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#nez de marche pour escalier
sh0esuke · 10 months
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" I Won't Survive This "
𝗠đ—Č𝘁 đ—Čđ—» 𝘀𝗰đ—ČÌ€đ—»đ—Č : Gojo Satoru
đ—„đ—ČÌđ˜€đ˜‚đ—șđ—Č́  : AprĂšs dix-neuf jours Ă©coulĂ©s, Gojo Satoru est enfin de retour. Cela n'attise pas seulement la joie de ses amis, mais aussi la colĂšre de ses proches.
𝗔𝘃đ—Čđ—żđ˜đ—¶đ˜€đ˜€đ—Čđ—șđ—Čđ—»đ˜ : rien de bien mĂ©chant outre du spoil
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS. If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad or AO3, my accounts are in my bio, these are the ONLY ONES i have. FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS. Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes.
đ™œđš˜đš–đš‹đš›đšŽ 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚝𝚜 : 𝟑,đŸ“đ€.
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
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Gojo Satoru, l'enfant prodige, Ă©tait Ă  prĂ©sent le tout dernier espoir qu'avait dans le fond de sa manche l'humanitĂ© toute entiĂšre. VoilĂ  deux jours qu'il avait Ă©tĂ© libĂ©rĂ© de la LisiĂšre du Supplice. VoilĂ  deux jours qu'il avait dĂ©clarĂ© la guerre Ă  Kenjaku et au Roi des flĂ©aux, Ryomen Sukuna. Le dĂ©tenteur du SixiĂšme ƒil n'avait eu, depuis, pas un seul instant de rĂ©pit, ça avait Ă©tĂ© une succession de mauvaises nouvelles, des Ă©pisodes dĂ©pressifs Ă  en perdre la tĂȘte, et une pression toujours plus insupportable qui s'installait sur ses Ă©paules. Et, malheureusement pour lui, ça n'Ă©tait que le dĂ©but.
« Shoko ! »
Une jeune femme avait fait son entrĂ©e dans le bĂątiment, mains nues. Entre son bras et avant-bras, reposait un joli sac de cuir noir. La brune fit volte-face en direction de la nouvelle arrivĂ©e, elle extirpa la cigarette coincĂ©e entre ses lĂšvres et arqua un sourcil, Shoko la dĂ©visagea longuement, ignorant mĂȘme la prĂ©sence de MeiMei Ă  ses cĂŽtĂ©s.
« Ça alors, quelle surprise, je me demandais quand est-ce que tu allais enfin arriver. »
La mĂ©decin lĂ©giste serra sa cigarette entre son index et majeur, elle descendit en un clin d'Ɠil les nombreuses marches de l'escalier afin de rejoindre la jeune femme.
« Tien donc... » murmura MeiMei, finement amusée.
« J'ai fait le déplacement pour me pointer jusqu'ici, c'est pas pour que tu me dises qu'il s'est barré. »
Shoko secoua la tĂȘte.
« Il est en haut. » répondit-elle.
Elle zieuta son dos un instant.
« Il est pas avec toi, le petit monstre ? »
La demoiselle roula des yeux. Elle aurait pourtant juré qu'il s'était accroché à sa main lorsqu'elle avait fait son entrée. Il avait bel et bien disparu. Elle ne le sentait ni dans sa main, ni contre sa jambe.
« Qu'est-ce que j'en sais ? » elle maugréa. « Il est comme son pÚre, j'y peux rien. »
Shoko sourit.
« Si je le vois je te le ramÚnerai. »
« Merci, t'es un amour. Il doit pas ĂȘtre loin. »
La jeune femme laissa son petit sac tomber dans le creux de sa main pendant qu'elle s'approchait de l'immense escalier. De ses escarpins Ă  plateforme Medusa Versace, elle dĂ©passait Meimei ᅳd'ailleurs sans mĂȘme la regarder, elle Ă©tait bien trop occupĂ©e Ă  dĂ©visager le chemin dressĂ© droit devant elle, furieusement pressĂ©e. Le bĂątiment ne lui Ă©tait pas spĂ©cialement familier, elle avait un peu de mal Ă  se repĂ©rer. Mais la prĂ©sence spirituelle de Gojo se faisait forte sur la gauche, ainsi, elle s'y dirigeait.
Et elle ne tarda pas Ă  le retrouver.
« EspÚce de sale enflure. »
La porte coulissante claqua derriÚre elle. L'enfant prodige bondit du canapé sur lequel il était assis, faisant immédiatement réagir la personne assise devant lui. Un répugnant homme dont les cheveux plaqués sur son crùne leur donnait un effet gras et une paire de lunettes sur son nez ridiculement carrée et épaisse.
Gojo fronça les sourcils.
« Ijichi, tu ferais mieux de nous laisser. »
Le blanchùtre se gratta ensuite la nuque. Il regarda son assistant et ami s'en aller, la queue entre les jambes, pendant que la jeune demoiselle qui avait fait son entrée, elle, avait croisé ses bras contre sa poitrine et avait commencé à le foudroyer du regard.
« Tu bouges, je te tue. »
Une fois la porte coulissante refermĂ©e ᅳne laissant que Satoru et la jeune femme dedans, le dĂ©tenteur du Pouvoir de l'Infini reposa son regard sur sa bien-aimĂ©e. Gojo n'eut aucune difficultĂ© Ă  remarquer ses yeux rouges ᅳmalgrĂ© la couche de maquillage qui les entouraitᅳ et son nez irritĂ© par lequel elle ne cessait de renifler. NĂ©anmoins, elle Ă©tait splendide. Gojo faisait presque tache Ă  cĂŽtĂ© d'une femme aussi Ă©lĂ©gante et resplendissante. Elle portait Ă  merveille son tailleur noir en satin, dont le bas de son pantalon pattes d'Ă©lĂ©phant, fondait sur le sol en ventouses. Sa petite veste Ă©pousait Ă  merveille ses courbes, son dĂ©colletĂ© Ă©tait rĂ©vĂ©lĂ© sous la forme d'un V plongeant et, au niveau de sa taille, un Ă©pais bout de tissu noir agissait en guise de ceinture. Gojo la trouva belle, Ă  couper le souffle, comme tout ceux qui avaient croisĂ© son chemin depuis ce matin. Il fut cependant le premier Ă  remarquer l'Ă©clat de tristesse dans son regard.
Car, aprĂšs tout, il n'Ă©tait pas son mari pour rien.
« Dix-neuf jours, Satoru. Tu te fous de moi ? »
La jeune femme envoya valser son sac Ă  main au sol, elle marcha Ă  vive allure dans sa direction, faisant voler les bords de son pantalon, ce qui dĂ©voila ses splendides escarpins Ă  plateforme Medusa Versace et ne s'arrĂȘta qu'une fois nez Ă  nez avec l'enfant prodige. Leur proximitĂ© aurait dĂ» lui faire effet, car Gojo, lui, sentait son cƓur battre Ă  la folie, cependant, elle Ă©tait tellement rĂ©voltĂ©e, qu'elle fut incapable de perdre du temps Ă  flirter.
« Regarde moi bien, espÚce de sale fouteur de merde. »
Violemment, elle se saisit de sa mĂąchoire.
« Tu me le paieras. »
Satoru sourit.
« Heureux de te revoir, moi aussi, chérie. »
« Parce que tu crois que je suis ravie, là ? »
Grimaçant sous l'emprise qu'elle avait, Gojo eut l'audace d'hocher la tĂȘte.
« Imagine ma réaction quand j'ai appris que le cadavre de Suguru t'avait emprisonné dans la LisiÚre du Supplice. Imagine la réaction de ton fils quand j'ai dû lui dire que tu étais présumé mort ! »
Ses yeux palpitĂšrent de colĂšre.
« DĂ©solĂ©, jeᅳ »
« 'Désolé' ? 'Désolé' ?! C'est tout ce que tu as à me dire ?! »
Gojo soupira. Il se mordit l'intérieur de la joue et fit une maigre tentative en passant son bras autour des hanches de la jeune femme, il guetta avec attention sa réaction, de peur de la faire péter une éniÚme durite.
« Ils t'ont prévenu, au moins ? » demanda-t-il, avec inquiétude.
Sa femme souffla.
« C'est Shoko qui m'a envoyé un message. Elle m'a expliqué que ça c'était mal passé à Shibuya, apparemment personne ne voulait m'en parler. »
Gojo esquissa un sourire.
« Je me demande bien pourquoi... »
« Ferme-la, enflure. » le coupa-t-elle. « J'ai cru que j'allais mourir... Comment tu as pu te laisser faire comme ça ? Et Suguru, alors, je le pensais mort ! »
L'enfant prodige grimaça au nom de son ami d'enfance.
Gojo aurait bien aimĂ© avoir une explication Ă  donner, une explication qui aurait autant fait sens que du bien, malheureusement pour lui, ça n'Ă©tait pas le cas. Il ne voulait pas faire empirer la situation. Kenjaku s'Ă©tait emparĂ© du cadavre de son meilleur ami, aprĂšs qu'on lui ait refusĂ© celui d'une jeune et fraĂźche demoiselle, c'Ă©tait aussi simple que ça. Mais comment l'annoncer Ă  sa femme ? Elle qui avait le cƓur sur la main ne le supporterait pas. Suguru avait Ă©tĂ© proche d'elle durant son adolescence, il lui avait mĂȘme Ă©tĂ© d'une grande aide le jour oĂč elle s'Ă©tait dĂ©cidĂ©e Ă  demander ᅳforcerᅳ Gojo Ă  sortir avec elle. Depuis ce jour, elle Ă©tait tombĂ©e en adoration pour lui.
Gojo se voyait mal dire la vérité.
Alors, il s'en alla choisir la facilité.
Il mentit.
Il mentit Ă  sa femme, les yeux dans les yeux.
« Je le pensais aussi... »
Gojo apporta sa seconde main au poignet de son épouse, il la força ainsi à retirer sa main de son visage.
« Ne te tracasse pas avec ça, ce sera bientÎt terminé. »
« Pourquoi, parce que tu vas te battre contre lui ? Je te l'interdis. »
L'enfant prodige arqua un sourcil.
« Regarde moi bien, Satoru, je ne te le dirais pas une seconde fois : je t'interdis de te battre contre Suguru et Megumi. »
L'expression surprise qui s'installait sur les traits de l'exorciste n'était rien comparé à celle vilaine sur celle de la jeune femme. Si le regard avait pu tuer, Gojo aurait déjà quitté ce monde depuis longtemps. Malgré ses priÚres, il sut qu'elle ne plaisantait pas.
« Qu'est-ce que tu racontes ? »
« C'est plutÎt à moi de dire ça. Qu'est-ce que toi tu fiches, hein ?! »
Elle se détacha de lui et frappa son pectoraux de la pointe de son ongle acrylique. L'extrémité manqua de le poignarder, Gojo en grogna.
« Tu vas vraiment tuer une seconde fois ton meilleur ami, et exécuter ton fils ? La bonne blague ! »
Son visage se durcit.
« Tu as une autre solution ? »
« C'est pas à moi de gérer ça. Tu te démerdes pour les sauver, c'est tout. » articula-t-elle avec fermeté. « Satoru, je te préviens : plus personne ne mourra. Je ne te le pardonnerais jamais sinon. »
Gojo déglutit.
Elle avait beau hausser le ton et lui planter des dagues de ses yeux, il ne put s'empĂȘcher de la trouver charmante. Le ton mielleux de sa voix, sa peau si douce, ses lĂšvres pulpeuses et brillantes, ses jolis cils couverts de mascaras et sa philosophie de vie, son grand cƓur. Gojo en sentit son cerveau exploser, il s'Ă©parpilla en mille morceaux dans son crĂąne, Ă  prĂ©sent incapable de l'aider Ă  se dĂ©cider entre amour et raison. Le simple fait de la voir battre des cils suffit Ă  le convaincre. Gojo se sentit impuissant.
« Satoru, chéri. »
La demoiselle déposa sa main libre sur sa joue.
« Je t'en prie, ne fais pas de notre enfant le fils d'un meurtrier. Je ne le supporterais pas. »
« C'est pas comme si jamais le choix, ma belle. » marmonna-t-il pourtant. « Si je fais rien, Sukuna tuera tous les humains. Il ramÚnera l'espÚce humaine à son époque, ils ne seront que du bétail. Je veux ce qu'il y a de mieux pour vous. Pour vous tous. »
« Et Megumi, alors ? »
Gojo glissa sa propre main libre sur sa joue. Mari et femme se caressĂšrent, une main sur la joue de l'autre et la seconde emprisonnĂ©e dans un nƓud de doigts. Gojo refusa de la lĂącher. Elle lui faisait mal au cƓur, elle faisait revivre des conversations qu'il n'avait cessĂ© d'avoir dans son esprit depuis son entrevue avec Sukuna. Mais elle Ă©tait la voix de sa raison. Et peu importe qu'elle lui dise des choses dĂ©plaisantes, tant qu'il avait l'opportunitĂ© d'admirer ses beaux yeux, d'entendre sa voix de velours, il Ă©tait le plus heureux des hommes. Il n'avait pas besoin de plus. Alors Gojo l'Ă©couta avec grande concentration. Il lui dĂ©dia toute son attention, ignorant dĂ©libĂ©rĂ©ment les choses et prĂ©sences qui vagabondaient autour d'eux deux.
« Je sais pas. » avoua-t-il.
« Satoru, tu ne peux pas le tuer. »
La jeune femme inspira difficilement. Sa respiration tremblait.
« Ce n'est qu'un enfant.. Il n'a que quinze ans. »
Le dĂ©tenteur du SixiĂšme ƒil pesta silencieusement.
« Tu penses que je le sais pas ? »
« Non, désolée, autant pour moi, c'est plutÎt ta décision de vouloir l'exécuter qui me le laisse croire. » ironisa-t-elle.
« Je trouverai quelque chose. »
L'aveu de Gojo la prit de court.
« J'essaierai, je trouverai une solution pour le sauver. » il jura.
« Tu es sûr ? »
Elle roula des yeux en le voyant bomber le torse.
« Évidement. » sourit-il. « Je trouverai bien un truc, je l'expulserai de force, j'irai dĂ©truire ses doigts, peu importe. J'essaierai avant tout de sauver Megumi. »
« Tu me le promets ? »
Alors qu'elle avait raffermi la prise de sa main sur sa joue, Gojo, lui, s'Ă©tait mis Ă  caresser la sienne. Tandis qu'elle, le regarda avec panique, lui, l'eĂ»t contemplĂ© avec tout l'amour du monde dans les yeux. Gojo lui mentait bien trop. C'Ă©tait une mauvaise habitude dont il avait du mal Ă  se dĂ©barrasser. Mais comment aurait-il pu lui dire la vĂ©ritĂ©, sachant que ça lui aurait brisĂ© le cƓur ? Gojo ne put s'y rĂ©soudre.
« Je te le promets, ma belle. »
Comme pour sceller ses paroles, il déposa un tendre baiser sur ses lÚvres de velours.
L'enfant prodige l'embrassa dĂ©licatement, de peur de la briser, tandis qu'il la tint toujours plus fermement contre son torse. Son cƓur pulsait dans sa cage thoracique. Il en avait les oreilles rouges. Gojo ne savait plus oĂč se mettre. Son parfum intoxiquait ses poumons et il sentait une vague de papillons fourmilier dans son bas ventre. Quant Ă  son Ă©pouse, elle jugea nĂ©cessaire de libĂ©rer sa seconde main pour attraper son visage en coupe, de maniĂšre Ă  rĂ©ponse plus amoureusement Ă  son baiser. Elle le sentait partout. Partout autour d'elle. Gojo Ă©tait dans le bas de son dos, il la maintenait en place, mais il Ă©tait aussi sur sa joue, Ă  forcer sa tĂȘte Ă  rester stoĂŻque et il Ă©tait au fond d'elle, dans son cƓur, dans son esprit, dans son estomac, et dans son Ăąme. Gojo l'avait envahie. MĂȘme sa salive ne lui appartenait plus. Elle Ă©tait sienne. Il Ă©tait comme un virus. Un virus dont elle n'avait jamais ni recherchĂ© de remĂšde, ni Ă©tĂ© guĂ©rie de.
