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Darren Tulett : "Dans ma jeunesse, tout mon argent partait dans les matchs de foot"
Darren Tullet nous reçoit dans le hall de la chaîne bein Sport, vêtu de son costard cintré gris. Finies les tenues bariolées à la mode hippie, le journaliste british, qui soufflera sa cinquantième bougie en juin, est passé en version mod : plus soft, plus classe, aussi. Il porte beau. L’homme qui voulait faire du journalisme politique évoque ses premiers émois footballistiques, au milieu du kop de Brighton, les manifs contre l'ancienne première ministre anglaise Margaret Thatcher et une paire de chaussures offertes par le rocker anglais Miles Kane.
Question classique : le football, vous le rencontrez comment ?
J’habitais près de Brighton, dans le sud de l’Angleterre. L’équipe évoluait alors en troisième division... Mon père m’emmenait au stade. On allait dans les tribunes populaires, le kop, derrière les buts. Il venait avec une grosse caisse de bière, pour que je m’asseye dessus, au milieu des gens debout. À l’époque, tu entrais dans un stade avec n’importe quoi. Avant les matchs, tu n’avais pas de vidéos ni de majorettes, même pas de musique. Donc tout le monde chantait dans le stade. Et tu venais une heure avant le match, pour voir ça, pour vivre ça. Vous avez des souvenirs marquants de supporter de Brighton ? Plus tard, entre 1979 et 1983, le club accède à la première division. Cela dit, tu ne peux pas te contenter de supporter un club de troisième division. T’as envie de te choisir un club parmi les gros, pour en parler à l’école. À l’époque bien sûr, il n’y avait pas encore Sky TV pour diffuser tous les matchs, et forcément, tu optais pour le club du moment. En 1971, j'avais six ans, Arsenal était champion, donc je suis devenu supporter d’Arsenal. Comme mon père : il était devenu supporter de Burnley après que le club fut devenu champion en 1960. C’était un club du nord, du Lancashire, il n’y avait jamais foutu les pieds, et il en était devenu le supporter. Je ne le vois plus aujourd’hui, mais je suis sûr qu’il les supporte encore, ce con !
Arsenal est toujours dans votre cœur ?
Oui. Les gens qui critiquent le club aujourd’hui exagèrent. On ne décroche pas de titres, mais on reste dans les quatre premiers, nous avons des stars internationales. On oublie un peu vite les phases difficiles par lesquelles Arsenal est passé. Même avec George Graham, le jeu n’était pas fameux. Nous avons décroché deux titres, en 1989 et 1991, et une coupe des coupes en 1994 face à Parme. Avec un but d’Alan Smith. Plus tard, dans ma carrière, j’ai pu le rencontrer. C’était un sentiment incroyable de lui parler, c’est un héros pour moi. Mais c’était quand même l’époque du « Boring Arsenal ». On gagnait tous les matchs 1-0. On disait le « one-nul Arsenal » (« one-nul » signifie « un à zéro », ndlr) !
Comment un jeune anglais fan de foot comme vous a vécu le drame de Heysel (trente neuf morts dans le stade Bruxellois suite à des incidents provoqués par les supporters de Liverpool, le 29 Mai 1985, le soir de la finale de C1 Juventus – Liverpool) ?
J’ai bien connu cette période de violences. Je l’ai vue arriver, cela existait dans beaucoup de stades. Y compris à Brighton. J’ai été témoin de graves bagarres. Moi, je n’étais pas bagarreur, mais je me suis retrouvé dans des situations terribles, obligé de me battre, pour me défendre. Le grand rival du club, c’était Crystal Palace. Je me souviens d’une fois où je me suis retrouvé encerclé, comme pris en otage dans un wagon de train, par des supporters de Palace. Quand tu vis ça à 13 ou 14 ans, pour du football, c’est terrible. Mais, il faut aussi replacer les choses dans leur contexte. Margaret Thatcher n’avait rien compris à ce qui se passait. Elle n’a jamais rien compris à ce qui avait trait au football, elle ne s’est d’ailleurs jamais intéressée à ce que vivaient les classes populaires. À l’époque, la société anglaise explosait. Il y avait un besoin de changer, d’exploser la vieille Angleterre. On a eu une grève de mineurs qui a duré un an, le conflit irlandais, tout un contexte.
Le football anglais a fini par changer, malgré tout.
Oui. On a pris des mesures qui devaient être prises. On a changé les stades, supprimé les kop debout. C’était nécessaire, mais ça a contribué à éloigner le football des classes populaires : avec l’explosion des droits TV, les gens ne peuvent plus aller au stade. Prsonne ne peut se payer un abonnement annuel à l’Emirates à 3000 euros. Moi dans ma jeunesse, je devais déjà multiplier les petits boulots. Je livrais les journaux, les bouteilles de lait avec le milkman. Puis tout mon argent passait dans les matchs de foot.
En interview, Olivier Giroud racontait d'ailleurs que les supporters d’Arsenal sont plus bruyants à l’extérieur !
Oui, les gens ont plus de facilités à aller supporter leur équipe en déplacement chez les plus petits clubs : c’est moins cher. Et quand tu es à l’extérieur, tu chantes toujours plus fort. Tu as fait le déplacement en car, avec tes copains. Alors dans les tribunes, tu donnes tout. Tu entends effectivement ce chant : « You’re supposed to be at home » (« Vous êtes censés être à domicile », ndlr). Les tribunes visiteurs sont toujours pleines. En France, souvent, tu vois douze supporters qui ont fait le déplacement. C’est inimaginable en Angleterre.
Qu’en est-il de cette légende vous concernant comme quoi vous seriez venus à Paris suite à une promesse d’ivrogne un soir de cuite ?
Oui, effectivement, c’est une décision qu’on a prise un soir de cuite. On se retrouvait pour une soirée de fin d’études de Sciences Po, à Manchester. Moi, j’avais d’ailleurs déjà arrêté avant la fin de l’année, mais j’avais rejoint les potes pour cette dernière fête. Et en fin de soirée, mon pote, qui avait déjà vécu en France, m’a fait promettre qu’on irait vivre à Paris. Moi, le lendemain, quand il me demande si ça tient toujours, je ne me souviens plus de quoi il parle ! Mais j’ai dit oui. On a ensuite travaillé plusieurs mois comme barmen dans des boîtes de nuit pour financer notre voyage.
Pourquoi étiez-vous à Sciences Po ?
À un moment, j’avais envisagé de m’orienter vers le journalisme politique. J’étais passionné par la politique. C’était une époque très mouvementée en Angleterre : Thatcher, l’Irlande, les Malouines ensuite… Toutes les semaines, on montait manifester à Londres. C’était genre : c’est quoi cette semaine ? L’apartheid, Ok, on y va. Mais j’aimais trop le sport pour ne pas travailler dedans. J’avais choisi Manchester, parce qu’il y avait deux clubs de haut niveau. À l’époque, la télé n’avait pas obligé la Ligue à étaler la journée de championnat sur quatre jours. Donc tu ne pouvais voir qu’un match. À Manchester, je pouvais aller voir City une semaine, et United la suivante. Enfin, la fac, de toute façon, même les autres ne savaient pas ce qu’ils y foutaient. C’était avant tout un prétexte pour passer trois ans sans rien foutre!
Paris, ça c’est passé comment ?
J’avais voulu me faire embaucher au McDonalds Boulevard de Clichy, j’avais déjà bossé à McDo en Angleterre, mais ils ne m’ont pas pris parce que je ne parlais pas français. Pourtant, pour faire cuire des frites et des steaks… Bon, et en marchant sur ce même boulevard, on tombe sur le siège d’un organisme de formation professionnelle international. Ils cherchaient des profs d’anglais. Il fallait parler parfaitement la langue et avoir de l’expérience. On a menti sur le second volet, visiblement, ils n’étaient pas très regardants, on a eu droit à une petite formation rapide et c'était parti. Le truc, c’est que quand on nous a affectés, on n’a pas trouvé le lieu sur la carte. On avait compris que Paris était divisé en 20 arrondissements, mais on ne trouvait pas. En fait, on était à Évry. Tous les matins, on prenait le RER, désert, alors que les trains qui montaient vers Paris étaient tous blindés. J’ai rencontré ma femme en France, et au bout de six ans nous avons décidé de rentrer.
C’est là que vous vous êtes dirigés directement vers le journalisme ?
Ma femme a trouvé du boulot en six jours, moi j’ai mis six mois ! Je suis entré à Bloomberg après un entretien inattendu. J’étais tombé sur une annonce dans la presse : on recherchait des gens passionnés de sport, capable de parler une langue étrangère – qui n’est pas évident à trouver en Angleterre – et avec une expérience dans la presse. J’avais deux sur trois, ça se tentait. Je suis passé à mon agence pour l’emploi, et ma conseillère m’a aidé à confectionner un CV complètement bidonné. Ma candidature a été retenue avec 150 autres, et j’étais convoqué pour un entretien de dix minutes. Je me suis retrouvé face à un type qui devait tester mon français, mes connaissances sportives et mon expérience. Et à sa carrure, à la façon de me questionner sur un match de rugby, je vois que le type doit jouer et que c’est un passionné. Je fais durer le débat, je sympathise. Je lui dis : « ah, oui, j’étais à Twickenham, alors que j’avais juste vu le match à la télé ». Le mec se fait chier toute la journée à poser les mêmes questions, donc on discute, et à la fin, il se rend compte qu’il n’a plus le temps pour m’interroger sur mes expériences. J’ai finalement eu le job.
Darren Tulett, l'interview par myFoot... par coachmyfoot
Et alors, Bloomberg ?
Génial. Le bureau sport se développait, au début on était trois, j’étais le numéro trois, et puis à la fin, on était dix dans le service, j’ai pu prendre du grade plus vite que dans n’importe quel média. On ne faisait pas beaucoup de déplacements, mais on allait sur les grands événements à Londres et ailleurs. J’ai couvert la finale de Ligue des Champions en 1997 à Munich. Et c’était une école incroyable, une école de rigueur. Chez Bloomberg, tu n’écris rien sans que ce soit vérifié plusieurs fois et validé. Comment s’opère le retour en France ? Un jour, ma copine arrête la pilule à 9 heures, et à 11 heures elle tombe enceinte. Et quand nous avons visité l’hôpital où elle devait accoucher, elle m'a dit « non, c’est pas possible ». Donc on décide de revenir en France. On était fin 1996, il y avait la coupe du monde dix huit mois plus tard, j’ai proposé à Bloomberg d’ouvrir un bureau à Paris, pour préparer le mondial et couvrir tous les événements locaux : Roland Garros, le tournoi des VI nations… Mon chef trouvait que c’était trop tôt, qu’il voulait bien mais seulement à six mois de la coupe du monde. Ma femme ne pouvant faire durer sa grossesse un an, je suis passé par-dessus lui, je suis allé voir le big boss, un financier pas trop au fait du journalisme sportif, mais j’ai su le convaincre. Je me suis retrouvé à Paris, et pareil, je ne couvrais que les gros événements.
Et petit à petit, vous allez devenir l’emblème du journaliste british en France…
Je suis d’abord intervenu sur Europe 1. Je n’avais pas besoin d’en rajouter dans la caricature, j’avais un accent à couper au couteau. Et puis par relation, Hervé Mathoux, qui souhaitait faire l’Equipe du Dimanche, sur le modèle de l'émission Union Libre de Christine Bravo avec Nikos Aliagas notamment, avec un chroniqueur par pays, m’a recruté. Alors, c’est vrai qu’au début j’avais un look incroyable. Mais je m’habillais comme ça tous les jours, c’étaient mes vraies fringues. Je me suis éloigné de ça, car je ne voulais pas tomber dans la caricature, et rester cantonné dans le stéréotype. Je pense à Laurent Paganelli, qui reste dans le rôle du type rigolo alors qu’il est bien sûr capable d’autres choses. Enfin tout va bien pour lui, tant mieux, je l’aime bien, pas de soucis. Et puis j’ai vieilli, je me suis mis moi-même à m’habiller autrement. J’ai aujourd’hui un look mod qui me va bien.
Comment s'est opéré votre départ de Canal + pour bein Sport ?
Moi je cherchais déjà à partir. J’étais bien à Canal, mais je n’avais plus de marge de progression. Il aurait fallu que je prenne la place d’Hervé ! J’avais des touches à l’étranger, ce qui aurait été pas mal, car c’est tout de même une frustration de ne pas exercer mon métier dans ma langue natale. La proposition de bein Sport est arrivée au bon moment. J’ai gardé plein de potes à Canal, mais après, j’ai quelques anciens camarades qui se permettent parfois certains commentaires, alors que je sais très bien que beaucoup de CV de journalistes de Canal sont arrivés à bein à sa création... Certains se sont servis de ça pour revenir vers Canal et se faire augmenter… Bon, tu me diras, c’est la loi du marché, ça se fait dans toutes les branches.
Avec votre look mod, votre passeport anglais... il faut quand même que l’on parle un peu rock’n’roll !
Moi j’ai été bercé par Radio 1. On écoutait une émission le dimanche, en mangeant le typique rôti anglais, qui retraçait chaque foisune année, genre 1967, 1968 en passant les tubes de l’époque. Mon père était rocker et ma mère était mod. Moi, mes idoles c’était Paul Weller de The Jam, et The Clash. Aujourd’hui mes enfants écoutent les Clash et on écoute Radio 1 ensemble. Cet été, il y a un concert à Londres pour les 50 ans des Who, j’y serai. Je suis allé voir Johnny Marr récemment, les Specials… Quand il y avait un « Album de la Semaine » sur Canal, consacré à un groupe fan de foot, j’y allais. J’ai pu faire une petite interview de Noel Gallagher, discuter avec New Order ! J’ai été invité par Madness à tourner dans leur clip (Un teaser nommé « Darren and the Nutty Boys », ndlr). C’était incroyable, passer la mâtinée à discuter avec eux dans un décor de pub, à plaisanter, jouer la comédie. Et surtout, j’ai rencontré Miles Kane lors de l'émission Lunch Time sur bein. J’ai salopé mes chaussures en tournant avec lui, alors il m’a fait expédier une paire de Jimmy Choo. Depuis c’est devenu mon pote !
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Ligue des Nations : le plus beau coup de patte du politicien Platini ?
Joueurs, fédérations, clubs, public et diffuseurs : tous avaient intérêt à voir disparaître les matchs amicaux en sélection, devenus sans intérêt. Avec une idée finalement sans risques, l’animal politique Platini, pose un nouveau jalon à l’affirmation de ses ambitions.
C’était devenu une lapalissade répétée par tous : les matchs amicaux n’intéressent plus personne. Terminée l’époque où la France de Zizou et du jeune Anelka marquait les esprits en terrassant l’Angleterre à Wembley (0-2, 1999). Aujourd’hui sur-sollicités, les joueurs mais aussi les diffuseurs et le public n’ont plus grand chose à faire de ces rencontres sans enjeu, disputées parfois au bout du monde presque en dépit du bon sens (on pense notamment à la tournée sud-américaine des Bleus de Deschamps en juin 2013). C'est dans ce contexte que l'UEFA, et son président Michel Platini, ont mis en place la Ligue des Nations, nouvelle compétition dans laquelle s’affronteront, à partir de 2018, les 54 nations de l’UEFA et qui sonnera le glas des matchs amicaux. Tout en positionnant « Platoche » en véritable rénovateur.
Si l'Euro et la Coupe du monde semblent inamovibles, de nouvelles compétitions « made in Fifa » se sont déjà multipliées ces dernières années, comme la Coupe du monde des clubs, disputée courant décembre au Maroc dans la plus grande indifférence et la Coupe des confédérations, qui tient plus de la répétition générale que de la compétition à enjeu. Évidemment, ces échecs sortis du chapeau de Sepp Blatter ne pouvaient laisser indifférent celui qui, désormais, fait figure d'ennemi numéro un. « Platini marque son territoire. Il montre qu’il est le patron du football en Europe », analyse Arnaud Ramsay, biographe de l’ancien numéro 10 (auteur de « Président Platini » chez Grasset, avec Antoine Grynbaum). « C’est bien vu au moment où la FIFA, elle, est secouée par les scandales. »
De fait, avec ce projet de Ligue des Nations, il s’agit tout d’abord pour le président Platini et l’UEFA de revaloriser le football des nations, dont le maintien de l’intérêt et de l’influence par rapport à celui des clubs est depuis longtemps un cheval de bataille. « Cela permettra de redonner du piment à ces rencontres entre nations », précise Arnaud Ramsay. D’abord dans ce nouveau mash up européen, Platini – estampillé « président des petites fédés » – devait éviter de se mettre les grands pays à dos : c’est pour brosser les « gros » que, plutôt que de soumettre la compétition à un tirage au sort, les nations seront regroupées par niveaux. Les douze premiers du « coefficient des nations » s’affronteront dans la division A, au sein de trois groupes de quatre équipes. L’exposition des Bleus sur des matchs amicaux face à l’Italie ou l’Allemagne sera bien plus profitable à la FFF, qui devrait ne plus peiner à remplir le Stade de France. Et côté audiences, pour le diffuseur TF1, le projet est d'autant plus alléchant : ces affiches sont autrement plus vendeuses qu’un affrontement face aux Bélarus, un mercredi à 18 heures. En clair, cette nouvelle Ligue propose au gratin des nations du foot le même menu que celui déjà servi par la Ligue des Champions au gratin des clubs : plus d’affrontements en cercle fermé.
