Tumgik
#Sans Entracte
soulmusicsongs · 2 years
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Jungle Queen - Julien Clerc (Sans Entracte, 1980)
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ecrisettaistoi · 2 years
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Chroniques du coin VIII
2 minutes d'arrêt
Du théâtre de boulevard sans portes qui claquent, voilà à quoi ça ressemblait. La jeune femme faisait les cent pas sur le quai en direction de Paris tandis que l’homme chauve qui l’accompagnait regardait ses pieds. Elle marmonnait, balbutiait, allait, revenait, s’adressait à lui sans qu’il ne relève la tête. Il en avait soupé de son caractère, de ses conneries, ça faisait tellement longtemps que c’était comme ça. Depuis qu’elle était née ou presque. Sur le quai en face, les quelques voyageurs en attente profitaient du spectacle, bien obligés, mais ne savaient trop comment le prendre. Etait-ce un vaudeville ou un drame qui se jouait devant leurs yeux ? Personne n’avait la vérité. Personne ne cherchait vraiment à savoir.
Elle portait un jean qui semblait marcher tout seul tant il était sale, des bottines basses de cuir beige et un tee-shirt vert élimé qui cadrait très bien avec ses cheveux gras. Sur le quai, le spectacle se poursuivait sans entracte ni applaudissements. L’homme était discret. Elle occupait tout l’espace et ça semblait le gêner de plus en plus à chaque aller et retour des bottines sur le goudron neuf de la gare refaite à grand frais. C’est la première fois depuis les années 50 que cette petite gare de province était réhabilitée. Tous ceux qui l’empruntaient appréciaient de voir revivre ce lieu qui était resté figé dans le passé. Jusqu’à l’année derrière, la gare était à l’image de cette ville jadis florissante sombrant dans la léthargie depuis que la nationale 10 avait été détournée de son centre. Rapidement, les VRP avaient déserté cette ancienne sous-préfecture puis le centre-ville s’était contracté, les boutiques avaient fermé les unes après les autres. Seuls, quelques irréductibles tentaient de tenir le cap en faisant un peu de beurre l’été et en subsistant le reste de l’année. À part les assureurs, les coiffeurs et les opticiens, il ne restait plus grand-chose. Ceux qui tentaient de s’y installer tenaient un an, parfois deux puis fermaient boutique. La ville avait pourtant une place de choix entre deux pôles importants mais ressemblait de plus en plus à un hémophile qui s’était coupé en se rasant. La vie la quittait, irrémédiablement.
Elle avait dû comprendre, à un moment, qu’elle n’était pas sur le bon quai. Elle et lui avaient repris le tunnel vieillot pour revenir de l’autre côté, direction Bordeaux. Quel que soit le quai, il était toujours aussi taiseux. La psychologie n’avait pas l’air d’être son fort alors il avait choisi le silence. Elle continuait à se parler, à parler au monde qui l’entourait et qu’elle semblait détester. Elle s’adressait à lui et à l’univers et ça débordait parfois sur les voyageurs en attente de leur train.
« Désolé madame, je suis désolée de vous imposer ça. À chaque fois que je pars d’ici, ça me fait ça ». Elle venait d’enlever ses bottines, laissant apparaître des pieds aussi sales que son jean. Lui attendait le dénouement, fataliste, habitué, usé par ce spectacle qu’il semblait subir depuis longtemps. « C’est pas possible, je ne peux pas supporter, c’est toujours comme ça ». Il avait tourné les talons, lassé et avait poussé la porte battant de la petite gare qui avait crissé en s’ouvrant et crissé en se refermant. Elle ne s’était même pas aperçue qu’il n’était plus là, il lui avait fallu une minute ou deux pour le voir tant elle semblait être seule avec elle-même. Puis elle avait relevé la tête, regardé autour d’elle, compris qu’il n’était plus là. « Je ne vais quand même pas partir en m’engueulant avec toi, Papa, pas encore ». Elle s’adressait au vent. Puis elle remit ses bottines et entreprit de le retrouver sur le parking de la petite gare. Le quai resta calme quelques minutes. Il ne revint pas sur le quai, elle, oui. Elle parlait à nouveau à la cantonade tout autant qu’à elle-même, comme s’il n’y avait aucun filtre entre son cerveau et sa bouche. Elle revint s’asseoir, accroupie à même le sol, sa tête entre ses mains, râlant, jurant ses grands dieux que ça ne pouvait continuer ainsi. Personne ne savait quelle attitude adopter, tout le monde faisait profil bas, compatissant mais impuissant à éteindre l’incendie qui couvait sous les cheveux sales. Un couple de jeunes se bécotait à quelques mètres, jetant des regards en coin tout en poursuivant leur salade de langues. Chaque seconde comptait pour ceux qui vont se séparer. Chaque seconde s'égrenait si lentement pour celle qui était revenue sans lui. Le train arriva, s’arrêta en un long râle aigu et souffreteux. La plupart des voyageurs était toujours debout. Elle, prostrée, parlait encore et encore et attendit le dernier instant pour se décider et monter dans le train. Ça lui pesait mais elle n’avait pas le choix. C’était comme ça à la fin de chaque été. Elle monta dans le train, la tête basse, son sac sur l’épaule et ne se retourna même pas, se fraya un chemin jusqu’à sa place et reprit sa position catatonique dans le wagon quasi-vide. Lui était probablement déjà rentré, avait peut-être déjà oublié ou se servait un verre, enfin débarrassé d’elle. En attendant l’été prochain.
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societascriticus · 18 days
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Lysis (TNM)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-03 : www.societascriticus.com
Une création de Fanny Britt et Alexia Bürger;
Une mise en scène de Lorraine Pintal;
Du 7 mai au 1er juin 2024;
1 h 50 sans entracte.
Ce jour où les femmes disent non.
À l’ère des dénonciations d’abuseurs puissants, des contrecoups pour briser #metoo, du patriarcat toujours glorieusement capitaliste et des manques d’équité qui perdurent, Lorraine Pintal, en dépit des aléas de la pandémie, a tenu à offrir au public cette féroce, mais nécessaire fiction à grand déploiement où des femmes d’aujourd’hui prennent les grands moyens pour mettre fin à la perpétuation d’un pouvoir aussi injuste qu’hégémonique. Ses inspirations ? La grève des femmes dans Lysistrata écrite à Athènes par Aristophane il y a presque 2 500 ans. Et la colère dévastatrice d’Électre que Sophocle a créé à la même époque.
Le pays est paralysé : les femmes en ont assez et elles ont pris d’assaut les rues avec la puissance tellurique d’un tremblement de terre, réclamant justice. Leur arme : la grève de la reproduction. À la tête du mouvement : Lysis, chercheuse pour une grande corporation aux dirigeants cravatés, mais militante clandestine de longue date. Alors que le gouvernement vote une loi spéciale, qu’une milice masculiniste passe à l’action et que le patron de Lysis devient une cible, cette dernière vit tous les déchirements que provoque son engagement : avec son amoureux, ses collègues, sa cellule militante, ses amies. Et si de toutes ces luttes naissait un espoir ?
Pour cette création sur des enjeux criants, Lorraine Pintal, toujours aussi engagée comme femme et comme artiste, a fait appel à deux redoutables dramaturges investies dans les débats actuels : Fanny Britt et Alexia Bürger. Afin de donner toute son ampleur à cette production d’une exceptionnelle envergure, elle a rassemblé dix-sept interprètes de tous horizons, dont l’électrisante Bénédicte Décary en Lysis. Sur scène, trois musiciennes interprèteront l’envoutante partition originale du compositeur Philippe Brault, contribuant à donner à ce spectacle sa pleine et nécessaire dimension épique.
Annick Beauvais : Une militante
Bénédicte Décary : Lysis
Steve Gagnon : Éluan
Nadine Jean : Ananké
Jacques L'Heureux : Victor Forest
Chloé Lacasse : Une militante
Salomé Leclerc : Une militante
Widemir Normil : King
Olivia Palacci : Myra
Brigitte Paquette : Adorée
Pier Paquette : Larsen
Jean-Philippe Perras : William Arès
Philippe Racine : Théo
Dominick Rustam : Christian
Sally Sakho : Atlanta
Isabelle Vincent : Cora Forest
Cynthia Wu-Maheux : Cléo
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-05-23)
Le tout commence autour de l’histoire d'une pilule favorisant la procréation, mais qui entrainerait des suicides. Des éléments furent-ils cachés? Si on pouvait les trouver, les prouver et les sortir publiquement, quel scandale cela ferait ! Cette pièce, publiée en 2020 (1), devait être jouée au TNM en 2022 (2), mais fut retardée à cause de la pandémie. C’est important de le dire, car la prémisse ressemble à une histoire parue sur Netflix cet hiver (2024) : Double piège, qui concerne un complot mortel autour le la fabrication de médicaments. (3) Là s’arrête la ressemblance, mais il s’agit d’une bonne série à écouter, que vous ayez vu la pièce ou non, concernant la recherche du profit et les omissions (cachoteries) qu’on peut parfois faire pour ne pas nuire au succès d’un produit qui n’est peut être pas aussi sécuritaire qu’on le dit. Et que dire quand la politique se colle à une entreprise dont on espère des investissements et des retombées économiques. A-t-on vraiment besoin d’en dire plus ?
Comme le dit Victor Forest (Jacques l’Heureux), le grand patron de la firme dans la pièce : il y a bien eu quelques suicides, mais il y en a aussi dans la population en général et chez les femmes en postpartum. (4) Alors, on ne pouvait pas conclure que c’était dû au médicament, même si la chercheuse principale, qui a travaillé sur ce médicament, s’est suicidée quand elle examinait ses résultats de recherche...
Cependant, sa fille, Lysis (Bénédicte Décary), maintenant une jeune adulte, veut comprendre et aller plus loin, car elle a certains documents de sa mère en main qui laissent croire que celle-ci savait. L’a-t-elle dit à ses patrons et s’est-elle suicidé suite à leur indifférence ou s’est-elle suicidé suite à sa découverte et le tout n’est resté qu’une rumeur dans le fond de l’air. Sans vraiment étouffer l’affaire, on n’a pas cherché plus loin non plus, car ne pas savoir devenait commode.
Lysis travaille donc pour cette entreprise dans le but de savoir et de faire éclater le scandale. Mais, ce ne sera pas facile. Il en résultera d’abord un groupuscule qui voudra porter une action symbolique : la grève de la procréation. Et, avec les médias sociaux, ce mouvement s’étendra hors frontières dans un mouvement mondial de grande portée.
