Tumgik
#mais il était encore si malheureux la page précédente!
daltoncity · 1 year
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C'est pas parce que Jack est mon préféré, hein...
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... mais je trouve cette case particulièrement jouissive.
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pressagrun · 4 years
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🔴 « Ça m’agace” de Marion Du B’, un roman feel good qui invite à revenir à l’essentiel
À l’heure du déconfinement et des vacances, il est enfin possible de ressortir dans les rues à visage découvert, d’apprécier le chant des oiseaux, de se promener dans des parcs à nouveau remplis d’enfants…
La pluie joue à cache-cache avec le soleil, la végétation luxuriante se laisse admirer sans qu’il soit nécessaire de courir après le temps.
Alors maintenant que la vie reprend ses droits, pourquoi ne pas ouvrir ses rideaux pour laisser (r)entrer la lumière dans notre existence ?
Nous sortons tous d’une période complexe et sans précédent. Mais elle a aussi eu des vertus positives : enfermés durant des semaines, les gens ont pu prendre conscience que la société de consommation et les réseaux sociaux avaient leurs limites.
C’est en tout cas ce que nous invite à faire Marion Du B’ avec son roman “Ça m’agace” (éditions Chafouine) ! Il commence par un gros coup de gueule mais, très vite, l’humour et l’autodérision prennent le dessus.
En suivant les aventures de Noah, une jeune fille partie en Inde avec une amie, ce livre décapant nous pousse à poser un regard différent sur les choses, celui qui nous rendra heureux.
“Ton bonheur dépend du regard que tu poses sur les choses”
Et si le bonheur était déjà là ?
Avec “Ça m’agace”, Marion Du B’ invite chacun d’entre nous à mettre sa vie sur pause, à éteindre la télévision, à sortir des réseaux sociaux… pour prendre (enfin !) le temps de regarder autour de soi.
Plutôt que de courir après tout ce qui manque, elle propose de changer de perspective et de savourer tout ce qui est déjà là.
Car comment être heureux lorsqu’on regarde en permanence ce qui nous manque et que nous ne possédons pas (encore) ?
La société nourrit en permanence l’illusion que notre bonheur sera dans la prochaine acquisition que nous ferons. Mais force est de constater que nous ne sommes JAMAIS rassasiés ! Et pour cause : après chaque nouvel achat, nous en voulons toujours plus, passant à côté du constat que nous possédons déjà TOUT ce dont nous avons besoin.
Notre société moderne entretient ainsi en chacun de nous une frustration qui grandit jusqu’à finir par installer entre les individus le fossé de l’agressivité. Nous sommes devenus des consommateurs effrénés, des êtres aigris et envieux des autres.
Marion Du B’ souligne :
« Dans ce nouveau monde où l’intensité de notre expérience dépend du nombre de « like » qu’obtiendra la photo immortalisant l’événement et de ce à quoi on la compare, l’autre est devenu le seul juge de la valeur de nos actes, de notre humeur, de notre beauté, de notre bonheur… »
Un hommage à la gratitude, à l’instant présent et aux petits bonheurs simples
“Ça m’agace” est une invitation à revenir à l’essentiel et à comprendre que le bonheur ne dépend que de soi.
Marion Du B’ nous invite à changer notre regard sur les choses, suggestivement, avec humour et autodérision, au travers d’un voyage de l’autre côté du globe, dans l’un des pays les plus pauvre de notre planète : l’Inde.
Dans ce roman aux allures de journal intime, les lecteurs.trices suivent les aventures de Noah, une jeune fille bien décidée à reprendre sa vie en main et à contrôler sa destinée.
Doit-elle rechercher un travail pour une vie stable ou repartir pour un ailleurs meilleur ? Afin de trouver la réponse, elle entreprend avec sa meilleure amie, un voyage spirituel en Inde. Et ceci, peut-être, avant de tout quitter définitivement…
La plume de l’auteure, hilarante avec son style provocateur, donne naissance à un livre percutant, pittoresque et bouleversant de sincérité. Comme un plat indien aux milles saveurs, les surprises sont au rendez-vous. Au fil des pages, les lecteurs.trices sont emmenés au sommet d’eux-mêmes…
Au programme : de la drôlerie, des plans foireux, des intoxications alimentaires humiliantes… et autant de situations cocasses qui font jaillir un cocktail d’émotions explosif.
“Ça m’agace” est le troisième roman mettant en scène Noah, après “Je suis tombée amoureuse de lui le jour où je l’ai quitté” et “La bombe humaine c’est moi”.
La genèse du roman
Ce projet est né d’un voyage en Inde que Marion Du B’ a réalisé avec sa meilleure amie il y a quelques années. Elles voulaient se confronter à la misère du monde… et elles ont rencontré dans ce pays le bonheur à l’état brut.
Marion Du B’ confie :
« Ces gens qui ne possèdent rien ont pourtant une lumière pure dans les yeux, la lumière de l’alignement de l’âme, de ceux qui se contentent de ce qu’ils ont. Je n’ai rien vu de tel dans les yeux des gens de mon entourage et en vingt-cinq ans de vie sur terre, je ne crois pas avoir déjà croisé ce regard dans le miroir. »
Bien plus tard, lors d’une tournée de dédicaces dans les tabacs-presse du Sud-Ouest, Marion Du B’ est choquée et profondément attristée de découvrir que plus de neuf clients sur dix venus faire des achats repartaient avec des tickets de loto.
Elle comprend qu’ils jouent dans l’espoir d’une vie meilleure, qu’ils sont malheureux de leurs conditions actuelles. Tous attendent de gagner au loto pour commencer à vivre la vie de leur rêve. Et s’ils avaient déjà tout ce qu’il leur fallait entre les mains pour être heureux mais qu’ils ne regardaient pas au bon endroit ? Et s’ils ne gagnaient jamais ?!!!
Marion confirme :
« Nous passons notre vie à chercher ailleurs ce qui se trouve déjà en chacun de nous. L’autre apparaît toujours comme LA solution miracle. Et si ce n’était pas celui-ci, ce sera peut-être celui-là ? » Extrai
“ Nous voilà alors en train de descendre de la jeep conduite par Abdellah.
Abdellah est un Indien très charmant, mais ne l’incitez pas à sourire, question chico c’est le joyeux bordel.
« Halloween » avant l’heure, Freddy les dents de la nuit ? Bref, c’est flippant.
Dans le désert, mon chameau marche en tête, tiré par Freddy, celui d’Anaëlle est accroché au mien et celui de Patrick (l’Anglais) est loin derrière et donne du fil à retordre au jeune Indien qui nous a rejoints.
Après une heure et demie de marche dans les dunes, j’aperçois un amas de paille et me demande « tiens, qui a bien pu foutre ça là, en plein milieu de nulle part ? »
Nous nous arrêtons et je dis à Anaëlle : « Ah, ça y est, on doit faire une pause. »
L’amas de paille est en fait une cabane d’où Freddy sort deux sortes de paillasses troués, puis trois matelas miteux et nous invite à nous y reposer.
Je lui demande dans combien de temps nous allons repartir.
Sa réponse : « Demain matin. »
Le Freddy est un individu très farceur.
Je rigole.
Lui, n’a aucune réaction.
Un ange passe.
Toujours rien…
Il joue bien son rôle, le con.
Il ne lâche rien.
On attend le moment où il va dire qu’il plaisante. Mais ce moment n’arrive pas.
J’avalerais bien ma salive de travers si je n’étais pas totalement déshydratée.
Tout ceci est une énorme blague.
Il n’est même pas 18 heures, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir foutre jusqu’à demain ?
Tout comme la piscine sans eau, nous nous sommes fait avoir comme des bleues.
Samantha de Sex and the City me murmure à l’oreille sa sarcastique rengaine : « Prends-moi pour une conne une fois, honte à toi, prends-moi pour une conne deux fois… honte à moi ! »
Nous avons passé la nuit à la belle étoile, certes, mais sur une paillasse toute pourrie, du sable plein la face au moindre coup de vent.
Vivement la prochaine étape du voyage. ”
🔴À propos de Marion Du B’
Marion Du B’, 34 ans, est née dans le Sud-Ouest de la France. Elle est auteure depuis plus de dix ans.
Marion a notamment écrit une saga Rock’N’Roll et percutante, en trois romans, dans le style du journal de Bridget Jones.
Formée depuis 2017 à la PNL, à la communication non violente, à diverses techniques de développement personnel et de postures bienveillantes envers son prochain, elle écrit des romans thérapeutiques, au style complètement déjanté qui font tout simplement du bien aux lecteurs. Ils les conduisent en effet, sans qu’ils en soient forcément conscients au départ, vers un mieux-être intérieur.
Tel un stand-up littéraire, ses livres sont le reflet de la vie qu’elle vit, tout en couleurs, haute en émotions ; celle d’une génération blessée mais pleine d’optimisme.
Début 2020, l’auteure monte sa propre maison d’édition, Chafouine éditions, avec un objectif : publier un roman hors-série, totalement atypique, dont elle sera elle-même l’héroïne et qui constituera un témoignage sur le décès de sa maman survenu en 2016.Depuis le 1er avril, ses livres sont diffusés par les éditions CAIRN. Cet été, ils sortiront également en format audio, lus par l’auteure. Une approche totalement inédite au vu du sujet traité !
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cequilaimait · 7 years
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CdV2 – 4. La bataille de Ris
Retournement stratégique de la part des armées de l’Aar’on ! Alors qu’une grande partie de nos troupes était en route pour le système Solphéra, ce afin de prêter assistance au peuple ami Kekchis dans sa lutte contre notre ennemi commun Ashtar, le Dixième a brusquement décidé de mener une attaque surprise sur le système Soldane afin d’y écraser une bonne fois pour toute ce fléau qu’est l’anti-humanité. Non heureux d’ourdir contre la Fédération et les Âminêtre de toutes espèces, ces monstres se sont rendus coupables du crime très vilain, ignoble et horrible de lèse-chaton. Ce qui est, il faut bien l’avouer, très très méchant. Déjà condamnés par contumace à une éternité de souffrances horribles, les responsables sont sommés de se rendre au plus vite s’ils ne veulent pas, en plus, se retrouver privés de leur vie et de leurs jeux vidéo. Juste avant son départ pour le champ de bataille, l’Aar’on a accepté de nous parler de ses projets pour les diverses espèces peuplant le très humide système Soldane. Sa mise en garde envers ceux pensant pouvoir protéger les rebelles aura le mérite d’être claire : « On va bouffer du poisson. »
Pour mener l’assaut à ses côtés, le Malheureux pourra heureusement compter sur la présence du génial, merveilleux, époustouflant, doué, courageux et modeste petit Khass’Kouil, Mathuz. Les rumeurs les plus persistantes indiquent qu’il aurait la charge de plusieurs divisions spéciales créées de toutes pièces par l’armée dans le plus grand des secrets afin de lutter contre nos ennemis mortels. L’assaut sera donné à l’aube, dès que toutes les caméras de télévisions seront présentes.
Extrait tiré de l’article « L’armée fédérée en route pour Soldane » paru dans « Le matin de Vojolakta », par notre reporter de guerre M.A.’thuz.
*****
À bord de son vaisseau amiral, en route pour le système Soldane, l’Aar’on semblait nerveux. Il n’était plus qu’à quelques heures d’enfin retrouver le Néko qu’on avait osé lui voler. Il en était sûr, Kémi serait tellement heureux de le revoir que, dès son arrivée, il lui sauterait dans les bras, ronronnerait près de ses oreilles et lui lécherait le visage. Rien que d’y penser, l’adolescent était heureux, comme si la douceur de la fourrure du minou lui avait manqué plus que tout. Le sourire qui s’affichait sur ses lèvres tranchait d’ailleurs de manière drastique avec sa mauvaise humeur depuis qu’on lui avait adressé la facture pour l’annulation du show TV « La Fédération à un incroyable Kili’an ». Naïvement, ses équipes avaient jugé qu’il n’était pas nécessaire de prendre une assurance. Les idiots ! À cause d’eux, la Fédération serait sans doute obligé de lever une nouvelle taxe. Ou alors, de conquérir de nouveaux territoires pour soumettre de nouvelles espèces échappant encore à l’impôt. Ce fût de cette manière qu’il justifia auprès du conseil la nécessité d’abandonner Solphéra à son sort pour s’occuper en priorité de Soldane. Son armée était en route. Se saisissant de la dernière édition du Matin de Vojolakta qui traînait là, il la dévora de la première à la dernière page. Même lui apprenait des trucs. Enfin, certaines choses lui paraissaient tout de même étranges. Reposant le canard sur sa table basse, il héla son principal conseiller qui venait de s’asseoir à ses côtés une tasse à la main.
– Sérieusement Mathuz, loin de moi de vouloir critiquer tes compétences journalistiques, mais quand-même, tu n’en ferais pas un peu trop ? Je veux dire, bon, que tu balances tous nos plans à l’ennemi, encore, ça passe, c’est la tradition, le peuple comprendrait mal que tu t’abstiennes. Mais la façon dont tu parles de toi avec tous ces termes mélioratifs, tu ne crois pas que les gens vont finir par se douter de quelque chose ?