Platini soigne son électorat
Mais Platoche, bien sûr, n’a pas oublié ces précieux soutiens que sont les Cendrillon du foot européen. Arnaud Ramsay nous explique : « Platini a été élu la première fois à l’UEFA grâce à l’appui des petites nations. C’était politiquement un très joli coup. Depuis, il soigne cet électorat. Il a ouvert les portes de la Ligue des Champions à des représentants aux clubs de petits pays, comme Maribor ou Nicosie. »
Trois autres divisions (douze équipes pour la « B », quatorze pour la « C », seize pour la « D » ) seront également créées, et pour pimenter l’affaire, le législateur a prévu d’octroyer quatre places qualificatives pour chaque Euro, adjugées aux meilleures équipes de chaque division. Soit une séance de rattrapage bienvenue pour les grands pays de la division A qui seraient passés à côté dans leur poule de qualifs, et surtout, un moyen inédit pour les petits de la poule D qui pourraient décrocher un ticket pour le grand show européen.
Mine de rien, c’est un nouveau joli coup pour l’ex-star de la Juventus. D’abord parce que sa nouvelle solution a l’avantage de ne gêner aucun acteur du football, tant la situation actuelle ne satisfait personne. Comme le résume Philippe Piat, président de la Fifpro, le syndicat des joueurs : « Cette compétition ne peut pas faire pire que le système en place. » Surprise aussi : les clubs, aujourd’hui surpuissants et peu amateurs des compétitions internationales qui monopolisent leurs joueurs, se montrent sur la même longueur d’ondes. L’association européenne des clubs, par la voix de Karl-Heinz Rummenigge, membre de la direction du Bayern de Munich – pas forcément un allié traditionnel du président Platini, a déclaré la chose suivante : « L'Association européenne des clubs ne s'oppose pas à un tel projet, si le nombre de matches internationaux reste inchangé. Un aspect positif de ce nouveau concept, c'est que nos joueurs n'auront plus à voyager à travers le monde pour des matches amicaux. » À titre d'exemple, fin juin 2013, à peine la lourde et glorieuse saison du Bayern terminée, la Mannschaft s’était envolée pour une tournée américaine qui n’avait sûrement pas fait bondir de joie le staff bavarois.
Platini s’offre donc, finalement et à peu de frais, une image de refondateur solide. « Il montre qu’il est un homme d’idées, qui va au bout de sa logique, comme il l’a fait pour l’Euro 2020 organisé dans plusieurs pays. Il l’a annoncé en début d’année, il le fait valider », relance Ramsay. Cette façon de prolonger la grande fête de 2020 lui permet de lustrer son bilan à l’UEFA, de démontrer combien, en bientôt trois mandats, il en a fait une place forte. « Platini montre à Blatter qu’il n’a pas besoin de lui pour exister » souligne le biographe. Car, en fait, on en est toujours là, dans cette guerre entre les deux ex amis. Avec ce nouvel aménagement du calendrier, le numéro 10 légendaire apparaît comme l’homme qui a la main sur le football, contrairement au « vieux » Sepp Blatter, qui ne sera plus en âge de solliciter un nouveau mandat à la présidence de la Fifa en 2019. 2019, comme par hasard, la date de la première finalisation de cette ligue des Nations... Platini s’affirme ainsi un peu plus, n’en déplaise au monarque Suisse, comme son successeur évident.
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starexperience · 9 years
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TOP 5 des présidents et investisseurs foireux
Le sulfureux Mammadov n’est pas un cas isolé. Chaque coin du globe compte son lot de dirigeants dérangés, d’investisseurs foireux, de présidents aux amitiés louches. Susceptibles d’entrer dans ces trois catégories, l’Azéri sang et or a pourtant des concurrents dans chacune d’entre elles. Palmarès non exhaustif, entre mégalomanie et banqueroute.
1- Luciano Gaucci
Le club de Pérouse, le Perugia Calcio, et Luciano Gaucci étaient faits pour se rencontrer. Rétrogradé plusieurs fois pour des scandales de matchs truqués (1981, 1986), le club est repris en 1991 par l’ancien propriétaire de Tony Bin, un canasson mythique vainqueur du prix de l’Arc de Triomphe. Gaucci remonte le club en Série A en 1996 et se fait remarquer par une politique de recrutement détonante : en 2003 il enrôle Saadi Kadhafi, fils de son père. La première saison, en deux uniques apparitions officielles sur le banc, il réussit à se faire gauler pour dopage. La même année, Gaucci essaie d’enrôler Birgit Prinz et Hanna Ljungberg, deux stars du foot... féminin. En 2002, son attaquant sud-coréen Ahn Jung-Hwan marque le but en or qui élimine l’Italie lors du mondial asiatique. Gaucci clame qu’il veut le virer, revient sur sa parole, mais le joueur ne retourne pas au club. Et l'histoire lui a donné raison : en 2005, Pérouse est en faillite. La justice italienne se penche sur ses affaires et Luciano fuit à Saint Dominique pour une cavale de 4 ans.
2- Ramzan Kadyrov
Avant toute autre chose, Ramzan Kadyrov est le Président de la Tchétchénie, et ce depuis 2007 grâce à l'appui de Vladimir Poutine. En politique, l’homme élimine ses adversaires mieux que Maradona les joueurs anglais : il est même suspecté de l’assassinat de plusieurs opposants. Mais dans le privé, l'homme aime surtout deux choses : les stars et le foot. S'il a invité (entre autres) l'actrice Hilary Swank ou Jean-Claude Van Damme à son anniversaire, il a également pris la présidence du Terek Grozny, et débauché Ruud Gullit en tant que coach. Le Terek termine à la douzième place (sur 15) de la ligue russe en 2014. Son rêve : que Grozny accueille des matchs du mondial 2018. Cela reste sa dernière chance d’assister à des matchs de haut niveau. Depuis le 26 juillet, Ramzan Kadyrov fait l'objet d'une interdiction de pénétrer dans le territoire de l’Union Européenne et d’un gel de ses avoirs, suite aux sanctions visant Poutine et ses proches dans la crise ukrainienne.
3- Masami Ochiai
Novembre 2004, une société japonaise, Index Corporation, dirigée par Masami Ochiai, rachète le Grenoble Foot 38, alors en Ligue 2. Index injecte de l’argent, le club se voit construire le flambant neuf Stade des Alpes et rejoint la Ligue 1 en 2008. Les dirigeants enrôlent 4 joueurs nippons et font appel au dessinateur d’Olive et Tom, Yōichi Takahashi, pour concevoir la mascotte du club. Après une saison honorable, le GF 38 bat la seconde année un record de niveau européen : 12 défaites lors des 12 premières journées. En L2, le club poursuit sa chute. Et pas que sportivement : à la mi-saison, il affiche un déficit prévisionnel de 3,8 millions d'euros et 1,2 million de dettes sociales. En juillet 2011, relégué puis liquidé, le GF38 perd son statut pro et atterrit en CFA2. Depuis des mois, Masimo Ochiai falsifie les comptes de sa boîte. En 2013, Index Corporation dépose son bilan et se voit radié de la Bourse de Tokyo. Et en mai dernier, le parquet de Tokyo fait arrêter les époux Ochiai pour déclarations mensongères.
4- Jack Kachkar
Eté 2006, surgi de nulle part, apparaît le nom de Jack Kachkar, investisseur canadien supposé racheter cette mauvaise affaire qu’est devenue l’OM pour Robert Louis-Dreyfus. Né Jack Kachkarian en Syrie, l’homme s’est déjà cassé les dents sur une tentative de rachat d’Aston Villa. Pour l’OM, il lui faut sortir 115 millions. L’homme possède un empire de sociétés (matières premières, immobilier, produits pharmaceutiques…) mais les difficultés de beaucoup d’entre elles laissent les économistes sceptiques. En décembre 2006, les discussions démarrent entre Kachkar et RLD, mais le canadien n’a pas les fonds. Il va de report en report, et les garanties bancaires qu’il présente sentent le pâté : fausse garantie bancaire de 81,5 millions d’euros et virement sans provisions. Dreyfus rompt les négociations en mars et porte plainte. En juin 2011, le tribunal correctionnel de Paris condamne Kachkar pour escroquerie à 10 mois de prison avec sursis, 50 000 euros d'amende, et 500 000 de dommages et intérêts.
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5- Ahmet Gökçek
En 2009, ce fils du maire d’Ankara devient président d’Ankaragucu, un club de la capitale. Problème : il est déjà président d'Ankaraspor, autre club de la ville. La Fédé sanctionne le conflit d’intérêt en excluant Ankaraspor du championnat de D1 pour la saison 2009-10. Gökçek n'en a cure : à la tête de son nouveau joujou, il s'offre, en plus de neuf joueurs de son ancien club, les internationaux Jens Geremi, Darius Vassel, Jérôme Rothen et confie tout ce beau monde à Roger Lemerre. Roger ne parvient pas à hisser le club au delà de la onzième place et se voit remercié au bout de 6 mois. De toute façon, le président n’a plus de quoi payer ses stars qui s’enfuient les unes après les autres… La justice turque s’intéresse alors aux finances du club et annule le congrès ayant élu Gökçek, dont la présidence prend fin en 2011.
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Les parties de foot endiablées de The Clash, époque London Calling
London Calling demeure l'un des sommets du rock britannique, mais on ne peut pas en dire autant des parties de foot qui accompagnèrent son écriture. Durant l'été 1979, les quatre membres de The Clash se sont en effet donnés quotidiennement dans des matchs à l'anglaise en face de leur studio londonien. Vertical, violent et vicieux, le foot à la sauce Clash était loin du « Beautiful Game ». Peu importe, car ça se finissait au pub puis au studio, dans une solidarité retrouvée.
« Fuck, si seulement on avait Albert Camus dans les cages... ». À chaque fois que l'équipe de Joe Strummer se prend un but en face des studios Vanilla situés en plein Londres, le chanteur des Clash se lamente en appelant l'esprit de l'écrivain et ancien gardien de but du Racing Universitaire Algérois. Celui-là même qui disait : « Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois… » Fervent poète de la culture populaire, Joe Strummer a un rapport similaire au football. Davantage qu'un sport, le foot est pour lui un phénomène attachant des classes ouvrières. Davantage qu'une équipe, il aime les symboles. C'est ainsi que lui, supporter de Chelsea, a pu sans scrupules écrire une chanson à la gloire de Tony Adams, capitaine emblématique des rivaux d'Arsenal.
Tout comme Strummer, le batteur des Clash Topper Headon supporte Chelsea. Le bassiste Paul Simonon a lui un passé trouble au sein des skinheads hooligans de Tottenham. Quant au guitariste Mick Jones, son amour pour les Queen's Park Rangers est, outre-Manche du moins, plus célèbre que celui de Pete Dohety. Trois équipes londoniennes différentes donc, ce qui n'empêche pas le groupe de tâter la balle ensemble, notamment lors de l'écriture de leur immense troisième album, London Calling.
Lors de la composition de l'album, durant l'été 1979, les quatre Clash se retrouvent une première fois en compagnie de leur crew sur un petit terrain en asphalte, face à leur studio. Et prennent une pause en jouant au foot. Rapidement, toute la clique du groupe les rejoint dans des parties quotidiennes, des musiciens, des journalistes dont le rédacteur chef du magazine ZigZag, des DJ, des acteurs dont Ray Gange (héros du film Rude Boy commandé par les Clash), et Robin Crocker, meilleur ami de Mick Jones. Il se souvient : « Les matchs se jouaient à une vitesse folle, avec énormément de férocité, et un peu de finesse aussi. On était tous des mecs compétitifs à la moelle, ça se donnait pas de cadeau, il fallait gagner ». La finesse, c'est Robin et Topper Headon, tout deux excellents balle au pied, qui l'apportent. Mick Jones, lui, croit l'apporter. Confiant en son talent qui, dit-on, aurait pu l'amener vers une carrière professionnelle, le guitariste croit pouvoir dribbler tout le monde, demande tout le temps le ballon et critique ses coéquipiers de manière arrogante. Quant au reste, ils font ce qu'ont toujours su faire les anglais : courir et se battre. Dans Route 19 Revisited : The Clash and the making of London Calling, le journaliste Marcus Gray décrit ainsi Joe Strummer et Paul Simonon : « Ils n'avaient aucune foi en la passe. De vrais bouchers, gravitant devant la défense où ils pouvaient pleinement y aller, dur. Et quand on parle de joueurs en bottes sur terrain d'asphalte, ''dur'', ça veut vraiment dire ''dur'' ». Par chance, aucun des Clash ne se blessera. Mais ce ne sera pas le cas de tout le monde.
Appelé pour jouer du clavier sur l'album, Mickey Gallagher se ramène au studio des Clash, fort de son expérience au sein des Blockheads de Ian Dury. Il est alors invité à rejoindre le rituel sportif du groupe. Sous pression, il tombe, se casse le coude. Puis il est cordialement repositionné dans les cages, où il se fait mitrailler. Il apprendra plus tard que son dos s'est également disloqué. Mis au repos, il ne jouera plus avec les Clash. Ni sur le terrain, ni au clavier.
Autres victimes des punks du ballon rond, une bande d'employés de la major américaine Epic. Envoyés pour remonter les bretelles d'un groupe en retard sur l'enregistrement, ainsi que pour répondre à l'impossible requête des Clash qui voulaient vendre un album double au prix normal, le groupe et son crew lui préparent un traquenard : sur le terrain de foot, là où ils peuvent exprimer toute leur amertume contre la maison de disque. Et foutre des coups. « On a décidé de leur montrer aucune pitié » nous raconte Robin Crocker. « Je me souviens de beaucoup de ces éxécutifs violemment amenés au sol, pleine figure contre l'asphalte, à la suite de tacles qu'on décrirait comme ''bien trop appuyés'' ! C'était hilarant ».
Peu importent les douleurs et brûlures contractées, chaque match des Clash se termine au pub d'à côté. Avant de repartir en studio pour des sessions de soirée, où l'apport de ces parties de foot sera plus prépondérant qu'on ne pourrait le croire. Car avant de se pencher sur un troisième album, le groupe anglais sortait de deux années de frustration, de semi-échecs et de méfiance envers le public, la presse, les maisons de disques...et eux-mêmes. Dans Route 19 Revisited, Johnny Green, manager des Clash de l'époque, confirme que ces matchs furent essentiels à la réussite des enregistrements de London Calling. Esprit d'équipe, appréciation mutuelle, relâchement de la pression et bonheur d'être simplement là, tout ça ont été les fruits, selon lui, de ces batailles rugueuses sur un terrain impardonnable : « Ça semble stupide à dire comme ça, mais ces parties de football ont fait l'album ».
Kerill McCloskey
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starexperience · 9 years
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Sa vie de retraité, Nicolas Sarkozy et l'affaire Sagnol : interview long format de Guy Roux
Guy Roux va bientôt célébrer le dixième anniversaire de son départ de l'AJ Auxerre. S'il a bien fait une – brève – apparition sur le banc du RC Lens en 2007 (« on ne va pas compter ça », dit-il), c'est une décennie passée à jouer les observateurs que Guy Roux a pris le temps de nous raconter. Et soyez bien certains qu'il n'est pas resté dans son canapé à regarder Jour de Foot : il tient à rester au fait de l'actualité, politique notamment. Qu'il évoque le jeu à une touche de balle de Guardiola ou la montée du Front National, sa verve est la même, entre invocation du bon sens et histoires incroyables. Quoi qu'il en soit, une vie où se croisent Fidel Castro, Carla Bruni et Yann Lachuer ne peut en aucun cas être une vie ratée.
Aujourd'hui, presque dix ans après avoir quitté le banc de l'AJA, vous n'avez pas envie de reprendre du service ?
Ça m'a manqué pendant deux ans, ça me manquait même physiquement, tout. Mais aujourd'hui, à mon âge, je ne pourrais pas. Ma force psychologique qui était – je peux le dire sans flagornerie si j'ai fait ce que j'ai fait – exceptionnelle, est désormais amoindrie par l'âge et par le manque d'habitude. En 1990, Marseille arrive et j'avais un petit contentieux avec Franz Beckenbauer, qui entraînait ce club à l'époque. J'ai emmené mes mecs dans le Morvan, trois jours pour les préparer, et on leur a mis 4-0. Juste pour prouver quelque chose à Beckenbauer. Une autre année, on venait de réensemencer le terrain, ça n'avait pas encore bien poussé, je demande à Arsène [Wenger, ndlr] qui entraînait Monaco de faire l'échauffement ailleurs que dans la surface : il m'a envoyé promener. Là, il me bousille les 18 mètres. J'ai réuni mes gars et je leur ai dit : « Ils nous ont bousillé nos 18 mètres, on va jouer dans la merde toute la saison, alors c'est cul par dessus tête ». On a gagné 4-0, ce soir-là.
Vous ne vous sentiriez plus de faire ce genre de choses, aujourd'hui ?
Non... bon, je ne suis pas devenu une chiffe molle, mais reprendre une équipe, ce serait compliqué.
