Tumgik
#guesswhogotaname fic
guesswhogotaname · 2 years
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Petite idée qui traîne dans mes brouillons☀️
Bah dit donc, ça faisait traping longtemps les djeunes qu'on avait pas causé tranquillou ! Je fais un comeback la mif après un loooooong moment de silence (en même temps, il y avait Kenobi, les teaser de la nouvelle série du seigneur des anneaux, faut pas m'en vouloir de m'être perdue) mais kaamelott c'est comme rentrer à la maison après les vacances, ça fait du bien de prendre de la distance, mais on est tellement heureux de rentrer chez soi... Bref... Sur ses belles paroles, emplies de sentiments et de poésies, je voulais vous partager une idée qui attendait dans mes drafts depuis des siècles...
« La mort n’est qu’un autre chemin » disait un proverbe quelconque, prononcé par un abruti qui se pensait génie visionnaire. 
Non, la mort est une épopée périlleuse, pénible, encore plus épuisante que la vie même. Les chanceux mourraient heureux, pénards, en plein sommeil. Mais Arthur Pendragon ne faisait pas parmi de ces chanceux-là. Sa vie avait été une longue suite de mésaventures plus ou moins catastrophiques et absurdes. Pour qui il se prenait pour penser bêtement que sa mort allait être paisible ? Même avec ses cheveux gris et ses rides, qui n’étaient qu’une preuve du temps qui passe inlassablement, des gens venaient quand même le faire chier. Et plus particulièrement une fée qui proclame à trois heures du matin, alors qu’une toux l’assène, qu’elle doit l’emmener à Avalon. 
Et puis quoi encore ? Sa vie avait été au service des Dieux, son destin tout tracé dès l’âge de trois ans où de la pierre il avait retiré l’épée. 
Sa mort, elle lui appartenait. 
« C’est pénible de mourir. » pensa Arthur, agacé, alors qu’une nouvelle quinte de toux brûlait sa gorge.
Dans son souvenir, ce n’était pas comme ça. 
En temps que Roi, il avait frôler la mort plus d’une fois, au combat par exemple, c’était un instant insaisissable, une seconde où le monde se renverse, et le temps se suspend, l’épée qui porte le coup de grâce, et la force salvatrice qui l’évite, promettant de vivre un jour de plus. La mort ou la vie, étrangement lié, à quelques secondes près. 
Il avait cherché la mort aussi, un moment perdu, l’eau chaude du bain, les yeux qui peinent à rester ouvert, cette sensation de se laisser glisser lentement, le cerveau devenu bouille de rêves, tout qui s’arrête, ralenti, la machine infernal qui enfin, s’éteint. Une autre fois alors que les ruines de son ancienne demeure s’effondrait, lui offrant le parfait tombeau, pour lui et sa culpabilité. 
Ces tentatives avaient été des échecs terrible : il avait survécu à tout. Le « destin » sans doute, qui avait à chaque fois décidé de l’épargner. 
Alors il avait vécu, profitant, jouissant, dévorant les secondes qu’on lui offrait. Il avait rempli son devoir de souverain : protéger et gouverner son peuple. Tardivement, il avait rempli son rôle d’époux. Il avait chéri ses amis et battu ses ennemis. Et voilà.
Bien-sûr, il n’avait pas trouvé le Saint Graal. Bien-sûr il avait échoué dans l’unification total d’une nation celte. Bien-sûr, il n’avait pas fait tout ce qu’il aurait dû, aurait pu faire. 
Mais il était en paix et comblé de cette pérégrination sur la Terre. 
Hélas, la mort ne venait pas. 
« C’est compliqué de mourir. » Il rectifia à lui-même, et il eut cette réflexion de vieux con qu'il avait toujours méprisé dans sa jeunesse, mais qui, en vieillissant, était devenu son adage "Aujourd’hui tout est compliqué."
Monter les escaliers de pierre de sa forteresse était un supplice pour ses vieux genoux. Se baisser pour ramasser une fleur, un papier, ou même son épée, étaient une torture, son dos en miette, grinçait comme une vieille porte. Devoir rester éveillé lors des audiences ou autres séances de doléance, un calvaire. Il s’endormait, et ronflait comme un bien heureux lors des réunions sur la stratégie de la défense du royaume. Les progrès technique au niveau militaire le laissait bouche-bée, dépassé, on lui disait "Mais Sire, maintenant, on ne fait plus comme ça..." Et la nouvelle génération avait forcément raison.
Son corps et son esprit étaient épuisés de sa longue et trépidante existence. C’est vrai, il avait tout fait : orphelin, soldat à la milice romaine, centurion, Dux bellorum, Roi de Bretagne, exilé, mendiant, esclave, puis roi de nouveau. 
Il essaya en vain de se redresser sur ses oreillers. Les servantes dormaient déjà, épuisées de leurs corvées, et il n’avait pas le cœur à les emmerder davantage. 
Arthur ne put contenir le dessin d’un sourire, il s’était adouci au fil des années. Il n’avait jamais été cruel ou tyrannique, et on lui avait reproché bien souvent sa « gentillesse » ou de son « altruisme ». Depuis qu’il était membre du club du troisième âge, il s’était ramolli, comme un bonbon au miel laissé une journée au soleil. 
Quand il voyait les servantes monter les escaliers pour lui apporter son petit déjeuner, il les remerciait chaleureusement de leurs terribles efforts. Elles gloussaient « Oh Sire, vous être trop bon avec nous ! », et du coin de l’œil, il jurait reconnaître les traits de Nessa. Parfois, il confondait. La petite cuisinière était le portrait d’Azenor. Le fils du seigneur Aglován avait le même regard ahuri et benêt qu’Hervé de Rinel. 
Tout se mélangeait : les visages, les prénoms et les souvenirs. 
Ceux qu’il avait fréquenté avaient disparu, ou comme lui, étaient assis parmi les vieillards, qui prenaient la poussière, des grimoires, emplis de sagesse d’un autre temps.
Beaucoup étaient rentrés chez eux, et avaient laissé la place à leurs descendants pour habiter le château. 
Les chevaliers qui comptaient dorénavant à la Table Ronde, il les avait connus, adolescents, bambins pour certains. Il voyait le seigneur Lucan dans les couloirs, et il ne pouvait pas effacer l’image du petit garçon aux joues rondes, pas plus haut que trois pommes, qui lui courrait dans ses pattes en l’appelant « oncle ». Le pauvre, il rougissait d’embarras à l’évocation de ces souvenirs, et le cœur d’Arthur en était gonflé d’attendrissement. 
Alors qu’il était profondément perdu dans ses remémorations, comme souvent pendant ses nuits d’insomnie, il entendit comme un chant.
« Arthur… Arthur… Arthur… »
En plus d’être un vieillard, il devenait maboul. Il regarda autour de lui, méfiant. Il tendit l’oreille, guettant le moindre bruit…
C’est alors que dans un tourbillon de lumière, un nuage d’or et de bleu, une silhouette apparut au pied de son lit. 
Arthur, qui avait passé plus de quinze ans avec les apparitions de la Dame du Lac, ne fit pas totalement terrifier. Il risquait l’arrêt cardiaque à chaque instant. 
Le brouillard se dissipa et une femme se tenait là. La peau pâle telle la mort. Les cheveux aussi sombres que la nuit, attaché en chignon, et sur son front pendait un lourd diadème blanc, brillant comme une étoile. Des yeux d’un vert amande et sur ses joues des spirales étranges, des larmes noires. Elle était habillée d’un immense manteau en fourrure d’ours. 
« Ravie de vous revoir Arthur. Ça faisait longtemps… » 
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rarougrougrou · 2 years
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📯📜Avis à la population📜📯
Dans un espoir de partager de l'amour entre vous et de redynamiser les relations dans le coin :
Si tu le veux, pourrais-tu me donner ton top 5* des gens qu'il faut absolument suivre dans le fandom Kaamelott et ce que tu aimes ou préfères dans le contenu de leur blog ?
*5 c'est pour donner une consigne générale mais en vérité tu peux en mettre 6, 7, 3 ou 32 c'est toi qui vois 🌸
Alors! J’ai très peu d’amis/mutus sur le fandom donc y’aura peut être pas le compte mais jles mets tous du coup
Pour commencer, y’a @y-vain avec sa putain de grosse fic l’omerta, très fat et cathartique mais extrêmement qualitatif. Il avait aussi fait deux comics que j’ai beaucoup aimé, et de façon général il dessine tellement bien j’ai envie de le tarter. On a aussi un projet d’au sans absolument aucun sens mais qui est incroyablement drôle
@lehoedagan pour sa super fanfic (qu’elle doit continuer au passage n’est ce pas 👀), et juste parce que c’est un ptit chou d’amour doublée d’une sorcière sur son temps libre (et parallèlement la personne avec qui j’ai le plus d’idées à la con après yvain ptdr), je l’aime d’amour en tout bien tout honneur
@guesswhogotaname pour son linguistic au, et aussi parce qu’elle fait parti du fameux au sans aucun sens, en plus d’être une personne formidable et fort drôle (elle nous ship avec yvain, quelle idée)
@superiorkenshi avec son style de dessin que je trouve juste incroyablement kiki, et ses ocs qui ont l’air fantastique (marrant venant d’un pelo qu’a toujours pas pris le temps de lire leur contenu, honte à moi)
Et @sloubi123 avec son oc qui fait parti de mes favs de tout le fandom, allez lui donner tout plein d’amour pour lui redonner la motiv de reprendre sa fanfic qu’a un potentiel de dingue
Eeeeet c’est tout
Y’avait le compte finalement!
