Tumgik
#30jourspourecrire
sous-le-saule · 9 months
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Je suis en vie
Dans les fictions, les flics disent toujours que les 48 premières heures après une disparition sont cruciales. Cela faisait 50 heures que j’avais signalé la disparition d’Alice.
Je restais là, planté devant le lavabo, avec l’eau chaude qui coulait depuis je ne savais combien de temps, incapable d’une tâche aussi simple que me débarbouiller le visage.
Une partie de moi, lointaine, s’étonnait de ne pas être en état d’arrestation. La femme et, 15 ans plus tard, la fille ? Qui pouvait croire une coïncidence pareille ?
Mais, au fond, cela importait peu. Je voulais juste savoir si Alice était encore en vie. Sa mère aurait-elle eu ce légendaire instinct maternel qui lui aurait fait dire : « Elle est en vie, je le sens » ? Moi, je ne sentais rien, et j’en avais honte.
Je ne savais qu’une chose : Alice ne m’aurait pas fait ça.
La police pensait le contraire, évidemment. Une ado avec des problèmes à l’école, une dispute récente avec son père, et aucun indice ne laissant supposer un enlèvement ? Ca sentait la fugue à plein nez. Ils m’avaient demandé si des affaires manquaient dans sa chambre, et j’avais avoué, mortifié, que j’étais incapable de leur répondre. Son sac à dos, oui, mais ça ne voulait rien dire. Comment pouvais-je savoir s’il manquait de l’argent ou quelques vêtements dans cette chambre d’adolescente en désordre permanent et dans lequel j’avais gentiment été prié de ne plus mettre les pieds depuis ses treize ans (« mon intimité, papa, tu comprends ? »).
Ils m’avaient posé des questions pleines de suspicion sur notre relation mais je ne savais pas si c’était le traitement normal réservé au père ou si c’était à cause de la disparition de sa mère.
Elle aussi, sans une trace. Pour autant que je sache, elle était à la maison avec Alice. Quand j’étais rentré du travail, la petite pleurait dans son berceau, seule. Le désordre qui régnait dans la maison depuis sa naissance n’était pas pire que d’habitude. La porte était verrouillée. Aucune valise ne manquait, le passeport de Joanne était toujours là, et il n’y avait de mot nulle part.
Je l’avais cherchée. Pendant des années, je l’avais cherchée. Dans les hôpitaux, chez les membres de sa famille et tous les amis que je lui connaissais, dans la ville et puis dans d’autres, collant des affichettes avec sa photo, sur internet… J’avais longtemps été suspecté. Le mari, évidemment. La thèse du suicide avait fini par prévaloir. Dépression post-partum. Elle s’était probablement jetée dans le fleuve. On retrouverait le corps un jour, ou pas. Mais dans le regard de certains, je voyais bien que le doute subsistait.
Et voilà que je refaisais exactement les mêmes recherches, les mêmes démarches, et je ne comprenais pas comment il était possible que ça m’arrive une fois de plus, ni comment j’allais surmonter l’épuisement sans nom qui me gagnait.
Je me mis à pleurer, devant ce fichu robinet que je ne parvenais même pas à fermer. A pleurer comme un gosse, avec la morve et les gros sanglots qui déchirent la poitrine. Parce qu’Alice devait être morte. Parce qu’elle ne m’aurait pas infligé ce doute en sachant par quoi j’étais passé avec sa mère. Elle n’était pas cruelle. On s’entendait bien. Même si on avait nos désaccords. Principalement sur le fait qu’Alice continuait les recherches alors que je trouvais qu’elle, qu’on, devait aller de l’avant maintenant. C’était ça, notre dispute. La dernière fois qu’on s’était parlé.
Je poussai un cri animal et frappai du poing sur le lavabo. Ca ne pouvait pas être les derniers mots que ma fille avait entendus de ma bouche. Je relevai la tête, prêt à fracasser le miroir embué quand quelque chose arrêta net mon geste.
Il y avait une lettre écrite dans la buée. Un J. Puis un E, à l’envers. Des lettres maladroites s’ajoutèrent laborieusement, comme si les écrire demandait un effort considérable. Longtemps, je restai figé face au miroir, partagé entre la certitude que j’avais fini par perdre l’esprit et la crainte que le moindre mouvement ne fasse disparaitre le message.
