Hey, don't go calling my wife old, cowgirl." Rainbow mussed her wife's mane with the feather fingers of her wings. "That's the right way to catch these hoofs, you, get me?"
Applejack gave her partner a playful punch in the shoulder and gestured towards the sign. "I recollect an old gal, some of our kin- a loooong ways back, once saying something like "Whenever one pony stands up and says 'Wait a minute, this is wrong’ it helps other ponies do the same."
Rainbow Dash nodded, proudly draping her wings around her wife in a protective embrace. The two mares looked to the horizon as the sounds of their daughter's laughter echoed on the sweet summer breeze. "And who better to stand up and say it but the Sweet Apple Acres Elements of Harmony?"
Inspired by the work of the Concerned Appalachians and everyone who came before to stand up and say "Wait a minute, this is wrong."
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