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guesswhogotaname · 2 years
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HEEEEEE ÇA GROOVE SOUS LA CANICULE ?
Je publie enfin la suite de cet ✨AU multilanguage kt✨après un looooong moment d'absence (j'avais un peur de me répéter dans mes écrits et qu'on tourne en rond autour du fait que personne ne se comprend...) Et là je remercie tout particulière @miung-dreamer (cadeau pour toi ☀️💖) qui m'avait inspiré il y a un moment déjà l'idée de ce petit texte ! Voilà l'équipe, passez un doux moment et attention à la canicule (ou les orages) prenez-soin de vous!!
Nos ombres qui dansent.
C’était le soir d’une fête spéciale, exceptionnelle. 
Les domestiques et les cuisiniers avaient passé toute la journée à préparer un immense banquet. Tel un défilé ; les assiettes et les plateaux d’argent s’étendaient à l’infini, débordant de nourriture  des morceaux de viande juteux, des fruits et des légumes de toutes les couleurs, des colonnes de pâtisseries et bien évidemment, le meilleur vin qui puisse exister, arrivant expressément de Rome. L’intérieur de la grande salle de réception du château avait été décoré par les armoiries des différents tribus, et clans : message de paix et d’apaisement. Une musique joyeuse résonnait sur les murs de pierre. 
Les invités de ce soir venaient des Territoire du Nord. Ils commémoraient l’équilibre et l’unité des terres dans une quête commune et salvatrice. L’humeur festive enveloppait la demeure du Roi, tous étaient rassemblés en son nom et celui de l’harmonie neuve qui régnaient là où la guerre avait fait rage. Ils célébraient une nouvelle ère qui commençait. 
Et pourtant Arthrhy était préoccupé. Son visage était fermé dans une expression ombrageuse, sa main ne quittant jamais le pommeau de son épée. 
Il marmonna, la mâchoire crispée par une colère sourde, une anxiété grandissante. 
« Non mais, une idée à la con, j’vous jure… » 
« Ah pas faute de vous avoir prévenu… » lui répondit le seigneur Léodagan, assis à sa droite comme toujours, levant les épaules en évidence. « L es Pictes c’est un toujours un merdier à gérer, surtout quand les Orcaniens sont dans le coin… » 
Une seule erreur diplomatique et la paix durement conquise était brisée.Certaines querelles n’avaient pas été entièrement réglées  le royaume d’Orcanie et les tribus nomades Pictes, d’anciens ennemis, devenus alliés par obligation et non par nécessité. Une tension épaisse et électrique régnait dans la salle. 
Le refus du roi Loth de venir à cette soirée s’était fait savoir par la reine-guerrière. Elle avait rassemblé sa garde, ainsi que les hautes figures auprès d’elle, et elles lançaient des regards furieux et indignés aux invités décorés de la bannière d’Orcanie. 
Dame Séli parlait longuement avec elles ; essayant de les convaincre de ne pas agir imprudemment. 
Arthrhy se méfiait de la véhémence de ces habitants ;  il les connaissait grâce des récits de bataille et d’études. Parmi les autres celtes, les Pictes étaient considérés comme des païens, vénérant des Dieux très anciens, discutant dans une langue incompréhensible, oubliée. Il y avait des rumeurs terribles sur ces gens  des guerrières sanguinaires au pouvoir magique puissant, un peuple toujours au bord de la révolte. Les Pictes avaient repoussé les Romains, avaient refusé de s’agenouiller devant la Croix. Ils s’en moquaient de l’épée de flamme, ou des prophéties qui proclamèrent Arthrhy Roi des Rois. Ils ne partageaient pas les mêmes croyances. 
Leurs cheveux longs étaient parsemés de tresses, d’ornement de plumes et de pierres scintillantes. Leurs corps couverts de tatouages à l’encre bleue qui représentaient des symboles, sortilèges de force, de pouvoir, de protection, les emblèmes de leurs tribus respectives. 
« Si jamais la garde picte décide de se foutre sur la gueule avec les Orcaniens, on est sacrément dans la merde. Vous risquez de vous faire détrôner salement. » Souffla ennuyé le Roi de Carmélide, masquant mal son inquiétude et sa nervosité. 
« Merci du soutien beau-père… »
Arthrhy les observait méticuleusement, comme on surveille un animal sauvage, dangereux, du coin de l’œil dans l’attente de l’attaque, de l’embuscade. 
Et puis, soudainement, la lourde porte s’ouvrit brusquement. 
La délégation picte se leva, alertée par le bruit, prête à se défendre. Les Orcaniens tournèrent leurs têtes vers la seule possibilité de sortir, craignant voir des guerrières surgirent par milliers. Arthrhy retient sa respiration, sa main attendant l’ordre de dégainer son épée. 
Mais aucun hurlement d’attaque pour interrompre les festivités. C’était la Reine qui entra, sereine et souriante. Elle se dirigea rapidement vers les dames Pictes. Elle  les salua chaleureusement les unes après les autres dans cette langue avec des sons venant des profondeurs de la terre, mais aussi légère que le souffle du vent, une mélodie invraisemblable, magique. L’atmosphère se transforma.
Peut-être que les mots de son épouse apaisaient les craintes des guerrières, calmèrent leurs envies de vengeance, et prônèrent les idées de la paix. 
Arthrhy était médusé, son regard ne pouvait se détacher d’elle. 
Sa femme qu’il croyait incapable de diplomatie, idiote aux arts de la conversation, maîtrisait parfaitement la situation parmi les siennes. Elle leur offrait une confiance aveugle et sincère. Et les Pictes qui se sentaient menacées étaient rassurées en voyant une alliée  du même sang, de la même famille. La Reine ne montra aucune peur, aucune mauvaise intention, alors les guerrières l’appelaient « Vanora »  elles s’inclinaient, touchaient ses cheveux, ses vêtements ; comme une déesse, une créature féerique et bienveillante. Elle leur offrait une preuve de bon augure. 
« Regarder ma fille, une vraie princesse picte, moi je vous l’dis. » Avoua le seigneur Léodagan avec une immense fierté, Arthrhy avait presque cru apercevoir un sourire au coin de ses lèvres. 
Sans préambule, avec un groupe de femmes, la Reine se mit à se remuer en riant joyeusement. Elles dansaient en ronde autour d’elle, chantant avec des mots inconnus, et des mouvements étrangers aux coutumes d’ici. 
Ghenifar portait une robe pourpre, ample, sertie de broderie au fil d’argent. Arthrhy était fasciné par les volants du vêtement de son épouse, qui virevoltaient dans l’air, léger et souple, ses cheveux sombres tourbillonnant autour de son visage, dévoilant quelques perles blanches parsemées parmi les mèches brunes. Elle avait toujours aimé danser lors des banquets. Elle semblait glisser de main en main, ses yeux mi-clos, et un sourire radieux sur ses lèvres roses. 
Mais le Roi fut vite sorti de ses rêveries en entendant des cris, semblable aux hurlements des loups. Les soldates Pictes frappaient une pulsation vive sur leurs plastrons de cuir, et la ronde autour de la Reine devient plus rapide. Elles se mirent à fredonner d’une voix bizarrement aiguë, et riaient à gorge déployée. 
Au milieu de ce vacarme  ; sa femme dont les joues étaient plus rouges que le vin dans les coupes. Les autres conviés semblaient s’amuser de ce jeu ; ils battaient le rythme avec les couverts sur les tables, ils rejoignaient les guerrières dans leur hilarité, et chantaient des mots qui ne ressemblaient à rien aux oreilles d’Arthrhy. 
« Qu’est-ce qu’il se passe encore », s’interrogea le Roi. 
« Oh vous allez comprendre bien vite… » Lui répondit son beau-père, ne contenant pas la malice dans sa voix. 
Ghenifar s’avança vers lui, toujours accompagné par les acclamations des invités. 
Ses joues étaient en feu et elle se mordait la lèvre inférieure dans un geste nerveux. Elle inclina la tête devant son Roi, respectueusement, son silence timide, et ses yeux pétillants d’une émotion qu’Arthrhy n’arrivait pas à lire complètement. 
