"Le vent se lève!… Il faut tenter de vivre!" Paul Valery
illustration for Hayao Miyazaki's cartoon "The wind rises" and Tatsuo Hori's autobiographical novel "The wind has risen" (1937).
Les vacances, pour moi c'était la mer. La mer, je courais après elle, elle courait après moi, tous deux on faisait ce qu'on voulait. C'était comme dans les contes de fées : elle changeait les gens. A peine arrivés, ils n'avaient plus la même couleur, ni la même façon de parler. Ils étaient tout de suite remis à neuf, on aurait dit des autres. Elle changeait aussi les choses et elle les expliquait. Avec elle, je savais l'horizon, le flux et le reflux, le crépuscule, l'aube, le vent qui se lève, le temps qui va trop vite et qui n'en finit plus.
Le vent s'engouffre avec insolence par les planches disloquées du vieil hôtel. Edgar, le tenancier à la gueule burinée, frotte un verre avec un torchon qui a connu des jours meilleurs.
— Tu crois qu'ils vont pointer leur nez aujourd'hui ? lâche Clara tout en jouant avec le vieux poste qui crachote un air de jazz.
Edgar pose le verre et contemple la poussière dansante dans un rayon de lumière.
— Ils reviennent toujours ! Pour le charme de l'ancien monde.
La porte couine et Monsieur Léon, l’habitué, fait son entrée.
— T'as gardé mon poison préféré d'avant-guerre, Edgar ? Son clin d'œil est aussi brillant que sa calvitie.
— Pour toi, toujours, rétorque Edgar en tirant une bouteille cachée sous le comptoir.
Clara sourit.
— Et comment va votre dame ?
— Mieux qu'ce vieux rafiot ! s’esclaffe Léon. Elle pense que je vais taquiner le goujon. Si elle savait que je viens m'abreuver d'réminiscences…
Soudain, une gamine à l’air débrouillard et au reflex en bandoulière débarque.
— Je peux shooter ? C'est d'la balle, on se croirait flanqué dans une autre époque !
Edgar lui lance un regard entendu.
— Vas-y, mitraille. Mais même en rafale, ton appareil ne capturera jamais les histoires…
La gamine s'installe, son œil vif cherchant l'angle parfait.
— J'suis là pour les histoires cachées, moi.
Léon lève son verre, amusé.
— Alors, t'es au bon endroit, môme. Ici, chaque recoin a son récit.
La porte grince une nouvelle fois. Une silhouette encapuchonnée s'avance, brandissant un avis de démolition.
— Dernière tournée les croulants ! crache-t-elle d'une voix sinistre.
Les regards se croisent, voguant sur le silence lourd que l'intrus vient d’imposer.
L'éclat de rire de Léon résonne, défiant le futur.
— Immortalise ça, gamine ! Quand les murs tomberont, nos fantômes danseront encore. À la vôtre pour l'éternité !
"Tous ces mots terribles qui font des chansons
Parlant de misère , d'ennui , de prison
Ne sont que des leurres chassant nos démons
Bâillonnant la peur , pendant un moment
Chanter, c'est pas vivre , mais c'est l'espérer
Chanter, c'est survivre , quand on est vidé
Vidé de ses illusions, tout nu et tout con
Essoré, déboussolé, cassé, piétiné
Je ne suis ni meilleur, ni plus mauvais que vous
Contre vents et marées, envers et contre tout
J'ai chevillé dans le cœur un rêve de bonheur
Un jour nouveau qui se lève chasse mon chagrin
Un geste, un regard, un mot, un ami qui vient
Deux arbres dressés dans le ciel, la lune et la nuit
Deux amoureux dans un champ font comme leurs parents
Une fille qui revient d'un voyage très loin
Tous ces mots terribles qui font des chansons
Une fille qui revient d'un voyage très loin."
Ta nuit, ta pluie, ton gris, ton froid. Tout ça me rend presque totalement imperméable à tes charmes.
Pourtant tes quelques flocons de neige, tes chocolats chauds, tes feux de cheminée, tes gros pull tout doux, sont des choses que j’adore.
Mais tes pluies glaciales incessante, ton soleil qui se lève bien trop tard et se couche beaucoup trop tôt, tes journées toutes grises, ton vent cinglant et tes arbres nus et moroses font que je n’arrive pas à t’aimer, que j’ai même du mal à te supporter.
Oui, parfois ton ciel est bleu, dénué de tout nuage, parfois ton soleil brille et ses rayons viennent un peu illuminer et réchauffer ton ambiance si froide et si morne. Mais ça ne suffit pas.
