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#moustique comptine
philippejalbert · 10 months
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3 petits moustiques qui piquent 🩟🩟🩟 Petites comptines pour bĂ©bĂ© avec par...
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ennanollip · 5 years
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AllĂŽ la France ici Mexico!
Nous sommes le mercredi 17 avril, je suis déjà partie depuis une semaine.
Il y a eu une Ă©tape Ă  l’Isle sur la Sorgue, en amoureux, chez les copains, qui nous ont bien promenĂ©s. Notamment Ă  Gordes - quelle vision! Comme quoi on peut se dĂ©payser Ă  trois heures de route. [On se croirait dans Game of Thrones:]
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Il y a eu une étape à Peyrehorade - quel nom exotique ! Dans les Landes, à proximité de Dax.
On le sait, les transversales c’est pas le point fort de la France! En train: Avignon - Montpellier, changement de gaaare: Montpellier Sud de France - Bordeaux, Bordeaux - Biarritz. Pour environ 9h30 de voyage !!! C’est long. Faut dire qu’il y avait un paquet de correspondances.
J’avais deux heures Ă  tuer avant que Mathilde me rĂ©cupĂšre donc je suis allĂ©e dire bonjour Ă  l’ocĂ©an.
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Le reste du week-end c’était pour jouer au loup, au tigre, au cheval, Ă  cache-cache, pour lire des histoires, pour courir partout, pour chanter des comptines, pour courir aprĂšs les pigeons.
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De Dax j’ai (re)pris le train pour Bordeaux... puis de Bordeaux le Ouigo pour Paris Charles de Gaulle. Encore huit mille heures de voyage! (Bon d’accord, six...)
LĂ  j’ai Ă©tĂ© stratĂ©gique, une fois n’est pas coutume, j’avais rĂ©servĂ© une chambre d’hĂŽtel Ă  proximitĂ© - en cherchant bien, le « PremiĂšre Classe » Ă  cĂŽtĂ© de Parc des expositions coĂ»tait 44€ la nuit pour 15min de RER; ce que m’aurait coutĂ© le taxi pour rejoindre l’aĂ©roport depuis Paris. Mon vol Ă©tant prĂ©vu Ă  8h40, il me fallait deux heures d’avance pour enregistrer mon sac Ă  dos, donc c’était quand mĂȘme plus pratique d’ĂȘtre Ă  cĂŽtĂ© !
La chambre est tout Ă  fait correcte au passage. Grand lit, draps propre, salle de bain dans un bac en plastique dans un coin, on se croirait sur un bateau de croisiĂšre, enfin presque. Je vide mon sac pour mieux le re-remplir (organisĂ©e vous dis-je!) et pour imprĂ©gner mes vĂȘtements de solution anti-moustiques. Il paraĂźt qu’ils sont gros comme des hĂ©licos lĂ -bas. Grande idĂ©e Madame Machin, les produits chimiques en spray dans une chambre de 4m2!! (j’exagĂšre of course, mais vous voyez l’idĂ©e) Au moment d’allumer la tĂ©lĂ© pour lui faire faire du bruit dans le coin, je rĂ©alise qu’il n’y a qu’une pile sur deux dans dans la tĂ©lĂ©commande. Soit. Je dĂźne d’une soupe Ă  la tomate et de madeleines prises au distributeur.
Au (petit) matin je suis plus prĂȘte qu’un scout, je saute dans mon jogging en polaire (j’assume), enfile mon sac Ă  dos et pars... dans la mauvaise direction. Oups. Pas rĂ©veillĂ©e moi. T’façon j’étais en avance ha ! Mais tout va bien, j’arrive sans encombres Ă  l’aĂ©roport.