L'instant oĂč le dĂ©tenteur du SixiĂšme ƒil se sĂ©para d'elle, la demoiselle recula. Elle apporta son poing Ă  son pauvre cƓur et, presque immĂ©diatement, elle entendit la porte de la piĂšce s'ouvrir. Des bruits de pas hĂątĂ©s se mirent Ă  frapper le parquet. Et tandis que son Ă©pouse ferma les yeux, ceux de Gojo s'illuminĂšrent.
« Papa ! »
PÚre et fils s'enlacÚrent. Gojo s'était agenouillé pour accueillir son petit garçon droit dans ses bras, il l'avait étreinté, emprisonné contre lui.
« Comment tu vas, champion ? »
L'enfant prodige caressa le sommet de son crĂąne.
« Tu as pris soin de maman, j'espÚre ? »
Le garçon hocha grossiĂšrement la tĂȘte. Il savait que son pĂšre l'avait senti, de mĂȘme pour ses grosses larmes qui avaient commencĂ© Ă  tremper son t-shirt. Mais Satoru n'en avait que faire. Il Ă©tait soulagĂ© de voir son fils aprĂšs avoir Ă©tĂ© sĂ©parĂ© de sa famille l'espace d'une Ă©ternitĂ©.
« Mhh ! J'ai été fort, je l'ai protégée comme tu m'as appris ! »
Gojo et sa femme surent pertinemment qu'il mentait, leur fils n'Ă©tait pas quelqu'un de courageux, il avait autant peur du noir que de la premiĂšre bĂȘte venue. Mais ils savaient aussi qu'il faisait de son mieux, Ă  leurs yeux, c'Ă©tait amplement suffisant. Gojo Ă©tait fier de son fils pour avoir essayĂ©, pour vouloir le rendre fier de lui ᅳsigne qu'il l'estimaitᅳ tout en sachant pertinemment que sa femme Ă©tait assez grande pour se dĂ©fendre seule. Que mĂȘme un descendant du clan Gojo n'aurait pas suffi Ă  Ă©galer ses talents d'exorciste.
« C'est bien, filston. » déclara Gojo. « Je suis fier de toi, t'es un grand garçon, maintenant. »
L'enfant prodige se recula de son fils. Il le dĂ©tailla attentivement, dĂ©sireux d'imprimer sa simple image dans son esprit. Gojo ignora sa femme qui s'en Ă©tait allĂ©e rĂ©cupĂ©rer son sac Ă  main et jeter un coup d'Ɠil Ă  sa montre, il Ă©tait trop occupĂ© Ă  embrasser le front de son garçon et Ă  le serrer contre lui.
C'Ă©tait fou Ă  quel point un si petit ĂȘtre pouvait ĂȘtre aussi diabolique qu'attendrissant. Sa joue rebondissait contre le moindre geste et ses yeux brillaient, Ă  s'y mĂ©prendre, comme les siens. Gojo parla avec son fils, il le rĂ©conforta et l'Ă©touffa dans son Ă©treinte un nombre incalculable de fois, tout ça sous le regard attentif de sa femme. Ce ne fut qu'une dizaine de minutes plus tard, alors qu'on venait d'enfoncer la porte et de crier, que Gojo se dĂ©tacha de son fils.
« M'sieur Gojo ! M'sieur Gojo ! »
Accompagné d'autres élÚves, Yuji Itadori, ancien réceptacle de Sukuna, avait fait son entrée dans le bureau.
« Y'a un petit garçon qui vous ressemble qui se balade dans les couloirs ! Vous nous aidez Ă  le retrouᅳ Oh. Oh ! Il est lĂ  ! »
Gojo se redressa, Ă©tudiant les nouvelles tĂȘtes apparues dans la piĂšce. Kinji, Inumaki, Yuta, Panda et mĂȘme Maki, tous se tenaient derriĂšre Yuji Itadori ᅳqui pointait l'enfant du doigt, des Ă©toiles dans les yeuxᅳ, mains sur les genoux, la poitrine, le visage, ils cherchaient leur souffle.
« Du calme. Vous cherchiez mon fils, c'est ça ? » demanda le blanchùtre.
Yuji hocha vigoureusement la tĂȘte.
« Il a retrouvé son chemin comme un grand. » les informa-t-il dans un petit sourire.
« Vous avez un fils ? » s'étonna Maki d'un ton dédaigneux.
« Ouch. »
Gojo plaqua sa main contre sa poitrine.
« Qu'est-ce que ça veut dire, ça ? »
Maki zieuta la troisiĂšme Gojo postĂ©e sur leur droite Ă  tous. Elle la saluait d'un petit geste de la tĂȘte, ce qui, fatalement attira toute l'attention sur elle. Les garçons la dĂ©visagĂšrent.
« M'dame. »
« Maki. »
« Vous ĂȘtes la femme de m'sieur Gojo ?! » s'exclama Yuji.
« Saumon. » intervint Inumaki.
Pendant ce temps, Panda s'était approché d'elle, l'épouse du détenteur du Pouvoir de l'Infini s'accroupissait, voyant la curieuse créature lui faire face. Son pantalon éléphant traßnait loin au sol, camouflant ainsi ses splendides escarpins à plateforme Medusa Versace. Elle déposa ses poignets sur ses genoux et plissa les yeux. Une fois suffisamment proche, Panda sentit une de ses mains sur le sommet de son crùne le caresser. Il en soupira.
« Panda, t'étais au courant !? » s'écria Yuji.
« Je savais pour l'épouse, pas pour le fils. » intervint Maki.
« Regardez ! »
FiĂšrement, Gojo brandit son fils. Il le tint depuis ses aisselles, sous les yeux brillants de Inumaki, Yuji et Panda. Gojo le savait : un enfant, ça faisait toujours son effet. Et qu'il en Ă©tait fier... La chair de sa chair, le produit de son amour avec la femme de ses rĂȘves, devant ses Ă©lĂšves chĂ©ris. Son garçon se tenait calmement. Il admirait Yuji et l'Ă©trange visage de Kinji, ainsi que l'affreuse cicatrice inscrite sur le visage de Maki ᅳce qui l'avait immĂ©diatement fait gĂ©mirᅳ
« Fier descendant du clan Gojo, je vous présente mon fils ! Satoru junior ! »
La seconde suivante, sa femme l'avait frappĂ©. Une Ă©norme claque dans le dos de son crĂąne, et voilĂ  qu'il arrĂȘtait ses conneries.
« C'est ça ouais. Joue avec le feu, sombre fou. » maugréa-t-elle. « Non mais qu'est-ce que tu peux me les briser, sérieusement... »
Gojo rapporta brusquement son fils contre sa poitrine. Il regarda d'un Ɠil boudeur sa bien-aimĂ©e se prĂ©senter, puis prĂ©senter leur enfant tandis que, de son cĂŽtĂ©, il avait pleurĂ© dans les bras de son garçon, lui contant Ă  quel point il souffrait et se sentait partir dans un monde meilleur. Sous le regard attendri de Maki, Panda et Inumaki, il s'Ă©tait amusĂ© Ă  entendre son fils crier et frapper son torse. Gojo pouffa silencieusement. Son fils continua de l'appeler. Et, lorsque, soudain, il revint Ă  la vie, rappelĂ© par le pouvoir des liens familiaux, Gojo fut accueilli par le regard dĂ©sapprobateur de sa femme. Elle tapait du pied au sol, les yeux plissĂ©s et ses bras de nouveau croisĂ©s sous sa poitrine.
« Repose-le au sol avant de le blesser. »
« Quoi ? Mais on s'amuse ! »
« T'as quel ùge, sérieusement ? »
Elle roula des yeux l'instant mĂȘme oĂč elle eut fini de parler. Elle s'Ă©tait avancĂ©e jusqu'Ă  lui et, une fois leur petit garçon rĂ©cupĂ©rĂ©, elle s'en alla l'offrir Ă  Yuji.
« Allez jouer avec lui, j'ai deux-trois trucs à régler avec Satoru. »
« Compris m'dame. On va bien s'en occuper je vous le promets ! »
Elle le foudroya brusquement du regard.
« Y'a intĂ©rĂȘt. »
Yuji déglutit.
« Sinon tu peux dire adieu à demain. »
« Elle plaisante ! »
Gojo rit subitement, pressant ses mains sur les Ă©paules de la jeune femme.
« Prenez bien soin de lui et amusez-vous, on se voit plus tard ! »
« Oh. »
Un peu trop hĂ©bĂ©tĂ© par son interaction avec la femme de son professeur, Yuji ne bougea plus. Fatalement, on lui vola le garçon. Inumaki l'avait attrapĂ© et, aux cĂŽtĂ©s de Panda, suivit de loin ᅳprĂšsᅳ par Maki, il l'avait dĂ©posĂ© sur son dos et avait couru hors de la piĂšce. Inumaki fit l'avion, les bras Ă©cartĂ©s, il fonça droit devant lui, accompagnĂ© par les plaintes de la Zenin et des exclamations de Panda.
Yuji resta lĂ . Il ne bougeait plus.
« Eh ? »
« Tu devrais te dĂ©pĂȘcher de les rejoindre. » sourit Gojo sur un ton Ă©trangement doux. « Sinon mon fils va finir par les aimer plus que toi. »
« Hein !? Non ! »
La femme de l'exorciste roula des yeux. Elle observait Yuji et Kinji s'Ă©chapper de lĂ  dans des exclamations paniquĂ©es, tout deux furieux l'un contre l'autre pour avoir laissĂ© les trois s'Ă©chapper. Au mĂȘme moment, pile poil oĂč la porte coulissante se referma, elle sentit la main de Satoru se glisser dans la sienne, son souffle chaud caressa sa nuque, ainsi que son dĂ©colletĂ©, faisant s'emballer les battements de son cƓur. Satoru se colla contre elle. Il l'enlaça avec force, soudainement submergĂ© par un sentiment d'euphorie trĂšs puissant. Il dĂ©posa aussitĂŽt un baiser sur sa joue. Et elle rĂ©pondit dans un doux sourire en tournant sa tĂȘte dans sa direction. Gojo l'embrassa ensuite, elle en sourit.
« Tu le le paieras. »
Gojo huma contre ses lĂšvres.
« Plus jamais je te laisserai t'en aller. »
« C'est une idée qui me plaßt. » il chuchota.
« Satoru, chéri. »
Au moment oĂč il rouvrit les yeux, l'enfant prodige sentit sa femme faire volte-face, Ă  la place de son dos, sa poitrine se colla Ă  son torse. ImmĂ©diatement, ses mains trouvĂšrent leur place sur ses Ă©paules. Elle inspira grandement. Sa tĂȘte lui faisait mal, elle en avait les larmes aux yeux. Ce fut si soudain, mais, en cet instant, elle songea au fait que, pour la troisiĂšme fois de sa vie, elle risquait de le perdre. Gojo Ă©tait bel et bien lĂ  devant elle, mais qu'en adviendrait-il de ce fait dans les jours Ă  venir ? Gojo Satoru, dĂ©tenteur du SixiĂšme ƒil, du Pouvoir de l'Infini Ă©tait imbattable. Mais il n'Ă©tait pas immortel, il ne pouvait pas se rĂ©gĂ©nĂ©rer comme le faisait le roi des flĂ©aux Sukuna. Gojo se risquait Ă  perdre bien plus que l'enflure d'en face, car il n'allait pas seulement combattre un dĂ©mon, mais son propre fils, son ami.
« Gagne. »
Les yeux de Gojo s'Ă©carquillĂšrent.
« Je t'en prie, reviens moi en vie. »
La demoiselle appuya sur ces propos en collant son front contre le sien, une larme invisible roulant le long de sa joue.
« Remporte ce combat, Satoru. Ne meurs pas. »
Son cƓur se serra.
« Je n'y survivrai pas. »
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sofya-fanfics · 2 years
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GĂ©nial, maintenant j’ai tes microbes partout sur moi
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Voici ma participation pour le Sicktember 2022. J’espùre que ça vous plaira.
RĂ©sumĂ© : Steven se rendit compte qu’il avait plus de points communs avec Jackie qu’il ne le pensait. Elle aussi avait fini par s’habituer Ă  l’absence de ses parents. Mais Ă©tant malade et vulnĂ©rable, elle avait peur de se retrouver seule.
Disclaimer : That '70s Show appartient Ă  Bonnie Turner, Terry Turner et Mark Brazill.
@sicktember​
AO3 / FF.NET
Steven descendit au sous-sol des Forman. Il Ă©tait en retard et il se demandait si ses amis Ă©taient encore lĂ . Ils devaient se retrouver pour dĂ©jeuner ensemble, mais en arrivant chez les Forman, il avait croisĂ© Kitty qui l’avait invitĂ© Ă  manger. Depuis qu’il vivait chez son pĂšre, la cuisine de Kitty lui manquait et il ne voulait pas la blesser en refusant son invitation. Elle s’était toujours comportĂ©e comme une mĂšre envers lui, bien plus que sa propre mĂšre.
En descendant les marches, il se dit que si toute la bande Ă©tait partie, il pourrait rester traĂźner au sous-sol quelques instants. La solitude ne l’avait jamais effrayĂ© et trouverait bien de quoi s’occuper. Il entendit un Ă©ternuement, indiquant que quelqu’un Ă©tait toujours lĂ . Il vit Jackie assise dans le canapĂ©, qui se mouchait bruyamment.
« Tu n’es pas partie avec les autres ? Demanda-t-il. »
Elle sursauta, n’ayant pas remarquĂ© sa prĂ©sence, et cacha son mouchoir honteuse que quelqu’un l’ait surprise entrain de faire quelque chose d’aussi peu Ă©lĂ©gant. Steven se retint de lever les yeux au ciel. Quelques soient les circonstances, Jackie voulait toujours se montrer parfaite.
« Et toi ? Demanda-t-elle à son tour.
-Madame Forman a voulu que je mange avec elle.
-Je n’avais pas vraiment envie d’aller dĂ©jeuner avec eux. »
En voyant ses yeux brillants, ses joues et son nez rouge, Steven comprit tout de suite qu’elle se sentait bien trop malade pour sortir.
« Tu es malade Jackie. Rentre chez toi. »
Elle se leva pour lui montrer qu’elle allait bien et lui tapota le torse avec son doigt parfaitement manucurĂ©, comme si elle voulait lui prouver qu’il avait tord.
« Je ne suis pas malade. »
Elle Ă©ternua sans avoir eu le temps de tourner la tĂȘte. Steven ferma les yeux et soupira.
« GĂ©nial. Maintenant, j’ai tes microbes partout sur moi. »
Jackie sentit soudain la fatigue l’envahir et elle posa sa tĂȘte sur l’épaule de Steven.
« Steven, je ne me sens vraiment pas bien.
-TrÚs bien, je te ramÚne chez toi. »
Il passa son bras autour de ses Ă©paules et ils sortirent du sous-sol. Heureusement qu’il Ă©tait venu en voiture, pensa-t-il. Il la fit s’asseoir du cĂŽtĂ© passager et la conduisit jusqu’à chez elle. En chemin, il vit qu’elle s’était endormie. Une fois arrivĂ©e, il la rĂ©veilla et l’accompagna jusqu’à sa porte. Il s’apprĂȘtait Ă  partir lorsque Jackie le retint par le bras.
« J’ai la tĂȘte qui tourne, dit-elle d’une petite voix. Tu veux bien me porter jusqu’à ma chambre. »
Steven soupira. DĂ©cidĂ©ment aujourd’hui, elle lui faisait faire n’importe quoi. Mais il se dit qu’il ne pouvait pas la laisser seule si elle faisait un malaise en montant dans sa chambre. Il la souleva et la prit dans ses bras. Jackie passa les bras autour de son cou. Il monta les escaliers, essayant de ne pas tomber. MalgrĂ© sa petite taille, elle Ă©tait plus lourde qu’elle en avait l’air. Il poussa la porte de sa chambre avec son pied et la posa sur son lit. Jackie retira ses chaussures et s’allongea, sans avoir pris le temps de se changer. Steven remonta les couvertures sur elle et lorsqu’il voulut partir, Jackie tira sur son t-shirt.
