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#que demande le peuple
perdrelacellule · 27 days
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Ma vision du dimanche parfait : poulet frites, soleil, sommeil, bonne partie de jambes en l'air.
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maviedeneuneu · 1 year
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Ce soir j'ai été invitée, dans le cadre de mon taf, à la soirée beaujolais nouveau organisée par une agence immobilière de ma ville
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lilias42 · 2 years
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Simplicis caput
Bon ! J'avais pas prévu de le faire (et je ne sais pas si je recommencerais pour les autres) mais, voici la tête de Simplex ! Je l'avais bien en tête donc, autant la dessiner et la montrer ! (même si j'ai pas un super trait)
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Comme dit dans son billet, son peuple est d'origine duscurienne donc, son teint de peau est très proche de celui de Dedue (enfin, aussi proche que je pouvais le faire avec mes crayons, et j'en avais un qui s'égalisait mal pour le marron et le coloriage, c'est vraiment pas mon truc donc, pardon pour les coups de crayons encore visibles)
J'ai essayé de respecter le code couleur de Dimitri pour ses vêtements (surtout que ça colle aux vêtements des habitants de la péninsule ibérique étant donné que d'après Strabon, ils portaient des tuniques de laine noire) et, normalement, il lui ressemble beaucoup. S'ils se croisent au même âge et sans les fiertés, on dirait Dimitri mais, s'il était né en Duscur. Les plaques de métal autour de son cou sont les tessères d'hospitalité qu'il partage avec Pertinax et Laeta et même si j'ai pas eu la place, elles ont une forme de main et peuvent toutes se superposés.
Pour ses fiertés, j'ai essayé de suivre le chemin de sa trachée le long de sa gorge pour celle qui ressemble à un collier et même si c'est caché par le col de sa tunique, elle continue dessous et recouvre une grande partie de son torse, notamment ses poumons vu que Simplex utilise souvent sa flute pour faire de la sorcellerie. L'idée est la même pour celles sur ses joues, elles suivent le chemin de sa sorcellerie.
Celle sur son front est apparut plus tard dans sa vie (elle est même tout autour de sa tête et sous ses cheveux, même si je ne l'ai pas dessiné) et n'a pas la même explication : déjà parce que je trouvais ça plutôt beau, même si ça reste des difformités plutôt effrayantes, mais aussi je trouvais que ça faisait comme une couronne sur sa tête, ce qui permettait de rappeler que sa lignée deviendra la famille royale de Faerghus.
Evidemment, son oeil gauche est celui de Pertinax, d'où le fait qu'il soit avec une pupille en forme d'amande car, celles de Pertinax ont cette forme. Ces yeux se sont adaptés au cas où il plongerait en eaux profondes avec peu de lumière et sont donc plus sensible, d'où l'iris rétractable, même si j'aurais dû faire le fond blanc pour encore plus coller à l'image d'un oeil de poisson (mais bon, les poissons n'ont pas d'iris en amande de ce que j'ai vu donc, ça passe). J'ai aussi ajouté des petites écailles sarcelles à côté de son oeil pour faire comme si des résidus de sa sorcellerie faisaient apparaitre des fiertés semblables aux siennes sur le corps de Simplex. Bon par contre, je me suis loupé vu que normalement, Pertinax a les mêmes yeux bleus d'eau que Rodrigue... j'avais fini de colorier quand je m'en suis rendu compte... les aléas du dessin à la main... on va dire que c'est une couleur un peu altéré par le fait que l'oeil soit gelé. D'ailleurs,même si ça ne se voie pas finalement sur la photo, j'avais aussi passé du bleu très pale sur le blanc de ses yeux pour donner l'impression qu'il était givré.
Pour sa coiffure, c'est une tresse que Simplex roule en chignon pour qu'elle ne traine pas par terre, étant donné qu'il ne se coupe jamais les cheveux. Il en fait aussi tombé une partie sur son épaule droite et sa natte tombe jusqu'à ses hanches. Pour le résultat de dos... (+ l'échelle de taille avec Pertinax et Laeta... et oui, même Simplex ne sait pas comment il a pu finir aussi grand alors qu'il mangeait autant que ses amis conservi, qui ont eu des retards de croissances et une petite taille à cause de la malnutrition)
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(ordre de gauche à droite : Pertinax, Simplex, Laeta)
Bon, la qualité est pas top et j'avoue, je ne savais pas trop comment représenter correctement le fait que son chignon soit une tresse enroulé mais, ça donne ça de dos. Pour le chignon tressé à côté, c'est Pertinax, et là où les cheveux qui sont rassemblées en une multitude de nattes sont ceux de Laeta, ce qui crée une sorte de grand châle roux autour d'elle quand elle danse.
J'ai pas fait exprès, j'ai pensé à ses coiffures en imaginant à quoi ressemblaient les Braves indépendamment les uns des autres mais, en les dessinant tous les trois à côté, j'aime bien me dire qu'ils ont tous une / des tresses car, en plus d'être pratique, ça évite que leurs cheveux trainent au sol ou ne passent devant leurs yeux quand ils travaillent, mais aussi parce qu'avant que Pertinax et Laeta ne rentrent chez eux, ils se les faisaient les uns les autres pour gagner du temps et vérifier qu'ils n'avaient pas de poux ou de puces, ou de pucerons pour Laeta, puis ils ont continuer à s'en faire de leur côté en souvenir de ce moment-là entre eux (même s'ils ne l'avouent jamais à eux-mêmes et enferment tout dans une amphore, même si ça fait mal). Simplex porte un chignon comme Pertinax, et la partie de sa tresse qui tombe lui fait penser à Laeta.
Et voilà pour la tête de Simplex ! J'espère qu'il vous plait !
Ma source pour la manière dont il a noué son sayon vient d'Hycarius sur instagram (histoire appliquée sur Youtube) : c'est le lanceur de fronde de ce post. Allez voir ce qu'il fait, il est une source fiable ! Vous avez aussi les Ambiani et le Samara Parc sur insta qui font de supers reconstitutions ! De ce que je sais, vous pouvez les utiliser comme sources si vous écrivez une histoire qui se situe à la fin de la Tène et avant la conquête romaine ! (en plus de lecture sur le sujet !)
#blaiddyd of the 10 elites#Blaiddyd Simplex Princeps#écriture de curieuse#une curieuse qui dessine un peu#les 11 braves (+ peut être les premiers qui reçoivent l'emblème des saints)#fait quasi sur un coup de tête mais c'était amusant à faire !#j'espère que ça vous plait surtout !#toute personne à l'époque du canon : geuhndezqnfrez !!! Blaiddyd est duscurien ?! Non ! Non ! C'est pas le bon ! C'est quelqu'un d'autre !#Dimitri : non c'est lui mon emblème réagit. Faites avec.#Simplex : qu'est-ce qu'ils ont tous à me regarder comme ça ? C'est à cause de ma taille ? Je sais que je suis grand mais quand même...#Pertinax : je crois plutôt que c'est ton teint qui les étonne... ok c'est rare mais bon leur faut pas grand-chose pour paniquer...#Laeta : ils ne sont peut-être jamais allé à Fhirdiad ou dans votre Terre Originel ? En tout cas ils sont amusant à voir comme ça !#...ils ne font même pas attention à nos fiertés !#Gens : vos fiertés... ah ! Des monstres !#Pertinax : vous êtes long pour réagir... à ce demander comment vous survivrez. On a cette tête et c'est une fierté faites avec#Gens : non seulement Blaiddyd est un duscurien et ça se voie avec sa peau noire mais en plus c'est un monstre comme Fraldarius et Dominic#Simplex : c'est ma peau le problème ? Je croyais que c'était mes fiertés ! Et je ne peux pas la blanchir pour vous faire plaisir !#Laeta et Pertinax : t'inquiètes laissez les paniquer tout seul. Au moins ils nous ficheront la paix et ne toucheront pas à nos familles.#Simplex : c'est vrai c'est le principal... au fait j'ai une question : est-ce que nos familles et nos peuples s'entendent ?#Dimitri : oui et même très bien ne vous en faites pas. Surtout celle de Fraldarius et la nôtre et celle de Dominic lui fait aussi honneur.#Simplex : d'accord tant mieux... et on ne s'est donc jamais fait la guerre ?#Dimitri : non pourquoi ?#Simplex fait un gros calin à Pertinax et Laeta comme il voulait le faire depuis + de 80 ans rassuré qu'ils ne se soient jamais entretuer#Laeta lui rend le calin en souriant et en riant de joie#ses deux frères et elle ne se sont pas entretuer et c'est tout ce qui compte !#Pertinax grogne un peu qu'il ne se gêne pas mais le serre aussi dans ses bras rassuré que leurs familles ne se soient pas affrontés#LE mot finit par sortir et ça fait du bien !#quand leurs descendants leur demandent pourquoi ils ont l'air aussi soulagé - ils répondent que c'est une très (trop) longue histoire#mais que le principal c'est qu'ils s'entendent tous que la paix règne et qu'ils aillent tous bien - c'est tout ce qui compte
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ekman · 2 months
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Voici le visage du commissaire du peuple délégué à la censure pour la France, visa d’exploitation UE n°8563447. Cette sympathique tête d’abruti porte de nombreuses casquettes, toutes déformées par sa macrocéphalie gênante et sa réthorique de jésuite marxiste. 
Il s’appelle Christophe Deloire et il est à la tête (haha) de Reporters Sans Frontières, la fameuse assoce qui contribua, en des temps reculés, à la défense de quelques correspondants, photographes et autres reporters menacés, engeôlés, torturés... parfois butés. On se souvient d’ailleurs que son co-fondateur, l’affreuse girouette Ménard, y agit pendant de longues et néanmoins utiles années. ONG de terrain à sa création, “RSF” est progressivement devenue une sorte de chapelle morale à la con pour gauchiste en phase de recyclage, profil 45/55 ans, directeur des rédactions, déjà un divorce, une bicoque à Ré et les gosses HP en garde partagée. Aujourd’hui, “RSF” est une petite usine à gaz armée d’un budget annuel de huit millions d’euros (subventions publiques, mécénat et “fondations” sorosiennes à hauteur de 80 %), finançant la bagatelle de trois millions de “ressources humaines”. C’est vous dire si on est contents pour eux, leurs émoluments et leurs notes de frais. 
Cependant, notre carriériste ne se contente pas de ce job, car il est aussi directeur et vice-président du Centre de Formation des Journalistes, sorte de Saint Cyr pour futurs encartés du mainstream, escabeau vers la dynamique cooptatrice si chère à nos élites. Last but not least – comme écrivent encore les rescapés de la presse des années 2000, il a récemment été désigné pour occuper la tête des États Généraux de l’Information, énième pustule macroniste sensée réfléchir à la meilleure façon de bâillonner tout ce qui ne récite pas correctement la doxa informationnelle.
Ce tout petit Monsieur, cette authentique pompe à merde pour paraphraser Magritte dans son adresse à un critique acerbe, a conduit de main assurée une opération contre l’Arcom, via le Conseil d’État, au motif que la chaîne CNnews dérogerait de manière éhontée à la nécessaire représentation, sur son antenne, de sensibilités politiques diversifiées. Oui, CNews ne proposerait qu’une longue succession d’éditos et de pseudo-débats ultra fachos, indignes de la rayonnante démocratie française. Ne serait-il pas temps de sucrer leur fréquence à ces fumiers réacs, pense en substance ce petit Béria de bac à sable ? Cependant, es-tu certain de ne pas t’être trompé de cible ? Ne pensais-tu pas plutôt à la totalité des médias du service dit public ? Franchement, on se demande quel genre de promesse on a bien pu te faire pour que tu t’abaisses à ce point. Au pouvoir qui nous accable, tu sers le plat le plus dégueulasse qui soit, celui de la censure d’épuration, celle qui traduit un désir de vengeance amère. Ce qui te fait chier, Christophe Deloire, c’est qu’un média que tu ne pourras jamais contrôlé – et qui dit le contraire de ta Pravda publique en exposant les faits de la réalité de ce pays, puisse encore seulement respirer et laisse respirer des millions de Français. Ces Français-là – qui représentent quand même plus de la moitié des suffrages exprimés – te conchient, toi et ta clique de plumitifs vendus à un projet extra-territorial dont tu sers les desseins absurdes en pensant honorer tes vieilles lunes socialistes. 
Tu voudrais vivre comme Robespierre mais tu as peur de l’échafaud, tu voudrais mourir comme Marat mais tu ne te feras qu’enculer sous la douche. Pauvre toi, petit homoncule au crâne rempli de sérum égalitaire. Tu te crois pur et vertueux alors qu’il suffit d’observer ton regard vide pour comprendre que tu agis sur le seul fil de ton ambition démesurée. Ton envie de nuire est inversement proportionnelle à la taille de ta bite. Comment je le sais ? Sur le plateau de CNews où tu pensais pouvoir faire le bravache, tu t’es retrouvé le slip sur les chevilles, bizuté par d’ignobles nazis en colère. J’ai bien ri à observer ton désarroi. Tout compte fait, je te remercie pour ce moment passé chez ton vieux pote Bolloré.
J.-M. M.
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soeurdelune · 7 months
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parce qu'on approche doucement mais sûrement de la spooky season 🎃, c'est l'occasion de parfaire votre culture en films d'horreur! voici une petite sélection de 10 diamants du genre, visionnables gratuitement sur youtube (et sous titrés en anglais pour ceux en langue étrangère! que demande le peuple...) il va sans dire que l'horreur étant un genre parfois costaud, pensez à vérifier vos triggers pour chaque film sur le site does the dog die?
carnival of souls, 1962 (vo: anglais américain), une masterclass, un des premiers grand films d'horreur moderne, il a inspiré des réalisateurs comme david lynch ou james wan. (la note de lune: 5/5)
el espinazo del diablo (l'échine du diable), 2001 (vo: espagnol), personne ne raconte une histoire de fantômes comme guillermo del toro, un très beau film qui inaugure sa trilogie de la guerre civile, à suivre avec le labyrinthe de pan et son pinocchio de 2022. (la note de lune: 4/5)
a tale of two sisters, 2003 (vo: coréen), des influences gothiques saisissantes et une histoire aux allures de diabolique petit puzzle. (la note de lune: 4/5)
ringu, 1998 (vo: japonais), un immense classique de la j-horror que l'on ne présente plus, efficace et très bien ficelé, featuring hiroyuki sanada ♥️ (la note de lune: 5/5)
the last man on earth, 1964 (vo: anglais américain), inspiré du roman i am legend qui a donné une palanquée d'adaptations au fil des années, celui-ci est de loin mon favori, vincent price est une ICÔNE et ce film est un pur plaisir à regarder. (la note de lune: 4/5)
kairo (pulse), 2001 (vo: japonais), un autre classique de la j-horror, l'ambiance est profondément troublante et mélancolique, avec des scènes qui vous hanteront pendant un bon moment. (la note de lune: 4/5)
hellraiser, 1987 (vo: anglais américain), tout le monde l'a probablement déjà vu mais la version youtube est tellement quali que je le mets ici quand même, pinhead est un méchant incroyable, le film a des défauts mais les qualités l'emportent sur le reste, un bijou de l'horreur un peu gory des 80s! (la note de lune: 3/5)
donnie darko, 2001 (vo: anglais américain), diffile à mettre dans une catégorie plutôt qu'une autre, un peu d'horreur mêlée à du thriller psychologique et une pointe de sci-fi, ça reste un classique au dénouement final incroyable. (la note de lune: 5/5)
one missed call, 2003 (vo: japonais), juré après j'arrête avec la j-horror, celui-ci est plus efficace dans sa seconde moitié que dans la première, il y a des moments qui font vraiment vraiment peur. (la note de lune: 3/5)
les yeux sans visage, 1960 (vo: français), avant la piel que habito d'almodovar, il y a eu les yeux sans visage, un petit précurseur considéré comme le premier film d'horreur moderne français. (la note de lune: 3/5)
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perduedansmatete · 5 months
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ce matin j'ai délibérément décidé de ne pas aller au cours chiant à mourir dont personne ne comprend l'intérêt bien que ce soit de la méthode quanti, c'est le pire cours que j'ai jamais eu de cette matière puis en même temps j'étais trop fatiguée, il était trop tôt et j'étais trop bien dans mon lit. mais je suis quand même allée à la BU finir mon exposé pour cette après-midi, ensuite j'ai rejoins des gens du master car on avait un autre genre d'exposé aujourd'hui pour notre projet sur l'amour. une fille à qui je ne parle pas vraiment a vu mon sticker de lou sur mon ordi et on en a parlé super longtemps, maintenant j'attends qu'elle ai lu le dernier tome pour extérioriser tout ce que j'en pense, il y avait aussi l'empire (romain) avec nous, il a parlé d'agnès varda et mon petit cœur s'est fendu car je l'aime aussi tellement. bref on a pas vraiment bossé au final, moi je suis partie manger en vitesse avant d'aller prendre mes derniers précieux anxios car je ne me sentais pas capable de gérer mon exposé super dense et au final j'ai géré de ce qu'on m'a dit, je crois que j'aurais tout autant géré sans d'autant plus qu'il a duré presque une heure et que je n'ai pas paniqué comme je peux le faire d'habitude. peut-être que toutes les interventions que j'ai animées l'année passée m'ont finalement un peu aidé à lâcher du lest. puis pour celui sur l'amour, on était clairement en mode yolo sachant que de toute façon il n'y avait pas grand monde en cours aujourd'hui, on était plus à exposer qu'il n'y avait de personnes qui nous écoutaient. en conclusion c'était une belle journée qui s'est en plus finie sur une référence à azur et asmar pour illustrer les propos sur une partie de notre présentation donc que demande le peuple on a juste trop bon goût dans ce master.
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pompadourpink · 1 year
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Fairytale #2 - Donkey skin
Once upon a time, there was a King, so great, so beloved by his people, and so respected by all his neighbours and allies that one might almost say he was the happiest monarch alive. His good fortune was made even greater by the choice he had made for wife of a Princess as beautiful as she was virtuous, with whom he lived in perfect happiness. Now, of this chaste marriage was born a daughter endowed with so many gifts that they had no regret because other children were not given to them.