Une journée-type de Guy Roux, aujourd'hui, ça ressemble à quoi ?
Des journées calmes, il ne m'en reste pas tellement. Je participe à plusieurs émissions sur Canal+ et je commente l'équipe de France sur Europe 1. Je vais souvent voir des matchs de mon côté, aussi. Autrement, lors d'une journée « normale », je me lève, je fais mes trucs, et j'écoute Europe 1 de 8h15 à 9 heures pile. À cette heure-là, je sais tout ce qu'il y a dans l'actualité. Deux ou trois fois par semaine, je fais une marche, pour ma santé, pour me préparer pour le ski. Je pars vers 9h15, je vais en forêt, puis je reviens vers 11h. Là, je prends ma douche, je vais chercher mes journaux. À ce moment-là, il est presque midi : je vérifie mes coups de téléphone du matin, je rappelle certains. Puis je déjeune. Après ça, je fais une sieste d'une demi-heure en lisant mes journaux, puis je me mets à bosser, je réponds aux courriers. J'ai aussi mes correspondances de pub, et parfois je démarche des entreprises. Il y a énormément de gens qui m'appellent, on me propose des tas de trucs. Et puis parfois, le jeudi, ou le mardi, je retrouve une partie de mes gars, mon ancien staff, et on boit un coup. Convivialité, quoi.
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Vous êtes resté actif dans le monde du foot, depuis ces dix ans. Quelle est votre jugement sur l'évolution du foot français ?
Il y a une bande d'intellectuels à la Direction Technique Nationale qui réévaluent la manière sont sont formés les jeunes footballeurs. Moi, ça ne me plaît pas, mais c'est peut-être parce que je suis un vieux schnock. Mais ça ne me plaît pas, ils font un truc dans l'air du temps. Ils ne veulent plus qu'il y ait de match jusqu'à ce que les jeunes aient 14 ans, pour qu'ils jouent mieux au ballon. Incroyable ! Ils veulent supprimer les championnats de 14 et 15 ans. Ils font ce qu'ils appellent des « plateaux », où les gamins jouent à la baballe toute la journée et où ils répondent à des questionnaires sur le respect, sur les lois du jeu. Ils ne jouent plus, il n'y a plus de championnats.
« Guardiola, ça va... mais donnez-lui l'effectif du RC Lens, il va peiner »
Et pourquoi c'est dans l'air du temps, selon vous, de faire ça ?
C'est un peu la ligne gauche caviar. Ce sont les mêmes qui, à l'éducation nationale, veulent remplacer les notes par des traits de couleur. Le gamin qui va s'attraper un rouge il va avoir la honte : autant leur mettre des notes ! Ces gens-là sont contre la compétition, et c'est très mauvais pour la France, c'est comme ça que l'on va être derniers en Europe, derniers dans le monde. Pendant ce temps-là, les gamins coréens font 80 heures par semaine, les parents les font bosser pendant les vacances... Bon, ça c'est l'excès inverse, mais la vérité se situe quand même entre les deux. Si vous ne faites pas faire de compétition aux gamins, on va avoir des footballeurs français qui ne se battent pas. On va finir par avoir 10% de joueurs français dans nos clubs, comme en Angleterre !
Pensez-vous que le modèle de possession de Guardiola, repris un peu partout en Europe depuis quelques années, est sur le déclin ?
C'est une belle question, mais elle n'est pas nouvelle : quand je jouais contre Nantes, Suaudeau, lui, il gardait déjà la balle. Moi, je commençais la semaine en disant à mes joueurs la chose suivante : laissez-leur la balle. Qu'ils fassent vingt passes, mais à la vingtième, vous prenez la balle. Vous n'avez le droit qu'à cinq passes maximum, trois dans l'idéal. Mais faut arriver devant les buts et marquer. Ce qui faisait que l'on prenait de gros risques dans les passes, qu'on perdait la balle et qu'ils recommençaient leur « toile d'araignée ». Eh bien aujourd'hui, on en est toujours là. Cela dit, avec de bons joueurs, on gagne toujours plus facilement. Le Bayern gagnait déjà quand il jouait plus direct. Aujourd'hui, avec l'entraîneur et les joueurs qu'ils ont, ils gagnent toujours, mais avec un jeu différent. Alors bon, Guardiola, ça va... mais donnez-lui l'effectif du RC Lens, il va peiner. Moi on me disait souvent : « Mais pourquoi vous n'allez pas dans un grand club ? » Ce à quoi je répondais : « Mais je suis dans un grand club ! Ici, il n'y a que la paye qui soit celle d'un petit club ».
Quel serait l'entraîneur qui vous ressemblerait le plus aujourd'hui ?
En méthode ? C'est Bielsa. Dès le début, je me suis dit qu'il était comme moi : il feinte, il alterne la vérité la plus éclatante et les messages cryptés. J'ai été le voir à Marseille, il m'a reçu une demi-heure avant l'entraînement et encore après. Son interprète chilien m'a tout expliqué. Il fait un entraînement sud-américain. Le lundi précédant, il avait emmené son groupe à La Ciotat pour un footing de treize kilomètres. Plus personne ne fait courir les joueurs dans le championnat de France ! Cantona a fait 2500 kilomètres de footing durant son passage à Auxerre : j'ai calculé ça, j'ai gardé mes notes de séance. Comment voulez-vous courir douze ou treize kilomètres le week-end si vous ne courez presque plus à l'entraînement la semaine ? Sinon, pour répondre à votre question, dans la manière de mener les hommes, je dirais que Laurent Blanc me ressemble. Quand on est à Canal, je leur dis : « il va faire ci », « il va faire ça », « il va dire ça ». Et à chaque fois, j'ai bon. Cela dit, je trouve qu'il s'explique trop face aux journalistes, il donne trop d'armes pour se faire flinguer. Il n'est pas très à l'aise en conférence de presse, c'est un timide. Je vais le comparer à un autre timide... [il décoche un grand sourire, l'oeil taquin]
Qui ça ?
Monsieur Chirac.
Ah bon ?
Je l'ai connu, je l'ai vu plusieurs fois. À mon âge, on a un peu d'expérience, et je sens les timides, sans qu'ils aient besoin de parler. Monsieur Chirac est un timide. Laurent Blanc, il est timide. Nasser [Al-Khelaïfi], lui aussi est un timide.
On savait que Jacques Chirac vous avait remis la Légion d'Honneur, mais pas que vous vous étiez vus en privé. Qu'est-ce qui vous a fait dire qu'il était timide ?
Sa raideur. C'est de là qu'il tirait sa majesté, mais tout ça reposait sur un fond de timidité. Après, quand il était lancé, c'était autre chose. Un animal. Cela dit, même la fonction et l'expérience ne guérissent pas de la timidité. Je l'ai peu vu lorsqu'il était Président, mais nous nous sommes revus après son départ et avant qu'il devienne malade. Son directeur de cabinet, Bertrand Landrieu, était le gardien de but des 12 ans de mon village, dans les années 50. Quand j'avais seize ans, j'étais déjà entraîneur, et on m'avait confié l'équipe des 12 ans pendant les vacances. Landrieu était mon gardien. Puis il a fait Sciences Po, l'ENA, et il est devenu préfet. D'ailleurs, son frère est devenu journaliste dans le porc, c'est la référence dans les journaux qui concernent l'industrie porcine. C'est quelque chose, hein ?
Pour revenir aux entraîneurs : vous êtes le dernier de ceux qui ont un véritable ancrage local, qui restent longtemps en poste. Vous en pensez quoi ?
Il y en a d'autres, vous savez, je ne réfléchis pas vraiment comme ça. Le fait est que j'ai toujours eu des perspectives, à Auxerre : quand on arrive en demi-finale de la Coupe de l'UEFA en 1993, je sais que j'ai des jeunes gestation, et qu'ils vont me permettre d'aller loin dans le futur. C'est ça qui m'intéressait. Vous savez, quand je suis arrivé au club à 21 ans, j'ai posé ma candidature et le conseil d'administration a voté à 7 contre 4 en ma défaveur. Seulement, ils n'avaient pas l'argent pour payer les autres candidats au poste d'entraîneur. Ils m'ont embauché, et j'ai pris le pouvoir. J'allais chercher l'argent, j'allais voir les politiques, j'ai fait construire le stade bout par bout. J'étais plus qu'un simple entraîneur...
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Si bien que vous avez même prêté votre nom à un jeu vidéo de management, Guy Roux Manager. Comment ça s'est passé ?
[il parle fièrement] Je suis le premier qui a donné son nom à Ubisoft, la plus grande société française de jeux vidéos ! Ce sont cinq frères bretons qui sont à l'origine de cette entreprise. Bref, un jour, une gamine d'une vingtaine d'années m'attend à la sortie du vestiaire et me dit : « J'ai rendez-vous avec vous ». Elle me présente Ubisoft et m'explique qu'ils aimeraient faire un jeu de foot à mon nom. Je lui dis : « Bon, c'est pas mal ça. Combien ? » On négocie, je demande 100 ou 200.000 francs. Et là, elle me dit qu'elle ne peut pas aller au-dessus de 50.000. Je lui donne mon accord, tout en lui faisant promettre que s'il y avait un deuxième jeu, ce serait aussi avec mon nom. J'en ai fait trois ou quatre au final. Et Ubisoft a un peu augmenté mon cachet. J'ai un peu regardé comment c'était, lorsque le jeu est sorti. C'était un jeu de tactique, c'est ça ? On pouvait acheter les joueurs, vendre les joueurs. Ils ont recréé ça, avec l'informatique. Très fort.
« Je me baladais avec des costumes de ministre africain »
Un autre truc qui a changé, en dix ans, c'est le profil des joueurs.
Quand on me dit ça, je dis « excusez-moi, j'ai pratiqué pendant quarante-trois ans ». Ils ont changé, les hommes, en quarante ans. Ça change sans arrêt, mais je me suis toujours adapté : j'ai commencé avec des amateurs qui bossaient à l'usine et qui repeignaient des plafonds, et puis j'ai eu des stars, des jeunes à très grand caractère. J'ai eu de tout. D'autant plus que j'ai un feeling particulier avec les africains et les antillais, et comme il y en a beaucoup maintenant... Tout le monde sait que j'aime bien ces gens-là et que j'aime bien les maghrébins. J'ai même une anecdote à ce sujet : un soir, je vais prendre un avion privé pour le lendemain à l'aéroport du Bourget. Je passe donc la nuit Novotel du Bourget. C'était pendant la révolte des bonnets, là...
Les bonnets rouges ?
Non, pas les bonnets rouges... les banlieues...
Ah, les émeutes de banlieue de 2005 ?
Oui, voilà ! Donc j'arrive sur place, ils étaient au moins cinq cent. Il n'y avait pas un européen. Je ne savais pas quoi faire. Je m'arrête, ils sont tous venus autour de la voiture [il prend l'accent « des banlieues »] : « Wow, Guy Roux, Guy Roux, photo, photo, photo ». Et puis le chef est arrivé, un grand costaud. Il me dit : « T'es gonflé parce que ça craint ». Je lui ai répondu : « Mais non, j'étais sûr que vous me feriez un bon accueil et vous me le faites ».
D'ailleurs, en parlant de ça, vous avez pensé quoi de la récente « affaire Sagnol » ?
Vous savez, il a appris le français il y a quelques années, moins longtemps que moi, mais il y a des restes. Quand j'étais gamin, la pub', c'était « Y'a bon Banania ». Aujourd'hui, ce n'est plus possible. Il y avait un chocolatier à Auxerre, il faisait des « bamboula ». Ce n'est plus possible non plus. L'autre jour j'ai lu dans l'Equipe un personnage important, je ne me souviens plus de son nom, qui a déclaré : « Je travaille comme un nègre ». Le journaliste l'a laissé passer. Cela dit, je trouve qu'on est bien moins libres de dire ce que l'on veut aujourd'hui. Coluche irait en prison, Desproges irait en prison. On ne peut plus rien faire ! On ne peut que se moquer des catholiques et des protestants. Mon grand-père, il a fait la guerre de 1914, a côté d'un régiment de tirailleurs sénégalais : il ne disait pas « les blacks », il disait « les nègres ». C'était le vrai mot, ce n'était pas négatif. Je fais attention à ce que je dis, du coup. Je suis navré que les gens ne soient pas libérés par rapport à ça, vous comprenez ? Moi, j'ai été vacciné jeune. Le proviseur de mon lycée venait de Dakar, et il y avait cinq africains dans chaque classe, que l'AOF lui avait envoyé. Cinq d'entre eux étaient dans mon dortoir, et bien sûr, ils aimaient le gars qui jouait au foot : c'est moi qui gardait la balle du lycée, dans mon placard. Ils étaient copains avec moi. Mais attention, c'était des fils de riches : à 15 ans, ils avaient des costards alors que moi, j'étais en culottes courtes. J'ai eu mon premier pantalon à 17 ans ! Mais quand on a commencé à sortir, ils me prêtaient des vêtements. Je me baladais avec des costumes de ministre africain ! J'allais au ciné club, dont j'étais le président en seconde, et ils me prêtaient un costume. Les culottes courtes, avec les filles du lycée, ça ne passait pas vraiment. Du coup, j'ai été habitué dès le plus jeune âge, j'ai vécu avec eux.
On sait que vous tutoyiez vos joueurs. Mais eux, ils avaient le droit d'en faire de même ?
Les joueurs de la première génération, ceux qui avaient presque mon âge, me tutoyaient. Quand j'ai commencé à avoir 35 ou 40 ans, ils ont commencé à me vouvoyer. Moi, je les vouvoyais jusqu'à ce qu'ils signent, toujours. Et après je les tutoyais. Je leur disais : « Je te tutoie pour le commandement, c'est plus facile ». « Cocard, reviens », ce n'est pas la même chose que « Cocard, s'il vous-plaît, voulez-vous revenir en défense ? » C'est un tutoiement de commandement, de pratique. Eux, je leur disais de faire comme ils voulaient. Basile Boli, il me tutoie, mais là, c'est le tutoiement des africains. Djibril, des fois il se rebellait, mais il me vouvoie.
« Sarkozy, c'est ''parigot, tête de veau''. C'est un parisien »
Et le monde d'aujourd'hui, Internet, les nouvelles technologies... ça vous intéresse ?
En 1945, à Appoigny, dans mon village, il y avait trois voitures. Maintenant, il y a plusieurs voitures par foyer. Le monde a évolué à une vitesse folle. Mon petit-fils de neuf ans, l'autre jour, je le vois taper sur sa tablette. Je lui dis : « Qu'est-ce que tu fais ? » Il me répond : « Mon copain est en train de répondre, on joue chacun notre tour ». Ils faisaient une attaque de château, chacun chez eux, à deux kilomètres de distance. Lui il va pas être gêné avec Internet et tout ça. Je lui ai demandé de me regarder les TGV jusqu'à Dijon... trente secondes après j'avais les horaires grâce à Internet. Moi, j'ai un ordinateur chez moi mais je vais vous dire un truc : je ne sais même pas l'allumer. J'ai aussi une adresse email mais je ne la connais pas par cœur.

Et la situation politique en France, vous en pensez quoi ?
Je suis tellement heureux d'avoir vécu dans une démocratie, toute ma vie... enfin sauf pendant la Guerre. Alors, ils font ce qu'ils veulent, ils piquent dans la caisse, ils font leurs trucs... ce sont les aléas de la démocratie. Bygmalion, en URSS, ça n'aurait jamais pu exister. Ça fait rien, c'est pas grave, on corrige. Alors, est-ce qu'ils sont compétentes ? Grosso modo, oui. Le problème, c'est qu'ils viennent un peu tous de la « high class », ou de l'ENA. Alors cela dit, François Hollande, par exemple, j'aime beaucoup. C'est un homme que j'aimerais fréquenter. Tiens, s'il habitait dans ma rue, on boirait un coup ensemble. Mitterrand, j'aimais beaucoup, comme Chirac, même si je l'ai moins connu que son prédecesseur. Sarkozy, je connais un peu, parce qu'il est supporter du PSG. C'est un autre style d'homme. Je ne dis pas qu'il est né avec une cuiller d'argent dans la bouche, mais il aime ça, les cuillers d'argent. Alors que les autres s'en foutaient un peu, des biens matériels. Vous savez, Appoigny, c'est le premier village où les parisiens venaient en vacances à l'époque. On jouait au foot avec eux, mais c'était quand même « parigot, tête de veau ». Et bah Sarkozy, c'est ça, c'est « parigot, tête de veau ». C'est un parisien.
« Pour le Tour de France : on a besoin de Contador ! Une élection présidentielle, c'est pareil »
Est-ce que, comme Chirac, vous l'avez vu ?
Un peu... mais j'ai surtout passé du temps avec sa femme.
Non ? Carla Bruni ?
J'étais président des Hospices de Beaune, avec sa femme. J'ai passé six heures avec elle, ce qui m'a laissé le temps de voir comment elle était, et comment il était lui. C'était il y a deux ans : elle est arrivée à midi, elle est repartie à 18 heures. On a fait les enchères, on a beaucoup parlé. C'est une femme bien, elle a vécu une vie extraordinaire. Mais le Sarkozy, il a appelé en gros cinq fois, cet après-midi là. Il gardait la gamine à la maison, c'était un dimanche. Le premier coup, il appelle et il dit : « Elle dort ». Et le troisième coup, il rappelle pour informer sa femme que la gamine était réveillée. Au moins, ça veut dire que ce n'est pas un mariage arrangé !