« Tu restes avec moi jusqu’à ce que je m’endorme ? Je n’ai pas envie de rester toute seule. »
Ses parents Ă©taient partis en voyage. Steven se rendit compte qu’il avait plus de points communs avec Jackie qu’il ne le pensait. Elle aussi avait fini par s’habituer Ă  l’absence de ses parents. Mais Ă©tant malade et vulnĂ©rable, elle avait peur de se retrouver seule. Steven s’assit sur le bord de son lit et posa sa main sur la sienne pour lui apporter un peu de rĂ©confort.
« D’accord, je reste. »
Sa rĂ©action le surprenait. Il n’était pas du genre Ă  apporter son rĂ©confort. À personne. Mais depuis le 4 juillet qu’ils avaient passĂ© ensemble et qu’ils s’étaient embrassĂ©s, ce qu’il ressentait pour Jackie Ă©tait diffĂ©rent. Il ressentait une certaine affection pour elle. Ça ne pouvait pas ĂȘtre de l’amour, s’était-il dit. Il ne pourrait jamais tomber amoureux, il n’était pas comme Eric, mais c’était plus que de l’amitiĂ©. Une chose Ă©tait sĂ»re, il ne la trouvait plus aussi agaçante qu’avant et il avait une constante envie de la protĂ©ger.
Peut-ĂȘtre Ă©tait-il tombĂ© amoureux et qu’il refusait de se l’avouer. Jackie ferma les yeux et s’endormit. Il lui avait dit qu’il resterait jusqu’à ce qu’elle s’endorme, mais il se dit qu’il allait rester un peu plus longtemps. Juste pour s’assurer qu’elle allait bien.
Fin
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clement-d-nocto · 20 days
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La prescription (extrait 2019) :
...Il prend une cigarette tordue sous les lumiÚres des épiceries et des lampadaires, la remet droite en un geste entre deux doigts. Il sent qu'il est complÚtement défoncé, shooté et perdu. Il marche au hasard des rues en se disant « Tous les chemins de ce foutu Paname et sa ceinture de merde mÚnent à Gare de Lyon ».
Il rencontre un Sdf, dans un quartier qui fait penser au 19Ăšme arrondissement; en fait il en sait foutre rien.
« Dis-moi mon gars ! » lui dit-il souriant.
« Tu peux pas me dépanner une piÚce ? Houla mon gars ! T'es complÚtement ailleurs là ! »
Pierre voit le chien du Sdf, s’approche et le caresse en pensant Ă  son clĂ©bard, le voyant comme un frĂšre d'une autre espĂšce.
« C'est.. c'est un Beagle ça
j'veux dire comme chien » barbouille Pierre
« Exact ! Il sont gentils comme tout mais attention il ont
l'énergie d'un Goliath. » lui répond-il d'un ton amusé.
« Goliath
je vois. J'aime bien cette histoire
j'peux m'assoir Ă  cotĂ© de vous ? » demande Pierre en essayant d'articuler.
« Pas d'soucis mon gars »
« J'suis pas vot’ gars. Vous avez du feu ? »
« Ouais » répond le Sdf
« Alors j'ai une clope pour vous aussi »
« Merci ! »
Il fume Ă  cotĂ© du gars, visiblement lĂ  Ă  cause du chĂŽmage. Pierre l'Ă©coute sans parler ni mĂȘme penser, assis sur le trottoir.
« Tiens v'la cinq balles, tu t’achĂšteras un kebab ou une bouteille. Rien Ă  foutre d'ailleurs, j'aime bien ton chien, il est en bonne santĂ© et il est doux. »
« T'es sur ?!! » lui demande-t-il, ahuri.
« Ouais prends-les » dit-il au Sdf fermement.
C’était pour payer une pinte Ă  son pote...
...Il marche. TrĂ©buche dans un escalier d'une petite rue quelconque et se fait mal Ă  la mĂȘme Ă©paule que le videur avait prĂ©alablement violacĂ©. Puis il enjambe la porte d'un parc pour s’asseoir sur un banc tranquille. Le Sdf lui a donnĂ© son briquet, en Ă©change de quelques clopes car il en avait deux. RĂ©joui qu'il n'y ait personne, il s’allume une sĂšche sur un banc au nez des Ă©toiles. Plus de batterie sur son portable ancienne gĂ©nĂ©ration, 3 cigarettes, 4 livres de poĂ©sie dans son sac.
...Pierre commence Ă  sourire derriĂšre ses dents. De lui mĂȘme.
Puis il explose de rire jusqu'à en avoir mal au bide couché sur le banc.
Il regarde le parc, affalé sur le cÎté. Prend une taffe de sa clope.
Puis trou noir...
Clément Dugast (nocto)
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latribune · 1 month
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lanuitlennuie · 6 months
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J'écoute une émission de radio sur Edward W. Said. Une femme cite Adorno, quelque chose comme : une des formes la plus haute de moralité (plutÎt que *haute*, il faut sans doute entendre minimale, dans le sens de «de base») consisterait *à ne pas se sentir chez soi chez soi* («not to feel at home in ones own home»).
Le US go home me taraude. C'était joyeux de le crier à la manif et aussi «yankee go home» prononcé à la latino par L : «yanqui go home». Mais passé le goût du slogan, il reste celui de la terre volée. Renvoyer les yanquis sur d'autres terres usurpées ? Et nous comment habiter ici ?
Je lis la thÚse d'Amélie-Anne Mailhot et c'est elle qui me fait réfléchir à cette question politique de la maison. Elle cite Barnabé Vachon, un innu de Pessamit:
«Je dois chanter dans une tente pour nourrir ma famille. (
) Ce que je vais chanter
 je ne l’aurais pas chantĂ© ici, dans cette maison de bois. Si le blanc ne m’avait pas sorti de ma tente, j’aurais chantĂ© dans ma tente, Ă©tant donnĂ© que c’est ma vie, ma tente, pour subvenir Ă  mes besoins. Je trouve ça Ă©trange qu’on ait pris ma viande puisque c’est la façon dont je survis. Moi mon affaire c’est le bois. Moi je n’emploie pas de rĂšgles, j’emploie ce qui est dans ma tĂȘte. J’aime la façon dont je suis, moi qui suis en vie.»
La dépossession de l'empire vise à ne reconnaßtre ni permettre «d'autres modes de vie qui ne soient rivés à ses structures». Rivés à ses structures. Or il faudra bien que quelque chose de l'empire entende, que quelque chose de l'empire lùche pour nous permettre de lousser les écrous, que quelque chose recule et c'est un autre mouvement qu'un simple go home!, une bifurcation à emprunter pour quitter sa voie de l'effacement.
A.-A Ă©crit en s'appuyant sur la pensĂ©e de Julie Cruikshank « (...) on doit, pour faire Ă©chec aux maniĂšres dĂ©contextualisĂ©es de considĂ©rer et d'Ă©valuer les rĂ©cits selon une conception occidentale de la connaissance, se mettre en rapport avec ceux-ci, c'est-Ă -dire s'exposer et se mettre en position de vulnĂ©rabilitĂ© dans l'Ă©change ». Pour entendre il faut ĂȘtre prĂȘt Ă  se faire dĂ©placer, la conversation est une mise en relation oĂč aucun jeu n'est fait d'avance, c'est engageant, c'est exigeant. L'autre jour nous remontions Ă  pied de la BanQ, B, E et moi. L'air Ă©tait doux, ni lui ni elle n'avaient empruntĂ© de livres, B dans une distance de lectrice secrĂšte, E petit Mat errant loin de la lecture. Je crois qu'il s'agissait surtout de la marche, du parcours pour y aller et en revenir qu'on a si souvent fait ensemble le nez en l'air. Et comme la mĂ©moire s'active avec le corps, Ă©taient remontĂ©s Ă  B des souvenirs d'Ă©cole. Ce soir lĂ  j'Ă©tais bien mais fatiguĂ©e et je n'ai pas eu la force de me mettre en relation avec son micro-rĂ©cit, pas la force d'occuper justement cette position de vulnĂ©rabilitĂ©, je n'ai pas renvoyĂ© la poque de ses rĂ©miniscences formulĂ©es pourtant sans ressentiment. L'Ă©cole reprĂ©sente pour B de longs moments d'ennui et de dĂ©ception, elle y a acĂ©rĂ© son intelligence et son dĂ©sir dans une attente critique vive mais parfois dĂ©sespĂ©rĂ©e «la vie, ça ne peut pas ĂȘtre juste ça?». La grande mĂ©diocritĂ© de l'Ă©cole des enfants nous a dĂ©faits tout autant qu'unis, drĂŽle de double escalier du regret et de la colĂšre. ColĂšre d'un lieu sans vĂ©ritĂ©, ma tristesse impuissante. Le rapport au chez soi des enfants est trouble, je me demande si ça vient de cela en plus de la maison familiale cassĂ©e. Chez eux oui c'est parfois MontrĂ©al, dans certaines configurations et selon certains usages de la ville. De ceux que je partage et que je connais : marcher sur Clark jusqu'au quartier chinois boire un bubble tea l'Ă©tĂ©; sillonner l'Ă©ternelle avenue du parc du PA jusqu'Ă  la papeterie et baisser nos yeux embarrassĂ©s en tendant une piĂšce face Ă  la drĂŽle de joie des innu.es qui l'habitent sur son envers, et mendient, de misĂšre mais pas que, peut-ĂȘtre parce que c'est toujours plus beau que de dĂ©bourser des sous pour toute, dans un geste de proposition de relation qui n'est pas anodin... aller les nuits trop chaudes s’asseoir sur les marches de l'Ă©glise orthodoxe de la rue Hutchinson pour guetter la vie de la seule tour qui nous attire avec son drĂŽle de dĂ©panneur percĂ© dans le mur aveugle du rez de chaussĂ©e. Chez eux c'est chez leur pĂšre, et c'est chez moi j'imagine, dans cette maisonnette de coop, un abri sĂ»r, touchons du bois, le bois dĂ©forestĂ© dont je ne sais rien. Chez soi c'est trĂšs mineur et quand mĂȘme trĂšs fort quand un grand ciel poudrĂ© nous rattrape, ou qu'une brunante opacifie la vie juste ce qu'il faut pour la rendre habitable.
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lesombresdeschoses · 1 year
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MICHELLE
On aimerait tous se faire son prof, son patron ou son psy. Si, bien sĂ»r, il est beau et charismatique. Enfin, en mĂȘme temps pourquoi aller chez un psy, si ce n'est pour sa belle gueule et son rĂ©pondant ? Du moins, c'est ce que j'en pense. Je n'ai pas besoin d'aide, en tout cas, je n'en veux pas. Je m'en sors trĂšs bien toute seule. Mon psy ? Une bombe ! La gueule cassĂ©e, grand, trĂšs bien bĂąti. J'adore cette sensation d'ĂȘtre Ă  cĂŽtĂ© d'un monument imposant, un temple de sĂ©rĂ©nitĂ© et de puissance physique. Mon psychanalyste, je l'ai minutieusement choisi. Mon frĂšre est mort, il y a quelques annĂ©es. A ce moment-lĂ , sans doute, j'aurais eu besoin d'une Ă©coute. Mais tout le monde me tournait le dos, alors je me suis renfermĂ©e. A tel point, qu'un jour, je me suis rĂ©veillĂ©e pour me rendre compte que je n'avais pas d'amis. A mon Ăąge. Les gens meurent autour de moi. Je dĂ©teste ça. La mort. Je me fiche qu'on me dise qu'aprĂšs la mort il y a une vie. Je n'en sais rien. Ça ne m'enlĂšvera pas cette boule d'angoisse que je ressens, chaque fois que je pense Ă  une personne que j'ai perdue.
— Vous avez peur de la mort ?
— Non, ça m'est Ă©gal de mourir, je voudrais juste qu’elle me rende ceux que j'aime.
A chaque séances avec mon psy, j'ai une envie insoutenable de lui arracher sa chemise.
Michelle marche d'un pas empressĂ©, son tĂ©lĂ©phone mobile Ă  la main. Elle consulte ses textos, puis sa messagerie, son petit Prada calĂ© sous le bras droit, un sac format raisin, plein Ă  craquer, alourdissant son Ă©paule gauche. Jeune architecte-designer, elle court de contrat en contrat. Si bien, qu'en un an elle a pu acquĂ©rir un splendide loft, avec vue sur central parc. Quand Oswin-Michelle Osborne trouve le temps, elle s'adonne Ă  la sculpture et s'y noie complĂštement. Elle peut oublier de manger pendant des jours. Le contrat sur lequel la jeune femme travail en ce moment, lui prend toutes ses journĂ©es et son Ă©nergie. Depuis la mort de son frĂšre, il y a deux ans, elle s'est entiĂšrement consacrĂ©e Ă  sa carriĂšre et Ă  mis de cĂŽtĂ© sa vie sentimentale. « Cas classique », vous dirait votre psy. Effectivement. Mais la jolie blonde est une rĂȘveuse. Elle prĂ©fĂšre s’imaginer l'Ă©lue de son cƓur plutĂŽt que de subir un Ă©niĂšme Ă©chec. La designer essaie dĂ©sespĂ©rĂ©ment d'attraper un taxi. Humainement. En levant la main. Rien n'y fait. Si ces boites de conserve jaunes continuent de dĂ©filer ainsi sous son nez, elle va finir par ĂȘtre en retard. Soudain un homme la bouscule, il se retourne pour s'excuser, puis continue son chemin. Michelle reste figĂ©e un instant. Elle semble pensive, mais sa tĂȘte est vide. Finalement, excĂ©dĂ© par ces yellow cabs la narguant effrontĂ©ment, Osborne descend sur le boulevard. Un taxi freine brusquement, arrĂȘtant sa course Ă  deux centimĂštres des genoux de la jeune femme. Le chauffeur commence Ă  crier, en rĂ©ponse Ă  ses insultes, elle lui assĂšne l'adresse de son client et lui rĂ©torque, en entrant dans son vĂ©hicule :
— Oui, Doc, moi aussi je bosse !
Michelle se charge d'aménager une boutique de mode sur la cinquiÚme avenue. Le projet est vraiment intéressant. La façade du magasin est une grande baie vitrée. La lumiÚre inonde tout le volume. Le bùtiment est construit en mezzanine avec un bel escalier centrale, aux marches transparentes.
Les chaises seront des Stark ! C’est indĂ©niable !
La surface totale fait prĂšs deux cent mĂštres carrĂ©s. Cent vingt cinq au rez-de-chaussĂ©e et soixante quinze Ă  l'Ă©tage. La jeune femme a Ă©laborĂ© tous les plans, ainsi que plusieurs perspectives en couleurs de ce que devrait ĂȘtre l’espace aprĂšs les travaux. Il lui faut convaincre le client, aussi elle pourra diriger le chantier jusqu'Ă  la rĂ©alisation du projet. Osborne est confiante. Son idĂ©e est originale, esthĂ©tique, sobre, efficace. Une pensĂ©e la prĂ©occupe maintenant : cette rencontre, ce regard...
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heskinsfr · 1 year
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SĂ©curiser les escaliers
Les marches peuvent causer de nombreux accidents, surtout quand elles sont en extĂ©rieur et qu’elles sont sujettes Ă  la pluie, Ă  la neige ou au verglas. Pour Ă©viter de nombreuses chutes dans les escaliers, une simple bande antidĂ©rapante de chez https://www.heskins.fr/ collĂ©e sur le nez de chaque marche est la solution idĂ©ale.
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sous-le-saule · 3 years
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L'imparfait / Au bout du couloir 
Il y a du bruit Ă  l'Ă©tage. Cette fois, elle en est certaine. Comme si quelque chose Ă©tait traĂźnĂ© sur le sol par intermittence. Ou comme si quelqu'un marchait lentement sans lever les pieds. Elle n'a pas quittĂ© la maison de la journĂ©e, les portes donnant vers l'extĂ©rieur sont toutes verrouillĂ©es - elle vĂ©rifie, par acquit de conscience, mais ce serait bien la premiĂšre fois qu'elle aurait oubliĂ©. Serait-il possible qu'un cambrioleur se soit introduit par une fenĂȘtre de l'Ă©tage ? Mais il aurait fallu qu'il la force sans qu'elle entende rien car, comme chaque matin, elle a refermĂ© soigneusement toutes les fenĂȘtres Ă  huit heures prĂ©cises, aprĂšs l'aĂ©ration des chambres. De cela aussi, elle est certaine. Elle n'est pas tĂȘte en l'air - cela fait partie des choses dont elle s'enorgueillit.