Sinon le truc que j’avais racontĂ© Ă  personne c’est que j’avais pas reçu de confirmation pour mes billets d’avion donc j’étais pas ultra-rassurĂ©e ; sachant que je les avais trouvĂ©s via un comparateur qui m’avait rebalancĂ© sur un autre, et qu’ils Ă©taient si peu chers que PĂ©pĂ© m’a demandĂ© combien de kilomĂštres Ă  la nage il allait falloir faire pour finir le voyage. Je me fais plein de scĂ©narios dans ma tĂȘte, en me disant qu’il allait falloir rentrer Ă  Lyon et que j’aurais l’air bien nouille. Mais tout va bien, j’active le mode dĂ©brouille, finis par identifier le terminal, je me trompe, traverse le parking - ouf c’était pas loin, trouve les comptoirs d’enregistrement, donne mon sac Ă  dos Ă  la dame et passe la sĂ©curitĂ©. J’affiche un fier 10kg Ă  la balance! On verra au retour hĂ©hĂ©. J’ai le temps de boire un cafĂ©, d’appeler Maman et Mamy et Mamyse, et de prendre des photos ✌
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[j’aime les perspectives]
Du coup le trajet en lui-mĂȘme ça a donnĂ©: Paris 8:40 - Amsterdam 10:00 / Amsterdam 14:30 - Mexico 18:55 (dĂ©calage horaire = -7h, ça fait 01:55 en France) ; soit un magnifique total d’environ dix-sept heures de voyage.
Dans le premier vol, je dors presque tout le long. Pendant les quatre heures et demie d’escale j’épluche le Routard et je bachote mon bouquin d’espagnol. Je mange une pomme. Durant les onze heures et vingt-cinq minutes de vol pour Mexico j’essaie toujours d’apprendre l’espagnol, je prĂ©pare toujours mon itinĂ©raire, j’essaie de dormir - ça marche pas trop, je regarde Bohemian Rhapsody pour la troisiĂšme fois, j’étire mes jambes, je fais des allers retours dans les allĂ©es. Et puis on arrĂȘte pas de manger!! Y’a d’abord eu un p’tit sandwich au fromage, puis un plateau-repas (pĂątes au fromage et salade, euh les mecs il est 16h?), puis des chips, puis un autre plateau avec pizza, salade de pomme et mangue au curry (?), mousse coco/citron vert. MĂȘme pas faim, mais ça occupe... et par contre les emballages en plastique et le bazar Ă  usage unique on en parle ??!!!
Ça a Ă©tĂ© quoi. C’est long. Quand je pense que pour partir en Inde ça avait durĂ© 36h... J’ai eu un peu peur au dĂ©but quand mon voisin en s’installant a prĂ©parĂ© son sac Ă  vomi mais au final rien de tel Ă  dĂ©plorer.
L’arrivĂ©e Ă  Mexico a Ă©tĂ© un peu burlesque bien sĂ»r, je sais pas faire autrement. Une file d’attente de ouf pour passer la douane - une petite heure au bas mot-, je regarde autour de moi pour passer le temps et note les dĂ©tails qui tuent: l’écran clignotant affiche Bienvenido / Welcome / Wilkommen / Benvenuto / Accueil (cherchez l’erreur); un formulaire de migration est affichĂ© prĂ©-rempli pour montrer l’exemple, prĂ©-rempli donc, au nom de... Susan Boyle! Sont rigolos les messieurs!
Trois coups de tampon, je rĂ©cupĂšre mon sac et traverse le hall dans la mauvaise direction, deeemi-tour, sors enfin, retire des sous, loupe le bus, patiente, monte dans le premier qui passe, me retrouve Ă  marcher une demi-heure pour trouver l’hostel. Bref. Ça a Ă©tĂ©. J’ai apprĂ©ciĂ© la marche, j’avais bien besoin de me dĂ©gourdir les jambes. Et puis c’est joli le centro historico, les immeubles ne dĂ©passent pas pour la plupart deux ou trois Ă©tages, c’est rigolo, dĂ©paysant, ça resssemble au Mexique (incroyable !!!), on est forcĂ© de le constater. A l’hostel je m’essaie Ă  l’espagnol, j’arrive Ă  dire des trucs mais ne comprends pas grand’ chose hem. Ça m’amuse. Je suis ko.
Une douche et au lit, il est 23h heure locale donc 6h en France, je me suis levĂ©e il y a vingt-quatre heures. Buenas noches 😘
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Monstres
Ceci est un message du MinistĂšre de la Justice. ArrĂȘtons de discriminer les monstres. Acceptons-les tels qu'ils sont. Reportage.
Igor. Une apparence indĂ©finie, des petits yeux scintillants au travers de cette immense masse sombre, il est partout quand le soleil ne rĂšgne plus. Silencieux, plutĂŽt gazeux, il prend tout l'espace de la chambre quand la lampe de chevet s'Ă©teint, et renferme les mystĂšres les plus absolus. Que cache-t-il ? Quels sont ses secrets ? Nul ne sait. Ses armes sont bien connues : un lampadaire qui grille, une ombre qui se faufile sur le mur d'en face. Inventif de ruses pour s’immiscer dans nos nuits, ce n'est en fait qu'un grand solitaire qui cherche un peu de compagnie.