Hein, vous croyiez vraiment ça ?
Bah si on est dans un mariage arrangé avec une nana, on ne va pas l'appeler cinq fois dans l'après-midi !
Vu comme ça... mais vous avez discuté de quoi avec Carla Bruni, du coup ? Vous appartenez quand même à deux mondes qui n'ont rien à voir.
Je lui ai demandé si elle me connaissait. « Oui oui, on m'a dit qui vous étiez », qu'elle me répond. C'est Sarko qui lui a dit, ouais [il éclate de rire] ! Je connaissais quelques airs de son dernier album, alors je lui en ai parlé. On a parlé du métier de chanteuse, du trac. Puis je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire : « Bon alors, vous direz à votre mari qu'on compte sur lui [pour les prochaines élections] ». Elle a répondu : « Jamais, faudra qu'il me passe sur le corps ! » De toute façon, on a besoin de lui pour obliger les autres à se mettre d'équerre, hein. C'est comme pour le Tour de France : on a besoin d'Alberto Contador ! Eh bien une élection présidentielle, c'est pareil : il faut des têtes de liste. De toute façon, je dis toujours que la France se gouverne dans un couloir : vous pouvez gouverner sur le mur de gauche, ou sur le mur de droite, mais si vous allez au-delà, les français n'acceptent pas. Alors moi, je vote à droite, mais pas tout le temps. Moi, ce dont j'ai peur, c'est qu'on sorte de notre modèle républicain.
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Vous avez peur de Marine Le Pen, du coup ?
Son père, je ne l'aimais pas. En revanche, elle, elle n'a jamais blasphémé sur la guerre, sur la Shoah. On ne peut pas lui faire ce reproche-là. Son père : impossible. Elle, bah [il est manifestement gêné]... elle a la même forme de pensée, tout ça. Mais son programme économique ne tient pas debout : je pense que l'euro est irréversible, ce bloc est quand même grand. Puis il y a des problèmes qui viennent du fond des âges, comme celui des nomades. Je suis monté dans les roulottes, quand j'étais gamin. C'était encore tiré par des chevaux. Dans le village, on leur avait laissé une place dédiée, sur une colline. Mon grand-père, qui possédait un jardin avec un puits, les laissait prendre de l'eau chez nous : notre maison était la plus proche de leur terrain. Il avait convenu deux choses avec eux : premièrement, qu'ils ne marcheraient pas sur les cultures de mon père, et deuxièmement qu'ils ne piqueraient pas les fraises, ou les légumes. Mon grand-père leur a dit : « Si je m'aperçois que vous volez, vous ne viendrez plus chercher l'eau ». Et un coup, des jeunes ont ramassé une rangée de fraises : il leur a interdit l'accès à l'eau. L'année suivante, le patriarche est revenu voir mon grand-père, s'est excusé, et mon grand-père leur a rouvert l'eau. Donc moi, les roms, ce n'est pas un problème qui me surprend. Ils chapardaient déjà, à l'époque, ils piquaient des lapins dans les clapiers.
Anthony Mansuy
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Une journée au bord de la pelouse du Parc des Princes, avec un photographe de l'AFP
Photographe de sport à l'Agence France Presse, Franck Fife a déjà couvert plus d'un millier de matches dans sa carrière. Samedi dernier, on l'a suivi au bord de la pelouse du Parc des Princes pour PSG-Nantes.
En tapant le nom de Franck Fife dans l'onglet images du plus célèbre des moteurs de recherches, on tombe nez à nez avec le décolleté de Kim Kardashian. Viennent ensuite une tripotée de clichés de joueurs de l'équipe de France. Et pour cause, ce photographe de 48 ans aux faux airs de Jean-Luc Arribart a déjà couvert plus de 1200 matches. Il en a couvert tellement qu'il a arrêté de compter. Depuis l'an 2000 et les Jeux Olympiques de Sydney, il opère pour l'Agence France Presse (AFP), où il photographie le sport, un véritable « privilège » selon lui. Ses clichés sont publiés chez tous les clients de l'Agence France Presse (c'est-à-dire la quasi-intégralité de la presse française et 4.000 publications à travers le monde). Plus près de chez nous, le samedi 6 décembre, Franck était attendu du côté du Parc des Princes pour la rencontre de Ligue 1 entre le PSG et Nantes. Il nous a embarqué dans ses valises.
13h48
Assis devant une fenêtre immense, Franck Fife nous attend au service photo de l'AFP, dans le deuxième arrondissement de Paris, à deux pas du Palais Brongniart. Seul, ce grand gaillard au crâne dégarni et à la barbe grise consulte la presse du jour en avalant quelques bonbons. Franck nous accueille chaleureusement et commence par évoquer ses souvenirs les plus marquants. Il évoque notamment un match de l'équipe de France disputé dans un stade sans tribunes aux Îles Féroé, ou encore la dernière finale de la Ligue des Champions.
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14h44
Le coup d'envoi de la rencontre approche, il est l'heure de prendre la direction du Parc des Princes. Garé derrière les bureaux de l'AFP, le scooter de Franck nous attend. Le temps de placer deux bobines de câble blanc sous la selle et le moteur peut démarrer. Sur le trajet, au niveau du jardin des Tuileries, une voiture grise klaxonne. Il s'agit d'un collègue de l'agence photographique Panoramic qui a reconnu notre pilote malgré son casque.
15h05
Après avoir montré patte blanche à deux CRS, nous voici juste derrière le Parc des Princes. Il faut maintenant suivre le chemin indiqué par les nombreux agents de sécurité pour arriver à une entrée située à gauche de la tribune présidentielle. C'est ici que le syndicat de presse du stade doit nous remettre nos accréditations. Devant la porte fermée, Franck et une paire de collègues commencent à s'impatienter : « Il faut passer avant les joueurs sinon on risque d'être bloqué ». Car à quelques mètres de là, une bonne centaine de supporters attendent le bus du PSG. L'occasion pour eux de voir leurs joueurs chéris serrer la main de la mascotte Germain le Lynx avant de fouler le tapis rouge qui les mène jusque dans les entrailles du Parc. Alors que Franck et un photographe de l'agence Associated Press débattent sur la qualité des objectifs de deux fabricants japonais, le syndic' de presse surgit et nous distribue enfin les précieux sésames. Mais c'est raté : Ibra et compagnie sont déjà passés par là. Il faut désormais attendre que le chauffeur du bus parisien daigne déplacer son véhicule pour que le personnel de sécurité nous autorise à rejoindre l'accès réservé aux photographes, de l'autre côté du fameux tapis rouge.
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15h20
Dans les austères coursives du Parc des Princes, on croise quelques plantes vertes et quelques hôtesses pressées. L'atmosphère est plus chaleureuse dans le salon photo. Tandis qu'une demi-douzaine de collègues discutent autour d'un buffet de viennoiseries et de charcuterie, Franck se voit remettre une « superbe » chasuble jaune siglée « LFP ».
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15h29
Franck commence à déballer son matériel juste derrière la ligne de but, côté Boulogne. Après avoir aidé quelques vieux compères à placer un banc non loin du poteau de corner, il se dirige maintenant vers le pied de la tribune. Il branche un câble ethernet blanc qu'il déroule jusqu'au bord du terrain et un petit ordinateur portable qui lui permettra d'éditer et d'envoyer ses clichés tout au long du match. Il faut maintenant reproduire l'opération devant le virage Auteuil car un seul photographe de l'AFP couvre la rencontre de ce samedi. Comme les joueurs, Franck changera de côté à la mi-temps, histoire d'être toujours positionné là où le PSG attaque. En longeant la ligne de touche pour retourner côté Boulogne, Franck salue plusieurs stadiers mais aussi Jonathan Calderwood, le jardinier anglais du Parc des Princes. Derrière eux, Mickaël Landreau, désormais consultant pour Canal +, discute au bord de la pelouse.
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15h46
Alors que Franck s'isole pour passer un coup de fil, un collègue de l'agence Getty Images nous montre la loge du Prince du Qatar et fait le point sur les travaux effectués cet été. Il loue aussi le travail de Franck avant d'évoquer la solidarité qui règne chez les photographes de sport. De retour, Franck sort deux appareils photo d'un énorme sac à dos noir qui renferme aussi une tripotée d'objectifs. Un autre sac, blanc celui-là, contient un téléobjectif long d'une quarantaine de centimètres. Après avoir pris soin de recouvrir son matériel pour ne pas le retrouver trempé à cause de l'arrosage automatique, Franck retourne au salon photo pour se ravitailler.
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16h16
Les sifflets résonnent dans le stade alors que les joueurs nantais pénètrent sur la pelouse pour l'échauffement. Les Parisiens leur emboîtent le pas et enchaînent bientôt les montées de genoux sous l'oeil, ou plutôt l'objectif, de notre photographe. Franck ne manque d'ailleurs pas de photographier les chaussures d'un Zlatan Ibrahimovic sur le point de changer d'équipementier. Une fois les exercices terminés, Javier Pastore vient lui saluer un garçonnet qui a remporté un concours organisé par le club de la capitale.
16h32
Censé échauffer Salvatore Sirigu, le jeune gardien Mike Maignan ne cadre pas une frappe, ce qui a le mérite de faire sourire Franck. La moue est toute autre lorsqu'un photographe se prend les pieds dans les fils reliés aux ordinateurs avant de passer dans le champ de la caméra qui filme Astrid Bard, une journaliste de la chaîne cryptée.
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16h41
Nantais et Parisiens commencent à rentrer aux vestiaires. En quittant le terrain, Blaise Matuidi chuchote amoureusement à l'oreille de Marco Verratti devant un caméraman en short malgré la température. Nicolas Douchez claque lui la bise à Florian Gazan, l'animateur qui n'a pas seulement composé des chansons pour Clara Morgane, mais a aussi écrit les paroles de l'hymne du PSG… De son côté, Franck scrute la « corbeille » VIP. Parmi les célébrités présentes en tribunes, il repère Dany Boon et une Maïwenn pourtant emmitouflée.
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16h53
Les petits ramasseurs de balles hurlent les noms des joueurs du PSG pendant que le speaker annonce la composition des équipes. Après un commentaire sur la playlist d'avant-match, Franck immortalise le toss entre les capitaines. Une fois n'est pas coutume, le PSG attaquera côté Boulogne en première période. Au pas de course, nous passons devant le banc de Laurent Blanc pour rejoindre notre poste.
17h01
Franck s'asseoit sur un petit tabouret pliable et commence à mitrailler, le crâne enfoncé dans sa capuche en fourrure. À côté de nous, des cris. Un photographe retrouve son ordinateur et le reste de son matériel par terre…
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17h03
Sur certaines grosses affiches, notre photographe travaille en tag and send. Le principe : sur un boîtier, il sélectionne des clichés qui sont directement envoyés à des éditeurs de l'AFP. Mais ce samedi, Franck édite lui-même chacune des photos qu'il transmet. Dès que le ballon s'éloigne, il insère la carte mémoire de son appareil dans l'ordinateur posé devant lui. Après avoir choisi les meilleurs clichés, il les recadre et ajuste rapidement le niveau des couleurs. « Je préfère laisser la photo brute, de sorte à ce qu'il y ait un maximum de matière. Mes collègues au labo photo ont ensuite la possibilité de la retoucher », explique-t-il. Franck doit aussi indiquer le nom des joueurs photographiés. S'il n'est pas trop compliqué de reconnaître Lucas ou Lavezzi, la tâche devient plus ardue quand il s'agit de Georges-Kévin Nkoudou…
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17h08
« Oh la lucarne ! ». Alejandro Bedoya ouvre le score pour Nantes à l'autre bout du terrain. Franck se concentre pour photographier la joie des Canaris, la « jubi » comme il l'appelle.
17h22
Les Franciliens réclament un pénalty sur Lavezzi mais l'arbitre de la rencontre et Franck ne s'y trompent pas : « Il n'y a rien ! ». Entre le poteau de corner et le montant gauche de Rémy Riou, le portier nantais, on recense une dizaine de photographes alignés. Pour le match du jour, ils sont une quarantaine. À titre de comparaison, ils étaient 80 pour la réception de l'OM et environ 110 pour le PSG-Barça de fin septembre. « Plus tu arrives tôt, mieux c'est. Tu peux choisir une bonne place. En Coupe du Monde, on est tous collés les uns aux autres, les emplacements sont carrément numérotés. Aujourd'hui, c'est grand confort », précise-t-il.
17h28
Franck jongle constamment entre ses deux appareils. Posé sur un monopode, celui qui dispose d'un objectif de 40 centimètres lui permet de couvrir quasiment tout le terrain. C'est aussi la puissance focale de ce téléobjectif qui l'oblige à s'asseoir à deux pas du poteau de corner, « pour ne pas être trop près ». Autour du cou, il a un autre appareil dont il se saisit pour photographier les actions qui se déroulent juste devant lui et ce qui se passe dans la surface. Franck l'utilise ainsi beaucoup plus souvent depuis le 18 novembre 2009 et le fameux barrage pour le Mondial 2010 entre la France et l'Irlande : « J'ai loupé la main de Thierry Henry… C'était de mon côté mais j'ai cherché trop long et je n'ai pas pu avoir l'action complète. Je sais bien qu'un seul photographe sur les 50 présents a réussi à l'avoir mais ça reste une erreur. Je ne me ferai plus avoir ! ».
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17h34
Sur un centre de Lucas, Ibra se jette et égalise. Les Parisiens jubilent, Franck aussi : « C'est cool, il a célébré son but juste en face de nous, il ne s'est pas barré de l'autre côté ».
17h46
M. Bastien siffle la mi-temps. Nous allons nous installer devant le virage Auteuil tandis que la majorité des photographes restent côté Boulogne. Pendant que Franck vérifie ses branchements, le jardinier Jonathan Calderwood profite de la pause pour inspecter la pelouse, « son bébé ». Notre photographe travaille sur les clichés pris juste avant la pause. Au total, il aura envoyé 38 photos pendant cette première période.
18h04
Alors que Zlatan Ibrahimovic donne l'avantage à Paris sur coup-franc, Franck mitraille de nouveau. Il saisit l'accolade entre les joueurs. Avant l'engagement nantais, un échange complice entre l'attaquant suédois et Lavezzi ne lui échappe pas non plus. C'est évidemment le moment de changer de carte mémoire et d'envoyer au plus vite ces clichés aux clients de l'AFP.
18h22
Franck se montre plus silencieux pendant cette deuxième mi-temps : « Je suis désolé si je ne parle pas beaucoup mais il faut que je reste concentré. Sinon, on perd vite le fil et on ne s'y retrouve pas ». Le photographe de l'AFP a tout de même le temps de glisser quelques commentaires sur la performance de Lucas Digne ou Marco Verratti.
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18h49
Le coup de sifflet final retentit. Franck peut maintenant ranger ses appareils et regagner le salon photo. Alors qu'il rend son dossard, une petite dizaine de photographes ont les yeux rivés sur leurs ordinateurs. Il est désormais l'heure de quitter le Parc des Princes. Le lendemain, à la même heure, Franck sera quelques kilomètres plus au Nord. Pas pour un rendez-vous avec Kim Kardashian mais pour couvrir un match de plus, à savoir Lens-Lille, au Stade de France.
Arnaud Di Stasio
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starexperience · 9 years
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Le jour où : un match de FA Cup a duré 11 heures
Il y a 43 ans, Alvechurch et Oxford City ont livré le match le plus long de l'histoire de la FA Cup. Ces joueurs amateurs ont eu besoin de 660 minutes de jeu pour se départager. Un marathon de six rencontres marquées par une fracture du péroné, une grande camaraderie, la fatigue et un but gag.
À l'écouter, Graham Allner ne raffole pas des tirs au but. L'ancien attaquant d'Alvechurch ne boude pourtant pas son plaisir quand il affirme qu'ils lui ont indirectement « garanti une place dans l'Histoire à tout jamais! ». Jusqu'en 1991 et une décision de la fédération anglaise instaurant les fameuses séries de tirs au but pour départager deux équipes dos à dos (*), les rencontres de FA Cup qui se terminent sur un score de parité sont rejouées jusqu'à ce qu'une des deux équipes l'emporte. Et ce même si les matchs nuls s'enchaînent. Forcément, ce qui devait arriver arriva : en 1971, Graham Allner et ses petits camarades ont dû disputer pas moins de... six matches en dix sept jours pour venir à bout d'Oxford City.