Ça recommence. Un animal, entrĂ© par un interstice du toit ? VĂ©rifier l'Ă©tat de la toiture faisait partie des tĂąches de son mari. Le connaissant, ça n'a pas dĂ» ĂȘtre fait depuis des annĂ©es. 
Elle jette un regard sur le tĂ©lĂ©phone, mais elle aura l'air fin, si elle appelle la police pour une chouette ou une fouine en vadrouille. Il vaut mieux qu'elle aille voir par elle-mĂȘme. Avec circonspection, le tisonnier Ă  la main, elle pose le pied sur la premiĂšre marche, qui grince un peu, et tend l'oreille longuement.
Plus un bruit. Elle se met Ă  douter d'elle-mĂȘme. C'Ă©tait peut-ĂȘtre seulement son imagination. Elle n'est pas encore habituĂ©e Ă  vivre seule dans cette vieille demeure qui craque de partout. Son Ă©poux avait ses dĂ©fauts - et Dieu sait qu'ils Ă©taient nombreux - mais sa prĂ©sence Ă©tait rassurante. Son coeur se serre un peu en rĂ©alisant que c'est la premiĂšre fois en deux semaines qu'elle regrette qu'il ne soit plus lĂ . Évidemment, aprĂšs trente ans de mariage, ce n'est plus la mĂȘme chose, n'est-ce pas ? Elle doit bien admettre qu'elle est surtout soulagĂ©e de ne plus avoir Ă  endurer ses agaçantes manies. Ses ronflements insupportables, pour commencer - et il avait eu le culot de prendre un air peinĂ© quand elle avait suggĂ©rĂ© qu'ils fassent chambre Ă  part. Sa rĂ©pugnante habitude de se curer le nez devant la tĂ©lĂ©vision. Et ce ridicule petit nom - "mamour" ! - qu'il persistait Ă  vouloir lui donner malgrĂ© ses rappels Ă  l'ordre, parce qu'il trouvait ça mignon. Elle avait envisagĂ© le divorce, mais les gens n'auraient pas compris. Ils l'auraient jugĂ©e, comme cette amie Ă  qui elle s'Ă©tait ouverte de son projet et qui avait rĂ©torquĂ© qu'on ne brise pas une si longue union avec un Ă©poux travailleur, aimant et fidĂšle sous prĂ©texte qu'il se cure le nez. Que le mariage est une affaire de compromis. Qu'il faut accepter les petits dĂ©fauts de son conjoint, qu'on ne peut exiger qu'il soit parfait. 
Et pourquoi pas ? Ne méritait-elle pas la perfection ? Ne faisait-elle pas assez d'efforts pour rester désirable et garder leur maison impeccable ?
Arrivée en haut des escaliers, elle est prise de tremblements. De l'ancienne chambre conjugale, au bout du couloir, lui parvient le son étouffé d'un ronflement. Son ronflement. 
C'est impossible. Ce doit ĂȘtre le surmenage. Les prĂ©paratifs de l'enterrement ont Ă©tĂ© Ă©puisants pour que tout - sa robe, les fleurs, le choix des musiques - soit parfait. Puis elle a rĂ©amĂ©nagĂ© le salon, faisant disparaĂźtre l'hideux fauteuil de cuir marron auquel son mari tenait tant. C'est ça. C'est la fatigue. Ce ne peut ĂȘtre que ça. Quand elle aura ouvert la porte de la chambre et constatĂ© qu'elle est vide, son imagination la laissera en paix. 
Mais ses jambes flageolantes refusent de lui obéir. Une suée froide lui coule entre les omoplates tandis qu'elle ne peut détourner les yeux de la porte, loin, loin au bout de ce sinistre couloir lambrissé devenu soudain interminable.
Les ronflements cessent brusquement. Elle entend un bruissement, puis sa voix - aucun doute, c'est bien cette voix qui lui tapait tellement sur les nerfs, cette voix molle et geignarde avec laquelle, pathétique jusqu'au bout, il s'est exclamé incrédule, lorsqu'il a compris pourquoi le porto qu'elle lui avait servi avait un drÎle de goût :
"Mamour ?"
(14/08/21)
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alexar60 · 3 years
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L’hîtel particulier (43)
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Chapitres précédents
Chapitre 43 : Bas les masques
L’atmosphĂšre de plus en plus viciĂ©e gĂȘnait terriblement ma respiration. Elle Ă©tait tellement lourde et presque palpable que je la sentais compresser mes poumons en les pĂ©nĂ©trant. Je descendais lentement marche par marche. L’obscuritĂ© n’arrangea rien et malgrĂ© la lumiĂšre de mon portable, je ne voyais rien au-delĂ  de trois mĂštres autour de moi.
MĂȘme si je ne venais quasiment jamais, je savais comment Ă©tait organisĂ©e la cave. En bas des escaliers, elle se sĂ©parait en deux parties. Celle de gauche Ă©tait plus petite dans mon souvenir. Cependant, un vent chaud et pestilentiel Ă  l’odeur de moisi et de soufre vint se frotter Ă  mon visage. Je pinçai mon nez afin de ne pas Ă©ternuer. L’air s’imprĂ©gnait de poussiĂšre fine. J’avançai lentement, j’entendais mes pas ainsi que les battements de mon cƓur. Soudain, je sursautai au contact d’une Ă©norme toile d’araignĂ©e sur le haut du crĂąne. De mĂȘme, quelque-chose sembla grouiller sur mon Ă©paule. DĂšs lors, j’hĂ©sitai Ă  remonter mais une plainte surgit du fond de la salle de droite.
J’avais peur de revivre ce malaise de ma derniĂšre visite. J’avais encore Ă  l’esprit les scĂšnes de torture qui passaient sans raison sur mon smartphone. J’avais encore en tĂȘte, ce dĂ©sir bestial de faire du mal. Mais, la voix m’intrigua si bien que je ne pus rĂ©sister. Je marchai sans voir quoi que ce soit. Le faisceau de lumiĂšre n’éclairait pratiquement rien, augmentant ma peur. Toutefois, je ne distinguai rien de particulier. La piĂšce sembla totalement vide. Je marchai jusqu’à ce qui parut ĂȘtre le centre et je fis un tour sans trouver l’origine des pleurs. Pourtant, elles Ă©taient toujours prĂ©sentes.
Par moment, les sanglots s’éloignaient avant de revenir danser. Je n’arrivai pas Ă  distinguer prĂ©cisĂ©ment le nombre de murmures. Peut-ĂȘtre cinq, dix ou plus ? Des centaines ? Elles avaient toutes un timbre fĂ©minin. Elles frĂŽlaient mes oreilles, repartaient en cercle et revenaient sans cesse. Puis, le silence arriva brutalement.
Ne plus rien entendre de paranormal glaça mon sang. Je m’inquiĂ©tai de ne rien voir non plus. DĂšs lors, je reculai, cherchant Ă  coller mon dos contre un mur pour ne pas ĂȘtre attaquĂ©. Mes pas rĂ©sonnĂšrent, les battements de mon cƓurs tambourinĂšrent tellement que je crus qu’il allait exploser. Mes yeux commencĂšrent Ă  s’habituer Ă  la noirceur des lieux. Je remarquai quelques formes. Elles semblĂšrent ĂȘtre en mouvement puis, je rĂ©alisai avoir Ă  faire Ă  une illusion. Enfin, mon dos rencontra le mur. MĂȘme s’il Ă©tait moisi, je prĂ©fĂ©rai me coller Ă  lui plutĂŽt que de sentir une main froide caresser mon Ă©paule.
Je demeurai quelques instants Ă  scruter au mieux l’endroit. Les voix reprirent leurs murmures, seulement, elles dansaient dans l’autre salle me laissant seul en apparence. DĂšs qu’une ombre remuait, je dirigeais ma lampe vers elle mais je ne dĂ©couvrais que des jeux d’optique, des formes illusoires ; tantĂŽt un objet, tantĂŽt une forme humaine.
PrĂ©fĂ©rant ne pas m’attarder, je fis un rapide passage avec la lumiĂšre de mon tĂ©lĂ©phone avant de quitter la salle. Je ne remarquai rien de spĂ©cial, seulement des murs recouverts de poisse. Soudain, je distinguai une chose qui n’était pas lĂ  quelques secondes avant, c’était une table ! J’approchai doucement, les jambes tremblantes. La table Ă©tait bien rĂ©elle. Elle gisait au milieu de la piĂšce, lĂ  oĂč je me trouvais quand les voix m’encerclaient. Sa forme terrible m’angoissa. Je pris peur, je voulus fuir en dĂ©couvrant qu’il s’agissait d’une table de torture. En effet, aux extrĂ©mitĂ©s, un systĂšme de poulies permettait d’écarteler les membres. Mon attention se concentra sur un petit bruit provenant du bord de la table. Un liquide tombait en goutte sur le sol crasseux. Sa couleur rouge brun ne faisait aucun doute, c’était du sang !
Tout indiquait qu’une horreur venait d’avoir lieu. Je me penchai pour mieux voir la flaque fraiche. Et Ă  ma grande surprise, le liquide coulait faisant un chemin en direction de la sortie. Je suivis ce petit ruisseau amenant Ă  l’autre salle. Au passage, je devinai la porte de la cave fermĂ©e car aucune lumiĂšre ne parvenait d’en haut.
Les murmures prirent de l’ampleur Ă  mon entrĂ©e dans la salle de gauche. J’entendais les sanglots, les rĂąles et quelques faux cris dans ce qui ressemblait Ă  l’antichambre de la mort. Surtout depuis qu’un frisson traversa mon corps en mĂȘme temps qu’un courant d’air chaud Ă  l’embrun putride. J’avais pour me protĂ©ger, juste une loupiote de tĂ©lĂ©phone qui Ă©claira difficilement la salle. Le faisceau navigua Ă  mon bon vouloir, de prĂ©fĂ©rence de coin en coin, longeant les murs Ă  une certaine hauteur afin d’avoir une meilleur vision d’ensemble. Il n’y avait absolument rien Ă  mon premier passage. Mais au second, je dĂ©couvris des centaines de visages encastrĂ©s dans les murs.
-          C’est quoi ? hurlai-je en voyant les figures.
Saisi d’une peur immense, je restai paralysĂ© par leur regard. Tous les visages me fixaient de leurs grands yeux ouverts. Leur peau blanche au contact de la lumiĂšre ne me rassura pas. Je ne bougeais plus, persuadĂ© que ces yeux me suivaient au moindre de mes gestes. Je songeai Ă  reculer, Ă  fuir mais au mĂȘme moment, la porte claqua dans mon dos. J’étais enfermĂ© dans ce lieu sordide, cave transformĂ©e en crypte
 Je ne voulais pas que cela devienne mon tombeau.
AprĂšs, avoir soufflĂ© et compris que j’étais seul, je fixai Ă  mon tour ces visages. Ils semblaient si vivants que je m’attendais Ă  les voir surgir hors des murs. Je m’attendais Ă  ĂȘtre encerclĂ© et finalement, je compris que ces murmures venaient d’eux. Cependant, aucune figure ne remua. Alors, j’approchai essayant d’ĂȘtre le plus calme possible.
Au premier abord, ils Ă©taient tous remarquablement bien fait. Toutefois, quelques bandelettes glissaient le long des parois indiquant qu’il s’agissait de plĂątre. J’osai effleurer l’un d’eux du bout de l’index. Effectivement, le masque n’avait rien de dangereux. Alors, je marchai le long des murs, observant ces visages dont les yeux ne bougeaient pas.
Soudain, un bruissement effraya mon Ă©moi. Je tournai la tĂȘte en direction du bruit. Un morceau de bandelette venait de tomber. J’avançai pour voir de plus prĂšs. Aussi, je fus saisi de terreur en dĂ©couvrant que le morceau recouvrait une peau noire et dessĂ©chĂ©e. Les visages Ă©taient recouverts de plĂątres. Je regardai la porte fermĂ©e avant de diriger la loupiote de nouveau vers le mur. C’est alors, que mon sang se glaça lorsque je reconnus une des figures.
Ses yeux gris n’avaient rien perdu de leur splendeur. Le visage de Marion trĂŽnait au milieu des centaines d’autres, Ă  jamais emprisonnĂ©es dans le mur. Elle ne me regardait pas, dĂ©fiant toujours le vide. Et Ă  cĂŽté  mon dieu, Ă  cĂŽtĂ©, je reconnus Tatiana ! Par contre, elle avait les yeux fermĂ©s.
ApeurĂ© par cette dĂ©couverte macabre, je m’éloignai d’elles sans les quitter du regard. Mais, le seul moment oĂč ma vue fuit, elle rencontra celle d’une autre connaissance : Diane. Cette derniĂšre, posĂ©e dans une rangĂ©e diffĂ©rente semblait bien plus triste qu’à nos rencontres. Elle pleurait presque. Il n’y avait que des visages de femmes. Ensuite, je retournai vers la porte afin de la pousser.
Elle s’ouvrit difficilement dans un terrible grincement. Je fus surpris de constater ne plus ĂȘtre dans la cave. Devant moi, s’érigeait le labyrinthe de cloisons qui dĂ©corait longtemps le grenier. Je tournai la tĂȘte et remarquai la subite disparition des visages. A la place, la chambre verte se montrait plus accueillante. Cependant, je prĂ©fĂ©rai sortir et retourner auprĂšs de Tatiana. Un semblant de rĂąle sortit de l’armoire. Le chat noir leva la tĂȘte. Il dormait sur le lit. Il Ă©tira tout son corps, puis bondit pour abandonner la place. En frĂŽlant mes mollets, il cracha.
J’entendis la porte du grenier s’ouvrir dans un grincement effroyable. Soudain un coup provenant de je ne sais oĂč incita mon esprit Ă  ne plus avancer. Les jambes de plus en plus tremblantes, je serrai les poings, je soufflai, je cherchai Ă  rĂ©guler ma respiration pour vaincre ma peur. AussitĂŽt, je repris ma marche mais je fus brutalement pris par la terreur en entendant un second claquement. Je me rappelai que la derniĂšre fois, le chat m’avait attaquĂ©. Alors, je surveillai autour de moi, Ă  gauche Ă  droite en haut en bas s’il n’allait pas surgir. Mais rien si ce n’est un troisiĂšme coup
 plus fort que les prĂ©cĂ©dents.
Je ne le savais pas mais désormais, le maitre entrait en scÚne !
Alex@r60 – avril 2021
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lounesdarbois · 4 years
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Aider un camarade à déménager
« Quittez tout, vous trouverez tout. »
Saint François d’Assise
Il faut aller chercher une camionnette de déménagement à l'autre bout de la ville. On fraude un métro, on fraude un train, on marche longtemps dans un parking souterrain, voilà c'est ici. Le camarade fait un crochet par Quick pour prendre un menu à emporter et il s'éloigne sous la pluie et mes blùmes diététiques, pendant que je remplis en ligne les formulaires d'état des lieux du véhicule, déverrouille la portiÚre avec un téléphone. Une camionnette louée avec un téléphone loué, c'est fou le commerce "interface-machine". Le pote revient et monte au volant, moi à droite, démarrage. Tout se passe bien. D'abord une petite marche arriÚre à l'aveugle pour se mettre en jambes, avec le levier de vitesse dans la main droite et un cheeseburger dans la main gauche, à hauteur du nez pour y faire un croc de temps en temps, et l'autoradio sur Nostalgie FM qui chantonne un morceau des Beach Boys Aruba, Jamaica, oh I want to take ya to Bermuda, Bahama, come on pretty mama. Des tas de voyants s'allument sur le tableau de bord, et une stridulation d'alarme retentit par-dessus la musique. C'est le frein à main qui n'est pas desserré voyons! Et paf tout de suite l'allure du véhicule augmente. Key Largo, Montego, baby why don't we go. C'est parti pour deux jours de déménagement de cinglé. Nous nous y sommes pris trop tard et c'est en catastrophe que nous accomplissons chaque geste, pressés par les échéances qui sont autant d'heure H et de couperets sur un billard: douze heures pour rendre un appartement vidé et récuré de fond en comble, vingt-quatre heures pour rendre ce véhicule.