"J'aime simplement regarder les gens vivre et surtout dormir, ils ont l'air si apaisĂ©s, si insouciants, bercĂ©s par la certitude d'ĂȘtre encore lĂ  au petit matin. Parfois je leur laisse un peu d'espace, je vais marcher sous la lune, pour pouvoir la contempler avant que le soleil ne me dĂ©chire et me dissipe dĂšs l'aube. Traitez-moi de voyeur si vous voulez, j'assumerai : il n'y a pas de honte Ă  ĂȘtre le gardien des confidences sous la couette."
Erika. Championne de saut à l'élastique et prédatrice sexuelle qui se respecte, elle essaye de s'afficher positive sur les réseaux sociaux, mais manifestement elle n'inspire que la peur, et ça la désole. Elle a tout essayé, toutes les tailles, toutes les formes, à chaque fois elle ne suscite que le dégoût, voire la haine : combien de fois a-t-elle finie écrasée par une tong, aplatie par un dictionnaire ? Et pourtant ne dit-on pas, araignée du soir, espoir.
"Vous savez Ă  quel point c'est dur d'entendre des trucs genre 'Ouais moi c'est pas quand elle est lĂ  que j'ai peur, c'est quand elle n'est plus lĂ ' ? Et comment je me fais dĂ©monter avec tous ces snaps et ces vidĂ©os de moi, mais rip ma rĂ©putation quoi. Ok jsuis pas la plus belle, mais bon dĂ©so de pas avoir gagnĂ© Ă  la loterie gĂ©nĂ©tique hein. Moi au moins je viens pas niquer ton sommeil comme ces petits bĂątards de moustiques. Laissez mes poils tranquille, si je veux ĂȘtre velue c'est moi que ça regarde. Et quand vous hurlez que je suis Ă©norme, sĂ©rieusement vous diriez ça Ă  quelqu'un dans la rue ? Bah voilĂ  c'est pareil."
Roger. La star des monstres chez les enfants en bas ùge. Celui qu'on a jamais vu mais qu'on sait qu'il existe parce que "c'est obligé ! chaque nuit j'entends des bruits bizarres sous mon lit donc y a for-cé-ment quelque chose !!!". Certains décrivent d'immenses tentacules qui font des bruits de ventouse, d'autres sont persuadés d'avoir vu des canines phosphorescentes luire dans la pénombre. La rumeur dit que parfois il sort de sa taniÚre pour aller se cacher dans la penderie.
"Bon alors que les choses soient bien claires : je ne suis pas un truc hybride mi-calamar mi-hyÚne mi-ce que tu veux. Et je vis pas non plus sous ton lit non mais t'as vu à quel point c'est dégueulasse ? Au mieux c'est juste hyper poussiéreux, au pire c'est la poubelle des chips pas finis, des mouchoirs qui j'espÚre sont juste les vestiges d'un rhume tenace, et d'une quantité indénombrables de bibelots en tout genre. Tu sais à quel point ça fait mal de marcher sur un Lego ? Non ? Bah moi si et clairement je m'approche plus jamais du lit d'un gosse. Par contre pour la penderie c'est vrai, c'est super confortable toutes ces doudounes. Mais t'inquiÚte, je sortirai du placard un jour."
Pierre. Promenons-nous dans les bois pendant qu'il n'y est pas, comme dit la comptine. Le Grand MĂ©chant Loup a sa rĂ©putation Ă  travers les Ăąges. PrĂ©dateur des petites filles et des animaux taquins, sa lĂ©gende d'ĂȘtre nĂ©faste n'est plus Ă  construire. ChassĂ© dans la plupart des histoires et des jeux, il est la figure de terreur infaillible : "fais ceci, sinon le loup viendra te croquer dans ton sommeil", est devenu une tagline rĂ©currente en matiĂšre d'autoritĂ©. Ses canines carnassiĂšres font pĂąlir les rĂ©calcitrants, et sa longue queue touffue laisse un souvenir d'effroi mĂȘme aux plus tĂ©mĂ©raires. Et pourtant, sa lĂ©gende, comme toute les lĂ©gendes, et bien... n'est qu'une lĂ©gende.