Il était une fois un roi si grand, si aimé de ses peuples, si respecté de tous ses voisins et de ses alliés, qu'on pouvait dire qu'il était le plus heureux de tous les monarques. Son bonheur était encore confirmé par le choix qu'il avait fait d'une princesse aussi belle que vertueuse; et ces heureux époux vivaient dans une union parfaite. De leur chaste hymen était née une fille, douée de tant de grâces et de charmes, qu'ils ne regrettaient pas de n'avoir pas une plus ample lignée.
Magnificence, taste and abundance reigned in his palace; the ministers were wise and skilful; the courtiers, virtuous and attached; the servants, faithful and industrious; the stables, vast and filled with the most beautiful horses in the world, covered with rich caparison: but what astonished the foreigners who came to admire these beautiful stables, was that in the most apparent place a master donkey displayed long and large ears.
It was not by fancy, but with reason, that the king had given him a special and distinguished place. The virtues of this rare animal deserved this distinction, since nature had formed him so extraordinary, that his litter, instead of being unclean, was covered, every morning, with profusion, with beautiful gold coins in the sun, and with golden louis of all kinds, which one would collect when he woke up.
La magnificence, le goût et l'abondance régnaient dans son palais; les ministres étaient sages et habiles; les courtisans, vertueux et attachés; les domestiques, fidèles et laborieux; les écuries, vastes et remplies des plus beaux chevaux du monde, couverts de riches caparaçons : mais ce qui étonnait les étrangers qui venaient admirer ces belles écuries, c'est qu'au lieu le plus apparent un maître âne étalait de longues et grandes oreilles.
Ce n'était pas par fantaisie, mais avec raison, que le roi lui avait donné une place particulière et distinguée. Les vertus de ce rare animal méritaient cette distinction, puisque la nature l'avait formé si extraordinaire, que sa litière, au lieu d'être malpropre, était couverte, tous les matins, avec profusion, de beaux écus au soleil, et de louis d'or de toute espèce, qu'on allait recueillir à son réveil.
Now, as the vicissitudes of life extend to kings as well as to subjects, and as good things are always mixed with some ills, heaven allowed that the queen was suddenly attacked by a bitter illness, for which, in spite of the science and skill of the physicians, no help could be found. The desolation was general. The king, sensitive and in love, in spite of the famous proverb which says that the hymen is the tomb of love, afflicted himself without moderation, made ardent vows to all the temples of his kingdom, offered his life for that of so dear a wife; but the gods and the fairies were invoked in vain. The queen, feeling that her last hour was approaching, said to her husband, who was bursting into tears: "Find it good, before I die, that I demand one thing of you: that if you should have the desire to remarry…"
Or, comme les vicissitudes de la vie s'étendent aussi bien sur les rois que sur les sujets, et que toujours les biens sont mêlés de quelques maux, le ciel permit que la reine fût tout à coup attaquée d'une âpre maladie, pour laquelle, malgré la science et l'habileté des médecins, on ne put trouver aucun secours. La désolation fut générale. Le roi, sensible et amoureux, malgré le proverbe fameux qui dit que l'hymen est le tombeau de l'amour, s'affligeait sans modération, faisait des voeux ardents à tous les temples de son royaume, offrait sa vie pour celle d'une épouse si chère; mais les dieux et les fées étaient invoqués en vain. La reine, sentant sa dernière heure approcher, dit à son époux qui fondait en larmes : « Trouvez bon, avant que je meure, que j'exige une chose de vous : c'est que s'il vous prenait envie de vous remarier... »
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At these words the king gave a pitiful cry, took his wife's hands, bathed them in tears, and, assuring her that it was superfluous to speak to her of a second hymenae: "No, no," he said at last, "my dear queen, speak to me rather of following you;" "The State," resumed the queen, with a firmness which increased the regrets of this prince, "the State must demand successors, and, as I have only given you a daughter, press you to have sons like yourself: But I urge you, by all the love you have had for me, not to yield to the eagerness of your people until you have found a princess more beautiful and better made than I; I want your oath, and then I shall die content. "
À ces mots, le roi fit des cris pitoyables, prit les mains de sa femme, les baigna de pleurs, et, l'assurant qu'il était superflu de lui parler d'un second hyménée : « Non, non, dit-il enfin, ma chère reine, parlez-moi plutôt de vous suivre; - L'État, reprit la reine avec une fermeté qui augmentait les regrets de ce prince, l'État, doit exiger des successeurs, et, comme je ne vous ai donné qu'une fille, vous presser d'avoir des fils qui vous ressemblent : mais je vous demande instamment, par tout l'amour que vous avez eu pour moi, de ne céder à l'empressement de vos peuples que lorsque vous aurez trouvé une princesse plus belle et mieux faite que moi; j'en veux votre serment, et alors je mourrai contente. »
It is presumed that the queen, who was not lacking in self-respect, had demanded this oath, not believing that there was anyone in the world who could match her, thinking that it was to ensure that the king would never remarry. Finally she died. No husband ever made so much fuss: weeping, sobbing day and night, the small rights of widowhood, were her only occupation.
On présume que la reine, qui ne manquait pas d'amour-propre, avait exigé ce serment, ne croyant pas qu'il fût au monde personne qui pût l'égaler, pensant bien que c'était s'assurer que le roi ne se remarierait jamais. Enfin elle mourut. Jamais mari ne fit tant de vacarme : pleurer, sangloter jour et nuit, menus droits du veuvage, furent son unique occupation.
The great pains did not last. Moreover, the great men of the State assembled, and came in body to beg the king to remarry. This first proposal seemed harsh to him, and made him shed new tears. He alleged the oath he had made to the queen, challenging all his advisers to find a princess more beautiful and better made than his late wife, thinking it impossible. But the council treated such a promise as mere bauble, and said that it did not matter how beautiful she was, so long as a queen was virtuous and not barren; that the state required princes for its rest and tranquillity; that indeed the infanta had all the qualities required to make a great queen, but that a stranger should be chosen for her husband; and that either this stranger would take her home with him, or that, if he reigned with her, her children would no longer be reputed to be of the same blood; and that, as there was no prince of her name, the neighbouring peoples might raise wars against them which would lead to the ruin of the kingdom.
Les grandes douleurs ne durent pas. D'ailleurs, les grands de l'État s'assemblèrent, et vinrent en corps prier le roi de se remarier. Cette première proposition lui parut dure, et lui fit répandre de nouvelles larmes. Il allégua le serment qu'il avait fait à la reine, défiant tous ses conseillers de pouvoir trouver une princesse plus belle et mieux faite que feu sa femme, pensant que cela était impossible. Mais le conseil traita de babiole une telle promesse, et dit qu'il importait peu de la beauté, pourvu qu'une reine fût vertueuse et point stérile; que l'État demandait des princes pour son repos et sa tranquillité; qu'à la vérité l'infante avait toutes les qualités requises pour faire une grande reine, mais qu'il fallait lui choisir un étranger pour époux; et qu'alors, ou cet étranger l'emmènerait chez lui, ou que, s'il régnait avec elle, ses enfants ne seraient plus réputés du même sang; et que, n'y ayant point de prince de son nom, les peuples voisins pourraient leur susciter des guerres qui entraîneraient la ruine du royaume.
The king, struck by these considerations, promised that he would think of satisfying them. Indeed, he looked for a suitable bride among the princesses to be married. Every day charming portraits were brought to him, but none of them had the graces of the late queen: so he did not make up his mind. Unfortunately, he found that the infanta, his daughter, was not only beautiful and well-made, but that she far surpassed the queen her mother in spirit and amenities. Her youth and the pleasant freshness of her beautiful complexion inflamed the king with such a violent fire that he could not hide it from the infanta, and he told her that he had resolved to marry her, since she alone could release him from his oath.
Le roi, frappé de ces considérations, promit qu'il songerait à les contenter. Effectivement il chercha, parmi les princesses à marier, que serait celle qui pourrait lui convenir. Chaque jour on lui apportait des portraits charmants, mais aucun n'avait les grâces de la feue reine : ainsi il ne se déterminait point. Malheureusement, il s'avisa de trouver que l'infante, sa fille, était non seulement belle et bien faite à ravir, mais qu'elle surpassait encore de beaucoup la reine sa mère en esprit et en agréments. Sa jeunesse, l'agréable fraîcheur de son beau teint enflamma le roi d'un feu si violent, qu'il ne put le cacher à l'infante, et il lui dit qu'il avait résolu de l'épouser, puisqu'elle seule pouvait le dégager de son serment.
The young princess, full of virtue and modesty, thought she would faint at this horrible proposal. She threw herself at the feet of her father the king, and begged him, with all the strength she could muster in her mind, not to force her to commit such a crime.
La jeune princesse, remplie de vertu et de pudeur, pensa s'évanouir à cette horrible proposition. Elle se jeta aux pieds du roi son père, et le conjura, avec toute la force qu'elle put trouver dans son esprit, de ne la pas contraindre à commettre un tel crime.
The king, who had set himself this strange project in mind, had consulted an old druid to put the princess' conscience at rest. This druid, who was not so much religious as ambitious, sacrificed the interests of innocence and virtue to the honour of being a confidant of a great king, and so skilfully insinuated himself into the king's mind, so softened the crime he was about to commit, that he even persuaded him that it was a pious act to marry his daughter. The prince, flattered by the speeches of this scoundrel, embraced him, and returned from him more stubborn than ever in his project: he, therefore, ordered the infanta to prepare herself to obey him.
Le roi, qui s'était mis en tête ce bizarre projet, avait consulté un vieux druide pour mettre la conscience de la princesse en repos. Ce druide, moins religieux qu'ambitieux, sacrifia, à l'honneur d'être confident d'un grand roi, l'intérêt de l'innocence et de la vertu, et s'insinua avec tant d'adresse dans l'esprit du roi, lui adoucit tellement le crime qu'il allait commettre, qu'il lui persuada même que c'était une oeuvre pie que d'épouser sa fille. Ce prince, flatté par les discours de ce scélérat, l'embrassa, et revint d'avec lui plus entêté que jamais dans son projet : il fit donc ordonner à l'infante de se préparer à lui obéir.
The young princess, outraged by the pain, thought of nothing else but to go and find the Lilac Fairy, her godmother. For this purpose, she set off that same night in a pretty cabriolet harnessed to a big sheep that knew all the roads. She arrived happily. The fairy, who loved the infanta, told her that she knew everything she had come to tell her, but that she had no worries, as nothing could harm her if she faithfully carried out what she was going to tell her. "For, my dear child," she said to her, "it would be a great fault to marry your father; but, without contradicting him, you can avoid it: tell him that, to fulfil a fancy you have, he must give you a dress of the colour of the time; never, with all his love and power, can he succeed."
La jeune princesse, outrée d'une vive douleur, n'imagina rien autre chose que d'aller trouver la fée des Lilas, sa marraine. Pour cet effet elle partit la même nuit dans un joli cabriolet attelé d'un gros mouton qui savait tous les chemins. Elle y arriva heureusement. La fée, qui aimait l'infante, lui dit qu'elle savait tout ce qu'elle venait lui dire, mais qu'elle n'eût aucun souci, rien ne pouvant lui nuire si elle exécutait fidèlement ce qu'elle allait lui prescrire. « Car, ma chère enfant, lui dit-elle, ce serait une grande faute que d'épouser votre père; mais, sans le contredire, vous pouvez l'éviter : dites-lui que, pour remplir une fantaisie que vous avez, il faut qu'il vous donne une robe de la couleur du temps; jamais, avec tout son amour et son pouvoir, il ne pourra y parvenir. »
The princess thanked her godmother well; and the next morning she told the king her father what the fairy had advised her to do, and protested that no confession would be made of her unless she had a dress the colour of the time. The king, delighted with the hope she gave him, assembled the most famous workmen and ordered them to make the dress, on condition that if they failed to do so, he would have them all hanged. He did not have the sorrow to come to this extremity; from the second day, they brought the dress so desired. The empyrean is no more beautiful blue when it is girded with golden clouds than this beautiful dress when it was laid out. The infanta was very upset by this, and did not know how to get out of her predicament. The king was pressing for a conclusion. The godmother had to be called in again and, astonished that her secret had not succeeded, told her to try to ask for one the colour of the moon. The king, who could refuse her nothing, sent for the most skilful workmen, and so expressly ordered them to make a dress the colour of the moon, that there were not twenty-four hours between the order and its delivery…
La princesse remercia bien sa marraine; et dès le lendemain matin elle dit au roi son père ce que la fée lui avait conseillé, et protesta qu'on ne tirerait d'elle aucun aveu qu'elle n'eût une robe couleur du temps. Le roi, ravi de l'espérance qu'elle lui donnait, assembla les plus fameux ouvriers, et leur commanda cette robe, sous la condition que, s'ils ne pouvaient réussir, il les ferait tous pendre. Il n'eut pas le chagrin d'en venir à cette extrémité; dès le second jour ils apportèrent la robe si désirée. L'empyrée n'est pas d'un plus beau bleu lorsqu'il est ceint de nuages d'or, que cette belle robe lorsqu'elle fut étalée. L'infante en fut toute contristée, et ne savait comment se tirer d'embarras. Le roi pressait la conclusion. Il fallut recourir encore à la marraine, qui, étonnée de ce que son secret n'avait pas réussi, lui dit d'essayer d'en demander une de la couleur de la lune. Le roi, qui ne pouvait lui rien refuser, envoya chercher les plus habiles ouvriers, et leur commanda si expressément une robe couleur de la lune, qu'entre ordonner et l'apporter il n'y eut pas vingt-quatre heures...
The infanta, more enchanted by this superb dress than by the care of the king her father, became immoderately distressed when she was with her wives and nurse. The Lilac Fairy, who knew everything, came to the aid of the afflicted princess, and said to her: "Either I am very much mistaken, or I believe that, if you ask for a dress the colour of the sun, we shall either succeed in disgusting the king your father, for it will never be possible to make such a dress, or we shall at least gain time.
L'infante, plus charmée de cette superbe robe que des soins du roi son père, s'affligea immodérément lorsqu'elle fut avec ses femmes et sa nourrice. La fée des Lilas, qui savait tout, vint au secours de l'affligée princesse, et lui dit : « Ou je me trompe fort, ou je crois que, si vous demandez une robe couleur du soleil, ou nous viendrons à bout de dégoûter le roi votre père, car jamais on ne pourra parvenir à faire une pareille robe, ou nous gagnerons au moins du temps. »
The infanta agreed, asked for the dress, and the loving king gave, without regret, all the diamonds and rubies in his crown to help with this superb work, with orders to spare nothing to make this dress equal to the sun. And so, as soon as it appeared, all those who saw it unfurled were forced to close their eyes, so dazzled were they. It was from this time that green glasses and black lenses were introduced. What happened to the infanta at this sight? Never had anyone seen anything so beautiful and so artistically worked. She was confounded; and under the pretext of having a sore eye, she retired to her room, where the fairy was waiting for her, more ashamed than one can say. It was much worse: for, on seeing the sun's dress, she turned red with anger. Oh, now, my daughter," she said to the infanta, "we shall put your father's unworthy love to a terrible test. I think he is very stubborn about this marriage which he believes to be so near, but I think he will be a little dizzy at the request I advise you to make to him: it is the skin of that donkey which he loves so passionately, and which provides for all his expenses with such profusion; go, and do not fail to tell him that you desire this skin.
L'infante en convint, demanda la robe, et l'amoureux roi donna, sans regret, tous les diamants et les rubis de sa couronne pour aider à ce superbe ouvrage, avec ordre de ne rien épargner pour rendre cette robe égale au soleil. Aussi, dès qu'elle parut, tous ceux qui la virent déployée furent obligés de fermer les yeux, tant ils furent éblouis. C'est de ce temps que date les lunettes vertes et les verres noirs. Que devint l'infante à cette vue ? Jamais on n'avait rien vu de si beau et de si artistement ouvré. Elle était confondue; et sous prétexte d'avoir mal aux yeux, elle se retira dans sa chambre, où la fée l'attendait, plus honteuse qu'on ne peut dire. Ce fut bien pis : car, en voyant la robe du soleil, elle devint rouge de colère. « Oh ! pour le coup, ma fille, dit-elle à l'infante, nous allons mettre l'indigne amour de votre père à une terrible épreuve. Je le crois bien entêté de ce mariage qu'il croit si prochain, mais je pense qu'il sera un peu étourdi de la demande que je vous conseille de lui faire : c'est la peau de cet âne qu'il aime si passionnément, et qui fournit à toutes ses dépenses avec tant de profusion; allez, et ne manquez pas de lui dire que vous désirez cette peau. »
The infanta, delighted to find yet another way of evading a marriage she hated, and who thought at the same time that her father could never bring himself to sacrifice his donkey, came to him and explained her desire for the skin of this beautiful animal. Although the king was astonished at this fantasy, he did not hesitate to satisfy it. The poor donkey was sacrificed, and the skin gallantly brought to the infanta, who, seeing no way of evading her misfortune, was about to despair, when her godmother came running. What are you doing, my daughter?" she said, seeing the princess tearing her hair and bruising her beautiful cheeks; "this is the happiest moment of your life. Wrap yourself in this skin; leave this palace, and go as far as the earth will carry you: when one sacrifices everything to virtue, the gods know how to reward it. Go, I will take care that your toilet follows you everywhere; wherever you stop, your cassette, where your clothes and jewels will be, will follow your steps under the ground; and here is my wand which I give you: by striking the ground, when you need this cassette, it will appear to your eyes; but make haste to leave; and do not delay.
L'infante, ravie de trouver encore un moyen d'éluder un mariage qu'elle détestait, et qui pensait en même temps que son père ne pourrait jamais se résoudre à sacrifier son âne, vint le trouver, et lui exposa son désir pour la peau de ce bel animal. Quoique le roi fût étonné de cette fantaisie, il ne balança pas à la satisfaire. Le pauvre âne fut sacrifié, et la peau galamment apportée à l'infante, qui, ne voyant plus aucun moyen d'éluder son malheur, s'allait désespérer, lorsque sa marraine accourut. « Que faites-vous, ma fille ? dit-elle, voyant la princesse déchirant ses cheveux et meurtrissant ses belles joues; voici le moment le plus heureux de votre vie. Enveloppez-vous de cette peau; sortez de ce palais, et allez tant que terre pourra vous porter : lorsqu'on sacrifie tout à la vertu, les dieux savent en récompenser. Allez, j'aurai soin que votre toilette vous suive partout; en quelque lieu que vous vous arrêtiez, votre cassette, où seront vos habits et vos bijoux, suivra vos pas sous terre; et voici ma baguette que je vous donne : en frappant la terre, quand vous aurez besoin de cette cassette, elle paraîtra à vos yeux; mais hâtez-vous de partir; et ne tardez pas. »
The infanta kissed her godmother a thousand times, begged her not to abandon her, put on that ugly skin, after smearing herself with chimney soot, and left the rich palace without being recognised by anyone.
