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#Langage formel
coursdefrancais · 5 months
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Quelques considérations sur le rôle des experts dans nos "démocraties"…
«Tous les experts sont médiatiques-étatiques, et ne sont reconnus experts que par là.
Tout expert sert son maître, car chacune des anciennes possibilités d’indépendance a été à peu près réduite à rien par les conditions d’organisation de la société présente.
L’expert qui sert le mieux, c’est, bien sûr, l’expert qui ment.
Ceux qui ont besoin de l’expert, ce sont, pour des motifs différents, le falsificateur et l’ignorant.
Là où l’individu n’y reconnaît plus rien par lui-même, il sera formellement rassuré par l’expert.
Il était auparavant normal qu’il y ait des experts de l’art des Étrusques ; et ils étaient toujours compétents, car l’art étrusque n’est pas sur le marché.
Mais, par exemple, une époque qui trouve rentable de falsifier chimiquement nombre de vins célèbres, ne pourra les vendre que si elle a formé des experts en vins qui entraîneront les caves à aimer leurs nouveaux parfums, plus reconnaissables. (…).
On sait, par exemple, combien l’expert en météorologie médiatique, qui annonce les températures ou les pluies prévues pour les quarante-huit heures à venir, est tenu à beaucoup de réserves par l’obligation de maintenir des équilibres économiques, touristiques et régionaux, quand tant de gens circulent si souvent sur tant de routes, entre des lieux également désolés ; de sorte qu’il aura plutôt à réussir comme amuseur.» (Guy Debord)
Quand l'anthropologue demande s'il y a des cannibales dans la région, l'indigène répond non, et quand l'anthropologue lui demande comment il peut en être sûr, l'autre sourit en lui disant qu'il a mangé le dernier.
Chaque notion, pour se réaliser, doit se fonder sur le principe antagoniste qui s'en trouve par là même refoulé, le sujet de l'énonciation n'a de cesse de vouloir disparaître derrière son énoncé, comme un agent contrariant ou un témoin gênant qu'il convient d'escamoter, à l'instar du "proton pseudos", le mensonge originel constitutif de l'ordre même du langage, et de toute "réalité" déjà constituée.
Dans l'idée de démocratie, ce qui est refoulé, c'est l'obscénité inhérente au pouvoir politique, et c'est ainsi qu'il faudrait entendre que la démocratie est un système "à venir", non encore atteint, non encore réalisé, et seul le souci constant d'un "toujours plus de démocratie" va dans le sens de la démocratie, en opposition radicale au pouvoir des politiciens "professionnels", au culte médiatique des "personnalités", bref des "experts".
À propos des ex-pères, remarquons avec Lacan que: «le propre des objets de l’expérience, c’est précisément de laisser de quelque côté - comme dirait Monsieur de La Palice - tout ce qui dans l’objet y échappe. C’est pour cela que, contrairement à ce qu’on croit, «l’expérience», la prétendue expérience est à double tranchant. C’est à savoir que quand vous vous fixez sur l’expérience pour résoudre une situation historique par exemple, les chances sont tout aussi grandes d’erreur et de faute grave que du contraire, pour la très simple raison que par définition, si vous vous fixez sur l’expérience, c’est justement par là que vous méconnaissez l’élément nouveau qu’il y a dans la situation»…
Hippocrate l’avait déjà énoncé: «La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile».
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kistels · 5 months
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signes d'un langage corporel soumis pour les maris obéissants
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Bonjour, lecteurs audacieux !
Dans notre danse sociale fascinante, le langage corporel est le langage tacite que nous comprenons tous. Le langage corporel peut être un outil puissant pour communiquer la servilité, le respect et la révérence. Un mari peut utiliser son langage corporel pour démontrer physiquement à sa femme le respect qu’il lui porte.
Voici quelques exemples de langage corporel servile et soumis qu’il peut pratiquer :
1. Posture ouverte : Une posture ouverte – avec les bras et les jambes non croisés – signale une attention et une volonté d’écouter et de comprendre. Cela transmet un sentiment d’humilité et une ouverture à recevoir des conseils et une vulnérabilité.
2. Hochements de tête : Un homme qui hoche la tête lorsque sa femme parle peut être un puissant indicateur d'accord et d'affirmation. Cela signifie qu'il reconnaît et respecte ses opinions.
3. Contact visuel : Un contact visuel constant et respectueux signifie attention et respect. Cela indique qu'il apprécie ce qu'elle dit et fait, plaçant ses opinions et ses désirs au premier plan.
4. Éviter le contact visuel direct : Garder un contact visuel réduit, surtout lorsqu'on lui parle, peut signifier de la déférence. Cependant, il est important de trouver un équilibre afin que cela ne donne pas l'impression d'être évasif ou sournois.
5. Distanciation respectueuse : Même en couple, le respect de l'espace personnel est crucial. Cela envoie un message clair de respect de son autonomie et de ses limites personnelles.
6. Se tenir derrière ou sur le côté : Plutôt que de se tenir directement à côté d'elle ou devant elle, un homme peut se tenir légèrement derrière ou à ses côtés, lui permettant de diriger ou de prendre la priorité. C'est la technique des majordomes : 12 choses que les hommes soumis peuvent apprendre des majordomes. 
7. Marcher un pas en arrière : Lorsque vous marchez ensemble, prendre position un pas derrière elle peut être un geste symbolique de sa montrer la voie.
8. Gestes paumes vers le haut : les gestes de la main avec les paumes vers le haut suggèrent l'ouverture et la soumission, indiquant une volonté de suivre son exemple et de servir.
9. Miroir : refléter subtilement son langage corporel peut signaler un sentiment de compréhension et d'empathie. Cela montre qu'il est à l'écoute de ses sentiments et de ses besoins.
10. S'agenouiller : Il s'agit d'un geste fort de soumission, souvent utilisé dans des rituels FLR plus formels ou des moments de profonde révérence.
11. Abaissement physique : qu'il s'agisse d'abaisser le corps lorsqu'elle est assise ou de s'assurer qu'il est sur un plan inférieur (comme s'asseoir par terre alors qu'elle est sur un canapé), cela peut être un signe non verbal de son statut élevé.
12. Embrasser sa main ou ses pieds : Selon le niveau de confort et la dynamique de la relation, ce geste peut être un signe de profond respect et d'adoration.
13. Attendre la permission : Avant de s'asseoir, de manger ou d'effectuer certaines actions, faire une pause et attendre un signe de tête ou un signal verbal de sa part peut montrer le respect de son autorité.