Nous sommes le 6 novembre quand les deux équipes s'affrontent pour la première fois à Alvechurch, un village à une dizaine de miles au sud de Birmingham. Le petit stade de Lye Meadow accueille cette rencontre du 4ème et dernier tour préliminaire de Coupe d'Angleterre. Sur leur terrain en pente, les locaux mènent de deux buts mais se font rejoindre (2-2). Trois jours plus tard, le premier replay se déroule au White House Ground d'Oxford City. Tommy Eales donne l'avantage aux siens de la tête mais Graham Allner profite d'une bourde de Peter Harris, le gardien d'Oxford City, pour égaliser (1-1). Les matches suivants se disputeront sur terrain neutre. À commencer par St Andrew's, l'antre des professionnels de Birmingham City, le 15 novembre (1-1). Puis au Manor Ground d'Oxford United (0-0, le 17 novembre puis le 20 novembre). La perspective de retrouver la ville d'Oxford inspirait pourtant à John Fisher, l'entraîneur de City, une grande confiance, de quoi pronostiquer une victoire de ses ouailles. Mais il avait visiblement oublié de prendre en compte le mauvais sort et la météo incertaine d'une fin d'automne outre-Manche : au Manor Ground, en ce 20 novembre, cinq tentatives des joueurs d'Alvechurch trouvent les montants tandis que la pluie et la neige fondue perturbent le match.
Des replays figés par la fatigue et la force de l'habitude
Surtout, les joueurs commencent à se connaître sur le bout des doigts. « À force de jouer les uns contre les autres, on savait comment faire pour se neutraliser », analyse près d'un demi-siècle plus tard Graham Allner. Son coéquipier Billy Francis détaille : « On a fini par s'habituer à leur style de jeu. On connaissait parfaitement les qualités de chacun ». De façon assez surprenante, la répétition des matches n'encourage pas les entraîneurs à tenter des coups de poker. Aujourd'hui septuagénaires, Allner comme Francis se souviennent de leur coach davantage pour ses causeries que pour ses innovations tactiques.
Sur le pré, les adversaires papotent et s'interpellent désormais par leur prénom. Un esprit de camaraderie que l'on retrouve jusque dans les gradins, comme l'illustre John Foster : « Dans les années 70, le foot anglais était marqué par les problèmes entre supporters rivaux mais là, l'ambiance était géniale. Qu'est-ce qu'on a pu plaisanter avec les fans d'Oxford City! ». Mais si la bonne humeur règne, les organismes montrent des signes d'usure. D'autant plus qu'un seul remplacement par équipe est autorisé. « Avec l'enchaînement des replays et des matches de championnat, les entraînements et le boulot, tous les joueurs étaient épuisés. Car il ne faut pas oublier qu'on était amateurs et qu'on avait des jobs à plein temps à côté », précise le défenseur central Billy Francis. Parmi les participants à ce marathon, on recense notamment un instituteur, des ouvriers de l'usine de voitures Austin, un courtier en assurances, un maçon, un livreur et quatre militaires. En plus de leurs gardes de nuit, ces derniers jouent pour une sélection militaire entre deux replays. Réquisitionnés, les officiers Morton et Coulton manquent ainsi le dernier match. Tout comme Billy Francis : « Mon employeur ne m'a pas libéré, j'étais dégoûté! ».
La délivrance au bout de 660 minutes de jeu
Car oui, ce 4ème tour préliminaire a fini par livrer son verdict. Au bout de six matches dont quatre avec prolongations et une jambe cassée, les tenues ambrées d'Alvechurch l'emportent 1 à 0. Pour le plus grand bonheur d'une fédération soulagée de ne pas avoir à reporter le match du tour suivant une énième fois. Sur la pelouse gelée du Villa Park d'Aston Villa, c'est Bobby Hope qui délivre Alvechurch de la tête devant près de 5000 spectateurs. Jeune reporter à l'époque, le célèbre commentateur sportif Jim Rosenthal se souvient parfaitement de la scène. Il se fait presque poète : « Le gardien d'Oxford City avait la main sur le ballon mais le cuir s'est tortillé pour retomber sur son talon et finalement franchir la ligne tel un chien que l'on gronde ». « Sur cette patinoire, tout s'est décidé sur un but pourri », poursuit-il, un tantinet moins romantique. Pendant que certains joueurs se grillent une cigarette, Doug Ellis, le président d'Aston Villa, s'invite dans les vestiaires après le match. « Il a débarqué avec une bouteille de champagne et il s'est mis à tous nous servir. On a apprécié le moment et même si on était connu pour savoir célébrer nos victoires, nous étions très fatigués. Il fallait être présent au boulot le lendemain matin et seulement deux jours plus tard, nous avions le tour suivant à disputer », raconte Graham Allner, l'intégralité des 660 minutes de jeu au compteur.
Pour son septième match en 19 jours, Alvechurch tombe avec les honneurs contre les professionnels d'Aldershot (4-2). Une élimination que Graham Allner tente de justifier : « Nous étions aussi fatigués physiquement que mentalement. Et il y avait un tel sentiment de soulagement après les six matches contre Oxford City que ça a été compliqué de se concentrer sur Aldershot… ». Si le défenseur Ralph Punsheon s'en tire avec des furoncles aux pieds, le retour au quotidien sera encore plus amer pour Oxford City. Le week-end suivant, les joueurs aux maillots rayés bleu et blanc retrouvent les terrains de l'Isthmian League, leur division régionale, pour s'y s'incliner 8 à 0...
Arnaud Di Stasio.
(*) Depuis 1991, les matches nuls en Coupe d'Angleterre donnent lieu à un seul replay, à l'issue duquel sont disputées des prolongations puis une série de tirs au but si besoin est.
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starexperience · 9 years
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À 3 contre 3 sur fond de rap français : reportage au tournoi Elastico
Jeudi 20 novembre, le Café A, à deux pas de la Gare de l'Est, accueillait le tournoi Elastico, un événement organisé par Nike réunissant football et culture urbaine à la tombée de la nuit. Entre deux beats trap, une dizaine d'équipes composées d'artistes et de journalistes se sont affrontées dans ce lieu insolite parisien. Au menu : plusieurs heures de football champagne et une figure du rap-game venu faire sauter le bouchon de liège.
Les têtes bougent en cadence dans la pénombre du Café A. Invité de marque de la soirée Nike « Elastico », le rappeur Kaaris déroule ses classiques l'un après l'autre dans ce qui fut autrefois une chapelle pour bonnes sœurs. Entre deux bangers, le nouvel homme fort du rap français harangue la petite foule surchauffée. « Y'a des footballeurs ici ou quoi ? », balance-t-il au micro, essuyant un tonnerre de cris en guise de réponse. Depuis quelques heures, les passionnés de foot urbain défilent en nombre dans ce lieu unique du nord de la capitale.
18h. Devenu l'antre du street-foot parisien le temps d'une soirée, le Café A se remplit progressivement. Les VIP conviés à tâter le cuir chaussent leurs crampons au vestiaire tandis que les badauds se font la main au baby-foot. Beatmaker du groupe 1995, Lo' enchaîne les pépites boom-bap new-yorkaises derrière les platines. Massé contre les parois du terrain grillagé installé pour l'occasion, le public n'attend plus que la venue des héros du jour pour s'enflammer.
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Au coup de sifflet d'ouverture, toutes les équipes sont prêtes à célébrer le foot de rue, fait de gris-gris assassins et de cassages de reins. Le tournoi Elastico réunit en effet ce qui se fait de meilleur sur la scène parisienne : les rappeurs Sneazzy West et Dinos Punchlinovic, l'humoriste Malik Bentalha, les fondateurs de la marque Tealer ou les rédacteurs des magazines Snatch et Yard ont fait le déplacement. Dès les premiers rencontres, le rythme s'emballe, les actions défilant à cent à l'heure sur les lignes jaunes fluo tracées sur le terrain. Chargé d'assurer l'ambiance, Willaxxx vanne à tout va. « Y'a de l'inspiration Pogba dans les beuj' », chambre l'imitateur du label Def Jam à la vue d'un crochet bien senti.
Au bar, les pronostics vont bon train. Ce jour-là, pour rester dans la course, il faut jouer de chance et ne jamais lâcher l'affaire. Les matchs se disputent en trois contre trois suivant des règles aussi simples que cruelles : la première équipe qui marque peut faire sortir un joueur adverse, l'équipe qui inscrit le deuxième but remporte la partie, quoi qu'il arrive. Une fois sur le terrain, les tactiques différent. Si les techniciens de la team Black Sky mené par Dinos Punchlinovic privilégient un jeu léché fait de doubles contacts et de passes aveugles, d'autres misent sur l'impact physique. Lors de la rencontre décisive opposant Yard à la Tonton Team, coachée par Rim-K du 113, Lo' décide d'augmenter la tension d'un cran en balançant sournoisement « Pour Ceux », l'hymne sauvage de la Mafia K'1 Fry. Au bord du terrain, le rappeur du groupe de Vitry salue le clin d'oeil, alors que le premier tour s'achève sur un climat électrique. « Eh, c'est pas du MMA les gars... », tient tout de même à préciser Willaxxx.
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Il est 20h30, les lumières baissent d'intensité. Le dernier carré voit s'affronter Yard, Black Sky et les web-magazines Cyclones et Mother Soccer. Directeur artistique chez Def Jam, Oumar Samaké -aussi appelé « Oumardinho » pour la qualité de ses dribbles- appelle ses joueurs. Casquette vissée sur le crâne, son poulain Dinos entre sur le terrain accompagné de deux acolytes pour affronter l'équipe Cyclones. Les enceintes crachent les punchlines brûlantes de Joke, une façon de mettre tout le monde dans le bain. Après plusieurs minutes de petits ponts et de tricks en tout genre, le score est sans appel : Black Sky l'emporte par quatre buts d'écart. Ravi, coach Oumar vient féliciter ses troupes. Ils affronteront en finale les membres de Mother Soccer, sortis vainqueurs de l'autre demie.
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À l'approche du match décisif, les spectateurs du soir ont déserté la borne Playstation siégeant dans l'entrée. Tous les regards sont rivés vers la finale, qui fait office d'entrée en matière avant le showcase de Kaaris. Dans le public, on joue à se faire peur. « C'est pas Kaaris, c'est Kaares qui va rapper », lâche un guest en référence au personnage créé par Willaxxx, avant de taper un clin d'oeil rassurant. Plus loin, debout sur l'estrade en fond de salle, Oumar s'offre quant à lui une vue plongeante sur le match. Sans grande surprise, c'est la team Black Sky qui remporte finalement la compétition au terme d'un match mené tambour battant sur fond de Lacrim et d'A$AP Mob. Quelques minutes plus tard, après un rapide tournoi disputé par des jeunes de la région parisienne, le champion du monde de football freestyle vient régaler la salle aux côtés de sa team avec des jongles venus de l'espace. Chauffé à blanc, le public attend désormais avec impatience le show du K double A.
Sous la clameur du Café A, le bonhomme fait son apparition sur scène. Lunettes noires et bracelet doré, Kaaris ouvre le concert sous les coups de butoir de « Comme Gucci Mane », son dernier track. Dans son dos, une dizaine de gaillards aux visages impassibles, postés contre le mur. Face à une foule survoltée, le rappeur de Sevran n'aura pas eu grand mal à se mettre au diapason du tournoi : son set fut tranchant comme un tacle à la gorge.
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starexperience · 9 years
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Rencontre avec le capitaine de Saint-Marin, (ex) dernier au classement FIFA
Depuis ses débuts en 1990, l'équipe nationale de Saint-Marin n'a pas fait que perdre, elle a aussi gagné le statut de souffre-douleur du continent européen. Mais samedi, la sélection de la micro République d'une superficie de 61km², soit à peine une dizaine de terrains de foot, a mis fin à 61 défaites consécutives. L'occasion de revenir avec son capitaine Andy Selva sur le quotidien de l'ex-dernière nation au classement FIFA. L'attaquant saint-marinais évoque cette souffrance mais aussi ses rencontres avec Totti, Ibra, Rooney ou encore Raúl.
Depuis l'arrêt du Grand prix de Formule 1 de Saint-Marin en 2006, seules les fessées reçues par son équipe de football nous rappellent l'existence de cette petite République de 32 000 âmes, coincée entre l'Émilie-Romagne et les Marches, à l'est de l'Italie. On parle ici du troisième plus petit État d'Europe derrière le Vatican et Monaco, un pays qui réalise 10% de son PIB grâce à la vente de ses timbres aux philatélistes du monde entier. Mais le samedi 15 novembre, l'équipe de Saint-Marin a réussi l'exploit de la trêve internationale qui s'achève en accrochant le match nul contre l'Estonie (0-0). Le capitaine Andy Selva et ses petits camarades en ont profité pour mettre fin à 61 défaites consécutives, une série entamée en 2004. De quoi abandonner au Bhoutan la 208ème et dernière place au classement FIFA.
Aujourd'hui âgé de 38 ans, Andy Selva a écumé les divisions inférieures de la Botte avant d'atterrir à la Fiorita, dans le championnat local. Le meilleur buteur et recordman de sélections de l'équipe de Saint-Marin (8 buts en 68 sélections) nous raconte le quotidien d'une équipe condamnée à la défaite. Andy Selva revient aussi sur un parcours qui l'a amené à croiser la route de Francesco Totti, Zlatan Ibrahimovic et Wayne Rooney.
Samedi dernier, après 61 défaites de rang, l'équipe de Saint-Marin a donc fait match nul contre l'Estonie (0-0)…
On attendait ça depuis si longtemps, trop longtemps même au vu de nos prestations. On a même eu quelques occasions mais on est très heureux de notre match. On a remporté un point et on a mis fin à cette série sans encaisser le moindre but. Pour couronner le tout, je suis devenu le recordman de sélections. Au coup de sifflet final, tout le monde sautait de joie, le président de la fédération s'est même mis à pleurer, je n'oublierai jamais ce moment. On est tous allés fêter ça dans un restaurant !
San Marino vs Estonia (0-0) Full Highlights 15... par rubin7190
Étant donné le classement UEFA de l'Estonie (48ème sur 54), vous aviez coché cette date sur votre calendrier, non ?
Vous savez, très souvent, le classement UEFA ne reflète pas la réalité. L'été dernier, j'avais déjà eu l'occasion de croiser certains joueurs de l'équipe d'Estonie avec mon club de la Fiorita car le Levadia Tallinn nous avait éliminé au premier tour préliminaire de la Ligue des Champions, et on savait que ce serait difficile samedi. Mais ce résultat doit nous faire prendre conscience qu'un jour, les choses vont changer pour nous.
Avant de revenir sur l'équipe de Saint-Marin, parlez-nous de vous. Comme Alessandro Nesta, Marco Di Vaio et Francesco Totti, vous êtes né en 1976 à Rome…
Je ne connais pas Di Vaio et Nesta personnellement mais en revanche, j'ai joué pendant trois ou quatre mois avec Francesco Totti à la Lodigiani (Ndlr, club du quartier de San Basilio, à Rome). On devait avoir environ 12 ans et il nous arrivait souvent de discuter ensemble à la fin des entraînements.
À quoi ressemblait votre jeunesse ?
Je me souviens parfaitement de mon enfance et je peux vous assurer que tout tournait autour du ballon. Maradona était mon idole. Avant même que je naisse, le football occupait une place centrale dans ma famille. Mon grand-père a évolué en tant que gardien de but en Série D, qui était un championnat professionnel à l'époque, et mon oncle était lui aussi un très bon gardien. Comme mon père jouait attaquant, il en fallait un deuxième pour rétablir l'équilibre et c'est comme ça que je suis arrivé ! D'ailleurs, mon grand-père et mon oncle supportent la Lazio alors que mon père et moi, on est pour la Roma. Je vous laisse imaginer l'ambiance les jours de derby (rires) !
Vous avez ensuite intégré un centre de formation ?
Non mais je jouais à Tor Tre Teste, un club de l'Est de Rome. Un beau jour, alors que je disputais un match de foot à 5, j'ai eu la chance de me faire repérer par Andrea Agostinelli, un ancien joueur de la Lazio et du Napoli. Il m'a proposé de le rejoindre à la Latina et j'ai dit oui. Je jouais avec l'équipe junior le samedi et avec l'équipe première, en Série D, le dimanche. Je n'avais que 17 ans mais j'ai mis 8 buts en Série D. Et dès la saison suivante, j'ai commencé à parcourir l'Italie, je changeais très souvent de club, parfois tous les six mois.
Alors que vous avez toujours vécu en Italie, vous faites finalement vos débuts avec l'équipe Espoirs puis l'équipe A de Saint-Marin en 1998…
(Il coupe) Oui, je possède la double nationalité grâce à mon grand-père maternel. C'est lui qui m'a poussé à jouer pour Saint-Marin lorsque j'avais 17 ans. Je l'ai vu pleurer de joie après mon premier but avec les Espoirs et quelques semaines plus tard, après mon premier but avec les A. Je peux vous dire que je m'en souviens encore.
L'équipe nationale de Saint-Marin a disputé sa première rencontre officielle en novembre 1990. Depuis, elle n'a remporté qu'un seul succès, à l'occasion d'un match amical contre le Liechtenstein (1-0) en avril 2004. Vous pouvez nous raconter ?
Vu les forces en présence, le rythme du match était plutôt élevé ! Quand deux petits s'affrontent, on s'attend au pire et pourtant, la rencontre était agréable à suivre pour les spectateurs. Cette victoire nous a surtout permis de gagner quelques points pour le classement UEFA. C'est moi qui ai inscrit le seul but du match d'un joli coup franc tiré par dessus le mur adverse. Inutile de vous dire que ce succès constitue notre plus beau souvenir !