Arthrhy se leva de son trône, presque peiné de voir son épouse dans cet état sans y comprendre la raison, et ce geste provoqua un mouvement dans la foule, des applaudissements et des rires. 
« Mo thighearna… » Elle lui dit, sa voix aussi petite que possible, un murmure à peine audible. Elle n’osait pas rencontrer le regard de son mari, elle fixait le sol comme si les secrets de l’univers y étaient inscrits. Il reconnut le noble titre qu’elle lui adressait. Ghenifar lui parlait toujours de cette façon profondément respectueuse, une politesse extrême, mettant la distance raisonnable entre eux. Elle ne l’avait jamais entendu l’appeler par son prénom. 
« An gabhadh tu dannsa còmhla rium » elle demanda, et la foule cria de joie, les couverts tambourinèrent plus fort sur les tables. Des clameurs de victoire accompagnaient les chants amusés des convives. 
« C’est quoi vos conneries  ? Attention, j’suis pas du tout d’humeur à… » Arthrhy foudroya Léodagan d’un regard, l’obligeant à faire office d’interprète. Il n’avait aucune envie de jouer les devinettes ou de comprendre ce dialecte rugueux du Nord. 
« C’est une tradition picte, j’ai eu le droit au même bordel à mon mariage… » articula le roi de Carmélide entre deux éclats de rire. 
Ghenifar prit le bras d’Arthrhy, attirant enfin son attention vers elle. 
Son cœur battait à la chamade dans sa poitrine, comme un oiseau essayant de sortir de sa cage. Elle passa sa langue sur ses lèvres sèches, cherchant les mots en brittonique qu’elle avait appris pour lui faire comprendre sa demande. Arthrhy ne put s’empêcher de baisser les yeux, suivant le mouvement de cette langue, presque imperceptible, complètement innocent, mais il eut l’impression qu’un feu brûlait sur ses joues. 
« Vous, dansez avec épouse »
Le Roi resta muet, interdit. 
Encore une tradition barbare et absurde. Il détestait danser. 
Il chercha déjà un moyen de refuser poliment son invitation ; lui explique sans faire offense. Mais il se rendit compte bien rapidement du silence assourdissant dans la pièce qu’il ne pouvait d’accepter. 
Elle espérait, le souffle court, ses yeux brillants, et il se demanda si elle l’avait toujours regardé comme ça, avec autant de dévotion et de désarroi. Tous attendaient la danse du Roi et de la Reine, le couple seigneurial qu’ils formaient, l’illusion d’un amour pur, chaste, exemplaire. 
Masquant mal son malaise, Arthrhy posa sa main sur la sienne. 
« Bon bah, allons-y alors… » 
Il l’entraîna au centre de la pièce sous les yeux de tous. Il n’avait aucune idée de la sorte de danse qu’elle attendait, il ne connaissait pas les coutumes de ses origines. Il répéta les gestes qu’on lui avait appris, une autre femme dans un pays en ruine, un souvenir lointain maintenant qui semblait appartenir à une vie passé. Il se rappelait dans la cour de la villa, le soleil sur sa peau, le chant des hirondelles, l’odeur du miel, la paume d’Aconia posée son épaule, ses yeux d’ébène pénétrant, hypnotisant. Il pouvait presque entendre la chanson qu’elle fredonnait du bout des lèvres pour donner le rythme.
Mais ce soir, ce n’était pas Aconia dans ses bras, mais Ghenifar ;  sa main gelée dans la sienne, et l’autre, maladroite, contre sa clavicule, et peut-être pouvait-elle sentir le sang pulser dans ses veines. 
La musique changea, une mélodie joyeuse, pleine d’espoir et de promesses. Ils effectuèrent ensemble les premiers pas, le corps de sa femme suivant attentivement ses mouvements. Jamais ils n’avaient été aussi proches. 
Il pouvait détailler les mystères de son visage  ; la courbe de son nez, ses cils voilant ses iris noisette, la forme de sa bouche, cette teinte rosée sur ses joues. Elle gardait son regard figé sur son médaillon, elle n’avait pas l’audace de lever les yeux vers lui.
« Vous ne vous débrouillez pas trop mal. » Il murmura, se pencha vers son oreille pour lui confier ce secret. C’était un geste fou, démesuré, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. 
Elle sursauta contre lui, surprise de ce rapprochement étrange, tendre. Elle redressa la tête, ses pupilles tremblaient de ce sentiment immense et innommable qui grondait en elle.
« Vous être pas trop mal non plus. » Elle lui répondit avec un demi-sourire, discret, effronté. Son accent faisait vibrer les mots dans sa bouche, comme un sortilège. 
Et elle s’éloigna de lui, quittant ses mains et ses bras. 
Les clameurs redoublèrent de force et les mélodies s’élevèrent avec entrain. Dans un éclat, la musique changea de nouveau, une cadence endiablée, les tambours résonnaient dans sa cage thoracique, la harpe s’arrangeant étrangement bien avec la guitare et le souffle des bombardes. 
Il resta les bras ballants, incapable de bouger, les yeux rivés sur sa femme. 
Elle virevoltait, les pans de sa robe dévoilant légèrement le haut de ses chevilles, sa peau laiteuse, elle ressemblait à un mirage, à une apparition divine, ses hanches qui ondulaient sous le rythme des applaudissements et des chants. Elle tournait, et sa voix s’envola, limpide et mélodieuse, dans cette langue indéchiffrable qui appartenait à une tribu lointaine et secrète. Rayonnante de son sourire espiègle, petite princesse indomptable et sauvage, trop jeune pour le devoir qu’on lui imposait, le rôle qu’elle devait supporter. 
Elle revient vers lui, plus proche que jamais, leurs corps entrants en contact, comme un coup de tonnerre qui déchirait le ciel. Elle riait, son regard ne quittant jamais le sien  pétillant de cette passion destructrice qui pourrait tout ravager, déclencher des guerres et mettre le monde des hommes à feu et à sang, cette émotion si pure, si intense. Sa femme, la sienne, devant les dieux anciens et le nouveau, comblée et amoureuse.
Il eut soudain une pensée épouvantable qui le transit d’angoisse, car à cet instant il voulait franchir cette frontière, briser son serment, et adorer cette femme, la rendre heureuse.
C’était une idée déraisonnable, délirante, impossible. Il était terrifié, des fourmillements dans ses doigts, ses genoux ne demandaient qu’à se prosterner devant elle. 
Sa compagne se déposa lentement au sol, la tête gracieusement inclinée. Arthrhy se dirigea vers elle, conduit par une volonté autre. Son cerveau complètement vide, ensorcelé par cette danse et le chant de Ghenifar. Il ignorait lui-même ce qu’il allait faire une fois proche d’elle. 
Il tendit le bras pour qu’elle puisse se relever. La foule applaudit, sifflant de bon cœur. 
Ghenifar leva les yeux vers lui, et il était comme foudroyé par la tendresse, la dévotion qu’il recevait. Il en était parfaitement indigne. 
Il déposa un baiser sur sa main, et la terre s’arrêta de tourner. 
Les étoiles brûlaient dans le ciel, mais aucun feu n’était comparable à celui qui étincelait dans les yeux de Ghenifar. 
Ils restèrent peut-être un millième de seconde de trop à se regarder l’un l’autre, un moment d’oubli où Arthrhy n’était plus prisonnier de Rome et de ces fantômes. Juste une seconde suspendue, perdue. L’idée terrible de lui voler un baiser naquit dans son esprit. Il sentit ses oreilles brûlées, et une bouffée de chaleur le força à se racler la gorge avant de prononcer le plus respectueusement possible.
« Merci ma Dame. »
Ghenifar comprit, aucune des langues qu’elle connaissait ne pouvait l’aider à trouver une réponse. Elle espérait que ses yeux pouvaient parler à sa place. 
Arthrhy n’arrivait pas à lâcher sa main, alors il l’emmena avec lui vers son trône, sans rien dire. Il marmonna pour lui-même « C’est mieux comme ça… Les gens sont contents et puis voilà… » C’était des excuses, des mots sans importances. Arthrhy préféra ignorer le regard étonné de son beau-père, il voulait sentir la chaleur de la paume de sa reine contre la sienne. C’était grisant, merveilleux, terrifiant. 
Ils passèrent le reste de la soirée l’un à côté de l’autre, et les invités auraient pu croire que le Roi était véritablement amoureux de son épouse. Ils ne se parlèrent pas plus que ça, juste main dans la main. Arthrhy était agglutiné à son trône, enseveli sous des conversations diplomatiques stériles et il buvait le vin des Romains pour apaiser le dessin des hanches de sa femme qui ondulaient sous la musique. Ghenifar l’admirait du coin de l’œil, un sourire ravi qui ne quittait pas son visage. Ses amies d’enfance venaient la voir, riant avec elle, et complimentant sa danse et son chant. Elles parlèrent dans leur langue mystérieuse du nouveau Roi. 