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langage corporel soumis
Il est essentiel de comprendre que ces actions doivent être consensuelles et confortables pour les deux parties impliquées. Ils doivent améliorer la dynamique relationnelle et ne pas être forcés ou se sentir contre nature. Il est également bénéfique pour les couples de discuter de la signification et des implications de ces gestes, en s'assurant qu'ils correspondent à leur vision commune de la relation.
Voir aussi : Langage soumis pour maris obéissants 
Jusqu'à la prochaine fois, restez audacieux, restez autonome et rappelez-vous : lorsque les hommes expriment leur soumission par le langage corporel, ils ne se contentent pas d'exprimer du respect ; ils défendent un monde où les femmes dirigent et que les hommes soutiennent fièrement.
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fashionbooksmilano · 1 year
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Art Nouveau
Keiichi Tahara
Philippe Thiébaut, Bruno Girveau
Editions Assouline, Paris 2000,  399 pages, 15 x 21 x 4, ISBN  978-2843231933
euro 50,00
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Au cours du dernier tiers du XIXe siècle, l'Europe connut un profond renouvellement du paysage urbain de ses capitales et du cadre de vie de ses habitants. Architectes et décorateurs étaient animés du désir de faire table rase des formules pastichant les styles historiques et de créer un environnement qui satisfasse les exigences de la vie contemporaine et les besoins de " l'homme moderne ". De cette quête de formes fonctionnelles et inédites est né l'Art nouveau. Bien que son existence ait été de brève durée (1895-1910) et bon nombre de ses créations volontairement détruites, il demeure encore des témoignages à travers l'Europe de son étonnante vitalité, de sa poursuite d'un idéal organique, qu'il s'agisse de recherches individuelles (Horta, Guimard, Gaudi) ou collectives (Ecole de Glasgow, Wiener Werkstätte). Cet ouvrage les présente, saisis par l'objectif de Keiichi Tahara, dans la diversité de leur langage plastique et formel, combinant de manière unique rationalisme et onirisme.
14/05/23
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quebecaboo · 2 years
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Caractéristiques phonologiques de l'accent québécois
J'ai toujours aimé le français québécois. J’avais 12 ou 13 ans quand j’ai appris (brièvement) de la province à l’école et je me souviens d’avoir pensé “pourquoi on n’entend pas parlé souvent de cette communauté francophone sur notre propre continent quand il s’agit de la langue française ? C’est bien plus proche que la France.” Au cours de mon voyage d’apprentissage de français, cette pensée m’est restée et s’est manifestée éventuellement par un accent québécois.
Mais Aurélia, comment est-ce qu’un nerd de langues avec des moyens financiers minimaux peut développer un accent québécois sans jamais avoir voyagé au Québec ? C’est une bonne question. Voici comment je l’ai fait.
Avertissement: je ne suis pas linguiste et je n’ai pas non plus de formation universitaire en linguistique (ou pantoute, mdr)
Je devrais clarifier que ce post va se concentrer sur les différences de prononciation et moins de vocabulaire, puisque j’utilise encore des termes plus “européens” ça et là. Mon objectif est de garder mon français aussi québécois que possible, alors si tu es québécois et tu remarques que j’écris un mot que les québécois n’utilisent pas, laisse-moi un commentaire, s’il te plaît.
Il faut aussi mentionner qu’il y a plusieurs accents québécois et j’admets que je ne suis pas pleinement éduquée sur toutes leurs nuances. Celui que j’utilise et que je décris ci-dessous et une prononciation basée sur l’accent de l’ouest du Québec, plus ou moins près de la région de Montréal. Bref, c’est ce que j’entends sur Radio-Canada. Si tu es québécois et tu remarques des particularités que je décris qui s’utilisent dans une autre région, laisse-moi un commentaire. :) [Note: le langage qu’on utilise sur Radio-Canada est très formel et standardisé et n’est pas une vrai représentation du langage courant au Canada.]
Vous devez savoir aussi qu'il y a des communautés francophones et des différents accents partout au Canada, non seulement au Québec.
Oh et aux francophones de souche en général, ça fait plusieurs années que je n’écris pas en français, donc n’hesitez pas à corriger mes erreurs. Ça m’aide à apprendre !
D’accord, assez parlé de mes insécurités. 
Utilisant l’article de Wikipédia Français québécois et Radio-Canada comme référence, j’ai étudié la prononciation. J’ai commencé avec les consonnes, qui sont plus faciles que les voyelles. 
Les consonnes
Avant les voyelles i (y compris les autres orthographies du même son comme y) et u, les consonnes d et t deviennent dz et ts. Par exemple: 
du > “dzu”
diplôme > “dziplôme”
situation > “sitsuation”
satisfait - “satsisfait”, etc. [Note: ça se prononce “etchétérâ” au Québec.]
Les groupes de consonnes finales se réduisent. Exemples:
possible > possib’
capable > capab’
vinaigre > vinaig’
correcte > correc’
pauvre > pauv’
arbre > arb’
ministre > minist’
etc.
Certaines combinaisons de voyelle + R peuvent devenir voyelles rhotiques dans un discours rapide, très similaire que le son R en anglais à mes oreilles. Je n’ai pas réussi à retrouver des informations sur ce phénomène, mais je suis certaine que je l’entends, alors voici ma meilleure tentative de transcription d’API. Exemples: 
père [pɑ˞]
frère [fʁɑ˞]
mesure [mezʏ˞]
cœur [kɚ] 
voir [vwɑ˞]
Des gens aussi prononcent les mêmes combinaisons ainsi dans un discours plus lent et plus énoncé:
père [pæɪ̯ʁ]
frère [fʁæɪ̯ʁ]
mesure [mezʏʁ]
cœur [kaœ̯ʁ]
voir [vwɛʁ] ou [vwɑʁ]
Historiquement, on utilisait le R roulé [r] dans l’ouest du Québec et le R grasseyé [ʀ] dans l’est, mais aujourd’hui le R grasseyé est dominant partout au Québec et cette distinction est considérée comme dépassée.
Les voyelles
En français québécois, on distingue entre les voyelles brèves et longues.
a: Version longue est dipthonguée et se réalise en syllable finale fermée et/ou avec circonflexe. 
Exemple: patte [pat] vs. pâte [pɑːt] ou [pɑʊ̯t], gagner [gɑɲe]
e/ai: Version longue est dipthonguée se réalise en syllable finale fermée et/ou avec circonflexe. 
Exemple: mettre [mɛt] vs. maître [mɛːt] ou [maɪ̯t], fête [fɛːt] ou [faɪ̯t]
i: Relâchée comme [ɪ] en syllable fermée et [i] partout ailleurs.