Sirotant son infusion citron-gingembre-chiqueun, le petit Khass-kouill lâcha un simple soupir détendu au jeune brun qu’il accompagnait. De son point de vu, tout allait bien. Le dernier numéro du Matin de Vojolakta s’arrachait jusqu’à Soljamine. Quelle délicieuse idée il avait eue que de s’accorder une interview fleuve de dix pages à lui-même, illustrée de ses plus belles photos en sous-vêtements et révélant au grand jour l’arme la plus secrète que la Fédération n’ait jamais créée : l’usage de manipulations génétiques pour donner naissance à de nouvelles sortes d’Humains adaptés à toutes les conditions difficiles qu’on trouvait ci et là dans l’univers. Quelle fulgurance l’avait traversé lorsque, sous le neuvième Aar’on, il avait proposé ce rapprochement stratégique entre l’industrie médicale, l’armée et la presse alors qu’il finissait tout juste sa thèse en kilianiaiserie. Renonçant pour un temps à la carrière universitaire dont il rêvait depuis toujours, il s’était plongé à fond dans ses recherches pour le compte du privé. Avoir réussi à percer quelques secrets de l’intellectuel blondinien l’avait propulsé aux avant-postes de la science et lui avait permis de diriger un énorme groupe de travail. Des années d’effort plus tard, il récoltait enfin les fruits de son dur labeur. Au moment de définir le plan d’attaque, L’Aar’on actuel avait tranché sa faveur ! Il était temps que l’Humanité affiche ses avancées et domine l’univers tout entier.
Une fois son verre terminé, Mathuz le reposa et se leva, puis indiqua au Malheureux de le suivre. Il se voulait rassurant :
– Ne t’en fais pas pour nos adversaires, ils ont choisi de se faire livrer leur abonnement au journal par la poste ! Les inconscients ! Le temps que nos plans arrivent dans leur boite aux lettres, ces traitres à leur espèce seront déjà enchainés à tes pieds ! Pour le reste, j’essaie simplement de suivre mon éthique journalistique qui me pousse à toujours dire la vérité ! Je n’ai pas demandé à être génial. Je ne suis même pas né comme ça, quand j’étais un simple enfant soldat, j’étais bête comme mes pieds. Ce sont des années d’études et de réflexion qui ont fait de moi la merveille intellectuelle que je suis ! Suis-moi, il est temps que tu découvres de tes propres yeux les armes secrètes que je t’ai concoctées !
Intrigué, l’Aar’on se redressa à son tour et se lança à la suite de son conseiller. Trop occupé à rechercher son Kili’an et à lui écrire un recueil de poèmes, il n’avait jamais songé à s’intéresser à toutes les manipulations des militaires qui faisaient le quotidien de son empire. Dans un monde troublé par la guerre, il fallait avouer qu’il était reposant de pouvoir compter sur un scientifique un peu fêlé pour mener tout un tas d’expériences que l’éthique rejetait complétement. Si ça réussissait, il en tirerait tous les profits en tant que leader incontesté. Si ça foirait, il pouvait très bien se justifier en disant qu’il n’était pas au courant et en faisant exécuter tous ceux qui savaient que ce n’étaient pas le cas.
Dans les cales de son vaisseau, quatre échantillons des escadrons nouvellement formés attendaient joyeusement les ordres. De loin, ils semblaient être des Humains primordiaux tout ce qu’il y avait de plus normal. De près, de nombreuses différences marquaient leurs corps. Il s’approcha et, un à un, les toucha du bout des doigts.
– Ce… Eh, mais il est tout poisseux ce soldat ! On dirait un Splatos !
– C’est un Humain Aquatique ! – répondit fièrement Mathuz. On lui a greffé du code génétique de dauphin et on lui a ensuite greffé des branchies. Avec une peau aussi douce que la sienne, nous sommes prêts à conquérir les océans. J’en ai tout un régiment de comme ça qui se dirige tout droit vers Pozidono. Les Atlans ne s’attendent certainement pas à se battre contre des êtres aussi mobiles qu’eux en milieux aqueux !
– Et celui-là, il a des plumes ! – s’émerveilla le brun en passant au suivant.
– Un fier représentant de l’Humanité Volante ! On a mis du temps avant de comprendre qu’il fallait utiliser du code génétique de rapace et non pas de chiqueun si on voulait un résultat probant. Leur rôle sera de patrouiller dans les airs de Clito pour empêcher nos adversaires de s’enfuir !
– Eh, mais c’est des écailles, ça ?
– J’avoue être très fier de mon Humanité souterraine. Un garçon comme celui-là peut résister aux plus grandes températures et creuser le sol. Ses camarades sont déjà en route pour Critias ! Là, ils se battront aux côtés…
– Oh, un robot ! – s’amusa l’Aar’on en manipulant la taule du soldat voisin.
– De l’Humanité robotique ! – reprit Mathuz. Eux, nous les avons créés de toutes pièces pour réaliser les missions les plus périlleuses et mourir à notre place sous les coups des Ashtars. Ils existent en plusieurs modèles, le roux est collector !
Peu convaincu, le Malheureux poussa les quatre soldats de ses bras. Plus loin dans un coin de la cale, il était persuadé d’avoir aperçu un autre étrange garçon nu recroquevillé sur lui-même.
– EH… mais… euh… IL EST BLOND ! C’est quoi, c’est quoi ?
Particulièrement gêné, le petit Khass-kouil se gratta l’arrière du crâne en lâchant un râle maladroit.
– Ça ? Euh… C’est un représentant de l’Humanité blondinienne. Mais c’est une connerie en fait, mieux vaut oublier… Les quatre premières espèces que j’ai créées de toutes pièces sont suffisantes pour parer à toutes les éventualités, normalement. Alors que celle-là... Bah euh… Elle boude…
– Mais c’est génial ! – s’écria l’Aar’on. Comment t’as fait ça ?
– Comment dire – chercha à se justifier le haut gradé. À la base, je cherchais surtout à cloner un des précédents Kili’an, en me disant que, comme ça, on aurait toujours du stock sous la main. Mais ça ne marchait pas vraiment, ces casse-pieds refusaient carrément de naître. Du coup, j’ai eu l’idée de simplement prélever certains gêne d’un Kili’an pour les greffer sur des cobayes neutres. J’espérais comme cela créer un super soldat aux capacités motrices supérieures, capable de se battre sans ressentir la peur avec une fidélité absolue et un physique de rêve. Après tout, ce sont là les principales qualités des Kili’ans… Alors qu’en fait, bah j’ai obtenu ça. Sur le papier, ça collait bien, mais en pratique…
– Mais c’est génial ! Tu es un génie, Mathuz ! Mets-moi en une petite centaine pour m’accompagner sur Ris. Je crois qu’avec eux, j’vais faire des merveilles !
– Heu, c’est noté, ils t’attendent déjà pour l’assaut. Mais par honnêteté intellectuelle, il faudrait quand même que je t’avoue quelque chose à propos de cette création…
– Quoi ? – demanda le brun d’un air dédaigneux. Ils ne savent pas se battre ? Tu veux pas que je joue avec ?
– Si, si ! – tempéra immédiatement Mathuz. J’te mets tout le stock. Mais disons que, si l’objectif de toutes ces manipulations génétiques était d’obtenir de nouvelles espèces Humaines capables de se développer par elle-même et de coloniser de nouvelles terres, alors celle-là est un foirage complet.
– Comment ça ?
– Ces abrutis ne sont pas foutus de se reproduire avec des femelles ! – regretta le militaire. Et sur un champ de bataille, ils sont tellement courageux qu’ils en oublient de se protéger et se battent la nouille à l’air. La dernière fois qu’on a fait des essais en situation réelle, j’en ai perdu plus de la moitié ! Tous bouffés par mon Humanité Tyrafailinisauresque, un autre échec. Les seuls qui ont survécu sont ceux qui boudaient ou qui copulaient avec d’autres soldats mâles aux cheveux bruns.
– Ah… Ouais, je vois. Bon, c’est pas grave, hein, on verra bien, ça devrait faire l’affaire pour sauver mon Néko. Et puis, c’est en attendant de trouver mon Kili’an, c’est pas grave non plus si j’en casse quelques-uns. Ils sont garantis ?
– Non.
– Zut. Bon bas, tant pis, hein. On n’a plus le temps de réfléchir de toutes manières. On arrive, prépare toi à donner l’assaut !
Obéissant aux ordres de l’Aar’on, Mathuz lança toutes ses troupes d’un seul coup sur les divers planètes et lunes habitables de Soldane. Accompagnant les soldats réguliers, les Humains améliorés réalisèrent très vite de nombreux miracles, notamment sur Pozidono et Clito qu’ils ne mirent que quelques heures à conquérir. Seule exception notable : cet Humain blondinien s’étant malencontreusement égaré et retrouvé à chauffer de ses phéromones un Ashtar défendant à corps perdu sa base de Critias. C’était la première fois qu’un soljaminien subissait un tel affront. Même croquer d’un seul coup l’impétueux ne suffit pas à calmer sa colère ni à l’empêcher de donner une interview choquée, dépressive et haineuse au Matin de Vojolakta où il encourageait tous ses semblables à le venger. Son témoignage se retrouva en première page dans tout l’univers dans l’édition du lendemain.
De son côté, le dixième Aar’on mena lui-même les opérations sur Ris. C’était sa bataille, sa guerre, son honneur et son chaton kro meugnon. Sa stratégie était plutôt simple : il fallait prendre l’ennemi par surprise en usant d’explosifs pour le sonner et ensuite passer tous les survivants au fil de l’épée. S’infiltrant avec son escadron de blonds jusqu’à l’adresse que lui avait fournie Mathuz, il demanda à un de ses soldats de faire sauter le mur qui le séparait de la fameuse salle des bains où son Néko était retenu captif. Après avoir observé avec une cruelle impuissance le blond en question essayer de sauter le mur, le brun l’égorgea et plaça lui-même la charge explosive.
L’effet fut en tous points mémorable ! Sa plus grande réussite fut sans doute son entrée, avec une Punchline qu’il avait préparé depuis des jours et des jours.
– Rends-moi mon chaton !
Net et sans bavure.
En voyant débarquer l’Aar’on, Aki’to écarquilla ses yeux d’effroi en se tenant son ventre sanguinolent. Serrant la mâchoire et s’agrippant à ses quelques forces restantes, il répondit avec tout autant d’éclat :
– Tu ne pouvais pas passer par la porte, connard ?
Non, l’Aar’on ne pouvait pas. Il aurait bien voulu, mais son armée de blonds bouchait le passage. Partout autour du palais de cristal s’installa une étrange cohue. Vêtus de leurs capes rouges, les antihumains tuèrent, massacrèrent et violèrent quelques centaines de leurs adversaires. Pas en reste, ces derniers organisèrent une grève surprise pour protester contre leurs conditions de travail indignes de leur beauté. Trois, mêmes, se portèrent volontaires pour former une délégation censée se rendre auprès de l’Aar’on lui-même pour demander des droits pour leur nouvelle espèce.
– MAIS VOUS NE VOYEZ PAS QUE JE SUIS AUX PRISES DANS UN COMBAT MORTEL, BANDE DE CAKES AU CITRON ?
Un peu blessés par la répartie légèrement colérique du malheureux et par la moquerie pâtissière sans aucun doute liée à leur couleur de cheveux, les pauvres représentants du personnels proposèrent au brun le plus puissant de Vojolakta un petit massage pour le détendre, avec finition manuelle et gustative. Ce fut la goutte de niaiserie qui provoqua le plus important et improbable auto-génocide que Ris n’avait jamais connu.
– MAIS ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE EN ENFER !
Désireux de se faire bien voir afin d’obtenir du crédit dans leurs négociations futures, les blonds se mirent en tête de donner la plus entière satisfaction à leur Aar’on en réalisant cet ordre certes  compliqué, mais cependant assez alléchant. Coucher avec le diable avait un petit quelque chose d’excitant et d’électrisant, quand bien même il n’existait pas et n’était rien d’autre qu’une figure légendaire de folklore inventé pour manipuler les enfants aux côtés de Dieu, du Père Noël et des politiciens honnêtes. Le plus dur dans cette affaire était de trouver son chemin pour un lieu assez mal cartographié. Il fallait avouer que, l’enfer, ce n’était pas la porte à côté. L’un des blonds eu heureusement une idée géniale.
– Bah si on meurt, on ira plus vite…
Nul ne sut jamais après ce bain de sang incroyable si cette unité d’élite avait bel et bien réussi à remplir la dernière mission que lui avait confiée l’Aar’on. En fait, personne ne chercha vraiment à savoir. Même les livres d’Histoire préférèrent ne jamais parler de l’évènement, pour que jamais plus quiconque n’ait la stupide idée de réaliser le crime le plus ignoble de la création : singer la perfection kilianesque. L’Humanité avait bien assez d’un blond imprévisible comme ça par génération pour oser réitérer l’expérience du pauvre Mathuz.
Le geste incompréhensible de tous ces malheureux eu quand même du bon. Furieux de voir leurs adversaires fuir pour un monde meilleur, nombre d’antihumain se mirent en tête de les suivre dans la mort afin de continuer le combat, sous les yeux abattus d’un Aki’to incrédule.
– Mais… oh les abrutis ! Mais c’est pas vrai ! Mon armée ! Les cons ! Ils se sont fait embrumer la tête par les phéromones des blonds ! C’est pas possible !
S’approchant de son adversaire honni, l’Aar’on lui rigola à la figure :
– Il semble donc bien que tout cela se terminera entre toi et moi. Maintenant, REND… MOI… MON… KÉMI… ADORÉ… QUE… J’AIME… TRES… TRES… TRES… FORT.
– Constipé ?
– Non, simplement en colère. Bon allez, sérieux, là, rend-le moi. J’l’avais vu en premier. Je sais que je n’ai pas été super présent et tout, mais voilà, c’est le mien quand-même…
Le dialogue aurait pu durer. Il ne dura pas. Le combat semblait équilibré. Il ne l’était pas. Dans son équation, l’Aar’on avait oublié Cé’cil. Toujours vivante, la princesse de l’anti-humanité avait saisi Kémi entre ses bras et le retenait par le cou. Elle semblait plus déterminée que jamais.
