La vie invisible d’Euridice Gusmao ne raconte pas le destin d’une femme mais de deux, Euridice (Carol Duarte) bien sûr et Guida (Julia Stockler), sa soeur. Avec un tel prénom, Euridice était sans doute condamnée à rejoindre les Enfers prématurément. Mais ce n’est pas d’un homme dont elle fut séparée mais de sa soeur, Guida, partie vivre l’aventure auprès d’un marin grec, sans se retourner. Les deux soeurs s’adorent mais ont des tempéraments opposés. Autant Guida est aventureuse, autant Euridice est sage. Leur vie sera à leur image, en parallèle l’une de l’autre, soumise en grande partie au bon vouloir du père et/ou du mari. Il faut dire que dans les années 50 au Brésil, il est difficile pour une femme d’exister pour elle-même. Et pourtant le film de Karim Aïnouz a une aura éminemment féministe avec cet amour sororal indéfectible, l’une écrivant inlassablement à l’autre, l’autre ne cessant jamais de rechercher la première; l’une gagnant son indépendance et un affranchissement dans un monde d’hommes et l’autre y échappant occasionnellement grâce à son talent de pianiste. Le film, basé sur le roman éponyme de Martha Batalha, est beau tant sur le fond que la forme, ne tombant jamais dans le pathos malgré la veine mélodramatique.
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Leonard Cohen - Darkness (Official Audio) Après la voix de Nina Simone et son “I put a spell on you” à Paris, le film se conclut à New York avec cette chanson plutôt pessimiste de Leonard Cohen. Noir c’est noir, comme disait Johnny. La chanson est idéalement choisie et colle au film avec un propos plutôt sombre et pessimiste mais qui garde dans son ton une certaine légèreté.
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Dominik Moll livre avec “Seules les bêtes”, adaptation du roman éponyme de Colin Niel, un thriller à tiroirs efficace, impeccablement monté et joué. Sur le causse lozérien, une notable locale est portée disparue, on retrouve sa voiture vide sur le bord de la route, mais le corps reste introuvable. Dans le livre, les personnages se succédaient pour “témoigner” et apporter un éclairage nouveau. Dominik Moll trouve un biais pour rendre cet effet à l’écran, à l’aide du montage non chronologique, voire parfois à rebours et révélant au fur et à mesure les véritables enjeux de l’histoire, bien en amont de la disparition d’Evelyne Ducat (Valéria Bruni Tedeschi) finalement purement anecdotique. L’ambiance et le puzzle sont plus intéressants que l’histoire en elle-même, plus convenue, en dépit d’une conclusion vraiment inattendue et ironique où on retrouve la touche du réalisateur d’Harry, un ami qui vous veut du bien.
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Dire Straits - Brothers In Arms. Parce que la guerre c’est souvent cela, des “frères” qui s’entretuent, le titre de Dire Straits fait forcément écho et colle au sujet.
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On pourrait interpréter le titre de bien des manières. “Sympathie pour le diable” pourrait s’appliquer à Paul Marchand lui-même, ce journaliste emblématique qui couvrit entre autres la guerre de Bosnie Herzégovine en 1992. Le titre avait été choisi par lui-même, en référence aux Rolling Stones qui était son groupe fétiche et parce que le titre collait si bien à son mode de vie, accro à l’adrénaline, et à cette guerre, sale comme bien des guerres. Dans son livre “Sympathie pour le Diable”, Paul Marchand raconte son expérience à Sarajevo, son combat pour dire et montrer la réalité de la guerre et pour ne pas être un simple spectateur impuissant. Le projet du film est lancé en 2006, alors que Paul Marchand est encore en vie mais ce n’est qu’en 2018 qu’il se concrétise finalement avec Niels Schneider, une fois encore méconnaissable, dans le rôle de Paul. Guillaume de Fontenay parvient à nous donner une idée d’ensemble du personnage, parfois antipathique mais toujours droit dans ses convictions et jusque boutiste. La réalisation est soignée, la reconstitution réaliste et les acteurs convaincants.
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Agar Agar - You're High. En dehors de la musique écrite par le japonais Ryuichi Sakamoto pour le film, on trouve ce titre de Agar Agar, préfigurant le décollage imminent de la fusée Proxima.