Exemples: six [sɪs], machine [maʃɪn], parti [paʁtsi], jeudi [ʒœ˞dzi]
o: Version longue est dipthonguée et se réalise en syllable finale fermée et/ou avec circonflexe. 
Exemple: botte [bɔt] vs. autre [ou̯t], fantôme [fæ̃tou̯m]
eu/œu: Dipthonguée en syllable finale fermée. Rhotacisée en syllable finale ouverte.  
Exemple: neutre [nøy̯t], feutre [føyt]; feu [fœ˞], deux [dœ˞]
u: Relâchée comme [ʏ] en syllable fermée et [y] partout ailleurs.
Exemples: une [ʏn], habitude [abɪtsʏd], perdu [pæɪ̯ʁdzy]
ou: Relâchée comme [ʊ] en syllable fermée et [u] partout ailleurs.
Exemples: poule [pʊl] vs. vous [vu]
voyelles nasales: 
an/en [æ̃] Ex: divan [dzivæ̃], lentement [læ̃tmæ̃]
in [ẽĩ̯] Ex: matin [matẽĩ̯]
on [õũ̯] Ex: cochon [kɔʃõũ̯]
un [œ̃˞] Ex: brun [bʁœ̃˞]
oi > oé (oir > ouère): moi (parfois écrit moé) [mwe], noir [nwɛʁ] ou [nwɑʁ]
Bien sûr, le français québécois est bien plus qu'un changement de prononciation. Il existe de nombreuses différences de vocabulaire par rapport aux variétés européennes, surtout dans l'argot et le discours informel. Sa caractéristique la plus connue est probablement l'usage des sacrés (ou jurons) avec une connotation religieuse. Par exemple: tabarnac, osti, criss, câlice, etc.
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princessesaphi · 1 year
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Hmm... 🦋, 💝 et/ou 🤍 ? :]
🦋what are you most insecure about when you post a fic? [Au sujet de quoi est-tu le plus insécure quand tu poste une fic ?]
Le respect du personnage original. Je sais pas si c'est parce que j'ai évolué, parce que je suis plus confrontée aux interprétations des autres ou juste parce que forcément mes premières POV sont de plus en plus lointaines mais j'ai vraiment l'impression d'être de moins en moins juste avec la manière dont j'écris la voix des personnages. C'est d'autant plus frustrant que j'ai vraiment l'impression de les oublier dès que je fini une POV. C'est très frustrant. (Et aussi j'ai toujours un peu peur que les TW dissuadent tout le monde de lire, c'est toujours vachement plus cru quand c'est écrit comme ça en début de fic dans un langage un peu formel.)
🤍what’s one fic of yours you think people didn’t “get”? [Cite une de tes fics dont tu penses que les lecteurs ne l'ont pas "comprise".]
Alors j'ai des souvenirs lointains de mes premières expériences d'écriture de fic, du temps ou j'écrivais sur les légendaires (S'il te plais, ne cherche pas cette fic/gen) et ou du coup j'avais un lectorat d'ados et d'enfants et où j'avais tué un de mes perso et si c'était super logique dans le scénario et dans ma tête, les gens ont vraiment pas eu l'air de comprendre en quoi c'était vraiment un passage obligé de l'aventure...
Plus récemment, je me souviens surtout d'avoir vu passer le mot "délétère" pour parler de CFFA, il me semble. Et ça m'avait un peu laissée sur le cul parce que le mot est vraiment très fort (et que je penses vraiment pas que ça soit l'ambiance de cette fic).
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De Emma à Bruce, extraits du journal de Tatiana
Cher Bruce,
Ah, quel plaisir de retrouver la ruine humide et sombre qu’est le Maudit Blackthorn Hall. Tu sais, la malédiction va presque me manquer quand elle ne sera plus là. Je rigole ! Cirenworth est la preuve qu’on peut avoir un vieux manoir dont l’histoire s’étend sur plusieurs centaines d’années ET qu’il peut être chaleureux et accueillant et agréable.
Nous sommes rentrés hier soir, et puis ce matin Hypatia est venue nous apporter la traduction de quelques autres pages du journal de Tatiana. (Ne t’inquiète pas, Bruce : tu es mon Seul et Unique Journal. Le journal de Tatiana ne signifie rien pour moi, je te le jure, rien !). Elle était fidèle à ses habitudes excentriques, évidemment ; les traductions sont toutes écrites sur ces grands parchemins qui ressemblent à des accessoires de cinéma, mais non, c’est juste qu’Hypatia aime utiliser des papiers de vélin anciens et jaunissants pour son travail quotidien au vingt-et-unième siècle. Les sorciers ! Elle m’a parlé du traitement des pages, de langage démonique, et ainsi de suite. Et elle portait une robe bordeaux de style années quarante avec un chapeau assorti et Bruce, le bord de ce chapeau était si large que je croyais qu’elle allait s’envoler avec le vent. (Oh, j’aurais dû préciser que nous étions dehors. Julian était sur le toit avec les bâtisseurs, ce qui ne me plaît pas trop, alors je les observais depuis le portail pendant que j’essayais de tailler les ronces, qui poussent ici dix fois plus vite que quoi que ce soit en Californie bien que le temps soit beaucoup plus mauvais. Je l’ai fait remarquer à l’un des elfes et il m’a dévisagée en disant « Ronces. Noires. »1 Et puis il s’est éloigné comme s’il avait fait la plus pertinente des remarques. « Mais c’était Lightwood House avant ça ! » lui ai-je crié, mais il m’a ignorée. Ce qui était pour le mieux, honnêtement.)
Je suis quasiment sûre que les ronces avaient poussé de quelques centimètres pendant que nous parlions, mais elles allaient devoir attendre. J’ai demandé à Julian de descendre du toit et nous sommes rentrés pour lire.
Il semble qu’Hypatia a commencé à réfléchir à ce qu’elle traduit : au lieu de traiter chaque page, cette fois elle avait assemblé des extraits de plusieurs pages (elle les a tous datés). Ce qui est un peu dommage parce que j’aimais bien lire ce que Tatiana avait à dire sur ses vêtements ou ses frères ou d’autres choses entre tous les… tu vois… passages démoniaques. Mais je dois avouer que ces passages démoniaques sont ce qui nous intéresse ici. Comme dit la veille devise des Chasseurs d’Ombres : « Chasseurs d’Ombres : ces passages démoniaques sont ce qui nous intéresse ici. » Mais sûrement en latin.