Si la grève de la procréation de la part des femmes semble particulière, cela va beaucoup plus loin qu’un simple geste. Ce sera bien davantage qu’une fronde au patriarcat et au Pouvoir, mais une menace à la poursuite de l’humanité. Une sortie de crise gagnant-gagnant (win/win) sera-t-elle encore possible?
De plus, à la différence d'une grève du sexe, ici la femme se prive d'un choix (enfanter), mais sans priver l'homme d'un plaisir. Alors, certaines femmes seront tiraillées par cette idée, en commençant par Lysis qui ne dit pas qu’elle est enceinte, car elle ne voudrait pas être obligée d’avorter. C’est d’ailleurs tout son dilemme si le mouvement se poursuivait et que ça se voyait.
Se pose alors la question de la négociation, de ce que serait le compromis acceptable, ou d’aller jusqu'au bout sans ne rien céder? Demeure-t-on un mouvement revendicatif ou devient-on plus vindicatif et radical ? Des gens pourraient aller vers le terrorisme, comme Myra, plus vindicative, le fera. D’autres se sépareront du mouvement, car ils veulent le compromis acceptable. Certaines capituleront aussi, que ce soit par amour ou par attirance vers le Pouvoir.
Dans ce genre de fable, on peut penser tant aux mouvements nationalistes qu'aux grandes luttes sociales. Aux débats récurrents entre une culture nationale, où tous doivent s’insérer dans un grand tout collectif, versus celle du multiculturalisme ou de l’interculturalisme, où chacun peut y conserver sa culture dans un genre de « melting pot » non contraignant. Aux débats entre les purs et durs et les réalistes qui souhaitent faire d’un parti politique davantage qu’une plateforme d’idées, mais un parti de gouvernement.
En conclusion, mis à part la trame pharmaceutique, cette pièce nous plonge dans les oppositions de fonds sur les valeurs et les moyens de les atteindre. Le choix de tout perdre en conservant nos idéaux intacts ou de gagner des points, mais d’avoir dû marcher sur certains principes, même s’ils nous apparaissaient non négociables au départ. De sortir gagnant-gagnant d’une situation ou d’en sortir perdant-perdant. Bref, on est dans « l’hommerie », ou plutôt la « femmerie » ici, mais c’est un peu la même chose. Si on en était parfois plus conscient, les choses iraient-elles mieux ?
Notes
1. Fanny Britt et Alexia Bürger, 2020, Lysis, Québec/Canada : ATELIER 10
2. GUILLAUME PICARD, Annulation des représentations de la pièce «Lysis», Le Journal de Montréal, mercredi, 5 janvier 2022 :
https://www.journaldemontreal.com/2022/01/05/annulation-des-representations-de-la-piece-lysis
3. Cette série est tirée d’un roman de Harlan Coben, 2019, Double piège (Fool me once en v.o.a. parut en 2016) , France : Pocket
4. Radio-Canada, La dépression post-partum liée au suicide de dizaines de mères, 30 aout 2017 :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1053024/depression-postpartum-suicide-meres
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SAMEDI 21 OCTOBRE 2023 (Billet 1 / 3)
« KILLERS OF THE FLOWER MOON » (3h26)
Un film de Matin Scorsese, avec Leonardo DiCaprio, Robert De Niro, Lily Gladstone…
Nous vous en avions parlé dans la Newsletter de mardi dernier. Nous sommes allés le voir le lendemain, jour de sa sortie. Et comme cela allait être le plus long film que nous aurons vu dans notre vie - 3 heures 26 minutes sans entracte - nous avons choisi la plus belle salle du Cinéma Beaugrenelle, celle où les fauteuils en cuir sont équipés d’une télécommande qui permettent de s’allonger plus que très confortablement.
Honnêtement, les 3h26 de projection, nous ne les avons pas vu passer, et ce n’est pas grâce aux fauteuils ! Nous pourrions vous dire dans de longs paragraphes tout le bien que nous avons pensé de ce film. Mais la critique parue dans Le Figaro est, dans son genre, un petit chef-d’œuvre d’intelligence et de concision auquel nous adhérons à 100%. Inutile donc d’en rajouter ou de paraphraser toutes les autres excellentes critiques parues à son sujet. Pour mémoire, sur le Site d’AlloCiné, les « Pro » l’ont noté 4,4 et les « spectateurs », 4,3 sur 5 !!!
Dans ce concert de compliments, nous ne mettrons qu’un petit bémol : DiCaprio fait la même grimace en accent circonflexe, presque du début jusqu’à la fin et encore une fois nous lui conseillerons de perdre au moins 10 kilos (imagine-t-on un Gérard Phillipe – nous avons pris le nom d’un immense comédien français au hasard – un peu bedonnant ?). Par contre De Niro et Lily Gladstone sont époustouflants dans leurs prestations !
Nous avons attribué tous les deux ❤️❤️❤️❤️ à « Killers of the Flower Moon ».
NB Eric Neuhoff, l’auteur de la critique ci-dessous est non seulement un excellent cinéphile mais aussi quelqu’un qui sait très bien écrire, une qualité que n’ont pas tous ses confrères.
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Le nouveau film du réalisateur américain revient sur les malheurs d’une tribu indienne en Oklahoma. Un pan de l’histoire des États-Unis qui montre comment cette nation s’est bâtie dans le sang.
Il fallait le faire. Scorsese a réussi l’équivalent du grand roman américain sur un écran. À Cannes, c’est comme s’il avait voulu montrer à tous les prétendants ce qu’était le cinéma. Le public en est resté bouche bée. Les autres metteurs en scène ont poussé un ouf de soulagement : « Killers of the Flower Moon » n’était pas en compétition. Le film se pose un peu là. On y découvre sur quelles fondations se sont bâtis les États-Unis. Elles s’appellent meurtres, mensonges et rapacité.
Bref rappel des faits. Déracinées de leurs contrées originelles par le gouvernement de l’époque, les tribus Osage se voient attribuer en Oklahoma d’arides terrains qui se révéleront gorgés de pétrole. Divine surprise. Les Indiens sont riches à ne savoir qu’en faire. Ils roulent en voiture avec chauffeur, jouent au golf, circulent en avions privés, sombrant généralement dans l’alcoolisme. Un détail : ils profitent de leur fortune, mais sont mis sous tutelle. Les Blancs utiliseront tout un tas de moyens pour les dépouiller, le plus fiable consistant à se marier avec une squaw.
Les années 1920 débutent. Ernest revient du front. Le sien est bas. Ce viveur a un emploi du temps rigoureux : faire la bringue toute la nuit et dormir la journée entière. Ce programme a ses limites, même pour un garçon qui n’a pas inventé la poudre. Heureusement, son oncle le remet sur le droit chemin. Hale règne sur la région. Les scrupules n’étouffent pas ce seigneur du bétail qui prétend adorer les Osage.
Le péché originel des États-Unis
Sur ses conseils, le neveu accepte d’épouser la douce Mollie, avec sa longue natte et ses couvertures bariolées qui lui servent de châles (Lily Gladstone, avec son regard à briser les cœurs, impassible comme une héroïne de tragédie grecque). L’Indienne a du diabète. Le brave Ernest lui injecte de l’insuline mêlée à du poison. Autour d’eux, les morts suspectes se succèdent. Les héritages changent de mains. Cette bizarre hécatombe finit par inquiéter Washington. Le FBI, qui en est à ses balbutiements, dépêche ses agents. Leur présence est gênante. Comment continuer, dans ces conditions, les arnaques à l’assurance, les incendies volontaires, les disparitions brutales, les explosions ? La morale est priée de quitter les lieux en vitesse.
Scorsese se penche sur le péché originel de son pays. Cette nation est née dans le sang et l’or noir. Cela méritait une fresque de 3h26 ! Le film est ample, macabre, sinueux, magnifique. L’Histoire défile, impénétrable. Steinbeck n’est pas loin, même si le scénario adapte un livre de David Grann. Le projet nécessitait des comédiens à la hauteur. En parrain crapuleux, De Niro est souverain. À côté, Don Corleone ressemble à un enfant de chœur. C’est le Mal à l’état pur, un concentré de corruption et de mépris. La puissance de son interprétation serait écrasante s’il n’avait en face de lui un DiCaprio qui a les épaules suffisantes pour lui résister, avec le même air buté, la même façon de relever les lèvres en accent circonflexe.
On assiste à un passage de témoin en direct, comme il s’en produit rarement sur la pellicule. DiCaprio a pris du poids, gagné en assurance. Sa moue boudeuse exprime la crapulerie et le désarroi, celui d’un homme essayant de sauver le peu d’âme qui lui reste. Ces deux monstres en Stetson ont existé pour de bon. La mythologie est au rendez-vous, avec une séquence finale où le réalisateur apparaît en chair et en os. Le passé est une plaine dévastée, un champ de flammes et de désolation. Whisky de contrebande coulant à flots, bordels débordant de clients, médecins marron, shérifs véreux, ce conte gothique est plein comme un œuf. C’est un monument. Scorsese vous salue bien. Le maître n’a plus rien à prouver. Plus personne ne fait de films comme ça. Plus personne n’ose. Si le cinéma est mort, « Killers of the Flower Moon » est le plus beau des faire-part.
(Source : « La critique d’Éric Neuhoff du Figaro qui lui a donné la note de 4/4 »)
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encoredireencore · 1 year
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LE DEPEUPLEUR
Assurément une glissade hors du monde – point de vue observatoire des lointains ou check point déverrouillé … La lente glissade est une dérive, une sortie de route qui s’oriente vers des voies périphériques fantasmatiques, ésotériques, oniriques, voire horoscopiques, kafkaiennes  et orchestre une polymorphie aussi improbable qu’impalpable .
En bordure du fleuve Léthé (?), la destination et le destin du futur naufrageur sont insaisissables. Tout semble indiquer qu’hors du mystère il n’y a point de salut ! - même là, pas de certitude….
Pour suivre celui qui à sa guise trace cette étrange route, il n’y a pas d’obligation particulière pour le départ, pas de précaution non plus pour le retour. Tout est possible et tous les possibles seront évoqués, jusqu’à leur épuisement.
En grand maitre des « obscurités tentatrices » SAMUEL BECKETT nous écrit d’un outre monde, aux confins du raisonnable…et son dépeupleur ne s’en soucie guère.
Pas de danger précis à le suivre aveuglément mais la possible découverte d’un monde flottant entre théâtre du réel et théâtre en trompe l’œil
PAS MOI   C’est un fleuve sans rive tant il déborde et charrie des décombres, de sa source muette jusqu’à ses soixante dix ans.