Parfois, par inadvertance, leurs regards se croisaient, et la foule devenait nébuleuse, une masse informe, irréelle. Le brouhaha incessant se dissipait, ne laissant place qu’aux battements de leur cœur. Elle lui souriait toujours, comme s’il n’existait que lui parmi les ombres sans noms, avec cette même tendresse débordante, cet amour plein d’espoir. 
Il avait une furieuse envie de l’amener danser encore ; qu’elle puisse tourbillonner et que son rire fasse fuir les démons et la colère. Mais il n’en fit rien. Il était un lâche, un idiot. La douleur et le désir tenaillaient ses entrailles ; il n’arrivait pas à maîtriser l’ardeur de son regard quand il la contemplait, et pourtant tout son corps était victime d’un poids terrible, immobilisé sur son trône. 
À un moment, il oublia ses promesses, ses devoirs, et ses idées contraires. Il se pencha vers elle, et il murmura pour qu’elle seule puisse à le comprendre. 
« Je suis content d’avoir dansé avec vous. » Le sourire de sa femme était si radieux qu’il aurait pu en tomber amoureux. « Vous… Vous êtes une excellente danseuse. » Il rougit violemment comme un gamin en entendant l’ardeur de ses propos. 
Ghenifar eut un joli rire, pétillant, sans moquerie ni malice, juste une joie pure et sincère. 
« Merci. »
Arthrhy, bêtement heureux de ce moment de bonheur que le destin lui accordait. 
Si gouverner l’impétueuse et divergente Bretagne était son fardeau, celui d’être un époux n’était pas aussi horrible qu’il l’avait imaginé… Peut-être qu’il pourrait s’y habitué ?
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guesswhogotaname · 2 years
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May I suggest something?
Après une nuit d'insomnie (f*ck le COVID les reufs faites vous vacciner) j'ai pensé à un bail.
(Est-ce que vous connaissez les œuvres de John Bauer ? Faites-moi confiance et allez jeter un œil ça faut le coup !) Merci à Pinterest pour nourrir mon imagination au beau milieu de la nuit !
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Un fairytale AU pendranievre 😳 I know c'est éclaté au sol buuuuuuut let me explain :
- Arthur est maudit par les dieux parce qu'il n'a pas réussi à trouver le Graal et c'est désintéressé des souffrances du royaume de Logres (négligé tout le monde / il détestait vraiment ce titre dont il a hérité par son père qui était un sale type donc il s'est comporté comme un idiot = mauvais roi -> il commet la faute avec la femme d'un chevalier) et il devient un ours jusqu'au jour où il arrive à prouver au dieu qu'il peut être quelqu'un de bien
- Perceval my sweet cinnamon roll est là aussi ! Et genre quand Arthur était Roi c'était lui qui l'accompagnait/ le guidait -> il était son ange gardien, mais les dieux le punisse aussi et il devient un mortel (avant c'était une étoile)
- Les deux loustics ils parcourent le monde en mode go sauver le royaume/ trouver le Graal / aider la veuve et l'orphelin et ils tombent sur qui ??? Guess who's there :)
- Guenièvre my beloved!!
- Son histoire : quand elle était ado elle rencontre un chevalier dont elle tombe follement amoureuse, mais ses parents refusent qu'ils se marient (parce que Leodagan my man knows something is wrong with that dude), mais Guenièvre est en mode je suis jeune je fais ce que je veux et elle s'enfuit avec son preux et valeureux chevalier blanc (vous avez comprit de qui on parle).
- MAIS tout ne se passe pas comme prévu ! (Hehehe) Lancelot dit a Guenièvre que pour la protéger elle doit rester cacher le temps que son père accepté son union avec lui et qu'il prenne le pouvoir du bâtard (Hello tutur) du feu Roi Pendragon. Les mois passent Guenièvre commence à se dire qu'il y a un truc qui ne va pas et qu'elle veut revoir sa mif ! Mais son tendre et doux amant commence à partir en cuillère : il lui interdit de plus en plus de truc et ya des bails sombres aussi qui arrivent (yes a lot of angst)
- Après plusieurs années d'emprisonnement, elle réussit à s'enfuir ! En fuyant son gœlier, elle tombe sur un étrange homme accompagné d'un ours !
- Guenièvre explique qu'elle doit retrouver sa famille et aider à renverser le pouvoir du tyran qui la emprisonnée ! Arthur et Perceval sont deter à donner un coup de main. Plein de péripéties arrivent, des aventures qui les emmènent partout à travers l'île de Bretagne. Les relations sont compliqués entre eux au début, mais Arthur découvre Guenièvre comme une femme forte au passé sombre...
- Guenièvre elle peut pas blairer Arthur au début parce que c'est un abruti (yas Queen) mais un étrange lien les unissent...
- Guenièvre et Perceval being best friend with one brain cell please I love them <333
La question est : arriveront-ils à sauver Arthur avant qu'il ne soit condamné à rester un ours toute sa vie? Est-ce que Perceval retournera dans les étoiles? Guenièvre réussira-t-elle à sauver le royaume de Logres?
Je me suis grave motivée dans mon coin à écrire un vieux bail digne des contes pour enfants 💪 (peut-être je trouverai la foi de publier un chapitre héhéhéhé)
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guesswhogotaname · 2 years
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On est reparti pour un tour ?
Ça boom les d'jeunes? Devinez sur quoi j'ai travaillé... Mon ✨AU multilanguage Kaamelott✨Je me suis motivée, et j'ai écris ma petite idée sur le mariage / première rencontre de ces deux idiots (cœur sur eux). C'est un peu brouillon, mais OSEF. Enjoy 😊
Quand la petite Ghenifar entendit parler pour la première fois de du héros qui arrivait d’une terre lointaine pour les sauver, elle n’a pas plus de quinze ans.
Dans le domaine de Carohaise, là où réside la famille royal de Carmélide, on parlait de lui en disant « neach-sàbhalaidh ». Les soldats de son père venaient raconter les exploits de ce jeune homme au visage grave, une épée de flamme dans la main. Il était celui qui unifirai les peuples redonnant la paix et la prospérité perdu.
Ghenifar fut complètement bouleversée quand elle apprit que c’était elle qu’on destinait au futur Roi.
Elle qui s’attendait à vivre des aventures incroyables, elle qui a été nourrie par des contes et des légendes de liberté et de preux chevaliers qui délivrent des princesses en haut des tours… Bien vite, elle comprit que cette question de mariage n’était qu’une question de politique. Ses parents avançaient les pions les uns après les autres pour se rapprocher du pouvoir. Elle serait Reine et son frère chevalier. À aucun moment ils ne tournèrent la tête vers elle, et lui demandèrent « Es-tu heureuse Ghenifar ? »
Elle attendit le jour de son mariage avec impatience, la peur et la joie se mélangeaient dans son ventre, elle restait éveillée des nuits entières à imaginer ce moment qui changerait à jamais son existence. Il l’emmènerait sur un cheval à travers l’île, ensemble. Il lui apprendrait tout, et lui ferait découvrir le monde. Elle serait une bonne épouse, elle le rendrait heureux, et lui donnerait des enfants en bonne santé. Il l’aimerait.
Et pour la célébration du premier jour du printemps, ils se rencontrèrent.
Ils fêteraient leur mariage le lendemain.
Tout le monde festoyait, différents clans réunis pour la première fois depuis le feu Roi Uther Pendragon. Le Royaume n’était plus régi par la peur et la convoitise, les hommes se prenaient dans les bras, riaient ensemble. Les gens dansaient main dans la main, chantaient des légendes d’antan, et les enfants riaient en préparant les couronnes de fleurs pour le mariage.
Arthrhy était d’une humeur détestable.
Il était seul, complètement paumé autour d’une bande d’hurluberlus. Mani était introuvable, lui non plus n’arrivait pas à supporter ces gens et leurs coutumes agaçante…
Il était comme paralysé, un pauvre enfant terrorisé par l'inconnu. Pourtant, on chantait a son passage, il avait été l'accueillit par une joie honnête « vous êtes de retour ». Mais il n'avait gardé aucun souvenirs de cet endroit ou de ces habitants.
Il ne comprenait plus les mots. Il n’avait que des souvenirs lointains, comme des rêves, les pleurs de sa mère et les lamentations aux Dieux en cornique. Il se souvenait des chants des druides en gallois. Il a gardé les bases qu’il avait apprit chez Anton, il a des années… Il devait tout réapprendre, tout découvrir de ce monde qui était le sien.
Il n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer sa future femme, mais il priait tout les Dieux qu’il connaissait pour que cette terrible idée soit annulée, que le mot « mariage » avait été mal traduit, que tout ceci soit une énorme erreur…Avec un peu de chance, demain, il reprendrait la mer et ferait capte sur Rome. Il ramènera Aconia avec lui et personne ne les empêcherait d’être ensemble, d’être heureux. Il acceptait son destin, seulement si elle était à ses côtés.