« Je suis en vie »
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scribe-feliciter · 9 months
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1. Après la fin du monde
Le soleil s’est relevé, indifférent à sa propre horloge biologique qui lui rappelle qu’il va lui aussi y passer un jour ou l’autre. Après la fin du monde, il y a un grand silence derrière la vitre jusqu’à ce qu’un oiseau chante, et qu’un parquet craque. Après la fin du monde, la pièce paraît anormalement grande. Le ficus fait la tronche.
Il devrait y avoir autre chose.
Des hélicoptères, un grand effondrement, des panneaux lumineux, un film catastrophe et que quelqu’un fasse quelque chose.
« - On va s’en sortir. »
Le pouvoir de quatre mots et d’un s apostrophe prend ma gorge et la serre. Je crois qu’il n’y a pas de plus grands mots. Sa voix résonne, avec pour écho mon désespoir atone. Ce qui passe ma gorge est à mi-chemin entre un enfant qui s’étrangle dans sa morve et un chaton dans une bouche d’égout. Ma bouche d’adulte article un comment qui ne s’accroche à rien, qui n’a pas de prise. Il n’y aucune solution. Aucune solution magique dans tous les cas.
« - On va trouver. Ça va aller. »
La promesse de ne pas être seul. La promesse qu’on va trouver quelque chose, ensemble. On va s’en sortir. Ensemble. Les seuls mots que j’ai jamais voulu entendre.
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les-portes-du-sud · 2 years
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J'étais là
J'étais assis et je voyageais. Mon esprit avait des images infinies, mais floues. Indéfinissables..
                Jusqu'à ce que mon regard tombe là-bas.. Sur un cadre photo accroché au milieu du mur. À ce moment-là, cependant, c'était plus qu'un cadre photo. Plus qu'une simple image.
                Le paysage s'offrait à moi tel que je le voyais..
Et j'ai voyagé..
Je suis allé très loin..
Dans des endroits vierges.. qu'aucun œil ou corps humain ne déshonorait.. Mon âme était dans cet endroit paisible et errait juste.. Il n'y avait pas de mots pour exprimer la majesté et la supériorité de cette " scène "                        .
 Devant moi se trouve la plage de sable et tout aussi cool les vagues qui atteignaient doucement mon âme.. Des petites vagues ludiques qui jouaient avec chaque lumière qui se reflétait sur elles..
                À ma gauche un petit buisson qui avec ses feuilles flirtait avec le doux passage du vent, et cela ajoutait un sourire pur, enfantin et si vrai aux lèvres de mon âme.
J'ai regardé pendant plusieurs minutes le flirt de la brousse jusqu'à ce que mon regard soit volé par une lumière vacillante à l'intérieur d'une petite maison devant moi presque au milieu de la mer, sur une montagne..
De la petite fenêtre, les rayons de lumière lilliputiens ont réussi à s'échapper, certains se sont enfuis vers la mer pour jouer, et d'autres ont trouvé une sortie dans le ciel comme des fées pour se transformer à leur tour en étoiles les plus brillantes..
J'étais enchanté.. et je ne voulais ni ne pouvais détourner le regard, c'était comme si je ne voulais même pas ouvrir et fermer les yeux..
Il n'y avait pas de visages et pourtant je les voyais dans la nature.. Mais il n'y avait personne dans la petite maison .. il ne pouvait pas y en avoir .. et je n'étais pas là .. comment cela pouvait-il arriver de toute façon? ..
 J'ai vu et revu la lumière de la bougie encore et encore, cette image lointaine mais si proche remplissait mon âme de nombreuses images .. floues.... indéfinissables....
Les-portes-du-sud
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tournevole · 8 months
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JOUR 23 . AVIS DE TEMPETE ....JMELAPETE
Cher-e-s participant-e-s du défi @30jourspourecrire du jour 23
Je suis très honorée de savoir que votre choix de texte se porte sur Avis de tempête. Oui sans aucune modestie, vous avez retenu Ma proposition de sujet d'écriture.
Cet autocollant sur mon agenda estampillé AVIS DE TEMPETE , est un goody d'un évènement culturel réalisé par les actuels etudiants de Master Médiation Culturelle de l4université de Paris III auquel j'ai été invitée en tant qu'ancienne étudiante de la premiere promotion de Mediation Culturelle.