Une vie, sa vie à elle - son silence qui agglomère les chagrins, les défaites, les blessures et les recompose en croûtes, obstruant la moindre issue qui pourrait être salvatrice.
Attentifs à la montée des eaux, nous devons l’être, à celle des larmes également, mais plus encore, attentifs à la montée du silence – quand tout se tait, qu’il ne reste plus rien à entendre, qu’il n’y a plus le désir de dire …une fin, une vie qui resterait sur sa fin, avant même d’avoir été vécue. Trop tard c’est toujours trop tôt.
De son écriture « stéthoscopique », SAMUEL BECKETT nous fait entendre cette vie profondément enfouie sous les décombres. Elle apparait masquée derrière une autre, en lambeaux d’un « moi peau » qui a résisté aux épreuves les plus douloureuses. Cette femme emporte son PAS MOI, comme voulant encore s’excuser d’être là, empêchée encore de dire JE  - malgré cela, s’affirmant avec le recours, le secours de sa langue . Mot à mot, pas à pas, d’un compte-gouttes sonore, elle se donne elle nous donne son histoire la plus intime, la dépassant dans ce partage public qu’est le théâtre. Ca n’est plus alors le malheur personnel d’une femme mais l’expression du malheur même à travers elle.
Samuel Beckett se saisit d’un instant, d’un regard et il perçoit une vie entière. Il plie son écriture aux formes du destin qu’il ressent. Nous le voyons agir au cœur du drame -clinique- Son écriture arme une parole. Elle la rend pénétrante. Là où elle sera reçue elle laissera sa marque.
BERCEUSE
C’était si beau, si agréable d’être prise dans le « balancé » d’une berceuse – juste l’air – pas la chanson et ses mots de malheur qui endorment… pour mieux enlever la vie d’un jour à l’autre et tout recommence le lendemain, réglé pour toujours. Le dur pas d’une loi qu’elle se serait inventée : une berceuse cadencée, ça n’est déjà plus le plaisir de vivre. Des jours et des jours qui se suivent tristement emportés par les mots de la berceuse « ROCK HER LIFE, FUCK LIFE, BERCE LA D’ICI » Langage tangage titrait Michel Leiris pour un de ses recueils de poésie. Tangage et sabordage pour elle, en attendant de passer par-dessus bord.
Douze minutes à bout de souffle avec des airs qui bercent et des mots qui blessent sur le chemin d’une sortie sans retour.
DOCUMENTATION
LE DEPEUPLEUR, PAS MOI, BERCEUSE  sont publiés aux éditions de Minuit .
Ils seront tous les trois représentés dans un même spectacle (avec entracte) les 8,9,10,11 et 12 NOVEMBRE 2023 – salle EIFFEL à Orléans dans le cadre du programme ENCORE organisé par l’ATELIER METOPE 
INFOS CONCERNANT LES 3 TEXTES
LE DEPEUPLEUR   - texte écrit en français et publié en France en 1970
                                 Traduction anglaise par son auteur en 1972 /THE LOST ONES
PAS MOI                - texte français / traduction de l’auteur
    Publication aux éditions de Minuit -1973                         
   NOT I – texte original publié à Londres en 1973
BERCEUSE             - texte français traduit par l’auteur- publication 1981                              Texte original publié à Londres en 1981 /ROCKABY
INFOS CONCERNANT LEUR CREATION THEATRALE
LE DEPEUPLEUR    durée de la représentation :50 minutes
PAS MOI                  Durée de la représentation : 25 minutes
BERCEUSE                Durée de la représentation : 12 minutes
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skillstopallmedia · 1 year
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Au cœur de Rome | La Presse
C’est sans conteste la pièce la plus costaude de la saison et sans doute aussi l’une des plus attendues, tous théâtres confondus. Pendant sept heures et demie (entractes inclus), une trentaine d’interprètes dirigés par Brigitte Haentjens vont porter sur scène les cinq pièces romaines de Shakespeare. La Presse a suivi l’équipe pendant plusieurs mois. Une incursion privilégiée dans les coulisses…
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laprosedadeline · 1 year
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Dans un film de son pays, c’était l’exact moment ou la musique commencerait. Habillée de son plus beau sari elle danserait dans un décor de montagnes enneigées et chanterait son amour pour Paul à travers la voix d’emprunt d’une chanteuse de playback. Leur histoire, elle le sentait, approchait de son entracte. Le duo allait s’achever et un rebondissement inattendu laisserait le public, le souffle coupé, se rendre aux toilettes ou acheter un samosa. Les rebondissements possibles ne manquaient pas. Le père de Paul ne voulait pas d’une belle-fille sans diplôme ni fortune. Son propre père allait certainement faire une crise cardiaque en apprenant qu’elle convolait avec un Blanc. Que ferait-elle dans ce cas ? Laisserait-elle Paul pour protéger le cœur bien fragile de son père, ou bien romprait-elle, définitivement, avec sa famille ?
Toute à ses pensées, enveloppée de la douce chaleur qui émanait de Paul, elle ne voyait pas que le second acte se jouait déjà en arrière-plan, dans le magasin fermé. Comment aurait-elle pu imaginer que le gérant avait déjà averti de sa présence Monsieur Anderson, et que celui-ci les regardait froidement, son fils et elle, totalement imperméable à l’aura de romantisme qui se dégageait de leur couple ? Si elle l’avait su, elle l’aurait convaincu, dans une scène bouleversante rythmée par les coups de tonnerre d’un orage bien opportun, oui, elle l’aurait convaincu qu’elle n’en avait pas après son argent, qu’elle était la seule capable de rendre Paul heureux. Et Paul se serait enfin confronté à son tyran de père, aurait pris sa place, enfin, d’adulte libre de ses choix.
Mais elle n’en savait rien. Elle ne savait pas que la caméra ne la filmait plus, mais avait zoomé sur la fenêtre. Que le public contemplait en gros plan le visage tordu de haine de Monsieur Anderson. Que l’on entendait à présent le déclic d’une arme que l’on charge. Et que ce n’était pas le premier acte, mais bien le film, tragiquement court, qui était sur le point de s’achever sur son corps criblé de balles.
Crédits image : Jack Vettriano OBE, The Innocents, 1995
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vidoggytv-blog · 1 year
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Comment organiser une soirée cinéma à l'école ?
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Avant votre soirée cinéma - Choisissez un film . Sonder l' école sur le film que les gens aimeraient voir n'est pas le moyen le plus efficace, alors demandez au comité d' organisation de décider. - Choisissez une date. - Demandez une licence de site de performance publique via Movie Licensing USA. - Annoncez votre soirée cinéma . - Obtenez une copie de votre film . De même, les gens demandent, comment organisez-vous une soirée cinéma ? 5 conseils pour organiser la meilleure soirée cinéma de tous les temps - Choisissez judicieusement votre film. Votre soirée cinéma va vivre ou mourir grâce à votre sélection cinématographique. - Lisez la pièce. Même si vous avez soigneusement évalué votre public et trouvé The Perfect Choice, sachez quand changer les choses à la dernière minute. - Faire du popcorn. - Gardez-le moelleux. - Prévoyez du temps de conversation.   Sachez aussi, comment organiser mon cinéma en plein air ? Les meilleurs conseils pour organiser un cinéma en plein air - Définissez vos besoins. - Choisissez un endroit impressionnant. - Choisissez une date idéale, envoyez l'invitation. - Donnez le ton avec un bon film. - Les films classiques à regarder avec des amis incluent ; - Pour les films classiques de minuit, considérez le. - Testez votre dépistage. - Bonne nourriture et boissons.   Les gens demandent aussi, comment organisez-vous une collecte de fonds pour une soirée cinéma ? Voici comment organiser une soirée cinéma réussie dans votre école primaire ou secondaire : - Définissez vos objectifs de collecte de fonds. - Sélectionnez le type d'événement (intérieur/extérieur, enfants seulement/famille/quartier) - Déterminez la taille du public et sélectionnez le lieu. - Procurez-vous l'équipement. - Sélectionnez 2-3 films. - Demander une licence de film.   Comment organiser une soirée cinéma avec un ami ? 5 conseils pour planifier une soirée cinéma avec des amis - Choisissez un film. C'est basique, mais mérite d'être répété de toute façon : choisissez un film. - Fais quelques recherches. J'ai lu de nombreux articles qui suggèrent que vous devriez améliorer vos soirées cinéma en inventant des jeux ou en écrivant des anecdotes intenses sur le thème du cinéma. - Avoir suffisamment de places assises. - Prenez vos collations au sérieux. - Prévoir des boissons avec et sans alcool.   Comment puis-je rendre une soirée cinéma plus amusante ?   Faites de la soirée cinéma le point culminant de la semaine de chacun grâce à ces conseils. 6 façons de rendre la soirée cinéma en famille plus amusante - Rendez la sélection de votre film plus excitante. - Thématiquez-le. - Faites-en un repas. - Créez le snack-bar le plus cool. - Ajoutez quelques activités. - Gardez tout le monde confortable.   Comment animer un ciné-club ?   9 conseils pour démarrer un ciné-club - Commencez fort. Lorsque vous démarrez un Into Film Club, assurez-vous que votre première projection est quelque chose de frais et d'excitant. - Commercialisez votre ciné-club. - Jour de la semaine. - Rendez-le authentique. - Démarrez une démocratie! - Prix ! - Restez en contact avec Into Film. - Travaillez intelligemment, pas dur.   Comment rendre la soirée cinéma en famille amusante ?   6 façons de rendre la soirée cinéma en famille amusante - Donnez-lui un thème. Les expériences immersives comme Secret Cinema font fureur ces jours-ci, mais vous n'avez pas besoin de quitter votre salon pour vous amuser. - Mettre en scène un entracte. - Préparez des collations à thème. - Créez vos propres coupons. - Installez-vous confortablement. - Inventez des activités.   Comment rendre une soirée cinéma romantique ?   Voici quelques conseils pour créer la soirée cinéma parfaite dans le confort de votre foyer. - 1) Installez l'ambiance. - 2) Préparez votre plateau de nourriture avec des friandises spéciales. - 3) Servez un vin mousseux frais dans un verre à vin. - 4) Choisissez le film parfait. - Dites-nous d'autres films pour une bonne soirée cinéma !   Que dois-je regarder avec des amis ?   - Fou, Stupide, Amoureux. (2011) - Amis avec avantages (2011) R | 109 minutes | Comédie, romance. - Facile A (2010) PG-13 | 92 minutes | Comédie, Drame, Romance. - Rendez-vous nocturne (2010) PG-13 | 88 minutes | Comédie, Policier, Romance. - Merci d'avoir fumé (2005) - Le jour de congé de Ferris Bueller (1986) - Forrest Gump (1994) - Les Vengeurs (2012)   Que dois-je apporter à une soirée cinéma ?   