– Abandonne, où je le tue !
À cet instant précis, l’Aar’on ne sut pas trop bien ce qui lui passait vraiment par la tête ? De la hargne ? De la fureur ? L’envie de tout détruire ? De la peur ? Ou de l’amour, tout simplement. Ce fut sans doute ce dernier sentiment qui le poussa à se jeter sans arme ni défense à l’assaut de ses deux adversaires. Ce furent sans doute les yeux humides de Kémi qui le poussèrent à rugir de rage. Ce fut sans doute le faible « Nya ~ » timide que le chaton lâcha qui l’amena à se jeter sur la lame que tenait la jeune femme entre ses mains, pour éviter qu’elle ne puisse accidentellement blesser l’être le plus doux et innocent présente autours de ces bains.
Prise d’un turbulent malaise, l’antihumaine lâcha des mains sa proie féline et rigola aux éclats. À genoux à ses pieds, l’Aar’on grognait et rampait en se tenant sa plaie qui déversait des litres d’hémoglobine sur sa combinaison noire, teintant tout son ventre d’un rouge infernal. À ses côtés, peinant à reprendre son souffle et ses esprits, Aki’to l’observa incrédule. Elle semblait encore plus folle et déterminée que lui à en finir une bonne fois pour toute. Levant haute sa lame au-dessus du cou de l’Aar’on complétement à sa merci, elle lui donna une ultime fois le choix :
– Accouple-toi avec moi ! Rejette ton Kili’an, féconde-moi et réunis l’Humanité et l’anti-humanité par notre descendance, qui règnera sur Vojolakta. Ou meurs sans n’avoir jamais trouvé ton stupide blond. Décide-toi !
Ses yeux tintés de son sang, s’accrochant difficilement à la robe de celle qui le menaçait, l’Aar’on n’arriva qu’à baragouiner qu’une seule chose :
– Rend… moi… mon… chaton…
Sans doute les quatre mots de trop. Furieuse d’être à nouveau rejetée, Cé’cil abaissa d’un seul coup sa lame. Il en était fini de ce stupide brun. Il pouvait bien partir, personne ne le regretterait et certainement pas l’Humanité.
Mais Kémi était un Néko. Alors que sa lame se situait à un centimètre seulement de la nuque de sa cible, Cé’cil sentit son bras se déchiqueter en plusieurs morceaux. De ses crocs aiguisés, le chaton venait de lui mordre et arracher le poignet. La réaction immédiate de la jeune femme fut de hurler de douleur, puis de frapper tellement fort l’animal qu’il vola en l’air jusqu’aux milieux des bains de souffre, y coulant à pic.
En cœur, l’Aar’on et l’Aki’to crièrent avec la même vigueur :
– KÉMI !
Ramassant son arme avec sa main encore intacte, l’antihumaine meugla :
 – C’est fini… Ton stupide chat, toi… cet univers, vous allez tous disparaitre. Admire, Aki’to, je vais réaliser ce que tes prédécesseurs ont été incapables de faire ! Je vais mettre fin à cette lignée maudite !
Levant haut son poignard au-dessus de sa tête, Céc’il laissa un étrange mélange d’amour et de haine se dessiner sur son visage. Cette fois-ci, plus rien ne semblait pouvoir empêcher son courroux de s’abattre. Si ce n’était un étrange flash lumineux diffus qui éclata d’un seul coup du milieu des bains et aveugla la galaxie toute entière. Ce qui sortit de ce mélange de photons et de poussière n’avait du chat que les oreilles plantées au-dessus de sa tête. Sa peau ambrée et bronzée était douce et mouillée. Ses courbes parfaites semblaient avoir été taillées directement par le sculpteur de cet univers. Son organisme dénudé avec de l’eau jusqu’aux mollets étaient celui d’un tout jeune Humain. Ses cheveux d’un noir brillant rappelant son pelage lui tombaient sur la nuque et le front, masquant de leurs mèches fuyantes ses yeux furibonds qui reflétaient sa colère et sa rage. Ses poings serrés le long de son corps et sa mâchoire serrée confirmaient sa détermination. Sans miaulement ni grognement, l’éphèbe se contenta de fixer intensément ses adversaires.
Il était beau. Plus beau qu’un ange, plus touchant qu’un oisillon, plus doux qu’une fleur. Il ne semblait même pas réel. Issu d’une étrange lumière, il ne semblait faire qu’un avec elle, de son petit nez rond jusqu’au bout des ongles. Son corps à moitié plongé dans la brume chaude de l’eau sulfureuse, on ne pouvait deviner son genre. Il possédait à la fois la vigueur et détermination des mâles et la grâce des femelles. En l’observant, l’Aar’on ne put s’empêcher d’éclater en sanglots, comme s’il venait de se retrouver d’un seul coup devant la plus grande de toutes les merveilles. Aki’to, lui, bégaya dans un mélange de larmes et de rire nerveux. Sa joie était totale. Enfin, ce qu’il désirait tant depuis si longtemps se produisait. Enfin, il pouvait afficher un sourire sincère et comblé. La merveille qu’il avait si longtemps recherchée venait d’apparaitre sous ses iris ensanglantés. Tendant les doigts et rampant en sa direction, il sembla l’appeler, sans pour autant pouvoir trouver la force de l’approcher et encore moins de le toucher.
– Kémi… Tu as accepté de revêtir ta véritable apparence… Enfin !
– NYA ~ !
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master-o-none · 5 years
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1— Jeudi 13 Octobre.
Le papier est gondolé, un peu déchiré sur une longueur, et la peinture, déjà sèche et bien trop épaisse, se détache par endroits. Tout en bas de la feuille, des initiales ont été inscrites, ainsi que la date et un petit smiley souriant. Dans cinq, dix, vingt ans, cette peinture maladroite et naïve sera un souvenir doux pour une petite fille devenue adolescente, jeune fille, femme.
La feuille rejoint un tas d’autres feuilles, qui ont elles aussi reçu leurs initiale et leur date. Tous les dessins ont eu droit à un smiley, sur ce dessin, il est un peu moins souriant, les consignes n’ont pas été respectées.  L’odeur de la peinture rempli toute la pièce, et Harry sait qu’il y’a de la peinture sur le sol. Les femmes de ménage vont râler, vont sans doute lui dire, encore, que c’est à lui de tout nettoyer.
Il observe la dernière peinture, qu’il a laissée de côté exprès. En bas, il note S. M. pour Scorpius Malfoy. Le gamin a commencé sa vie avec un nom à coucher dehors, mais il n’en est pas moins talentueux. Il n’a que six ans, bien sûr, mais il est à l’aise avec les couleurs, même s’il ne s’en sert que pour exprimer une tristesse qui vient confirmer tous les doutes de Harry à son sujet.
C’est un petit bonhomme discret. Il a les cheveux d’un blond pale, un petit nez pointu et il vous toise avec arrogance quand vous le surprenez à rêver un peu trop. Le plus frappant, ce sont ses yeux gris-bleus, qui sembler accueillir l’orage quand il est mécontent. Il ne s’est pas fait beaucoup d’amis, depuis la rentrée, il évite les autres, il s’arrange pour qu’on le laisse en paix. Harry l’a bien vu faire, et il s’étonne chaque jour du talent avec lequel le gamin se débrouille pour qu’on le respecte tout en prenant garde à ce qu’on ne s’approche pas trop de lui.
On frappe à la porte. Harry lève les yeux, reconnaît la silhouette derrière la vitre opacifiée.
— Entre, Luna.
Son ami pousse la porte, et entre dans la salle de classe.
Elle est amusante, et un peu étrange. Elle est surtout l’archétype de l’enseignante originale qui, à sa façon, a voulu rester dans l’enfance. Aujourd’hui, elle porte un pantalon d’un rose fuchsia qui brûle la rétine de Harry, un pull jaune fin qu’elle a elle-même tricoté, et des boucles d’oreilles en forme de radis.
— Tu ne devrais pas t’inquiéter, chantonne-t-elle en s’avançant entre les tables jusqu’au bureau de Harry.
— Comment le sais-tu ?
— Tu ne restes ici que lorsque tu es inquiet pour un élève. Et depuis la rentrée, il n’y a qu’un élève qui t’inquiète.
— Il ne m’inquiète pas vraiment.
— Pourtant, il devrait t’inquiéter, insiste Luna.
Harry lève les yeux vers elle.
— Il t’inquiète ? demande-t-il.
— Tout le monde trouve Scorpius bizarre….
— Tout le monde te trouve bizarre. Tu ne m’inquiètes pas pour autant, réplique Harry en se concentrant à nouveau sur ses feuilles.
— Ca n’est pas très sympa, Harry.
— Que veux-tu que je te dise ? Ce gamin a perdu sa mère…
— Comme la petite Magda l’année dernière avait perdu son père. Ton grand cœur est une qualité que j’aime profondément chez toi, mais est-ce que tu vas te rendre malade pour tous les enfants qui ont perdu un parent ?
— Je vais donner rendez-vous à son père.
— Malfoy ? Il n’est jamais venu à aucun rendez-vous les années précédentes, ni à la réunion de rentrée, lui rappelle Luna, à juste titre.
— Ca n’est pas une raison pour arrêter de lui en donner.
Harry s’obstine, Harry s’agace, Harry pose son feutre noir. C’est l’objet qui l’accompagne partout, un feutre fin avec lequel il écrit tout : le nom des enfants en bas de la feuille, les rendez-vous pour les parents dans le cahier de correspondance, les croix pour la cantine. Tout.
Avoir perdu ses parents quand il était plus jeune en fait peut-être un enseignant plus à l’écoute, plus sensible de certaines choses, mais il sait faire la part des choses. Magda est une petite fille qui n’a pas seulement perdu ses parents : elle a aussi d’importants troubles de l’attention, que le deuil n’a fait que renforcer. Si Harry n’avait pas insisté, personne n’aurait daigné s’en inquiéter vraiment. Personne n’aurait cherché à comprendre pourquoi la petite fille était capable de tels accès de colère, pourquoi elle semblait parfois apathique, pourquoi elle était à la fois si brillante et tellement en difficulté face à des exercices pourtant terriblement simples.
— Je sais ce que je fais, Luna. Je vais recevoir Mr Malfoy, parce que Scorpius est un enfant malheureux, et que je veux voir avec lui ce que nous pouvons faire pour l’aider.
— Tu l’aides déjà… Rencontrer son père ne va que rendre les choses plus difficiles, insiste Luna.
— Pourquoi ? Parce que ça n’a pas fonctionné l’année dernière ? Luna, ça fait trente ans que je suis orphelin, je pense que j’ai fait mon deuil, merci bien.
— Oh, tu ne m’as pas comprise. Ce n’est pas l’enfant, le problème…
Dimanche 17 Octobre
La gueule de bois fait vriller son monde entier. Le sol tangue encore sous ses pas, son oreille interne s’est fait la malle, la lumière le gêne, le moindre son est multiplié par dix. La veille, puis plus tard dans la nuit, puis très tôt le matin, Ron l’a encouragé à boire verre sur verre. Toutes les excuses étaient bonnes, et Harry s’est laissé convaincre. Hermione les a abandonnés bien tôt, et les a retrouvés au petit matin, endormis sur le canapé, au milieu de cadavres de bouteilles qu’elle n’a pas ramassés.
Sous ses yeux, le paquet de cahiers, trop haut pour son esprit embrumé par l’alcool, lui semble presque menaçant, avec ses couvertures rouge vif et ses pages qui renferme les leçons de lecture qu’il a déjà données.
Il ouvre un cahier, le premier, celui de Rose. Rose n’est pas n’importe quelle enfant : il s’agit de sa filleule, la fille de Ron et Hermione. D’une intelligence redoutable, elle a aussi hérité de l’humour de son père. Sérieuse un instant, elle est capable de faire le clown ou d’avoir le mot pour rire le moment suivant. Son cahier est impeccable, exactement comme l’était celui d’Hermione au même âge. Harry se souvient de la petite fille sérieuse, presque pince sans rire, que Ron et lui se plaisaient à moquer… Du moins était-ce le cas au début. Ils sont rapidement devenus inséparables.
L’écriture est un petit peu maladroite, mais Harry sait qu’elle a passé de nombreuses heures à s’entrainer. Faire un « e » parfait, des majuscules irréprochables, d’abord en cursive, puis en attaché. À la suite des autres leçons, il en colle une nouvelle, ainsi qu’une page d’exercices. Les cahiers passent, un à un, mais son mal de crâne, lui, ne disparait pas. Ron ronfle toujours, pas très loin, et la concentration va et vient, à un rythme qui l’exaspère.
Le cahier de Scorpius est vert. Scorpius adore le vert, Harry l’a très vite compris. Une écharpe verte, des pulls verts, des chaussettes vertes, l’utilisation intempestive du stylo vert au lieu du bleu comme Harry le demande… Il n’y a rien de mal à cela, sauf quand ça implique une difficulté à suivre les consignes. Scorpius est tout à fait capable d’écouter les consignes qui lui sont donnés, il n’en a juste pas envie. Parfois. Notamment quand cela concerne le vert. Alors Harry ne dit trop rien, parce que ça n’a pas d’intérêt que de faire la guerre à un enfant qui aime un peu trop une couleur. Et puis Scorpius a bien d’autres problèmes, le vert n’a pas besoin d’en être un.
