— Chhhut ! Les filles, silence ! Ne le réveillez pas.
— Qu’il est mignon !
— Trrrrrrop chou ! Exactement mon genre, ni viril, ni musclé.
— Délicat, presque féminin.
— Oh oui ! Il semble si déconstruit quand il dort. Pas du tout bad boy.
— Je suis sûre qu’il assume sa gentillesse, sa normalité. Il doit être sympathique. Il aime se moquer de lui-même. Il n’a pas l’air menaçant, tout en étant un peu sexy.
— Un peu sexy ? Très sexy ! C’est tellement beau un homme qui dépasse les stéréotypes patriarcaux.
— Je sens que malgré sa taille, il ne chercherait pas du tout à me dominer. Nous aurions une relation très égalitaire.
— Pfff… Pourquoi toi ? Il me soutiendrait, ne me dirait jamais un mot de travers, prendrait du temps pour moi…
— Chhhut !
— Cela démontre, au passage, qu’être gentil n’enlève rien au sexy, aux fantasmes, au sex appeal. Comment en est-on arrivé à trouver sexy les hommes qui font souffrir les femmes ?
— Mais oui, comment ? Vous avez vu ce torse ? Très beau, exposé comme ça, tout nu. Il doit avoir un dos magnifique aussi. Comme il serait doux d’être dans ses bras et l’écouter exprimer sa vulnérabilité !
— Il a une belle queue !
— Oooh…
— Oui…
— Je veux bien souffrir un peu.
— Tu crois qu’il voudrait de toi ?
— Et pourquoi pas ?
— Tu ne serais pas digne de sa sensibilité.
— Et toi, grosse pouf, tu en serais digne peut-être ?
— Grosse ? Les hommes comme lui aiment un corps vraiment féminin !
— N’importe quoi, ils déconstruisent les standards de beauté traditionnels. Boudin !
— Anorexique !
— Nymphomane !
— Ah, c’est malin ! Nous sommes toutes des Nymphes, gourdasse.
— Chhhhhhhut, les filles !
— Chhhhut !
— Chhut !
— Chhh…
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Les garçons ne pleurent pas (-texte)
Les garçons ne pleurent pas.
C'est ce que son père lui a toujours dit. Quand il est tombé de vélo pour la première fois. Quand il avait peur du noir. Quand il s'est disputé avec son meilleure ami.
Les garçons ne pleurent pas.
Alors, il a appris à fermer les yeux très fort, comme si il voulait que ses paupières se soudent l'une contre l'autre.
Pour ne plus jamais les rouvrir.
Pour ne plus jamais revoir ce monde.
Il a appris à se mordre l'intérieur des joues, jusqu'à sentir ce goût de rouille caresser sa langue. Le goût de la soude.
Les garçons ne pleurent pas.
C'est ce que son père lui a dit quand sa mère est partie, quand son chien est mort, quand sa copine l'a quitté.
Il l'a dit avant même que ses yeux n'aient le temps de se remplir d'eau salée.
Les garçons ne pleurent pas.
Ils ne sont pas faibles.
Ils ne cèdent jamais.
Viril.
Comment un simple mot peut-il à ce point impacter une vie ?
Vi-ril
V. I. R. I. L.
Ce modèle qui lui a été imposé, lui interdisant les robes et les poupées. C'est idiot, pourtant. Pourquoi les petits garçons ne pourraient-ils pas jouer aux poupées ? Il ne s'est jamais vraiment posé la question. C'est comme ça, et pas autrement.
Si tu es un garçon, alors, surtout, ne porte pas de jupe. Ne joue pas à la dinette, ne porte pas de rose. Ne pleure pas quand tu tombes. Ils appellent ça Virilité.
V
I
R
I
L
I
T
E
Il hait ce mot. Il ne veut rien dire. Mais il ne pleure pas.
Parce que les garçons ne pleurent pas.
Les garçons ne pleurent pas.
Il se le répète comme un mantra, dans la pénombre, il hurle silencieusement chacun de ces mots.
Il a envie de se trancher les poignets, et que son sang emporte avec lui chaque larme qui aurait dû couler.
Il explose.
Il implose.
Les garçons ne pleurent pas.
Il se rappelle.
Les garçons ne pleurent pas.
La scène se rejoue en boucle derrière ses paupières closes.
Les garçons ne pleurent pas.
Ces mains sur son corps.
Les garçons ne pleurent pas.
Il ne comprend pas.
Les garçons ne pleurent pas.
Qu'est-il en train de se passer ?
Les garçons ne pleurent pas.
L'homme se colle contre lui. Les lumières sont trop fortes.
Les garçons ne pleurent pas
Les lumières sont trop fortes. La musique trop lointaine, et pourtant si assourdissante. Ou bien est-ce l'inverse ?