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Alice Winocour rend hommage à toutes ces femmes qui partent dans l’espace, laissant sur terre leur vie, leurs enfants, à travers le portrait d’une femme incarnée par Eva Green. Mais ce qui l’intéresse, ce n’est pas tant le “voyage”, que tout ce qui se passe en amont, tant dans la préparation même, physique, que dans ce qui se joue au niveau de la séparation. Sarah vit seule avec sa fille. Elles ont toutes deux une relation privilégiée. Stella, petite étoile sur terre, ne voit son père lui aussi astrophysicien qu’un week-end sur deux. Mais un jour Sarah est choisie pour une mission dans l’espace, une aubaine. Elle remplace au pied levé un collègue et doit rattraper la préparation physique déjà entamée par ses deux futurs acolytes. Le film aborde tout cela de façon épurée, presque froide et clinique. Seule, Stella déborde un peu du cadre, du haut de ses huit ans et d’un besoin de sa maman frustré. La retenue ne cache pourtant pas l’émotion de la mère, déchirée entre son rêve d’espace et l’amour maternel. Malgré le sujet spatial, le film est donc avant tout intimiste, un brin féministe mais sans excès et il évite l’écueil du pathos avec beaucoup de justesse. On n’est pas non plus bouleversé mais le point de vue film reste intéressant.
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“Sic transit gloria mundi” (Ainsi passe la gloire du monde), locution latine énoncée lors de la cérémonie d’intronisation d’un nouveau pape, donne son titre au nouveau film du marseillais Robert Guédiguian, annonçant un certain pessimisme sans doute. Et pourtant le film commence au contraire par un heureux événement: la naissance de Gloria, autour de laquelle se réunit toute la famille. Mais bien vite la naissance de l’enfant fait se révéler des failles. Déjà on apprend que Richard (Jean-Pierre Darroussin), le mal nommé, n’est pas le père de Mathilda (Anaïs Demoustier), mais seulement son beau-père. Le père, Daniel (Gérard Meylan), est en prison, quelque part en Bretagne, bien loin de la cité phocéenne. Pour Richard, il n’y a pas d’hésitation à avoir, il faut prévenir Daniel qu’il est grand-père et envoyer une photo du glorieux bébé. Après hésitation, Sylvie (Ariane Ascaride) se range de son côté - contre l’avis de Mathilda - et envoie une lettre à Daniel pour lui annoncer la nouvelle. Comme un heureux hasard ne vient jamais seul, Daniel est libéré peu de temps après, renaissant à la vie après plus de deux décennies au placard et revient assez naturellement à Marseille pour pouvoir rencontrer sa fille et sa petite-fille. Gloria Mundi est délibérément plus sombre que d’autres films de Guédiguian où on voyait déjà un Marseille populaire certes mais moins touché par le sceau du malheur que cette famille-là et moins préoccupé par les problèmes d’argent. Il y a une forte opposition entre la jeune génération plus cupide, moins digne, plus intrinsèquement moche, moins solidaire et l’ancienne, qui a connu une autre époque et qui est plus apte au sacrifice. Les trois “adultes” sont trois beaux personnages guédiguiens, d’ailleurs incarnés par les acteurs fétiches du réalisateur. Le film, bien entendu éminemment politique, à l’image d’autres films qui fleurissent sur nos écrans ces derniers mois et des populations en colère un peu partout dans le monde, est l’un des plus beaux et puissants que Guédiguian ait livrés - du moins ces dernières années.
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Les enfants d’Isadora se découpe en trois parties, sans lien entre elles. Dans la première, Agathe Bonitzer lit l’autobiographie d’Isadora Duncan et en parallèle tente de s’approprier la chorégraphie que celle-ci a créé en “hommage” à ses enfants, morts tragiquement: “la mère”. Dans une seconde partie, on découvre Marika Rizzi (réellement danseuse et chorégraphe) et son élève Manon qui préparent ensemble ce même solo pour un spectacle. Une autre femme, Elsa Wolliaston, assiste à une représentation de cette même danse mais la danse n’est pas montrée; seules les réactions des spectateurs nous sont donnés à voir et la caméra s’attarde plus longuement sur celle d’Elsa. On ne peut nier une certaine recherche poétique dans la démarche de Damien Manivel qui avoue avoir toujours voulu faire un film sur la danseuse Isadora Duncan. L’histoire de cette danse est touchante mais elle est tellement décortiquée qu’elle perd un peu sa grâce, surtout dans la première partie centrée sur Agathe Bonitzer, sèche, presque austère. La suite est plus humaine heureusement et plus intéressante même si la partie Manon/Marika a plus des allures documentaires que filmiques. C’est finalement la toute dernière partie qui porte la réelle émotion. On n’y voit pas la danse et rien n’est dit et pourtant tout se comprend, le deuil est là et se transmet et on ressent enfin l’intention d’Isadora.
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