15 incontournables pour une incroyable soirée cinéma en famille - Couvertures chaudes et confortables. - Un oreiller amusant mais qui soutient. - Pyjama sur le thème du cinéma. - Couvertures uniques pour enfants. - Machine à pop-corn à l'ancienne. - Pop-corn Jiffy Pop à l'ancienne. - Seaux à pop-corn (pour une expérience cinématographique complète) - Pantoufles confortables.   Puis-je montrer un film pour une collecte de fonds ?   Vous êtes certes libre de regarder le film vous-même, mais, au-delà, vos droits sont très limités par la loi. En particulier, vous n'avez pas le droit de montrer le film au « public ». Dans la plupart des cas, cela nécessite une licence "d'exécution publique" distincte du titulaire du droit d'auteur.   Comment organisez-vous un film en projection en bloc ?   Comment organiser une projection de bloc de film - Sélectionnez un bon film. Quelque chose que les gens voudront regarder, avec ou sans votre filtrage en bloc. - Choisissez un bon endroit. Tous les cinémas ne sont pas égaux. - Tarifez votre billet de manière compétitive. - Contactez votre réseau. - Commercialisez votre événement de dépistage en bloc. - OPTIONNEL.   Les cinémas font-ils des collectes de fonds ?   Approchez les théâtres locaux de votre communauté et voyez s'ils seraient disposés à faire don d'un théâtre pour une soirée afin de soutenir votre collecte de fonds . Le plus souvent, les salles de cinéma n'organisent ce type d'événements que pendant la semaine, vous devez donc prévoir d'organiser votre événement relativement tôt, surtout si votre collecte de fonds est destinée aux enfants.   Comment démarrer une collecte de fonds pour un film ?   Voici comment organiser une collecte de fonds pour un film avec FilmRaiser : - Enregistrez votre groupe et soyez informé des dates de sortie à venir. - Sélectionnez une nouvelle sortie de film et choisissez une date de projection à l'avance. - Recevez vos billets à l'avance et prévenez votre groupe. - Organisez des dons de 1o $ par billet par SMS à votre numéro spécial.   Que dois-je apporter à une soirée cinéma en plein air ?   - 6 conseils pour assister à un film en plein air. Partager. - Sachez à quelle heure le film commence. Cela peut sembler un peu bête, mais c'est important ! - Arriver tôt. - Apportez vos propres collations et de l'eau. - Les oreillers et les couvertures sont indispensables. - Insecticide et crème solaire. - Apportez du divertissement.   De quel type de projecteur ai-je besoin pour les films en plein air ?   Top 15 des meilleurs projecteurs d'extérieur en 2020 - Tableau complet - Projecteur de cinéma maison DLP 3D Optoma HD141X 1080p. - Projecteur BenQ DLP HD 1080p (W1070) - Projecteur ViewSonic PJD5555W WXGA DLP. - Projecteur de cinéma maison DLP 3D Optoma HD26 1080p. - Epson Home Cinéma 3020 1080p. - Epson 85HD MovieMate.   Combien de personnes fréquentent les cinémas éphémères ?   C'est de loin le plus grand (environ 15 000 personnes ont assisté aux projections de Lawrence d'Arabie le week-end dernier) et l'exemple le plus connu d'une tendance passionnante dans le cinéma , et qui offre une alternative rafraîchissante à la fadeur du multiplex : le cinéma éphémère . .   Que pouvez-vous faire avec des amis la nuit ?   Choses amusantes que vous pouvez faire la nuit gratuitement - Profitez d'un concert en plein air gratuit. La plupart des villes ont des salles pour des concerts gratuits en plein air. - Organisez une soirée jeux. - Avoir une expérience de camping dans la cour. - Organisez une soirée spa entre filles. - Organisez une soirée sportive entre hommes. - Soirée film. - Assistez (ou organisez) un événement de cinéma en plein air dans le quartier. - Avoir un feu de joie.   Que signifie une soirée cinéma ?   Les films sont plus amusants lorsque vous avez de la compagnie pour en profiter, et une soirée cinéma est une chose simple et amusante à faire à la maison avec des amis à tout âge et avec presque tous les budgets. Une soirée cinéma avec vos amis peut être amusante et simple pour tout le monde avec un peu de planification et de préparation. 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louduvelleroy · 1 year
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// La qualité de l'économie de moyens
C’est un théâtre en kit, à monter et à démonter partout, tout le temps et en rien de temps. C’est un genre en soi, ça s’appelle le théâtre de tréteaux. Une grande estrade en bois aggloméré est installée au beau milieu du public. Quelques marches faisant office de sommaires escabeaux sont vissées aux quatre coins de cette scène de fortune. Scène donc encerclée par les spectateurs qui se retrouveront, malgré eux, en contre-plongée de l’action comique. Placement libre, la salle se remplit vite et dans la cohue générale des discussions mêlées aux déplacements de retardataires, quelques personnes ou devrais-je dire comédiens, se démarquent bien qu’ils soient éparpillés dans la foule. Ce sont notamment leurs vêtements qui les trahissent. De minces costumes de récupération dont les coutures sont aussi bancales que la scène elle-même. Faire naître le grandiose avec peu, c’est ce à quoi nous sommes sur le point d’assister. 
Le silence ne s’est pas encore fait dans l’assistance que les acteurs se lèvent et commencent. On aurait pourtant l’habitude du contraire. Par convention les spectateurs se taisent, émettant comme un signal de départ au lever de rideau, pour que le jeu débute. Pour le collectif des Tg Stan il n’en est rien. Même si rien n’est prêt, ils se lancent ensemble sur scène. Pour cette bande de comédiens qui se réunit au théâtre d’Anvers depuis trente-trois ans, le théâtre est un jeu avant tout. Ils donnent le rythme, jonglent avec les dérivations et interruptions (ce qui nous offre par conséquent quarante minutes supplémentaires). L’illusion théâtrale n’existe pas. Le public n’est pas simple observateur passif, il est l'heureux complice de ce jeu. 
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Lorsque les acteurs se lèvent et commencent, c’est par l’Avare. Avec Poquelin II, les sept comédiens et comédiennes belges enchaînent deux pièces de Molière sans entracte, endossent les rôles d’une trentaine de personnages et ce, avec un décor rudimentaire si ce n’est presque absent. On vient à se demander si cela est réellement possible. À les voir réussir avec brio ce pari, la pièce en devient encore plus saisissante. Pour ne rien enlever aux difficultés, ces courageux acteurs flamands, il faut le souligner, doivent travailler avec de la prose française du XVIIe siècle. Au lieu de s’appliquer scrupuleusement à ne pas écorcher la langue de Molière, ils préfèrent envisager le problème sous un autre angle. S’il leur est impossible de cacher leurs faiblesses d’articulation, ils décident alors de les exacerber pour créer un nouvel effet comique surprenant et très efficace. Il en sera ainsi dans toute la pièce, chaque obstacle étant tourné intelligemment à leur avantage, de sorte que le public ne s’en rende même pas compte. 
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Une musique forte et enjouée, un changement de décor de fond, la mise en place de faibles passerelles. Il n’en faut pas plus pour changer totalement d’intrigue et passer d’une pièce à l’autre. Le Bourgeois gentilhomme à la barbe aussi ébouriffée que les cheveux, succède ainsi à Harpagon qui nous accuse à maintes reprises avant de partir, de lui avoir volé son trésor. La fluidité des transitions ne fait que renforcer la force de situation des scènes. Les acteurs se changent devant nous et attrapent des rôles à la volée. Tours de passe-passe brillamment exécutés puisqu’à aucun moment nous ne sommes perdus. Il leur suffit d’un t-shirt blanc, qu’ils se transmettent habilement, pour transporter un personnage sur un autre corps. Il leur suffit de renverser une brouette pleine d’aliments en plastique pour faire éclore, en une fraction de seconde, une scène de banquet. Il leur suffit d’un kimono orange, d’un juste-au-corps blanc et d’une doudoune imprimée à manches courtes pour créer l’accoutrement d’un homme de qualité. Il leur en faut peu parce que les acteurs font tout. En enchaînant des scènes plus drôles les unes que les autres, ils manient avec justesse les comiques de situation et nous rappellent que le théâtre, est avant tout un jeu. 
Lou Duvelleroy. 
Publié le 22 janvier (3967 caractères). 
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auda-isarn · 1 year
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Ça faisais assez longtemps que je n'avais pas fais de fiche de lecture. La dernière fois nous parlions de Pierre Benoît, un romancier assez peu connu aujourd'hui. J'ai décidé ce soir de parler de Henri Béraud, un auteur souvent très aimé, mais aussi souvent très détesté. Il faut dire que c'était un grand polémiste, ses écrits en témoigne.
Henri Béraud : Polémiste sorti du peuple :
Voici un demi-siècle paraissait un petit livre de souvenirs romancés d'à peine deux cents page. Son titre : << Qu'as-tu fait de ta jeunesse ? >>. Son auteur : Henri Béraud. Il était alors au faite de sa renommé. Trois ans plus tard, il était arrêté, condamné à mort, grâcié de justesse et libéré en 1950 du bagne de Ré. Quand il mourut en 1958, au début de la Ve République, il était assez oublié par les partisans d'un bord politique qui n'était d'ailleurs pas tout à fait le sien. En pleine guerre d'Algérie, on se souciait peu de la disparition de ce romancier-journaliste qui reussit le coup de force de s'être vu accusé d'intelligence avec l'ennemi, alors qu'il n'avait jamais éprouvé la moindre sympathie pour les Allemands. Il les détestait un peu près autant que les Anglais ( qu'il rêvait de << réduire en esclavage >> ). Mais ce redoutable polémiste, fils du peuple si il en fut, plutôt anarchiste, était revenu pacifiste de la guerre de 14. Il manifesta toujours un franc-parlé et un goût de l'outrance qui le possèrent à épouser sans prudence quelques une des querelles les plus dangereuses d'une époque dont il fut le meilleur témoin. A le relire, on s'aperçoit qu'il fut surtout un merveilleux enquêteur et un robuste écrivain.
Qu'as-tu fait de ta jeunesse, qui ce déroule avant la grande tuerie fratricide de 14, est la suite du meilleur livre de Béraud, cette " Gerbe d'Or ", où il raconte son enfance de fils d'un boulanger de la rue Ferrandière, à Lyon, où il est né le 21 septembre 1885, entre les Terreaux et la place Bellecour.