Voilà pour toi Bruce la traduction de quelques paragraphes dignes d’intérêt. Je n’ajoute pas les dates, mais ils s’étalent sur plusieurs années. Le premier date de 1878 puis la majorité date des années 1880, mais ensuite il y a une ellipse et le dernier date de 1903. (À un moment avant ça, elle semble avoir trouvé une sorte de « parrain », mais elle ne dit pas de qui il s’agit. Ni pourquoi qui que ce soit voudrait parrainer une personne si détestable…)
Père est mort et Rupert est mort. Il m’est impossible de parler de ce qu’il s’est passé ; quand j’essaye, les mots ne sortent pas. L’Enclave de Londres est responsable, nombre de ses membres étaient présents lors de leur mort. Non seulement ils ne sauvèrent aucun des deux hommes que j’aime le plus, ils précipitèrent sans aucun doute ce désastre. Je ferai mon possible, au moins, pour déposer une plainte formelle auprès de l’Enclave, mais j’ai très peu d’espoir d’obtenir justice, bien sûr. La corruption gangrène les Nephilim de Londres jusqu’aux racines.
Je ne puis croire que j’aie été laissée toute seule. Ma mère, partie. Mes frères, partis. Les murs de Lightwood House sont mes seuls compagnons, leur silence, un horrible rappel de tout ce que j’ai perdu, en si peu de temps. Aujourd’hui j’ai déambulé de pièce en pièce, et dans toutes celles où je trouvais un miroir, je le brisais. Le verre, je le laissais là où il était tombé, un rappel que tout ce qui était bon et jovial a été détruit.
J’ai la bague de Rupert. C’est tout ce qu’il reste de lui. Je sais que j’avais dû être heureuse, lorsque je me tins à ses côtés pour réciter les vœux de mariage. Je ne puis déterrer le souvenir de ce sentiment. Il y a du sang sur la bague. Son sang. Je la laverai jamais.
Pour honorer la mémoire de mon père, j’ai commencé à parcourir les livres de sa bibliothèque. Pas la bibliothèque que l’Enclave connaît, évidemment, celle qu’ils saccagèrent suite à l’incident impliquant sa mort, mais l’autre, le sanctuaire de Père, que l’enchantement dissimule. Je souhaite apprendre ce qu’il savait. Rechercher le pouvoir qui m’aidera, moi à qui rien n’a été laissé. Je n’ai trouvé qu’une seule chose qui fait battre mon cœur dans ma poitrine : à cause de sa fin violente, loin de chez lui, il n’est pas improbable que l’esprit de mon Rupert soit peut-être toujours présent dans la maison. S’il est ici, je le trouverai. Je le verrai, et je saurai que notre amour est plus puissant que la mort.
J’ai cherché et cherché, jeté sort après sort. Je n’ai pas vu le moindre fantôme, pas celui de Rupert, pas celui de Père. Pas même celui d’un membre de la famille Lightwood mort depuis longtemps qui aurait pu hanter la maison auparavant. Est-ce l’enchantement de mon père qui interdit aux morts d’accéder à cette maison ? Ou bien ne fait-il que m’empêcher de les trouver ? Mais je suis la maîtresse de cet enchantement maintenant, puisque je suis l’héritière légitime de la maison. (Si G et G essayent de me la prendre, ils découvriront qu’il n’y a pas qu’un enchantement qui se mettra en travers de leur chemin.)
La protection de Père s’affaiblit. Je le ressens, alors que je reste ici dans la maison et qu’elle commence à faire partie de moi, tout comme je commence à faire partie d’elle. Un jour, mon fils héritera de la maison – le dernier cadeau que Rupert m’ait offert – et je ne laisserai pas Blackthorn Hall devenir dangereux pour moi-même et ma famille. J’ai lu un nombre considérable de livres au sujet de l’enchantement et je tiens pour responsable l’urne qui contient les cendres de Mère, qui tomba de son emplacement dans le tombeau des Lightwood à la campagne et s’ébrécha terriblement. Elle ne se brisa pas, mais depuis je sens davantage que les regards du monde entier sont tournés vers moi. Je pense cependant que les objets eux-mêmes peuvent être remplacés, tant que la magie est renouvelée ; et donc, l’enchantement ne réside plus dans l’urne maintenant, mais dans la broche de deuil de Père, qui contient une mèche de cheveux de Mère, et je l’ai déposée à la place de l’urne. Le sort a été rebâti et renouvelé. Père serait fier de moi. Il eut raison de faire de moi l’héritière de tous ses travaux.
Rupert est ici, je le sais, bien que je ne puisse ni le voir ni l’entendre. À quel autre endroit, en vérité, pourrait-il se trouver sinon proche de moi, là où était sa place, là où il devait demeurer avant que sa vie ne soit tant écourtée par les complots de l’Enclave. Parfois dans la nuit, j’ai presque l’impression de le voir, comme s’il se cachait juste derrière un léger rideau qui sépare le monde des vivants de celui des morts. Et maintenant je me suis assurée qu’il restera avec moi.
Je me rendis compte que les éléments composant l’enchantement qui protège la maison sont des objets qui étaient importants pour Père, lorsqu’il était maître de ce domaine. Mais maintenant c’est moi qui suis la maîtresse de ce domaine, et après avoir étudié avec plus d’attention les recherches de Père, il était facile de placer sa bague dans un lieu de pouvoir. Elle fera partie du sort dorénavant, pour protéger la maison tel que Rupert m’aurait protégée.
Tu vois, Bruce, la façon dont les derniers paragraphes semblent… différents ?
La vengeance. La justice. Elle sont proches.
Mais le pouvoir de la maison s’affaiblit. Au pire moment.
Je fis appel à mon parrain. Il me dit que la magie était ma propre création et que moi seule pouvais la réparer. Mais – comme il est plus perspicace que n’importe qui – il vit que je l’avais réparée auparavant. Il me demanda quels objets maintenaient l’enchantement et je les citai : la broche, la peau de serpent, et ainsi de suite.
Alors que je parlais, il lui suffit de me lancer un regard entendu pour que je le comprenne. Les objets provenaient de l’époque de mon père, et même si son souvenir et son honneur ne s’effaceront jamais de ma mémoire, plus de vingt ans se sont écoulés.
Je compris mon parrain en un instant : il était temps pour moi de m’approprier les points de convergence de l’enchantement. Pas seulement avec la bague de Rupert, mais avec de nouveaux objets.
Que pourrais-je utiliser ? J’ai été seule si longtemps. J’ai perdu un enfant et aucune aide ne m’a été offerte. Il ne me reste qu’une seule chose : ma vengeance. Et je vais donc m’emparer des objets de mes ennemis. Je les leur prendrai sous leur nez, dans leur maison. Leur chagrin, et la satisfaction que j’y trouverai, sera la force qui protégera Blackthorn Hall… le protégera d’eux ! C’est le genre de ruses pour lesquelles mon parrain est connu, et celles qu’il affectionne le plus.