The absence of the infanta caused a great rumour. The king, in despair, who had had a magnificent party prepared, was inconsolable. He sent out more than a hundred gendarmes and more than a thousand musketeers to search for his daughter; but the fairy, who protected her, made her invisible to the most skilful searchers: so it was necessary to console himself.
L'infante embrassa mille fois sa marraine, la pria de ne pas l'abandonner, s'affubla de cette vilaine peau, après s'être barbouillée de suie de cheminée, et sortit de ce riche palais sans être reconnue de personne.
L'absence de l'infante causa une grande rumeur. Le roi, au désespoir, qui avait fait préparer une fête magnifique, était inconsolable. Il fit partir plus de cent gendarmes et plus de mille mousquetaires pour aller à la quête de sa fille; mais la fée, qui la protégeait, la rendait invisible aux plus habiles recherches : ainsi il fallut bien s'en consoler.
In the meantime, the infanta was on her way. She went far, far, farther, and looked everywhere for a place to stay; but although they gave her food out of charity, they found her so filthy that no one wanted her. However, she entered a beautiful town, at the gate of which was a farmhouse, whose farmer needed a sloven to wash the dishcloths, clean the turkeys and the pigs' trough. This woman, seeing this traveller so dirty, offered to let her into her house; which the infanta accepted with a great deal of pleasure, so tired was she of having walked so much. They put her in a back corner of the kitchen, where for the first few days she was the butt of the coarse jokes of the flunkeys, so dirty and disgusting was her donkey skin. At last, they got used to her; besides, she was so careful to fulfil her duties that the farmer took her under her protection. She drove the sheep and had them parked when they needed to be; she led the turkeys to graze with such intelligence that it seemed as if she had never done anything else: everything bore fruit under her beautiful hands.
Pendant ce temps l'infante cheminait. Elle alla bien loin, bien loin, encore plus loin, et cherchait partout une place; mais quoique par charité on lui donnât à manger, on la trouvait si crasseuse que personne n'en voulait. Cependant elle entra dans une belle ville, à la porte de laquelle était une métairie, dont la fermière avait besoin d'une souillon pour laver les torchons, nettoyer les dindons et l'auge des cochons. Cette femme, voyant cette voyageuse si malpropre, lui proposa d'entrer chez elle; ce que l'infante accepta de grand coeur, tant elle était lasse d'avoir tant marché. On la mit dans un coin recule de la cuisine, où elle fut, les premiers jours, en butte aux plaisanteries grossières de la valetaille, tant sa peau d'âne la rendait sale et dégoûtante. Enfin on s'y accoutuma; d'ailleurs elle était si soigneuse de remplir ses devoirs que la fermière la prit sous sa protection. Elle conduisait les moutons, les faisait parquer au temps où il le fallait; elle menait les dindons paître avec une telle intelligence, qu'il semblait qu'elle n'eût jamais fait autre chose : aussi tout fructifiait sous ses belles mains.
One day, sitting by a clear fountain, where she often deplored her sad condition, she thought of taking a look at herself, but the appalling donkey skin which made up her hair and clothing appalled her. Ashamed of this adjustment, she cleaned her face and hands, which became whiter than ivory, and her beautiful complexion regained its natural freshness. The joy of finding herself so beautiful made her want to bathe in it, which she did: but she had to put on her unworthy skin to return to the farm. Fortunately, the next day was a feast day; so she had time to draw out her cassette, to arrange her toilet, to powder her beautiful hair, and to put on her beautiful dress the colour of the time. Her room was so small that the tail of this beautiful dress could not stretch. The beautiful princess wondered and admired herself with good reason, so that she resolved, in order to relieve herself, to put on her beautiful dresses in turn, on festivals and Sundays; which she punctually executed. She mixed flowers and diamonds in her beautiful hair with admirable art; and often she sighed to have for witnesses of her beauty only her sheep and turkeys, who loved her as much with her horrible donkey skin, whose name was given to her on that farm.
Un jour qu'assise près d'une claire fontaine, où elle déplorait souvent sa triste condition, elle s'avisa de s'y mirer, l'effroyable peau d'âne, qui faisait sa coiffure et son habillement, l'épouvanta. Honteuse de cet ajustement, elle se décrassa le visage et les mains, qui devinrent plus blanches que l'ivoire, et son beau teint reprit sa fraîcheur naturelle. La joie de se trouver si belle lui donna envie de s'y baigner. ce qu'elle exécuta : mais il lui fallut remettre son indigne peau pour retourner à la métairie. Heureusement le lendemain était un jour de fête; ainsi elle eut le loisir de tirer sa cassette, d'arranger sa toilette, de poudrer ses beaux cheveux, et de mettre sa belle robe couleur du temps. Sa chambre était si petite, que la queue de cette belle robe ne pouvait pas s'étendre. La belle princesse se mira et s'admira elle-même avec raison, si bien qu'elle résolut, pour se désennuyer, de mettre tour à tour ses belles robes, les fêtes et les dimanches; ce qu'elle exécuta ponctuellement. Elle mêlait des fleurs et des diamants dans ses beaux cheveux, avec un art admirable; et souvent elle soupirait de n'avoir pour témoins de sa beauté que ses moutons et ses dindons, qui l'aimaient autant avec son horrible peau d'âne, dont on lui avait donné le nom dans cette ferme.
One day of festival, when Peau-d'Ane had put on the dress colour of the sun, the son of the king, to whom this farm belonged, came down there to rest, while returning from the hunt. This prince was young, handsome and beautifully made, the love of his father and the queen his mother, adored by the people. The young prince was offered a country snack, which he accepted: then he set out to explore the farmyards and all their corners. Running from place to place, he came to a dark alley, at the end of which he saw a closed door. Curiosity made him look at the lock; but what became of him, when he saw the princess so beautiful and so richly dressed, that from her noble and modest air, he took her for a divinity! The impetuosity of feeling which he felt at that moment would have led him to break down the door, had it not been for the respect that this ravishing person inspired in him.
Un jour de fête, que Peau-d'Ane avait mis la robe couleur du soleil, le fils du roi, a qui cette ferme appartenait, vint y descendre pour se reposer, en revenant de la chasse. Ce prince était jeune, beau et admirablement bien fait, l'amour de son père et de la reine sa mère, adoré des peuples. On offrit à ce jeune prince une collation champêtre, qu'il accepta : puis il se mit à parcourir les basses-cours et tous leurs recoins. En courant ainsi de lieu en lieu, il entra dans une sombre allée, au bout de laquelle il vit une porte fermée. La curiosité lui fit mettre l'oeil à la serrure; mais que devint-il, en apercevant la princesse si belle et si richement vêtue, qu'à son air noble et modeste il la prit pour une divinité ! L'impétuosité du sentiment qu'il éprouva dans ce moment l'aurait porté à enfoncer la porte, sans le respect que lui inspira cette ravissante personne.
He came out of this dark and obscure alley with difficulty, but it was to inquire who was the person who lived in this little room. He was told that she was a slattern, who was called Donkey-skin, because of the skin she wore; and that she was so dirty and filthy that no one looked at her, nor spoke to her; and that she had been taken only out of pity, to look after the sheep and turkeys.
Il sortit avec peine de cette allée sombre et obscure, mais ce fut pour s'informer qui était la personne qui demeurait dans cette petite chambre. On lui répondit que c'était une souillon, qu'on nommait Peau-d'Ane, à cause de la peau dont elle s'habillait; et qu'elle était si sale et si crasseuse, que personne ne la regardait, ni ne lui parlait; et qu'on ne l'avait prise que par pitié, pour garder les moutons et les dindons.
The prince, not very satisfied with this clarification, saw that these rude people knew no more, and that it was useless to question them. He returned to the palace of the king his father, more in love than can be said, having continually before his eyes the beautiful image of this divinity which he had seen through the keyhole. He repented of not knocking at the door, and promised himself that he would not fail to do so another time. But the agitation of his blood, caused by the ardour of his love, gave him, in the same night, a fever so terrible that he was soon reduced to extremity. The queen his mother, who had only him as a child, despaired that all remedies were useless. She promised in vain the greatest rewards to the doctors; they used all their art, but nothing cured the prince.
Le prince, peu satisfait de cet éclaircissement, vit bien que ces gens grossiers n'en savaient pas davantage, et qu'il était inutile de les questionner. Il revint au palais du roi son père, plus amoureux qu'on ne peut dire, ayant continuellement devant les yeux la belle image de cette divinité qu'il avait vue par le trou de la serrure. Il se repentit de n'avoir pas heurté à la porte, et se promit bien de n'y pas manquer une autre fois. Mais l'agitation de son sang, causée par l'ardeur de son amour, lui donna, dans la même nuit, une fièvre si terrible, que bientôt il fut réduit à l'extrémité. La reine sa mère, qui n'avait que lui d'enfant, se désespérait de ce que tous les remèdes étaient inutiles. Elle promettait en vain les plus grandes récompenses aux médecins; ils y employaient tout leur art, mais rien ne guérissait le prince.
At last, they guessed that a deadly grief was causing all this havoc; they warned the queen, who, full of tenderness for her son, came to beseech him to tell the cause of his affliction; and that, when it came to giving up the crown to him, the king his father would come down from his throne without regret, to bring him up; That if he desired any princess, even if they were at war with the king his father, and had just subjects to complain of, they would sacrifice everything to obtain what he desired; but that she begged him not to let himself die, since their lives depended on his.
Enfin ils devinèrent qu'un mortel chagrin causait tout ce ravage; ils en avertirent la reine, qui, toute pleine de tendresse pour son fils, vint le conjurer de dire la cause de son mal; et que, quand il s'agirait de lui céder la couronne, le roi son père descendrait de son trône sans regret, pour l'y faire monter; que s'il désirait quelque princesse, quand même on serait en guerre avec le roi son père, et qu'on eût de justes sujets pour s'en plaindre, on sacrifierait tout pour obtenir ce qu'il désirait; mais qu'elle le conjurait de ne pas se laisser mourir, puisque de sa vie dépendait la leur.
The queen did not finish this touching speech without wetting the prince's face with a flood of tears. Madam," said the prince at last, in a very weak voice, "I am not so unnatural as to desire my father's crown; may heaven grant that he may live many years, and that he may wish me to be for a long time the most faithful and most respectful of his subjects! As for the princesses you offer me, I have not yet thought of marrying; and you can be sure that, submissive as I am to your wishes, I will always obey you, whatever the cost. - Ah, my son," said the queen, "nothing will cost me to save your life; but, my dear son, save mine and that of the king your father, by declaring to me what you desire, and be assured that it will be granted. Well, madam," he said, "since I must tell you what I think, I will obey you; it would be a crime for me to put in danger two people who are so dear to me. I want Donkey-skin to make me a cake, and as soon as it is made, to bring it to me.
La reine n'acheva pas ce touchant discours sans mouiller le visage du prince d'un torrent de larmes. « Madame, lui dit enfin le prince avec une voix très faible, je ne suis pas assez dénaturé pour désirer la couronne de mon père; plaise au ciel qu'il vive de longues années, et qu'il veuille bien que je sois long temps le plus fidèle et le plus respectueux de ses sujets ! Quant aux princesses que vous m'offrez, je n'ai point encore pensé à me marier; et vous pensez bien que, soumis comme je le suis à vos volontés, je vous obéirai toujours, quoi qu'il m'en coûte. - Ah ! mon fils, reprit la reine, rien ne me coûtera pour te sauver la vie; mais, mon cher fils, sauve la mienne et celle du roi ton père, en me déclarant ce que tu désires, et sois bien assuré qu'il te sera accordé. Eh bien ! madame, dit-il, puisqu'il faut vous déclarer ma pensée, je vais vous obéir; je me ferais un crime de mettre en danger deux êtres qui me sont si chers. Oui ma mère, je désire que Peau-d'Âne me fasse un gâteau, et que, dès qu'il sera fait, on me l'apporte. »
The queen, astonished at this strange name, asked who this Donkey-Skin was. It is, madam," said one of her officers, who by chance had seen this girl, "the ugliest beast after the wolf; a black skin, a filthy one, who lodges in your tenant farm and guards your turkeys. -It is a sick fancy; in a word, I want Donkey-skin (since Donkey-skin is there) to make him a cake quickly.
They ran to the farmhouse, and sent for Donkey-Skin, to order him to do his best to make a cake for the prince.
La reine, étonnée de ce nom bizarre, demanda qui était cette Peau-d'Ane. « C'est, madame, reprit un de ses officiers qui par hasard avait vu cette fille, c'est la plus vilaine bête après le loup; une peau noire, une crasseuse, qui loge dans votre métairie et qui garde vos dindons. -N'importe, dit la reine; mon fils, au retour de la chasse, a peut-être mangé de sa pâtisserie; c'est une fantaisie de malade, en un mot, je veux que Peau-d'Ane (puisque Peau-d'Ane il y a) lui fasse promptement un gâteau. »
On courut à la métairie, et l'on fit venir Peau-d'Ane, pour lui ordonner de faire de son mieux un gâteau pour le prince.
Some authors have assured us that when this prince had put his eye to the lock, her own people had seen him: and then, looking out of her little window, she had seen this prince so young, so handsome and so well-made, that the idea had remained with her, and that this memory had often cost her a few sighs. In any case, having seen him, or having heard much about him with praise, delighted to be able to find a way of being known, Peau-d'Ane shut herself up in her room, threw off her ugly skin, washed her face and hands, put on her blond hair, put on a beautiful corset of shining silver, a similar petticoat, and set about making the cake she had so longed for: she took some of the purest flour, some eggs and fresh butter. As she worked, whether by design or otherwise, a ring which she had on her finger fell into the batter, got mixed up in it; and as soon as the cake was baked, putting on its horrible skin, she gave the cake to the officer, to whom she asked for news of the prince; but this man, not deigning to answer her, ran to the prince's house to bring him the cake.
Quelques auteurs ont assuré que Peau-d'Ane, au moment que ce prince avait mis l'oeil à la serrure, les siens l'avaient aperçu : et puis, que regardant par sa petite fenêtre, elle avait vu ce prince si jeune, si beau et si bien fait, que l'idée lui en était restée, et que souvent ce souvenir lui avait coûté quelques soupirs. Quoi qu'il en soit, Peau-d'Ane l'ayant vu, ou en ayant beaucoup entendu parler avec éloge, ravie de pouvoir trouver un moyen d'être connue. s'enferma dans sa chambre, jeta sa vilaine peau, se décrassa le visage et les mains, se coiffa de ses blonds cheveux, mit un beau corset d'argent brillant. un jupon pareil, et se mit à faire le gâteau tant désiré : elle prit de la plus pure farine, des oeufs et du beurre bien frais. En travaillant, soit de dessein ou autrement, une bague qu'elle avait au doigt tomba dans la pâte, s'y mêla; et dès que le gâteau fut cuit, s'affublant de son horrible peau, elle donna le gâteau à l'officier, à qui elle demanda des nouvelles du prince; mais cet homme, ne daignant pas lui répondre, courut chez le prince lui porter ce gâteau.
The prince took it greedily from the man's hands, and ate it with such vivacity, that the doctors, who were present, did not fail to say that this fury was not a good sign: indeed, the prince thought of choking on the ring which he found in one of the pieces of the cake; but he deftly drew it from his mouth: and his eagerness to devour that cake was slowed down, as he examined that fine emerald, mounted on a gold ring, the circle of which was so narrow, that he judged that it could only fit the prettiest finger in the world.
Le prince le prit avidement des mains de cet homme, et le mangea avec une telle vivacité, que les médecins, qui étaient présents, ne manquèrent pas de dire que cette fureur n'était pas un bon signe : effectivement, le prince pensa s'étrangler par la bague qu'il trouva dans un des morceaux du gâteau; mais il la tira adroitement de sa bouche : et son ardeur à dévorer ce gâteau se ralentit, en examinant cette fine émeraude, montée sur un jonc d'or, dont le cercle était si étroit, qu'il jugea ne pouvoir servir qu'au plus joli doigt du monde.
He kissed this ring a thousand times, put it under his bedside table, and drew it out at any moment, when he thought he would not be seen by anyone. The torment he gave himself, to imagine how he could see the one to whom this ring could go; and not daring to believe, if he asked for Peau-d'Ane, who had made this cake he had asked for, that he would be allowed to bring her, nor daring to say what he had seen through the keyhole, lest he be laughed at, and taken for a visionary, all these ideas tormenting him at once, the fever took hold of him strongly; and the doctors, not knowing what to do, declared to the queen that the prince was sick with love.
Il baisa mille fois cette bague, la mit sous son chevet, et l'en tirait à tout moment, quand il croyait n'être vu de personne. Le tourment qu'il se donna, pour imaginer comment il pourrait voir celle à qui cette bague pouvait aller; et n'osant croire, s'il demandait Peau-d'Ane, qui avait fait ce gâteau qu'il avait demandé, qu'on lui accordât de la faire venir, n'osant non plus dire ce qu'il avait vu par le trou de la serrure, de crainte qu'on se moquât de lui, et qu'on le prît pour un visionnaire, toutes ces idées le tourmentant à la fois, la fièvre le reprit fortement; et les médecins, ne sachant plus que faire, déclarèrent à la reine que le prince était malade d'amour.
The queen ran to her son's house with the king, who was distressed: "My son, my dear son," cried the distressed monarch, "name the one you want; we swear that we will give her to you, even if she is the vilest of slaves. The queen, embracing him, confirmed the king's oath. The prince, moved by the tears and caresses of the authors of his days, said to them: "My father and my mother, I have no intention of making an alliance which would displease you; and as proof of this truth," he said, drawing the emerald from under his bedside, "I will marry the person to whom this ring goes, whoever she may be; and there is no appearance that the person who will have this pretty finger is a boorish person or a peasant.