Les derniers exercices qu’il a fait étaient bien réussis, remarque Harry. Il note un « TB » dans la marge, qu’il souligne deux fois en rouge, pour insister sur l’effort qu’a fait l’enfant. Ca ne rend pas inutile la rencontre qu’il espère obtenir avec le père du gamin. Il cherche dans le tas de cahiers de liaison celui du jeune Malfoy, qu’il ouvre à la dernière page. Le plus difficile reste à faire : trouver les bons mots pour que cet homme dont il ne connait même pas le visage, contrairement aux parents de ses autres élèves, accepte de le rencontrer.
Il faut qu’il comprenne que c’est important, sans pour autant que cela ait l’air d’une menace, d’un chantage, d’une dernière chance, ou d’une tentative de Harry de lui expliquer comment être un bon parent. Ca n’aurai pas de sens, surtout considérant que les rares fois où Harry a gardé Rose lorsqu’elle était plus petite, cela a été un désastre. C’est un bon pédagogue, mais à en croire Hermione, « ça ne veut rien dire quant à sa capacité à être un bon parent ».
Il opte pour la simplicité.
Monsieur, nous n’avons pas eu l’occasion de nous rencontrer lors de la réunion de rentrée. J’aime échanger avec les parents de mes élèves, pour être en mesure de leur proposer un accompagnement aussi personnalisé que possible. Scorpius ne fait pas exception, aussi je vous propose de nous rencontrer la semaine du 25 octobre. Merci de me tenir informé de la date qui vous arrangera.
Draco Malfoy a une certaine réputation, dans l’école privée où est scolarisé son fils. Avant le cancer foudroyant qui lui a pris son épouse, Astoria Malfoy, une femme d’une grande beauté, froide comme la glace mais toute dédiée à son fils et à son éducation, personne ne l’a jamais vu.
Après son décès, personne ne l’a vu non plus.
C’est sa mère, Narcissa Malfoy, qui a pris le relais. Aussi attentionnée qu’elle soit, ce n’est pas à elle que Harry souhaite parler. Elle comprend, dit-elle, mais son fils n’est pas prêt, il est très occupé, il a beaucoup à faire. Les affaires, son fils qu’il est maintenant seul pour élever, son fils qu’il ne connait pas très bien, surtout, devine Harry. C’est un peu cliché, parce qu’il n’y a rien qui lui permette de penser que cet homme ne s’est jamais impliqué dans l’éducation de son — adorable — enfant, mais il ne peut pas s’en empêcher.
Derrière lui, il entend le corps de Ron s’étirer. Les os de ses jambes craquent ; les années de pratique du rugby ont laissé des traces sur eux, et ce ne sont pas les quelques matchs amicaux auxquels ils participent de temps en temps avec leurs anciens camarades qui y changent quoi que ce soit.
— Déjà en train de bosser, mon pote ? demande le roux en s’approchant de lui.
— Pas sûr que mes élèves comprennent si je leur dis que je n’ai pas eu le temps de préparer leurs cahiers sous prétexte que j’ai pris une cuite avec Ronald Weasley, grimace Harry.
— Pas faux… Surtout dans une école privée.
— Arrête avec ça.
— Je ne comprends juste pas pourquoi tu es allé te perdre à Poudlard.
— Mis à part le fait que c’est une école géniale et que le directeur est un génie de la pédagogie ? souligne Harry.
— Je n’ai pas envie de débattre là-dessus avant d’avoir bu un café, tranche Ron.
Il évite le sujet, comme souvent. Lui, Hermione et Harry ont grandi dans des établissements publics. La peinture s’écaillait, le chauffage marchait souvent mal et parfois beaucoup trop, la bibliothèque n’avait plus les moyens d’acheter des livres depuis des années, mais il y ont appris tout ce qui leur a permis de choisir leur voie. Tous les trois ont une vision différente de l’enseignement, tous les trois s’adressent à un public différent, dans des établissements qui correspondent à leur compréhension des enjeux de l’école.
Harry, lui, a choisi de travailler dans une école qui lui permette de donner à chaque élève le temps qu’il mérite. Une classe de quinze enfants, c’est le luxe qui lui permet de donner rendez-vous à des parents sans s’inquiéter du temps qu’il lui restera pour corriger les cahiers ensuite. C’est le confort qui lui permet de proposer des sorties scolaires chaque mois, au minimum, de visiter des musées, des expositions, des châteaux, d’aiguiser la curiosité des enfants.
Ron pose une tasse de café devant lui.
— Il y’a un match à la TV, Neville ne va pas tarder. Pose tes copies, tu les termineras plus tard.
Après tout, c’est dimanche. 
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reseau-actu · 5 years
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Le grand écrivain Thierry Marignac décrypte le chantage au complotisme
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Traducteur de l’anglais et du russe, le grand écrivain
Thierry Marignac
jette un regard moqueur, cosmopolite et sensible sur la traque du complotisme. Qui décryptera les fameux « décrypteurs »?
Chères lectrices, chers lecteurs,
Tout d’abord, permettez-moi de me réjouir de vous voir réunis dans cette salle pour assister à notre second séminaire, où nous nous efforcerons d’étudier de manière structurale, c’est à dire rigoureusement scientifique comme chacun sait depuis le début de la Guerre froide, des phénomènes récents d’une actualité brûlante (ou l’inverse) au moins pour nous — à l’instigation des services de renseignement numérique. Qu’ils en soient remerciés.
Du blablateur (à peine) monolingue
En effet, sur le thème du complotisme, nous favoriserons l’approche linguistique. Le terme complotisme, barbarisme dentelé de rouge sur tous les ordinateurs du Monde libre (c’est-à-dire non déréglés ni subvertis par qui vous savez) vient, comme d’habitude, de l’assez navrante novlangue des médias américains, et repris à l’emporte-pièce par tout journaliste ou blablateur du commentaire dans tous les domaines, dont le souci d’originalité n’a d’égal que l’indigence du vocabulaire dans sa propre langue. J’ai nommé théorie du complot, traduction littérale de conspiracy theory, que tous ceux qui sortent un peu de chez eux entendent outre-Atlantique depuis quelques décennies. Jusqu’aux années 2000, de ce côté-ci de la mare, il y avait peut-être des complots, mais pas plus de complotisme que de porte-jarretelles à dentelle rouge chez les Carmélites (Encyclique numéro 22, Vatican, 1910). De semblables barbarismes, tous venus de la même origine, foisonnent à présent dans la langue de Baudelaire : contre-productif, fenêtre d’opportunité, implémenter (!), soyons charitables.
La conspiration des complotistes
Le grand effet, miracle de la linguistique, de la théorie du complot, abrégée donc en complotisme, c’est que cette expression a supprimé les complots : depuis qu’elle existe, grâce à cette trouvaille, nous sommes blancs comme neige. Des institutions consacrées depuis des siècles à la conspiration, à la manipulation, au jeu d’influence, à la corruption, héritières d’une culture du complot, l’ont abjurée avant-hier avant de livrer leurs manuels à un autodafé salvateur. En bref, l’invasion de la Pologne par l’Allemagne en 1939 à la suite d’une provocation de la division Brandebourg, l’incident fabriqué par Lyndon Johnson du golfe du Tonkin déclenchant la guerre du Vietnam, l’affaire Ben Barka, le pseudo-massacre de Timsoara, ou les armes de destruction massive de Saddam – c’est fini, ça n’existe plus, ce serait impossible aujourd’hui où nous sommes transparents.
La dernière fois que votre serviteur a entendu le mot transparence martelé avec tant d’insistance, c’était dans une réunion d’un pays d’Europe Orientale en guerre, où des citoyens en colère exigeaient des explications des dirigeants de leur complexe militaro-industriel qu’ils soupçonnaient (sans doute par complotisme), après une défaite cuisante, de les avoir trahis, ou plus exactement vendus, comme c’est l’usage dans ces contrées où notre civilisation, faute d’avoir conspiré à temps, reste lointaine. Les dirigeants à la tribune avaient en effet très envie d’être transparents devant leurs compatriotes en effervescence — qu’on ne puisse plus les voir, qu’ils se confondent avec le mur du fond.
On voit ici le poids des mots : complotisme, et la démocratie des Lumières renaît !… Les éminences grises vont planter leurs choux, les manipulateurs, terrifiés, vendre des Marlboro sénégalaises à Barbès-Rochechouart. Toutes les conséquences aux suites parfois violentes comme on a pu le constater ces jours-ci de certaines décisions inconsidérées ne sont en aucun cas le fait des agents de Bilderberg et de l’État Profond américain, encore moins de la BCE, voire de leur ordre du jour marqué par la bestialité économique (comme le prétendent sans vergogne les complotistes, payés par qui vous savez) mais un effet malheureux de la transparence !…
Il est temps de prendre conscience, le complotisme est une conspiration mondiale aux ramifications multiples, une Internationale noire, et payée par qui vous savez.
Décrypter les décrypteurs
Nous vivons dans un monde de plus en plus polarisé. Face aux dangereux complotistes, terme dentelé de rouge sur les ordinateurs du Monde libre comme pour souligner leur infamie, on trouve leurs ennemis jurés : les décrypteurs. Ces deux communautés sont à couteaux tirés. Les complotistes avancent que les décrypteurs sont payés par Bilderberg et l’État Profond américain, tandis que ces derniers enquêtent sur l’Internationale Noire parrainant les premiers, payée par qui vous savez. La tension est à son comble. On craint le pire.
Pour revenir à la toute-puissante linguistique, le terme décryptage n’a vu le jour que très récemment lui aussi, depuis que les journaux prennent leurs lecteurs pour des crétins. Ce qu’ils sont peut-être, nous ne possédons pas encore de statistiques fiables. Autrefois, on estimait que le lecteur savait lire. Aujourd’hui on n’en est plus si sûr, il faut lui expliquer ce qu’il a lu. Dans un souci de transparence !… Vous me suivez toujours ?… Ou bien il faut que je décrypte ?…
De leur côté, les complotistes, tout à fait hors de propos, estiment que les décrypteursn’ont jamais sauté un repas de leur vie, payés par Bilderberg et l’État profond américain. Mais soyons lucides : ils sont eux-mêmes payés par qui vous savez. Et la 5e colonne, dont nous parlions récemment dans ces pages, chères lectrices, chers lecteurs, ne dort jamais !
Examinons donc, si vous le voulez bien, deux récents décryptages, dans de grands journaux parisiens au-dessus de tout soupçon – que Bilderberg et l’État Profond américain n’ont même pas leur numéro de téléphone.
Le premier, paru dans un grand quotidien du soir parisien, par un décrypteur d’élite évoquait le Pacte de l’ONU sur les migrations qui a été signé au Maroc. Il dévoilait un conspirationnisme international, prêtant à cette anodine réunion entre apparatchiks des buts dantesques : autoriser un déferlement sans précédent de populations diverses dans une Europe épuisée. Que nenni, disait le décrypteur, qui, comme ses collègues, avait sans doute fait Sciences Po. Il attribuait l’origine de ces bruits malveillants (très certainement payés par qui vous savez) à un quelconque think-tank néo-con amerlock en Géorgie ou au Texas (avec lequel qui vous savez est tout de même peu suspect de complicité, mais nous n’en sommes plus à une incohérence près). Qui aurait contaminé l’Europe, passant par ces rendez-vous de l’Internationale noire que sont l’Autriche, la Hongrie, la Bulgarie, que-sais-je. Infectant nos belles démocraties occidentales, où, ajoutait-il, on n’avait pas lu ce papelard de l’ONU (et les complotistes, dans leur perversion native, de répondre que lui, il est payé pour ça !…). Non, en réalité, le papelard de Marrakech n’est pas contraignant !… C’est juste une déclaration de principes !… Ça ne force personne à rien !… On se voit, on se tape le couscous, et sur le ventre, on bavasse, on fait des discours, on s’éclate au Marriott local et on se revoit à la prochaine !…
Des gilets jaunes suspects
On comprend ici l’utilité du décrypteur, tant décrié par le complotiste qui s’impatiente, vu que les subsides de qui vous savez ont du retard : L’information ! La réunion de Marrakech ne sert à rien ! Seule une conspiration paranoïaque de contribuables internationaux qui aimeraient bien savoir où passe leur oseille peut en douter ! Les radins ! Le second,  dans un grand quotidien parisien du matin, va plus loin dans une certaine spécialité du décrypteur à savoir l’enfonçage de portes ouvertes, s’interroge sur l’origine sociale de divers participants aux désordres parisiens du 1er décembre, chères lectrices, chers lecteurs, vous avez peut-être entendu parler de ces événements. En gros, un déshérité des banlieues, un prolo de la périphérie, un travailleur urbain de Paris que l’actuel gouvernement fait gerber. Il en conclut à une sorte de convergence des aspirations et des frustrations couvrant un grand éventail social. Heureusement qu’il était là pour nous avertir. N’ayant fait ni Sciences Po, ni le moindre DESS de journalisme, c’eût pu nous échapper. Nous en sommes désormais convaincus, le décryptage est une fonction essentielle de la démocratie cybernétique, sans laquelle les crétins qui lisent encore leurs journaux seraient dans le brouillard.
Mesquins, les complotistes vont encore aller demander la fiche de paie des décrypteurs,et leur feuille d’impôts, allégée des émoluments de Bilderberg et de l’État profond américain qui paient au noir – les complotistes ne cherchent qu’à prendre la place des décrypteurs parce que qui vous savez n’a pas encore raqué malgré la hausse du prix du pétrole et du gaz. La situation inquiète les observateurs. On redoute des Saint Barthélémy de part et d’autre.
Nous appelons au calme, à la réflexion linguistique, et au financement de nos études structurales par Bilderberg, l’État Profond américain et qui vous savez. Le premier qui passe un coup de fil sera le premier servi. Notre IBAN est à leur disposition sur simple demande.