Et une fois que mes protections seront restaurées au maximum de leur force, ils paieront enfin pour leurs péchés. Ils paieront de leur sang.
Brrr. J’en tremble rien qu’à le lire. Je suppose qu’elle ne les a pas vraiment fait payer de leur sang, sinon Tessa et Jem en auraient parlé. (Je suis quasiment sûre qu’ils auraient fait partie des personnes à payer de leur sang.) Bon, résumons, Bruce : le fantôme est Rupert Blackthorn, le mari de Tatiana. Sa mort a été en quelque sorte tragique et elle a tenu pour responsables les familles dont Tessa et Jem ont parlé… les Herondale, les Carstairs, les Lightwood… Alors elle a volé leur affaires.
Donc je crois que nous savons ce que nous devons faire ensuite.
1 : Traduction littérale de « black thorn »
Texte original de Cassandra Clare ©
Traduction d’Eurydice Bluenight ©
Le texte original est à lire ici : https://secretsofblackthornhall.tumblr.com/post/680617253190991872/emma-to-bruce-partly-tatianas-diary
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havaforever · 1 year
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GHOST DOG - La voie du Samouraï
Grand plaisir de revoir ce film spécial projeté au cinéma de façon exceptionnelle. 
Dans "Ghost Dog", Forest Whitaker est un tueur solitaire, qui vit selon le code du samouraï. En s'appropriant les clichés du polar, Jim Jarmusch parvient à allier drôlerie et violence, le tout dans une abstraction jamais close sur elle-même, mais au contraire intrigante et séduisante. 
Avec des scènes formellement magnifiques qui virent parfois au génie et un acteur principal au sommet de son art, le film se révèle unique en son genre. Jarmusch se permet aussi des réflexions sur le langage et la fidélité, assez étranges et peu cernables au premier abord, mais finalement très émouvantes même si elles tournent parfois au cliché.
Au final, le film est assez prenant, déroutant et somptueusement mélancolique.
NOTE 13/20 -  Un film original, parfois surfait tant il est froid et silencieux, je ne dirais pas qu’il est indispensable, mais d'une belle force et regorgeant de références. Forest Whitaker campe à merveille cette force tranquille.
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philoenphilosophie · 2 years
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La logique et la philosophie des sciences
C’est Quoi La Logique et La Philosophie des Sciences?
La logique et la philosophie de la science examinent les questions fondamentales dans le raisonnement formel et informel, la nature du raisonnement scientifique, et d’autres questions relatives à la méthode scientifique, la connaissance scientifique, la montée de la science moderne, la nature des entités scientifiques et des concepts métaphysiques qui sous-tendent la science.
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Les Philosophes Renommer Dans La Logique Et La Philosophies des Sciences
Bertrand Russell développe sa théorie qui s’appelle l'atomisme logique, dans laquelle on dit que le monde est constitué d'un complexe d'atomes logiques et de leurs propriétés et relations.
Rudolf Carnap est un philosophe qui a développé une théorie que les modalités n'exigent  pas un nouveau cadre conceptuel; une logique sémantique du langage peut expliquer les concepts modaux. 
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consulter ce lien pour voir l’opinion de Vicky sur la logique et la philosophie des sciences ! Billet de blogue - La Logique Et La Philosophies des Sciences
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savoir-entreprendre · 25 days
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Les techniques de facilitation sont des outils très utiles pour aider à mieux gérer les groupes et améliorer les interactions entre les membres d’une équipe. Elles permettent de faciliter le travail collaboratif, d’encourager la créativité et de favoriser l’expression des idées. Si vous souhaitez améliorer vos compétences en matière de facilitation, voici quelques techniques que vous pouvez utiliser : L’écoute active : pour faciliter les échanges, il est important d’être attentif à ce que disent les membres du groupe. Écouter activement permet de comprendre les besoins et les attentes de chacun, de montrer de l’empathie et d’encourager la communication. Le brainstorming : cette technique est très utile pour générer des idées en groupe. Elle consiste à encourager la créativité en laissant les membres du groupe s’exprimer librement et sans jugement. Le brainstorming peut être organisé de différentes manières, selon les objectifs et les contraintes du projet. La rétroaction constructive : la rétroaction est un outil essentiel pour améliorer les performances individuelles et collectives. Elle doit être constructive et respectueuse, en mettant l’accent sur les forces et les faiblesses des membres du groupe. La rétroaction peut être formelle ou informelle, selon les circonstances. La communication non violente : cette technique consiste à utiliser un langage clair et empathique pour faciliter les échanges. Elle permet d’exprimer ses besoins et ses sentiments de manière positive, en évitant les jugements et les accusations. La communication non violente favorise la confiance et la collaboration entre les membres du groupe. La gestion de conflits : les conflits peuvent survenir dans tous les groupes, mais il est important de les gérer de manière constructive. La gestion de conflits consiste à écouter les deux parties, à trouver un terrain d’entente et à mettre en place des actions concrètes pour résoudre le problème. En utilisant ces techniques de facilitation, vous pouvez améliorer la productivité et la créativité de votre équipe, tout en favorisant des relations positives et respectueuses entre les membres. Ces outils sont simples à utiliser et peuvent être adaptés à toutes les situations, que ce soit pour un petit groupe de travail ou pour une grande équipe. Alors n’hésitez pas à les mettre en pratique pour devenir un facilitateur de qualité ! https://savoirentreprendre.net/?p=13046&feed_id=4407
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alexandrebleus · 1 month
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Le sujet lacanien et sa forme topologique : le tore. (Alexandre Bleus)
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Continuons donc, chers lecteurs, notre petit cheminement au cœur de la topologie lacanienne. Je vous parlais, la semaine passée, du ruban de Moebius dont le bord est homéomorphe à un cercle et dont le paradoxe de la face unique qui, optiquement se laisse voir comme deux faces, symbolise les rapports entre l’ Inconscient et le conscient.
Dans son séminaire « L’identification » qui couvrait les années 1961 et 1962, Jacques Lacan utilisa, pour la première fois, la topologie du tore pour conceptualiser le sujet et son rapport à l’Autre et à la pulsion. Le tore, surface fermée en forme de beignet, nous offre ici une représentation abstraite et géométrique du psychisme humain. Très intéressant car le tore du sujet se caractérise par deux éléments clés : d’ une part, un trou central qui symbolise le manque, la castration, qui, bien sûr, est au cœur du désir inconscient car le sujet est en quête d’une complétude impossible, cherchant à combler ce manque par l’objet a, objet symbolique qui représente la satisfaction pulsionnelle. D’ autre part, la surface du tore représente le champ de la conscience et du Moi. Le sujet se construit et se structure sur cette surface, en s’identifiant aux signifiants qui le constituent. La surface représente bien le discours du Sujet de l’ Inconscient.