Puis, il l’aperçut, sortant de la foule des invités.
Un châle blanc couvrant légèrement ses cheveux, mais laissant négligemment apparaitre quelques mèches ondulées d’une couleur brune.
Arthrhy la détesta au premier regard.
Une gamine aux joues encore rondes de l’enfance avec des yeux pétillants de joie qu’être mariée, d’être une épouse. La naïve Ghenifar, ignorante des desseins autour d’elle, des mensonges et des non-dits.
Qu’allait-il faire d’elle ? La répudier ? La forcer à une vie recluse, loin de la société des Hommes par amour d’une Romaine ?
Il la détruirait.
« Tha mi a' cur fàilte ort… » La jeune femme s’inclina maladroitement devant lui. Une couleur rouge peignait ses joues jusqu’à ses oreilles. « S mise nighean Rìgh Ogyruan. »
« Qu’avez-vous dit ? »
« Thoir maitheanas dhomh…. Chan eil mi a' tuigsinn. » Elle fronça les sourcils, d’un air paniqué, regardant autour d’elle, comme si elle cherchait quelqu’un. « Càite bheil e…? »
« Bon, je suis désolé, je n’ai pas le temps de… » Arthrhy soupira, exaspéré, prêt à partir en courant le plus loin possible de cette île.
Il n’avait pas le temps de jouer avec des interprètes pour déchirer cette langue barbare. Le latin de sa Dame était bien plus beau, plus mélodieux, sa voix hantait encore ses oreilles comme le chant des hirondelles, le souffle du vent dans les branches d’olives…
Ghenifar se racla la gorge, avant d’articuler lentement, faisant tous les efforts du monde pour se faire comprendre.
« A… Artair… Me suis mariage de vous…? » Et elle maudit en silence le brittonique qui écorchait sa gorge, les lettres comme des échardes sur sa langue. Comment dire à l’Élu des Dieux qu’elle était sa femme, que d’ici quelques heures, les liens d’un mariage éternel et béni uniront leurs mains et leurs destins ensemble ? Ses parents n’avaient pas pris le temps de parfaire son éducation aux autres dialectes… Son éducation de jeune femme avait été précaire, bâclée, maladroite. Elle devait passer pour une gourde, et la honte rendait sa voix tremblante, ses yeux fuyant ce futur Roi intimidant.
« Oui, oui… Vous allez être ma femme… » Il lui répondit, tristement, comme un juge prononce une sentence fatale.
Elle eut un sourire si tendre qu’Arthrhy avait l’impression que son cœur se tordait douloureusement. Il allait être la cause de tellement de ces chagrins, et il sentait la culpabilité déjà ronger ses entrailles.
Elle répéta comme si c’était une parole divine, précieuse. « Femme de Artair. » Elle jouait nerveusement avec les manches évasées de sa robe blanche. Et la barrière de la langue lui permit une confession de folie de son cœur battant. « Tha mi toilichte. »
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guesswhogotaname · 2 years
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Il n'y a pas de raison à ça, mais bon...
Hier soir j'ai regardé quelques épisodes de Doctor Who en vrac, par pur nostalgie et amour de cette série. J'ai revu avec délices les longues tirades du Docteur sur sa solitude, l'absence qui le ronge, le manque. Et j'ai longtemps cogité sur cette question de l'immortalité, voir autour de nous la chute, sans pouvoir rien faire... (GROSSE AMBIANCE) Mais étrangement, j'ai pensé à Merlin et cette phrase "fils d'un démon et d'une pucelle". Bref, ça m'as donné envie décrire un bail un peu chelou mais oser l'équipe on est al 💪
Je ne sais pas pourquoi, mais l’idée de l’immortalité me terrifie autant que celle de la mort.
Mourir, savoir que notre existence a une fin irrémédiable. Un jour, sans prévenir, c’est terminé. Ça ne sert à rien de lutter, rien de se battre dans le dernier instant où les yeux se ferment pour ne jamais s’ouvrirent, le dernier battement d’un coeur. Mourir alors qu’il y a encore des galaxies à découvrir. Être privé du futur inconnu et tout puissant. Disparaitre, être oublié. Un prénom gravé sur une pierre, une photo jaunit par les années, figé dans un sourire, les yeux pétillants d’une lueur si lointaine, une étoile déjà éteinte dans l’objectif. Mais, être éternel, c’est encore pire.
Naître un jour sans la promesse du repos, savoir qu’on sera là, inébranlable au milieu des ruines et des tombes d’une famille disparue, d’amis lointains, d’amour effacé, seul au milieu d’un cimetière de poussière et de souvenirs. Des visages ensevelis dans les méandres de la mémoire. Être là, voir la fin d’une civilisation et n’avoir pu sauver personne. Être celui qui reste.Celui qui continue de respirer. Le dernier.
J’ai pensé à Merlin. Il n’est pas immortel, mais il vieillit différemment, il n’est pas comme les autres. Druid, fils d’une pucelle et d’un démon.
Qu’est-ce que cet héritage signifie ? Une tragédie aux larmes d’une vierge et de la hargne d’une créature de l’enfer. Une horreur innommable qui créa un enfant. De la violence et de la haine, de la peur et du sang, un bébé aux yeux grands ouvert sur le monde, et de la magie au bout des doigts.
J’ai longtemps songé à ce que ça voulait dire, « fils d’une pucelle et d’un démon ». Ils n’ont pas de prénom, pas d’identité, pas de visage, ni de passé.
Ce ne sont pas des parents, mais des archétypes comme dans le début d’un roman.
Aucune main pour caresser sa joue, aucun baiser pour apaiser ses pleurs. Seulement des rôles comme pour une pièce de théâtre. Inconnus et secondaires.
Qu’’est-il devenu de cette femme pure, qui aurait pu être une sainte, si l’histoire avait dégainé retenir son prénom ? Elle s’est envolée, comme un pétale dans le souffle du vent, comme la mer emporte un coquillage dans le fond des océans.
Est-elle restée ? Berçant le nourrisson contre son sein, fredonnant dans une langue presque l’oublier, une chanson douce ? Est-elle partie ? Offrant l’enfant aux loups et aux esprits de la nuit, fuyant le fardeau trop lourd, un souvenir trop douloureux ? Et le démon, a-t-il disparu dans les flammes de l’enfer, dans un gouffre de sang et de flamme, laissant la terre hantée par son rire démoniaque, ses ailes noires voilant le soleil ?
Peut-être que les poètes peuvent imaginer, rêver, à un amour au-delà des barrières de ce monde, une passion plus forte que les lois divines. Un démon qui tombe amoureux d’une vertueuse demoiselle. Ça serait beau à raconter les nuits de pleines lunes lors des hivers glacés. Une histoire d’amour impossible, d’un ange déchu et d’une mortelle. Le fruit de cette folie, un bébé qui changerait le cours de l’histoire et la face du monde.
« Fils d’une pucelle et d’un démon » mais ça ne veut pus rien dire pour lui, de la pucelle il ne reste rien, son corps appartient à la terre et sa tombe est perdue dans les profondeurs d’une immense forêt, à l’abri. Le démon n’est jamais réapparu. A-t-il seulement existé ?
Mais « fils » il a été, il y a très longtemps, dans un pays qui a changé de nom et de souverain, dans un village dont il ne reste que des vestiges presque effacés. Du « fils » il ne se souvient que de la couleur des yeux, la douceur des mains, des syllabes répéter par sa bouche d’enfant, tremblante comme la flamme timide d’une bougie brusquée par le vent : « maman ». C’est tout. Peut-on, au bout de huit cents années d’existence, oublier le visage de sa mère ?
De ce lointain passé, Merlin en dit rien. Il reste silencieux, évasif sur ses questions.
« J’m’en souviens plus, hein, ça fait tellement longtemps… » Son regard fuyant, ses mots bancals.
Être immortel c’est accepté un deuil éternel, d’être seul.
J’ai pensé à ce destin-là, ce long chemin qu’il parcourrait sans jamais pouvoir s’arrêter, condamner à marcher pour toujours.
Merlin a vu des villages se construire, des routes se créer, des châteaux s’ériger. Il a vu leurs chutes. Les toits de pailles brûlés, les routes recouvertes par la mousse, les herbes folles entre les pavés, les châteaux en ruines. Il a connu des centaines de débuts et des centaines de fins. Il a observé tout des miracles et les tragédies de ce monde.
Spectateur muet, impuissant face au déroulement intransigeant du destin.
Mais, il a été acteur direct de cette danse merveilleuse qu’est la vie. Sorcier aux pouvoirs insondables, pouvant faire abattre la foudre sur une cité, décimer une montagne, soulever la mer.
Mais qu’en est-il de ces sentiments, de son humanité ? Il était homme aussi. De chair et de sang.