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ambipolis · 6 years
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Dimanche 19 août 2018
Aphorismes Cioran-Jaccard
À la demande générale de quelques particuliers singuliers et étranges, et afin de nous abstraire du feuilleton Benalla (encore que...), je reprends la série des aphorismes de Cioran et de Roland Jaccard, qui l’a bien connu, ainsi que d’autres personnalités fortes, au sens des alcools forts.
Je commencerai avec Sur les cimes du désespoir que Cioran a écrit en 1933 à l’âge de 22 ans à Sibiu en Transylvanie.
«Je sens que je devrais mourir de vivre et me demande s’il y a un sens à en rechercher l’explication» ; «Pourquoi l’homme devient-il lyrique dans la souffrance et dans l’amour ?» ; «Il est un chant du sang, de la chair et des nerfs. Aussi presque toutes les maladies ont-elles des vertus lyriques» ; «On ne devient lyrique qu’à la suite d’un profond trouble organique» ; «Pas de lyrisme sans un grain de folie intérieure» ; «J’ignore totalement pourquoi il faut faire quelque chose ici-bas, pourquoi il nous faut avoir des amis et des aspirations, des espoirs et des rêves. Ne serait-il pas mille fois préférable de se retirer à l’écart du monde, loin de tout ce qui fait son tumulte et ses complications ? Nous renoncerions ainsi à la culture et aux ambitions, nous perdrions tout sans rien obtenir en échange. Mais que peut-on obtenir en ce monde ?» ; «Isolés, séparés, tout nous est inaccessible. La mort la plus profonde, la vraie mort, c’est la mort par la solitude, lorsque la lumière devient principe de mort. On se demande alors s’il existe autre chose que le néant du monde et le sien propre» ; «Il est des expériences auxquelles on ne peut survivre. Si l’on continue cependant à vivre, ce n’est que par la grâce de l’écriture, qui en l’objectivant, soulage cette tension sans bornes. La création est une préservation temporaire des griffes de la mort.» «Rien ne saurait justifier le fait de vivre» ;  «Au comble du désespoir, seule la passion de l’absurde pare encore le chaos d’un éclat démoniaque.» Les premières pages de ce livre dont j’ai extrait quelques aphorismes sont emblématiques de la philosophie ultra-kierkegaardienne de Cioran, d’une pensée qui se veut une non pensée, telle l’envers d’un décor. En quatrième de couverture des Cimes du désespoir, Cioran a écrit : «Une constatation que je peux vérifier, à mon grand regret, à chaque instant : seuls sont heureux ceux qui ne pensent jamais, autrement dit ceux qui ne pensent que le strict minimum nécessaire pour vivre. La vraie pensée ressemble, elle, à un démon qui trouble les sources de la vie, ou bien à une maladie qui en affecte les racines mêmes. Penser à tout moment, se poser des problèmes capitaux à tout bout de champ et éprouver un doute permanent quant à son destin ; être fatigué de vivre, épuisé par ses pensées et par sa propre existence au-delà de toute limite ; laisser derrière soi une traînée de sang et de fumée comme symbole du drame et de la mort de son être- c’est être malheureux au point que le problème de la pensée vous donne envie de vomir et que la réflexion vous apparaît comme une damnation.» Roland Jaccard pense - personne n’est parfait -, mais s’exprime avec une légèreté provocatrice. Il a eu l’opportunité de rencontrer des auteurs singuliers et importants dont Cioran. Il a publié en 2005 Cioran et compagnie. Il n’y est donc pas question que de Cioran, mais on y trouve des aphorismes de «son»  Cioran et sur Cioran, «un dieu de la catastrophe.» «Seuls les monstres peuvent se permettre de voir les choses telles qu’elles sont, répétait volontiers Cioran. Dans la première partie de sa vie, il n’aurait pas répugné à exterminer une bonne moitié de l’humanité. Dans la seconde, il rêvait d’une hécatombe universelle, à la manière de Wittgenstein jubilant à l’idée que la bombe atomique nous débarrasse d’autrui et nous délivre de nous-même. On en déduira que Cioran était beaucoup plus fréquentable à la fin de son existence.» «Abjurer son passé. Et si c’était là son mirage ? On s’exile, on adopte une nouvelle langue, on renie ses excès lyriques, on reformule son identité, on soigne son image d’apatride, on peaufine des aphorismes vengeurs saupoudrés d’une délicate ironie, mais on demeure écartelé. On se réfugie dans l’oubli. Les années passent, la gloire est au rendez-vous. Mais elle n’est pas seule. Le tortionnaire Alzheimer lui tient compagnie.» «On ne témoignera jamais assez de gratitude à celui qui renforce votre scepticisme. Le scepticisme, disent les anglais, commence quand, assis dans une église entre un flic et une bonne sœur, vous constaterez que votre portefeuille a disparu.» Cioran n’a pas connu Ishikawa Takuboku, mais je ne doute pas qu’il l’aurait introduit dans son panthéon, aux côtés de Kleist ou de Heine. Takuboku a écrit : «Si les jeunes-filles m’entendaient pleurer elles diraient c’est un chien qui hurle à la lune.» Et encore : «Je suis né homme, je vis parmi eux mais sans parvenir à rien.» «La pensée freudienne est fondamentalement «anti-utopique», dites-vous. C’est à cause de sa vue lucide sur l’avenir que Freud m’a toujours intéressé. Du reste, je me suis souvent demandé comment quelqu’un d’aussi clairvoyant a pu élaborer une thérapeutique, comment il a pu croire à quelque forme de guérison que ce soit. Les grands esprits ont de ces côtés naïfs.» «Lorsqu’on se refuse à admettre le caractère interchangeable des idées, le sang coule. Point d’êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance : les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n’a pas coupé le tête». La pire mesquinerie, selon Roland Jaccard, est celle qui nous rend aveugle au sublime de ceux qui veulent notre défaite. Relevant que Cioran dans les années cinquante a gagné sa faculté d’indépendance, il en déduit qu’il ne sera jamais plus un assassin virtuel. «Chaque fois qu’on lui demandait sa profession, Cioran se retenait pour ne pas répondre : Escroc en tout genre. Il expliquait volontiers pourquoi aujourd’hui un écrivain ou un philosophe se doivent de tricher : «Un rien de feinte dans le tragique, un soupçon d’insincérité jusque dans l’incurable, telle m’apparaît la marque distinctive du moderne.» Il ajoutait qu’en Inde un Schopenhauer ou un Rousseau n’auraient jamais été pris au sérieux, parce qu’ils vivaient en désaccord avec les doctrines qu’ils professaient. Pour nous, c’est là la raison de l’intérêt que nous leur portons.» Je terminerai avec des aphorismes de Roland Jaccard sur le thème de l’homme cruel.  «L’homme cruel pense que le plus méprisable des hommes est celui qui a besoin du respect d’autrui pour se respecter lui-même.» ; «L’homme cruel feint toujours les sentiments qu’il donne l’illusion d’éprouver et n’éprouve jamais ceux qu’il lui arrive de feindre.»
Jean-Loup ARNAUD
PS : J’avais cité dans un texte précédent plusieurs aphorismes extraits d’Ébauches de vertige, dont un de mes préférés : «on est et on demeure esclave aussi longtemps que l’on est pas guéri de la manie d’espérer.»
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singvlaritz · 7 years
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Still into you (Bleach / IchiRuki)
Hier. Leurs regards se sont croisés pour la dernière fois. Ses beaux et grands yeux indigo plantés dans les siens, miel chaud. Il avait un petit sourire sur son visage, masquant ainsi sa tristesse. Ichigo aurait voulu la serrer dans ses bras une première fois. Alors il attendu ses bras, les cheveux dans le vent il espérait encore pouvoir l'attraper. Avant qu'elle ne disparaisse. Vais-je pouvoir suivre l'allure de ce monde où tu n'es pas ?
Les rayons du soleil entrèrent par la fenêtre de la chambre de l'adolescent, le réveillant doucement. Il se tourna lentement vers son bureau, s'asseyant sur son lit après s'être frotté les yeux. 8H17. Bizarre. D'habitude, son père venait à 7H tapante, en semaine comme le weekend (ce n'est pas une blague) pour le réveiller, un rituel de famille. Enfin, il n'allait pas s'en plaindre. Soulagé d'avoir pu dormir 1h et 17 minutes de plus, Ichigo se laissa tomber en arrière afin de rester sous la couette un peu plus longtemps. BAM. Il n'y resta que deux secondes de plus. « Ite... » Murmura-t-il se massant le vertex après s'être tapé la tête contre les barreaux de son lit. Il se leva tout en se massant la tête, passa à côté de son placard, dorénavant vide et fit une halte aux toilettes. Bizarre. Il n'y a pas un bruit. Rien. Ichigo retourna dans sa chambre, ouvrit son agenda à la page d'aujourd'hui et fronça les sourcils. Aujourd'hui, nous sommes le quinze novembre. C'est vrai... Entre les hollows, les entraînements, les cours (la plupart du temps séchés) et Aizen, il avait complètement oublié qu'aujourd'hui sa famille avait prévu de sortir faire un tour au festival européen se trouvant dans la ville voisine. Il se retrouvait donc seul, dans sa maison avec ce jour qui était selon lui, un jour pas comme les autres. C'était un jour un peu spécial. Pas parce que s'était le chiffre quinze ou une autre connerie dans le genre, non. C'était... Sa première journée en tant qu'humain à proprement dit normal, sans pouvoir, sans monstre mais également sans Rukia. Enfin... Ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'ils se séparaient. Ils n'étaient pas en couple comme pourraient le penser les autres. Il ne devait plus y penser et commencer à vivre une nouvelle vie. Une vie différente de cette année et de ses quatorze autres années précédente. Il devait tout oublier. Et il commença sa nouvelle vie en sortant de chez lui, marchant sans but dans la rue. Il voulait juste changer d'air et profiter de la vie. Il ne lui restait plus que ça à faire.
Au début, c'était supportable. Il apprenait à vivre sans ses pouvoirs. Deux semaines se sont écoulées depuis leurs adieux et personnes n'avaient parlé de Rukia et des autres jusqu'à maintenant. « Dis... Elle reviendra ? Elle reviendra n'est-ce pas ? » Appuyer contre la rambarde du toit de son lycée, Ichigo sirotait tranquillement sa brique de jus quand cette question tout droit sortie de la bouche de Keigo venu troubler le silence qu'il venait d'instaurer. « ... De qui tu parles ? » Lui demanda-t-il à son tour avant de remettre sa paille dans sa bouche. - Rukia... Elle reviendra ? » Recommença son ami en insistant bien sur le prénom. Sur le coup, le rouquin recracha la dernière gorger de jus qu'il s'apprêtait à avaler et manqua de s'étouffer. Il eut un petit moment d'absence avant de se retourner vers son ami en le dévisageant. « C'est quoi c'te question ? Pourquoi tu m'parles d'elle soudainement ? Enchaîna-t-il. - Comme ça... Je trouve que c'est vide sans elle... Elle te manque, n'est-ce pas ? - Tch. Pas du tout. Ce n'est pas comme si nous étions mariés ou quoi que ce soit. - Tu te sens seul ? - Non, jamais. » Il mentait. Il mentait à son entourage et à soi-même pour se protéger. Se protéger de la vérité qui l'angoissait. Il se sentait seul, par moment. Le matin en sortant de son lit après avoir balancé son père par la fenêtre, passant à côté de son placard qu'il se força à ne pas ouvrir. L'envie et le réflexe poussaient son bras à refaire un geste accomplis des millions de fois. Il se sentait seul quand il entrait dans la salle de bains et qu'il apercevait les shampoings et gels douche de la brune aux doux parfums de fraises. Dieu savait qu'il détestait ça. Il se sentait seul en mangeant, maintenant face à une chaise vide qui ne lui donnait plus de petit coup de pieds dans ses tibias pendant les repas. Il se sentait seul en cours avec pour voisin de classe, un mec qui geek la nuit et qui passait son temps à ronfler en journée. Il se sentait seul le soir, en rentrant chez lui apercevant les petits chaussons bleus de Rukia, qui prenaient poussière à l'entrée. La plupart du temps, il se sentait seul. Sa vie était rythmée par Rukia. Aujourd'hui, elle est hantée par ses souvenirs. L'oubliée... Comme si s'était aussi simple.