Notons que l’ objet a est un concept central dans la psychanalyse lacanienne. Il désigne l’objet du désir inconscient, objet qui est toujours Autre et inaccessible. Le sujet est en quête de cet objet, mais sa recherche conduit à un échec permanent et sans cesse répété car l’objet a n’ a laissé que la trace de sa perte originaire. La relation entre le sujet et l’objet a été représentée par la spirale qui se déroule sur la surface du tore. Cette spirale symbolise la métonymie du désir, qui se déplace constamment d’un objet à l’autre, à la recherche d’une satisfaction impossible.
Il me semble évident que la représentation torique du Sujet est excellente en ce sens qu’ elle souligne la finitude du Sujet confronté à la contingence que je me permets de définir comme la conscience de l’ infini qui sépare l’ Etre de langage de la totalité du monde dans lequel il se pose. Et cet infini est à la fois du côté de la surface convexe du tore que, paradoxalement, de sa surface concave. Oui, c’ est bien l’ infini qui nous sépare spatialement du monde, allusion discrète à la phrase pascalienne qui suggère que le silence (et la distance) des espaces infinis effraient. Quant à l’ infini relatif à la surface concave du tore, il est celui de l’ irréfragable perte de l’ objet petit a, de la fusion originaire, soit de ce qui pourrait faire de nous quelque chose de complet. Le tore manifeste dès lors une incomplétude fondamentale, celle de l’ être contingent au sens où Aristote l’ entendait.
Contingence matérielle en ceci que nous sommes une portion du cosmos, contingence formelle au sens ou nous sommes limités en terme volumique, contingence finale au sens où nous mourrons et, enfin, contingence efficiente au sens où nous sommes causés. Être « causé » est d’ ailleurs un terme très intéressant pour un être de langage ! Je fais bien sûr allusion aux quatre causes aristotéliciennes qui soulignent présentement les limites du sujet parlant.
(https://www.alexandre-bleus.org/le-sujet-lacanien-et-sa-forme-topologique-le-tore/)
Alexandre Bleus
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coursdefrancais · 5 months
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«Je ne rendrai pas le vaccin obligatoire.»
(Emmanuel Macron, 24/11/2020)
La Verneinung se traduit le plus souvent en français par dénégation... L’exemple vient de Freud: lorsqu’un de ses analysants lui raconte un rêve et dit: "qui que soit cette femme dans mon rêve, ce n’est pas ma mère..." Freud en conclut que bien entendu il parle de sa mère. Dire en niant ne dit pas moins que dire en affirmant...
Comme remarque Lacan: «La Verneinung n’est que la pointe la plus affirmée de ce que je pourrais appeler "l’entre-dit", comme on dit l’entrevue.»
Notons également que le président parle au "je" : «Je ne rendrai pas le vaccin obligatoire.»
Le roi qui se prend pour le roi n’est il pas plus fou que le fou qui se prend pour le roi? Pour le psychanalyste, la normalité, c'est la psychose. Mais psychose et folie ne se recouvrent pas. Normal ça veut dire qu'il y a une norme, or il n'y a pas de norme sexuelle, et c'est bien pour ça qu'on passe son temps à inventer des normes sociales. La norme mâle... Névrose («je ne veux pas savoir»), psychose («je ne peux pas savoir») et perversion («je sais bien mais quand même») sont les trois structures de langage incorporé, nul sujet n’échappe à la structure.
NB: Le noyau psychotique est la norme, car c'est l’universel pour chaque sujet de ne pas pouvoir savoir...
Toujours dans la même allocution, Emmanuel Macron dit aussi: «Nos concitoyens ont besoin en effet d'avoir une vie, si je puis dire(...)»
Monseigneur est trop bon. Vraiment….
Tomber malade ou amoureux…
Toutes les gesticulations gouvernementales vides autour du covid (confinements, masques, couvre-feu, etc.) ont autant d’impact sur la propagation du virus que les danses tribales pour faire tomber la pluie... (En fin de compte, ce qui se sera passé en Suède en donnera la confirmation...)
Le véritable point saillant est toujours le rapport du sujet à la peur, la jouissance de la peur, l’instrumentalisation de la peur et son corrélât fantasmatique: l’illusion de la maîtrise.
Tomber malade n’est pas sans rapport avec tomber amoureux, cela n'arrive jamais pour des raisons "objectives", dans un premier temps, le sujet sent la maîtrise lui échapper, d’où l’impression de "tomber", et ensuite il (se) raconte une histoire pour tenter de "rationnaliser" ce qui aura échappé à la chaîne des causes et des effets...
Si je me questionne sur les "raisons" qui me font tomber amuoureux, j'ai beau énumérer ses qualités, je sais que ce n'est jamais "ça"... Ce qui m’aura attiré en l'autre, c'est un "je ne sais quoi" qui n'appartient pas à la série des raisons objectives, c'est peut être même l'index d'un défaut... Formellement, tomber amoureux a la structure d'une décision. Contrairement aux idées reçues, ce qui s'appelle à proprement parler "décision" est un acte qui pose rétroactivement ses raisons, le fameux "nachtrag" freudien que l’on retrouve dans la "performativité rétroactive du signifiant" chez Lacan...
C'est parce que suis déjà tombé amoureux (ou que j'ai toujours déjà décidé) qu'ensuite je me raconte des histoires pour essayer de rationnaliser (rendre "raisonnable") ce qui a effectivement échappé à la chaîne des causes et des effets, et qui se trouve dès lors marqué du sceau du Réel...
Dans "ce qui se passe", cela se passe sans que nous ayons l’impression d’y avoir été pour grand chose, ce n’est qu’après-coup que nous "reconstruisons l’histoire" pour essayer de donner du sens, un semblant de cohérence à notre existence, en produisant un récit plus ou moins convaincant qui nous donne l’illusion de maîtriser le cours de notre vie, alors que nous ne sommes le plus souvent que les observateurs passifs de ce qu’on appelle "le cours des choses" (ou "le destin"), raison pour laquelle nous passons notre temps à refouler l’inquiétude que notre radicale passivité génère en nous engageant dans toutes sortes de distractions, d’actions, de divertissements...
L’absence de maîtrise (et même de la moindre prise) dans ce qui se sera présenté à nous comme les événements les plus déterminants de notre vie nous apparaît si difficile à admettre qu’elle explique le succès de la posture de "victime" car elle offre une échappatoire au sentiment de culpabilité (si nous sommes coupables, cela veut dire que ce qui nous arrive aura dépendu de nous, donc nous aurions pu faire autrement et entreprendre de nous sauver nous-mêmes...)