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Adolescent je me promettais une fois adulte, de vivre dans la beautĂ©, par et pour la beautĂ©: j'aurai la verve d'Edouard Baer, l'ameublement Armani Casa, les vĂȘtements hooligan chic, l'Ă©rudition de Pierre Grimal, le courage physique de Marcel Bigeard, le dĂ©tachement de SempĂ©, et la France pour jardin semĂ©e de maisons de pierres blondes, de dentelures de feuilles de chĂȘnes qui se dĂ©tachent sur un ciel de soir d’étĂ© et de clairiĂšres comme sur les tableaux d'Hubert Robert. Il n'y eut rien de tout cela et j'arrivai Ă  la majoritĂ© dans un Grenoble abominable, dans le shit, le tam-tam et les dĂ©pressions.
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Nous avons au prĂ©alable "fait les cartons" c'est Ă  dire bourrĂ© des sacs de fortune avec toutes sortes de tableaux, de linges de maison, d'objets sortis d'hĂ©ritages lointains et dont plus personne ne connaĂźt la valeur.  Les dentelles de Bruges, les Ă©charpes de cachemire, les lustres du plafond, trĂ©sors des cristalleries europĂ©ennes, emballĂ©s tous en vrac dans des journaux titrĂ©s "Alan Waquebaert quitte Namur", Ă©mergent ça et lĂ  d'un amoncellement de sacs, sachets, boĂźtes, paquets. Nous avons dĂ©montĂ© des meubles, vidĂ© le contenu des tiroirs Ă  la verticale dans les poubelles, puis judicieusement entassĂ© celles-ci sur le palier, palier dont les voisins d'en face se trouvent ĂȘtre les propriĂ©taires d'ici.
Fracas dans la cuisine, le cache de porte du lave-vaisselle a frappĂ© le carrelage. Catastrophe. BientĂŽt un rĂ©parateur bruxellois accourt, long et maigre, soixante-cinq ans, cheveux blancs jusqu'aux omoplates, gestes fĂ©briles. Il se blesse au doigt en manipulant le cadre intĂ©rieur de la machine, toute de mĂ©tal Ă  bord tranchants, abominable. Du sang partout, des jurons, nous improvisons un pansement au sopalin et scotch et le congĂ©dions ; cette porte doit ĂȘtre rĂ©parĂ©e dans les dix heures prochaines et nous devons vider le chargement du vĂ©hicule d'ici une heure dans une maison des faubourgs de Charleroi, l'un des comptoirs du camarade.
En route il me semble soudain que ce n'est pas la grande forme. J'ai tous les symptĂŽmes d'un empoisonnement alimentaire passager et il va falloir rendre ce qui est de trop, tout en dĂ©chargeant des paquets dans un dĂ©cor de briques et de dĂ©sespoir wallon humide. BientĂŽt Ă  Charleroi Ă©talĂ© sur un canapĂ©, en proie aux joies des chauds et froids internes je rabat la capuche et mĂ©dite un remĂšde possible. Il me revient soudain que les Grecs recommandaient de traiter l'aciditĂ© par l'amertume et je progresse bientĂŽt courbĂ© en deux vers la cuisine, Ă  la vitesse de 0,2 kilomĂštre par heure. En fouillant ici et lĂ  il s'avĂšre possible de mĂȘler dans une eau frĂ©missante du thĂ© vert et du curcuma en poudre. Un grand verre de ce mĂ©lange vous donne des frissons tellement c’est amer mais se rĂ©vĂšle trĂšs vite constituer un baume souverain sur la douleur, et un fortifiant merveilleux. Me revoilĂ  dispo et mon ami a dans l'intervalle terminĂ© la manutention. Nous rentrons Ă  Bruxelles. Tout s'arrange?
On bombarde sur l'autoroute. Des voyants s'allument sur le cadran de bord. Avant mĂȘme de pouvoir y prĂȘter attention un orage effroyable s'abat sur le pays, et l'autoroute devient un tobogan de parc aquatique. Le halo des phares ne porte plus qu'Ă  trois mĂštres. Trente-cinq minutes de ce rĂ©gime et nous arrivons, parquons le vĂ©hicule devant le logement Ă  vider et mettons pied Ă  terre. La portiĂšre latĂ©rale est grande ouverte. C’était pour ça les voyants allumĂ©s. Elle a Ă©tĂ© grande ouverte pendant trente-cinq minutes sous une averse de mer du nord. Bon, on ne dit rien. Un sac en toile que l'on avait bourrĂ© de paires de Crockett & Jones, trempĂ©. On ouvre le sac pour vĂ©rifier les chaussures: miracle elles Ă©taient cirĂ©es et fourrĂ©es d'embauchoir en pin, la pluie a glissĂ© sur le cuir lorsque le bois sec ne l'a pas bue. L’averse a tournĂ© au crachin. “La pluie tombait comme une aumĂŽne” dit quelque part Houellebecq dans un poĂšme.
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Avant de charger encore le vĂ©hicule il faut abandonner un bureau annĂ©es 60 les quatre pieds en l'air sur un trottoir, sous la pluie, comme un bƓuf abattu. Ces trucs sont invendables, les gens ne distinguent plus l’artisanat de la camelote, ne jurent que par IkĂ©a, les copeaux agglomĂ©rĂ©s sans style, sans race, sans passĂ©. Signe des temps. BientĂŽt plus rien ne vaudra plus rien sur le marchĂ©, la beautĂ© seule restera le critĂšre inattaquable.
Il faudra beaucoup d'autres choses. Il faudra porter des tapis emballĂ©s dans des rideaux chouraves au logeur depuis la camionnette en triple file aux warnings dans un escalier branlant qui tient par miracle avec des poutrelles de soutĂšnement jusqu'au 4Ăšme Ă©tage chez des locataires ahuris et pas prĂ©venus pendant qu'un GSM sonne pour la neuviĂšme fois d'affilĂ©e dans une poche sans pouvoir l'Ă©teindre (deux mains occupĂ©es). Mais qui appelle, bon sang? C'est un candidat Airbnb avec accent africain complĂštement paniquĂ© qui a payĂ© sa location et ne trouve pas la clĂ©, normal nous sommes occupĂ©s Ă  autre chose! Et puis le logement que tu as louĂ©, mon petit pĂšre, a Ă©tĂ© vidĂ© par nos soins et tu vas dormir par terre, ça te va comme ça? Et puis quoi, est-ce que nous sommes au service de ces fils d'ambassa-bassadeurs qui n'ont d'argent que par notre argent? De toute façon il patientera. Demain aprĂšs l'Ă©tat des lieux et la remise des clĂ©s, de ses clĂ©s Ă  lui-aussi, il devra pour finir son sĂ©jour passer par la courette et grimper au logement par une Ă©chelle dissimulĂ©e sous une bĂąche dont lui indiquons l'emplacement, puis pousser la fenĂȘtre de l'antichambre que nous aurons maintenu entrouverte au moyen d'un segment de carton astucieusement insĂ©rĂ© entre le vantail ouvrant et le dormant prĂ©cadre. Ce stratagĂšme permet de sous-louer le bien au-delĂ  de la fin du bail mĂȘme aprĂšs en avoir rendu les clĂ©s au logeur. Mais ce primitif Ă  peine capable de saisir la complexitĂ© de phrases du genre de "clĂ© sous paillasson" et qui tĂ©lĂ©phone 9 fois de suite pour se les faire rĂ©pĂ©ter sera-t-il Ă  mĂȘme de suivre les directives Ă©voquĂ©es ci-dessus? C'est le cadet de nos soucis.
On redescend, on remonte encore avec des tringles chargĂ©es de vĂȘtements, des tapis, des trumeaux en marbre. Il reste un canapĂ© Ă  40 euros et une armoire IkĂ©a. EcƓurĂ©s nous abandonnons ces marchandises sur le trottoir.
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Mince, le lave-vaisselle cassĂ© avec sa porte effondrĂ©e! Bim une idĂ©e, je me rappelle que nous avons un camarade menuisier dans un quartier tout proche. On l'appelle en catastrophe et le pressons de passer rĂ©parer d'ici une heure, il accepte. RĂ©seau en bĂ©ton, nous avons. Il arrive, pose des points de colle avec un  pistolet Ă  colle, compresse la porte... Ça tient. Merveilleux, on a presque fini. Dans douze heures il faudra avoir quittĂ© les lieux.
BientĂŽt il y aura les effroyables nĂ©gociations d'Ă©tat des lieux, sous le regard furieux de propriĂ©taires rĂȘches comme des toiles de jute, dans une ambiance en bronze massif d'une pesanteur insoutenable, lorsque l'on compte les secondes et que ça ne finit jamais.
Nous sommes Ă  jeun et j'aime extrĂȘmement cette sensation lorsqu'on est au bout de ses forces et que l'on s'en dĂ©couvre de nouvelles, insoupçonnĂ©es. Cette phrase dans les romans autobiographiques de DostoĂŻevski: "il n'avait rien mangĂ© depuis trois jours", me porte et me transporte. Il y a une noblesse du jeĂ»ne et Paul Morand me comble avec son "J'aime manger, mais je n'aime pas avoir mangĂ©". J'ouvre une porte d'armoire de cuisine pour vĂ©rifier que tout est vide et que voilĂ  dedans? Bon sang un Ă©norme lave-linge. Et par-dessus le mastodonte, quoi? Un sĂšche-linge rotatif. Je claque la porte Ă©cƓurĂ© et gueule des insultes Ă  travers les piĂšces dĂ©sertes Ă  l'intention du camarade.
Il nous faut un "diable" pour bouger ces crasses, et un lieu de stockage. Oh ça c'est rĂ©glĂ©: le gars frĂ©quente une meuf actuellement qui a un logement avec cave dans le quartier europĂ©en, on lui fourguera le tout Ă  cette eurocrate. Il reste juste le temps de foncer au grossiste de vin lĂ -bas plus haut dans la rue, cinq minutes avant fermeture pour un mois, pour lui soutirer un petit peu son diable. Les heures suivantes sont brouillĂ©es, nous descendons et montons l'Ă©lectromĂ©nager sur des escaliers, dans des camionnettes, dans des tunnels de cave, occupĂ©s que nous sommes Ă  rentrer des lave-linges dans des caves, des sĂšche-linges dans des ascenseurs comme on fait rentrer des carrĂ©s dans des ronds, au forceps, au chausse-cube et au "han" de porteur d'eau avec la sueur qui perle au front. Mais tout s’arrange. 
Le camarade m’offre un magnifique tapis, et un tableau splendide: le panthĂ©on de Rome. 
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Je rentre Ă©couter ceci. Bon, bon, je sais... Mais elle a une voix superbe.
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auroreflore · 3 years
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Dans les yeux de la biche
Élise revint Ă  elle. Son visage Ă©tait collĂ© aux feuilles d'automne tombĂ©es sur le sol. Son corps Ă©tait ankylosĂ©, de toute part. Une douleur vive partait de son ventre et se rĂ©pandait dans tout son ĂȘtre. Avait-elle chuté ? Elle ne s'en souvenait pas. Elle releva la tĂȘte. Elle se situait au milieu d'une forĂȘt, entourĂ©e d'arbres silencieux aux branches dĂ©nudĂ©es. Pas le moindre oiseau Ă  l'horizon. Pas le moindre signe de vie alentour. Pas un son. Aucun souffle. Simplement, une nature morte. La forĂȘt semblait ĂȘtre figĂ©e dans le temps. Le silence qui y rĂ©gnait rendit Élise nerveuse. Les lois de la nature ne s'appliquaient pas en ces lieux, elle le sentait. Tout lui apparaissait comme Ă  travers un filtre. Les couleurs des feuilles, des arbres et du ciel avaient subi un vieillissement foudroyant qui les avaient enfermĂ©s trente ans en arriĂšre. Une nature immobile, comme si elle retenait sa respiration, comme si elle avait Ă©tĂ© le tĂ©moin d'un Ă©vĂ©nement atroce et que, depuis lors, elle ne pouvait vivre normalement. CapturĂ©e, emprisonnĂ©e dans une cage temporelle qui la conservĂ©e ainsi, intacte, froide.  
Élise se releva. Elle frotta son visage, ses cheveux et ses vĂȘtements afin de faire tomber les feuilles sĂšches qui y Ă©taient restĂ©es collĂ©es. Celles-ci s'Ă©miettaient progressivement, ainsi, Élise ne put tout enlever. Elle regarda tout autour d'elle. Elle ne savait pas quelle direction prendre, laquelle la ramĂšnerait sur la route et laquelle l'enfoncerait dans la forĂȘt dense.
Au loin, elle vit une fumĂ©e grisĂątre s'Ă©lever. Instinctivement, elle se mit Ă  marcher dans cette direction. Alors qu'elle aurait dĂ» entendre les feuilles mortes craquer sous ses pas, la nature demeurait toujours silencieuse, aucun bruit ne sortait de ses dĂ©placements. Elle se sentait comme prise dans un caisson insonorisĂ© duquel elle percevait avec peine sa propre respiration. Elle marcha sans compter le temps qui passe jusqu'au moment oĂč, en relevant la tĂȘte, elle ne vit plus la fumĂ©e. Des yeux, elle parcourut les environs, peut-ĂȘtre avait-elle pris une mauvaise direction. Peut-ĂȘtre s'Ă©tait-elle laissĂ©e emporter, perdue dans ses pensĂ©es. Mais rien y fit, la fumĂ©e avait disparu.
Une silhouette apparut alors. Au loin. Un quadrupĂšde au visage fin et aux oreilles en alerte, le corps fiĂšrement dressĂ© au milieu de la forĂȘt. L'animal la regardait. Quand il fut certain d'avoir attirĂ© l'attention d’Élise, il se mit de profil. Une biche. Élise eut l'impression qu'elle l'attendait. Elle avança alors dans sa direction. Le temps continuait sa course et pourtant, la lumiĂšre qui s'introduisait dans la forĂȘt Ă  travers les branches ne changeait pas. Élise marcha vers la biche qui ne bougeait pas. Qui l'attendait. Lorsqu'elle arriva Ă  sa hauteur, l'animal ne semblait pas mĂ©fiant. De la biche, Ă©manait une forme de sĂ©rĂ©nitĂ©, Élise avait tout Ă  apprendre d'elle. L'animal la regardait avec de grands yeux noirs et intenses. D'un regard Ă©clairĂ© par une petite Ă©tincelle. C'Ă©tait un de ces ĂȘtres dont on croise le regard et qui donne le sentiment d'avoir tout compris de la vie et de ses mystĂšres.
« Prépare-toi, dit la biche doucement.
- Pour ? » Demanda Élise.
La biche continuait de l'examiner. Son regard transperçait Élise qui eut l'impression que la biche la connaissait dĂ©jĂ , avait tout compris d'elle, ses plus noirs instincts, ses secrets les plus enterrĂ©s.  
Élise ouvrit brusquement les yeux sur le noir dans lequel Ă©tait plongĂ©e la chambre. Elle trempait dans une Ă©trange sueur froide. Elle voulut se lever pour boire un verre d'eau et se dĂ©barbouiller le visage mais se rendormit aussitĂŽt en oubliant ce rĂȘve curieux.
Le lendemain, Élise se rĂ©veilla en dĂ©but d'aprĂšs-midi. Teddy n'Ă©tait plus de son cĂŽtĂ© du lit. La lumiĂšre du jour inondait la piĂšce, il faisait un temps magnifique Ă  l'extĂ©rieur. Elle enfila un vieux short qui traĂźnait et un dĂ©bardeur uni. Elle s'attacha les cheveux en queue-de-cheval, il faisait chaud et ses cheveux longs Ă©pais Ă©touffaient sa nuque. Teddy entra alors dans la piĂšce. Il avait Ă©tĂ© impatient qu'elle se rĂ©veille. Il lui prit la main et l'amena jusqu'Ă  la porte d'entrĂ©e de l'appartement.
« Ferme les yeux et garde-les fermer, dit Teddy avec enthousiasme, et ne triche pas.
- Qu'est-ce que tu mijotes ? Demanda Élise en riant. Elle leva les mains devant son visage comme pour se protĂ©ger d'une attaque surprise.