Il y a aussi la défaite in extremis contre l'Irlande (1-2) en février 2007. Cette performance passe peut-être même avant la victoire contre le Liechtenstein?
Non, notre victoire ou même les nuls contre la Lettonie ou l'Estonie restent devant. Ce match contre l'Irlande a été très compliqué pour nous car quelques jours avant, nous avions appris le décès de Federico Crescentini, un de nos coéquipiers. Avant la rencontre, c'est même moi qui ai remis des fleurs à sa famille au cours d'une cérémonie en sa mémoire. Vous comprendrez qu'on tenait à faire bonne figure ce soir-là. Cette rage que nous avions s'est transformée en force, ce qui nous a permis d'arriver à la fin du temps réglementaire sur le score de 1 à 1. Mais à la 95ème minute, l'inévitable s'est produit. Sur une longue touche, deux de nos joueurs ont essayé de dégager la balle mais avec la fatigue, ils n'y sont pas parvenus. Un rebond plus tard, la balle arrivait dans les pieds de leur attaquant (Ndlr, le bien nommé Stephen Ireland)…
« J'ai bien failli inscrire un but de 40 mètres mais Stekelenburg me l'a "enlevé" »
Vous avez aussi failli rentrer un lob incroyable contre les Pays-Bas en 2010…
En effet, j'ai bien failli inscrire un but de 40 mètres mais Stekelenburg (Ndlr, aujourd'hui à Monaco) me l'a « enlevé » avec une parade spectaculaire. Sur un dégagement de notre gardien, je suis parvenu à contrôler la balle sans qu'elle touche terre et, en première intention, j'ai tenté de lober leur portier qui était un peu avancé. Mais Stekelenburg a réussi à dévier le ballon juste ce qu'il faut pour le mettre en corner. J'ai quand même eu droit à une belle ovation.
Avec Saint-Marin, vous avez affronté les Pays-Bas mais aussi l'Angleterre, la Suède, l'Allemagne, ou encore l'Espagne. Quels joueurs vous ont marqué ?
J'ai rencontré beaucoup de grands joueurs mais celui qui m'a le plus marqué, c'est Raúl. En plus d'être un grand champion, il m'a impressionné par son humilité. À la fin de notre match contre l'Espagne, il est venu dans notre vestiaire pour m'offrir son maillot et pour nous féliciter. Je mentionnerais aussi Carles Puyol, c'est le défenseur le plus fort qu'il m'ait été donné d'affronter.
Vous devez avoir une sacrée collection de maillots…
Ah ça… La plupart du temps, j'échange mon maillot avec le capitaine adverse. J'ai le maillot de Raúl mais aussi celui d'Ibra, de Rooney, Pirlo, Ballack, Lampard, … Celui d'Ibra, je l'ai eu grâce à Massimiliano Allegri, qui l'entraînait au Milan AC à l'époque. Comme j'avais eu Allegri comme coach à la SPAL et à Sassuolo, il m'a donné un coup de main (rires).
Au-delà des stars, vous avez eu l'occasion de jouer dans des stades comme Wembley. Comment gère-t-on la pression quand on passe de quelques centaines de spectateurs à 85 000 personnes ?
On ressent beaucoup de tension, c'est sûr que la présence de grands joueurs et la taille des stades procurent des émotions fortes. Mais dans de telles situations, tu n'as pas le temps de réfléchir au public. Si tu te concentres sur autre chose que le jeu, les buts encaissés peuvent vite s'accumuler.
En 2006, vous avez perdu 13-0 contre l'Allemagne. En septembre 2011, vous perdiez 11-0 contre les Pays-Bas. Dans ce type de matches, vous attendez le coup de sifflet final avec impatience ?
On ne pense pas trop à ça. Quand l'écart au tableau d'affichage devient important, on essaie simplement de terminer le match sans baisser les bras. Je tiens aussi à signaler que les joueurs adverses nous traitent toujours avec beaucoup de respect et de professionnalisme, quel que soit le score.
Comment gère-t-on la frustration de participer aux éliminatoires tout en sachant qu'on ne pourra pas se qualifier pour l'Euro ou la Coupe du Monde ?
On reste des joueurs amateurs mais on a la chance de disputer des matches internationaux, ce qui n'est pas le cas de beaucoup de professionnels. C'est une des raisons qui nous pousse à toujours faire de notre mieux.
« Il y a beaucoup de souffrance mais on n'a pas le droit de se décourager »
Avant le nul de samedi contre l'Estonie, l'équipe de Saint-Marin restait sur 61 défaites. En exagérant, on pourrait presque parler de masochisme. Quel est l'équilibre entre plaisir et souffrance ?
Il n'y a aucun masochisme ! C'est sûr que pendant un match de qualification, il y a beaucoup de souffrance mais notre récompense, ce sont les applaudissements des supporters adverses. Et même s'il y a de la souffrance, un joueur de l'équipe nationale de Saint-Marin n'a pas le droit de se décourager. Autrement, les défaites seraient encore plus lourdes. Si j'ai déjà songé à prendre ma retraite internationale à cause de ça ? Non, j'ai toujours l'envie de démontrer que je peux faire partie de ce groupe. Et je ne connais aucun international saint-marinais qui a raccroché parce qu'il en avait marre de perdre.
Après plus de 15 ans à la tête de l'équipe de Saint-Marin, Giampaolo Mazza a quitté son poste de sélectionneur début 2014. Vous avez été surpris ?
Nous étions au courant depuis un moment. Lorsqu'il a resigné pour deux années supplémentaires, il nous a tout de suite prévenu qu'il arrêterait à la fin de son contrat. Au bout de 15 ans, il était logique de changer, il y avait un peu de lassitude.
C'est Giampaolo Mazza qui vous a offert votre première cape. Et vous avez marqué 8 des 15 buts inscrits sous son mandat. Il a même déclaré que pour la petite république de Saint-Marin, vous représentiez « plus ou moins la même chose que Cristiano Ronaldo pour le Portugal ». Aviez-vous une relation particulière avec lui ?
Oui, forcément, c'est lui qui m'a fait débuter en équipe nationale. Et avec toutes ces années, un rapport d'estime s'est créé entre nous. Sa décision de quitter son poste de sélectionneur m'a beaucoup touché. Vu les faibles moyens mis à sa disposition par la fédération, Giampaolo Mazza a marqué l'histoire.
Puisqu'il est presque impossible d'éviter la défaite, quels objectifs l'entraîneur vous fixe-t-il ?
Le discours ne change pas beaucoup. Le sélectionneur nous demande de rester concentrés en permanence, et ce même si on encaisse beaucoup de buts. Lorsque l'on joue contre des équipes moins prestigieuses, il nous exhorte à tenter quelque chose. Après, il arrive souvent que le sélectionneur nous fixe comme objectif de rester à 0-0 le plus longtemps possible. Contre les grosses équipes, c'est très dur mais contre les petites équipes, on arrive à tenir plus longtemps car même si elles nous sont supérieures, elles ne sont pas habituées à devoir prendre les choses en main et faire le jeu.
« L'écart aussi bien physique que technique ne nous permet pas de jouer l'attaque »
Quelle est la philosophie de jeu de l'équipe de Saint-Marin ?
On ne peut pas nier que notre philosophie est purement défensive. L'écart aussi bien physique que technique ne nous permet pas de jouer l'attaque très souvent. De temps en temps, on adapte notre système de jeu à l'adversaire. On avait pour habitude d'évoluer en 5-4-1 mais depuis peu, on joue parfois en 4-1-4-1. De toute façon, les matches se ressemblent tous pour nous, ils sont exclusivement défensifs. Quand on joue à Saint-Marin, on essaie de jouer davantage. On essaie de profiter de l'avantage de jouer à domicile malgré toutes nos limites. On ne bénéficie pas du soutien d'un public nombreux par exemple, ça nous pénalise.
En 2006, Arsène Wenger avait proposé l'organisation de préqualifications, sorte de deuxième division européenne, car il trouvait certains matches des éliminatoires trop déséquilibrés et donc sans intérêt...
Malheureusement pour M. Wenger, le vote de Saint-Marin compte tout autant que celui des grandes nations, le système n'est pas prêt de changer. Depuis quelques semaines, Gibraltar participe aux éliminatoires et j'en suis très heureux, ça me fait plaisir que d'autres « petits » aient ce privilège. Nous méritons de participer tout autant que les autres pays. Et parfois, les petites équipes peuvent « arbitrer » un groupe en faisant perdre des points aux autres équipes.
« On a toujours envie de tirer des gros poissons »
À quoi faites-vous attention lors des tirages au sort des groupes qualificatifs ?
On espère surtout tomber sur des équipes que nous n'avons jamais eu l'honneur de rencontrer. On a toujours envie de tirer des gros poissons mais évidemment, plus l'équipe est prestigieuse, plus le risque de subir une défaite importante augmente. On est tout aussi heureux d'affronter les petites équipes, comme ça on peut espérer décrocher un résultat.
Dans l'équipe de Saint-Marin, il y a un barman, un ouvrier, un avocat, un fabricant d'huile d'olive, des comptables, des employés de banque. Et vous, quelle profession exercez-vous à côté du football ?
En ce moment, j'entraîne les U12 de la Fiorita. Mais j'ai toujours été professionnel auparavant, que ce soit avec Sassuolo, le Hellas Vérone, la SPAL, Catanzaro. Ici, à Saint-Marin, tous les joueurs sont amateurs. Vous pouvez deviner que les difficultés sont nombreuses pour notre équipe nationale. La plus évidente, c'est que les joueurs amateurs s'entraînent après avoir travaillé toute la journée !
Il n'y a que 32 000 habitants à Saint-Marin et pourtant un championnat local y est organisé chaque année. Quel est son niveau ?
Le niveau s'améliore chaque année mais notre championnat reste amateur, notamment car le réservoir de joueurs est limité. La saison dernière, nous avons remporté le titre avec la Fiorita. Alan Gasperoni, notre président, n'y est pas pour rien, il fait partie des meilleurs dirigeants du pays. Il a une vision du foot qui nous tire vers le haut et tend vers le semi-professionalisme, ce qui est très important pour un pays aussi petit que Saint-Marin.
Dans votre longue carrière, vous n'avez que très peu évolué dans le championnat saint-marinais. Pourquoi avoir finalement décidé de terminer ici ?
J'ai joué dans tellement de clubs… Peut-être trop ! La plupart du temps, je ne me sentais pas bien parce qu'il manquait un véritable projet ou parce que les dirigeants s'y prenaient mal. Je dois aussi avouer que je n'étais pas toujours suffisamment mature pour accepter des compromis. Et malheureusement, je me suis très souvent blessé, je voulais même raccrocher. Mais le projet de la Fiorita a ravivé la flamme et je suis reparti pour un tour. En plus, le président Gasperoni est un ami à moi et on peut difficilement dire non aux amis !
Sur YouTube, on peut trouver une vidéo intitulée « Andy Selva vs Messi ». Vous l'avez déjà visionnée?
Oui oui, je l'ai déjà regardé (rires). C'est un montage très amusant !
Un petit mot sur Andrea Pirlo pour finir. L'an passé, en tant que capitaine de Saint-Marin, vous avez voté pour lui au Ballon d'or. Quelques mois auparavant, en mai 2013, vous l'affrontiez à l'occasion d'un match amical contre l'Italie. Vous pouvez nous l'avouer maintenant, il vous a promis son maillot en échange de votre vote, c'est ça ?
Pour moi, Andrea Pirlo est un des meilleurs joueurs du monde à son poste et il méritait tout simplement de remporter le Ballon d'or. Et en effet, nous avons échangé nos maillots ce jour-là mais je vous promets que nous n'avons pas parlé du Ballon d'Or (rires) !
Arnaud Di Stasio
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Jérôme Rothen : « J'ai pas hésité à mettre le ballon dans la tête d'un entraîneur qui m'avait mis sur le banc » (1/2)
Jérôme Rothen, c'est l'une des plus belles pattes gauche de l'histoire du championnat de France. Hors du pré vert, cela dit, le natif des Hauts-de-Seine se trimballe une réputation de grande gueule, moins brossé que les caviars qu'il envoyait autrefois à Loko, Morientes et Pauleta, loin du langage policé et redondant du footballeur lambda. Jérôme Rothen, c'est aussi une carrière qui a parfois un arrière-goût de « presque » : presque champion d'Europe avec Monaco, presque titulaire lors de l'Euro 2004 (sa seule grande compétition internationale avec les Bleus), presque resté dans l'histoire du PSG. Cette carrière est surtout celle d'un homme entier. Et ça n'a pas changé. Une preuve ? « Quand j'ai un truc à dire, je le dis », envoie-t-il en préambule. Aujourd'hui, Jérôme Rothen est consultant sur beIN SPORTS et se préparerait à une reconversion dans le costume d'entraîneur. Nous avons décidé de faire le bilan de sa (première) carrière avec lui, en deux parties. La première moitié de notre entretien aborde son enfance, sa formation et ses premières années de footballeur pro, jusqu'à son départ pour Monaco.
Dans quel type d'environnement as-tu grandi ?
Je suis né à Châtenay-Malabry, dans une clinique qui n'existe plus aujourd'hui. Après, j'ai grandi à Meudon, toujours dans les Hauts-de-Seine. Mes parents y habitent toujours. Ils étaient enseignants tous les deux. Meudon, c'est une bonne banlieue : tu es proche de Paris mais tu te sens un peu en province, aussi. Je m'y suis éclaté, mais il faut dire que je n'y suis pas resté longtemps : à treize ans, je suis parti à Clairefontaine. Les souvenirs sont loin, mais j'en ai encore.
Ils enseignaient quoi, tes parents ?
Ma mère a commencé en tant que prof de français, dans un collège à Sèvres. Ensuite, elle est devenue directrice d'école primaire. Mon père, lui, était prof de maintenance dans un lycée professionnel à Meudon. J'ai partagé d'excellents moments avec eux, avoir des parents enseignants, ça veut dire passer des vacances ensemble. J'étais loin d'être livré à moi-même.
Et à l'école, ça allait ?
Oui, très bien. J'étais obligé de bien travailler, ma mère était toujours à l'affût des notes et de tout le reste, dès l'âge de treize ans quand je suis parti à Clairefontaine. C'était toujours « les études, les études ». Ça m'a permis d'avoir le Bac... alors je ne dis pas qu'avec le Bac t'es un génie, mais je sais que ça me sert encore aujourd'hui. Ça me sert à travailler dans les médias. La façon de parler, éviter de faire des fautes de français... ça sert, quand même. Même si mon père, dans un sens, a toujours privilégié le foot. Il ne parlait que de ça.
Tu as attrapé le virus très tôt ?
À l'âge de deux ou trois ans, il paraît que je prenais toujours le ballon avec le pied gauche, je frappais dès que je voyais une balle dans les parages. J'ai fait du foot en club, à l'AS Meudon, dès quatre ans et demi, alors que normalement on débute avant six ans. De fil en aiguille, ça a pris, j'étais un vrai passionné. À l'époque il n'y avait pas tant de foot à la télé, juste Canal+. Mes parents n'étaient pas abonnés, mais j'essayais toujours de regarder les matchs, même quand ils étaient diffusés en crypté.
Tu dis que ton père privilégiait le foot. Il envisageait une carrière, plus jeune ?
Il a joué à un bon petit niveau, en DH, gardien de but. Il n'a peut-être pas eu l'opportunité de franchir le cap, mais il était bon. En fait, dans ma famille, c'est mon grand-père maternel qui était l'exemple à suivre : il était semi-pro à son époque, il a joué à un bon niveau, en troisième division. Il a d'ailleurs failli signer à Saint-Etienne. Ça ne s'est pas fait parce qu'il avait un boulot et qu'il a préféré le garder et rester en région parisienne. Il a privilégié sa famille et son travail : le foot n'était pas professionnalisé comme aujourd'hui. Il a joué jusqu'à l'âge de quarante-cinq ans. D'abord attaquant, puis avec l'âge, il est passé libéro. Malheureusement, il est décédé au tout début de ma carrière, mais quand j'évoluais dans les équipes de jeunes, il m'a donné pas mal de conseils.
« On était mille gamins au début, puis ensuite quatre-cent, puis j'ai fini par me prendre au jeu. »
La décision de partir à Clairefontaine a été facile à prendre pour ta famille ?
En fait, ça s'est fait petit à petit. J'ai d'abord participé à un stage de détection à Clairefontaine, pour représenter les Hauts-de-Seine. C'était un tournoi de trois jours, à la suite duquel notre entraîneur m'a remis un papier qui disait « presélection pour l'INF Clairefontaine ». Moi, je le mets dans le sac, mais vraiment sans y penser. En fait, c'était mon père qui m'avait inscrit. Il m'a dit, « tiens tu vas faire un stage à Clairefontaine ». Et ça a commencé comme ça. J'ai passé les étapes, sans me prendre la tête. On était mille gamins au début, puis ensuite quatre-cent, puis j'ai fini par me prendre au jeu.
Sans pression ?