Sur place , se rendre compte que nos anciens locaux ,sont devenus un tiers-lieux culturel mis a disposition aux promos d'etudiant-e-s parisiens-nes. La BU devenue une immense salle d'exposition, les couloirs tagué avec gout.
Le thème d'Avis de Tempête est la promotion éphèmère de l'art subversif ( expo dessin, sculpture, installation participative, militantisme , désobéissance civile , de l'art vidéo avec une rétrospective de Bill Viola, et de Man Ray, des artistes Dada puis un show avec des dragking, et un dj set ) Des pite de réflexion sur qu'est qui se défini comme subversif, les mouvements surréalistes , et les plus contemporains )
Le show de Dragking, était assez intéressant, et pose carrément la question de l'identité et de la représentation dans un contexte de performance.
On est loin du texte que tu Proposes , cher autrice-auteur , Non ?
Bah non ! ta subversion c'est nous donner à lire , de rentrer dans ta pensée, de tanguer entre poésie, récit, histoire réelle ou fiction
Cher-e-s lectrices, et lecteurs, belle Lecture avec les celleux qui te proposent leur histoire.
#30jourspourécrire
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lalignedujour · 9 months
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Ceci est le premier texte d'une série à dérouler : J'ai connu Jed, accessible sous le hashtag #jaiconnujed. Je profiterai du défi @30jourspourecrire pour produire un épisode par jour - sans engagement : je suis pas à l'abri d'un jour sans, d'un jour avec autre chose, ou d'en avoir assez de Jed et de le faire décéder précipitamment.
Ici, toutes les dimensions dépassent celles du corps humain, se dit Jed, et ce sera sa dernière pensée sauvage.
Ce matin, il est sorti sans rien dans le ventre. Sans rien dans les poches. Il se sentirait presque léger. S'il avait fait ça plus tôt dans sa vie, ne serait-ce qu'il y a deux ou trois ans, oui, sans doute qu'il aurait voulu aller plus loin, mais là c'est trop tard. Les services d'urgence sont surchargés dans la soirée, alors autant faire ça en début de journée. Il n'a plus que quelques minutes de marche. Il presse le pas.
Des camions plus volumineux que son appartement, lancés à pleine vitesse. L’air qu’ils déplacent en le doublant, Jed ne le déplacerait jamais en marchant toute la journée. Vues de près, les glissières de sécurité sont plus massives que par exemple les assiettes de Jed, la gourde de Jed, ou même le lavabo de Jed. Deux fois trois voies de bitume : même en largeur, c’est une belle distance, on pourrait y mettre un bistrot sur chacun des sens de circulation.
Jed arrive au pont. En-dessous : la voix ferrée. Il aime cette esthétique. Des couleurs ternes. Deux droites tranquilles, filant vers un point de fuite dans l'espoir vain de se rejoindre. Ici aussi, la hauteur est de belle dimension. Vu de loin, ça ressemble à des graviers qui amortiraient sa chute, mais non, ce sont bien ces cailloux gris clair, suffisamment gros pour lui offrir un accueil contondant. Pas besoin d’attendre le passage d’un train - consulter les horaires et s'en remettre à la rigueur d'un système et des personnes qui le composent ? non - et c’est pour ça que Jed a choisi cet endroit. Cette fois, c’est la bonne. Jed envoie le SMS préparé hier soir. Il enjambe la barrière, se jette dans le vide. Il meurt sur le coup.
Au pied de la glissière, au soleil sur le bitume, le téléphone vibre. Jed est mort et pourtant l'écran n'est pas encore vérrouillé. On peut y lire :
-je me suis suicidé ici, désolé mais je veux bien que vous fassiez évacuer mon corps - jed mimouni
-Le 114 est un service d'urgence réservé aux personnes ne pouvant pas téléphoner. Tous les échanges sont enregistrés. Nous allons traiter votre demande.
~~~
Bientôt, les personnes qui connaissaient Jed seront réunies dans une salle très éclairée. Elles diront quelques banalités. Des banalités qui seront de toute façon belles et feront de toute façon pleurer.
Ces personnes connaissaient Jed, oui. Elles étaient liées à lui. Jed était leur fils, leur cousin, leur oncle, leur frère, leur ex-collègue, leur ex-mari.
Plus tard, au bistro en face du cimetière, on dira autour de Pago Abricot, de grenadines, de panachés, et de blancs sec à onze heures, que Jed continuera à vivre en ces personnes. Oui, on se sentira bien avec cette idée. On fera semblant d'y croire. Mais, c'est tout l'inverse. Jed est mort pour les personnes qui savent qu'il est mort.