La reine accourut chez son fils, avec le roi, qui se désolait : « Mon fils, mon cher fils, s'écria le monarque affligé, nomme-nous celle que tu veux; nous jurons que nous te la donnerons, fût-elle la plus vile des esclaves. » La reine, en l'embrassant, lui confirma le serment du roi. Le prince, attendri par les larmes et les caresses des auteurs de ses jours : « Mon père et ma mère, leur dit-il, je n'ai point dessein de faire une alliance qui vous déplaise; et pour preuve de cette vérité, dit-il en tirant l'émeraude de dessous son chevet, c'est que j'épouserai la personne à qui cette bague ira, telle qu'elle soit; et il n'y a pas apparence que celle qui aura ce joli doigt soit une rustaude ou une paysanne. »
The king and queen took the ring, examined it curiously, and judged, as did the prince, that this ring could only belong to a girl of good family. Then the king, having embraced his son and begged him to get well, went out and had drums, fifes and trumpets sounded throughout the town, and his heralds shouted that all they had to do was to come to the palace to try on a ring, and that the one to whom it would fit would marry the heir to the throne.
The princesses arrived first, then the duchesses, marquises and baronesses; but no matter how much they shrank their fingers, none could put on the ring. It was necessary to come to the grisettes, who, as pretty as they were, all had fingers that were too big. The prince, who was feeling better, tried it on himself. Finally, it came to the chambermaids; they were no more successful. There was no one left who had not tried this ring without success, when the prince asked for the cooks, the kitchen maids, the sheep keepers: they were all brought in; but their fat, red, short fingers could not go beyond the nail.
Le roi et la reine prirent la bague, l'examinèrent curieusement, et jugèrent, ainsi que le prince, que cette bague ne pouvait aller qu'à quelque fille de bonne maison. Alors le roi ayant embrassé son fils, en le conjurant de guérir, sortit, fit sonner les tambours, les fifres et les trompettes par toute la ville, et crier par ses hérauts que l'on n'avait qu'à venir au palais essayer une bague, et que celle à qui elle irait juste épouserait l'héritier du trône.
Les princesses d'abord arrivèrent, puis les duchesses, les marquises et les baronnes; mais elles eurent beau toutes s'amenuiser les doigts, aucune ne put mettre la bague. Il en fallut venir aux grisettes, qui, toutes jolies qu'elles étaient, avaient toutes les doigts trop gros. Le prince, qui se portait mieux, faisait lui-même l'essai. Enfin, on en vint aux filles de chambre; elles ne réussirent pas mieux. Il n'y avait plus personne qui n'eût essayé cette bague sans succès, lorsque le prince demanda les cuisinières, les marmitonnes, les gardeuses de moutons : on amena tout cela; mais leurs gros doigts rouges et courts ne purent seulement aller par-delà l'ongle.
"Has this Donkey-skin been sent for, who has been baking me a cake for the last few days?" said the prince. Everyone laughed, and told him no, so dirty and filthy was she. Let him be fetched presently," said the king; "it will not be said that I have excepted anyone. They ran, laughing and mocking, to fetch the turkey keeper.
« A-t-on fait venir cette Peau-d'Ane, qui m'a fait un gâteau ces jours derniers ? » dit le prince. Chacun se prit à rire, et lui dit que non, tant elle était sale et crasseuse. « Qu'on l'aille chercher tout à l'heure, dit le roi; il ne sera pas dit que j'aie excepté quelqu'un. » On courut, en riant et se moquant, chercher la dindonnière.
The infanta, who had heard the drums and the cry of the heralds, had well suspected that her ring was making this din: she loved the prince; and, as true love is fearful and has no vanity, she was in continual fear that some lady had a finger as small as hers. So she was very glad when she was sought out and knocked at her door. Ever since she had heard that they were looking for a suitable finger to put on her ring, I don't know what hope had led her to do her hair more carefully, and to put on her beautiful silver body, with the petticoat full of falbalas, silver lace, and studded with emeralds. As soon as she heard the knock at the door, and that she was called to go to the prince's house, she quickly put on her donkey skin, opened her door And these people, mocking her, told her that the king was asking her to marry his son, and then, with long bursts of laughter, they led her to the prince, who himself, astonished at the attire of this girl, did not dare to believe that it was she whom he had seen so pompous and so beautiful. Saddened and confounded at having been so heavily deceived, he said to her, "Is it you who lodge at the end of this dark alley, in the third bailey of the farmhouse? -- Yes, my lord," she answered. -- Show me your hand," he said, trembling and sighing deeply…
L'infante, qui avait entendu les tambours et le cri des hérauts d'armes, s'était bien doutée que sa bague faisait ce tintamarre : elle aimait le prince; et, comme le véritable amour est craintif et n'a point de vanité, elle était dans la crainte continuelle que quelque dame n'eût le doigt aussi menu que le sien. Elle eut donc une grande joie quand on vint la chercher et qu'on heurta à sa porte. Depuis qu'elle avait su qu'on cherchait un doigt propre à mettre sa bague, je ne sais quel espoir l'avait portée à se coiffer plus soigneusement, et à mettre son beau corps d'argent, avec le jupon plein de falbalas, de dentelles d'argent, semé d'émeraudes. Sitôt qu'elle entendit qu'on heurtait à la porte, et qu'on l'appelait pour aller chez le prince, elle remit promptement sa peau d'âne, ouvrit sa porte; et ces gens, en se moquant d'elle, lui dirent que le roi la demandait pour lui faire épouser son fils, puis, avec de longs éclats de rire, ils la menèrent chez le prince, qui, lui-même, étonné de l'accoutrement de cette fille, n'osa croire que ce fût elle qu'il avait vue si pompeuse et si belle. Triste et confondu de s'être si lourdement trompé; « Est-ce vous, lui dit-il, qui logez au fond de cette allée obscure, dans la troisième basse-cour de la métairie ? -- Oui, seigneur, répondit-elle. -- Montrez-moi votre main », dit-il en tremblant et poussant un profond soupir...
Who was really surprised? It was the king and queen, as well as all the chamberlains and grandees of the court, when from under that black and filthy skin there emerged a small, delicate, white, rose-coloured hand, where the ring fitted without difficulty on the prettiest little finger in the world; And by a little movement which the infanta gave herself, the skin fell off, and she appeared so ravishingly beautiful, that the prince, weak as he was, got down on her knees, and clasped them with an ardour which made her blush; but this was hardly noticed, because the king and queen came and kissed her with all their strength, and asked her if she would marry their son. The princess, confused by so many caresses and the love shown to her by this handsome young prince, was about to thank them, when the ceiling opened and the Lilac Fairy, descending in a chariot made of branches and flowers of her name, told, with infinite grace, the story of the infanta.
Dame ! qui fut bien surpris ? Ce furent le roi et la reine, ainsi que tous les chambellans et les grands de la cour, lorsque de dessous cette peau noire et crasseuse sortit une petite main délicate, blanche et couleur de rose, où la bague s'ajusta sans peine au plus joli petit doigt du monde; et par un petit mouvement que l'infante se donna, la peau tomba, et elle parut d'une beauté si ravissante, que le prince, tout faible qu'il était, se mit à ses genoux, et les serra avec une ardeur qui la fit rougir; mais on ne s'en aperçut presque pas, parce que le roi et la reine vinrent l'embrasser de toute leur force, et lui demander si elle voulait bien épouser leur fils. La princesse, confuse de tant de caresses et de l'amour que lui marquait ce beau jeune prince, allait cependant les en remercier, lorsque le plafond s'ouvrit, et que la fée des Lilas, descendant dans un char fait de branches et de fleurs de son nom, conta, avec une grâce infinie, l'histoire de l'infante.
The king and queen, charmed to see that Donkey Skin was a great princess, redoubled their caresses; but the prince was still more sensitive to the virtue of the princess, and his love increased by this knowledge.
Le roi et la reine, charmés de voir que Peau-d'Ane était une grande princesse, redoublèrent leurs caresses; mais le prince fut encore plus sensible à la vertu de la princesse, et son amour s'accrut par cette connaissance.
Such was the prince's impatience to marry the princess, that he scarcely gave time to make the proper preparations for this august wedding. The king and queen, who were in a panic for their daughter-in-law, caressed her a thousand times, and held her in their arms incessantly; she had declared that she could not marry the prince without the consent of the king her father: so he was the first to whom an invitation was sent, without telling him who the bride was; the Lilac fairy, who presided over everything, as was only natural, had demanded it, because of the consequences. Kings came from all over the world: some in sedan chairs, others in cabriolets; some more distant, mounted on elephants, on tigers, on eagles; but the most magnificent and the most powerful was the father of the infanta, who had fortunately forgotten his disordered love, and had married a widowed queen, very beautiful, of whom he had had no child. The infanta ran to meet him; he recognised her at once, and embraced her with great tenderness, before she had time to throw herself on his knee. The king and queen presented him with their son, whom he showered with friendship. The wedding took place with all the pomp imaginable. The young couple, not very sensitive to these magnificences, saw and looked only at themselves.
L'impatience du prince, pour épouser la princesse, fut telle, qu'à peine donna-t-il le temps de faire les préparatifs convenables pour cet auguste hyménée. Le roi et la reine, qui étaient affolés de leur belle-fille, lui faisaient mille caresses, et la tenaient incessamment dans leurs bras; elle avait déclaré qu'elle ne pouvait épouser le prince sans le consentement du roi son père : aussi fut-il le premier à qui on envoya une invitation, sans lui dire quelle était l'épousée; la fée des Lilas, qui présidait à tout, comme de raison, l'avait exigé, à cause des conséquences. Il vint des rois de tous les pays : les uns en chaise à porteurs, d'autres en cabriolet; de plus éloignés, montés sur des éléphants, sur des tigres, sur des aigles; mais le plus magnifique et le plus puissant fut le père de l'infante, qui heureusement avait oublié son amour déréglé, et avait épousé une reine veuve, fort belle, dont il n'avait point eu d'enfant. L'infante courut au-devant de lui; il la reconnut aussitôt, et l'embrassa avec une grande tendresse, avant qu'elle eût le temps de se jeter à ses genoux. Le roi et la reine lui présentèrent leur fils, qu'il combla d'amitiés. Les noces se firent avec toute la pompe imaginable. Les jeunes époux, peu sensibles à ces magnificences, ne virent et ne regardèrent qu'eux.
The king, the prince's father, had his son crowned that same day, and, kissing his hand, placed him on his throne, in spite of the resistance of this son so well born: he had to obey. The celebrations of this illustrious marriage lasted nearly three months; but the love of the two spouses would still last, so much did they love each other, if they had not died a hundred years later.
Le roi, père du prince, fit couronner son fils ce même jour, et, lui baisant la main, le plaça sur son trône, malgré la résistance de ce fils si bien né : il lui fallut obéir. Les fêtes de cet illustre mariage durèrent près de trois mois; mais l'amour des deux époux durerait encore, tant ils s'aimaient, s'ils n'étaient pas morts cent ans après.
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icariebzh · 21 days
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 « Deir al-Balah, Gaza, 11 mars 2024, Chère Michelle, Ton nom est la seule chose que je connais de toi pour l’instant. Moi, je m’appelle Tala. Jamais je n’ai imaginé parler un jour à une Israélienne. Encore moins faire ta connaissance alors qu’une guerre est en cours contre mon peuple. Lorsqu’on m’a proposé de t’écrire une lettre, je me suis sentie mal sur le moment, effrayée par l’idée de coopérer inconsciemment avec l’ennemi et de trahir les miens. J’ai peur que cette conversation me mette en danger ainsi que ma famille.  Mais j’ai quand même décidé de t’écrire. D’abord, pour te raconter ce que je vis depuis six mois maintenant. Et surtout pour honorer mon ami Yousif Dawas, tué le 14 octobre par une bombe israélienne. Il n’avait que 20 ans et rêvait de devenir thérapeute. C’était mon camarade d’université. Nous nous retrouvions régulièrement devant l’hôpital Al-Shifa pour aller ensemble à l’université.  
Je suis née à Gaza City il y a vingt ans. Je n’ai jamais quitté l’enclave, qui est une vraie prison à ciel ouvert, tu sais. A l’université, j’étudie le droit. Pendant mon temps libre, j’écris. Les gens disent de moi que je suis un vrai rat de bibliothèque. Avant la guerre, je travaillais du matin jusqu’au soir. Puis, une fois rentréechez moi, j’adorais dévorer un énième livre de ma bibliothèque tout en buvant du thé vert, ma boisson préférée. Je pourrais te parler des heures de mon université. Elle est si belle : on y entend le chant des oiseaux, le bruissement des arbres, on y respire l’air frais et on y trouve des espaces agréables où se reposer. Maintenant, il faudrait que j’écrive ces mots au passé. Car il n’en reste qu’un tas de ruines. Quant à mon diplôme, que j’étais censée obtenir l’an prochain, je ne sais pas quand je pourrai le décrocher.
Désormais, je suis réfugiée à Deir al-Balah, après avoir fui le nord de Gaza, en passant par Khan Younès, où je suis restée quarante jours sans mes parents et mes petites sœurs, qui étaient restés dans le Nord pour garder notre maison. Ils ont fini par partir eux aussi, et on s’est retrouvés en décembre. Nous avons la chance d’avoir trouvé un abri, un toit, des murs. Même s’il me paraît toujours étrange d’appeler ça un abri, étant donné que nous ne sommes protégés ni des bombes ni d’une famine ou d’une épidémie. 
Ce n’est pas courant de parler avec une Israélienne comme toi, Michelle. Personne n’est ami avec des Israéliens ici. D’ailleurs, je ne connais pas grand-chose de votre culture, de vos traditions. A Gaza, on est élevés pour vous haïr. Vous n’êtes rien d’autre que des voleurs de maisons, des auteurs de massacres innombrables qui visent à nous expulser de force ou nous exterminer.
Mais, dans ma famille, on pense qu’il est impossible de tout résoudre par la force. Je partage ce point de vue. Je crois qu’apprendre à connaître les personnes qui revendiquent leur droit à cette terre peut servir notre cause. Et toi, qu’en penses-tu ? Pourquoi as-tu accepté d’entamer cette conversation avec moi ?
Malgré notre adversité, je reste ouverte d’esprit et curieuse d’écouter et de comprendre ton opinion. Peut-être que nous ne pensons pas si différemment finalement, et que nous avons même des choses en commun. Où habites-tu ? Etudies-tu ? Connais-tu des Palestiniens ? 
Ecrire cette lettre me demande un effort colossal. Ces derniers jours, j’ai été incapable de m’exprimer correctement. J’aimerais partager ce que je vis. Ça pourrait me soulager, me faire sortir un peu du chagrin. Je n’ai plus de projet, plus de vie depuis le 7 octobre. Je commence même à me désintéresser de mes activités favorites comme la broderie palestinienne. Mes amis sont morts ou ont fui. Tous sont partis sans dire au revoir. Beaucoup de Palestiniens meurent de malnutrition, des femmes, des nourrissons. Imagines-tu que des enfants font la queue pour remplir une gamelle de soupe ? Nous avons du mal à trouver des légumes, tout est cher ou inexistant. Je déteste voir les rues inondées d’ordures et d’eau sale, les écoles et universités bombardées ou fermées. Je suis fatiguée de sentir la fumée de notre four en argile qui s’incruste dans tous nos vêtements. Et de devoir me déplacer en âne ou en charrette. La ville où j’ai grandi a été ravagée. Mes souvenirs ont disparu. Ma bibliothèque aussi. J’ai vu une photo de ma rue à Gaza City, elle est méconnaissable. C’est devenue une ville fantôme. Michelle, que fais-tu pendant que mon peuple meurt sous les bombes ? Est-ce que ça te fait de la peine ?
Notre situation est indescriptible. Nous avons perdu toute forme de vie sensée. Nous installons des tentes sur les ruines de maisons détruites. Très peu de centres de santé peuvent aider les femmes enceintes. Le taux de fausses couches a augmenté, tout comme les accouchements précoces en raison des bombardements violents. Je hais de voir comment la vie est en train de quitter nos corps. Soutiens-tu cette agression ? Pourquoi rien ne marche dès qu’il s’agit du sort de la Palestine ? Quelle offense avons-nous commise, nous Gazaouis, pour vivre de telles horreurs ? 
Michelle, je me demande si tu as déjà questionné la légitimité de ton Etat, ses lois ou ses actions. Personne ne se soucie de la discrimination que nous subissons depuis cent ans. Et le monde est aveugle face à l’apartheid que nous vivons. Comment l’Etat d’Israël peut-il se qualifier d’Etat démocratique ? Crois-tu que nous pourrons un jour vivre en paix ?
Je suis sûre que tu es, comme tous les êtres humains, dotée de sentiments. Tu ressens l’amour, la haine, la colère, la compassion. S’il te plaît, prends pitié de nous. Dis à ton peuple de cesser de nous priver de notre humanité. Notre destin, c’est nous qui devons le choisir.
Respectueusement, Tala » 
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 « Zoran, centre d’Israël, 25 mars 2024, Chère Tala, Je te remercie pour ta lettre. Bien que je n’habite qu’à quelques kilomètres de Gaza, je n’ai jamais parlé à quelqu’un de là-bas. Premièrement, je souhaiterais te dire que je suis désolée de ce que tu vis et t’exprimer mes plus sincères condoléances pour la perte de ton ami Yousif Dawas. Que sa mémoire soit honorée.
 Permets-moi tout d’abord de me présenter. J’ai 24 ans et, comme toi, je suis étudiante en droit. Je m’intéresse au droit pénal et au droit international. J’aime également faire du bénévolat. Avant la guerre, j’aidais les habitants de ma ville qui avaient besoin d’une assistance pour trouver un logement ou obtenir une aide financière de la part de l’Etat. Désormais, ma ville, Sdérot, comme toute la région limitrophe de Gaza, s’est vidée de ses habitants. 
 J’ai quitté ma maison depuis l’attaque du 7 octobre. Depuis, je suis hébergée par la famille de mon petit ami à Zoran, dans le centre d’Israël. C’est plus calme ici, contrairement à ce qui se passe dans le nord ou le sud du pays. Ma maison me manque beaucoup. Je crains que les missiles lancés quotidiennement de Gaza sur le sud d’Israël détruisent tout ce que j’ai. Mon université est fermée, mais nous pouvons suivre nos cours à distance, en visio. 