- Roh, fais-moi confiance ! RĂąla-t-il. Ils avaient beau se connaĂźtre depuis des annĂ©es, lorsqu'il s'agissait de dĂ©monstration de confiance, Élise avait encore beaucoup de peine Ă  lĂącher prise. Ai-je dĂ©jĂ  fait quoi que ce soit pour te blesser ?
- La semaine derniĂšre, tu m'as mis de la crĂšme hydratante dans la bouche. Il y a trois jours, tu m'as mis le nez dans l’Ɠil en te penchant pour m'embrasser et j'ai encore un bleu sur la cuisse de quand tu m'as balancĂ©e dans la douche tout habillĂ©e. Je dois encore garder les yeux fermer pendant combien de temps ? »
Teddy se plaça à cÎté d'elle, une main sur chaque épaule afin de la guider dans les escaliers. Il l'amena jusque dans la rue, à l'entrée de l'immeuble dans lequel ils vivaient. Il frétillait sur place, il était survolté de sa derniÚre acquisition et de toutes les possibilités qu'elle leur ouvrait.
« Vas-y, ouvre les yeux ! »
Élise les ouvrit sur le trottoir d'en face oĂč Ă©tait garĂ©e une petite Clio lĂ©gĂšrement cabossĂ©e, peinte couleur vert pomme. La voiture avait quelques annĂ©es et quelques kilomĂštres au compteur mais, pour le jeune couple, elle reprĂ©sentait une promesse de libertĂ©, des possibilitĂ©s de vadrouille et des envies de parcourir les routes.
« Je l'ai achetée au voisin de mon grand-pÚre, elle est un peu vieille mais elle marche bien. Il y a que la premiÚre vitesse qui couine un peu et si on allume les warnings, ça déclenche les essuie-glaces.
- Elle est géniale !
- Cool ! Alors, j'ai besoin que tu te prépares un sac pour tenir trois jours. Prévois un maillot de bain sexy, une serviette et l'appareil photo. On part à 18 heures.
- On va oĂč ?
- C'est une surprise... »
Elle rentra dans l'immeuble, courut dans les escaliers et se prĂ©cipita dans l'appartement pour rĂ©unir quelques affaires. Elle fourra le tout dans un vieux sac de sport – qui ne lui avait jamais servi Ă  cet effet – mit Ă  charger tous ses appareils Ă©lectroniques, le portable et les deux batteries – elle en avait une de secours – de l'appareil photo. Elle choisit son plus beau maillot de bain, un deux piĂšces bleu marine agrĂ©mentĂ© de petits nƓuds dĂ©coratifs, sa paire de lunettes de soleil rondes bordeaux, sa serviette de plage et quelques tenues estivales : des petites robes lĂ©gĂšres aux couleurs pastelles, un short blanc, deux dĂ©bardeurs et un pantalon en lin pour les soirĂ©es si elles Ă©taient plus fraĂźches. Elle emporta Ă©galement un mascara et un rouge-Ă -lĂšvres rouge vif, un roman pour pouvoir lire sur la plage – s'il l'amenait bien Ă  la plage – puis elle rĂ©unit quelques gourmandises pour la route : des chips, des bonbons et des sodas.
18 heures. Élise et Teddy chargĂšrent leurs sacs dans le coffre, choisirent la musique qui les accompagnerait – ils dĂ©buteraient avec du Elvis Presley, placĂšrent les sucreries Ă  l'avant et dĂ©marrĂšrent la Clio. Élise s'installa au volant, elle aimait conduire. Elle aimait avoir le contrĂŽle sur la machine. Elle aimait sillonner les routes, les arpenter selon sa volontĂ©. Plus que tout, elle aimait dompter sa propre libertĂ©.
« Ben, tu fais quoi là ? Lui demanda Teddy, surpris. Tu ne sais pas oĂč on va, je te rappelle. Va falloir que tu te laisses faire pour une fois. C'est moi qui gĂšre ! »
Ce n'Ă©tait pas la premiĂšre fois qu'il lui disait ça et, avec lui, elle se laissait faire. Elle ne savait pas toujours relĂącher  la pression et perdre le contrĂŽle mais – peut-ĂȘtre ne s'en rendait-il pas compte – avec lui, elle acceptait un peu plus chaque jour de ne pas avoir Ă  gĂ©rer et de se laisser faire. C'Ă©tait Ă  l'encontre de sa nature, bien sĂ»r, mais elle parvenait progressivement Ă  se relaxer et se laisser guider, se laisser porter tout simplement.
Ils roulĂšrent les fenĂȘtres grandes ouvertes, la musique Ă  fond, Ă  chanter Ă  tue-tĂȘte, fumer des cigarettes et se goinfrer de cochonneries.
Quand le crĂ©puscule entama sa danse dans le ciel, le couple avait quittĂ© l'autoroute et circulait sur une petite dĂ©partementale bordĂ©e d'une forĂȘt. Les arbres se dressaient de chaque cĂŽtĂ© de la chaussĂ©e, fiers gardiens de ces bois. Élise et Teddy n'avaient croisĂ© personne depuis prĂšs d'une demi-heure. Ils se sentaient roi et reine, Ă©loignĂ©s de toute civilisation. Ils coupĂšrent la stĂ©rĂ©o afin de profiter du calme ambiant et des quelques bruits de la nature. L'endroit Ă©tait serein. La voiture passa devant un arbre Ă  l'allure Ă©trange : un visage sortait de l'Ă©corce. Élise prenait une grande inspiration lorsqu'une biche, sortie de nulle part, dĂ©boula devant eux. Teddy tourna le volant d'un coup sec pour l'Ă©viter. La voiture alla alors se projeter contre un chĂȘne. Noir.
Lorsque Élise revint Ă  elle, une fumĂ©e grisĂątre sortait du capot de la voiture. Vertige. Un bourdonnement retentissait Ă  ses oreilles. Elle eut le rĂ©flexe de se toucher le visage afin de constater qu'il n'y avait aucune trace de sang. Rien.
Elle tourna alors la tĂȘte vers la place du conducteur. Teddy gisait lĂ . Le visage enfoncĂ© dans le volant . Il ne faisait plus qu'un avec la voiture. Du sang coulait de sa peau par endroits sans qu'elle arrivĂąt Ă  dĂ©celer d'oĂč exactement.
Elle réalisa alors l'ampleur de ce qu'il venait de se passer, les conséquences impliquées. Sa vie venait de changer.
« Non. » Dit-elle simplement. Elle ne pouvait pas l'accepter. Elle répétait ce « non », encore et encore. Elle ne pleurait pas, pleurer se résoudrait à accepter. Elle refusait en bloc.
Elle sentit alors une force l'attraper. Une puissance naßtre à l'intérieur, grandir brutalement. Elle se sentait comme tomber dans les pommes, pourtant elle gardait toute sa conscience. Puis, ce fut le plongeon, une sensation de chute comme quand un ascenseur démarre soudainement, à grande vitesse.
Noir.
« Vas-y, ouvre les yeux ! »
Élise ouvrit les yeux sur une petite Clio lĂ©gĂšrement cabossĂ©e peinte en vert pomme. Elle avait une sensation Ă©trange, comme un air de dĂ©jĂ  vu. Des bribes de cauchemar lui revenait en mĂ©moire.
« Elle te plaßt pas, c'est ça ? Demanda Teddy. Il avait tant d'appréhension quant à la réaction qu'elle aurait. Il ne savait vraiment pas comment elle allait réagir.
- Elle est géniale ! Finit-elle par lùcher.
18 heures. Élise et Teddy prirent la route. Plus le bitume dĂ©filait sous les roues de la Clio, plus une terrible angoisse montait des entrailles d’Élise. Elle lui avait saisi le ventre. Elle formait une boule qui la dĂ©vorait petit Ă  petit. Élise Ă©teint la musique, Ă  l’affĂ»t d'un bruit suspect, d'une ombre Ă©trange. Ils dĂ©passĂšrent un arbre qu'elle reconnut : l'Ă©corce de son tronc formait un visage qui ressemblait Ă  un gourou, plein de sagesse.
« Teddy ! »
Une biche Ă©tait apparue au milieu de la route. Des cris. Un grand coup de volant. Le chĂȘne. Puis l'horreur. Le sang. La mort.
« Non. »
Noir.
« Vas-y, ouvre les yeux ! »
Clio cabossée vert pomme.
« Elle est géniale.
- Tout va bien ?
- Oui, c'est juste un cauchemar qui vient de me revenir en tĂȘte. »
Soudain, des souvenirs d'enfance refirent surface. Petite, Élise avait eu une pĂ©riode oĂč elle faisait des rĂȘves prĂ©monitoires. Elle avait vu la bagarre qui avait Ă©clatĂ© Ă  l'Ă©cole entre Lucas Delevant et Louis HĂŽtre, deux jours avant que celle-ci ne se produise. Elle avait prĂ©dit la tempĂȘte qui avait fait rage dans les PyrĂ©nĂ©es alors que ses parents voulaient partir camper un week-end. Les rĂȘves s'Ă©taient arrĂȘtĂ©s lorsqu'elle eut huit ans. Elle avait assistĂ© Ă  la mort de sa grand-mĂšre, une crise cardiaque qui l'avait emportĂ©e dans son sommeil. Ce fut le dernier rĂȘve qu'elle fit. Elle ne voulait plus de cette malĂ©diction, elle avait enterrĂ© cette part d'elle-mĂȘme pour ne plus jamais y penser. Jusqu'Ă  prĂ©sent.
Elle revit alors la forĂȘt vieillie et silencieuse. La biche aux grands yeux noirs et intenses qui l'attendait au milieu des arbres. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait beau faire ces rĂȘves, elle n'avait jamais pu empĂȘcher quoi que ce soit. Elle se revoyait rĂ©veiller ses parents, leur disant que Mamie allait pas bien, qu'il fallait faire quelque chose ! Les visions qu'elle avait finissaient toujours par se produire d'une maniĂšre ou d'une autre. C'Ă©tait la raison pour laquelle elle avait renoncĂ© Ă  son don. A quoi bon avoir accĂšs Ă  ce qui allait se passer Ă  l'avance si elle ne pouvait rien y faire ? Pourtant, elle avait simplement vu la biche dans son rĂȘve. Elle n'avait jamais vu la mort de Teddy.
Une nouvelle fois pour Élise, pour la premiùre fois pour Teddy, ils prirent la route.
« Ne quittons pas l'autoroute, s'te plaĂźt, dit Élise. La dĂ©partementale, je ne la sens pas.
- Y a eu un accident sur l'autoroute, je viens de recevoir la notification. On mettra trop de temps si on reste sur l'autoroute. Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ?
- On en prend une autre alors, insista-t-elle en Ă©teignant la musique.
- OK, » accepta-t-il finalement.
Malheureusement, l'autre itinĂ©raire possible Ă©tait fermĂ© pour travaux, il leur fallut prendre la route qu’Élise redoutait tant. Elle restait aux aguets, tremblant au moindre mouvement de feuilles, craignant les changements de lumiĂšre et sursautant au moindre bruissement. La peur fut Ă  son comble lorsqu'elle vit l'arbre au visage.
« Teddy, arrĂȘte-toi. S'il te plaĂźt, arrĂȘte-toi !
- Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu ne te sens pas bien ?
- Teddy ! »
Élise agrippa le volant. La biche Ă©tait apparue sur la route, au beau milieu de celle-ci. Elise donna un coup de volant. Puis, le chĂȘne.
Noir.
« Vas-y, ouvre les yeux. »
Sur la route, Élise restait silencieuse. Il n'y avait rien qu'elle puisse faire. Teddy mourrait quoi qu'il arrive. Il continuait de mourir. Encore et encore. Éternellement condamnĂ© sur cette petite dĂ©partementale. CoincĂ©s dans cette boucle temporelle. Ils ne pouvaient vieillir. Teddy ne vivait plus que pour mourir. Ils dĂ©passĂšrent l'arbre-visage. Élise le regarda une derniĂšre fois, puis elle fixa son regard sur Teddy, lui glissa la main dans les cheveux. Teddy la regarda Ă  son tour, il lui sourit.
La biche Ă©tait sur la route. A l'endroit oĂč elle avait toujours Ă©tĂ©. Teddy donna un ultime coup de volant. Trop puissant. Trop violent. La voiture percuta le chĂȘne. Noir.
Élise regardait le corps de Teddy, ce corps ensanglantĂ©. Cette scĂšne d'horreur Ă  laquelle elle avait trop assistĂ©. Elle inspira, il lui fallait faire le deuil de cette vie qui avait Ă©tĂ© interrompue tant de fois  dĂ©jĂ . Elle ne pouvait continuer de vivre cet instant. Il lui fallait accepter. Une larme glissa de son Ɠil et roula sur sa joue. Une larme unique.
Soudain, elle sentit un creux dans son ventre, une douleur vive. Comme une pesanteur trop puissante pour qu'elle puisse lutter. Elle baissa les yeux sur son ventre, la source de son mal. De celui-ci, sortait une branche du chĂȘne dans lequel la voiture s'Ă©tait Ă©crasĂ©e. Une nouvelle larme s'Ă©chappa de l’Ɠil d’Élise. Elle comprit enfin le vĂ©ritable deuil qui lui restait Ă  faire. Elle tenta d'inspirer mais l'air ne rentrait plus dans ses poumons. Elle releva les yeux. La biche la regardait. De grands yeux noirs, intenses. Des yeux qui lui promettaient que tout irait bien. Les derniers souffles de vie qui animaient Élise s'Ă©teignaient.
Peu à peu, elle lùchait prise. Elle acceptait ce sort devenu sien. Ce corps duquel les derniers instants de vie s'échappaient. La larme atteint son menton et tomba sur la branche qui la transperçait.
La biche se tourna vers la forĂȘt et disparut.
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neant-blanc · 3 years
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JOUR 46
On se lĂšve main dans la main pour accueillir avec un grand sourire le levĂ© du soleil visible par le volet Ă  moitiĂ© baissĂ©. (il est temps que j’arrĂȘte ça avant que vous vous posiez vraiment des questions).
Un pĂąteux dimanche se profile dans le demi-jour de notre chambre Ă  coucher. J’entends Antonin se lever et descendre pesamment les raides escaliers menant au salon. Quand je le rejoins il me fait remarquer un dysfonctionnement du frigo. Je me rappelle dans les dĂ©buts de notre conficoloc avoir achetĂ© un pot de glace. Le compartiment congĂ©lateur intĂ©grĂ© au frigidaire ne marchant pas, la glace s’était transformĂ©e en bouillie sirupeuse en moins d’une nuit. À prĂ©sent la saletĂ© marche trop au point d’exploser son compartiment et de former des stalactites envahissant les Ă©tages d’en dessous. Je propose de manger l’intĂ©gralitĂ© du contenu du frigo, ainsi plus besoin de s’en faire. Le problĂšme Ă©tant rĂ©glĂ©, je pars allumer la console et prendre ma place dans le fauteuil dont le coussin, aprĂšs de longues heures de jeux, porte dĂ©sormais la marque de mon aimable postĂ©rieur.
Mon plan de vidage de frigo tombe Ă  l’eau pour deux raisons. La premiĂšre est qu’une partie de nos rĂ©serves provient de ma grand-mĂšre. Et Ă  moins de prĂ©parer une Ă©norme marmite de soupe pour tout le quartier je ne vois pas comment venir Ă  bout des 5 tablettes de cubes Maggie empilĂ©es dans la porte. La deuxiĂšme raison est que depuis le dĂ©part du grand T nous ne nous nourrissons plus que de biĂšres et de gĂąteaux apĂ©ro. Rien que le fait d’envisager un repas nous donne la nausĂ©e. La solution que nous adoptons est pitoyable (sans surprise). Ne plus ouvrir le frigo, oublier toute cette histoire.
Ce dimanche est l’un des plus rĂ©ussis de notre isolement. Jamais nous n’avons aussi peu bougĂ© (Ă  part peut-ĂȘtre pendant le marathon du seigneur des anneaux. Difficile de faire mieux en mĂȘme temps). Je ne pourrais mĂȘme pas vous dire le temps qu’il a fait, les volets sont restĂ©s fermĂ©s, je n’ai pas mis le nez dehors. 24H sans utiliser la position debout, un record.