C'est au bout de deux mois que les choses ont commencé à se compliquer. Au début, Ichigo pensait être capable de surmonter son absence et se répétait qu'avec le temps, tout finira par devenir comme il l'avait toujours rêvé. Deux mois qu'il cherchait à vivre une vie heureuse tout en étant entouré par les gens qu'il aimait. Mais c'était aussi deux affreux mois à ne penser qu'à elle. Et puis la vérité tomba. Se mentir n'avait aucun sens. Ma vie n'a plus de sens et je ne m'en rends compte seulement maintenant. Le sens de sa vie s'en envolée il y a deux mois. S'était en novembre. Nous sommes en janvier. Et Ichigo n'a pas oublié qu'aujourd'hui était un jour important. Il avait passé sa mâtinée à faire les magasins – et pourtant, Dieu savait qu'il détestait ça – à la recherche d'un objet, mais il ne savait pas quoi. Il s'était promis à soi-même (chose qu'il faisait la plupart de son temps) de ne rentrer chez lui qu'après avoir trouver quelque chose. Il n'avait pas d'idée en tête et quand il entrait dans une boutique, il cherchait son coup de cœur, cet objet qui est indispensable à son bonheur. D'ailleurs, après réflexion, il se dit que s'était peut-être la plus longue et la plus chiante matinée de sa vie d'adolescent. Je déteste faire les boutiques, se récite-t-il à chaque fois qu'il ressortait d'une boutique, bredouille. Et puis il passa devant cette boutique dans laquelle vous trouvez toujours quelque chose de jolie, qui vous tape à l'œil. Et évidemment, le coup de cœur que le rouquin recherchait l'attendait patiemment dans la vitrine de la boutique. Il n'attendit pas plus longtemps et entra dans la boutique pour acheter son futur bonheur. Près d'une heure plus tard, Ichigo rentra chez lui, déposa ses chaussures près des chaussons de Rukia toujours dans l'entrée et monta dans sa chambre sans faire de bruit. Le jeune homme s'enferma et s'allongea sur son lit, les mains derrière la tête s'imaginant la petite brune, dans ses plus beaux souvenir. Il souriait. Il passa toute son après-midi à se remémorer ses souvenirs et à s'inventer des histoires avec Rukia. Le soleil l'éblouissant, Ichigo se redressa et s'appuya contre le rebord de sa fenêtre, faisant face au soleil. « Je crois que le moment est venu. » Il enfonça une main dans la poche de son jean et en sorti une petite boîte bleu nuit qu'il plaça devant lui, sur le rebord. Accompagné d'un sourire, il caressa de son index la petite boîte qui enfermait son trésor. « C'est pour toi. » Murmura-t-il, doucement. Il ouvrit la petite boite pour que le soleil illumine avec ses derniers rayons, une bague en argent avec pour effigie, un lapin recouvert de strass. Joyeux anniversaire, Rukia.
Six mois se sont écoulés. Mars s'est installé depuis quelques jours déjà, c'est les vacances et Ichigo ne cesse de penser que le temps passe trop vite. En 6 mois (date de leur dernier échange) Ichigo s'est enfin rendu à l'évidence et connaît – ou plutôt reconnaît – dès à présent la source de sa monotonie. Faîtes roulez les tambours pour la révélation du siècle. Son vide, sa tristesse et sa solitude émanent de... Rukia. Vu comme ça, personne n'est surpris. S'était le seul à ne pas s'en être rendu compte. Comme d'habitude, il était long à la détente. Mais ce n'était pas le tout de se rendre compte de quelque chose, il fallait y remédier. Mais ça, Ichigo ne s'en sentait pas capable. Alors il passait ses vacances à se torturer moralement : Il ne dormait plus et ne mangeait plus. Il se forçait à manger le matin, le midi ses sœurs prenaient la relève et le soir il désertait la table. Ma vie est monotone j'vous dis. C'est devenue le même couplet et ça fait six mois que ça ne change pas. « Ça ne changera plus jamais. » S'entêta le roux. Plus jamais.
Et voilà. Je fête nos dix-sept mois, soit plus d'un an de séparation. Depuis ce jour, tu n'es même pas revenue. Ichigo est maintenant en dernière année de lycée, dernière ligne droite, mais il ne peut s'empêcher de penser à elle. Plus le temps passe plus il souffre. Son mental d'acier s'essouffle et ne représente plus rien par rapport à l'étendue d'eau qui reflète son manque de Rukia. Les cours on reprit depuis peu et Ichigo savait qu'à partir de sa deuxième année, ses résultats scolaires avaient baissés. Mais il ne peut rien y faire, plus maintenant. Il a atteint son point de non-retour. Depuis la semaine dernière, les professeurs le sermonnent et lui reprochent ses notes qui sont plus proches de zéro que de la moyenne. Et ce, dans toutes les matières y compris le sport. Cette couverture qu'il avait instituée il y a quelques années afin d'éviter tout problème est partie en fumée il y a bien longtemps. Maintenant les remarques quant à ses bulletins font partie de son quotidien, il n'était pas plus surprit que ça. 5 en Japonais, 3 en Anglais, 2 en littérature étrangère, 4 en EPS, 1 en maths (juste pour avoir inscrit son nom et son prénom sur chaque copie blanche rendu) Sa famille était rendue à se demander ce qu'ils allaient faire de lui. Oui, sans s'en rendre compte, Ichigo rendait tout le monde malheureux. La vie était un cercle sans fin et nous sommes le sable dans ses rouages. L'histoire se répète. Ce faux sourire qu'il instaure sur ses lèvres quand il croise ses sœurs dans la maison était le même qu'il affichait il y a 10 ans, quand son père et ses sœurs l'ont retrouvé à faire les cent pas près de la rivière à la recherche de leur mère. Et l'histoire se répète aussi quand Ichigo se dit qu'elle reviendra bien un jour. Comme si s'était déjà inscrit, dans son futur. Assit devant son bureau dans la salle de classe, le rouquin ne suivait pas le cours d'Anglais, préférant examiné le bleu du ciel qu'il trouvait apaisant. Évidemment, le professeur savait qu'il ne suivait pas le cours, qu'il était absent. C'est justement ce qu'on lui reproche. On lui reproche d'être là sans l'être réellement. On lui reproche son absentéisme mental qui va finir par le détruire. Si ce n'est déjà fait. Quoi qu'il n'est pas détruit, il est juste devenu dingue. Dingue de cette nana, elle est devenue une drogue avec le temps. Et sans elle, il n'est rien. On en est même venu à lui reprocher d'être amoureux. Et de se laisser mourir pour une fille qui se fout éperdument de lui. S'était Keigo, qui avait osé lui dire cela en face et Ichigo ne l'avait pas raté en retour avec une belle droite. « On ne reproche pas ce genre de chose. » Avait-il ajouté avant de s'éclipser malgré les appelles incessant d'Inoue. On n'a rien à me dire, rien à me reprocher. Je sais tout ça. On lui reproche tout alors l'adolescent a fini par dire stop. Il a tout arrêté. Les cours ? Il en avait déjà séché la plupart bien avant que Rukia ne retourne à la Soul Society. Il a arrêté de sortir, de saluer ses amis. Et les membres de sa famille, dans tout ça ? Il a décidé de les voir le moins possible pour éviter de les faire souffrir d'avantage. Seulement, il ne se doutait pas qu'ils sont déjà au bout du rouleau de le savoir dans cet état. Il passait désormais ses journées assit sur sa chaise de bureau dans sa petite chambre. Elle était tournée face à la fenêtre pour qu'il puisse regarder à longueur de journée, les nuages passaient et les gens qui allaient et venaient devant chez lui. Il ne dit rien et son visage triste reflète le vide qu'il éprouve émotionnellement. Il a bien essayé de lutter au début. Il voulait exprimer son besoin de la revoir à travers des dessins mais cela ne lui convenait pas et les dessins de Rukia revenaient dans son esprit. S'était peine perdue dès qu'il avait agrippé son crayon de papier. En faite, tout ce qu'il essaya de faire pour se changer les idées, était abandonné au bout de dix secondes. Les raisons ? Manque d'envie et de persévérance. Il n'était plus du tout capable de faire un truc. Alors regarder le ciel changer de couleur au fils des heures lui convenait. Et il se surprenait à pensée à de belles phrases, des trucs bêtes et jolis qu'il aurait voulus lui dire. « Et toi Rukia, que fais-tu ? »
Et encore une fois, il la sert dans ses bras avant qu'elle ne disparaisse pour de bon. Son corps tout entier commence à disparaître, il s'en était bien rendu compte. C'est pour cela qu'il la tenait fort dans ses bras. Avec l'idée que tout cela s'arrêterait et qu'elle restera auprès de lui, à jamais. Il lui susurre des mots doux, des trucs qui ne lui ressemblent pas et qui lui font rire. Elle rit à en pleurer, elle se colle contre lui et serre ses vêtements alors que lui, il l'embrasse dans le cou. Je t'aime... Je t'aime. JE T'AIME RUKIA ! JE ... Reviens-moi. La plupart du temps, il rêve. Et c'est toujours le même rêve.
Il aura passé les dix dernières années assit sur une chaise, devant une fenêtre. Seul le paysage avait changé entre-temps. Aujourd'hui, cela faisait dix ans. Dix ans jour pour jour, anniversaire de leur séparation et début de son mal-être. Il n'y avait pas de quoi en être fier. Plus rien pendant trois mille six cent cinquante-deux jours et trois mille six cent cinquante-trois nuits. Ichigo, dix ans après avoir perdu celle qui était la plus importante a ses yeux, c'est qui ? Un mec de vingt-six ans aux sourcils perpétuellement froncé avec des cheveux hérissé et roux. Jusqu'ici, seul l'âge aura changé. Éternel célibataire qui attend inexorablement la visite de sa belle, même après dix ans. Jeune homme cloîtré dans un bel appartement en ville, cul sur une chaise devant une baie vitré avec une magnifique vue de la ville dans laquelle il aura grandi. Il n'a plus de repère si ce n'est qu'il sait qu'aujourd'hui c'est jeudi et qu'on sera le même jour dans sept jours et que c'est le jour ou Orihime lui rend visite vers quatorze heure au lieu de huit heure les autres jours. C'est son seul repère. La date exacte ? Il l'ignore. Quant à l'heure et le lieu, ils sont devenus poussières. Et pourtant, il sait qu'aujourd'hui est un jour spécial, et ce depuis dix ans. Avec le temps, Ichigo a oublié la raison de sa mélancolie ou du moins, son nom il y a peu. Son odeur l'a quitté au bout d'un mois, sa voix dans les six mois qui on suivit et son visage... Ça devait faire un an qu'il avait disparu à force que la rendre visuelle dans ses rêves. Maintenant dans ses rêves il y a lui et un corps. Sans tête. Cela fait dix ans qu'il se laissait mourir sur une foutue chaise devant un magnifique panorama de la ville, qu'il ne parlait pas et que les autres s'occupaient de lui. Enfin... Les autres, c'est un bien grand mot. Seule Orihime lui prête ses matinées et ses jeudis après-midi pour s'occuper de lui. Elle s'était promise de s'occuper de lui et de le protéger de tout danger potentiel jusqu'à sa mort. Depuis quelques années maintenant, elle le nourrissait, le rasait, lui donnait son bain... En bref, elle s'en occupait comme si s'était une poupée. Mais surtout. Elle passait son temps à lui parler. Elle savait qu'il l'écoutait et selon elle, il avait le plus besoin de savoir qu'il existait encore, qu'il n'était pas mort. « Kurosaki-kuuuun ! Je suis là. » S'exclama-t-on avec joie avant de refermer la porte. Une jolie rousse avec une poitrine sur-dimensionnée et des cheveux long coiffé sur le côté dans une natte entra dans la pièce principale après avoir retiré ses chaussures à l'entrer. En s'approchant de son amour de lycée, la jeune femme tomba sur un mot qui lui était destiné, elle le lit instantanément dans sa tête puis sourit. « Alors tes sœurs sont venues te voir ce matin ? » Dit-elle d'une voix douce alors qu'elle s'installa auprès du roux. « Je vois qu'elles se sont occupées de toi et que je n'ai rien à faire. Héhéhé.» Elle riait bêtement, comme à son habitude puis se mise à serrer ses vêtements dans ses mains en regardant ses jambes. Elle semblait avoir quelque chose d'important à lui dire. « Je suppose que tu as bien dormi, comme toujours. Moi, je... J'ai mal dormi, je pensais à un tas de choses, à un tas de recettes à faire. Je pensais te faire goutter une nouvelle recette ce soir, j'ai emmené tous les ingrédients que j'aurais besoin! Et puis... Ses poings se resserrèrent. Uryuu s'est absenté cette nuit, il avait un rendez-vous, je m'inquiétais. Et puis quand il est revenu ce matin, il m'a dit que Rukia était en ville. » Le nom de sa mélancolie. Le nom ne fit qu'un tour dans sa tête et raisonnait encore. Il cligna plusieurs fois des yeux. Il rêvait encore, non ? Ichigo tourna difficilement son visage – qui s'était, avec le temps pétrifier – vers la jolie rousse. « ... Pardon ? » Dit-il d'une voix roque. Son premier mot depuis longtemps. Orihime releva subitement la tête entendant la voix d'Ichigo. Elle était toujours aussi belle et jeune. À vrai dire, il ne l'avait pas beaucoup utilisé. « Rukia est en ville, elle t'attend à 14h15 au parc. Ce n'est pas très loin de chez toi. » C'est quoi ce bordel ? Pourquoi mon cœur c'est mis à battre fort tout d'un coup ? Pourquoi j'ai envie de courir soudainement ... ? Rukia... Je n'en peux plus. Ichigo se leva d'un coup de sa chaise. Un horrible mal de crâne le prit, sa vision se troubla, il s'était levé trop vite. Quand tout redevint normal, le roux se hâta vers la sortie de son appartement sans rien dire. Les seuls bruits que l'on entendait furent les interminables craquements au niveau de ses articulations. S'était un bruit terrifiant et Orihime avait peur qu'il ne tombe et qu'il se brise. Il était devenu tellement fragile. « Kurosaki-kun, tu veux que je t'accompagne ? » Demanda gentiment son amie qui l'avait rejoint dans l'entrée avant qu'il n'ouvre la porte. - Nan, je devrais pouvoir m'en sortir sans problème. Merci. Merci pour tout, Inoue. » Termina le jeune homme avant d'ouvrir la porte et s'éclipser. Il la referma derrière lui et se mit à dévaler les escaliers à vive allure. Son corps – qui s'était raidi avec le temps – criait intérieurement de baisser la cadence, n'ayant plus l'habitude d'aller aussi vite. Il ne supportait plus de courir. Et ce qui devait arriver, arriva. Ichigo tomba dans les escaliers et dévala une vingtaine de marches sur les fesses avant de se fracasser contre un mur et de finir recroqueviller sur lui-même. Ça fait mal putain ! Il jura qu'il se remettrait à faire du sport dans les jours qui suivaient pour récupéré ce qu'il avait perdu : sa puissance. Le jeune homme se releva et se pencha légèrement sur le côté. Heureusement, il ne lui restait plus beaucoup de marches. Il les descendit avec précaution cette fois-ci et passa la porte pour se retrouver dehors. Pouvoir de nouveau respirer l'air frais... Il ne savait même plus ce que s'était. Le voilà livré à lui-même dans la rue entrain de marcher le long du trottoir impatient d'arriver jusqu'au parc. Il prit conscience de l'heure quand il vit une horloge dans une boutique, elle affichait 14h10. Il ne lui restait plus beaucoup de temps. Alors Ichigo mit les bouchées doubles afin de retrouver sa belle. La rue s'arrêta là, devant un carrefour à six voies qui conduisaient toutes à un chemin différent. Il était perdu. C'est ce qui arrive quand on ne sort pas de chez soi pendant X temps. Alors il choisit la troisième voix, instinctivement. Il pouvait enfin courir sans avoir peur de se faire mal ou de tomber. Il pouvait enfin sentir les brises d'air frais caresser son visage. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas ressentit ça. Son cœur qui battait fort dans sa poitrine était en rythme avec ses pieds, qui se posaient rapidement sur le sol en alternant pied droit et pied gauche. S'était amusant à penser. Et puis son esprit fleurissait en pensant à Rukia. Plus il se rapprochait du parc plus ses pensées devenait intenses et le frappé émotionnellement. Qu'est-elle devenue ? Est-elle toujours aussi petite ? Ses cheveux sont-ils longs, courts ? Porte-t-elle toujours le même parfum ? Comment se sera-t-elle habillée ? Et puis il y avait des questions qui lui revenaient sans cesse dans la tête. Va-t-elle rester ? Ressent-elle le même sentiment pour moi que moi pour elle ? Plus il s'approchait, plus il souriait. Il avait vraiment besoin de la revoir, maintenant. J'arrive, Rukia. Sa course folle prit fin deux minutes après quand Ichigo arriva devant l'entrée du parc mentionné par Orihime avant qu'il ne parte. Il ne pouvait plus attendre, il n'en pouvait plus d'être seul, de l'attendre et de se laisser mourir. Il ne recommencerait pas deux fois si elle devait repartir. Dix ans sans la voir s'était un enfer, s'était pire que se faire toucher et tuer par un revolver, transpercer et tuer par un sabre ou de se faire manger et tuer par un hollow. S'était pire que tout. S'était ... S'était hier. S'était dix horribles années de sa vie. Ichigo reprit rapidement sa respiration puis entra sans trop tarder dans le parc cherchant la brune du regard. Et il la reconnut tout de suite. Elle était assise sur un banc, non-loin de l'entrée, frigorifiée. Elle l'attendait. « Rukia ! » L'appela-t-il en s'approchant du banc. Elle était comme il l'imaginait. Toujours aussi belle et chétive. Fine et élégante. À première vue, elle n'avait pas beaucoup grandit. Arriver à deux pas d'elle, la jeune femme tourna son visage et plongea son regard dans le sien. Ses grands yeux améthyste étaient remplis de joie en le voyant, elle esquissa un sourire sur ses lèvres et se leva. « Ichigo... » Murmura l'intéressée en s'avançant à son tour. Sans réfléchir, il la prit dans ses bras et la serra contre son torse. Sa tête lui arriver au menton, il pouvait ainsi sentir ses cheveux parfumés à la vanille au lieu de la fraise. Dieu savait qu'il aimait ça. En quelques secondes, tout ce qu'il avait perdu au fil du temps, des années lui étaient revenus. Quel soulagement. Rukia n'avait pas beaucoup changé avec le temps. Elle avait gardé son petit visage rond, un visage d'enfant. Ses yeux étaient toujours aussi grand et beau, ses lèvres étaient devenues pulpeuses et ses cheveux étaient maintenant courts mais elle avait toujours cette mèche rebelle entre ses yeux. En faite, selon lui, ce qui avait le plus changé chez elle s'était sa morphologie. C'est vrai que la petite brune n'avait prit en tout et pour tout que deux à trois centimètres depuis dix ans mais elle avait un peu plus de forme. Elle avait maintenant des hanches bien dessinées, une poitrine un peu plus importante (bien qu'elle ne fît pas encore le poids contre celle d'Inoue) et des petites fesses bien rebondies. À ses yeux, s'était toujours la plus belle. La brunette passa doucement ses petits bras dans le dos du roux qu'elle serra doucement contre elle. Il avait maigri. Elle s'en était aperçu à la seconde même qu'elle l'avait vu avec ses joues creusés. Elle avait aussi remarqué de la mélancolie dans son regard en le croisant, elle se demandait bien ce qu'il avait put faire durant toutes ses années pour s'être mit dans cet état. Elle s'inquiétait pour lui. Et ignorait qu'il l'attendait depuis dix ans. « Imbécile... Murmura-t-elle. Qu'est-ce que tu as fait ? » La petite brunette lui marcha sur le pied assez fort, comme dans le bon vieux temps. Ichigo grimaça et se retenu de crier son mécontentement. Elle répéta, plus fort. « Qu'est-ce que tu as fait ? Regarde-toi Ichigo... Tu es si maigre. J'ai peur de te briser si je te serre plus contre moi. Tes yeux ... Ils sont remplis de tristesse, de désespoir. Tu n'es plus celui que j'ai connu, cet adolescent plein de vie qui se prend la tête pour le moindre truc, puéril et innocent, ce garçon au regard explosif qui ne réfléchit pas une seule fois, joyeux et insouciant, cet homme arrogant qui m'a sauvé la vie, curieux et protecteur... Tu n'es plus l'homme parfait physiquement... Tu n'es plus toi. Ishida avait donc raison... Tu te laisses mourir... ? Dis-moi que ce n'est pas vrai Ichigo. Dis-moi que tu n'as pas fait ça ... » L'homme passa une main dans ses cheveux noirs pour éviter qu'elle ne le regarde. Il ne lui répondit pas, préférant ne rien dire. « Pourquoi ... POURQUOI T'AS FAIT CA ? - PARCE QUE JE T'AIME ! Répondit-il d'assaut en continuant le crescendo de la petite femme. Je t'aime Rukia et je t'attendais. Ça fait dix ans que je t'attends pour te dire que je t'aime et t'as même pas été fichu de revenir une seule fois, en dix ans. » Rukia se sépara doucement du grand roux. Les yeux dans les yeux, elle mordit ses lèvres roses et serra le pull d'Ichigo dans ses mains avant de baisser la tête. « Tout est de ma faute... Pardonne-moi. Pardonne-moi de ne pas avoir trouvé le courage de revenir. Je suis stupide... Je ne pensais pas que tu ferais ce genre de chose horrible. Je ne pouvais pas quitter la Soul Society comme ça et te rejoindre. Je n'y arrivais pas. Il m'aura fallu dix ans pour me décider à tout abandonner pour toi ! » Ichigo écarquilla les yeux. Elle avait tout abandonné pour lui ? Elle était prête à devenir humaine ? Et son frère, qu va-t-il dire quand il s'apercevra de son absence ? Stop. Ce n'était pas le moment pour lui de penser à ce genre de chose. Le jeune homme baissa la tête pour la regarder. Elle pleurait. De belles petites larmes roulaient sur ses belles joues blanches et s'écraser sur son pull. S'était la deuxième fois qu'il la vit pleurer. Il posa une nouvelle fois une main sur ses doux cheveux et les caressa. « Reste avec moi Rukia, ne part plus. Pas sans moi. - Je ne partirais plus, je le jure. - J'ai besoin de toi. Je ne peux pas continuer à vivre sans toi, je ne le supporterais pas ! Parce que je ne peux pas suivre l'allure de ce monde quand tu n'y es pas. - Je t'aime Ichigo, je veux rester près de toi, pour toujours. » 
Puis Ichigo prit son visage dans ses mains et l'embrassa avec passion. 
Et ce fut le début d'une belle histoire d'amour.
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cequilaimait · 7 years
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CDV 2 – 3. La torture
Horus endeuillée s’est réveillée avec des frissons. Alors qu’on la croyait éteinte depuis l’avènement du septième Aar’on, l’anti-humanité, par l’entremise de ses lâches soldats, a perpétré gabriedi soir un attentat d’une ampleur sans précédent sur notre bonne vieille planète, alors que s’y tenaient les enregistrements de l’émission « La Fédération a un incroyable Kili’an ». C’est bien la personne du dixième Aar’on qui était visée par cette ignoble tragédie ayant causé un mort par vieillissement accéléré et un nombre indéterminé d’autres victimes par digestion.
Pire, non heureux de gâcher la fête et d’empêcher notre leader brun d’enfin trouver son Kili’an, les terroristes ont osé kidnapper un otage d’une valeur inimaginable : Kémi, un des Nékos personnel de notre magnificence. La rançon demandée n’est rien d’autre que l’amour et la semence de l’Aar’on lui-même. Ce dernier, très malheureux, a tenu à répondre dans nos colonnes aux ravisseurs. Les mots choisis démontrent sa détermination à ne rien lâcher et à lutter jusqu’au bout pour la grandeur de notre Fédération : « Aki’to, t’es trop méchant ! C’est mon chaton ! Rends-moi mon chaton ! J’te jure, si tu fais du mal à mon chaton, je viendrais moi-même chez toi pour t’arracher les yeux et en faire de la pâtée pour chat ! MÉCHANT ! »
Si seulement les terroristes avaient réussi à nous débarrasser de ce minable qui nous gouverne, peut-être aurions-nous pu reprendre espoir. Mais là ? Déjà sous la menace du péril Ashtar qui se fait de plus en plus pressante aux alentours de Solphéra, jamais notre Fédération bien aimée n’avait connu de jours si troublés.
Extrait tiré de l’article « L’anti-humanité est de retour ! » paru dans « Le matin de Vojolakta », par notre reporter de guerre M.A.’thuz.
*****
Les appartements aaronesques étaient bien tristes, vides et gris. Seul sur son lit, un coussin plaqué sur ses yeux, un jeune adolescent brun d’une quinzaine d’années pleurait. Depuis son avènement, c’était bien la première fois qu’il avait aussi honte. À cause de sa faiblesse, on lui avait dérobé un de ses biens les plus précieux. Cet échec lui avait encore fait perdre une place dans le top 10 des meilleurs Aar’ons, diffusé tous les jours sur la chaîne V6. L’Isolateur venait de lui passer devant et il n’était plus que huitième au classement, juste devant le Belliqueux et le Déchu. Vu comment était embarqué son règne, entre son incapacité à trouver son Kili’an, la guerre et le retour de l’anti-humanité, il n’espérait plus qu’une seule chose pour éviter de rester dans les bas-fonds de la force brune : que certains de ses successeurs soient encore pires que lui. C’eut été encore sa meilleure chance, même si cette perspective n’augurait rien de bon pour les affaires de la Fédération. En attendant, il restait quand même le deuxième Aar’on à avoir perdu un des trois Néko légendaires affiliés à sa lignée. En effet, après la chute du sixième et la reddition de Susanoo, personne n’avait pu remettre la main sur le petit Ukas. Seuls Stin et Kémi avaient suivi le légendaire septième. Là, si le dixième ne retrouvait pas très vite son chaton, il était bon pour devenir la risée de sa lignée pour des siècles et des siècles. Enfin, si elle lui survivait. C’était ça le problème avec la disparition de Kémi : son pouvoir était particulièrement puissant, et nul ne savait ce qu’adviendrait de la galaxie toute entière si jamais il tombait entre de mauvaises mains. Rien que d’y penser faisait sombrer l’Aar’on dans une profonde dépression. Là, pour le coup, il avait complétement merdé. Il était tellement désespéré qu’il n’avait même pas entendu un homme fier pénétrer ses appartements et s’approcher de son lit, une arme à la main. Ce ne fut qu’au dernier moment que, voyant l’étranger brandir la lame au-dessus de son torse, il le reconnut et ouvrit les bras.
– Toi aussi mon fils ? Allez, vas-y Mathuz, achève-moi avec ton couteau ! Peut-être mon successeur aura-t-il plus de succès que moi.
– HEIN ? Mais ça va pas la tête ? – s’exclama le petit Khass-kouil. Je ne suis pas ton fils, je suis plus vieux que toi ! Et puis ça, ce n’est pas un couteau, c’est le bon à tirer du Matin de Vojolakta qui doit paraitre demain !
– Méchant ! – pleurnicha le brun. Même pour me liquider, tu ne veux pas m’aider ! Putain, si encore j’étais mort assassiné par un de mes plus proches collaborateurs dans mon lit, peut-être que cela aurait aidé à ma légende ! Mais là, voilà, je n’ai plus que mes yeux pour pleurer ! On m’a volé mon chaton, j’veux mouriiiiiiiiiir…
Particulièrement énervé, Mathuz grogna et s’assit sur la première chaise qui traînait-là. Depuis que, jeune enfant soldat, il avait combattu aux côtés du septième Aar’on, il avait roulé sa bosse dans les instances fédérales, jusqu’à décrocher le titre prestigieux de petit Khass-kouil. Certes, ce n’était pas exactement la carrière dont il avait rêvé – son objectif à lui, c’était plutôt devenir prof d’Histoire ou être nommé Précepteur –, mais niveau militaire, pour un Humain de son extraction, c’était déjà une franche réussite sociale. Mieux, chargé de la censure des médias, son poste lui permettait d’écrire et de toucher quelques pots de vins. Il n’avait pas à se plaindre. Enfin, il n’aurait pas eu à se plaindre si seulement le dixième Aar’on passait moins de temps à se lamenter et un peu plus à agir. Nerveusement, le haut gradé lui envoya son feuillet au visage.