Cette presque île entre Saône et Rhône sera toujours pour lui le cœur de son univers sentimental. Et si il fut un grand voyageur, " flâneur salarié ", à travers le monde, comme il disait lui-même de son métier de reporter globe-trotter, il restera toute sa vie fidèle au petit " gone " qu'il fut enfant d'un milieu populaire, encore très proche du village dauphinois de ses grands-parents paysans. Peu d'écrivains sont aussi enracinés que ce citadin d'une grande ville, qui dispute à Marseille le rang de seconde de France et garde à travers tout les orages le même aspect un peu fermé sur elle-même.
Par reaction contre le côté radin et dévot de la plupart des bourgeois de leur ville industrieuse et embrumée, beaucoup de Lyonnais manie comme personne l'irrespect, dont Guignol est l'ironique porte-parole. Amoureux de cette cité que l'on dit " la plus au Sud des ville du Nord ", le jeune Béraud devient vite le rassembleur des garçons qui y mènent comme lui la vie de bohème au début de notre siècle. Passionnés de théâtre et de musique, ils aiment Wagner avec passion. Comme il faut travailler quand on n'appartient pas aux dynasties marchandes, le fils de boulanger sera tour à tour dessinandier en soieries, clerc d'avoué, commis en assurances, antiquaire , du genre brocanteur, et journaliste, surtout journaliste.
Son sens inné de la polémique, parfois la plus féroce mais toujours la plus drôle, fait merveille dans les petits joumaux de Lyon, où il se rend indispensable. Un entracte de quatre ans, dans l'artillerie, le marque à jamais. Parti insouciant, il devient pacifiste. Mais aussi bien décidé à quitter sa ville natale pour partir à la conquête de Paris, comme ses amis le comédien Charles Dullin et le journaliste Albert Londres.
Très vite, il va s'imposer comme le maître incontesté du grand reportage. Nul ne sait comme lui transcrire les atmosphères et les rencontres en ces pays étrangers que la télévision n'a pas encore rendus faussement familiers. L' entre-deux guerres voit le triomphe de ces envoyés spéciaux qui n'ont pour eux que leur stylo, beaucoup de culot et de confortables notes de frais consenties par des patrons de presse intelligents. On verra Henri Béraud à Moscou et à Berlin, à Rome et à Vienne, à Dublin et à Madrid, partout où il se passe quelque chose. Il raconte ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qu'il croit, se montrant toujours bon observateur et parfois bon prophète. L' Europe en pleine crise le fascine, car il sent à chaque enquête la guerre venir, inéluctablement.
Écrivant au sommet de sa carrière dans Gringoire, le grand hebdomadaire conservateur, il réserve ses élans populistes pour son œuvre littéraire. Il dénonce la littérature hermétique et lugubre de ceux qu'il nomme " les longues figures " et defend la langue claire et la vie simple des " bons vivants ". En politique, il s'affirme sans hésiter républicain, chantre du 14 juillet et admirateur de Robespierre. Celà ne l'empêchera pas de denoncer le gouvernement radical dans " Pavés Rouges " ( 1934 ), et la gauche dans " Front-popu " ( 1936 ). En politique extérieur, il ce montre volontiers cocardier et poursuit les Britanniques d'une haine qui lui coûtera un jour très cher.
L' Académie Goncourt lui a décerné en 1922 son prix pour " Le martyre de l'obèse ", essaie romanesque sur son impressionnant tour de taille, qui est loin, très loin d'être son meilleur livre. Il réussit mieux dans le roman historique : " Le vitriol de lune " et " Au capucin gourmand ", annoncent la fantastique maîtrise d'une trilogie ( qui devait comporter au départ une dizaine de volumes ), " Le bois du Templiers pendu ", " Les lurons de Sabolas " , et " Ciel de suie ".
Le premier surtout est un incontestable chef-d'œuvre, roman paysan, à la fois joyeux et sanglant, hymne païen aux paysages et aux de son Dauphiné ancestral. Un jour, ces ruraux quitteront la terre pour la ville et participeront aux insurrections lyonnaises parmi les canuts révoltés contre la rapacité des possédants et l'ignominie des politiciens.
Quand viendra la défaite de 40, Béraud aurait pu se taire. Ce n'était pas son genre. De Lyon, il continuera à dire ce qu'il pense, en bon patriote. Tout aussi opposé à la << dissidence gaulliste >> qu'à la collaboration << parisienne >>. Il ne comprendra pas que son directeur et ami Carbuccia décide un jour, par prudence, de saborder son hebdomadaire. Lui, Béraud, continuera à hurler ce qu'il croit. Il le payera, dans une cellule de Fresnes, chaînes aux pieds. Il meurt le 24 octobre 1958, dans la solitude et dans la misère.
Principales œuvres :
Poèmes ambulants, poésie (Le Monde lyonnais, 1903). Les jardins évanouis ( Le Tout-Lyon, 1904). L' héritage des symbolistes, critique (Sansot, 1906). L'école moderne de peinture lyonnaise, essai (Basset, 1912). Les morts lyriques, contes (Basset, 1912 ) Le trial de lune, roman historique (Albin Michel, 1921). Le martyre de l'obèse, roman prix Goncourt (Albin Michel, 1922). La croisade des longues figures, articles (Editions du Siècle, 1924). Lazare, roman (Albin Michel, 1924). Retour à pied, articles (Crès 1920 ). Au capucin gourmand, roman (Albin Michel, 1925). Le bois du templier pendu, roman (Editions de France, 1926). Mon ami Robespierre, récit romancé (Plon, 1927) La gerbe d'or, souvenirs (Editions de France, 1927). Le 14 juillet, récit (Hachette, 1928 ) Leurons de Sabolas, roman (Editions de France, 1932). Souvenirs d'avril, articles (Editions de France, 1932). Ciel de suie, roman (Editions de France, 1933). Dictateurs d'aujourd hui, essai (Flammarion, 1933). Pavés rouges, chroniques (Editions de France, 1934), Faut-il réduire l'Angleterre en esclavage ?, chroniques (Editions de France, 1935). Trois ans de colère, chroniques (Editions de France, 1936). Popu-Roi chroniques (Editions de France, 1938). Qu'as-tu fait de ta jeunesse ? souvenirs (Editions de France, 1941). Sans haine et sans crainte, chroniques (Editions de France 1942). Le nœud au mouchoir, chroniques (Editions de France, 1944). Vous ne connaissez pas mon pays, souvenirs (Lardanchet, 1944). On tue pour moins que ça, roman policier (Plon, 1950). Quinze jours avec la mort, souvenirs (Plon, 1951). La chasse lampiste, souvenirs (Plon, 1951). Les derniers beaux jours, souvenirs (Plon, 1953) Les flâneurs salariés, reportages (10-18, 1985).
A consulter :
R. CARDINNE-PETIT: Le martyre de Henri Béraud (L'Elan, 1949). Jean BUTIN: Béraud (Horvath, 1979). Georges FERRATO: Henri Béraud, le flâneur salarié (Le Loriot rêveur, 1985). Henri Béraud, Qui suis-je Pardès édition.
Il me semble que ses articles ont étés publiés aujourd'hui dans des ouvrages, à vérifier. On peut également trouver ces ouvrages dans des librairies parisiennes lors de flâneries.
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soulmusicsongs · 4 months
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Soul From France
Soul From France in 12 tracks. Listen and learn about the sounds of France in the ‘70s the ‘80s.
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Calories, Stop Calories - Peggy Moore (Je Suis Celle…, 1977)
Cash - Jean-Yves Labat (Transition # 1, 1978)
Drugstore Breaking Blues - Zabu & Co (Zabu & Co, 1976)
Funky Crookie - Exile One (Exile One, 1974)
Let's Get it Together - Fooka Mainty Band (The Mellow / Let's Get it Together, 1976)
Mangos - Julien Clerc (Sans Entracte, 1980)
Ophis Le Serpentaire - Vincent Gémignani (Modern Pop Percussion, 1972)
Le Petrole - Ambroise Bia (Le Petrole / Je Cherche Une Femme, 1975)
Soul Makossa - Pierre Spiers (À L'Orgue Hammond, 1973)
Talk - Big Jullien And His All Star (Riviera Sound N°1, 1970)
This Song - Fireball (Drive Me To Hell, 1976)
The Spoiler - Vigon (Greatest Hits, 1972)
More Soul Songs
Tour de France Soul Music
Funk from Spain in 12 tracks
Funk from Belgium
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extrabeurre · 3 years
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15 nominations pour LA DÉESSE DES MOUCHES À FEU au Gala Québec Cinéma 2021
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Une autre année pas comme les autres pour le Gala Québec Cinéma, alors que les salles ont longtemps été fermées, ce qui n’a pas empêché une vingtaine de longs métrages de fiction de prendre l’affiche.
Dans la catégorie Meilleur film, on retrouve quatre des films qui ont été le plus vus et appréciés, soit Le club Vinland, La déesse des mouches à feu, My Salinger Year et Nadia Butterly, ainsi que Souterrain, dont la sortie a été maintes fois reportée, mais qui sera le film d’ouverture des Rendez-vous Québec Cinéma cette semaine.
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Alignement semblable dans la catégorie Meilleure réalisation, avec Anaïs Barbeau-Lavalette (La déesse des mouches à feu), Sophie Dupuis (Souterrain), Philippe Falardeau (My Salinger Year) et Benoit Pilon (Le club Vinland), mais l’industrie a préféré Daniel Roby (Target Number One) à Pascal Plante (Nadia Butterly).
Dans la catégorie Meilleur scénario, encore là, les gros joueurs sont tous là: Normand Bergeron, Benoit Pilon, Marc Robitaille – Le club Vinland, Sophie Dupuis – Souterrain, Philippe Falardeau – My Salinger Year, Catherine Léger – La déesse des mouches à feu, Daniel Roby – Target Number One.
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Du côté des actrices, on retrouve Émilie Bierre pour Les nôtres, Marie-Evelyne Lessard pour Jusqu’au déclin, l’actrice américaine Margaret Qualley pour My Salinger Year, Karelle Tremblay pour la coproduction Death of a Ladies’ Man, ainsi que Sarah Sutherland pour Like a House on Fire.
Les acteurs en lice pour l’Iris sont Réal Bossé pour Jusqu’au déclin, Paul Doucet pour Les nôtres, Patrick Hivon pour Mont Foster, Antoine Olivier Pilon pour Target Number One, et Sébastien Ricard pour Le club Vinland.
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Dans les catégories « rôle de soutien », on retrouve Sophie Desmarais pour Vacarme, Marianne Farley pour Les nôtres, Éléonore Loiselle et Caroline Néron pour La déesse des mouches à feu, et la mythique Sigourney Weaver pour My Salinger Year chez les dames. 