Je me souviens, quand j'étais gamin, j'achetais toujours les albums Panini. Et à la fin de chaque album, tu avais une page qui t'expliquait le cursus à suivre pour devenir footballeur professionnel. Je m'en souviendrai toujours. Tu avais deux voies, en fait, pour les jeunes. D'abord il fallait évoluer de club en club, jusqu'à arriver au meilleur club de ta région, puis ensuite le cursus se séparait en deux : soit tu allais en centre de formation, soit tu passais par l'INF Clairefontaine. Ça s'appellait l'INF Vichy d'ailleurs à l'époque, Clairefontaine n'existait pas encore. Je me suis attaché à suivre cette voie-là, ça me tenait à cœur d'y arriver. T'imagines, vingt-trois sélectionnés sur mille gamins ? Et même après avoir été sélectionné, ce n'est pas gagné, ils te le disent d'emblée : dans un groupe de vingt-trois, tu n'en as que un ou deux qui deviennent professionnels. Au total, sur les vingt-trois, seuls dix-huit ont intégré un centre. Et au final, seuls cinq joueurs pros sont sortis de notre promotion : trois internationaux, Thierry Henry, William Gallas et moi-même, et deux autres joueurs de Ligue 2. Et encore, moi je suis parti au Stade Malherbe de Caen, ce n'était pas un immense centre de formation, on était une vingtaine d'internes, alors que tu as des centres où ils sont quatre-vingt, comme à Auxerre. Et sur quatre-vingt, tu en as peut-être deux qui réussissent, et le reste qui passe à côté.
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Une fois ton cursus à Clairefontaine terminé, tu avais beaucoup d'offres sur la table ?
Il y en avait deux : Caen et Martigues. Martigues était en D1 à l'époque. J'ai choisi Caen parce que c'était plus proche de Paris, et que cette année-là, on était six de Clairefontaine à partir pour Caen, dont William Gallas. Quand tu pars à six, tu n'es pas dans l'inconnu, tu arrives en force. Au final, jusqu'ici, mes parents n'étaient pas loins de moi : Clairefontaine et Meudon, c'est quarante kilomètres de distance. Ils pouvaient venir le mercredi... tandis qu'à Caen, j'étais livré à moi-même. Pour notre adaptation, c'était mieux de partir en groupe.
Le centre de formation, tu l'as bien vécu ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas toujours évident...
On avait l'avantage de vivre dans une grande maison, et de ne pas vraiment se sentir dans un centre de formation. C'était géré par un couple et ses enfants. On avait vraiment l'impression d'appartenir à une deuxième famille. Ce n'était pas un centre de formation avec de grands bâtiments, un directeur de centre et des surveillants. Autant à Clairefontaine c'était exactement ça, autant à Caen, pas du tout. On dit parfois que « le football, c'est une grande famille »... ce qui est loin d'être toujours vrai. Mais je peux te dire que dans cette maison, on vivait effectivement comme dans une grande famille.
« Quand t'as seize ans, tu penses au foot, mais tu peux aussi penser aux gonzesses, à sortir. »
Comment ça ?
Quand l'un d'entre nous n'allait pas bien, leur porte était toujours ouverte. Ils avaient un grand appartement au premier étage avec leurs enfants : la porte était littéralement toujours ouverte. Il n'y avait pas de barrière. Quand on avait des périodes de doutes... et c'est arrivé à plus d'un, entre les blessures, l'éloignement, le fait de ne pas jouer, Florence et Christophe ont toujours été là. Même ceux qui n'ont pas réussi après le centre, ils se souviennent de ces moments. Ce sont de très bons souvenirs. Je les ai eus par moments au téléphone, et quand je suis revenu jouer à Caen l'an dernier, je les voyais. Maintenant, Caen a investi dans un « véritable » centre de formation. Cela dit, Florence y travaille toujours.
Et avec tes camarades, ça allait ?
Certains avaient seize ans, d'autre dix-huit, pas mal de disparités de niveau et de temps de jeu, mais on se retrouvait tous à table, ensemble, avec la famille. Les chambres étaient toujours ouvertes, tu pouvais aller n'importe où, chose qui n'était pas répandue à l'époque. Je le sais pour avoir discuté avec beaucoup de joueurs. Il n'y avait pas d'horaires fixes, alors que d'habitude, c'est extinction des feux à dix heures et basta. On était un peu livrés à nous-mêmes, ce qui a de bons et de mauvais côtés : certains joueurs ont commencé à dévier, ils se sont égarés en route. Et s'ils avaient eu des gens pour leur dire « dis-donc toi, à 22 heures, t'étais où? », ça se serait peut-être passé différemment pour eux. Ça leur aurait rendu service.
Tu t'es tenu à carreau ?
Disons que je savais ce que je voulais. Mon but, c'était de devenir joueur de football professionnel. J'étais obnubilé par ça, ce qui n'était pas le cas de tout le monde. Quand t'as seize ans, tu penses au foot, mais tu peux aussi penser aux gonzesses, à sortir. Puis Caen, c'est une ville étudiante, ça bouge, il y a des sollicitations. Il faut savoir dire « non ».
Et toi tu disais non ?
Oui. Même quand j'ai eu mon propre appartement deux ans plus tard, j'étais à fond dans le truc, imperturbable. Ça ne m'a pas empêché de faire la fête après les matchs, le week-end, mais jamais avant un match, jamais la semaine. Et de l'autre côté, j'avais les études, avec ma mère qui me cassait les bonbons en me disant « attention, si les notes baissent, tu reviens à la maison ». Mais ça n'a pas toujours été facile hein, attention.
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Ça a dû engendrer pas mal de frustrations ?
Des sacrifices, j'en ai fait. Mes journées étaient découpées comme celles de quelqu'un qui bosse, qui rentre dans la vie active : j'allais à l'école le matin, à l'entraînement le soir, puis je faisais mes devoirs, je mangeais et je me couchais dans la foulée, de bonne heure. J'avais déjà une vie rangée. Puis il fallait faire attention à ce que je mangeais, ne surtout pas aller au McDo ou avaler des pizzas : j'essayais de garder une hygiène de vie qu'on m'avait inculquée dès l'âge de treize ans à Clairefontaine. Je voyais mes amis d'enfance de Meudon qui, à seize ans, n'avaient la même vie que moi. C'était « vivement le week-end », ils allaient faire la fête. Le sacrifice le plus lourd dans tout ça, c'est qu'à l'arrivée, je regrette de ne pas vraiment avoir eu d'ami. Alors qu'à seize ans, normalement, des amis tu en as plein.
« Moi, mon horreur, c'était l'anglais : j'étais plus un matheux qu'un littéraire. »
Tu as senti le contre-coup de ça, de ces années de privation, lorsque ta carrière a débuté ?
Je n'ai pas vraiment eu le temps. Déjà, il y avait la fierté d'avoir réussi. Puis surtout, je me suis toujours fixé des objectifs élevés. Pour moi, ce n'était pas une fin en soi de jouer à Caen en Ligue 2. Je voulais connaître la première division, le haut niveau.
Est-ce que déjà, à l'adolescence, tu avais ce côté « grande gueule » ?
(catégorique) Ouais. Toujours, ouais. J'étais un peu le rebelle. Surtout que ça ne correspondait pas à mon physique : j'étais petit et frêle, avec un retard de croissance. Mais je ne lâchais rien, je n'acceptais pas l'injustice. À l'école, c'était pareil : s'il fallait dire « merde » à la prof, je lui disais. Je me suis fait virer de deux lycées à Caen, quand même. Les réflexions du type « vous pensez trop au football », je les trouvais injustes. Certes, le foot prenait une grande place par rapport aux études, mais quand la prof te le balance devant tout le monde, c'est difficile à avaler. Moi, mon horreur, c'était l'anglais : j'étais plus un matheux qu'un littéraire. À force de me prendre des réflexions, je répondais. Et sur le terrain, avec les entraîneurs, c'était la même chose. J'ai pas hésité, alors que j'avais treize ans, à mettre le ballon dans la tête d'un entraîneur qui m'avait mis sur le banc...
Pourquoi ?
Parce que je trouvais ça injuste.
Mais tu ne t'es pas fait virer ?
J'ai pris une sorte de blâme, un avertissement.
C'est bizarre d'avoir ce sens du sacrifice, du contrôle dans l'hygiène de vie, et pourtant de ne pas hésiter à tout mettre en péril sur un coup de tête.
C'est mon tempérament. Je ne me retenais pas, parce que le fait d'être comme ça m'a permis de manger sur la tête de certains. Il ne faut pas avoir peur de le dire : le foot, c'est un sport collectif, mais c'est avant tout un milieu très individualiste. Si tu ne penses pas à ta gueule à un moment, tu passes à côté. Et donc si quelqu'un te marche dessus ou commet une injustice, tu lui dis, que ce soit un joueur ou un entraîneur. Alors oui, ça m'a porté préjudice parfois, j'ai pu prendre du retard à cause de ce tempérament. Mais au final, ce tempérament, il m'a servi à franchir les paliers comme il fallait.
Et d'où vient-il, ce tempérament ?
(il hésite) Eh bien... j'ai un côté breton. Les bretons, en général, ils ont un peu la tête dure. Ça me vient de ma mère, qui a la tête dure, je peux te le garantir. Et la passion du foot, elle me vient de mon père. C'est un bon compromis.
« Quand je suis arrivé à Troyes, Alain m'a mis sur le banc. J'ai commencé à m'exciter. »
Tu restes ensuite deux années à Caen en Ligue 2, et là, tu décides de partir à Troyes. Pourquoi ?
J'aurais voulu connaître la Ligue 1, du moins la D1 à l'époque, avec le Stade Malherbe. Malheureusement, on a raté la montée pour rien, deux années d'affilée... On finit quatrième, à la place du con. On a raté des points en fin de saison. J'ai fini dans les meilleurs joueurs de D2 et dans l'équipe-type. Vahid Hallilodzic était à Lille, il me voulait. Il voulait la paire Tafforeau-Rothen. Tafforeau, il a fini par l'avoir. Financièrement, Caen réclamaient beaucoup d'argent pour avoir la paire. Lille m'a aussi fait une proposition directement, je n'étais pas loin d'accepter, mais j'ai eu un entretien avec Alain Perrin, qui entrainait Troyes. Il a été convaincant.
Qu'a-t-il dit ?
Il a dit que j'avais un palier à franchir, qu'il était important pour moi de connaître la D1 mais surtout de m'imposer, que Troyes avait une équipe assez joueuse qui pouvait me correspondre dans le style de jeu, plus qu'à Lille où Vahid demande presque du kick and rush. Et surtout, Troyes a fait l'offre avant Lille. Caen a essayé de me bloquer. Le LOSC proposait 5 millions de francs pour le transfert. L'offre était raisonnable : deux années plus tôt, Gallas avait été transféré pour 4,5 millions de francs. Donc ils me vendaient bien. Je ne connaissais pas la ville, ni le club, mais Alain a été bon dans son discours et j'ai tout de suite dit oui.
Tout se passe bien d'emblée à Troyes ?
Ce n'était pas facile au début. Tu es un peu la starlette de la D2 et quand tu arrives en D1, il faut te faire ta place. Il faut savoir que je suis un compétiteur : même à 18 ou 19 ans, j'avais envie de jouer tous les matchs. Quand je suis arrivé à Troyes, Alain m'a mis sur le banc et je ne comprenais pas. J'ai commencé à m'exciter. Alain m'a dit : « Il faut que tu t'adaptes. Ça va prendre du temps mais le jour où je fais appel à toi, si je suis content, il n'y a pas de raison que tu sortes de l'équipe ». J'ai été patient jusqu'à la quatrième journée : on reçoit Paris et il me met titulaire dans le couloir gauche. Je fais un bon match, je marque mon premier but. Ça m'a lancé, ça m'a donné confiance, j'ai senti que j'étais en train d'exploser au fur et à mesure. Alain m'a changé de position au fil des matchs. Tactiquement, j'ai eu un bagage plus important qu'à Caen, où j'étais cantonné sur le côté gauche. Là, on jouait en 3-5-2, en 4-4-2, en 4-3-3. Ça m'a donné un peu plus de volume de jeu et une panoplie tactique plus intéressante. Au final, on a fait une année extraordinaire, en finissant cinquièmes. Pour un club comme Troyes, c'est quand même fantastique.
Jérôme Rothen, l'ancien Troyen... par ESTAC_TV
Ça se passe comment avec Alain Perrin ? Il était réputé pour ne pas mâcher ses mots, lui aussi.
Avec Alain, il y a beaucoup d'estime de part et d'autre. En revanche, c'est « je t'aime moi non plus ». Il y a des moments de crise. On s'est un peu chopé le bec. Il est dur dans son discrours, il est dur dans le travail. Parfois, c'est à la limite du respect. Je respecte tout le monde, mais j'avais 20 ans, je n'acceptais pas qu'on me parle mal. Il y a eu quelques moments chauds entre nous, mais il ne m'a jamais tenu des rigueurs des propos que j'ai pu avoir. À l'arrivée, on a réussi à bosser correctement. Il a été réglo.
Qu'est ce qu'il t'a apporté ?
Tactiquement, beaucoup de choses. Humainement... pas forcément beaucoup de choses (rires). Ce n'est pas un entraîneur pédagogue, il est militaire. Parfois, c'est usant. En revanche, les animations de séance étaient bonnes. On a souvent changé de tactique, on faisait toujours en fonction de l'adversaire. C'est intéressant quand tu es joueur, de passer d'une tactique à une autre. Je me suis même retrouvé à jouer milieu droit avec Alain Perrin. Mais j'étais obligé de passer par là pour passer un cap et pouvoir jouer dans un grand club par la suite. J'ai gagné en volume de jeu. Quand tactiquement, ton bagage est plus important, physiquement, tu le ressens.
L'année suivante, vous jouez la coupe Intertoto et parvenez jusqu'au bout, vous qualifiant pour la coupe de l'UEFA. Pourtant, tu pars au mercato d'hiver. Pourquoi ne pas être resté plus longtemps ?
Je suis resté pour jouer la coupe d'Europe. On a passé deux tours en UEFA et on s'est fait sortir par Leeds, qui avait fini deuxième du championnat d'Angleterre la saison précédente. Ça s'est joué à pas grand-chose. Du coup, je me suis dit qu'il n'y avait plus d'objectif, sachant qu'on ne serait pas champion avec Troyes. J'ai eu des appels d'Arsenal, mais Arsène voulait me prendre au mois de juin, il fallait que j'attende six mois... Et puis quand Didier Deschamps m'a appelé, ça a été catégorique.
Monaco plutôt qu'Arsenal ?
Didier me dit : « Je sais que tu as une clause libératoire, on va la faire jouer, je vais te faire passer un cap, tu vas passer de Troyes à Monaco, il y a un monde d'écart entre les deux, tu vas t'en rendre compte mais je compte sur toi, je veux que tu deviennes un leader ». Sur le moment, je me dis que ça va un peu vite, mais son discours m'a plu. Et puis c'était Didier Deschamps. Quelques années avant, il était champion d'Europe. Il venait d'arrêter sa carrière de joueur. Je me suis dit : « respect ». Quand tu entends sa voix au téléphone, tu te dis « oh la la la, allez vas-y, on y va ». Et puis Monaco, ça reste Monaco. Mais pour autant ça a été dur, parce que Troyes n'a pas voulu faire jouer la clause libératoire en jouant sur des détails, comme quoi elle n'était valable qu'en fin d'année. Alain me disait : « On dit non au transfert, tu ne seras pas transféré ». Du coup, je ne suis pas allé au stage de préparation d'une semaine, organisé en janvier dans le sud de la France. Alain m'a attendu sur le quai du train. Il aurait pu m'attendre longtemps : je n'y suis jamais allé. Le fait que je ne vienne pas, ça a accéléré les choses. Quarante-huit heures plus tard, ça s'est fait. Alain ne m'en a pas tenu rigueur. Je l'ai recroisé sur les terrains, on en rigolait. Il savait qu'il allait me perdre au bout d'un moment.
Anthony Mansuy
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Le jour où l'OM a envoyé ses minots disputer le Clasico
Le PSG-OM du 5 mars 2006 restera une date à part dans l’histoire des Clasicos. Ce jour là, pour des raisons de sécurité, le président marseillais Pape Diouf refuse d'envoyer son équipe première au Parc des Princes. Le onze bleu et blanc est donc constitué de jeunes et de remplaçants. Pape Diouf et les joueurs Alain Cantareil, Garry Bocaly et Anthony Flachi reviennent sur cette journée exceptionnelle.
« C’était un match très particulier en ce sens que la polémique a pris le dessus sur le match lui-même. » C’est ainsi que Pape Diouf décrit aujourd’hui le clasico du 5 mars 2006 au Parc des Princes. Replaçons-nous dans le contexte : en 2006, les tensions entre les supporters de chaque camp sont au paroxysme. Diouf, alors président du club phocéen, estime que les mesures de sécurité et les quotas de places prévus pour les supporters marseillais sont insuffisants. Et l’ex journaliste de prendre une décision drastique : puisque les vrais supporters marseillais ne seront pas du déplacement, le « vrai » OM ne sera pas non plus de la partie. Le club alignera une équipe de jeunes de la réserve, renforcée par le bout du banc de l’équipe première : Cédric Carasso dans les buts, André Luiz, Renato Civelli et l’uruguayen Gimenez. Canal + s’étrangle de voir ainsi soldé son principal produit d’appel. Mais le match, lui, a bien lieu. Et pour les six minots qui font partie du voyage, cette partie a clairement des allures de match d’une vie.