Il a connu le froid de la neige, mordant le nez et les doigts, la chaleur étouffante de la canicule. Il a vécu comme les autres, ressentant les mêmes choses ; cette satisfaction indescriptible de boire de l’eau fraiche après un effort, la sensation d’étancher sa soif, de manger à sa faim, savourer un repas autour de chants et de musique. Regarder les étoiles et rêver. Pleurer en admirant un coucher de soleil. Tisser des liens, s’unir, fonder une famille, prendre du temps pour les autres, les aider, être attaché par des liens plus puissants que n’importe quelle magie.
Être aimé et aimé.
Oh oui, il a tant aimé, maladroitement et passionnément comme un adolescent, fougueusement et soudainement. Longuement et durablement comme une vieille âme. Il est tombé amoureux des millions de fois, des hommes et des femmes. Des humains bouleversants par leurs innombrables différences.
Peut-être qu’il a oublié certains détails, évènements de ces nombreuses existences, mais il se souvient de l’amour, des visages, des mains, des sourires, des corps, des rires, des mots.
Hélas, les Hommes sont poussières, ils s’épuisent, vieillissent, tombent malades et disparaissent, en un battement de cils, une vie a passé. Il n’a pas oublié ceux qui sont partis se battre pour un carré de terre, pour un drapeau, au nom d’un serment d’allégeance. Ceux qui sont morts alors que des milliards de jours les attendaient encore.
Même si les noms se sont effacés, Merlin n’a pas oublié les larmes, le désespoir, la violence du départ. L’absence. Ces amours voués aux chagrins et à la disparition. Le coeur qui se déchire un peu plus durant les siècles.
Il a eu des enfants. Ses fils et ses filles.
Par chance ou par malédictions, aucun de ses descendants n’ont hérité de sa longévité.
Merlin se souvient de son premier enfant, celui qui est né alors que des éclairs déchiraient le ciel noir, comme il se souvient du centième, né avec les rayons du soleil.
Cent prénoms gravés éternellement dans son cœur, si précieux. Il se souvient de tous, leurs premiers mots, premiers pas.
Il peut fermer les yeux et revoir aussi distinctement que le jour les traits de leurs visages, entendre leurs voix, et leurs rires.
Ses enfants, jamais il ne pourra les oublier.
Parfois, il appelle une demoiselle par un vieux prénom, un son étranger et inconnue, il s’excuse, il dit tout mélanger, les prénoms, les visages. Souvent, il croit reconnaître l’une de ses filles aux détours d’une ruelle, il a tant craint recroiser l’un de ses fils sur un champ de bataille.
Tous ses enfants sont partis; il les avaient vus naître et mourir. Ce n’était pas normal, pas dans l’ordre des choses, c’était au père de mourir vieux et épuisé, avant l’enfant.
Alors, quand Merlin Merlin regarde le petit Arthur ce bout d’homme, pas plus haut que trois pommes, les yeux noirs, brillants, son grand sourire et ses éclats de rire, il voit un fils parti depuis longtemps.
Il le tient par la main, le guidant vers son destin, mais ce bonhomme, sautille, impatient, il veut jouer, il veut explorer.
Merlin ne l’a jamais regardé comme l’Élu qu’il attendait depuis des siècles, le garçon couronné par les Dieux d’un glorieux destin.
C’était qu’un enfant. Si petit, courant partout, balbutiant sans arrêt des histoires incompréhensibles.
Irrévocablement, ils se rapprochent du rocher où est plantée l’épée. Merlin aimerait s’enfuir, le petit gamin aux jambes fatigué de la journée de marche, pelotonné dans ses bras. Pourquoi mettre un tel point sur ses si petites épaules, alourdir sa jeune vie d’un fardeau tranchant et puissant ? Ce garçon mérité une existence tranquille, sans le regard des Dieux au-dessus de lui, de la lourdeur de leurs messages et de leurs devoirs.
Non, non… Il mérite la paix, la douceur de vivre, la joie des matins du printemps.
Arthur décroche l’épée et s’amuse avec, admirant ses reflets de flamme, imaginant les combats incroyables.Et Merlin comprend qu’il vient de le condamner. Il pourrait en pleurer.
C’est aussi son rôle de ramener l’enfant dans le terrible et sombre château de Dame Ygerne, aux lèvres pincées et aux regards froids.
Il abandonne l’enfant dans ce foyer glacé. Il ne peut pas le garder, le Roi Uther tuerait le bâtard sans hésiter.
Merlin se retourne une dernière fois, Arthur âgé de trois ans lui fait un timide signe de la main avant de s’effacer derrière la sombre robe de deuil de sa mère. Il a le cœur déchiré.
Des années plus tard, il le cherchera dans les belles rues pavées de Rome. Treize années, Merlin n’a pas changé.
Le temps a roulé lentement hors de son sablier, il a attendu de le revoir, de le retrouver. Le petit garçon qui jouait avec l’épée de feu.
Arthur est plus vieux, habillé comme l’occupant, comme l’ennemi, ceux qui massacrent les vieux sorciers et les paysans. Il est âgé de vingt ans, drapés dans l’or et le rouge de l’oppresseur, acclamé par ceux qui pillent et saccagent, qui détruisent les vestiges celtes.
Mais Merlin revoit un fils, qui a grandi beaucoup trop vite, si loin des siens et de chez lui. Un enfant qu’on aurait abandonné trop de fois, devenu solide et fort, un cœur dur forgé par l’absence. Il aimerait lui tendre la main, lui dire tout doucement « on rentre à la maison. » Mais Arthur le regarde comme un étranger, un inconnu, un fou, un idiot.
Une fois sur l’indomptable et impétueuse Île de Bretagne, Arthur est en colère, il est blessé, il souffre, son Aconia lui manque, sa belle Rome lui manque, il est déchiré en deux, coincé entre les mondes. Il ne veut pas rester, ce n’est pas « chez lui » ici, il ne comprend plus les langues apprises il y a des années, il ne se souvient plus des chants ni des danses.
Il est étranger dans son royaume qui l’a tant attendu.
Et Merlin est si malheureux de n’avoir pas pu sauver l’enfant qu’il était. Jamais il n’aurait dû le laisser à la garde d’Ygerne, ni celle des Légions Romaines. Il aurait dû l’emmener loin avec lui, au cours de la nature, avec les loups et les fées.
Merlin le voit alors s’avancer vers l’autel chrétien, Excalibur à son fourreau, une tenu de mariage celte et une jeune demoiselle au regard joyeux et au sourire ingénue. Étouffé par l’émotion, il ne dira rien, mais jura de ne plus jamais le quitter.
Les années encore ont défilé si rapidement, le sable dans le sablier s’est écoulé librement, sans restreinte.
Merlin a assisté à l’édification de la forteresse, la construction du royaume de Logres, la paix tant attendue et la prospérité. La gloire de cet Élu promit qui par sa force, son courage unifia les clans divergent et belliqueux à une cause juste et noble.
Roi Arthur Pendragon.
La même âme que l’enfant qui jouait dans la neige, mais le temps l’a abîmé, les années l’ont rongé. La fatigue, la colère, le mépris ont barbouillé son cœur.
Merlin assistera lentement à sa chute, impuissante, faible. Il n’arrivera pas à le sauver. Ce fils qui n’est pas le sien, mais qu’il a aimé tout comme. Il ne pourra pas le sauver de lui-même, de la violence profonde de sa haine, de sa colère intarissable et des souvenirs qui le hantent derrière ses paupières.
Quand Merlin le quitte, il sait que c’est une erreur, mais il est vieux maintenant, tellement vieux de ce destin, de cette vie infinie.
Épuisé des reproches, du dénigrement de son travail. Le ciel s’est assombri, les Dieux menacent l’accomplissement d’augustes présages.
Il fuit.
Mais Merlin est lié au destin du Roi qui a délaissé son titre.
Après avoir vécu des milliards de jours, Merlin assistera à l’impensable. Le sang qui s’écoule d’un poignet ouvert. Le masque de la mort sur le visage du petit garçon qui lui fait un signe timide de la main, avant de disparaitre dans l’ombre de sa mère austère.
La pâleur du visage, les yeux vides, absents. Aucune respiration, aucun battement de coeur.
Ce fils qui n’est pas le sien, mais qu’il a aimé tout comme est mort dans sa baignoire.
Et Merlin n’a pas pu le sauver de lui-même. Il a tout essayé, il l’a soigné, nourri et bordé, mais Arthur à simplement refusé de s’aider, il s’est laissé choir dans les limbes ignorant la main tendue devant lui.
Après ça, Merlin a pensé que c’était bientôt le bout de son voyage, bientôt la fin de cette interminable histoire.
Le Royaume de Logres est devenu une terre de feu et de sang, de malheur et de cri. Les Saxons sont maîtres ici, ils piétinent les statuts celtes et les remplacent par des Dieux factices, des idoles de pierres qui n’ont pas de coeur ni de pensée pour les Hommes. Les druides sont chassés ou brûlés, un peigne de terreur recouvre l’île prisonnière.