Je suis née et j’ai grandi à Jérusalem. J’étais scolarisée à l’école “Hand in Hand” [“main dans la main”], où la moitié des élèves sont des Israéliens juifs et l’autre moitié des Palestiniens citoyens d’Israël ou résidents de Jérusalem-Est. Oui, je connais donc des Palestiniens. J’ai fréquenté cet établissement jusqu’à la fin des études secondaires. C’est le seul lycée mixte en Israël où enfants juifs et palestiniens étudient ensemble.
Mon éducation était donc très différente des autres enfants de Jérusalem. Je parlais quotidiennement à des Palestiniens, des Arabes. Les mêmes que la société nous apprend à haïr. Je me souviens que des enfants de mon quartier ne voulaient pas me fréquenter, m’affirmaient que j’étais devenue amie avec des Arabes qui, une fois adultes, viendraient me tuer. Lorsque j’avais 14 ans, des suprémacistes israéliens ont même mis le feu à mon école. Ces années ont fait évoluer ma vision de la société israélienne.
Le 7 octobre au matin, j’ai appris que des terroristes palestiniens s’étaient infiltrés en Israël. Avec mon petit ami, nous nous sommes précipités dans notre abri antimissiles. Nous y sommes restés enfermés pendant près de deux jours, sans électricité ni réseau téléphonique. Nous entendions des coups de feu et des roquettes à l’extérieur, sans pouvoir ni voir ni comprendre ce qui se passait. Le père et la sœur de mon petit ami sont finalement venus nous chercher et nous ont mis en sécurité, dans le centre d’Israël. Quand je suis sortie de chez moi, j’ai vu des corps sur le sol. J’étais horrifiée. As-tu entendu parler de ce qui s’est passé en Israël ce jour-là ? Qu’as-tu ressenti ? 
Des Israéliens ont terriblement souffert ce jour-là. Nous n’en sommes toujours pas remis. Des familles ont été brutalement tuées, kidnappées. Et il y a encore des otages israéliens à Gaza dont on ne connaît pas l’état. Je connais personnellement l’un d’entre eux et je prie tous les jours pour qu’il revienne sain et sauf [130 personnes – dont 34 seraient mortes – sont encore détenues à Gaza, selon les autorités israéliennes]. Dans mon quartier, les premières victimes des massacres du 7 octobre sont un groupe de personnes âgées d’une maison de retraite. Près de chez moi [au kibboutz Be’eri], Vivian Silver, qui était pourtant une militante pacifiste de longue date, a été tuée. Peux-tu me dire ce que les habitants de Gaza pensent de ces victimes innocentes, prises dans une guerre qu’elles n’ont jamais voulue ? Je ne comprends pas que des personnes utilisent les actions et les décisions du gouvernement israélien pour justifier la violence à l’égard des civils. Ce mode d’action ne peut être une réponse à l’occupation. Si je comprends la nécessité de la résistance palestinienne, j’estime qu’elle ne doit pas viser des innocents.
Il est aussi vrai que de nombreuses personnes en Israël sont, depuis le 7 octobre, incapables de voir au-delà de leur propre douleur et de comprendre ce qui se passe à Gaza. Il leur est difficile d’éprouver de la compassion pour les habitants de Gaza, surtout après avoir vu des vidéos dans lesquelles des Palestiniens célébraient l’attaque du 7 octobre. 
Moi, je ne crois pas que nous soyons ennemis. Je m’opposerai toujours à la violence et à la cruauté, quels qu’en soient les auteurs. Les innombrables atrocités commises par Israël contre les Palestiniens au fil des années, de même que la violence subie par les Israéliens, sont également condamnables. La violence ne fait qu’engendrer plus de violence. La guerre menée actuellement par l’armée israélienne nous le prouve. Serais-tu d’accord pour dire qu’il existe de meilleurs moyens pour obtenir justice ? Y a-t-il encore des personnes à Gaza qui croient en une solution pacifique ?
Tala, tu m’as demandé si j’avais déjà remis en question la légitimité de mon pays. Tu sais, mon peuple, le peuple juif, a une longue histoire de persécution à travers le monde. Que ce soit les ancêtres de mon petit ami en Pologne ou les parents de ma mère au Maroc, ils ont été persécutés parce qu’ils étaient juifs. Cette histoire ne justifie en rien les souffrances des Palestiniens ou la Nakba [“catastrophe” en arabe, désignant l’exode en 1948, à la création de l’Etat d’Israël, de 700 000 Palestiniens, contraints de fuir des massacres ou expulsés par les nouvelles autorités]. Mais il est important pour moi de te rappeler le désir profond et l’urgence qu’il y a eu pour nous, Juifs, d’obtenir un Etat en Terre sainte. 
Toutefois, il m’est arrivé de remettre en question la politique et les lois de mon pays. Quand j’avais 14 ans, j’ai rencontré un groupe d’hommes druzes qui refusaient de servir dans les forces de défense israéliennes, alors qu’ils ont l’obligation de le faire. Ces druzes se sentaient Palestiniens et avaient le sentiment qu’Israël tentait de les assimiler pour les affaiblir et les séparer des autres Arabes israéliens. Ça m’a fait réfléchir. Personnellement, j’ai eu la chance d’être exemptée de service militaire pour raison médicale, mais mon petit ami, qui a refusé de servir, a passé six mois dans une prison militaire israélienne.
Nous sommes une minorité en Israël à questionner la guerre actuelle. Les gens ont peur de s’exprimer. Beaucoup ont été arrêtés pour avoir manifesté ces derniers mois. Parfois, j’ai l’impression que la meilleure chose à faire serait de partir, d’aller quelque part où des horreurs ne sont pas commises en mon nom. Mais partir, ce serait égoïste. Je ne peux pas abandonner mon peuple qui souffre. Je m’inquiète de ce qu’Israël deviendra si toutes les personnes qui se battent pour la paix partent. Parfois, j’ai l’impression que nous sommes si peu nombreux que personne ne remarquerait notre absence.
Et puis, j’aime cette terre. Ma famille a vécu en Palestine parmi des musulmans et d’autres juifs pendant de nombreuses générations avant la création de l’Etat d’Israël. J’espère que nous pourrons un jour être tous égaux et libres. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussée à étudier le droit international : ne plus être impuissante face à l’injustice. 
Tu m’as dit que tu lisais beaucoup, j’aime aussi lire. J’aime la littérature russe classique, comme Dostoïevski ou Tolstoï. Mon livre préféré est “Anna Karénine”. Quel genre de livres aimes-tu ? Je suis curieuse de savoir ce qui t’a poussée à étudier le droit.
J’aimerais aussi en savoir plus sur l’histoire de ta famille. Comment était ta vie avant la guerre ? Où vivait ta famille avant 1948 ?
Je suis heureuse de pouvoir t’écrire. J’imagine à quel point cela doit être difficile pour toi. Je me réjouis d’avoir de tes nouvelles et te souhaite un bon ramadan.
Sincèrement, Michelle »
Lettres et Photos- source: Le Nouvel Obs
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albad · 10 months
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🪖 PRÉPARER LES ESPRITS À LA GUERRE
– Un nouvel hôpital militaire pendant que la santé publique agonise faute de moyens –
Visage luisant, yeux exorbités : Macron continuait sa tournée à Marseille ce mardi 27 juin. Il a annoncé la construction d'un nouvel hôpital militaire à Marseille pour «préparer la France à une éventuelle guerre de haute intensité». S'adressant aux élus marseillais, il expliquait «votre hôpital jouera un rôle clé en cas de guerre de haute intensité, pour pouvoir accueillir plus de militaires qui seraient touchés par des blessures très graves».
«Cet hôpital de nouvelle génération devra répondre aux besoins que nos armées auront pour les décennies à venir, il sera un concentrateur et un incubateur de compétences et il sera un véritable outil de défense en pleine autonomie pour pouvoir mieux nous engager aux combats et mieux recevoir nos blessés ». Macron s'y voit déjà, il en bave d'envie. Les dirigeants français rêvent de guerre. Ils invoquent la guerre même en cas de pandémie. Pendant le confinement, ils ont même réussi à militariser la question du soin.
À travers cette annonce, Macron semble donc envisager une «guerre de haute intensité» en France à court ou moyen terme. On se souvient qu'en mars dernier, il parlait déjà de faire basculer le pays dans une «économie de guerre», et s'était adressé aux industriels de l'armement pour les inciter à une «prise de risque accrue» en matière de ventes d'armes. Il appelait les marchands de canons à «produire davantage et plus rapidement, également pour préparer l'armée française en cas de conflit majeur» et d'être «encore plus agressifs sur la conquête de nouveaux clients export».
En janvier, le gouvernement débloquait 413 milliards d’euros pour l'armée. En parallèle, le Service National Universel, un grand programme coûtant des milliards d'euros, est lancé pour embrigader les lycéen-nes dans l'idéologie militariste et nationaliste dès le plus jeune âge. Les pauvres n'ont rien à gagner dans leurs guerres, et tout à espérer d'une paix mondiale entre les peuples et de l'abolition des inégalités sociales.
Toutes ces dépenses, en particulier l'idée d'un «hôpital militaire», paraissent complètement déconnectées et obscènes. Depuis des années, le personnel soignant hurle au manque de moyens dans l’hôpital public. Ces derniers mois des patients de tous les âges, du nourrisson au nonagénaire, sont décédés faute de prise en charge dans les service d'urgence. L'été dernier, un excédent majeur de décès était lié aux fortes chaleurs et aux carences des services hospitaliers. En France, on meurt faute de soins. À cause du manque de moyens ! Mais Macron parle de soigner des soldats blessés au combat.
Ces dernières années, le régime a poussé tous les curseurs autoritaires de la Cinquième République au maximum. État d'urgence sanitaire, anti-terrorisme contre les opposant-es, batterie de mesures de surveillance, arsenal policier militarisé, 49-3, dissolutions… Macron ne peut pas aller plus loin sans modifier ouvertement le régime politique et sortir du cadre existant. Sauf si…
Sauf si un état de crise militaire lui permettait d'avoir les pleins pouvoirs. Rien ne dit que cela arrivera, mais Macron prépare clairement les esprits à la guerre, dans ses actes et ses discours. «Nous sommes en guerre» répétait-il déjà il y a trois ans. Le sommet du pouvoir est peuplé de sociopathes dangereux.
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Sources :
https://www.cnews.fr/france/2023-06-27/marseille-emmanuel-macron-annonce-la-construction-dun-nouvel-hopital-militaire
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/economie-de-guerre-macron-va-demander-aux-industriels-une-prise-de-risque-accrue-20230327
Contre Attaque
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firebirdxvi · 4 months
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Fils du Feu Seconde Réminiscence
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Le petit garçon attrapa la balle en cuir dorée qui roulait vers lui dans sa main potelée. Il l'examina sous tous les angles, la passant d'une main à l'autre avec intérêt, et la laissa échapper. Avec une plainte sonore, il se déplaça à quatre pattes de quelques centimètres sur le tapis précieux qui recouvrait le sol de la chambre d'enfant et parvint à la récupérer avant qu'elle ne soit hors de sa portée. Il la fit rouler un instant sur le sol, puis avec toute la force dont pouvait faire preuve un enfant d'un an, l'envoya en direction de son grand frère qui se trouvait à quelques mètres.
- "C'est bien, Joshua !"
Son petit frère ne savait pas viser juste et Clive dut s'allonger de tout son long par terre pour attraper le jouet, ce qui fit rire le bébé. Clive aimait particulièrement ces fins d'après-midi ensoleillées, quand les rayons du jour commençaient tout juste à baisser et teintaient de feu tout ce qu'ils touchaient. C'était le moment où on le laissait jouer avec son frère sans rien lui demander d'autre. Il ne ratait pas un seul progrès de Joshua. Tout à l'heure, ils iraient prendre une collation légère, et ensuite ce serait le dîner. Insoucieux de tout sauf de s'amuser avec son frère, il renvoya la balle, pas trop fort pour que le bébé puisse l'attraper. Ce qu'il fit avec brio en étendant à peine le bras.
Ils n'étaient pourtant pas seuls dans la pièce. Une gouvernante les surveillait de loin, occupée à astiquer les meubles, un sourire aux lèvres. Sourire qu'elle perdit en se rappelant qu'à quelques mètres d'elles, l'archiduchesse Anabella était occupée à un travail d'aiguille, assise dans un fauteuil de velours rouge. Elle ne regardait pas ses fils, et restait concentrée sur son ouvrage. La broderie était l'une des rares activités auxquelles une femme de son rang pouvait s'occuper sans s'attirer de moqueries.
Le motif représentait un phénix doré, les ailes déployées, sur fond rouge sang. Il était destiné à être cousu sur une courtepointe pour le jeune Joshua. L'enfant n'avait encore manifesté aucun pouvoir particulier, mais l'espérance d'Anabella ne faiblissait pas.
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L'archiduchesse avait fait montre de la plus grande patience depuis qu'elle avait épousé son cousin Elwin. Il n'avait jamais été question d'amour entre eux. Le but de leur union avait toujours été, depuis le début, de redonner vie au Phénix. Depuis que le père d'Elwin, le précédent Emissaire, avait connu une mort précoce - ce qui semblait le lot de tous les élus du Phénix -, on avait guetté avec attention les signes du Primordial chez un de ses deux fils. Mais ni Elwin ni Byron n'en avait manifesté le moindre. Les Emissaires ne découvraient leurs pouvoirs que dans leur jeunesse, rarement après quinze ou seize ans. Passé cet âge, on devait se résigner à attendre la prochaine génération.
Elwin avait accepté d'assurer la régence jusqu'à ce que l'un de ses enfants se révèle le prochain Emissaire. Ce n'était pas la première fois que cela se produisait, mais les Rosaliens étaient attachés au Phénix et préféraient que leur archiduc soit aussi leur Emissaire. Cependant, le peuple adorait Elwin ; pour ses positions que l'on qualifiait de progressistes sans doute. Anabella était loin de partager toutes ses vues, notamment au sujet des Pourvoyeurs. Elle estimait que chacun devait demeurer à sa place dans le monde et pour éviter des querelles avec son mari, elle n'avait pris aucune Pourvoyeuse à son service personnel.
L'archiduchesse piqua de nouveau son aiguille et leva les yeux vers les deux enfants cette fois. La balle roulait entre eux, accompagnée des babillements de Joshua et des encouragements de Clive. Elle se demandait bien pourquoi son aîné trouvait ça si amusant... Elle n'avait eu aucun attrait pour ces jeux avec Clive, et n'en ressentait toujours aucun aujourd'hui. Pourtant, la naissance de Clive lui avait procuré une grande joie. Etant le fruit de l'union de deux Rosfield, il avait toutes les chances de devenir le futur Phénix. Sa fierté d'avoir accompli le devoir pour lequel elle pensait être née l'avait sans doute fait trop anticiper le résultat...
Six ans s'étaient écoulés et Clive restait un enfant des plus ordinaires. Ressemblant trait pour trait à son père cependant. Anabella détestait l'ordinaire. Elle voulait donner naissance à un dieu, pas à un petit garçon sans intérêt. Bien qu'elle ne désespérât pas que son aîné se révèle être le Phénix plus tard, Joshua lui semblait plus prometteur. Peut-être parce qu'il lui ressemblait davantage, à elle, avec ses cheveux d'or et ses yeux clairs. Elle avait lutté pour qu'Elwin pense à son devoir conjugal... Le Phénix, le Phénix, lui répétait-elle sans cesse. Il fallait que le Phénix revienne. Et surtout, qu'elle en soit la mère. Elle n'accepterait jamais que son mari la répudie si elle échouait. Même si Elwin passait davantage de temps auprès de ses soldats, dans les casernes ou les écuries, qu'auprès d'elle dans la chambre maritale... Elle ne doutait pas que si on avait le moindre doute sur son capacité à donner naissance au prochain Emissaire, on la forcerait à partir. Elle savait qu'un certain ordre occulte, lié au Phénix, attendait le retour de leur dieu et qu'il disposait d'un certain pouvoir politique, même si Elwin prétendait le contraire... Un de ses fils devait absolument devenir l'Emissaire de Phénix au plus vite ; Anabella était capable de patience mais seulement jusqu'à un certain point...
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Elle était encore jeune et belle, si elle devait enchaîner les grossesses jusqu'à ce que cela arrive, elle le ferait. Quitte a rappeler à Elwin ses devoirs d'époux le plus souvent possible...
- "Oh ! Vous le taquinez beaucoup trop, messire Clive !" s'exclama la gouvernante, qui se rattrapa aussitôt en se rappelant que sa maîtresse l'écoutait.
Anabella lui lança un regard courroucé avant d'observer de nouveau les deux enfants. Son aîné jouait à lancer la balle en l'air et à la rattraper ; le petit Joshua scrutait, fasciné, le mouvement du jouet de haut en bas, mâchonnant son propre pouce. A un moment, Clive tendit la balle vers son frère, ponctuant son geste d'un amical "allez, viens, la chercher, Joshua !", sachant bien que son petit frère n'avait pas son pareil pour évoluer à quatre pattes. Il donnait souvent bien du tracas aux gouvernantes qui devaient aller le chercher sous les tables ou les lit dès qu'il lui prenait l'envie d'explorer une nouvelle pièce.
Anabella soupira d'ennui et retourna à son ouvrage minutieux. Une maille après l'autre, l'oiseau de feu prenait forme... Elle sourit pour elle-même. Bientôt, très bientôt...
Cependant, les deux Rosfield continuaient de s'amuser. Ayant fini de mâchonner son doigt, et comme hypnotisé par son frère qui lui tendait les bras pour l'inviter à le rejoindre, le petit Joshua fronça les sourcils et serra ses petits poings sur ses yeux. Il contracta ses bras, les lança en avant et se prépara à avancer grâce à son moyen de locomotion favori... Joshua se pencha en avant et son frère cru un instant qu'il allait faire une simple galipette, et voulu se précipiter pour le retenir, mais ce ne fut pas ce qui se passa.
Le petit tendit les jambes et resta dans cette position, la tête en bas pendant un moment, avant de pousser sur ses mains. Ce faisant, il parvint à se redresser sur ses jambes flageolantes, piétinant un moment sur place pour trouver son équilibre. Clive n'en croyait pas ses yeux.