L’impasse "culpabilité/victimisation" a été explorée par Kafka: d’un côté, dans la logique du Château, il n’existe aucun pardon pour les innocents (raison pour laquelle pour être entendu, tu dois d'abord trouver de quoi tu es coupable...), de l’autre: «...je ne prétends pas être un martyr. Ni même une victime de la société. Non, je ne suis pas une victime, je suis un membre de la société...» K. rejette le rôle de victime, il finit par déclarer que si l'on peut parler de conspiration (le "complotisme" d’aujourd’hui), c'est seulement dans la mesure où la fonction essentielle des gens du "pouvoir" est de persuader les sujets qu'ils sont les victimes de forces irrationnelles absurdes, que le monde est fou, dépourvu de sens et dangereux... Comment dès lors ne pas piger l’importance dans l’idéologie de la profusion et l’entretien des "informations" destinées à inquiéter les populations, en distillant la peur, en soufflant l’effroi, afin que le plus grand nombre possible de nos concitoyens soit maintenu en suggestion de victimisation (qui à tout prendre, puisqu’elle est "socialement reconnue" sera préférée aux affres de la culpabilité...)
Une psychanalyse menée jusqu’à son terme logique aura conclu à l’inconsistance de l’Autre, le grand Autre, avec un grand A, et il n’y a donc, pour le sujet qui en émerge, rien d’autre au monde qu’un objet petit a, conformément à l’écriture de son fantasme ($ <>a) par lequel il "voit le monde" — la psychanalyse, à l’instar du marxisme, n’étant pas une Weltanshauung. Le sujet s’y retrouve à assumer sa responsabilité, ce en quoi il échappe à l’impasse mortifère de l’alternative victimisation/culpabilité: être responsable cela veut simplement dire qu’il accepte de répondre de sa position de sujet, en tant qu’il est rejet de la chaîne signifiante: qu’on le veuille ou non, de notre position de sujet, nous sommes toujours responsable, ceci constitue le fondement indépassable de l’éthique psychanalytique, qui débouche et renouvelle la perspective formulée par Kant de la sortie de notre propre "minorité"...
En inventant la psychanalyse il y a plus d’un siècle, Freud nous interdit désormais de faire comme si nous ne savions pas que les mots savent de nous des choses que nous ignorons d’eux.
L’actualité du malaise dans la civilisation, c’est une époque malade comme jamais de la déliquescence du langage, et cette déréliction produit la vraie pollution, la pollution la plus toxique, la mère de toutes les pollutions.
Ce qui s’appelle Discours Capitaliste, dans l’acception lacanienne, ce n’est pas le discours tenu par des capitalistes, mais un effet de structure qui fait que le sujet croit qu’il est le maître des signifiants, et la langue en usage un simple instrument à sa disposition...
Nos sociétés occidentées soi-disant «progressistes et tolérantes» s’élèvent ainsi à des sommets de crétinerie autoflagellatoire jamais atteints historiquement...
Du temps des Grecs anciens, la «société» se mettait en scène pour les dieux, aujourd’hui elle se donne en spectacle à elle-même, dans une représentation permanente, répétant inlassablement dans les médias ou sur les réseaux dits sociaux le lexique et la syntaxe du discours dominant, s’imaginant qu’elle pourrait ainsi atteindre au «sourdre de la source» à partir de l'eau stagnante des égouts.
Le sujet du Discours Capitaliste qui croit s’opposer au capitalisme a autant conscience d’être pris dans un discours que le poisson a conscience de l’eau dans laquelle il baigne.
Se poser en s’opposant renforce ce à quoi on s’oppose.
La première révolution accessible au sujet est celle d’avoir osé faire un tour sur soi-même, à savoir le tour complet des quatre discours, aller et retour, afin de prendre en lui-même l’immarcescible sujet de l’énonciation dans ses propres énoncés.
Cela s’annonce avec le Discours de l’Analyste.
Comment la considération politique aujourd'hui pourrait-elle faire l’impasse sur ce qui, dans son acception stricte lacanienne, se définit d’être le Discours de l'Analyste?
Le Discours de l'Analyste ce n’est pas le discours tenu par les psychanalystes (rares parmi ceux qui se disent «psychanalyste» sont à la hauteur de ses exigences) c'est au contraire le Discours qui, en tant que structure interdéfinie avec les trois autres Discours (plus un), soutient le destin des quelques uns qui ont choisi de se mettre délibérément à son service ; le Discours de l’Analyste c’est avant tout le lien social déterminé par la pratique d’une analyse.
Pour que ce lien social ait été mis à jour, encore aura-t-il fallu que l'objectif de la cure ait été atteint, autrement dit la dissociation de a et A ait été correctement menée, car si cette «séparation» n'a pas eu lieu (étape logique succédant à l'aliénation) l'Autre continue de fonctionner comme un grand Autre non castré, non barré, entier, représentant absolu du domaine de la nécessité, qui contient sa propre raison, alors que l'opération qui sépare l'Autre de sa cause, place cette cause à la fois hors de la sphère du sujet, et hors de la sphère de l'Autre, c'est à dire au point de leur impossible intersection.
Le Discours de l'Analyste est ainsi le seul Discours qui permette au sujet, qui s’y prend délibérément, d’assumer sa division constitutive, tout en déterminant sa confrontation au Réel, à laquelle il est forcément convoqué puisqu’il en est partie prenante.
Le Discours de l’Analyste non seulement permet de rendre compte que de notre position de sujet, nous sommes toujours responsables, mais la position du psychanalyste ne laisse pas d'échappatoire puisqu'elle exclut la tendresse de la Belle Âme, comme elle exclut toute prétention à l’objectivité pure.
Le Discours de l'Analyste ne commande pas, et en ceci il est déjà l'envers du Discours du Maître, il ne commande ni ne recommande, ce qui permet de se dégager des sempiternelles pulsions de soumission et de domination, de séduction et de manipulation, une prise de distance avec l'Autre qui - grâce à un «jeu des places», où la place vide se différencie de ce qui l'occupe, sujet ou objet - offre la promesse d'un lien social authentique renouvelé, basé sur la parole qui engage, l'autre (qui est là) ayant pris le pas sur l'Autre (qui n’existe pas).
Lacan parle de sortie du Discours Capitaliste, ce qui ne signifie pas encore la sortie du capitalisme.