Dix longues années à vivre sous terre, caché, épuisé, en colère. Merlin a perdu espoir de le revoir.
Dix éternités sans aucune nouvelle, complètement disparu. Certains disaient qu’il était mort cette fois, d’autres qu’il était parti très très loin.
Mais un jour, après des nuits à cartographie et creusé des tunnels sans fin, Merlin le revoit.
Il est évanoui, blessé, vieilli. Encore plus abîmé qu’avant et pourtant, une flamme nouvelle luisante dans ses yeux.
Le même qui courrait dans la neige plus de quarante ans auparavant.
Arthur.
Ce n’est plus le visage d’un fils, mais celui d’un très vieil ami dont le prénom est coincé au bout de la langue, mais impossible à s’en souvenir complètement. Un visage qu'il n'a jamais réussi à oublier.
Et la lueur d'espoir renaît dans son cœur.
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guesswhogotaname · 2 years
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MAIS C'EST DIMANCHE !✨
Comment ça roule la jeunesse ? Bon je vais pas épiloguer 100 ans, j'ai continué mon petit bonhomme de chemin sur cet AU Kaamelott linguistique hehehehe (ma best life 100%)
Celui-ci ce passe quelques temps après leur mariage et bien évidemment, c'est encore bien compliqué pour eux la communication !
Si vous avez envie de me partager vos idées linguistique, des situations de quiproquo ou je ne sais quoi hésitez pas à venir me faire un coucou!!! Allez tchao la bise 😉
Elle devait suivre des cours, c’était évident. Elle ne pouvait continuer à regarder le monde avec des yeux ronds, abandonnée à une incompréhension totale. Elle refusait de venir la tête baissée devant ses parents, implorant leur traduction des évènements. Elle devait se débrouiller.
Malheureusement, son époux ne pouvait pas lui accorder ce précieux temps, il était trop occupé avec la construction de la nouvelle forteresse de Kaamelott. Il ne pouvait jouer à l’instructeur avec elle. Et quand bien même il eut un moment de liberté, c’était évident qu’il n'allait pas le gaspiller pour elle.
Ghenifar apprit que le prêtre présent à leur mariage pourrait l’assister avec le brittonique commun. Il était au service du royaume de Logres dans le but bien précis de retranscrire la légende d’Arthrhy Pen Draig. Il y avait également le Chevalier Perceval, il avait de bonnes bases en gàidhlig. Il avait légèrement rougi quand elle lui avait demandé de l’aide avec le gallois, mais il avait été prompt à accepter, lui disant que la meilleure façon était avec des jeux et des comptines. Il fallait aussi qu’elle apprenne les fondements du latin. La Bretagne était toujours un territoire fédéré à Rome, et malgré son père qui riait au nez des Romains, il était plus prudent de comprendre cette étrange langue, si jamais une patrouille passait par là…
Ils demeuraient dans la bâtisse qui avait vu naître et prospérer l’illustre roi Yrthr Pen Draig. Cet immense édifice de pierre en bord de rivière semblait transpercer les nuages et dominer l’horizon. Les huit tours qui autrefois abritaient la puissance de feu des archets surplombaient la ville de Caernarfon, comme la menace constante d’une guerre. C’était un fort militaire, ne ressemblant en rien à un lieu chaleureux où vivre.
Ghenifar était terrifiée à la simple idée de vagabonder dans les couloirs à la nuit tombée. Les spectres des soldats hantaient encore les remparts. Vestige d’une légende d’antan, le château tombait lentement en décrépitude. Elle haïssait le mugissement du vent dans le noir qui sonnait tel un cri plaintif et effrayant. C’était un endroit à l’atmosphère lourde, pesante d’un passé sanglant et glacé. Le trône de l’ancien roi attendait, la poussière s’amoncelait sur les ruines d’un empire perdu…
Dans sa grande solitude, elle se plongeait dans ses études et son apprentissage. Elle recopiait maladroitement les lettres de l’alphabet et des extraits du livre que les chrétiens vénéraient. Elle lisait les nouveaux traités de loi du Royaume de Logres, rédigés en brittonique commun, mais d’un terrible ennui. Des pages qui défilaient sur la régence, les impôts du monde paysan, le procédé d’urgence en cas d’invasion…
Des heures durant, elle restait la tête plongée dans les interminables protocoles. Elle suivait fiévreusement la courbe des mots, alors que dans sa main une plume s’agitait.
Alors qu’Artair passait ses nuits sur le chantier ; à diriger chaque équipe, vérifier les plans de la construction, donner des ordres à droit et à gauche, Ghenifar sous la lumière d’une bougie s’entraînait à écrire ; studieuse, concentrée, le nez perdu sur un tas de papier poussiéreux et jauni.
D’un geste agacé, elle remit une mèche bouclée qui tombait sur son front.
Assise devant son petit bureau, les manches de sa chemise de nuit relever jusqu’aux coudes pour ne pas la salir d’encre, elle rédigeait méticuleusement. « Je chure… » Elle hésita un moment, incertaine de la prononciation avec son accent indocile du nord. « M… ma fidiliti au Roi. » Elle termina, heureuse d’avoir déchiffré un vieux serment d’allégeance.
Ses yeux se plissèrent en essayant de décortiquer les minuscules symboles qui formaient un mot en brittonique.
« Dè tha sin ! Bò gòrach ! » Elle rogna de frustration, à deux doigts de foutre par la fenêtre le recueil qu’elle étudiait.
Ghenifar prit une grande inspiration, déterminée.
« Ce… Ches or-dres che-ront m… ma viriti. Cha parole ma foi. » Les sons étaient étrangers sur sa langue, ils déformaient ses cordes vocales, grondaient dans sa gorge comme un grommellement animal.
Elle ne fit pas attention aux heures qui défilaient dans la nuit maintenant noire et parsemée d’étoiles.
C’est à peine si elle entendit le grincement de la porte qui s’ouvrit.
« Qu’est-ce que vous faites debout à cette heure ? » Interpella son mari, épuisé du voyage et du travail qu’il avait encore à accomplir pour parfaire le pays qu’il gouvernait.
Au son de sa voix, elle leva la tête du document, un sourire sur ses lèvres. Le brittonique était semblable à un enchantement dans la bouche du Roi. Aucun accro ni difficulté, il parlait avec aisance. Bien qu’inculte dans ce domaine, elle admirait la mélodie de ces mots, comme une chanson inconnue.
Face à son silence imbécile, Arthrhy soupira. Évidemment, elle ne pigeait rien.
Il partit derrière le paravent, sans prendre la peine d’un geste vers son épouse. Il ne désirait qu’une chose : dormir. Il retira ses lourds vêtements de la journée, il laissait tomber la cape, le plastron, les épaulettes, les bottes, et se prépara à s’étendre de tout son long sous les couvertures.
Mais dès l’instant où enfin il pensait se reposer, sa femme vient s’assoir sur le lit devant lui.
Il remarqua ses mains piquetées de taches d’encre. Sa robe de nuit enveloppant son corps, mais toujours trop ample, dévoilant son épaule. Les quelques boucles qui coulaient le long de son cou finement élancé. Sa peau pâle, qui semblait presque fragile, précieuse.
Elle souriait de cette joie si lumineuse et généreuse, les perles d’un début de rire sonnaient dans sa bouche.
« Artair vous écoutez ! »
Il croisa les bras sur sa poitrine, les sourcils froncés, déjà fatigué et ennuyé. Il essayait de ne pas se laisser emporter par sa gentillesse, sa douceur. L’impossibilité de communiquer avec elle l’agaçait et le troublait. Il n’arrivait pas à saisir les mots rugueux de sa terre natale, les « r » qui gronde dans la gorge et sur la langue comme un cri de guerre. Et pourtant ses grands yeux noisette parlaient pour elle, le sourire timide de ses lèvres roses lui provoquait un étrange chamboulement.
Mais il n’avait pas le droit de ressentir ça, il se l’était interdit.
« Quoi encore ? »
Elle ferma les yeux, comme si elle priait.
Lorsqu’elle les rouvrit, Arthrhy eut un coup au cœur. Elle était là, si heureuse et si fière, le dos droit et le menton levé, il l’a trouvait belle sous les traits d’une conquérante, d’une Reine.
« Je chure ma fidiliti au Roi. Ches ordrech cheront ma viriti. » Sa voix ne tremblait pas, elle avait répété dans le silence de sa chambre pendant des heures juste pour le dire à son époux. Elle voulait lui faire ce cadeau maladroit et imparfait. Elle remarqua les yeux d’Artair s’agrandirent au fur et à mesure, sa bouche s’ouvrit dans une expression de fierté et de surprise. Elle souriait de plus belle, sentant son cœur battre dans le bout de ses doigts. « Cha parole ma foi. É ma amour touchour pour lui. »
Il la regarda vraiment pour la première fois, découvrant sa détermination inébranlable.