- "Joshua, tu es... hey ! tu t'es mis debout, je rêve pas ?!"
Le petit garçon tourna sur lui-même, comme un peu perdu par cette nouvelle perspective sur le monde autour de lui, puis fit de nouveau face à son grand frère dont les yeux étaient tout à fait écarquillés de surprise. Clive, fou de joie, ouvrit les bras vers Joshua et se mit à l'encourager comme il le pouvait, mais sans faire un pas vers lui. Il resta assis sur le tapis à quelques mètres, attendant ce que son frère allait faire.
Il n'attendit pas plus longtemps. Retirant son pouce de sa bouche, décidé à affronter la situation dans laquelle il s'était mis, Joshua posa un pied devant l'autre. Ecartant les bras pour assurer son équilibre, il sembla comprendre la manoeuvre à effectuer.
- "Oh, par le Fondateur ! Ma Dame !..." cria de nouveau la gouvernante qui avait abandonné son chiffon.
Anabella leva encore les yeux et faillit lâcher son ouvrage de surprise. Elle vit son cadet, âgé d'à peine un an, debout sur ses courtes jambes tremblantes, avançant à petits pas vers son aîné, qui ne cachait pas sa joie. Son visage était radieux, ses paroles à fois douces et énergiques, et Joshua y répondait avec empressement. Trop peut-être. Il se prit les pieds dans un pli du tapis et tomba du haut de sa petite taille face contre le sol. Clive retint son réflexe premier de voler à son secours, car l'enfant ne s'était apparemment pas fait mal, le tapis étant bien assez épais pour amortir sa chute. Au lieu de cela, il redoubla de conseils de bravoure :
- "Allez, Joshua ! Il faut te relever ! Il faut toujours se relever quand on tombe ! Ca fait pas mal, tu es plus fort que ça ! Tu peux le faire !"
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Le petit garçon, le visage tordu par la déception qu'avait causée sa chute, une petite larme au coin de l'oeil, regarda de nouveau son grand frère, et, bien décidé à l'atteindre, réitéra la même opération délicate que quelques minutes plus tôt. Il raidit ses jambes, prit appui sur ses mains, qu'il frotta un peu comme si elles étaient sales une fois debout, mais ne tourna pas sur lui-même ; cette fois, il se dirigea droit vers Clive sans y réfléchir. Il levait bien ses petits pieds pour ne pas tomber une nouvelle fois. Clive était aux anges ; son frère avait parcouru la moitié de la distance.
Anabella contemplait cette scène sans oser intervenir. Mais ses doigts étaient crispés sur sa robe... Inconsciemment, elle espérait que Joshua se lasse de ce jeu, se laisse tomber à terre pour rejoindre son frère, ou même mieux encore : qu'il retourne à sa place loin de Clive et que celui-ci cesse de sourire bêtement... Une rage sourde qu'elle n'avait encore jamais connue lui fit bouillir les veines. Elwin aimait tellement Clive... Si Joshua se mettait aussi de la partie, elle n'allait pas pouvoir le supporter...
Cet enfant osait lui voler un moment qui aurait du être le sien. C'était vers elle que Joshua aurait du marcher. Elle était sa mère. Ses premiers pas auraient du être pour elle. Pas pour... lui.
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Elle se força à rester calme et à attendre la fin de cette humiliation en silence. Lorsque les doigts de Joshua touchèrent ceux de Clive, le petit, épuisé, se laissa tomber dans les bras de son aîné, qui l'entraîna au sol avec lui, ivre de joie pure. Les deux enfants se roulèrent sur le tapis, comme deux vulgaires garçons de ferme, Clive pressant son petit frère contre son coeur.
- "Tu l'as fait, Joshua ! T'es le plus fort ! Je suis si fier !"
Joshua gloussa de plaisir en tâtonnant le visage de Clive de ses doigts curieux.
- "Claaaaa... Claaaa," répéta-t-il en attrapant l'oreille de son frère.
Ce n'était pas la première fois que Joshua essayait de prononcer son nom mais Clive se sentait beaucoup trop heureux aujourd'hui.
- "Oui. Encore. Vas-y : Claaaaa-iiii...", prononça l'aîné, tenant son petit frère attentif sur ses genoux.
L'archiduchesse n'en supporta pas davantage. Elle se leva et ce fut à ce moment que Clive se rappela de sa présence.
- 'Mère ! Il... il marche !" osa-t-il dire en limitant son enthousiasme.
- "Vraiment ? Merveilleux."
- "Père devrait le savoir, c'est un jour important..."
- "C'est un jour comme les autres. Quand il aura manifesté le pouvoir du Phénix, ce jour-là sera un jour important."
Elle quitta la chambre sans un mot de plus, ni aucun geste maternel envers ses fils, suivie de sa servante.
Elle s'était sentie trahie, mise de côté par ses propres rejetons. Elle n'était pas prête de l'oublier. Mais si Joshua se révélait être l'Emissaire, elle pourrait peut-être lui pardonner.
Peut-être...
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perdrelacellule · 4 months
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Pour l'instant comme cadeaux j'ai eu un sextoy et un collier en saphir, franchement que demande le peuple ?
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empiredesimparte · 11 months
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Charlemagne: People expect strong democratic symbols and modernity during the coronation, Sire. You shouldn't focus any longer on the absurd demands of the Vatican Napoléon V: It is not absurd, we must not neglect our relations with the Papacy since the re-establishment of the Concordat. The Holy See appoints the bishops of Francesim, and the Pope is my godfather. He has all his place in the ceremony
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Charlemagne: All the same, Sire, from there to impose a wedding on you! If this were known, the French would criticize all future ceremonies, it's too risky.
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Napoléon V: Why should this be taboo? I intend to get engaged to Mademoiselle de Rochechouart, it's my will and not an arrangement Charlemagne: Are you sure, Your Majesty? Come on, Sire, this is ridiculous. Eagle cannot marry a hen
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Napoléon V: The more you stop me, the more I'll do it. I don't understand why this is bothering you all, I'm willing to do this engagement. Show respect for Mademoiselle
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Charlemagne (sighs): Don't take it personally, if you are doing this out of love, then I'm delighted. And Mademoiselle de Rochechouart? Would she consent?
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Napoléon V: We will know soon. I'm planning to propose
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Charlemagne: Good luck Sire. We'll talk about it again after you receive the answer
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⚜ Le Cabinet Noir | Château de Compiègne, 17 Floréal An 230
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Charlemagne : Le peuple attend des symboles démocratiques forts et de la modernité durant le couronnement, Sire. Vous ne devriez pas vous focaliser plus longtemps sur les demandes absurdes du Vatican Napoléon V : Ce n'est pas absurde, nous ne devons pas négliger nos relations avec la papauté depuis le rétablissement du Concordat. Le Saint-Siège nomme les évêques de Francesim, et le pape est mon parrain. Il a toute sa place dans la cérémonie
Charlemagne : Tout de même Sire, de là à vous imposer un mariage! Si cela se savait, les Français critiqueront toutes les prochaines cérémonies, c'est trop risqué
Napoléon V : Pourquoi cela serait-il tabou? Je compte me fiancer avec Mademoiselle de Rochechouart, c'est ma volonté et non un arrangement Charlemagne : En êtes-vous bien certain Votre Majesté ?
Napoléon V : Plus vous m'en empêcherez, plus je le ferai. Je ne comprends pas pourquoi tout ceci vous ennuie tous, je suis consentant pour ces fiançailles.
Charlemagne : N'y voyez rien de personnel, si vous faites cela par amour, alors je m'en réjouis. Et Mademoiselle de Rochechouart ? Le serait-elle consentante ?
Napoléon V : Nous le saurons bientôt. Je vais faire ma demande
Charlemagne : Bon courage Sire. Nous en reparlerons après la réponse que vous aurez reçue
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Personne ne vous demande d'ébranler le pouvoir, mais cessez donc de le soutenir!
Commencez par arrêter de voter pour des ennemis de l'esprit, du peuple, de la démocratie.
Arrêtez de croire que vous avez besoin d'experts, et que vous avez besoin de maîtres pour vous gouverner.
Arrêtez d'alimenter le système en occupant les cases que l'opinion creuse chaque jour à cet effet, arrêtez d'être toujours pour ou contre, et arrêtez de vous nourrir principalement d'actualités.
Arrêtez d'offrir au pouvoir votre temps, votre intelligence, les ressources dont vous vous plaindrez ensuite d'avoir été spoliés.
Pourquoi constituez-vous ces files qui montent au bûcher et qui alimentent le sacrifice pour quelques-uns ou même pour un seul ?
Pourquoi tenez-vous tant à être le complice préféré du meurtre et l'ami fidèle du désespoir ?
Les bêtes ne souffriraient pas ce que vous consentez.
Ne servez plus.
(d'après Étienne de la Boétie sur la servitude volontaire et Pascal Quignard dans Les désarçonnés)
«Ce n’est pas moi qui vaincrai, c’est le discours que je sers.» Jacques Lacan
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th3lost4uthor · 4 months
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Les nouvelles expériences d’une vie sans fin (8.3/15)
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« … par ce fait, je demande aux troupes Argent et Bronze actuellement disponibles de se tenir prêtes au moindre signalement de la part des éclaireurs. » Conclut Maître Joris, vérifiant la retranscription du scribe à ses côtés. « Et ajoutez également que… » Soupir. « Que s’ils venaient à apercevoir un dragon aux écailles blanches et turquoises, ou un humanoïde semblable à un Osamodas – mêmes couleurs, grande taille – alors qu’ils n’hésitent pas à l’aborder… et qu’ils me contactent immédiatement. »
          Après avoir soigneusement relu la missive, il la tendit au maître du Tofulailler royal, qui s’empressa alors de l’attacher à l’un des volatiles. Piaillant de toutes ses forces, ce-dernier décolla à vive allure, ne laissant dans son sillage qu’un souffle ainsi que quelques plumes dorées. On lui avait assuré qu’il s’agissait là du plus rapide que comptait le nid, mais cela n’avait en rien apaisé l’insupportable sentiment de démangeaison qui lui couvrait à présent la nuque. Il savait que ce n’était qu’une impression, une sensation fantôme, tout comme cette idée qu’il aurait pu, dû même, rajouter telle ou telle information à son message. Au fond, tout ça ne changerait rien, car ce n’est pas l’absence de détails de cette foutue lettre ou même la vigueur du Tofu qui le portait qui le hanterait les prochains jours… mais le sentiment d’impuissance.
« Combien de temps avant qu’il n’atteigne votre Cité ? »
          L’émissaire observa l’homme de sciences qui se tenait derrière lui. Apparemment, il n’était pas le seul que cette situation mettait à mal.
« Un jour… Peut-être deux si les conditions météorologiques ne s’y prêtent pas. 
- C’est beaucoup trop long. » Lança l’autre. « À l’heure qu’il est, Phaéris doit déjà pouvoir apercevoir les côtes de l’île où paissent vos sangliers – s’ils sont encore vivants. »
          D’un coup trop sec, l’Éliatrope fit craquer l’ongle qu’il mordillait absentement depuis le début de l’échange. Après réflexion, Joris se dit qu’il n’aurait peut-être pas dû lui autoriser un accès aux herbiers et recueils concernant la faune et flore de Bonta. Trop d’informations.
« Je vous assure qu’il s’agit là du moyen le plus…
- Et les Zaaps ? Vous n’en avez pas à disposition ? » Rétorqua l’autre, imperturbable. « Il me semble me souvenir qu’il y en avait un à l’entrée du village.
- Même en empruntant un Zaap… » Soupira l’émissaire. « … nous serions amenés à la capitale : ceci nous contraindrait à alerter les autorités présentes sur place de notre entreprise, sans compter le temps de voyage jusqu’aux prairies. Et je vous rappelle que si vous êtes lié à Bonta par contrat et au peuple éliatrope par votre sang, vous n’en demeurez pas moins un criminel recherché : en dehors du Royaume Sadida qui constitue un territoire neutre, nous ne pouvons pas vous emmener n’importe où avec nous sans risquer l’incident diplomatique ! À nouveau, il s’agit là de notre meilleur… »
          Un nouveau craquement. Le pourtour de l’ongle avait pris une couleur sanguine. D’un geste, il se débarrassa du cadavre teinté, les yeux rivés sur les veinules apparentes du plancher.
« Messire Qilby… ? » C’était le Roi, qui avait tenu à assister l’émissaire dans son courrier, en profitant pour s’informer de la tournure des évènements. « L’antidote que vous étiez en train de concevoir, n’avez-vous pas dit que sa confection en était presque achevée ?
- En théorie, oui. » Presque. Il avait horreur de l’inexactitude. De l’imprévu. « Mais il restait encore à réaliser les tests de contrôle : cette formule n’est pas la même que celle que j’avais pu développer à l’époque ! Tout était à refaire. Il pourrait y avoir un délai d’action à prendre en compte, voire même des effets secondaires ! Je ne suis même pas certain que… ! »
Même pas certain qu’il soit efficace…
« Messire Qilby. » Le ton était plus ferme. Il avait commencé à s’attaquer à l’index. « Je comprends vos inquiétudes, mais je pense aussi que nul en ces lieux ne remette en doute vos qualités de scientifique. De même… » Hochement de tête grave. « … vous n’êtes pas responsable pour ce qui est arrivé aujourd’hui. »
          Ses yeux quittèrent le plancher pour se river tout aussi brusquement sur ceux du Sadida. Croyait-il vraiment qu’il… ? Une image vint se dessiner à la périphérie de sa conscience : une petite boule d’écailles, ronronnant sur une couverture de fortune tout en déployant ses ailes dont la membrane était aussi fine que du papier de riz, les griffes encore molles et les dents à peine sorties. Une petite boule d’écailles. Azurée.
Non, rien de tout ça est de ta faute, bien entendu.
Tout ça, c’est encore à cause de son sale caractère et de…
de sa manie à toujours vouloir tout résoudre par la force,
car après tout
« la sagesse et la justice triomphent toujours ! ».
Oui, mais…
Mais…
Mais, c’est moi qui étais responsable de… !
          Une main vint se placer sur son épaule. Il se redressa.
« Et je suis certain que Sire Phaéris nous reviendra… Sain et sauf. 
- Je… » Vous remercie. « … pense qu’une sécurité renforcée autour du laboratoire est nécessaire. Je vais devoir reprendre la création d’un antidote supplémentaire. »
Au cas où…
« Aurez-vous assez des ingrédients restants ? » Ce Joris était décidément toujours aussi pragmatique.
« O-oui, je crois. J’aurai néanmoins besoin de prélever quelques spécimens de vos serres, votre Majesté.
- Nous n’y voyons pas d’inconvénients, à condition que vous ne préleviez que le nécessaire. »
          Il ne répondit pas, hochant simplement la tête. Deux ou trois semaines auparavant, il n’aurait pas hésité un instant à rétorquer son intelligence, à affirmer ses connaissances en botanique et sa perspica-…
Il est parti.
Et je ne l’ai même pas vu venir…
          Aujourd’hui, il en était moins sûr.
« Je vais vous laisser… Messieurs. » Avant de sortir, il demanda. « Et si jamais vous veniez à…
- Nous vous tiendrons au courant, bien entendu. 
- Hum… Mais le cas échéant, je… je vous serai reconnaissant de faire preuve de bienveillance. » Soupir. « Yugo et Adamaï risquent de ne pas… vivre cette annonce comme les autres. »
          Le scientifique reprit le chemin de ses quartiers, flanqué par deux gardes. Son pas était presque aussi lourd que celui des hommes armés.
« Dites-moi, mon Roi… » Reprit l’émissaire lorsque le martellement se fut éloigné. « Qu’en pensez-vous ?
- Ce que j’en pense, Maître Joris… » Lui répondit l’intéressé, les yeux rivés vers le couloir où la coiffe crème venait de disparaître. « … est qu’il est peut-être temps que nous ayons une discussion à propos du Conseil des Nations. »
          L’autre leva un sourcil interrogateur de sous sa capuche.
« Accepteriez-vous de m’accompagner pour une tasse de thé, mon cher ? »
          Il souriait, mais si ses traits avaient la teinte de la circonstance. Quelque chose d’autre rôdait en-dessous.
« Avec plaisir, votre Majesté… »
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          Il reposa la paire de ciseaux qu’il tenait adroitement pour admirer son travail : les jeunes pousses rebelles avaient été disciplinées, tandis que les feuilles ayant fait leur temps avaient été débarrassées. Contrairement à la seconde, il semblait qu’il n’avait pas perdu la main pour ce qui était de l’entretien botanique. Cette pensée fit naître une sensation étrange.
Ce qui vit, meurt.
Mais il faut croire que… certaines choses persistent malgré tout.
          Un bref coup d’œil à l’horloge de sa cellule le fit toutefois grimacer. L’aiguille venait à peine de battre une heure de l’après-midi. Les plantes offertes par la Princesse Sadida étaient resplendissantes, rayonnantes même, à l’abri derrière leur cage de verre et d’argent ; ce n’était pas son cas. Plus depuis que la fugue de Phaéris avait été révélée. Lui qui pensait parvenir à se distraire avec de nouvelles recherches, il avait finalement dû se résigner : il ne pouvait pas manipuler de l’acide ou du chlore dans son état. Mieux valait éviter de perdre un œil dans une réaction mal contrôlée. Il avait l’esprit ailleurs, ça il ne pouvait pas le nier, mais ce qui l’agaçait le plus c’était que…
Ils pensaient que…
Ils pensaient que c’était moi, n’est-ce pas ?
Que j’étais coupable.
          L’encapuchonné lui avait promis qu’il les tiendrait au courant des recherches lancées à travers une nation entière et pour être honnête, Qilby espérait secrètement que cela soit bien de Joris qu’il entendrait parler en premier. Il espérait qu’il n’aurait pas à nouveau à ressentir cette… douleur. Il n’y avait pas de mot pour décrire ce déchirement, cette crevasse, cette éruption. L’intégralité des cataclysmes auxquels la Grande Déesse avait pu un jour donner naissance réunis, condensés en un seul instant.