"Mon histoire n'est pas un conte de fées, mais les contes de fées ne sont pas mon histoire. Tout ce que vous avez pu lire à mon sujet est faux, archi-faux. Le Petit Chaperon rouge ? Une allumeuse qui voulait tester un trip exté xxl. Les trois petits cochons ? Des mythomanes compulsifs, je suis végétarien moi vous savez. Et qu'on ne vienne pas me parler de cet agneau de malheur ! J'étais là tranquille à siroter mon mojito sans alcool et il se ramÚne comme ça pépÚre à me taper la causette alors que y a tout le reste de la terrasse de libre. Je ne suis pas méchant, je veux juste qu'on me foute la paix une bonne fois pour toutes !"
MoĂŻstra. Un beau soleil, on croit que ça va durer et soudain elle se ramĂšne avec son armĂ©e de nuages, sa pluie et ses Ă©clairs. Et ça gronde, et ça flash, et ça mouille. Son et lumiĂšre, tristesse et colĂšre. Une tempĂȘte d'Ă©motions qui s'abat sur tout et tout le monde, un dĂ©ferlement vertical sans foi ni loi. Il n'y a plus qu'Ă  se rĂ©fugier, et attendre qu'elle sĂšche ses larmes, Ă©puisĂ©e.
"*snif snif* C'est pas ma faute si je suis une hypersensible ! J'essaye de me contenir mais... impossible... (elle se mouche dans un nuage) Je sais que je pĂšte des Ă©clairs, et des cĂąbles de temps en temps, que je suis la folle trop perchĂ©e dans le ciel, je le sais ! Trop d'Ă©motions... mais je vous vois d'en haut, on est tous pareils, on a tous nos faiblesses... Comprenez-moi, c'est pas facile quand on s'Ă©tale sur des kilomĂštres, je peux pas tout contrĂŽler... Par contre je peux contrĂŽler les rumeurs ! Genre JE NE SORS PAS AVEC IGOR C'EST JUSTE DES COÏNCIDENCES SI ON SE CROISE LA NUIT."
Joseph. Une vie des plus ironiques. Comique pùlichon des cours de récré, il est devenu un bouffon arc-en-ciel avant de sombrer dans la terreur et autres crimes. Il parle peu, mais son rire vous glace le sang. Son sourire découpé au couteau dans un visage au maquillage délavé n'a plus rien d'amusant. Et ses pitreries "juste pour rire" sont une farandoles d'humiliations et d'horribles mesquineries immorales. Le ballon qui gonfle en forme de caniche et qu'il fait éclater sans pitié, le klaxon qui résonne jusqu'au fond des cauchemars, et ce nez rouge sang qu'il faut absolument toucher, mais pourquoi, pourquoi ? Y a-t-il encore un homme derriÚre le masque ?
"Le cirque à changé. Le chapiteau ne fait plus rire les petits et les grands. J'ai changé, aussi. J'ai vieilli. J'ai bu. C'est ce qui arrive quand on est triste. J'ai toujours été triste, mais les rires des autres était une mélodie qui me guérissait. Et puis, je sais pas. Il fallait en faire toujours plus, aller toujours plus loin dans l'excÚs. "Joseph, sois plus coloré, le noir et blanc c'est pathétique !", "Joseph, mets un peu ta vie en danger, c'est drÎle ça !", Joseph ceci, Joseph cela. Et bien à force de changer, on se perd. Je me suis perdu. Et j'ai perdu pied. Et je le regrette."
Sakkarana. Il est grand, si grand que ça dĂ©fie toutes les lois. Des mĂštres et des mĂštres de hauteur, forcĂ©ment ça impressionne. À son image, les grands espaces lui procurent Ă©merveillement et rĂ©confort, mais aussi l'adrĂ©naline du danger : ĂȘtre sur le toit d'un gratte-ciel, au bord d'une falaise ocĂ©anique, ou simplement sur un pont surplombant une riviĂšre. La profondeur de l'espace sous les pieds le remplit de joie – amusant, comment il arrive Ă  faire du plein avec le vide. Mais ce mĂȘme vide terrifie les autres, si bien qu'il passe la plupart de ses journĂ©es seul dans ses quartiers haut perchĂ©s, espĂ©rant simplement un peu de visite parfois.