Inlassablement, elle essayait.
Elle voulait le comprendre et communiquer avec lui, le toucher de ses mots, puisqu’il refusait de lui accorder sa tendresse. Malgré les silences et le mépris qu’il lui avait servi.
Il resta muet un moment, sa langue inerte, les paroles désertèrent son esprit. La honte coupa ses pensées. Il avait traité cette femme comme une idiote, une pauvre gamine paumée, et elle était là, tellement plus grande et plus digne que lui. Oh il aurait aimé pouvoir lui tenir la main, baiser sa joue tendrement, lui dire combien il était reconnaissant et fier d’elle. Il aurait tant souhaité lui offrir ce qu’elle désirait.
Elle attendait une réponse, et son silence l’inquiéta.
« Vous comprendre ? » Elle hésita, la peur que tous ses efforts se fussent révélés vains lui tordait le ventre. Il ne réagissait pas, il continuait de la fixer, mais elle vit pour la première fois une lueur au fond de ses iris sombres, et elle sentit un long frison lui parcourir l’échine.
« Oui, je… »
Le dessin de la commissure de ses lèvres qui s’étirent doucement, un secret. Elle observait cette création, comme on assisterait à un miracle, à un coucher de soleil. Il souriait pour la première fois avec elle, pour elle, dans l’intimité de leur chambre.
« C’est très bien, vous faites beaucoup de progrès. »
Cette nuit, ils se couchèrent plus proche que jamais, leurs épaules se frôlèrent, mais aucun d’eux ne prit la décision de s’éloigner.
Ils dormirent avec cette étrange sensation, cette délicieuse boule de soleil coincé dans le plexus.
Ghenifar rêva de ce sourire timide qu’elle avait aperçu sur les lèvres de l’homme à qui elle avait donné sa vie.
Arthrhy rêva dans une langue curieuse, mais qui vibrait comme un poème, bercé par la voix de son épouse.
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guesswhogotaname · 3 years
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Éli, Éli, lama sabachthani? (Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?)
Hier soir sur 6ter (les vrais connaissent les bails) il y avait le dernier épisode du livre VI et évidemment, je ne pouvais pas passer à côté de cette occasion de procrastiner pendant quelques heures et me laisser consumer par tout mes feels concernant Kaamelott. Après, j'ai écris une histoire.
Il y a une femme qui l’embrasse. Elle a le goût du soleil, du miel et des figues.
C’est un baiser échangé dans le secret d’une longue après-midi d’été, la chaleur écrasante d’une ville baignée dans les rayons de l’astre de jour. Les lèvres s’étirent dans un sourire malicieux, complice. Une promesse gravée aux cœurs. C’est la jeunesse insouciante. C’est un rire discret, un regard sombre. La naissance du désir.
Il y a une femme qui l’embrasse. Elle sent le jasmin des jardins d’un château perpétuellement en hiver. Elle sent comme le début du printemps. C’est interdit. C’est le péché ultime, mais aucun des deux n’a pu résister. Chaque baiser est grisant, effroyable. La peur aux bords des lèvres que le ciel ne s’effondre sur leurs têtes. C’est sans retour. C’est dangereux. C’est le poison et le remède. C’est une bouffée d’oxygène. Elle l’embrasse et il y a cette avidité, ce désir intarissable qui gronde.
Il y a une femme.
Elle ne l’embrasse pas.
Elle le regarde, le battement de cils, lent, qui voile à peine ses yeux noisette. Son regard ne vacille pas. Elle le maudit et le haï. Elle l'adore et l'attend.
Elle est droite, immobile, les mains jointes dans une prière silencieuse et secrète. Ses yeux embrumés par des larmes qui refusent d’inonder ses joues.
Elle est de cette beauté qu’on les navires en plein naufrage.
Il aimerait lui parler. Lui dire. Mais ses lèvres sont scellées par le poison gluant du miel, par l’odeur nauséabonde du jasmin.
Il aimerait lui avouer. Confesser l’étendue des mensonges qui ont pourri sur sa langue. Il essaye d’ouvrir la bouche, aucun son ne sort. Des mains, chaudes, d’une douceur familière, emprisonnent sa gorge. Des voix susurrent au creux de son oreille des mots envoutants. Il en oublie son nom, sa destinée… Il s’engouffre dans un rêve perpétuel, il n’y a plus d’échappatoire possible.
Emmitouflé dans son linceul, il n’a plus froid, mais il aimerait la revoir une dernière fois.
Qui ?
Comment s’appelle-t-elle, cette femme aux yeux rieurs ? Cette femme qui a toujours été là, ses cheveux bouclés aux reflets dorés dans la lueur de l’aurore ? Cette image, constamment présence au coin de son œil, qui le guette ?
Le souvenir s’estompe, s’essouffle.
Il doit la retenir avant qu’elle ne disparaisse complètement.
Qui est-elle, cette femme qui attend, éternellement dévouée ?
Elle est si malheureuse. Si seule dans cette forteresse de pierre blanche.
Il aimerait la sauver.
« Ce n’est pas de votre faute… »
Elle est de cette beauté que possède la fin des rêves.
Il n’arrive pas à reconnaître les traits de son visage, les songes et les souvenirs se mélangent.
Il y a une femme. Une femme qui le regarde, tendrement, des larmes ruissellent sur son visage. Elle porte une robe bleu foncé, simple, sans ornements, sans parures d’argent.
Elle vient de loin. Elle vient en deuil.
« Vous dormez. »
« J’ai rêvé de vous. »
Il aimerait lui demander pourquoi. Pourquoi elle a gaspillé toutes les années de sa vie aux côtés d’un homme qui ne la méritait pas. Mais il n’a pas les mots. Il tend la main vers elle, lentement, comme s’il était persuadé que jamais il ne l’atteindrait, comme si elle était faite de la même étoffe que les rêves, comme si elle allait disparaître au bout de ses doigts.
Elle prend sa main, la guide à sa joue.
Il sent sa peau, froide, humide des larmes.
Ses yeux se ferment, il peine à les garder ouverts.
« Pourquoi vous pleurez ? »
Oh, elle aurait été glorieuse s’il avait pu la rendre heureuse. Il aurait dû mettre le monde à genoux devant elle, cette femme, la sienne, qui n’a jamais renoncé, jamais abandonné.
Et peut-être que tout ce-ci n’est qu’un rêve. Peut-être qu’il est entrain de mourir tout simplement. Mais il sent que ça remue en lui, le sang qui bat faiblement dans ses veines, les dernières gouttes que pompe son cœur.
« Je me souviens… »
Il sourit. Sincère. Il aimerait lui dire tellement plus, mais le temps manque, les mots lui échappent.
« J’aurais dû sourire à notre mariage. »
Ça n’a pas de sens, mais dans sa cage thoracique, il sent comme une brûlure douce et réconfortante qui gonfle et gonfle.
Les larmes redoublent sur les joues de sa femme. Une cascade sans fin. Et pourtant, un sourire d’une douceur déchirante se dessine sur ses lèvres. Un sourire brisé par un sanglot réprimer.
Elle est de cette beauté tragique qu’on les espoirs disparu et les amours déchus.
Il revoit la couronne sur sa tête. Sa robe bleu pâle, des fleurs brodées à la main sur sa poitrine. Il aurait dû la porter dans ses bras et l’emmenez loin, aussi loin que possible, comme elle le rêvait étant enfant.
Elle amène sa main à ses lèvres, dépose un baiser dans le creux de sa paume pour y étouffer un pleur.
Pourquoi elle a continué d’attendre ? D’espérer ?
Il connaît déjà la réponse.
Il l’a toujours su.
« Guenièvre. »
Sa respiration devient laborieuse.
C’est épuisant de rester en vie.
« Vous essayerez d’accord ? »
« Comment ? »
Et elle est prête à tout. Sa confiance aveugle et absolue. Il pourrait lui demander une chose impossible, elle le ferait.
Pour lui. Pour son amour.
« D’être heureuse. »
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guesswhogotaname · 2 years
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Coucou !
Un petit message pour te dire que ton AU Kaamelott linguistique me manque 👉👈 tu fais une petite pause sur cette histoire ? (pas de pression, je suis juste curieuse lol)
Bonne journée à toi 💮
Désolée de la réponse tardive, je n'avais pas vue ton jolie petit message ! 💖
Merci mille fois, je suis très touché que tu apprécies autant mon AU Kaamelott linguistique !! Ça me met du baume au cœur 😊 Honnêtement, je fais une petite pause dans cette histoire parce que je n'ai pas eu le temps d'écrire grand chose dernièrement (le mois des partiels et des concours... sah quel plaisir...) mais ton message m'as booster !! Je vais essayer d'écrire ce week-end !!
D'ailleurs, si tu as des idées de prompt ou toi-même envie d'écrire sur cet AU linguistique je serais très heureuse et curieuse de voir !
Beijinhos et bonne journée !! 💛☀️
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