Si on ne sait pas que Jed est mort, alors Jed est vivant.
Il continue à vivre chez toutes les personnes avec qui Jed a eu un tout petit contact. Une personne à qui il a failli rentrer dedans en marchant. Une vieille qu'il a laissé passer à la caisse du Auchan. Un enfant à qui il a souri. Ces personnes ne connaissaient peut-être pas Jed, au sens commun du terme, mais elles savaient un peu qui il était.
Je veux les laisser raconter Jed.
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vampywriter · 10 months
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I'm been too overwhelmed to write lately, so I think I need some time to deal with other stuff. I miss writing though.
I'm planning on participating to the @30jourspourecrire challenge in August, hopefully I'll be back at it then or writing a little every day about prompts instead of writing for my WIPs will help me!
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metacarpus · 3 years
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#1 - Première fois
@30jourspourecrire, jour 1: première fois.
Un serpent serre ton sein, ses crocs d’ivoire dévoilés contre ta peau. Un frisson, un courant d’air, traverse la pièce, et remonte le long de ta colonne vertébrale. Peut-être perçois-tu trop de choses dans le monde, peut-être dois-tu te laisser aller à cette main froide posée sur ton épaule.
Tu rejettes la tête en arrière. Le serpent s’enroule lentement autour de ta gorge. Son passage est marqué sur ton corps par une blessure faite de pointillés, où le sang perle lentement. Tu soupires. Tes yeux sont grands ouverts, humides d’effroi et d’anticipation. Le serpent caresse l’arrière de ton crâne.
C’est la première fois que tu rencontres le péché. Ses écailles sont fraîches et agréables contre ta peau. Son emprise ne se desserrera plus. Trop de poison est entré dans la veine.
Laisse la bête ramper sur toi, te couvrir de ses anneaux. Elle te protègera du monde avant de te dévorer.
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la-bucolie · 3 years
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Jour 1 : Première fois
Cher Journal,
Ça y est, je l’ai fait, samedi, avec Gab. On était chez lui, enfin chez ses parents, dans la dépendance. Je sais pas pourquoi on a traîné autant, ni pourquoi on a décidé, cette fois-ci, de le faire. J’avais mon haut Minnie et mon short de basket. Il avait mis ses tongs que je trouve un peu moches. Ça sentait la lessive un peu vieille parce que le lit de la dépendance était resté là des mois sans qu’il ne s’y passe rien. Pas même un cunni, un câlin, rien. On a toujours tout fait dans sa chambre à lui, en haut, sur son canapé avec la housse New York. Je crois que ça me rassurait, d’entendre les bruits de la maison, tout ça. Mais là, c’était LE moment, donc il nous fallait LA chambre. Le lit était vachement grand, avec une couette bleue à fleurs je crois (je m’en rappelle même plus!) Bref. Il faisait chaud alors il a voulu ouvrir la fenêtre mais j’ai proposé qu’on se douche ensemble à la place. Pas de bol, pas d’eau chaude. On s’est serrés l’un contre l’autre mais on n’a pas résisté au froid, alors on s’est couchés tout mouillés sur la couette et j’ai senti qu’on soulevait un peu de poussière. J’étais à deux doigts d’annuler la mission, franchement, mais il m’a embrassée et comme on était déjà tout nus je me suis dit que j’allais le sucer. Il avait un goût de rien, plus d’odeur, c’était à cause de la douche. C’était mignon, sa façon de contracter le ventre comme s’il se retenait de rire. Parfois, dans le feu de l’action, j’oublie pourquoi je suis là, pourquoi je fais ça. Un pénis dans ma bouche. Une couette mouillée, de la poussière. Ses tongs moches encore à ses pieds comme par miracle. Je lui ai léché le ventre comme dans un film porno en mode sensuel ; ma langue râpait contre sa peau et j’ai senti ses poils de nombril. Là aussi j’ai failli dire stop. Pas assez de magie. Mais il a pris ma main, on s’est regardés, il m’a dit je t’aime et il avait l’air vraiment tourmenté que je ne l’aie pas encore fait jouir. J’ai pas l’impression qu’on fasse ce genre de cinéma, nous les filles. Bref. Je suis montée sur lui et c’était bizarre de sentir sa peau entre mes cuisses comme ça. J’avais de l’eau dans le dos qui me donnait des frissons, il m’a frottée pour me réchauffer, j’ai rigolé, et deux minutes après il était sur moi et j’ai senti que je recrachais tout mon air. Je sais pas, j’étais... détendue ? Il m’a léchée comme une glace et c’était un peu gluant mais plus agréable que l’eau froide et la poussière, je sentais sa chaleur, ses 37 degrés partout sur moi, et ensuite dans moi. Il avait trouvé le temps, je sais pas comment, de mettre la capote. Ça, ça m’a surprise, et j’ai un peu ri, un peu eu mal, mais ça allait, je me suis tenue à ses bras comme si j’allais tomber ou me casser en mille morceaux, et lui il tenait en équilibre, ça avait l’air épuisant et super bon à la fois. Il a fini vite, mais il est resté dans moi avant de s’écrouler sur mon corps. Fin de la bataille, virginité K.O., anéantie, disparue à tout jamais. Lit d’appoint dépucelé, lui aussi. Poussière sur mon dos, sang rose sur le latex. On a rigolé tout doucement après et on est rentrés se laver dans la maison, là où l’eau était chaude. Pile pour l’heure du goûter.