–  Bon, il va chialer longtemps le Malheureux, ou il va se bouger le cul et relire mon papier avant publication ?
S’emparant des pages froissées, l’adolescent se moucha dedans et s’en servit pour s’essuyer les yeux. Enfin remis de ses émotions, il se mit à la lecture, comme l’exigeait sa fonction.
– Ah ouais, c’est pas mal, c’est intéressant, même, je n’avais pas vu les choses sous cet angle. Mais t’es sûr que me traiter de Minable, ça le fait ? J’veux dire, j’suis l’Aar’on quand même. Je sais bien que je suis un peu sensible et très soupe au lait, mais de là à m’injurier en première page, je ne sais pas si c’est vraiment une bonne idée. Tu vois, j’me disais qu’en usant un peu plus de propagande et un peu moins de contestation, je pourrais peut-être regagner une place au top 10 des meilleurs Aar’ons… Enfin, je ne dis pas ça pour te censurer, hein, la censure, ça, c’est ton boulot… Mais j’ai peur qu’après, ça donne une mauvaise image de mois, tu vois ? Parce que t’es quand-même mon petit Khass-kouill, t’es censé me soutenir dans mes décisions et tout et tout…
– Non, mais rassure-toi ! – tempéra le militaire. Aucun risque ! Je signe sous pseudonyme ! Attends, pas fou le Mathuz ! Écrire tout en étant mêlé au pouvoir, c’est encore un coup à se faire retirer sa carte de presse pour conflit d’intérêt. Hors de question que je prenne un tel risque pour ma carrière. Bref, il ne faut pas s’en faire, personne ne devinera jamais rien, j’ai déjà fait liquider tous les témoins.
– Mais nan, j’te parle pas d’ça ! – s’emporta le brun. M’en fiche de toi, j’pensais à moi, à mon règne, à ma légende, tout ça. Ça fait depuis que je suis l’Aar’on qu’on me traite de nul et que je me fais charrier en une tous les jours parce que je n’ai pas encore trouvé mon Kili’an ! Alors, je veux bien que ça soit la vérité, mais j’ai un peu l’impression que si tout le monde continue à se moquer de moi, ça va un peu saper mon autorité ! En plus, t’es complétement con d’avoir peur, c’est moi qui la délivre, la carte de presse !
– LI-BER-TÉ ! – se justifia Mathuz en détachant bien chaque syllabe. Si j’écris tout ça, c’est uniquement pour donner une illusion de liberé. Grace à mes articles, le peuple est content, il croit qu’il vit dans une galaxie libre, et toi, tu peux mettre en prison qui tu veux, car ça, moi, je n’en parle jamais ! Et pour cause, c’est moi qui garde les clés de la prison ! J’suis pas con non plus. Vu le peu de moyen que j’ai pour m’occuper des prisonniers, je n’ai pas envie de voir des associations débarquer et foutre le bordel ! Ensuite, il faudrait en parler dans la presse, et je me retrouverais bloqué.
Faisant légèrement la moue, l’adolescent finit par admettre à demi-mot qu’en effet, c’était bien pratique. Après tout, c’était grâce au Matin de Vojolakta et ses articles à côté de la plaque qu’il avait pu faire passer comme une lettre à la poste sa nouvelle taxe sur la banane. De tout son règne, c’était son plus grand coup de génie pour renflouer les caisses de la Fédération. Faisant d’abord croire à un nouvel impôt sur la banane ET le Nutella, il avait provoqué une opposition sans pareille dans la presse soi-disant libre. Certains édito du célèbre journaliste M.A’thuz étaient restés dans les annales, notamment son « Vous n’aurez pas le pot, le Nutella et le cul du Kili’an » ainsi que son « J’ACCUSE bonne réception de votre demande de renouvellement de votre abonnement à notre Journal. » Du coup, le dixième avait officiellement dû reculer et renoncer à la partie « Nutella » de la taxe. Cette victoire avait fait les gros titres de tous les journaux. Le peuple manifesta sa joie et personne ne moufta. Quelle erreur de jugement ! Tout le monde savait pourtant que l’ingrédient le plus souvent associé au Nutella était la banane ! De fait, jamais impôt n’avait autant rapporté d’argent ! Merci les médias, le Malheureux leur en devait bien une.
– Tu as raison, Mathuz ! – se réjouit finalement l’Aar’on, comme revigoré par ces douces pensées. Tu peux envoyer sous presse. Pour le reste, annule l’émission sur la recherche de mon Kili’an, ma priorité actuelle est de retrouver Kémi. Des informations quand à nos fugitifs ? Je les veux vivants pour leur faire payer leurs crimes de mes propres mains.
– Et bien, oui ! – annonça fièrement le petit Khass-kouil en se passant les doigts sur son menton barbu. Nos services secrets viennent de m’annoncer qu’on aurait retrouvé la trace de l’anti-humanité ! Ils se seraient réfugiés dans le système Soldane, un ensemble de planète sous domination Ashtar. Ils auraient pactisé avec les autochtones, les Atlans, pour avoir un petit endroit à eux.
– Comment les a-t-on repérés ? – questionna l’Aar’on, intrigué par une telle efficacité de la part de ses services secrets. Écoutes téléphoniques ? Vidéo de surveillance pré des Vorticos ? Témoignages de traîtres à leur cause ? Torture de prisonnier ? Filature ? Localisation GPS ? Espionnage des messages électronique ? Cas de paralysie soudaine à la vue du museau trop mignon de Kémi près de leur planque ?
– Euh, non… Service des abonnements. Les antihumains nous avaient donné l’adresse de leur petit domaine avec un plan pour aider nos postiers à trouver la boite aux lettres. Pas facile vu qu’elle est placée sur un astéroïde en orbite autour d’une lune. Mais sympa les mecs, hein, ils avaient tout bien expliqué. Du coup, comme c’étaient de bons clients, on a fait un geste commercial et on leur a envoyé un calendrier gratuit. C’est quand leur chef nous a demandé si on en avait un avec des chats dessus qu’on a compris… Bon, j’admets, leur adresse était aussi un bon indice : « Aki’to, quatrième du nom, base de l’anti-humanité, 23 rue de la mise à mort du sixième Aar’on, 99045 Bourg-le-Kili’an Astéroïde Ris en orbite autour de Clito, lune de Pozidono, Système Soldane ». À ce qu’il parait, un petit coin charmant. À l’occasion, il faudrait qu’on aille y faire du tourisme !
– Et comment ! – s’excita l’Aar’on en se redressant et en se recouvrant de sa longue cape noire ! J’ai comme une furieuse envie de conquérir le système Soldane. Mathuz, nous partons demain en expédition, et je la conduirai moi-même... Le sauvetage de Kémi est notre priorité absolue. Je veux toute l’armée sur le coup.
– Même nos troupes luttant actuellement aux côtés de nos alliés Kekchis ?  – demanda le soldat d’un air mi-intrigué, mi-effrayé. Si nous faisons cela, Solphéra sera condamné !
– Même elles – répondit le brun avec autorité et détermination. Même celles que j’ai envoyées dans le système Solzabul à la recherche de mon blond personnel, endroit où parait-il, d’après une missive que j’ai reçu hier, il se serait caché. Tant pis si cela fait de moi le pire et le plus malheureux de tous les Aar’ons de la création : je suis prêt à mourir pour récupérer Kémi.
Au même moment, à l’autre bout de Vojolakta, dans une petite commune répondant au doux nom de Bourg-le-Kili’an, un jeune Homme à la peau tirant vers le jaune chatouillait le ventre d’un petit chaton, les quatre fers en l’air. Le nom du bled, très commun dans la galaxie, était donnée de manière courante à toutes les localités où un Kili’an était passé et s’était fait bourrer. C’était le cinquième terme le plus récurant pour nommer des lieux après Aaronxandrie, Aarongraad, Aaroninople et Blondiville. Choisir ce nom était la couverture idéale pour y installer un palais de Cristal et une armée paramilitaire prête à en découdre pour la survie de l’espèce humaine. Aki’to avait naturellement emmené son prisonnier au dernier étage, près du fameux bain de souffre dont, parait-il, une partie de l’eau était originaire de Susanoo et possédait d’étranges propriétés.
– Guiliguiliguili… BOUH ! Eh, tu as vu Cé’cil ? Il écarte les pattes quand je fais ça ? C’est kromeugnon ! Guiliguiliguili !
La princesse de l’Humanité se serait bien amusée elle aussi de cette adorable réaction féline si un danger ne planait pas sur la tête de ses fidèles. Cela faisait plusieurs jours que l’attaque d’Horus avait eu lieu. Au début peu bavards, les journaux commençaient enfin à traiter l’information, mais la réponse de l’Aar’on était toujours en attente. Cé’cil redoutait le pire. Il fallait agir et vite. Frustrée, elle toisa méchamment son camarade.
– Quand tu auras fini de jouer avec cette bête, tu seras gentil de lui faire reprendre sa forme véritable et de le forcer à utiliser ses pouvoirs ! Si l’Aar’on refuse mes avances et cherche un affrontement armé, il sera notre seule chance et notre dernier espoir.
Frappant des poings sur son carrelage bleu azur, Aki’to hurla d’un seul coup.
– JE SAIS !
Son cri fut tellement grave et puissant qu’il suffit à tétaniser les soldats qui gardaient sa porte, à faire vibrer les murs et à terroriser le chaton qui s’enfuit de ses bras pour se cacher sous un meuble.
Cela faisait depuis son retour sur Ris qu’Aki’to essayait sans relâche de gagner la confiance de l’animal ou, à défaut, de le faire céder. Parfois doux, souvent sévère, il cherchait autant à l’attendrir qu’à l’effrayer pour le pousser à obéir. Leur tête à tête pouvait parfois durer des heures sans qu’un seul mot ne soit prononcé. Quand l’Humain s’approchait du chaton, ce dernier hérissait ses poils et ses plumes et crachait ses miaulements. Quand au contraire Aki’to gardait ses distances et rallait pour afficher son détachement, Kémi intrigué s’en approchait et lui montait dessus. Ainsi en était de ce drôle de jeu ou personne ne savait très bien ce que l’autre désirait vraiment.
Quand enfin Céc’il laissa son allié seul avec le Néko s’endormant d’épuisement, l’être ayant offert son âme au dessein rouge s’en approcha et le caressa délicatement en évitant de le réveiller. Cela dura toute la nuit. Le lendemain matin, il lui hurla à nouveau dessus, le menaçant de le pendre par les pattes arrière et de le tondre s’il ne révélait pas son réel pouvoir. Puis, lui appuyant sur la tête du petit animal comme il l’avait déjà si souvent fait ces derniers jours, il le plongea dans le bain de souffre jusqu’à l’étouffement, sans que la moindre transformation ne se produise. Au fil de ses tentatives tout ce qu’Akito récolta ne fut que bouderies, larmes, et adorables petits « Nya ~ » qui, toujours, le faisaient reculer quand il allait trop loin. Le pouvoir attendrissant du chaton était sa faiblesse.
Énervés et ne supportant plus que rien ne se passe, plusieurs antihumains en désaccord avec leur leader fomentèrent un coup d’état afin de prendre le pouvoir. Attaquant à l’aurore suivante alors que leur maître dormait encore, ils s’en prirent au Néko et le torturèrent de la pire des manières en le rouant de coups et en lui crachant dessus pour le faire céder. S’en rendant compte, Aki’to brisa les chaînes qu’on avait passées au frêle prisonnier et s’en servit pour détruire les crânes des félons. Son corps tout entier se teinta du rouge de leur sang. Se passant ses doigts écarlates sur les lèvres, il s’en délecta en fixant dans les yeux l’animal au pelage abimé. Une fois de plus, Kémi trembla. Pourtant, poussé par un irrationnel sentiment de reconnaissance, il ne put s’empêcher de rejoindre à pas feutrés celui qui l’avait fait prisonnier avant de s’endormir sur ses genoux. Là, Aki’to fit tout pour empêcher sa rage de se déverser hors de ses paupières. Il était au bord du chaos.
– Pourquoi tu ne veux pas me confier ton pouvoir ? Pour le bien de l’Humanité ! Je t’en supplie, Kémi, reprends ta véritable forme, celle que tu caches sous ce duvet et ces plumes… Je sais ce que tu es, je sais ce que tu peux faire. Je te jure de ne te faire aucun mal…
En guise de réponse, le petit Néko bailla, tourna la tête, leva le museau de manière provocante et ne miaula qu’une seule fois.
– Nya ~
Cela voulait dire non, une fois de plus, une fois encore. Aki’to craqua. Des larmes de peines se mélangèrent à celles de sang qui recouvraient son visage. Puis, découvrant sur une table que le dernier numéro du Matin de Vojolakta venait de lui être livré, il en observa la une. Elle contenait la réponse de l’Aar’on, froide et impitoyable, qu’on pouvait résumer en un seul mot : « J’arrive. »
Parcouru d’un sentiment de rage et de colère, le maître de l’anti-humanité jeta violemment ce torchon sur le sol. Ce fut la dernière chose qu’il eut le temps de faire avant l’explosion. Cette dernière détruisit sa porte et une moitié des bains. Son souffle le projeta d’un seul coup contre un mur et l’empêcha de réaliser son dernier dessein : serrer contre lui les douces plumes de Kémi et lui embrasser le cou. À moitié K.O et le corps troué dégoulinant d’hémoglobine, il ne put qu’observer la masse brune toute vêtue de noire se dresser devant lui et le foudroyer de ses yeux d’aigle. Elle hurla.
– RENDS-MOI MON CHATON !
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