Chez ces messieurs, les finalistes sont Normand D’Amour et  Robin L’Houmeau pour La déesse des mouches à feu, Rémy Girard pour Le club Vinland, ainsi que James Hyndman et Théodore Pellerin pour Souterrain.
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La catégorie Révélation de l’année est l’une des plus intéressantes selon moi, car c’est un aperçu des visages marquants du cinéma des prochaines années. D’ailleurs, Émilie Bierre et Théodore Pellerin, en nomination cette année respectivement pour un premier rôle féminin et un rôle de soutien masculin, font partie des lauréats passés du prix Révélation. Donc, en 2021, les finalistes sont :  Kelly Depeault – La déesse des mouches à feu, Jasmine Lemée – Mon cirque à moi, Rosalie Pépin – Vacarme, Joakim Robillard – Souterrain et Arnaud Vachon – Le club Vinland.
Voici le reste des catégories :
MEILLEURE DISTRIBUTION DES RÔLES Iris de la Meilleure distribution des rôles
Deirdre Bowen (Deirdre Bowen Casting) | Heidi Levitt (Heidi Levitt Casting) | Bruno Rosato (Rosato Casting) | Supattra « Pum » Punyadee – Target Number One Marjolaine Lachance (Balustrade casting) – Les Nôtres Marjolaine Lachance (Balustrade casting) – Souterrain Murielle La Ferrière, Marie-Claude Robitaille (Casting Murielle La Ferrière et Marie-Claude Robitaille) – La déesse des mouches à feu Pierre Pageau, Daniel Poisson (Gros Plan) – Le Club Vinland
MEILLEURE DIRECTION ARTISTIQUE Iris de la Meilleure direction artistique
Patrice Bengle, Louise Tremblay – Le Club Vinland Elise de Blois, Claude Tremblay – My Salinger Year Sylvain Lemaitre, Louisa Schabas – Blood Quantum David Pelletier – Mon cirque à moi David Pelletier – Target Number One
MEILLEURE DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE Iris de la Meilleure direction de la photographie
Jonathan Decoste – La déesse des mouches à feu François Gamache – Le Club Vinland Mathieu Laverdière – Souterrain Tobie Marier Robitaille – La nuit des rois Sara Mishara – My Salinger Year
MEILLEUR SON Iris du Meilleur son
Pierre-Jules Audet, Emmanuel Croset, Michel Tsagli – La nuit des rois Sylvain Bellemare, Paul Col, Bernard Gariépy Strobl, Martyne Morin – La déesse des mouches à feu Sylvain Bellemare, Bernard Gariépy Strobl, François Grenon – Jusqu’au déclin Stéphane Bergeron, Olivier Calvert, Martyne Morin – Nadia, Butterfly Luc Boudrias, Frédéric Cloutier, Patrice LeBlanc – Souterrain
MEILLEUR MONTAGE Iris du Meilleur montage
Aube Foglia – La nuit des rois Michel Grou – Souterrain Stéphane Lafleur – La déesse des mouches à feu Arthur Tarnowski – Jusqu’au déclin Yvann Thibaudeau – Target Number One
MEILLEURS EFFETS VISUELS Iris des Meilleurs effets visuels
Alchimie 24 – Sébastien Chartier, Jean-François « Jafaz » Ferland, Marie-Claude Lafontaine – Jusqu’au déclin Real by Fake – Michael Beaulac, Marie-Hélène Panisset – Target Number One The Workshop – Barbara Rosenstein, Josh Sherrett – Blood Quantum
MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE Iris de la Meilleure musique originale
Olivier Alary – La nuit des rois Patrice Dubuc, Gaëtan Gravel – Souterrain Guido Del Fabbro, Pierre Lapointe – Le Club Vinland Jean-Phi Goncalves, Éloi Painchaud, Jorane Pelletier – Target Number One Martin Léon – My Salinger Year
MEILLEURS COSTUMES Iris des Meilleurs costumes
Caroline Bodson – Souterrain Francesca Chamberland – Le Club Vinland Patricia McNeil, Ann Roth – My Salinger Year Noémi Poulin – Blood Quantum Sharon Scott – Mon cirque à moi
MEILLEUR MAQUILLAGE Iris du Meilleur maquillage
Kathryn Casault – La déesse des mouches à feu Dominique T. Hasbani – Jusqu’au déclin Audray Adam, Sandra Ruel – Souterrain Joan-Patricia Parris, Nancy Ferlatte, Erik Gosselin – Blood Quantum Larysa Chernienko, Natalie Trépanier – Target Number One
MEILLEURE COIFFURE Iris de la Meilleure coiffure
Michelle Côté – My Salinger Year Stéphanie DeFlandre – Mon cirque à moi André Duval – Le Club Vinland Marcelo Padovani – Blood Quantum Johanne Paiement – La déesse des mouches à feu
MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE Iris du Meilleur film documentaire
Errance sans retour – Mélanie Carrier, Olivier Higgins | Mö Films – Mélanie Carrier, Olivier Higgins The Forbidden Reel – Ariel Nasr | Office national du film du Canada – Kat Baulu | Loaded Pictures – Sergeo Kirby | Ariel Nasr Je m’appelle humain – Kim O’Bomsawin | Terre Innue – Andrée-Anne Frenette Tant que j’ai du respir dans le corps – Steve Patry | Les Films de l’Autre – Steve Patry Wintopia – Mira Burt-Wintonick | Office national du film du Canada – Annette Clarke | EyeSteelFilm – Bob Moore
MEILLEURE DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE | FILM DOCUMENTAIRE Iris de la Meilleure direction de la photographie | Film documentaire
Sarah Baril Gaudet – Passage Hugo Gendron, Michel Valiquette – Je m’appelle humain Olivier Higgins, Renaud Philippe – Errance sans retour Mathieu Perrault Lapierre – The 108 Journey Marianne Ploska – Prière pour une mitaine perdue
MEILLEUR SON | FILM DOCUMENTAIRE Iris du Meilleur son | Film documentaire
Pierre-Jules Audet, Luc Boudrias, Olivier Higgins, Kala Miya – Errance sans retour Stéphane Barsalou, Claude Beaugrand, Julie Innes – Le château Marie-Andrée Cormier, Olivier Germain, Marie-Pierre Grenier – Prière pour une mitaine perdue Benoît Dame, Catherine Van Der Donckt – Jongué, carnet nomade Olivier Germain, Marie-Pierre Grenier – Wintopia
MEILLEUR MONTAGE | FILM DOCUMENTAIRE Iris du Meilleur montage | Film documentaire
Anouk Deschênes – Wintopia Olivier Higgins, Amélie Labrèche – Errance sans retour Annie Jean – Le château Annie Jean – The Forbidden Reel Alexandre Lachance – Je m’appelle humain
MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE | FILM DOCUMENTAIRE Iris de la Meilleure musique originale | Film documentaire
Tom Brunt – Prière pour une mitaine perdue Martin Dumais – Errance sans retour Justin Guzzwell, Tyr Jami, Eric Shaw – Sisters: Dream & Variations Mathieu Perrault Lapierre – The 108 Journey Claude Rivest – Jongué, carnet nomade
MEILLEUR COURT MÉTRAGE | FICTION Iris du Meilleur court métrage | Fiction
Aniksha – Vincent Toi | Vincent Toi, Guillaume Collin Comme une comète – Ariane Louis-Seize | Colonelle films – Fanny Drew, Sarah Mannering Écume – Omar Elhamy | Les Films Rôdeurs – Jonathan Beaulieu-Cyr, Paul Chotel Goodbye Golovin – Mathieu Grimard | Golovin Films – Simon Corriveau-Gagné, Mathieu Grimard Lune – Zoé Pelchat | MéMO Films – Mélanie S. Dubois
MEILLEUR COURT MÉTRAGE | ANIMATION Iris du Meilleur court métrage | Animation
Barcelona de Foc – Theodore Ushev | Theodore Ushev The Fourfold – Alisi Telengut | Alisi Telengut In the Shadow of the Pines – Anne Koizumi | Nava Projects – Sahar Yousefi Moi, Barnabé – Jean-François Lévesque | Office national du film du Canada – Julie Roy La saison des hibiscus – Éléonore Goldberg | Embuscade films – Nicolas Dufour-Laperrière
MEILLEUR COURT MÉTRAGE | DOCUMENTAIRE Iris du Meilleur court métrage | Documentaire
Clebs – Halima Ouardiri | Halima Ouardiri Le frère – Jérémie Battaglia | Les Films Extérieur Jour – Amélie Lambert Bouchard Life of a Dog – Danae Elon, Rosana Matecki | Entre deux mondes Productions – Paul Cadieux, Danae Elon Nitrate – Yousra Benziane | Yousra Benziane Port d’attache – Laurence Lévesque | Elise Bois
PRIX DU PUBLIC
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IRIS HOMMAGE
Association coopérative de productions audiovisuelles (ACPAV) Représentée par Marc Daigle et Bernadette Payeur
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murmuur-vanilja · 4 years
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La Future Bacchus
Ce texte est tout récent ! Il a été écrit dans le cadre du concours d'écriture du serveur de Tiboudouboudou. Le thème consistait à s'inspirer d'une image (elle représentait un bal) et à écrire… alors, voilà, j'ai écrit.
Ah. Ah ah. Mais quel merveilleux souvenir ! Vous ne trouvez pas ? Qui suis‑je ? De quoi parlè‑je ? Oh, vous vous posez encore des questions inutiles, chers amis… Personne ne le sait trop. Il y a des on‑dits. Des rumeurs, si vous voulez. Peu importe, non ? Lol. Puisque vous êtes là, tiens, je vous invite. Prenez donc des cookies à la vanille. Je les ai trouvés ce matin dans mon jardin. Pendant que vous êtes occupés à me voler ma nourriture — oui, j’ai déjà changé d’avis sur l’invitation —, je peux vous raconter une petite histoire. Vous allez devoir supporter mes commentaires, cela dit, lmao. Pas que vous ayez le choix, vous êtes endettés maintenant que vous m’avez volé. Elle date de… voyons voir… de décembre, déjà. Et c’est une histoire vraie, j’imagine, lol.
Acte II, Roumanie, décembre.
L’église de la place centrale sonnait quatre coups : l’heure du couvre‑feu dans les Régions Orientales. La Reine souhaitait absolument que les enfants se couchassent tôt — elle se justifiait en expliquant que cela réduisait les risques de délinquance. (Elle est un peu conne, oui.) Évidemment, cela perturbait les habitants, mais ils ne disaient jamais trop rien. Ces pauvres gamins semblaient à moitié maltraités ; ils n’avaient pas vraiment de parents pour eux. Ils n’avaient que l’école pour leur apprendre. Une heure de temps libre par jour.