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sous-le-saule · 9 months
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Ce que cache un masque
J’aperçois peu de choses à travers les deux fentes découpées dans le bois, mais l’ampleur de vos huées me dit que vous êtes venus en nombre. Toujours populaires, ces exécutions publiques, n’est-ce pas ? Et vous avez amené vos enfants, je les entends aussi. J’imagine ce que vous leur dites, en les serrant fort dans vos bras. « Regarde, tu n’as plus rien à craindre, ils l’ont attrapé. Ils vont le tuer et tu pourras à nouveau jouer dehors sans avoir peur. »
Et vous aussi, vous pourrez l’oublier, cette peur qui vous saisissait aux tripes dès qu’un de vos marmots ne rentrait pas à l’heure pour le diner. Vous pourrez à nouveau les laisser gambader sans surveillance. L’assassin va bientôt se balancer au bout d’une corde. Quel dommage que le masque dont il est affublé vous prive de la délectation de ses grimaces d’agonie !
Et vous d’imaginer le visage terrifiant qui vous est caché. Vos enfants doivent se représenter quelque croque-mitaine. Vous, adultes, me prêtez sans doute un faciès atrocement déformé, à peine humain, le genre de visage qui condamne à être montré du doigt, chassé à coups de pierres. Un visage qui met en garde. « Les enfants, ne vous approchez pas de ce type ! »
Qui, parmi vous, comprend que c’est là la raison d’être de cette tradition ? Vous demandez-vous seulement pourquoi les coupables des meurtres les plus atroces ne sont exhibés que masqués ?
C’est pour vous rassurer, braves gens. Je ne peux être qu’un monstre. Vous n’avez rien en commun avec moi. Le Mal est aisément identifiable. Et inscrit dans un individu dès la naissance, puisqu’il a façonné ses traits.
Je suis au regret de vous dire que mon visage est des plus ordinaires. Je pourrais être votre voisin, votre père, votre ami d’enfance. Je pourrais être vous. Vous pourriez être moi.
La banalité, voilà ce que cache le masque.
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scribe-feliciter · 8 months
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26. Tout au milieu des étoiles
L’herbe irrite ma peau, griffures qui remonte le long de mes jambes, sous ma nuque, multitudes de baisers brûlants du sol sous mon corps. J’observe l’immensité entre les étoiles depuis une minuscule enclave perdue dans le cosmos. Tout au milieu des étoiles – ou légèrement décalée d’un côté plutôt, sur une branche secondaire d’une galaxie parmi d’autres. Lorsque j’écarquille les yeux, j’ai l’impression de pouvoir percevoir quelques entre les étoiles, un mirage.
Je repense au fait que je suis allongée à la surface d’une boule de métal et de roches, en dérive autour au milieu d’un espace que mon esprit ne peut qu’à peine percevoir. Entre ces deux étoiles, distantes d’à peine dix centimètres dans mon horizon, traversée d’un avion solitaire, il y a plus de kilomètres que mes pieds ne peuvent me porter en une vie.