Comme les autres saisons, tu as trois mois pour toi et même si février est un peu plus court que les autres, j’ai toujours l’impression que tu dures mille ans, que tu ne t’arrêteras jamais. Dès janvier, je ne ne crois plus au printemps.
Tu me rends triste et me vide de toute énergie. Moi qui adore me lever tôt, du moins avec le soleil, tu me donnes envie de dormir toute la journée, voire de rejoindre mon lit mi-décembre et de ne plus en sortir avant les premiers rayons de soleil doux de mars.
Je crois que si, comme beaucoup d’autres êtres vivants sur cette planète, je te passais à hiberner, je m’en porterai beaucoup mieux. Il n’y a rien de plus fatigant que ces journées sans lumière que je passe avec toi, hiver.
Et puis, maintenant que je fais des vidéos, tes nuits qui tombent très tôt et qui ne se lèvent jamais vraiment me frustrent énormément, car tes journées sans soleil rendent toutes mes images toutes tristes et lugubres, alors que moi, je voudrais partager de la chaleur, de la lumière et de la joie.
Alors oui, c’est vrai, les journées de neige ont quelque chose de magique. Un silence si apaisant. Mais tu n’as plus assez de flocons pour en recouvrir les pleines et les vallées plus que quelques jours par an. Je sais que ce n’est pas de ta faute et que toi non plus, tu ne maîtrises pas la météo. Mais tout de même, il fut une époque où je t’aimais pour les batailles de boule de neige, pour les premières traces de pas déposés sur ton manteau blanc après une nuit de neige. Je t’aimais pour ces matins de calme et de paix qui surgissaient lorsqu’en ouvrant rideaux ou volet, on découvrait que notre paysage s’était totalement fait recouvrir de blanc.
Tant pis, les glissages en luge se feront un prochain hiver peut-être.
En attendant, je prends mon mal en patience, je compte les jours avant le printemps, avant les journées douces et ensoleillées, avant les fleurs et les feuilles qui sortent, avant les oiseaux qui reviennent d’on ne sait où.
Ne m’en veut pas si je ne t’aime pas hiver. Si je ne t’aime plus. C’est juste que tu me rends triste et déprimée et qu’au bout de seulement quelques jours passés avec toi, je me languis tant du printemps et du beau temps.
D’ailleurs j’espère qu’il arrivera bientôt, plus tôt que prévu, avec son énergie, sa chaleur et ses journées douces, que je passerai allongée dans l’herbe ou au milieu des fleurs qui grandissent.
Ces “Quelques trucs bien” s’inspirent directement des “3 trucs bien” de Fabienne Yvert, publié au Tripode.
Pas 3 par jour pour ma part, mais une volonté régulière de gratitude et d’optimisme.
Apprécier de dormir du sommeil du juste
Dire au revoir à ma sœur en pleurant et en se serrant dans les bras. En tout, 10 jours de séparation comme une éternité de solitude pour moi et un séjour de vacances pour elle
Apercevoir un renard détaler et se planquer dans la nuit des fourrés
Participer avec les jeunes à l’atelier de peinture. Laisser libre cours à la couleur
Ramener maman à la maison après quelques jours d’hospitalisation. Savoir qu’elle sera bientôt soignée
Fêter l’anniversaire de ma sœur dans une soirée folle avec des plumes, des paillettes et du champagne ! Retrouver les amis qui ont joué le jeu déguisé et s’amuser !