Entracte.
Ah, je m’arrête un peu, je vois bien que vous ne comprenez pas. « Eh, c’est quoi, ça, en gras, au milieu ? L’acte deux ? Où est le un ? » Je vous l’ai déjà dit. Vous vous posez des questions inutiles. Il y a du mystère partout où l’on cherche. Je vous conte une jolie histoire… pourquoi ruminer sur des détails ? J’avais simplement envie de commencer par là… Prenez donc du thé à la vanille. Et remboursez‑moi ensuite, évidemment, lol.
Acte II, Roumanie, décembre.
Cependant, dans les Régions Orientales, vivait une jeune fille. Quatorze ans, à peine adolescente, le teint plus pâle que les neigées fraîches de Sibérie. Elle était malade, probablement, mais elle voulait le bonheur de ses amis. C’était illégal, mais elle veillait le soir après seize heures. Elle mettait en place tout un rituel méticuleux. D’abord, il fallait se laver et se couvrir d’un linge chaud et rouge. Ensuite, il fallait préparer un autel : elle y disposait un peu de sel de cuisine, traçait un cercle avec, et, au centre, elle posait un bâton d’encens. Elle priait pour que ses amis s’amusassent un jour. C’est mignon.
Entracte.
Enfin, vous voyez le délire. Elle était déterminée, en plus, elle priait tous les soirs, sans jamais manquer un jour. C’est mignon, oui. Un peu stupide, si vous voulez mon avis. Oh, vous ne le vouliez pas ? Quel dommage… un peu de lait à la vanille pour faire passer cela ? Puis, elle croyait être assidue, mais elle ne comprenait pas vraiment comment ça marchait, tout ça. En somme, elle croyait adresser ses prières aux dieux, mais ils n’écoutaient pas. Alors, un jour, quelqu’un d’autre a écouté, lol.
Acte II, Roumanie, décembre.
La nature de l’encens pouvait changer selon ce qu’elle trouvait — elle n’y prêtait guère attention. Parfois, elle brûlait de la sauge. D’autres fois, elle brûlait de l’oliban. Certains jours, elle brûlait même de la myrrhe. Néanmoins, ce jour‑là, comme les magasins étaient vides, elle avait tenté de confectionner son propre encens à la vanille. Comme mes cookies, mon thé et mon lait. Intriguée, je me retrouvai soudainement à devoir accepter une offrande. Je m’adossai à l’encadrement de la porte, sans trop faire de bruit. Tacite, certes, mais perçant, mon regard l’alarma. Elle se retourna, peu rassurée, et elle me vit. Ses yeux s’écarquillèrent. Peu importe, je passai aux présentations. « Yo. Moi, c’est Ren. — Soyez damné ! Espèce de Diable ! — Ouais, ça marche aussi, mais je préfère Ren quand même. »
Entracte.
Vous voyez, je n’ai pas une très bonne réputation dans le coin. Les gens pensent que je suis le Diable. Après, je dis pas qu’ils ont tort, mais vous voyez, pour une première rencontre, pour une offrande, il y a mieux. Mais non, roh, ne partez pas, je vais rien vous faire si vous restez. Je vous « offre » même du flan à la vanille, si vous voulez, lol.
Acte II, Roumanie, décembre.
Elle ne semblait pas se détendre face à mon apparition. Persuadée d’avoir rencontré une créature infernale et anarchiste, elle tremblait, nerveuse. Je m’approchai un peu et m’assis sur son sol. Il était glacial. Le chauffage n’avait pas été allumé depuis plusieurs années. Il était alors tout naturel que son visage portât cette blêmeur au quotidien. Elle eut un mouvement de recul, mais son expression était forte. Elle flippait carrément, mais paraissait vouloir se donner du courage. « Si tu veux, il y a moyen que je te propose un marché. — Un marché ? Un pacte avec le Diable ! — J’avoue, lol. En plus, c’est stylé comme nom. Bon, je te propose un pacte avec le Diable. — Jamais ! — Dure en affaires, hein. »
Entracte.
Enfin, bla‑bla‑bla. On a fini par trouver un terrain d’entente. Je lui ai dit de créer une boisson pour rendre les gens heureux. Elle s’est dit que ça pouvait pas faire de mal. En échange, je l’emmènerais dans un beau bal où tous ses rêves prendraient vie. Nah, je lui proposais pas le prince charmant. Juste un petit bal dans un endroit très haut, très très haut. Mais sans vanille, pas lol…
Acte II, Banquet des Dieux, décembre.
Enfin, nous arrivâmes dans un somptueux palais. Trois couleurs dominaient l’endroit : beurre, abricot et dragée. Elles étaient à l’image des trois divinités qui y résidaient. Celles qui n’avaient jamais écouté cette pauvre fille. Celles qui ne l’avaient jamais entendue. À l’instant où je posai un pied dans leur demeure, leurs trois regards se braquèrent sur moi. Eh, du calme. Elles me dévisagèrent. Leur air interdit m’indiquait la sortie.
Entracte.
Bon, j’avoue, il n’y a pas que chez les Roumains que j’ai mauvaise réputation. Le dieu de la météorologie, de la passion et la déesse de la luxure ne voulaient plus de moi chez eux depuis un regrettable incident. Ah, les syllabes ne sont pas dans le bon ordre. Depuis un regrettable incendie. Ils avaient même remplacé tous leurs gâteaux à la vanille par du chocolat. Pas lol du tout.
Acte II, Banquet des Dieux, décembre.
Je m’écartai alors d’un pas, laissant apparaître la figure d’Amă, petite fille orientale que j’avais habillée plus adulte pour l’occasion. La tension ne se dissipa pas immédiatement. Les déités pensaient sûrement qu’il s’agissait d’un mauvais tour de ma part. Je haussai les épaules, comme à mon habitude. Je savais bien qu’ils s’attendaient à des tournures de phrase, à des manières. Je n’en faisais jamais, et je ne comptais pas changer cela. Amă, cependant, s’avança doucement, admirative. Je n’avais pas menti. Elle se trouvait bien en face des trois figures qu’elle avait tant implorées. Elle posa genou à terre, fébrile, et tendit en tremblotant nerveusement la bouteille qu’elle avait entre les mains. La déesse de l’amour charnel, toujours aussi douce, l’effleura des doigts. C’était du cristal pur. « Relève‑toi, je te prie. Que contient cette offrande ? » Elle se leva timidement et chuchota sa réponse. Le cidre, la boisson qui rend les gens heureux. Du fond de la pièce, je m’accoudai à un carton rempli de bouteilles sensiblement du même type. Certaines disposaient cependant de tons plus violacés. Il s’agissait de ce que l’on connaîtrait plus tard sous le nom de vin.
Entracte.
Ouais. C’était la première fois qu’ils en voyaient. Normal, ça n’existait pas avant qu’elle l’invente. L’idée de la fermentation était son invention. Elle avait remarqué après quelques tests que le goût lui donnait une sorte d’euphorie qu’elle ne comprenait pas, vous voyez. Ça va, elle avait commencé par des choses agréables. Pas des trucs qui brûlaient la gorge. Nah, elle n’avait pas inventé la vodka. Même si ç’aurait été très drôle. Surtout avec du sirop de vanille, lol.
Acte II, Banquet des Dieux, décembre.
L’air innocent de la demoiselle avait suffi à les charmer tous les trois, si bien qu’ils m’oublièrent un instant pour se focaliser sur cette nouvelle venue. Un des dieux déboucha à la hâte la bouteille qu’Amă leur tendait. Une odeur de pommes envahit la pièce. Un large sourire fendit son visage. « Je ne sais point de quoi est composé ce nectar, mais l’odeur m’émoustille les narines. Devrions‑nous danser pour plaire à cette dame ? » Elle eut un rictus, gênée. Ramdam, comme c’était son nom, lui proposait de participer à leur bal. Il lui tendit une main d’un geste gracieux, prêt à être son cavalier. Divin cavalier, assez littéralement. Je haussai les épaules à cette vue — un sentiment de satisfaction s’emparait de moi. Les voyant s’apprêter à danser, je mis un peu de musique. J’eus le plaisir de me confronter de nouveau à leurs regards froids. Ah, la pop électro, ça passe pas ici ? C’était donc sur un air classique que monsieur Ramadan engagea la danse auprès de sa nouvelle partenaire. La déesse, Lukas, les observant d’un air attendri, se servit un verre de cidre. Le goût était tel qu’elle se resservit immédiatement. Un verre. Deux verres. Trois verres. Elle leva encore les yeux vers le couple dansant. La valse tournoyait drôlement ce jour‑là. La fête était selon elle inégalable ; jamais elle n’avait vécu pareille célébration. Pourtant, elle ne s’était même pas encore mise à danser. Elle recroisa subitement l’ombre que j’étais, traînant dans un coin. « Eh… Ren. Tu ne danses pas ? » Elle avait les pommettes rougies et se prenait soudainement de sympathie pour un sale gosse. L’autre dieu inoccupé s’imposa. Il ne comprenait pas pourquoi j’étais si subitement à pardonner. Je souriais tandis que je portais un verre de violet à mes lèvres. Lukas s’exclama alors sans retenue. « Eh, je veux de celui‑là aussi ! » Paresseusement, je levai une bouteille de vin. Comme Lulu trébucha, l’autre leva les yeux au ciel et alla la chercher pour elle. Curieux, il en profita pour se servir un verre. Des notes acidulées tapissèrent son gosier et, bientôt, il servit plusieurs verres pour lui et la déesse. Pendant ce temps‑là, Ramdam qui dansait voyait bien que ses collègues s’amusaient sans lui. Il s’interrompit poliment. « Mademoiselle… Amă, c’est cela ? Je ne voudrais pas m’offrir l’exclusivité de vos grâces. Peut‑être aimeriez‑vous vous amuser dans les bras de mon frère Eclipso ? » Ce dernier releva la tête ; on lui proposait de danser. Il était extrêmement enthousiaste à cette idée, contrairement à son habitude. Il fit tourner la miss un peu maladroitement. Ramdam, quant à lui, goûtait aux deux alcools, accompagné par Lukas qui riait aux éclats sans raison apparente. Je les regardai tout en buvant une version à la pomme. Amă n’appréciait plus trop le bal, il était devenu étrange, comme si les dieux n’étaient plus eux‑mêmes. Son cavalier lui adressa alors quelques mots. Pourquoi ne pas directement passer au festin ? Elle pourrait se délecter du breuvage qu’elle avait elle‑même apporté.