Les garçons ne pleurent pas.
L'homme passe la main dans son pantalon. Caresse son sexe.
Les garçons ne pleurent pas.
Pourquoi il ne bouge pas ? Il devrait frapper, hurler, le pousser. le tuer.
Mais il ne bouge pas. son corps semble l'avoir abandonné.
Les garçons ne pleurent pas.
Ses pensées lui échappent, défilent sans qu'il ait le temps d'en saisir le sens. Il a l'étrange impression d'observer la scène, de loin. Il assiste à son propre enterrement sans avoir l'impression de tenir vraiment au défunt.
Il a peur.
Il ne comprend pas.
Il ne sait pas.
Il ne fait rien.
Il ne pleure pas. Les garçons ne pleurent pas.
L'homme continue.
Encore.
Un.
Moment.
Puis s'arrête
et lui souri
"Alors, ça t'a plu"
Il part.
Il est anesthésié. Il ne pense plus. Il ne ressent plus.
viril
viri
vir
vi
v
vi
vio
viol
violé
Il ne le comprend pas encore. Il ne dit rien. Il a appris à se taire.
Il rentre chez lui.
Il ne pleure pas.
Il va dans la salle de bain.
Il ne pleure pas.
Il se déshabille.
Il se sent sale. Il ne sait plus vraiment pourquoi. Il est encore un peu défoncé.
Il se lave, puis il sort de la douche.
Et
il
croise
son
reflet.
Ses yeux sont rouges.
Pas à cause de l'herbe.
A cause des larmes qui s'y sont réfugiées.
Les garçons ne pleurent pas.
Il repense à ce qu'il s'est passé.
Les événements se rejoue dans sa tête
Il abandonne
Se laisse
Glisser
Par terre
Les garçons ne pleurent pas
Il laisse les larmes couler le long de ses joues.
Il a oublié ce que ça faisait.
Il n'arrive pas à déterminé si ça fait du bien ou pas.
Son corps secoué de sanglot. Les larmes inondant ses joues, pendant qu'il se noie de l'intérieur dans toutes celles qui n'ont pas franchi ses yeux.
Les garçons ne pleurent pas.
Il voudrait sortir de son corps.
Fermer les yeux et ne jamais les rouvrir.
Il pleure longtemps.
Il a pas mal de retard à rattraper.
Il imagine ce que dirait son père
S’il le voyait.
S’il osait lui dire
Ce qu'il venait de se passer.
Les garçons ne pleurent pas, et là, pendant que les larmes continuent de se faufiler le long de ses joues, de son cou, il n'a plus l'impression d'en être un. Il n'a plus l'impression d'être quoi que ce soit. Il n'est plus rien. Juste un corps vide dont l'âme veut s'enfuir.
Les garçons ne pleurent pas.
Il pleure parce qu'il voudrait que sa mère soit là. Parce qu'il est fatigué. Parce que cette idée grandit en lui, à la façon d'un monstre ignoble assoiffé de virilité. De tout ce qu'on lui a appris à être. Il pleure pour toutes les fois où il a fermé les yeux, retenant ses larmes prisonnières.
les garçons ne pleurent pas.
On le lui a appris.
les garçons ne pleurent
les garçons ne
les garçons ne voient pas
les garçons car les larmes floutent leurs vue
sans jamais couler
Mais il a aussi appris
à se mordre l'intérieur des joues
jusqu'au sang.
Il a aussi appris à se taire, à enchainer ses sanglots au plus profond de lui, là où plus personne ne les entend.
Alors
il
sèche
ses
larmes
Il se relève.
Les garçons pleurent.
Il sait qu'il ne dira rien.
Car les garçons ne pleurent pas.
Car les garçons sont virils.
Car les garçons sont dominants.
Car les garçons sont forts.
Car les garçons savent se battre.
Car les garçons ne portent pas de jupe.
Car ils ne se font pas violer par un inconnu dans les toilettes d'une boite de nuit, là où les filles sont sur leurs gardes quand eux ne se méfient de rien.
Alors il se taira.
Pour ne pas paraître faible.
Les garçons pleurent.
Le lendemain il ira au lycée.
Il sourira.
Parce que les garçons ne pleurent pas.
Quitte à oublier complètement que les garçons sont humains.
Que les garçons sont vivants.
Qu'ils pleurent. Qu'ils hurlent. Qu'ils rient. Qu'ils tombent amoureux. Qu'ils sont sensibles aussi parfois. Souvent.
Quitte à oublier.
Qu'il est humain. qu'il est vivant.
qu'il peut pleurer. qu'il peut hurler. qu'il peut rire. qu'il tombera amoureux. qu'il est sensible aussi parfois. souvent.
Car les garçons pleurent parfois.
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