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traitor-for-hire · 3 years
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Les Quatre Filles March - Chapitre 25
Le premier mariage
Les roses de juin sur le perron Ă©taient Ă©veillĂ©es de bonne heure ce matin-lĂ , et se rĂ©jouissaient de tout leur cƓur sous le ciel sans nuage, comme les petites voisines amicales qu'elles Ă©taient. Leurs visages rougeauds Ă©taient tout empourprĂ©s par l'excitation, tandis qu'elles se balançaient dans le vent, se chuchotant de l'une Ă  l'autre ce qu'elles avaient vu ; car certaines pointaient le bout du nez aux fenĂȘtres de la salle Ă  manger, oĂč le festin Ă©tait dĂ©ployĂ©, d'autres grimpaient pour saluer les sƓurs et leur sourire comme elles habillaient la mariĂ©e, d'autres encore faisaient des signes Ă  ceux qui allaient et venaient dans le jardin, sous le porche et dans le couloir, et toutes, de la fleur la plus Ă©panouie au plus pĂąle des boutons nouveaux nĂ©s, offraient en tribut leur beautĂ© et leur parfum Ă  la douce maĂźtresse qui les avait aimĂ©es et s'Ă©tait si longtemps occupĂ©e d'elles.
Meg elle-mĂȘme Ă©tait pareille Ă  une rose ; car le meilleur et le plus doux du cƓur et de l'Ăąme semblaient s'Ă©panouir sur son visage en ce jour, lui apportant lumiĂšre et tendresse, avec un charme plus Ă©clatant que la beautĂ©. Elle n'aurait ni soie, ni dentelles, ni fleurs d'oranger. «  Je ne veux pas avoir l'air Ă©trange ou apprĂȘtĂ©e, aujourd'hui, avait-elle dit ; je ne veux pas d'un mariage Ă  la mode, mais seulement ceux que j'aime auprĂšs de moi, et je veux pour eux paraĂźtre et rester mon moi habituel. »
Aussi avait-elle cousu sa robe de mariĂ©e elle-mĂȘme, en mettant dans son ouvrage les tendres espoirs et les romances innocentes du cƓur d'une jeune fille. Ses sƓurs nattĂšrent ses beaux cheveux, et les seuls ornements qu'elle portait Ă©taient les fleurs de muguet que « son John » prĂ©fĂ©rait Ă  toutes autres.
« Tu as tout Ă  fait l'air de notre chĂšre Meg, mais si charmante et adorable, que je te prendrais dans mes bras si je n'avais pas peur de froisser ta robe », s'exclama Amy en la contemplant avec ravissement, quand elle fut prĂȘte.
« Alors je suis satisfaite. Mais s'il vous plaĂźt, venez dans mes bras et embrassez-moi, toutes, et ne vous souciez pas de ma robe ; j'entends bien la froisser de cette façon de nombreuses fois aujourd'hui » ; et Meg ouvrit ses bras Ă  ses sƓurs, qui la serrĂšrent, le sourire aux lĂšvres et les larmes aux yeux, en sentant dans leur cƓur que le nouvel amour n'avait rien changĂ© Ă  l'ancien.
« Maintenant je vais aller nouer la cravate de John pour lui, et puis passer quelques minutes avec PĂšre, au calme, dans l'Ă©tude » ; et Meg descendit en hĂąte pour accomplir ces petites cĂ©rĂ©monies, et pour ensuite suivre sa mĂšre oĂč elle irait, consciente qu'en dĂ©pit des sourires, il y avait un chagrin cachĂ© au fond du cƓur maternel, Ă  voir le premier oisillon quitter le nid.
Pendant que les cadettes mettent la derniÚre touche à leurs simples toilettes, le moment est idéal pour parler des quelques changements que ces trois ans ont apportés à leurs apparences ; car en cet instant elles sont toutes à leur avantage.
Les angles de Jo se sont adoucis ; elle a appris à se déplacer avec aisance, sinon avec grùce. Les boucles courtes ont poussé en une épaisse masse frisée, plus seyante au petit visage perché en haut de la haute silhouette. Il y a une couleur nouvelle sur ses joues brunes, un doux éclat dans ses yeux ; aujourd'hui sa langue acérée ne produit que des mots aimables.
Beth s'est amincie en grandissant, elle est pùle et plus calme que jamais ; les beaux yeux tendres sont plus grands, et en eux réside une expression qui attriste celui qui la perçoit, bien qu'elle ne soit pas une expression de tristesse. C'est l'ombre de la douleur qui touche ce jeune visage avec une patience si pathétique ; mais Beth ne se plaint que rarement, et parle toujours avec espoir d'aller « mieux, bientÎt ».
Amy est vĂ©ritablement considĂ©rĂ©e comme la « fleur de la famille », car Ă  seize ans elle a les airs et l'allure d'une femme adulte - non pas belle, mais pleine de ce charme indescriptible qu'est la grĂące, visible dans sa silhouette, dans les mouvements de ses mains, le froufrou de sa robe et le tombĂ© de ses cheveux - inconsciente mais harmonieuse, et pour beaucoup, aussi attirante que la beautĂ© mĂȘme. Le nez d'Amy la dĂ©solait toujours, car il ne serait jamais un nez grec ; de mĂȘme que sa bouche qu'elle trouvait trop grande, et son menton dĂ©cidĂ©. Les traits incriminĂ©s donnaient du caractĂšre Ă  son visage, mais elle ne s'en rendit jamais compte, et se consolait avec son teint merveilleusement clair, ses yeux bleus vifs, et ses cheveux bouclĂ©s, plus dorĂ©s et plus abondants que jamais.
Toutes trois portaient des ensembles lĂ©gers, gris argent (leurs meilleures robes d'Ă©tĂ©), avec des roses pĂąles dans les cheveux et au corsage ; et toutes les trois avaient exactement l'air de ce qu'elles Ă©taient - des jeunes filles aux cƓurs joyeux et aux visages frais, qui marquaient une pause dans leurs vies actives pour lire d'un air songeur le plus doux des chapitres de la romance fĂ©minine.
Il ne devait pas y avoir de cérémonies ostentatoires ; tout devait se faire de façon aussi naturelle et agréable que possible ; aussi quand Tante March arriva elle fut scandalisée de voir la future mariée venir l'accueillir en courant pour la faire entrer, de voir le futur marié en train de rattacher une guirlande qui était tombée, et d'apercevoir le ministre paternel monter gravement les escaliers, une bouteille de vin sous chaque bras.
« Ma parole, en voilà des façons ! » s'exclama la vieille dame en s'asseyant dans le fauteuil d'honneur préparé pour elle, et en arrangeant les plis de sa soie moirée lavande avec un grand froufrou. « Tu ne devrais pas te montrer avant la derniÚre minute, mon enfant.
— Je ne suis pas un spectacle, tantine, et personne ne vient pour me contempler, critiquer ma robe ou Ă©valuer le coĂ»t de mon dĂ©jeuner. Je suis trop heureuse pour me soucier de ce qu'on peut dire ou penser, et je vais avoir mon petit mariage exactement comme je l'entends. John, chĂ©ri, voilĂ  ton marteau, » et Meg s'en fut aider « cet homme » dans son activitĂ© particuliĂšrement peu correcte.
Mr. Brooke ne dit mĂȘme pas « Merci », mais comme il se penchait pour prendre l'outil si peu romantique, il embrassa sa petite fiancĂ©e derriĂšre la porte, avec un air qui fit soudain monter la buĂ©e aux yeux perçants de Tante March, qui sortit promptement son mouchoir de poche.
Un grand fracas, un cri, et le rire de Laurie, accompagnĂ©s de l'exclamation, « Jupiter Ammon ! Jo a fait tomber le gĂąteau ! », causĂšrent un chaos temporaire, qui Ă©tait Ă  peine calmĂ© quand une bande de cousins arriva, et « la fĂȘte entra », comme le disait Beth Ă©tant enfant.
« Ne laisse pas ce jeune gĂ©ant s'approcher de moi ; il m'inquiĂšte plus que les moustiques », chuchota la vieille dame Ă  Amy, comme la maison s'emplissait, et que la tĂȘte brune de Laurie dominait tout le reste.
« Il a promis d'ĂȘtre trĂšs sage aujourd'hui, et il peut ĂȘtre parfaitement Ă©lĂ©gant s'il le veut bien », rĂ©pondit Amy, qui partit avertir Hercule de se mĂ©fier du dragon, avertissement qui l'incita Ă  hanter la vieille dame avec une persistance qui faillit lui faire perdre ses moyens.
Il n'y eut pas de cortĂšge nuptial, mais un silence soudain se fit quand Mr. March et le jeune couple prirent place sous l'arche de verdure. La mĂšre et les sƓurs vinrent se tenir auprĂšs d'eux, comme rĂ©ticentes Ă  laisser partir Meg ; la voix paternelle se brisa plus d'une fois, ce qui ne rendit le service que plus beau et solennel ; la main du mariĂ© tremblait visiblement, et personne n'entendit ses rĂ©ponses ; mais Meg avait les yeux rivĂ©s Ă  ceux de son mari, et dit, « Je le veux ! » avec une telle confiance, une telle tendresse sur son visage et dans sa voix, que le cƓur de sa mĂšre se rĂ©jouit, et qu'on entendit renifler Tante March.
Jo ne pleura pas , mais elle en fut bien prÚs, et n'évita de se donner en spectacle que parce qu'elle était consciente que Laurie était en train de la fixer, avec un mélange comique d'amusement et d'émotion dans ses espiÚgles yeux noirs. Beth cachait son visage contre l'épaule de sa mÚre, mais Amy était telle une gracieuse statue, son front blanc et les fleurs dans ses cheveux illuminés de maniÚre charmante par un rayon de soleil.
Cela ne se fait pas du tout, j'en ai bien peur, mais Ă  l'instant oĂč elle fut effectivement mariĂ©e, Meg s'exclama, « Le premier baiser pour Marmee ! » et se tourna pour l'embrasser de tout son cƓur. Durant le quart d'heure qui suivit elle fut, plus que jamais, semblable Ă  une rose, car tous vinrent alors rĂ©clamer une part de son affection, de Mr. Laurence Ă  la vieille Hannah, qui, parĂ©e d'une coiffe « Ă©trange et admirable », l'intercepta dans le couloir, pleurant et riant, « Dieu vous bĂ©nisse, ma chĂ©rie, une centaine de fois ! Le gĂąteau n'a rien, et tout est trĂšs beau. »
Tout le monde se dispersa aprĂšs ça, et dit quelque chose de profond, ou essaya, ce qui fit tout aussi bien l'affaire, car le rire est prompt Ă  venir quand les cƓurs sont lĂ©gers. Il n'y eut pas d'Ă©talage de cadeaux, car ils Ă©taient dĂ©jĂ  tous dans la petite maison, pas non plus de festin Ă©laborĂ©, mais un copieux dĂ©jeuner de gĂąteau et de fruits, ornĂ©s de fleurs. Mr. Laurence et Tante March haussĂšrent les Ă©paules et Ă©changĂšrent un sourire quand ils s'aperçurent que les seuls nectars offerts Ă  l'assemblĂ©e par les trois HĂ©bĂ© Ă©taient de l'eau, de la citronnade ou du cafĂ©. Mais personne ne fit de remarque, jusqu'Ă  ce que Laurie, qui avait insistĂ© pour servir la mariĂ©e, apparut avec un plateau lourdement chargĂ©, l'air perplexe.
« Est-ce que Jo a cassĂ© toutes les bouteilles sans faire exprĂšs ? souffla-t-il, ou est-ce que j'ai seulement rĂȘvĂ© en avoir vu quelques unes ce matin ?
— Non, ton grand-pĂšre nous a gentiment offert ce qu'il a de mieux, et Tante March en a envoyĂ© quelques unes, mais PĂšre en a mis un peu de cĂŽtĂ© pour Beth, et a fait parvenir le reste au Foyer des Soldats. Tu sais qu'il pense qu'on ne devrait boire de vin qu'en cas de maladie, et MĂšre dit que ni elle ni ses filles n'en offriront jamais Ă  un jeune homme sous leur toit. »
Meg parlait sérieusement, et s'attendait à voir Laurie se renfrogner ou rire, mais il ne fit ni l'un ni l'autre, et aprÚs un bref regard, il dit, à sa maniÚre impétueuse, « Cela me plaßt ; car j'ai vu assez de malheurs arriver pour souhaiter que les autres femmes pensent comme vous !
— J'espĂšre que ce n'est pas l'expĂ©rience qui te rend si sage ? » dit Meg avec une pointe d'inquiĂ©tude.
« Non, je t'en donne ma parole. N'aie pas non plus trop haute opinion de moi ; ce n'est pas une de mes tentations. Ayant grandi dans un pays oĂč le vin est aussi commun que l'eau, et presque aussi inoffensif, je n'en ai cure ; mais quand une jolie fille en offre, on n'aime pas refuser, tu comprends.
— Mais tu refuseras, pour les autres sinon pour ton bien. Allons, Laurie, promets, et donne-moi une raison de plus d'appeler ce jour le plus heureux de ma vie. »
Cette demande si soudaine et si sérieuse fit hésiter un moment le jeune homme, car le ridicule est souvent plus difficile à supporter que l'abnégation. Meg savait que s'il lui donnait sa parole, il la tiendrait à tout prix, et, consciente de son pouvoir, en usait comme peut le faire une femme pour le bien de son ami. Elle ne dit rien, mais leva vers lui un visage rendu trÚs éloquent par le bonheur, et un sourire qui disait, « Personne ne peut rien me refuser aujourd'hui ». Laurie, assurément, en était incapable, et avec un sourire il lui tendit la main, en disant chaleureusement, « Je promets, Mrs. Brooke !
— Je te remercie infiniment.
— Et je bois Ă  ta rĂ©solution, Teddy », s'Ă©cria Jo en le baptisant d'une lampĂ©e de limonade, comme elle agitait son verre, rayonnante d'approbation.
Aussi le toast fut bu, le serment prĂȘtĂ©, et loyalement tenu en dĂ©pit de nombreuses tentations ; car avec une sagesse instinctive, les filles avaient profitĂ© d'un heureux moment pour rendre un service Ă  leur ami, pour lequel il leur fut Ă©ternellement reconnaissant.
AprÚs le déjeuner, les invités se promenÚrent, par deux ou trois, à travers la maison et le jardin, profitant du soleil. Il se trouva que Meg et John se tenaient ensemble au milieu de la pelouse, quand Laurie eut une inspiration qui ajouta la touche finale à ces noces démodées.
« Tous les couples mariĂ©s se prennent par la main et dansent en cercle autour des jeunes Ă©poux, comme le font les Allemands, tandis que nous autres cĂ©libataires dansons en couples Ă  l'extĂ©rieur ! » s'Ă©cria Laurie, en galopant le long de l'allĂ©e avec Amy, avec une bonne humeur si contagieuse que tous les autres suivirent leur exemple sans un murmure. Mr. et Mrs. March, Tante et Oncle Carrol commencĂšrent ; d'autres se joignirent rapidement Ă  eux ; mĂȘme Sallie Moffat, aprĂšs une hĂ©sitation, releva sa traĂźne et entraina Ned dans la ronde. Mais le meilleur vint avec Mr. Laurence et Tante March ; car quand le majestueux vieux gentleman s'approcha solennellement de la vieille lady, elle glissa sa canne sous son bras, et sautilla vivement pour venir donner la main aux autres, tandis que les jeunes gens envahissaient le reste du jardin comme des papillons un jour d'Ă©tĂ©.
L'essoufflement mit fin au bal impromptu, et les invités commencÚrent à partir.
« Je te souhaite d'ĂȘtre heureuse, ma chĂ©rie ; de tout mon cƓur ; mais je pense que tu le regretteras », dit Tante March Ă  Meg, en ajoutant pour le jeune mariĂ©, quand il l'accompagna Ă  sa voiture, « Vous avez un trĂ©sor, jeune homme, faites en sorte de le mĂ©riter. »
« C'est le plus joli mariage auquel j'ai assisté depuis longtemps, Ned, et je ne saurais dire pourquoi, car il n'avait pas une once de style », fit remarquer Sallie à son mari, comme ils s'en allaient.