Raison pour laquelle il ne manque d’ajouter: «Plus on est de saints, plus on rit, c'est mon principe, voire la sortie du discours capitaliste, — ce qui ne constituera pas un progrès, si c'est seulement pour certains...» (Télévision)
Se mettre au service du Discours de l’Analyste implique pour nous que d'une part nous ayons compris que nous n'avons pas d'autre rayon d'action véritable et réel que d’intervenir sur les Discours, la psychanalyse étant une clinique du discours et un Discours, et d'autre part que nous refusons de végéter sur le «mode survie» – la survie utilitaro-hédoniste, pauvre en événements, principale préoccupation de beaucoup de nos contemporains: "un peu de poison par-ci par-là: cela donne des rêves agréables. Et beaucoup de poisons pour finir: cela donne une mort agréable. On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit, mais l'on révère la santé. Nous avons inventé le bonheur, disent les derniers hommes, et ils clignent de l'œil." (Also sprach Z.)
Nous rejetons donc radicalement l'idéologie libérale de la victimisation, laquelle réduit la politique à un programme d'évitement du pire, au renoncement à tout projet positif et à la poursuite de l'option la moins mauvaise – car nous ne sommes pas sans savoir que, comme Arthur Feldmann, un écrivain juif viennois, l'a amèrement noté, "notre survie se paie généralement au prix de notre vie."
La survie vaut-elle le coup d’être survécue?
Aimer, c’est changer de discours.
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exploralangues · 2 months
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mymasterthesis · 2 months
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Méthode psychanalytique
La psychanalyse dans la recherche en sciences humaines
La psychanalyse a historiquement joué un rôle significatif dans la recherche en sciences humaines, bien qu'elle ait suscité diverses réactions et controverses au fil du temps. Voici quelques façons dont la psychanalyse a influencé la recherche dans ce domaine :
Caractéristiques générale
La psychanalyse a ouvert de nouvelles perspectives sur la compréhension des processus mentaux, notamment en explorant les aspects inconscients de la pensée, du comportement et des émotions. Cela a conduit à des études approfondies sur la motivation, le développement de la personnalité, les mécanismes de défense, etc.
Les théories psychanalytiques ont été utilisées pour analyser des textes littéraires, des films, des œuvres d'art et d'autres productions culturelles. Cette approche, connue sous le nom de critique psychanalytique, cherche à découvrir les motifs inconscients et les dynamiques psychologiques qui sous-tendent ces œuvres.
La psychanalyse a été utilisée comme cadre pour étudier la psychopathologie et les troubles mentaux. Les psychanalystes ont contribué à identifier et à conceptualiser différents types de troubles psychologiques, ainsi qu'à élaborer des approches thérapeutiques pour les traiter.
Les travaux de Freud et d'autres psychanalystes ont influencé la recherche sur le développement de l'enfant en mettant l'accent sur l'importance des premières expériences et des relations parent-enfant dans la formation de la personnalité.
Bien que la psychanalyse ait eu une influence significative, elle a également fait l'objet de critiques et de contestations dans le domaine des sciences humaines. Certains chercheurs remettent en question sa scientificité et son manque de fondement empirique solide, tandis que d'autres contestent son universalité et son applicabilité à toutes les cultures.
En résumé, la psychanalyse a eu un impact important sur la recherche en sciences humaines en ouvrant de nouvelles perspectives sur la compréhension de l'esprit humain, des relations interpersonnelles et de la culture. Cependant, elle reste un sujet de débat et de discussion dans le domaine académique en raison de ses implications théoriques et méthodologiques.
Méthode psychanalytique en mémoire de diplôme
La rédaction d'un mémoire sur la méthode psychanalytique pour l'obtention d'un diplôme pourrait être une entreprise stimulante et enrichissante. Voici quelques suggestions pour vous guider dans ce processus...
La psychanalyse est un domaine vaste et complexe. Identifiez un aspect particulier qui vous intéresse, comme l'application de la psychanalyse à un trouble spécifique, son influence sur la littérature ou les arts, ou son évolution dans la société moderne.
Familiarisez-vous avec les travaux de Freud, ainsi qu'avec les écrits de psychanalystes contemporains. Explorez également les critiques et les développements récents dans le domaine.
Précisez les principes fondamentaux de la psychanalyse que vous allez explorer dans votre mémoire. Quels concepts ou théories allez-vous mettre en avant ? Comment allez-vous les appliquer à votre sujet ?
Selon votre sujet, vous pourriez opter pour des méthodes qualitatives, comme des études de cas ou des analyses de contenu, ou des méthodes quantitatives, comme des enquêtes ou des tests psychométriques. Assurez-vous de justifier votre choix de méthodologie.
Si votre recherche implique une collecte de données, veillez à les obtenir de manière éthique et à les analyser de manière rigoureuse. Interprétez les résultats à la lumière de votre cadre théorique.
Structurez votre document en introduisant d'abord votre sujet et en exposant votre question de recherche. Ensuite, présentez votre revue de la littérature, votre méthodologie, vos résultats et vos conclusions. Assurez-vous que chaque section coule naturellement dans la suivante.
Utilisez un langage académique formel et évitez le jargon excessif. Assurez-vous que vos idées sont bien développées et que votre argumentation est cohérente.
Abordez les limites de la psychanalyse et les critiques qui lui sont adressées de manière équilibrée et réfléchie. Montrez que vous comprenez les points de vue opposés tout en défendant votre propre position.
Assurez-vous d'attribuer correctement toutes les idées et les données que vous empruntez à d'autres chercheurs. Utilisez un style de citation approprié, tel que APA ou MLA.
Avant de soumettre votre mémoire, prenez le temps de le relire attentivement pour détecter les erreurs grammaticales, les incohérences et les faiblesses dans votre argumentation. Demandez également à d'autres personnes de relire votre travail pour obtenir des commentaires supplémentaires.
En suivant ces étapes, vous devriez être en mesure de créer un mémoire solide et bien argumenté sur la méthode psychanalytique. Bonne chance dans votre travail de recherche !
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linguistlist-blog · 2 months
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Jobs: French Sign Language; Syntax: Post-doc in Linguistics, Syntax and Sign Languages, CNRS & Université Paris 8
Deadline for candidatures : 25 march 2024 Duration : 12 month Start of contract : 1 septembre 2024 Full time Post-doctoral position The lab Structures Formelles du Langage (UMR 7023) invites application for a 20 months postdoctoral position starting on Nov. 1, 2023. This position is funded by the Agence Nationale de la Recherche (ANR) on the project entitled “Sign Language’ Syntax and Acquisition (SiLSA)” led by Charlotte Hauser. This project aims at filling the gap in describing (French) Sig http://dlvr.it/T43wDl
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