"Comment je vais ? La vĂ©ritĂ©, c'est que je vais mal ! Je n'ai jamais Ă©tĂ© amoureux. Je sais, c'est pas si grave, mais moi ça me pĂšse de solitude. Quand je vois les petits couples sur les bancs, les terrasses des restos, ou mĂȘme au chaud devant leur "hashtag Netflix and chill hihihi" ohlĂ lĂ  mais pfff ça m'Ă©nerve. Je sais que c'est de la pure jalousie, mais moi aussi j'aimerais avoir quelqu'un Ă  emmener dans mes coins prĂ©fĂ©rĂ©s. Passer un week-end sur les plus grandes pistes d'escalade, ou juste se pencher depuis les plus hauts balcons et contempler la ville au soleil couchant. Sans l'entendre se mette Ă  crier et flipper quoi."
Alrriadiat. Princesse de l'Orient et magicienne sans limite, elle hante les cauchemars des écoliers depuis l'aube des temps (et les fantasmes d'adolescents plus... éveillés). Dans ses yeux émeraude scintillent les écailles du serpent sournois, qui vient avec ses calculs et ses plans machiavéliques.Son regard félin est celui d'un sphinx glorieux, et son corps de dunes appelle un grand mystÚre : y a-t-il plus de grains de sable sur cette plage ou d'étoiles dans le ciel ? Sa baguette magique trace des figures complexes sur le tableau noir, et des nombres sans fin dans l'esprit tourmenté des enfants. Digne héritiÚre des compteurs d'aujourd'hui et d'antan, elle raconte un cauchemar éternel connu sur le bout des doigts.
"Personne ne voit la beauté des chiffres, le sublime pour celui ou celle qui s'ouvre aux mathématiques. La peur n'est que la porte d'entrée vers un monde fabuleux, ordonné, logique et esthétique. Et la clé est en chacun de nous, il suffit d'avoir la curiosité de la chercher."
Paul. L'ocĂ©an. L'immensitĂ© du bleu infini. Et lui, roi couronnĂ© des mers, dirigeant les eaux d'une main de fer – d'une main... ou plutĂŽt de huit. Huit membres souples pour un rĂšgne ferme. Il adhĂšre Ă  tout ce qui en vaut la peine, et fait claquer ses fouets tentaculaires au moindre dĂ©bordement. Un vague de peur submergĂ©e par un tsunami de dĂ©goĂ»t, voilĂ  ce qu'il inspire. Des mauvais rĂȘves aussi noirs que son encre, rythmĂ©s par le clapotis de ses ventouses visqueuses. Des rĂȘves qui hantent les enfants comme les plus cĂ©lĂšbres pirates.
"Je ne comprends pas ma mauvaise rĂ©putation. Enfin si, je comprends d'oĂč elle vient : c'est la faute de ces fichus Disney : Ursula, le poulpe dans Peter Pan, nous les octopodes on a toujours le mauvais rĂŽle ! "OhlĂ lĂ  il est rĂ©pugnant, maman regarde comme il est moche !", voilĂ  ce que j'ai toujours entendu depuis mon aquarium aseptisĂ©. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ? Je veux juste de l'amour, avoir quelqu'un autour duquel m'enrouler, faire des petits suçons discrets, et c'est tout. Quelque chose de simple, de beau, pour une fois."
Octave. L'Ă©cran s'allume, et il est lĂ . Sur tous les supports, pour tous les publics, c'est le roi du numĂ©rique. Plat comme une crĂȘpe mais lumineux comme le nouveau soleil de ta vie, il est partout avec toi. Interface sociale, source d'information et de divertissement, il semble inoffensif. Et pourtant, gare Ă  toi si tu le laisse se mettre en veille : alors de rage sa face tĂ©nĂ©breuse viendra te hanter mĂȘme jusqu'au fond des toilettes. Gouffre sans lumiĂšre, trou noir de l'attention, il quĂ©mandera ta prĂ©sence et sera prĂȘt Ă  te terroriser pour ça. Au fond ce n'est qu'un narcissique des temps modernes, un peu comme vous et moi.
"Bon, j'admets que je suis parfois oppressant. Mais je suis usé de tous les cÎtés, alors autant que ce sont utile. Parce que les gens qui me turn on juste pour voir l'heure et hop me reverrouillent, ça va cinq minutes. J'ai le droit de dormir tranquille moi aussi."