« Laurie, mon garçon, si jamais tu veux te laisser aller à ce genre de choses, fais-toi aider par une de ces jeunes filles, et je serai parfaitement satisfait », dit Mr. Laurence en s'installant dans son fauteuil pour se reposer, aprÚs l'agitation de la matinée.
« Je ferai de mon mieux pour vous contenter, sir », fut la réponse inhabituellement docile de Laurie, tandis qu'il détachait soigneusement la fleur que Jo avait mise à sa boutonniÚre.
La petite maison n'Ă©tait pas loin, et le seul voyage de noces de Meg devait ĂȘtre la calme promenade avec John, de l'ancienne maison Ă  la nouvelle. Quand elle parut, telle une jolie quakeresse dans sa robe grise, avec son bonnet de paille nouĂ© d'un ruban blanc, tout le monde se rassembla pour lui dire « Au revoir », aussi tendrement que si elle partait de l'autre cĂŽtĂ© de l'ocĂ©an.
« Ne crois pas que je me sĂ©pare de toi, Marmee chĂ©rie, ou que je t'aime moins parce que j'aime tant John », dit-elle, en prenant pour un moment sa mĂšre dans ses bras, les larmes aux yeux. « Je viendrai tous les jours, PĂšre, et je compte bien garder ma place dans vos cƓurs Ă  tous, mĂȘme si je suis mariĂ©e. Beth sera souvent avec moi, et les autres filles passeront me voir pour rire de mes problĂšmes de maĂźtresse de maison. Merci Ă  tous pour mon joyeux mariage. Au revoir, au revoir ! »
Ils la regardÚrent, les visages empreints d'amour, et d'espoir, et de tendre fierté, tandis qu'elle s'éloignait au bras de son mari, les mains pleines de fleurs et le soleil de juin illuminant son joyeux minois - et ainsi débuta la vie d'épouse de Meg.
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lesombresdeschoses · 1 year
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AMNESIA
Elle se réveille dans la ruelle, totalement amnésique... Ouvrant les yeux sur un monde nouveau avec ce corps ayant déjà vécu.
OĂč aller dormir ? Comment trouver Ă  manger ?
Glasgow est une ville qui ne manque pas de squats, mais elle ne peut pas le savoir. Quelle sensation Ă©trange, ce vide dans la tĂȘte, pas une bribe d'image qui pourrait Ă©voquer un dĂ©but de piste vers son identitĂ©. DĂ©ambulant dans les rues, cherchant un endroit oĂč se rĂ©fugier, elle regarde autour d'elle et cherche un moyen de dĂ©clencher un souvenir. Rien. Elle s'arrĂȘte soudain : une petite maison Ă  la vitre brisĂ©e Ă  l'Ă©tage, se dessine devant elle. La glycine et le lierre se bataillent pour la conquĂȘte de la façade, quelques fissures marquent les murs, mais la toiture semble en bon Ă©tat. Elle escalade la clĂŽture envahie de plantes grimpantes de toutes sortes, de fougĂšres et d'herbes folles. Le jardin ressemble Ă  une jungle miniature. Elle pousse la porte d'entrĂ©e qui s'ouvre sans rĂ©sister, puis se retrouve nez Ă  nez avec un escalier l'invitant Ă  monter Ă  l'Ă©tage. Curieuse, elle visite d'abord le rez-de-chaussĂ©e. Sur la gauche un gros meuble avec un miroir fendu se dresse contre le mur. En face de cette armoire s'ouvre une petit arche vers un salon trĂšs lumineux. En plein milieu, gĂźt un vieux Chesterfield. Elle aime ce Chesterfield. Elle fait le tour de la piĂšce. Une vieille cheminĂ©e qui ne fonctionne plus, un bar avec une petite cuisine derriĂšre, sculptent discrĂštement cet environnement insolite. En face, deux grandes fenĂȘtres s’ouvrant sur une petite terrasse, puis rien. Rien d'autre que ce vieux Chesterfield. Elle avait dĂ©jĂ  l'impression d'ĂȘtre Ă  la maison, elle se rue Ă  l'Ă©tage pour dĂ©couvrir le potentiel du bĂątiment en s’imaginant dĂ©jĂ  ce qu'elle en ferait.
En haut, deux chambres contiguĂ«s longeant l’escalier, avec une grande fenĂȘtre dans chacune d'elle. Toutes deux vides. À cotĂ©, face aux marches, une belle salle de bain avec baignoire et toilettes, inutilisables. Mais elle a dĂ©jĂ  sa petite idĂ©e. Qui est-elle ? Architecte, designer ? Les idĂ©es foisonnent dans son cerveau, elle se sent comme une centrale nuclĂ©aire en pleine activitĂ©. Une folle envie de refaire le monde. Son monde. Elle sort.
Elle sort chiner du matĂ©riel pour sa nouvelle vie. Il lui faut des outils, ainsi que le minimum pour dormir et se rĂ©chauffer. Elle trouvera le moyen de se nourrir plus tard. Ces rĂ©flexes sont les siens. Avant, elle Ă©tait quelqu'un. Aujourd'hui elle n'est personne. Aujourd'hui seuls ses rĂ©flexes la dĂ©finissent. C'est intĂ©ressant. Qui elle Ă©tait, n'est plus la question. Qui pouvait-elle devenir en partant de rien ? Lui semblait ĂȘtre une aventure plus palpitante.
Une semaine s'est écoulée. Elle s'est doucement adaptée à sa survie en chapardant dans les supermarchés ou pratiquant la cueillette sauvage dans les jardins des quartiers relativement aisés. Son squat commence à ressembler à un foyer. Elle a trouvé dans les encombrants un matelas quasi neuf avec une couette encore dans son emballage. Une petite table basse. Deux oreillers prÚs d'une poubelle... Il lui faut de l'eau, maintenant.
Il lui faut des vĂȘtements et une identitĂ©. Elle ne pense pas passer sa vie Ă  voler. Avec ses capacitĂ©s elle pourrait trouver de petits jobs, s'acheter du matĂ©riel, rebĂątir ce petit monde qu'elle s'est façonnĂ©. Puis pourquoi pas redonner vie Ă  cette petite terrasse en y amĂ©nageant un jardin. De l'eau, il lui faut de l'eau. Il pleut souvent dans cette ville. Elle devrait pouvoir construise un systĂšme pour la rĂ©cupĂ©rer et l'assainir. ArmĂ©e de patience, plus tard, elle a su le fabriquer afin de la stocker et s'en servir avec une relative facilitĂ©. Ayant appris qu'elle Ă©tait douĂ©e pour rĂ©parer les choses et en crĂ©er, aussi, elle se sent, aujourd’hui, prĂȘte Ă  conquĂ©rir le monde.
Les idĂ©es s’enchevĂȘtre dans sa tĂȘte. Elle pense Ă  tous ces dĂ©tails. À l'Ă©tage, dans son lit, sous sa couette, un paquet de chips Ă  la main. Son carnet et son stylo sur les genoux. EntourĂ©e de quelques bougies, placĂ©es sur la table basse, en guise d'Ă©clairage improvisĂ©. Mais il est temps de dormir. Ses yeux s'alourdissent. Elle souffle sur ses petites lampes de feu en pensant qu'il faudrait qu'elle se trouve une lampe de poche ou une DEL pour Ă©viter un incendie. Elle glisse sa tĂȘte sur l'oreiller, puis ferme les yeux. Elle s'endort sourire aux lĂšvres, Ă©coutant la pluie jouer son rythme dĂ©sordonnĂ© contre la fenĂȘtre de son petit univers.
Six mois passent.
Elle rĂȘve. Elle rĂȘve, mais pas d'une autre vie. Elle rĂȘve une autre vie, une vie dans laquelle il la connaĂźt. Mais il ne la connaĂźt pas. Ils viennent de se rencontrer. Il n'est pas amnĂ©sique, cependant, il ne la connaĂźt pas. Elle l'a rencontrĂ© dans ses rĂȘves, il ne l'a pas encore rencontrĂ©e dans la vie. Souvenirs d'un rĂȘve, amnĂ©sie d'une vie. Il ne la connaĂźt pas et pourtant... Chaque nuit, depuis qu'elle s'est installĂ©e dans sa petite maison apprivoisĂ©e, elle rĂȘve de cet homme : Alex. Commencerait-elle Ă  se souvenir de son passĂ© ? Pourtant, la mĂ©moire ne revient pas. Chaque nuit, c'est comme si elle vivait dans la peau d’une autre. Une existence parallĂšle.
Un jour se promenant dans le parc, elle le voit, assis contre un arbre, jouant sa musique. Elle s'approche de lui, confiante :
— Alex ?
Il lĂšve la tĂȘte et la dĂ©visage, Ă©tonnĂ© :
— Oui. On se connaüt ?
— Je crois. Vous m'avez appris à jouer de la guitare.
— Je n'en ai pas le souvenir. Quand ça ? Ça doit dater du lycĂ©e, je suppose.
— Je ne pense pas, je devais encore ĂȘtre en primaire.
Elle s'agenouille devant lui, puis tend son bras pour qu'il lui prĂȘte son instrument. Le jeune homme le lui confie spontanĂ©ment, sans comprendre pourquoi. Elle joue un morceau qu'il reconnaĂźt aussitĂŽt : c'est une de ses compositions.
— Oswin !
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theoppositeofadults · 4 years
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je n’arrive plus Ă  descendre les escaliers donc j’ai dĂ©couvert une technique hyper efficace qui consiste Ă  sauter Ă  cloche-pied ce qui est dĂ©jĂ  lĂ©gĂšrement casse-gueule en temps normal mais lĂ , j’étais hyper excitĂ©e (j’allais chercher des amandes pour mon goĂ»ter) donc j’ai DĂ©valĂ© les escaliers, en sautant 2 par 2. sur un pied. 
rĂ©sultat : j’ai tordu ma cheville, j’ai fini les derniĂšres marches en roulant comme une carotte, je me suis dĂ©foncĂ©e mon beau nez et je vais avoir des beaux bleus sur les jambes et le bras.
et j’ai eu mes amandes. elles n’en Ă©taient que plus dĂ©licieuses. 
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erminox · 4 years
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Les normes françaises sur les garde-corps, rambardes et balustrades
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La norme NF P01-012 s'applique aux garde-corps et rampes d'escalier à caractÚre définitif des bùtiments d'habitation, de bureaux, commerciaux, scolaires, industriels et agricoles (pour les locaux avec accÚs au public).
Erminox reprend ci-aprÚs les principales lignes extraites des normes françaises pour vous aider à concevoir vos garde-corps tout en respectant la législation.
DĂ©finition d’un garde-corps
Ensemble d’élĂ©ments formant une barriĂšre destinĂ©e Ă  protĂ©ger les personnes du risque de chute et Ă  retenir les objets.
Normes dimensionnelles des garde-corps
Dans tous les cas il faut tenir compte, pour la réalisation d'un garde-corps, de la zone de sécurité, située entre le sol et une hauteur de 45 cm.
Hauteur d'un garde-corps:
Dans un bùtiment d'habitation, aux étages autres que le rez-de-chaussée :
Le garde-corps des balcons, terrasses, galeries ou loggias doit avoir une hauteur de 1.00 m minimum.
Un garde-corps est obligatoire lorsque la hauteur de chute à compter du sol naturel est supérieur à 50 cm.
Spécificités concernant les escaliers:
Dans un escalier, la hauteur entre le nez de marche et la main courante est de 90 cm minimum.
Le vide mesuré perpendiculairement à la pente ne doit pas excéder 180mm entre les sous-lisses.
Pour les escaliers sans limon, le vide entre le nez de marche et la lisse basse ou le panneau doit ĂȘtre de 5 cm maximum, mesurĂ© perpendiculairement au rampant de la volĂ©e.
Pour les escaliers avec limon, le vide mesurĂ© perpendiculairement au limon, entre celui-ci et la premiĂšre lisse ou panneau, doit ĂȘtre de 18 cm maximum.
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Les différents remplissages:
Lisses horizontales en barres rigides sur plan horizontal:
depuis le sol jusqu'Ă  une hauteur de 45 cm (zone de sĂ©curitĂ©), les espacements entre les lisses doivent ĂȘtre de 11 cm maximum.
Au delĂ  des 45 cm, les espacements entre les lisses doivent ĂȘtre de 18 cm maximum. Note: dans le cas d'un barreaudage rigide en remplissage horizontal de la partie entre le sol et 45 cm de hauteur (zone de sĂ©curitĂ©), la main courante doit ĂȘtre dĂ©calĂ©e d'au moins 13 cm vers l'intĂ©rieur de la zone de circulation.
Lisses horizontales en barres rigides en rampant (escaliers):
Les espacements entre lisses doivent ĂȘtre de 18 cm au maximum, mesurĂ©es perpendiculairement au rampant de l'escalier.
Lisses horizontales en cĂąbles:
les cùbles sont proscrits dans la zone de sécurité, soit depuis le sol jusqu'à une hauteur de 45 cm.
Au delĂ  des 45 cm, les espacements entre les cĂąbles doivent ĂȘtre de 14,5 cm maximum.
Bareaudage vertical:
Les espacements entre les lisses verticales doivent ĂȘtre de 11 cm maximum.
Panneaux de verre:
Vous pouvez utiliser le verre suivant:
Verre feuilleté ou feuilleté-trempé d'épaisseurs 6.76mm, 8.76mm, 9.52mm, 10.76mm, 11.52mm, 12.76mm, 13.52mm, 16.76mm, 17.52mm.
* Important: le verre trempé est interdit pour les garde-corps.
DĂ©claration de travaux
Une dĂ©claration de travaux est nĂ©cessaire lorsque l’on ajoute un garde-corps en façade ou que l’on change un garde-corps prĂ©cĂ©demment installĂ©.
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RĂ©glementation sur les garde-corps
Pour les bĂątiments publics et bĂątiments d'habitation, deux normes sont en vigueur :
NF P01-012 (juillet 1988) : Dimensions des garde-corps - RÚgles de sécurité relatives aux dimensions des garde-corps et rampes d'escalier.
NF P01-013 (août 1988) : Essais des garde-corps - Méthodes et critÚres.
Les normes NF P01-012, NF P01-013 concernent les garde-corps de bùtiment de caractÚre définitif rencontrés dans les bùtiments :
d'habitation, de bureaux, commerciaux, scolaires, industriels et agricoles (pour les locaux oĂč le public a accĂšs) les autres Ă©tablissements recevant du public, ainsi qu'aux abords de ces bĂątiments.
Note: Les garde-corps et rampes d'escaliers sont soumis Ă  des normes non obligatoires en matiĂšre de construction privĂ©e. Seules les habitations individuelles destinĂ©es Ă  ĂȘtre louĂ©es ou vendues et les lieux publics doivent se conformer Ă  ces normes.
Normes et esthétique
Suivant de type de remplissage désiré, il n'est pas toujours facile de se conformer aux rÚgles de sécurité.
Un remplissage avec cĂąbles inox tendus, modĂšle qui sĂ©duit beaucoup par sa lĂ©gĂšretĂ©, offre une sĂ©curitĂ©  moindre. La raison est que le cĂąble, mĂȘme bien tendu, ne peut donner un espacement invariable. Il peut mĂȘme ĂȘtre dangereux si un enfant passe la tĂȘte entre les cĂąbles (risque d'Ă©tranglement). D'ailleurs, le cĂąble tendu est proscrit dans les lieux publics.
Les sous-lisses en barre rigide sont aussi trÚs prisée par nos clients. Pourtant, ce modÚle ressemble à une échelle pour les enfants, qui peuvent aisément se hisser jusqu'à la main courante.
Les panneaux de verre, naturel, teinté ou opale, offriront la meilleure des protections. De plus, si celui-ci s'étend jusqu'à 45 cm du sol, vous pouvez le combiner avec des cùbles ou des barres. L'inconvénient reste son nettoyage, pas tant parce qu'il se salit beaucoup, mais surtout pour y accéder depuis l'extérieur. Le verre fera également un parfait coupe-vent, non négligeable sur une terrasse exposée.
Conclusion
Vous ĂȘtes maintenant informĂ© sur la rĂšglementation sur les rambardes, mais dans tous les cas, la dĂ©cision de respecter ou non les normes sur les garde-corps n'appartient qu'Ă  vous.
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