          Tous les Éliatropes possèdent une relation unique les unissant à leur frères et sœurs dragons, certes, mais aucun d’entre eux n’est en mesure d’égaler les liens attachant les Douze Primordiaux. Ils étaient les aînés de leur peuple. Les premiers à avoir foulé leur monde. Les premiers à donner un sens au mot-
Famille…
          La disparition de l’un des leurs les affectaient alors, et ce, autant émotionnellement que physiquement. Ils n’avaient pas besoin de constater le départ, de voir leur dofus s’illuminer d’un nouvel éclat, attendant patiemment sa moitié ou son prochain cycle d’éclosion, non… Ils savaient, tout simplement. Ils le sentaient au plus profond de leur être.
          Qilby espérait ne pas avoir à ressentir ce vide à nouveau. Phaéris et lui n’étaient plus aussi proches que par le passé, mais… ce n’était pas le cas de Yugo et d’Adamaï. Ils étaient jeunes, et force est de constater que le délai dans leur réincarnation avait visiblement affaibli leur contact, et par ce fait résistance, avec leur nature éliatrope comme dragonne. Il ne savait pas comment Grougaloragran avait achevé sa dernière existence, mais lui et Chibi étaient revenus grâce au Cube ; son absence n’avait pas eu le temps de se faire ressentir. Les vagues n’avaient pas eu le temps d’éroder la falaise. S’il venait à subir le même sort… Cela ne serait pas le cas avec Phaéris.
Mina…
Si seulement tu avais été là,
alors peut-être que-
          Soudain, on frappa à la porte.
« H-hey… Qilby ? Tu es là ? » S’enquit une voix timide derrière les lourdes planches de chêne. « Si ce n’est pas le cas, alors-
- On repassera plus tard ? À ton avis, s’il n’y a personne, à quoi ça sert de le préciser, hein ? » Celle-ci était indéniablement plus moqueuse, mais transpirait malgré tout une certaine tension.
« J-je ne sais pas… ? J’essayais simplement d’être… poli ou quelque chose du genre ? 
- C’est un peu inutile dans c’cas-là si tu veux mon avis. »
          Sans y réfléchir davantage, le scientifique se présenta aux deux frères.
« Eh bien, personnellement… » Rétorqua-t-il, s’appuyant contre l’embrasure. « … je trouve cette initiative plutôt attentionnée. »
          Que cela soit avec Chibi, Glip, ou bien Efrim, il n’avait jamais pu résister à l’appel de ces répliques inattendues, de ces phrases, telles des brindilles de paille sèche que vous lanciez sur les braises, de la joute verbale. Ainsi, de la pure expression de surprise du jeune dragon et du jeune Éliatrope à leur léger soubresaut lorsqu’il leur avait ouvert, il ne parvenait pas à décider lequel l’amusait le plus. Le discret mouvement de recul ainsi que les griffes serrées une fraction de seconde en trop n’eurent toutefois pas le même effet… Leur aîné les dévisagea un instant, attendant une pique cinglante en retour, une moue boudeuse, voire même un soupir exaspéré pour ses manières, mais rien ne vint. Ses visiteurs demeuraient plantés sur le seuil, cherchant visiblement à entamer la conversation, sans pour autant y parvenir. C’est alors que le scientifique remarqua ce qu’ils transportaient avec eux, et qu’Adamaï tenait habilement placé derrière son dos, mais que ses ailes de dragonnet ne permettaient pas encore de dissimuler entièrement : un livre. Pas n’importe quel livre…
Serait-ce… ?
Alors comme ça, il aurait survécu au Cata-
Non, impossible.
Peut-être Grougaloragran l’aurait-il retranscrit ?
          Il commençait à avoir une ébauche du motif de leur venue. Cependant, tant qu’ils resteraient tous les trois sur le perron de sa cellule, le regard inquisiteur des gardes postés non-loin pesant sur leurs nuques, les chances de vérifier ses hypothèses étaient minces… Prenant quelques pas en arrière, il finit par désigner son humble logement d’un geste qu’il espérait invitant :
« Vous souhaitiez me voir… les garçons ? »
          Il faillit se mordre la langue sur les derniers mots. Ceux-ci étaient sortis presque naturellement, un sobriquet parmi tant d’autres qu’il avait par le passé l’habitude d’utiliser envers les versions plus jeunes de ses frères et sœurs.
Par le passé !
« H-hum, à vrai dire…
- Enfin ! C’est pas trop tôt ! Ça va bientôt faire dix minutes qu’on est planté là et c’est seulement maintenant que tu te montres ? » Il avait repris son aplomb encore plus vite qu’il ne l’avait perdu. « Il faut croire que si tu n’perds pas la mémoire avec le temps, peut-être qu’tu devrais vérifier ton audition…
- Ad’ ! » S’exclama son frère, les yeux passant du dragon à la coiffe crème dans l’espoir de capter, si ce n’est diffuser, le premier signe d’hostilité.
« Oh, ne t’en fais donc pas pour cela, Adamaï : je pourrais entendre tes railleries même aux confins du Krosmoz. » Préféra-t-il répondre sur le ton de la plaisanterie. Amère. « Bon, eh bien si vous n’avez pas besoin de moi, je vais-… »
          Le bousculant à peine, le dragonnet finit par rentrer dans la pièce, talonné de près par Yugo, dont la moue dépitée essayait tant bien que mal de communiquer un pardon au scientifique.
« Nan, nan… C’est bon. »
          Il prit place sur un des coussins dispersés autours de la table basse qui, une fois n’est pas coutume, était chargée de paperasses en tout genre. Adamaï sembla hésiter un instant devant les parchemins recouvert des gribouillis distinctifs constituant l’écriture d’un homme de sciences : la dernière fois qu’il avait contemplé de telles notes c’était… Il secoua brièvement ses petites cornes avant de laisser choir son précieux butin sur le bois. Le mouvement provoqua l’envol de plusieurs feuilles au passage, que Yugo s’empressa de ramasser et de remettre en ordre sur un tabouret non loin de là. Lui-même finit par trouver un siège auprès de son frère. Il avait collé sa jambe contre celle sertie d’écailles et de griffes.
          De loin, Qilby les observait. Il savait que quelque chose n’allait pas ; l’air qui les entourait était chargé d’un orage bien trop sombre pour les jeunes têtes qu’il menaçait.
Allez !
Fais quelque chose, imbécile !
« Eh bien… Puisque vous êtes là, puis-je vous offrir une tasse de thé ? »
Sérieusement ?!
T’as rien de mieux à d- ?
« O-oui, ça pourrait être sympa… » Lui répondit néanmoins Yugo, un sourire timide en coin. « Hein, Ad’ ?
- Ouais… Pourquoi pas. »
          Et tandis que l’aîné s’investissait pleinement dans la préparation des infusions, profitant de ce cours répit pour inspirer les délicates fragrances fruitées s’échappant avec la vapeur, un parfum qu’il savait au goût des personnes moins amatrices de cette boisson qu’il l’était lui-même, les deux cadets se faisaient étrangement silencieux. Cependant, il ne doutait pas qu’entre les jumeaux, une myriade de sensations, mots et sentiments étaient échangés en ce moment même. Cette connexion intime, il la connaissait bien. Elle lui manquait. Elle lui manquait…
          Finalement, alors que les feuilles finissaient de colorer l’eau qui les baignait, Adamaï tenta à nouveau d’amorcer le dialogue entre les deux partis :
« En tous cas, j’pensais pas qu’un vieillard comme toi pouvait courir aussi vite ! J’crois même que tu pourrais battre Ruel si tu l’voulais, et pourtant, je l’ai déjà vu s’élancer après un Kama ! »
Pas forcément de la meilleure des manières…
« Ad’, fais at- ! »
          Les remontrances de la coiffe turquoise furent interrompues par le rire franc de l’autre.
« Haha, ha ! Ha… ! Il est vrai qu’il s’agit d’une scène peu courante, n’est-ce pas ? Il faut dire que les Éliatropes sont plus accoutumés à utiliser leurs portails que leurs jambes, hum ? » Une cuillérée de miel, puis une deuxième. Lui préférait le prendre sans. « Si Chibi était là, il vous dirait sans nul doute que si je suis aussi doué pour la course, c’est parce que contrairement au reste de notre fratrie, j’ai toujours été le plus prompt à fuir les combats… ainsi que mes responsabilités… » Hochement d’une épaule. Fatiguée.
« Tu veux dire l’ancien Chibi ? »
          C’est comme s’il pouvait sentir les yeux du dragonnet s’enfoncer dans sa nuque tels des crocs. Peut-être aurait-il été plus avisé de ne pas mentionner l’un de leurs frères décédés lors de la Seconde Guerre, que beaucoup des leurs avaient d’ailleurs été amenés à prendre pour la première… Surtout connaissant les rumeurs meurtrières l’entourant, et plus encore avec la récente disparition de Phaéris.
Disparition…
Juste disparition.
« En effet. » Mieux valait ne pas insister. « Tiens, Yugo ? Pourrais-tu… ?
- Ah ! Oui, bien sûr ! »
          L’intéressé se leva prestement pour assister son aîné dans le service, qui aurait pu se révéler catastrophique à la seule force d’une main. Ce-dernier se chargea d’une boite de biscuits, celle-là même qu’il avait choisi ce matin dans les cuisines. Il avait l’impression que cela faisait une éternité.
« Mais pour être tout à fait honnête avec toi… » Reprit-il en s’asseyant dans son fauteuil de cuir. « Je pense que cette faculté n’est pas tant un don que le résultat d’un… d’un long entraînement en la matière.
- Comment ça ? » S’enquit alors Yugo, occupé à faire passer les tasses légèrement ébréchées autours de la table.
« Pour reprendre la, disons, « leçon », de l’autre jour… Les Éliatropes que nous sommes sont des êtres d’énergie : ils ne font qu’un avec les flux qui les entourent, tel le Wakfu, mais également qui les composent, à savoir le sang, la lymphe, et j’en passe. »
          Comme appelé par les échos du passé, Yugo s’était vu absorbé par la perspective d’en apprendre plus sur lui-même et son peuple. Adamaï, quant à lui, gardaient les yeux rivés sur l’ouvrage qu’il avait amené, mais il n’en demeurait pas moins attentif.
« Chaque Éliatrope naît avec une certaine habileté à maîtriser ces dits flux, une forme de « compatibilité » plus ou moins accrue avec les énergies et la matière. D’autres, en revanche, doivent davantage s’exercer à cet art dans l’espoir d’y trouver leur place… » Soupir. « Cela est notamment mon cas.
- Oui, c’est vrai que tu l’avais mentionné la dernière fois… Mais a-alors ! Comment est-ce que tu t’y es pris pour atteindre un tel niveau ? »
          Qilby dut se retenir de sourire. S’il y avait bien une chose qui ne changerait jamais dans ce vaste et absurde univers, c’était bien son petit frère. Le dragon ivoire à ses côtés avait relevé un sourcil de la couverture brunâtre ; ancien adversaire, lui aussi semblait intéressé par la réponse.
« Par de l’entraînement, et avant tout… » Il pointa l’objet métallique qui lui enserrait la gorge. « … grâce à ceci !
- Q-quoi ?! Le c-collier est capable de renforcer notre lien avec le Wakfu ?!
- Hum, pas véritablement, ou du moins pas dans le sens dans lequel tu peux y penser. » Il secoua la tête, grimaçant légèrement à la décharge améthyste que provoquèrent le mouvement et l’émotion qui l’accompagnait. « Il s’agit d’un outil permettant de rompre notre lien avec le Wakfu environnant, tout simplement. Cela peut alors paraître contre-intuitif au premier abord : après tout, comment peut-on améliorer un don en le restreignant ?
- En effet… » Murmura Yugo, toujours aussi perplexe.
« Pourtant, après des centaines de programmes infructueux et presque autant de réflexions sans succès, j’ai finalement été amené à penser que si la base de cette connexion reposait sur le corps, réceptacle en un sens du Wakfu, alors…
- Alors c’est en renforçant notre corps et en ne faisant qu’un avec lui que nous pourrions parvenir à mieux ressentir les flux ! » S’exclama le plus jeune.
          Yugo avait presque bondit de sa chaise, des étoiles dans les yeux comme s’il venait à lui seul de dévoiler un secret millénaire. Qilby, cette fois-ci, esquissa un discret rictus.
« Tout à fait : excellente déduction. » Son jeune frère rayonnait presque.
« Donc, tu veux dire que si t’es parvenu à nous battre, Grougal et moi… » Enchaîna Adamaï, demeuré dubitatif. « C’est simplement en faisant de la musculation ? Comme les mouvements de gonflette que fait parfois Tristepin pour impression Éva ?
- Hum, pas tout à fait, non… » La simple image du Iop en pleine parade amoureuse et démonstration de force lui donna presque la nausée.
Comment un esprit aussi fin que celui de Dame Évangéline
a pu s’amouracher d’un crétin comme lui ?
Tout cela me rappelle le cas de Mina et de Chibi.
Décidément, éliatrope ou douzien,
l’amour est un phénomène bien obscur…
« Il s’agit principalement d’exercices de renforcement musculaire, mais également de « pleine conscience » : ceux-ci n’ont pas pour vocation première la performance sportive, mais de permettre au pratiquant de ressentir pleinement son corps. Nos muscles sont une extension de notre système nerveux, et s’y reconnecter permet de mieux en apprécier le potentiel ! » Hochement de tête déductif. « Pour ce qui est de notre race, il en va de même avec le Wakfu.
- Ah ! Un peu comme quand Éva a dû apprendre à faire sans son arc après le coup de rage de Pinpin ! » Appuya le dragonnet, subitement pris dans l’échange.
« Je suppose. » Suppléa l’aîné. « Pour les Crâs -c’est cela ?-, leur arc doit bien être une forme de maîtrise quasi-innée. Toutefois, dans le cas des Éliatropes, le Wakfu est une part intégrante de notre organisme… Il est donc extrêmement difficile d’en faire abstraction, contrairement à une arme que l’on pourrait tenter de remplacer le temps de mieux en apprécier les subtilités une fois réuni avec elle. C’est là que m’est venu l’idée de ce collier, d’ailleurs qualifié « d’entraînement ».
- Et tu l’as donc créé toi-même ?
- Ha, pour ça, le mérite revient plutôt à Chibi et Grougaloragran… » Haussement d’épaules. « Je possède peut-être la connaissance et la théorie, mais quand il vient la question de la technique, ces deux-là sont bien les meilleurs. »
          L’aveu de faiblesse sembla plaire au jeune dragon, qui esquissa un rictus moqueur. Bien. Mieux valait ne pas tenter de ruiner ce moment en rentrant des explications trop complexes ou des querelles fraternelles puériles… Même si au fond de lui, il ne transigerait pas sur le fait que sans le mode d’emploi qui allait avec, une machine, aussi sophistiquée soit-elle, ne valait que bien peu de chose.
« M-mais alors… » Se reprit-il toutefois, les yeux teintés d’une certaine inquiétude. « Si les Éliatropes sont faits d’énergie, et que le collier la bloque, même de manière incomplète… N’y-a-t-il pas un risque que… ?
- Et ainsi donc, vous avez réussi à mettre la main sur un exemplaire du Dragonica Doctum ? Je ne pensais pas revoir une de ces vieilles reliques en si bon état. »
          La manœuvre était grossière, il le savait, mais si elle lui permettait de se soustraire au sujet, il ne s’en priverait pas. Yugo ne semblait manifestement pas satisfait de la tournure de la conversation, mais fut pris de vitesse par Adamaï, ayant trouvé l’opportunité d’aborder ce pour quoi les deux frères étaient venus en premier lieu :
« Et comment ! Ce n’est pas parce que nous avons des griffes qu’on ne sait pas comment prendre soin des objets qui nous entourent !
- Oh, loin de moi cette idée. » Rétorqua Qilby. « Notre cher Balthazar ne supportait pas l’idée que les encres de couleur différente puissent être rangées dans des flacons identiques, tandis que Shi-… » Il s’arrêta, ravalant sa salive. « …tandis que Shinonomé, ma… sœur… Elle avait horreur de voir ses précieuses casseroles prendre la rouille, o-ou encore ses aiguilles se tordre. » Il finit par secouer la tête. « Après des millénaires passés auprès de dragons, je dirais qu’il y a davantage de risque à les voir devenir possessifs, voire matérialistes, que négligents. Cela en fait, je suppose, de parfaits compagnons pour nous autres Éliatropes, plutôt poussés à suivre le flot du changement comme celui de la vie… »
          Aucun des jumeaux ne savaient vraiment comment répondre à une telle déclaration. Yugo, de son côté, se sentait… empli d’un nouvel espoir. D’une part pour son peuple, dont la fresque ne cessait de s’étendre au travers des récits et des découvertes de ces dernières semaines, mais également pour…
C-c’est la première fois qu’il…
Il n’avait jamais parlé de Shinonomé avant.
Du moins… pas aussi spontanément.
          Adamaï aussi semblait surpris par l’attitude de celui qu’il avait pourtant affronté il y a moins d’un an de cela, et que tous considéraient comme la seconde menace la plus importante connue par le Monde des Douzes avec Nox. Cette ambiance de fin d’été, ces anecdotes et questions innocentes, ces tasses et ces gâteaux sablés… On aurait presque pu croire à un après-midi en… famille ?
« Ouais, et donc… » Tenta de reprendre le dragon. « Avec Yugo, étant donné que l’on… » Ne veut pas rester tous les deux. Seuls. « … n’a pas grand-chose de prévu pour aujourd’hui, on voulait te poser quelques questions concernant la langue draconique.
- Si tu n’es pas occupé, bien entendu ! » S’empressa de rajouter son frère. « Simplement, comme tu as une, hum, « bonne mémoire », on se demandait si tu accepterais de nous transmettre ce… » Que ceux qui nous quittés trop tôt n’ont pas pu nous enseigner. « … qui nous manque ? »
           Il soupira. Il les connaissait par cœur, à tel point qu’il pouvait presque entendre leurs âmes donner les mots que leurs têtes se refusaient d’avouer. Et ce qui le peinait le plus, ce n’était pas tant qu’il ne soit pas encore parvenu à gagner leur confiance, mais que…
Fut un temps,
ils n’auraient pas hésité un instant
à me dire ce qui les chagrinait. En particulier pour
un incident tel que celui-ci…
Quand…
Quand ai-je donc perdu ce privilège, au juste ?