Entracte.
Elle devint saoule elle aussi, évidemment. Les gamins tiennent encore moins l’alcool que les dieux, vous voyez. Comme ils se détendaient tous à vue d’œil, ils me convièrent rapidement à leur table. Ils ne savaient plus bien ce qu’ils disaient, alors ils trouvaient ça triste de me laisser boire dans mon coin.
Acte II, Banquet des Dieux, décembre.
Les divinités et la Roumaine se plaisaient fortement, dansant vaguement, remplissant leur verre dès lors qu’il était vide. J’étais là, en bout de table, à les contempler. C’était presque marrant. Ils tenaient des propos pour la plupart insensés et s’acclamaient les uns les autres à chaque nouvelle phrase. Je haussai alors les épaules. « Comme elle a créé tout ça, on peut peut‑être la nommer déesse de l’amusement ? » Les yeux de Ramdam, Eclipso et Lukas s’illuminèrent immédiatement. Ils firent d’elle une déesse. Ils lui donnèrent même un éventail pour attribut, et tant qu’elle l’avait sur elle, personne ne pouvait la destituer.
Fin de l’acte II.
Et voilà. Jolie histoire, vous ne trouvez pas ? Un peu d’alcool et la voilà déesse ! Elle allait pouvoir rendre ses amis heureux. Oui, elle allait exaucer ses propres prières. Ah, on n’est jamais mieux servi que par soi‑même, non ? Mon plan était très simple, il avait réussi, lol. Pourquoi les effets de l’alcool ne m’atteignaient‑ils pas ? Chers amis, vous vous posez encore trop de questions. Mais comme on ne se reverra pas avant que vous reveniez me payer pour la vanille, laissez‑moi simplement vous dire cela : il n’y a qu’une personne sobre pour connaître la différence entre ce qui est et ce qui n’est pas fermenté.
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wolfsnape · 5 years
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Alors j'ai accompagné ma mère au concert de Julien Clerc (don't judge c'était son cadeau d'anniversaire) et outre le fait qu'il peut encore tenir 2h30 sans entracte sans faiblir, qu'il sait tenir la foule de ouf et que c'est une machine à tubes (????) c'est trop chou parce qu'il salue à chaque fin de chanson
Beaucoup trop mignon ce juju
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adeleexarch · 5 years
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#Repost @balbec_combray (@get_repost) ・・・ Une expérience théâtrale. Rarement il m'a été donné d'assister à une représentation théâtrale de cette envergure. "La trilogie de la vengeance" de Simon Stone à Odéon (Atelier Berthier). Trois scènes distinctes, des histoires qui s'enchevêtrent, des actrices et acteurs qui doivent changer de scènes ET de costumes, et des spectateurs amenés à changer de salle après chaque entracte. Au delà de l'expérience de la mise en scène, j'étais ravi d'assister au jeu d'Adèle Exarchopoulos qui est sans aucun doute, l'une des plus grandes actrices de sa génération. Et Eric Caravaca que j'aime beaucoup. . . . #latrilogiedelavengeance #theatre #odéon #acteur #actrice #comédien #adèleexarchopoulos #ericcaravaca #simonstone #valeriabrunitedeschi #nathalierichard #scene #théatre #paris https://www.instagram.com/p/BvXqbwfA8yO/?utm_source=ig_tumblr_share&igshid=1ufhgln0ew7oc
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claudehenrion · 5 years
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Imaginons... Que se serait-il passé si... ( I ) La colonisation
  En avril 2006, Abdelaziz Bouteflika avait éructé (sur Echourouk TV) : ''la France est responsable du génocide de l’identité, de l’histoire, de la langue et des traditions algériennes''. Cette série inégalée d’insultes à l’Histoire donnait la preuve que, de nos jours, le ridicule ne tue plus : il n’a jamais renié cette honteuse invention, cette contre-vérité historique absolue. Il est incroyable que ce tissu de mensonges ait pu être repris, comme s’il contenait la moindre  parcelle de vérité historique. D’ailleurs, il suffit de parcourir les écrits et les dires de presque tous les ''compagnons de route'' de ce triste sire pour ramener ce qu'il croit à ce qu'il est : rien.
  Hocine Ait Ahmed, qui fut l’un des chefs historiques du FLN, avait fait, dans le numéro de juin 2005 de la revue de l’Association Culturelle de l’Education Populaire algérienne, cette longue et belle déclaration : ''Chasser les Pieds-noirs a été plus qu’un crime, une faute, car notre Patrie a perdu là son identité sociale. Les religions et les cultures juive et chrétienne se trouvaient en Afrique bien avant l'arrivée des arabo-musulmans, colonisateurs aujourd’hui hégémoniques. Avec les Pieds-noirs et leur dynamisme, je dis bien les Pieds-noirs et non les Français, l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance. Ces Pieds noirs, français qui avaient grandi au milieu de nous, étaient le maillon qui rattachait notre pays à la civilisation et à la technique françaises''. Dommage que  la suite  se soit fourvoyée là où il ne fallait pas aller... et qu'il ait lui-même attendu douze ans pour voir ce qui était évident !
  Nombre d’autres sources, toutes algériennes mais toutes venues trop tard, ont également rétabli la vérité (que les dirigeants français, terrifiés par les diktats de la ''bien-pensance'', ont hélas ignorée), dont le célèbre écrivain Bouallem Sansal, toujours excellent : ''Nous sommes ruinés, et il y a plus de nostalgiques que le pays ne comptait d’habitants alors'', ou la journaliste Malika Boussouf, très connue en Algérie pour ses ''Cris de colère'' : ''Si les Pieds noirs n’étaient pas partis en masse, l’Algérie ne serait pas dans l’état désastreux dans lequel elle se trouve''...   
  Plus ''décoiffante'' encore, est cette affirmation de Ferhat Abbas, leader du FLN qui devint le premier Chef d'État de la République Algérienne : ''la France a commis un crime : elle a livré le peuple aux tueurs et aux assassins''... Il écrit, plus loin : ''Si la France était restée vingt ans de plus, elle aurait fait de l’Algérie l’équivalent d’un pays européen''... ce que confirme Bachir ben Yahmed, le fondateur de Jeune Afrique : ''A son indépendance, nul pays extérieur au monde occidental, Japon et Afrique du sud exceptés, ne disposait d’une infrastructure aussi développée que celle de l’Algérie''. Ferhat Abbas, (qui n'eut pas que des bons côtés), est tout de même un personnage à stature historique. C'est à lui qu'on doit ce morceau d'anthologie : ''Si j'avais découvert la nation algérienne je serais nationaliste [...]. Mais je ne mourrais pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie, je ne l'ai pas découverte. J'ai interrogé les vivants et les morts, j'ai visité les cimetières : personne ne m'en a parlé. La France n'a pas colonisé l'Algérie, elle l'a créée''... On peut regretter que cette clarté ne l'ait pas illuminé quand il était encore temps !
  Abderahmane Fares, l’ancien Président de l’exécutif algérien s'était penché sur un autre aspect de l’œuvre de la France en Algérie : ''S’il est un domaine où l’effort de la France ne se discute pas, c’est l’enseignement. On doit dire que l’école a été un succès, les premiers instituteurs ayant apporté toute leur foi pédagogique, sans arrière pensées''. Et Belkacem Ibazizen, écrivain et homme politique, ajoute : ''La scolarisation française en Algérie a fait faire aux Arabes un bond de mille ans''.            Et Boualem Sansal (encore lui, décidément !) de conclure : ''En un siècle, à force de bras, les colons ont, d’un marécage infernal, mitonné un paradis lumineux. Quarante ans est un temps honnête, ce nous semble, pour reconnaître que ces foutus colons ont plus aimé cette terre que nous qui sommes ses enfants''.                    Comme ils paraissent décalés et ridicules, les pauvres discours clonées de ceux qui ont cru que leur haine remâchée et leurs idées préconçues pourraient faire oublier de tous la réalité historique ! Oh ! Bien sûr qu'il y a eu, ici ou là, des erreurs, des fautes, des comportements qui semblent inappropriés aujourd'hui. Au crime d'anachronisme près... que ceux qui n'ont jamais fauté jettent la première pierre...
  En vérité, ce que dit l'Histoire, (je veux dire : tout, sauf la relecture partisane et fausse inventée par la Gauche) c'est que lorsque la France a débarqué en 1830 à Sidi-Ferruch, elle chassa le cruel colonisateur ottoman qui, depuis plusieurs siècles, pillait et réduisait à la famine et à la maladie les ancêtres de Bouteflika. Ce qui allait devenir l'Algérie n'était qu'un ''Millet'' (territoire) sous le joug de la Régence turque, où n'existait ni monnaie, routes, écoles, hôpitaux, ni agriculture autre que vivrière.       Cette région n’avait jamais connu l’indépendance, jamais constitué un État, sauf un bref entracte de moins de 200 ans, sous les Ifrénides de Tlemcen, avec la Dihyia (= Reine) Kahina, la fameuse reine amazighe. Mais c’était des berbères qui luttaient contre l’invasion arabe, contre l’Islam. Et ça se passait au VII ème siècle !
  Ferhat Abbas avait raison : c'est bel et bien la France qui lui a donné une unité, une identité, et qui  (sans forcément en avoir l’intention, mais c’est une autre histoire !) a créé, suscité et organisé le sentiment de ''vouloir vivre ensemble'' qui est le premier signe de l’existence d’une Nation. Par la suite, elle a construit une cinquantaine de lycées et collèges, et quatre facultés dont une de médecine, et 138 hôpitaux : la dysenterie, le paludisme, la variole, la peste, le choléra et le typhus ont été éradiqués grâce aux soins gratuits pour tous. En quelques décennies, la France a construit 54 000 km de routes, 4 500 km de voies ferrées, 23 ports et nombre d’aéroports. Le bilan est trop riche pour tenir dans le format des billets de ce Blog...
  Il faut l'imagination pathologique de Bouteflika et l'inculture énarcho-orientée de Macron pour ne pas voir ce qui est là, visible, patent, indiscutable... Evidemment, il n’est pas question de nier qu'il y eut, aussi, une guerre, hélas ! Et vraiment pas tendre. Mais où et quand a-t-on entendu parler de ''guerres tendres'' ?  (à suivre)
H-Cl.
PS. : Toutes les citations, dans ce ''billet'’, sont extraites de mon livre ''Comprendre demain'' (juin 2012 - pp. 512 sq.), qui, épuisé, a ensuite donné son nom à ce Blog.
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