Un cadeau dont Garry Bocaly, 17 ans à l’époque, apprend l’augure à la sortie des cours. « Je sortais d’un bac blanc. Je prenais la navette pour me rendre à l’entraînement de la réserve. C’est le coach de la CFA qui m’a appelé pour me dire : dimanche tu joues pas en CFA. Tu seras dans la couloir droit, au Parc des Princes, contre le PSG » Anthony Flachi, 20 ans en 2006, apprend carrément la nouvelle à la radio : « Je n'y croyais pas du tout, je pensais à un coup de bluff du président. En fait j'étais sûr qu'on allait nous dire que finalement, les pros joueraient le match. Je l'ai pensé jusqu' à notre arrivée à Paris. » C'est désormais une certitude : Ribéry, Nasri, Barthez et les autres resteront à Marseille.
Alain Cantareil, quant à lui, fait partie du groupe pro, mais à 22 ans il n’a que trois matchs de Ligue 1 au compteur. Dégoûté, il venait pourtant d’apprendre qu’il n’était pas retenu pour le Clasico. Il se trouve alors chez le coiffeur quand le téléphone sonne. « On m’a demandé de vite me rendre à la Commanderie [le centre d'entraînement de l'OM, ndlr]. Il y avait déjà beaucoup de médias, mais rien n’avait encore été annoncé. » Pour le défenseur, l’histoire prend un tour spécial : très proche du groupe jeunes et membre de l’équipe pro, il hérite du brassard. « J’aurais porté dans ma vie une fois le brassard en Ligue 1. Pour un PSG-Marseille ! » À la fin du match, c’est d'ailleurs lui qui présentera un par un ses camarades en conférence de presse.
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De fait, la préparation pour l’événement est pour le moins sommaire : un seul entraînement, dirigé par Albert Emon, l'adjoint de Jean Fernandez, qui ne sera pas non plus du déplacement. Carasso, Civelli et les autres tentent de se montrer rassurants avec les minots. « Ils nous ont conseillé. Ils nous ont surtout dit de ne pas jouer le match avant dans nos têtes » se souvient Bocaly. Histoire de marquer le coup et de renforcer l’aspect dérisoire du match, Diouf fait voyager les minots en TGV, quand les pros ont traditionnellement droit à l’avion à chaque passage dans la capitale. L’accueil en gare de Lyon est un sacré choc pour le joueur de 17 ans. « Quand t’arrives à la gare et que tu trouves cent CRS qui t’attendent pour t’escorter, tu te rends vraiment compte de ce dans quoi tu te retrouves. »
Au Parc, jusqu’au bout, Pape Diouf assume ses actes : « J’avais pris ma décision et j’étais prêt à en assumer les conséquences. Je voulais marquer le coup par rapport à des principes d’égalité qui n’avaient pas été respectés. » Mais face à ces six jeunes qui s’apprêtent à faire leurs débuts en pro, il faut bien tenir un discours. Albert Emon, Pape Diouf et José Anigo prennent tous les trois la parole. Thème de la causerie : vous n’avez rien à perdre. Flachi raconte plutôt avoir eu la sensation que la direction du club n'y croyait pas. « On nous demandait de "porter haut les couleurs de l'OM", d'essayer de tenir, mais de ne pas nous décourager si on prenait un ou plusieurs buts. Ils essayaient sans doute de nous épargner une pression supplémentaire, mais je pense sincèrement que personne n'y croyait comme nous y croyions, nous les joueurs. »
Le capitaine d’un soir, Alain Cantareil, confirme : « J’ai pris la parole aussi pour dire aux joueurs que c’était notre moment de gloire, notre coupe à nous. On nous répétait que ce n’était pas grave d’en prendre 6 ou 7, que ce serait normal. Mais nous avions notre orgueil. » Car les minots, portés par l’envie et l’insouciance, ont bien l’intention de faire un coup, même si à quelques minutes du coup d’envoi, la pression leur tombe dessus comme un couperet « Nous étions impressionnés » avoue Bocaly. « Dès l’échauffement dans le stade c’était quelque chose. On se retrouvait à affronter les joueurs qu’on voyait à la télé, des internationaux comme Pauleta. »
Mais les parisiens de l’époque Guy Lacombe sont loin d'être au top, et ont tout à perdre ce soir-là. Sur le terrain, Bocaly a eu l'impression d'affronter une équipe qui « jouait un match de coupe de France ». De son côté, Cantareil n’est pas près d’oublier la tape dans le dos donnée par le capitaine parisien Pauleta. « C’était très sympa, mais ça disait bien qu’ils n’avaient pas l’impression d’être dans un match normal. » Flachi, qui débute sur le banc, est plus sévère encore : « J'avais l'impression qu'ils jouaient un match d'entraînement, sans pousser leurs actions, sans impact dans les duels. Ils nous ont clairement pris à la légère. »
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Les gamins s’accrochent, les parisiens jouent chloroformés et le match est d’un ennui sans nom. Diouf le reconnait : « Marseille a défendu 90 minutes. » 0-0 à la mi temps. « Après la mi-temps, c'était différent : tout le monde était convaincu qu'on repartirait avec un point » se souvient Flachi, qui rentre d'ailleurs à la 54eme minute. « C'est un grand moment : avant de rentrer, j'ai quelques secondes pour imaginer mes amis, ma famille devant leur télé. » Huit ans après, en discutant avec lui, on se rend compte qu'il se souvient de chaque action menée sur le terrain, avant sa sortie, 25 minutes plus tard, à la suite d'un claquage aux ischio-jambiers. Si les minots ne feront pas trembler les filets du parc, leur ténacité finit par faire déjouer les pros parisiens. « Je me rappelle d'une passe de Rozehnal, à quinze mètres, sans opposition, qui finit en touche, et tout le stade qui siffle » envoie Flachi. « C'est le genre d'action qui nous permettait de nous dire : ça sent bon ! »
Le Parc vexé finit même par applaudir les jeunes phocéens. « Il y a eu un corner dés la fin de la première mi temps où le public a sifflé les parisiens » se remémore Cantareil. « Là je me suis dit : si les supporters les prennent en grippe, ils sont cuits. Mais il fallait rester concentré jusqu’au bout, car des joueurs comme Pauleta pouvaient faire la différence à tout moment. On a su former un vrai bloc équipe. » Et l’impensable se produit : les minots ramènent un point de la capitale. Sur le terrain, même les pros plus expérimentés sautent comme des cabris et prennent les jeunes pousses dans leurs bras. Diouf n’est pas mécontent de son coup, même si huit ans après, il maintient que sa position de principe primait avant tout. « Les jeunes se sont bien battus, ils ont été héroïques. Mais il s’agissait moins de ça que de l’application d’un principe. Il s’est trouvé que les gars ont ramené un point. Très bien. Mais même si on avait dû perdre 3-0, 4-0 ou plus, j’aurais assumé. »
Les minots OM-PSG gare dennoun bocaly... par clecle2b
Dans les vestiaires, c’est le feu. Les héros n’ont encore rien vu. De retour à la gare Saint Charles, Marseille accueille ses enfants en triomphe. « C’était un moment encore plus beau que le match lui-même » affirme Cantareil, qui précise que « hier encore des gens m’ont félicité pour ce match. » Flachi, lui, est encore saisi d’émotion à l'évocation de ce souvenir. « Il n'y a qu'à Marseille qu'on peut voir ça. Nous avons été accueillis comme si nous avions gagné la Champion's League. Un grand moment de bonheur. Sur la route qui nous ramenait au centre d'entraînement, il y avait des drapeaux aux fenêtres, des gens qui nous applaudissaient, une voiture a même suivi le bus en klaxonnant jusqu'à la Commanderie... C'était démesuré. »
La suite de l’histoire diffère selon les cas. Les héros du Parc se sont petit à petit perdus de vue. En 2014, un seul minot, Garry Bocaly, est encore sous contrat pro à Arles-Avignon. Le défenseur se souvient de ce match comme une étape importante d’une carrière réussie. « C’était mon premier match en pro, ça m’a permis de passer un palier et de rejoindre plus régulièrement la réserve. » Et si ce match reste un souvenir marquant de son parcours, l’arrière droit a aussi connu les joies de la Ligue des Champions après un titre de champion de France obtenu avec Montpellier en 2012.
Cela dit, pour Flachi comme pour beaucoup, cette expérience du haut niveau restera sans lendemain. Son claquage lui pourrit sa saison, et après un passage à Fréjus en CFA, deux ruptures des ligaments du genou ont raison de ses rêves de foot. « C'est un souvenir mitigé, d’un point de vue personnel, il s'agit un peu d'un rendez-vous manqué : je n'ai pas vraiment eu l'occasion de me mettre en évidence ». Alain Cantareil, qui vient de relancer le tournoi international de football de Marseille, a mis un terme à sa carrière en juin dernier. Il jouait à Istres, en Ligue 2. « L’important, c’est qu’on ait vécu ce match incroyable. On fait du foot pour vivre des émotions, et ce jour là on a été servis. Le lendemain du match, je demandais ma femme en mariage ! Aujourd’hui, nous avons trois enfants. » Et c'est toujours ça que Paris n'aura pas.
Vincent Guillot
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starexperience · 9 years
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Le jour où une ancienne mannequin est devenue arbitre
Le nom de Claudia Romani ne vous peut être pas grand chose. Pourtant, cette jeune femme de 32 ans a eu une carrière de mannequin plutôt réussi et a régulièrement fait la couverture de magazines comme GQ ou Maxim.
Dans le monde du football, ce CV pourrait être celui d'une femme de footballeur (parfois appelé WAGS). Pourtant, l'ex-mannequin vient d'obtenir le diplôme permettant d'arbitrer des matchs officiels en Italie. La native de L'Aquila déclarant que "courir avec tous les acteurs du jeu est une opportunité en or ".
On espère pour elle que les italiens seront assez ouverts d'esprits pour la laisser lancer sa carrière d'arbitre.
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starexperience · 9 years
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Le jour où Emirates et la FIFA ont rompu
En 2006, la FIFA et Emirates signent un partenariat faisant de la compagnie aérienne l'un des top sponsors de la fédération internationale, lui permettant notamment de parrainer la Coupe du Monde. Le mariage est beau, joyeux et se cristallise en ces mots : « Le football a un pouvoir d’unification sans égal dans le monde du sport et Emirates, compagnie aérienne mondiale, est fière de son association avec l’organisme international de réglementation de ce jeu, la FIFA ». Huit années plus tard, c'est par une autre déclaration laconique que la compagnie vient d'officialiser le divorce : « Emirates confirme sa décision de ne pas renouveler son partenariat avec la FIFA après 2014, suite à l'évaluation de la proposition contractuelle de la FIFA. En effet, cette dernière ne répondait pas aux attentes d'Emirates ».
La fin de ce partenariat ne fait pas disparaitre Emirates de la planète football puisqu'avec un budget de plusieurs centaines de millions d'euros par an, la compagnie sponsorise notamment le PSG, le Real de Madrid, Arsenal, le Milan AC, Hambourg, Benfica Lisbonne, l'Olympiakos ou encore le Cosmos de New-York.
Concernant la FIFA, la fin de ce partenariat (et probablement de celui avec Sony) devrait être remplacé par des collaborations avec Qatar Air et Samsung.
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starexperience · 9 years
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Le jour où Bielsa a pleuré toutes les larmes de son corps
Sur le banc de l'Olympique de Marseille, Marcelo Bielsa fait preuve d'une impassibilité inébranlable alors que ses joueurs enchaînent les bonnes performances. Mais en Argentine, aux commandes des Newell's Old Boys de Rosario, El Loco est passé par les émotions les plus folles. Et surtout ce jour du 17 juin 1992, où il a pleuré toutes les larmes de son corps.
Marcelo Bielsa a 35 ans lorsqu'il dirige son premier match à la tête d'une équipe première, et déjà, sa marge d'erreur est infime tant le club est à la limite de la zone de relégation : nous sommes en juillet 1990 et il vient de reprendre les Newell's Old Boys, son club de cœur, dont il entraînait jusqu'ici les jeunes. Très vite, « El Loco » impose son dialecte et les inquiétudes des prémices de la saison s'effacent devant les exploits qui s'enchainent. Un onze type se dessine à mesure que l'équipe progresse et ne tremble même pas lorsqu’une défaite survient contre le favori River Plate. Pour Ariel Senosiain, journaliste et auteur d'une biographie de l'entraîneur : « L'équipe de Bielsa a réussi à trouver son identité, elle a fait monter la passion et la ferveur du public. »
Son équipe finira championne et Bielsa, loin de l'homme impassible que l'on connaît aujourd'hui, exulte lors de la dernière journée. Jeune et fougueux. Il laisse alors pour la première fois exploser son émotion avec un cri qui secoue toute l'Argentine : on le voit fêter le titre au milieu des supporters, un maillot rouge et noir dans les mains, hurlant comme un fou son amour pour le club. « Peu de temps après, il a raconté qu'il avait honte de cette époque et que maintenant il ne doit plus faire transparaître ses émotions » nous apprend Ariel Senosiain.
Et pour cause : ce triomphe fait de Bielsa la grande star de Rosario mais après avoir touché le ciel du doigt, le sort va (brièvement) s'inverser. Plusieurs joueurs s’en vont, attirés par l'Europe. D’autres se blessent et le club connait un début de championnat catastrophique. Senosiain se souvient des débuts des Old Boys en Copa Libertadores : « Le premier match de poule fut à l’image de ce que produisait l’équipe depuis le début de cette saison : désastreux. Bielsa l'a terriblement mal vécu et a choisi ce moment de doute pour apporter de profonds changements à son équipe. » Certains joueurs gagnent une place de titulaire, d’autres changent de poste, et un certain Gerard « Tata » Martino obtient les clés du jeu. Seul le système en 3-4-3 est indiscutable. Coup de baguette magique ou non, ces changements vont vite porter leurs fruits et les Old Boys retrouvent l’espoir d’une qualification en huitièmes de finale de Copa Libertadores.
Le calendrier réserve cependant une gênante surprise à Bielsa : en 24 heures, les coéquipiers de Tata Martino ont dû remporter le derby de Rosario et puis, à deux heures d’avion de là, s’emparer de la première place de leur poule en Copa Libertadores. Partant de ce double exploit, les protégés d’El Loco vont connaître un moment de grâce. En championnat comme en Copa Libertadores ils sont intouchables, comme si le poison Bielsa ne connaissait pas d’antidote. Et même lorsque leurs adversaires les poussent jusqu’aux pénaltys comme ce fut le cas en quarts et en demi-finale, le destin choisit le camp des rouge et noir.
Le jour le plus triste
Quand le Newell’s se présente en finale face au São Paulo FC de Raí et Cafú, le football selon Bielsa s’étale sous les yeux de tout le continent sud-américain. L'équipe est pleinement remise de ses blessures du début de saison. Ses méthodes sont scrutées et son talent est reconnu par tous les observateurs. Ses hommes remportent le match aller par la plus petite des marges mais souffrent terriblement : la cuvée 1992 du São Paulo FC est un colosse qui défait tout sur son passage.
La première mi-temps du match retour, organisée le 17 juin 1992, est un enfer pour le Newell's. Les adversaires récitent leur football et les joueurs de Bielsa, impuissants, ne se procurent qu'une seule petite occasion qui finit sur la transversale. Et si Bielsa fait alors le choix de sortir Tata Martino, son meneur de jeu, à la mi-temps, c'est que ce dernier livre une bien mauvaise prestation pour le match le plus important de l'histoire du club. En seconde mi-temps, les assauts se multiplient sur le courageux gardien Scoponi. Rai envoie au fond des filets le pénalty commis par Gamboa et les deux équipes doivent se départager aux pénaltys sans passer par les prolongations.
Oubliez le Bielsa que vous connaissez de Marseille, indifférent, assis sur sa glacière ou faisant les cent pas en buvant son café peinard. Le voilà qui s’agite, hurle, s’agenouille devant un suspens plus fort que lui. L'échec de Berizzo met d'emblée le club de Rosario à la traîne. Et lorsque Cafù marque le quatrième penalty de Sao Paulo, les brésiliens mènent 3-2. Le buteur des Old Boys Mendoza manque lui aussi son tir. Les espoirs reposent alors sur Gamboa, encore lui. La tension est à son maximum, Bielsa est intenable. Et éclate en sanglots lorsque son rêve s’envole en même temps que le tir de Gamboa s'écrase sur le poteau gauche du gardien Zetti. Impitoyable épilogue pour un parcours orné de petits miracles emboîtés.
Bielsa pourra se consoler en se répétant que ses adversaires du jour vaincront plus tard le grand FC Barcelone de Cruyff et le Milan de Capello, pour ravir deux années d'affilée feue la Coupe Intercontinentale. Il pourra également apaiser sa tristesse avec un titre de champion d'Argentine de clôture. Mais El Loco n’oubliera jamais ce soir du 17 juin 1992 où son rêve le plus fou est mort au stade Morumbi devant 72 000 personnes, ce jour même où il a très certainement décidé de ne plus rien laisser transparaître.
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