« Eh bien… Je devrais avoir fini mes recherches pour aujourd’hui. » Je ne veux pas y retourner ! Elles me rappellent que… ! « Alors, ma foi, pourquoi pas ? » 
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Ah ! Donc ce symbole, là… S’il est associé à celui-ci, cela ne veut plus du tout dire la même chose !
Parfaitement, c’est cela Adamaï.
Qui aurait cru que les dragons s’exprimaient de manière aussi alambiquée !
Cela provient de leur façon de percevoir le monde, qui est relativement différente de la nôtre. En effet, leur capacité à voler, cracher du feu, ou même fusionner avec un élément naturel sont autant de particularités pour lesquels ils ont dû trouver des termes appropriés…
Ouais !! Le pouvoir de la roche !
… et il y a aussi le fait qu’ils soient assez fiers, cherchant la moindre opportunité pour paraître supérieurs aux autres…
Hein ?! Répète un peu pour voir, Mr. Je-sais-tout ?
Allons, allons, je suis certain que- !
Non, Yugo, c’est très aimable de ta part, mais je cherchais sincèrement à provoquer ton frère sur celle-ci ~ hé, hé.
Ha ! Tu vois ?!
Tss… Bon tous les deux, on peut reprendre… ?
Les désirs de Sa Majesté sont des ordres.
Pah ! Touché !
Et maintenant tu es de son côté, toi ?
Ce n’est qu’une trêve temporaire pour des raisons d’égalité, n’est-ce pas ?
Égali- ?
Tout à fait. Nous contestons le pouvoir actuellement en place.
Contester le pou- ? Mais de quoi est-ce que vous- ?
Tu t’accapares la boite de biscuits depuis une heure ! Voilà le problème !
J-je ne vois pas ce que v-vous voulez dire…!
Votre Majesté, il semblerait que vos loyaux sujets réclament leur dose de sucre. Puis-je vous suggérer de concéder à leur requête si vous ne voulez pas les voir prendre d’assaut votre trésor sans possibilité de négociations ?
Bon… d’accord. Mais j’en ai pas mangé tant que ça…
Ha, ha ! Victoire du peuple !
Victoire du peuple, en effet.
Cependant… Adamaï… ?
Hum, oui l’ancêtre ?
Je te ferai remarquer qu’une trêve est toujours temporaire par définition : c’est un pléo-…
Et c’est reparti…
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« Et c’est ainsi que le terme « Ignirrh » peut se décliner sous plusieurs formes selon le sous-texte. Il est alors important de s’assurer de la présence ou non du signe « dom’ah » pour -hé… ?» Ses yeux quittèrent les symboles et enluminures. Il murmura. «Tss… Pour s’assurer que l’on parle bien ici du « feu intérieur » de manière métaphorique, et non pas de « la flamme » physique… »
          Devant lui, droits sur leurs coussins respectifs mais avachis l’un sur l’autre dans une pile de bras et d’écailles, les deux plus jeunes frères avaient fini par s’assoupir. Au-dehors, le soleil venait à peine d’entamer sa rencontre avec l’horizon ; il était encore bien tôt pour se laisser aller au sommeil. Cependant, au regard des émotions provoquées par cette journée, le scientifique ne pouvait reprocher à ses cadets leur fatigue.
          Au cours des dernières heures de leur leçon, Yugo avait glissé sur les genoux du dragonnet, qui avait également succombé à l’appel de Morphée, sa tête dodelinant au rythme des inspirations de l’autre. Leur souffle était régulier, et malgré la prise presque possessive d’Adamaï sur son frère, comme pour protéger ce corps si frêle d’une attaque quelconque, les deux semblaient en paix. La scène était… familière. Lointaine aussi. Trop lointaine. À quand remontait la dernière fois où il avait eu la chance d’assister à autant d’insouciance de la part de ses frères et sœurs ? Qui plus est… en sa compagnie ?
Ils… Ils se sont endormis.
Il aurait aimé être capable, lui aussi, de fermer les yeux, ne serait-ce qu’un instant.
Mais si tu fermes les yeux ici,
tu les rouvriras… là-bas.
Oui, oui… Je sais.
          Prenant soin de ne pas renverser le moindre meuble ou de faire craquer ces planches qu’il avait fini par croire aussi vieilles que lui, Qilby alla prendre l’une des fines couvertures qui traînaient régulièrement contre le dossier de son bureau. Délicatement, priant sa mère pour que les deux petits êtres ne se réveillent pas, il la déposa sur leurs épaules.
          Lentement, il se dirigea enfin vers la lucarne de sa cellule, qu’il referma avec précaution, avant d’y installer, en évidence, un carnet relié de cuir rouge. Tesla comprendrait.
          Au-dehors, les feuilles de la forêt commençaient à se teindre d’une myriade d’accents métalliques : ocre, or, cuivre… L’écorce du Palais s’était faite plus claire, gorgée de sève pour tenir la saison qui s’annonçait.
Qui aurait crû que l’hiver s’annoncerait aussi rude ?
          Mais au fond de lui, ce à quoi le vieil Éliatrope cherchait une réponse, c’était…
Qui aurait crû que je serai toujours ici pour le voir ?
          Certainement pas lui.
          Que faisait-il encore ici ? Pourquoi n’était-il pas parvenu à partir ?
          Quel était le but de tout ceci ?
          Pourquoi n’avait-il… ? Pourquoi - ?!
          Mais finalement, la question la plus importante de toute, n’était-ce pas…
Est-ce que tu as toujours envie de partir… ?
          Il se retourna un instant. Sur l’étagère, que la poussière commençait à recouvrir doucement, trônait une verrière toute de verre et d’argent, où trois petits pots de céramique laissait entrapercevoir des pousses pleines de vie. Les fleurs exotiques, à l’abri derrière des parois immaculées et profitant d’une chaleur constante, n’allaient pas tarder à éclore. Dans la penderie, les draps et tuniques étaient repassés de frais, embaumés d’une délicate odeur de bois de santal. Le bureau portait autant de taches noires que la marque de nuits blanches, qui, si elles étaient regrettées le lendemain, n’en demeurait pas moins de délicieuses épreuves contre l’ennui. La grande table basse avait été débarrassée, mais le tapis sur lequel elle reposait montrait encore de petites griffes, ci-et-là. Celles d’un petit animal, qui ne lâchait jamais d’une semelle son maître et ami, à la voix forte, les mots rudes, mais le cœur vieux et bienveillant. Quant à l’ensemble de coussins et chaises basses, eux qui avaient été entreposés au fond de la pièce dans un premier temps, entouraient désormais constamment le large tronçon de bois verni. Il n’était, après tout, pas nécessaire de ranger constamment quelque chose dont vous aviez besoin quotidiennement. Deux âmes s’y prélassaient d’ailleurs au moment-même sous une douillette masse de laine colorée…
          Et enfin, il y avait ce fauteuil. Ce fauteuil de cuir. Inconfortable, étriqué, trop bas et trop profond à son goût… Mais sur lequel il ne rechignait jamais à s’asseoir pour échanger avec un invité. Tel un mirage de brume, la silhouette d’une jeune femme, aux grandes oreilles et à la chevelure blonde se dessina devant lui. Dans ce fauteuil, il avait parlé de longues heures… Il l’avait dit. Il avait dit pourquoi il avait fait tout ça.
          Donc, finalement, s’il avait déjà fait ce fameux pourquoi… S’il l’avait déjà exprimé. Déjà enterré. Peut-être que… ?
          Il scruta à nouveau le paysage qui s’offrait à lui. Ces vastes branchages à perte de vue, un océan végétal qui s’étendait seulement aussi loin que son imagination ne lui permettait. Car n’était-ce donc pas là, la seule limite que pouvait connaître leur univers… ? Celle que leur esprit leur imposait ?
          Et si… Tout ce qu’il nous suffisait pour nous libérer de notre cage… C’était de la repenser autrement ?
Non…
J-je crois que…
.
.
Je crois que j’aimerai rester ici.
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Juste encore un peu…
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Loin, par-delà les murs, les mers et les monts…
« Excellence ! Nous avons pu obtenir des nouvelles de nos hommes postés à Bonta : il semblerait que la cible ait répondu à l’appel ! Votre plan a fonctionné, S- !
- Êtes-vous en train de suggérer que celui-ci pouvait échouer, lieutenant… ?
- N-non, a-absolument pas Votre Généralissime Grand- !
- Suffit ! » Depuis son trône perché sur d’innombrables marches, il agita furieusement son sceptre. « Hors de ma vue, et ne revenez que lorsque vous aurez reçu d’autres informations de la part de nos troupes. » Les yeux bardés de fard blanc se plissèrent sous des traits prédateurs. « Et j’espère pour vous qu’elles seront bonnes… »
          Sans plus de cérémonie, le militaire fit claquer ses talons, ce bien entendu sans oublier de saluer une dernière fois son monarque, et s’enfonça dans le long corridor obscur.
« Il semblerait que nous soyons enfin parvenus à séparer ce satané Joris de son dragon ! » S’exclama-t-il. « Comment se prénommait-il déjà ? Fasté.. ? Pharo.. ?
- Phaéris, Mon cher Époux ?
- Oui ! C’est tout à fait cela, Ma Reine ! » Rire aigu. « Cela devrait enfin nous permettre de passer à la vitesse supérieure ! Mais pour ce faire, nous allons avoir besoin d’un petit coup de main… »
          Il s’empara alors d’une plaque de verre emprisonnant un parchemin. Sur ce-dernier, l’on pouvait apercevoir le portrait d’un homme aux longs cheveux bruns, le regard vif surmonté de lunettes, et deux larges cornes de part et d’autre de sa tête… le tout accompagné d’un rictus mauvais.
« Et je sais exactement à qui nous devrions « demander » ce service… »
.
. Ha !
.
Il faut croire que le dicton dit vrai, alors…
.
On ne fait pas d’omelette sans casser du Dofus, haha, ha !
~ Fin du Chapitre 8
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De Jem et Tessa à Alec
Memo à l’attention du Consul Alec Lightwood
Re : Relations avec les elfes sauvages
Après plusieurs jours de tensions, nous sommes soulagés d’annoncer que les menaces à l’encontre de Christopher Herondale et Wilhelmina Carstairs semblent avoir été éliminées. Nous sommes entrés en contact avec Gwyn ap Nudd, de la Chasse Sauvage, qui nous confirme que la fée n’ayant prêté aucun serment connue sous le nom de Mère Hawthorn a été déplacée dans un lieu isolé, où elle sera détenue à l’avenir par la Chasse Sauvage.
Malheureusement, la sécurité de Christopher Herondale n’est toujours pas assurée sur le long terme. Je vous prie de trouver ci-joint, à loisir, de la correspondance personnelle contenant davantage de remarques et questions informelles.
Nous soussignés,
James Carstairs
Tessa Herondale-Carstairs
Cher Alec,
J’ai demandé à Jem d’écrire la partie formelle de ce rapport parce que ça me donne la migraine. Je m’en voulais de lui demander, mais il a balayé mes inquiétudes d’un revers de la main : apparemment aucun d’entre nous ne croirait la quantité de documents administratifs que les Frères Silencieux doivent remplir. J’en ai été étonnée parce que j’ai du mal à associer « administratif » et « Cité Silencieuse », mais bon.
Bref, le rapport est exact. Julian Blackthorn, intelligent comme il est, a contacté Gwyn, qui a accepté de s’occuper de Mère Hawthorn. (Julian n’en avait parlé à personne, évidemment, parce qu’il aime ses révélations spectaculaires, comme nous nous en souvenons tous très bien.) Après avoir eu si peur, c’était vraiment magnifique quand la Chasse Sauvage est apparue, a saisi Mère Hawthorn et nous a ramené Mina.
D’ailleurs, Mina est heureuse, en bonne santé et absolument pas bouleversée, contrairement à ses parents. Elle était ravie au plus au point de voir la Chasse Sauvage, et depuis elle n’arrête pas de nous dire avec enthousiasme qu’elle a rencontré beaucoup de chevaux et que les chevaux sont ses amis. Kit, bien sûr, est au moins aussi bouleversé que nous, si ce n’est plus. Il l’a à peine quittée des yeux depuis son retour. Il dormait même par terre dans sa chambre. (Nous y avons installé un clic-clac après les deux premières nuits). Ça l’a fortement ébranlé. Il n’a pas beaucoup souhaité en parler, mais c’est évidemment très pesant pour lui. Depuis l’incident, il a ce regard inquiet que nous lui connaissons bien. Nous craignons qu’il ne commence à comprendre ce que son héritage peut réellement signifier, même si nous avons tout fait pour l’en protéger.
Malgré l’aide de Gwyn, ni Julian ni nous ne savons ce qu’il s’est passé exactement entre la Chasse Sauvage et Mère Hawthorn, et nous sommes peu disposés à le demander. Nous savons que le Royaume des Fées peut être cruel, qu’il est le plus cruel envers son propre peuple, et qu’il a un sens de la justice et de la discipline particulier, qui semble parfois très… inhumain. Ceci dit, nous faisons confiance à Gwyn, notamment parce que nous faisons confiance à Diana Wrayburn. S’il dit que Mère Hawthorn n’embêtera plus Kit, nous le croyons.
Nous ne savons toujours pas parfaitement ce que Mère Hawthorn a dit à Kit pendant qu’ils étaient seuls – quand nous pouvions les voir, et Mina aussi, mais pas les entendre. D’après Kit, c’était seulement ce à quoi nous pouvions nous attendre, mais quand il est revenu vers nous, il avait les yeux hagards. Je voudrais pouvoir exiger de savoir ce qu’elle a dit, ou quelles étaient ses menaces ou révélations, mais je sais que je ne peux pas. Il nous parlera quand il sera prêt.
Cela dit, nous ne savons pas si Mère Hawthorn a des alliés qui pourraient aussi connaitre le secret de Kit. Peu importe comment elle a essayé d’amadouer Kit, nous savons qu’elle a des intentions hostiles. Nous l’avions rencontré à Buenos Aires, avant même de savoir que Kit existait, et elle était très claire. Ses mots me sont restés en tête : « Un Premier Héritier existe encore dans ce monde. Quand le Premier Héritier émergera, dans toute la terrible gloire née du sang de la Cour des Lumières, de celui de la Cour des Ténèbres et de celui des Nephilim, j’espère qu’il détruira les Chasseurs d’Ombres ainsi que le Royaume des Fées. J’espère que le monde entier sera perdu. »
Je ne peux pas regarder Kit – étendu sur le clic-clac dans la chambre de Mina, la main serrée autour d’une des lattes de son berceau, même quand il dort – et penser « terrible gloire ». Il est comme n’importe quel autre Chasseur d’Ombres, une sorte d’ordinaire peu ordinaire. Il aime les films et les soirées spaghetti et il se ronge les ongles. Il n’est qu’une personne, pas un destin.
Pour l’instant, très peu de gens connaissent l’héritage de Kit. Emma et Julian, bien sûr, toi et Magnus, Jace et Clary… même les frères et sœurs de Julian ne savent pas, ou connaissent seulement un vague semblant de vérité. Mais à qui d’autre Mère Hawthorn a pu en parler ? Pas à la Cour des Lumières, certainement : nous sommes tous les deux sûrs que la Reine aurait déjà pris des mesures pour s’emparer de Kit si elle savait. Kieran sait, évidemment, mais nous ne savons à quels membres de la Cour il a pu en parler (d’après Emma, Mark et Cristina connaissent la situation en partie seulement). Kieran est clairement un allié, et sa Cour lui est fidèle. Mais il est facile d’imaginer qu’un courtisan audacieux (ou un elfe sauvage) ait pu découvrir cette histoire et cherche à en tirer profit.
Nous ne pouvons pas ignorer la réalité : les secrets comme celui de Kit finissent par être découverts et ne peuvent pas être protégés indéfiniment. Le garder au sein d’un petit cercle d’amis de confiance, rien qu’entre les Chasseurs d’Ombres, ça fait quand même une douzaine de personnes.
Ce qui nous amène à notre première véritable demande : Magnus pourrait-il venir à Cirenworth rapidement, pour renforcer les sortilèges de protection contre les incursions de ceux qui pourraient vouloir du mal à Kit ? Nous devons reconnaitre que ce n’est qu’une solution temporaire, mais pour l’instant c’est le mieux que nous puissions faire.
Pendant ce temps, nous sommes d’avis (et nous sommes certains que tu seras d’accord) que nous devons essayer de devancer cette menace. Nous avons sollicité Kieran pour que ses espions prêtent attention aux possibles rumeurs au sujet de Kit qui circuleraient dans le Royaume. Serais-tu disposé à faire la même chose, via l’Alliance ? Nous savons que ce n’est absolument pas le bon moment pour toi. Si nous avions pu, nous aurions tout à fait choisi un moment moins politiquement précaire pour présenter ce problème à l’Enclave. Sache que nous te soutenons et serons toujours à tes côtés. Nous nous sommes peut-être retirés de la vie active des Chasseurs d’Ombres, mais nous serons toujours présents si tu as besoin de nous.
Tu as assumé toutes ces responsabilités à un si jeune âge. Ne semble-t-il pas que les responsabilités se présentent toujours à nous Chasseurs d’Ombres trop tôt à l’aube de notre vie ? Je regarde mon cher Kit et je sais. Nous savons tous ce qui se prépare, comme lorsque l’on sait que le soleil va se coucher sur une journée que l’on souhaiterait infinie. La longue journée ensoleillée de l’enfance de Kit est presque terminée. Je tremble à l’idée de ce qu’il va devoir affronter à la tombée de la nuit.
Avec toute notre amitié,
Jem et Tessa.
Texte original de Cassandra Clare ©
Traduction d’Eurydice Bluenight ©
Le texte original est à lire ici : https://secretsofblackthornhall.tumblr.com/post/697286698428694528/jem-and-tessa-to-alec
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perduedansmatete · 2 months
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totalement amoureuse du perceur chez qui je suis allée aujourd'hui il était trop mimi il avait une chemise à fleurs trop belle et très 70s sous son gros sweat je lui ai fait un compliment il était content et il m'a dit de revenir pour faire encore d'autres piercings sur mes oreilles car ça serait super joli selon lui!!!! (bon commerçant du coup) et en plus c'était moins cher que là où je vais d'habitude alors que demande le peuple??? (des bisous de lui)
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