Voir un faisan dans le jardin, près de l’olivier. Penser que l’oiseau a trouvé là un espace de sécurité pendant la chasse qui est de saison
Valider l’inscription à une formation professionnelle. Sentir s’ouvrir une fenêtre dans la routine
Craquer pour deux décos de Bambi pour mon petit M. : « mon premier Noël »
Prêter une robe toute neuve à ma sœur afin qu’elle soit à son aise et à son avantage lors d’une fête familiale par alliance, et qu’elle se sente « magnifaïque », moi qui ne suis pas la reine du shopping
Aller dans les bimbeloteries avec ma meilleure amie pour acheter des décos de Noël pour elle, des décos d’anniversaire pour ma sœur : il y a de la paillette, de l’or et de l’argent. Tout ce qui fait chaud au cœur
Savourer la douceur de l’automne porté par le vent chaud du Sirocco. Enlever des couches de vêtements au fil de la journée
Entendre chanter le rouge-gorge dans le froid du matin
Constater que les jours raccourcissent à vue d’œil et avoir quand même du plaisir à allumer la lampe de chevet pour bouquiner
Recevoir un message élogieux sur ma poésie. Ressentir de la reconnaissance et le regret du silence actuel
Aller à l’atelier de peinture. Retrouver le plaisir du geste au pinceau et la joie de la couleur pure. Partager ces ressentis avec les jeunes
Entendre hurler la chouette dans la nuit puisque je me lève de très bonne heure chaque matin
Discuter avec ma cousine au téléphone en buvant du vin blanc. La sentir plus forte et indépendante. Lui confier quelques conseils de ma grand-mère pour continuer à avancer
Passer du temps avec maman. Préparer de la soupe et des tenues vestimentaires pour la semaine. Être là, juste là
Accueillir une amie qui se sépare. Écouter et accompagner la prise de conscience. Faire confiance avec de la tisane
Échanger des ouvrages avec un auteur. S’essayer à la critique littéraire. Attendre aussi son retour sur mes poèmes
Envoyer un message amical à un collègue en arrêt de travail. Lui dire qu’il manque
Savoir que maman m’attend pour aller se coucher. Prendre le temps pour elle aussi
Voir et câliner mon petit M. quasi quotidiennement. Bonheur
Constater les énormes progrès de deux de mes jeunes patients. Me sentir si fière pour eux désormais apaisés pour pouvoir scolarité presque normalisée
Accompagner maman pour la visite de l’appartement de ma fille. La sentir heureuse de cette sortie exceptionnelle
Apprécier comme une grâce les étoiles scintillantes du petit matin dans le ciel lavé par la pluie et nettoyé par le vent. Trouver de bons côtés à l’insomnie
Aller au cinéma avec mon fils pour voir le dernier Miyazaki en VOSTFR
Manger des gaufres ensemble. Monter et/ou descendre d’un ou deux étages dans la maison pour partager avec la famille et les amis présents. Se régaler ensemble
Bricoler avec mon fils. Améliorer la possibilité d’aérer sa chambre pendant l’hiver puisqu’il aime le froid
Envoyer à une amie virtuelle une enveloppe avec un de mes bouquins dedans. Donner de la matière et du concret par les mots
The first meeting between Jiro and Nahoko is very curious due to the reference to Paul Valéry’s poem “Le Cimetière Marin”. After young Nahoko rescues Jiro’s hat, she says “Le vent se lève”, and he replies with “Il faut tenter de vivre”. Just what are the odds that two characters would ever quote this poem to one another as some kind of commentary on life?!
It’s difficult to imagine a more striking first meeting. Jiro and Nahoko share an extraordinary, mystical understanding due to their knowledge of that poem. “Le Cimetière marin” is a meditation on life, mortality, and the impermanence of existence. The characters’ recitation of the poem suggests a shared sensitivity and a recognition of the beauty in the midst of life’s transience.
The characters are brought together by the wind: that whimsical and incomprehensible force. Jiro is taken aback by her recitation of the poem, and their secret understanding causes a huge stir in the heart of the young aeronautical enthusiast, and has a profound impact on his life. The line “The wind is rising! We must try to live!” is a call to action, a reminder to cherish the time we have, and to live life to the fullest. Jiro and Nahoko are both dreamers; Jiro yearns to design beautiful airplanes, and Nahoko wants to live a full and meaningful life. They’re both drawn to the beauty of the world around them, and they both have a deep appreciation for life.
Life hack: if you start to cry and can't stop and start to feel frustrated about it, put on a movie that is comforting but makes you cry so you feel better but also less dumb for crying.
The movie that works for me personally is "The Wind Rises"
Son regard à la couleur rupestre, indifférent et isolé mais rendant l’évidence à la carrure de son absence. Elle avait les douceurs détaillées de ce qui lui était propre, mais aussi l’écrasement jusqu’au bouts de mes doigts sous ses souliers. Elle parlait avec ses yeux. Mais, de sa bouche seulement de vieilles couleurs pastels d’anciens Polaroïds. Ce rappelaient par sa voix. Je repense à cette inconnue que je connaissais si bien ! Elle était la lumière éteinte d’une étoile qui a perdu mon regard et ses milles feu. Je l’aimais comme la terre n’oublie jamais de tourner. Ses petits détails des flammes des souvenirs éteints, de son rire à ses pieds elle était encrée. Mais de mes pleurs à ma tête elle était brûlée. La douleur est une voix morte que l’on entend encore, dans l’écho de ce qu’il reste de sa présence. Le vent se lève, il faut tenter de vivre. Et pourtant nous nous sommes coupé les ailes.