J’ai l’impression de pouvoir sentir la rotation de la Terre, son long oscillement, sous ma colonne vertébrale, de me laisser porter tout au milieu des étoiles. Un road-trip au long court. Nous sommes perdus dans l’univers, même pas au milieu. Dans un univers dont nous ne pourrons jamais observer que 10-24 de la surface. sans parler de la profondeur. Une erreur mathématique que notre présence ici, que ma présence là, dans l’herbe humide et les bruits de la nuit.
Je repense au fait que dans les trois minutes après le Big Bang, mon existence s’est mise en place. Trois minutes pour préparer la venue de l’oiseau qui fait bouger les feuilles et des étoiles qui agonisent dans le ciel, trois minutes pour préparer mes pensées et celles de mon chat. Je repense à cet enchaînement invraisemblable, inconcevable, une suite d’erreur d’une précision redoutable qui m’a permis d’être là, et que tout est en germe depuis toujours. Je pense qu’il n’y a pas de hasard, pas à grande échelle et que l’indifférence des étoiles est en réalité une accolade dans l’univers. Tout les ingrédients pour créer la vie et la conscience ont été créé des milliards d’années avant que la Terre existe. Il n’y a aucun hasard dans le fait qu’au milieu des étoiles, je sois réconfortée de leur caractère inconcevable, à mes ancêtres.  
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les-portes-du-sud · 2 years
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Jus de fruits
Le soleil se penche lentement vers l'ouest,
Rayon caressant la terre sur le côté,
Devenant instantanément, le ciel, pâtissier rêveur concocte
Des lambeaux de coton blanc seront poudrés,
Retrouvant les couleurs d'un arc-en-ciel d'été.
A l'aube, Je sens le goût des framboises,
Un duo envoûtant de menthe et de rhum
Absorbe un heureux pressentiment.
La chaleur estivale avec une couleur orange
Dilue les flocons de glace,
Les nuages ​​se perdent dans la lumière,
Puis répandent la sève de bouleau.
Le coucher de soleil lui-même inspiré par le confiseur
Colorera les cerises épicées avec des fleurs,
Et l'odeur forestière de la nuit des myrtilles
Embellit avec une dispersion blanche d'étoiles.
Les-portes-du-sud
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tournevole · 2 years
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Lueur de potron minet
Bah ... le defi #30jourspourecrire a debuté depuis 6 jours, et je m'en rend compte que maintenant.
Je vais prendre le train en marche, ce qui au sens propre est totalement infaisable.
Dès que potron minet s'installe, sur mes genoux, que je le caresse d'une main, une tasse de thé bien chaud dans l'autre, je regarde la lueur matinale dans son regard et je me reconforte à penser qu'une nouvelle journée va commencer.
Je laisserai venir à moi les emotions , les sentiments me traverseront, j'esquisserai une moue, un sourire, un gonflement des joues.
Ma journée devra être comme elle devra être, pas de plan, pas echaffaudage de reves iréalisables
et je te promet que lorsque mon doigt effacera la lueur du smartphone , le jour pourra s'eteindre, et attendre la nuit pour se reveiller.
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eiffel21 · 4 years
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Jour 15 - Boussole
Dans le sous sol de ma vie
Un soubresaut me ravit
M’ensorcelle m’éblouit
Toi, au saut du lit
Dans ton plus simple appareil
Rien n’est tourné vers le sol
Au matin quel réveil
Mon chéri, ma boussole
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serendeepite · 5 years
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#29 #lamagiedesmots #30jourspourécrire
La magie (des mots) n'est qu'une manière de plus d'accéder à notre "chemin", notre "bonne direction". Elle est déjà là. À chaque instant. La magie (des mots), c'est une petite voix que l'on écoute. Lorsque nous prenons une carte et non une autre. C'est le silence qui nous accompagne. Et c'est dans le silence que le souffle divin se manifeste. Il nous envoit ses anges, nous souffler chuchoter leurs secrets à l'oreille. Sa bienveillance nous guide à chaque pas. La voilà la magie. Des mots.
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cuir-et-bois · 5 years
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#26 #Mémoire #30jourspourecrire
À la mémoire de ceux qui n'ont pas eu
Chance et Amour
À la mémoire de ceux qui se sont levés ce matin
Sans espoir
À la mémoire de ceux qui ont cru et croient encore
À la bienveillance
À la mémoire de cette famille
Cette petite fille
À la mémoire de la mémoire
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