Hector. Le monstre rocailleux des tunnels. Cette masse immense qui grogne dans la pĂ©nombre, et dont tu ne veux surtout pas t'approcher, car tu sais ce qu'il va se passer s'il se met en mouvement : tu vas de voir courir. Courir trĂšs vite, trĂšs trĂšs vite pour lui Ă©chapper. Et ce fichu tunnel qui n'en finit pas, la lumiĂšre semble toujours plus loin, et les graviers te mettent les pieds en sang. Mais tu cours, tu cours sous les nĂ©ons grĂ©sillants, tu cours Ă  travers les vapeurs d'hĂŽpital, tu cours mĂȘme si ça n'a aucun sens. Et tu te rĂ©veilles, en sueur. Ouf, ce n'Ă©tait qu'un rĂȘve.
"Vraiment ? Car j'ai trĂšs envie de te faire un cĂąlin."
Caligula. Nymphe originelle prĂ©sente depuis la nuit des temps, elle aime s'Ă©tendre lĂ  oĂč la vie peut s'Ă©veiller – et d'ailleurs elle en est la source. Ses courbes ocĂ©aniques s'Ă©chouent sur les plages du monde entier, et ses yeux azur ont contemplĂ© les navigateurs de toutes les Ă©poques. Aujourd'hui sa vue est troublĂ©e par la pollution et certains Ă©tangs et lacs sont dĂ©sertĂ©s de dĂ©goĂ»t. Son corps se meurt petit Ă  petit, abandonnĂ© des crĂ©atures qu'elle a pourtant engendrĂ©es.
"De l'ingratitude envers les anciens, voilĂ  ce que c'est. Je leur ai tous donnĂ© naissance, je les abreuvĂ©s, je les ai nourris, ils ne sont rien sans moi. Et maintenant que j'ai besoin de leur aide, de leur respect, de leur protection, ils me souillent avec leur rejets et leurs produits chimique. Qu'ils ne viennent pas se plaindre si j'abrite des trucs chelous : je suis malade et je n'ai pas la force de me dĂ©fendre. À eux de prendre soin de moi et je leur offrirai les merveilles d'antan ! Je ne veux plus ĂȘtre la vieillarde aigrie qui rĂąle sur tout le monde, je veux redevenir cette belle femme d'autrefois qui avait tout Ă  offrir ! Des dĂ©ferlantes de sourires ! et des vagues d'amour !"
Tnaén. Qui n'a jamais connu ce vertige face à l'Univers, face à l'immensité de cet entité qui englobe tout ? Qui n'a jamais hésité à avancer sur un chemin inconnu ? Qui ne s'est jamais senti ridiculement petit dans la grandeur de ce qui l'entoure ? ou profondément abandonné, perdu dans le vaste infini des possibles ? Qui n'a jamais été paralysé devant Tnaén ? Personne.
"Et tu sais c'est quoi le pire ? Dans ta vie, tu auras souvent ce sentiment d'ĂȘtre seul, alors qu'en rĂ©alitĂ© tu ne seras jamais seul une seconde. Tu seras toujours entourĂ© de tes angoisses et de tes doutes, mais de tes rĂȘves et des dĂ©sirs. De tes larmes et de tes rires. De tout ce qui fait que toi, tu es toi. Et tout ça, c'est immense, c'est dĂ©routant, et bien sĂ»r que ça fait peur. Et quand tu auras peur de l'infini que tu reprĂ©sentes, mais surtout du fait que cet infini est complĂštement nĂ©gligeable comparĂ© Ă  tous les infinis de tous les univers, de tout ce qui a Ă©tĂ©, qui est, qui peut ĂȘtre et qui sera, alors je serai lĂ  pour te tenir la main et t'aider Ă  faire un pas de plus."
Ibu. Vieux maĂźtre sur son arbre perchĂ©, avait en lui l'expĂ©rience. Et il le faisait savoir au reste de la forĂȘt, mais avec peu de clĂ©mence. Son mĂ©pris de la jeunesse insouciante Ă©tait bien connu, et sa voix interpellait tout ado qu'il avait en vue. L'amour n'existe pas, l'amour est mort, l'Amour est Mort !, son pessimisme lui est bien lĂ . Vous vous sentez comme une plume, aussitĂŽt vous marchez sur la lune ! Mais au moindre faux pas, la mort elle, ne vous rate pas. Il pointe du doigt les amoureux transis, leur fait peur, les terrifie, mais que peut bien cacher son coeur ? sinon de la rancoeur et de la suie.
"L'amour est une foutaise ! C'est ça que les livres devraient raconter, pas ces histoires de conte à dormir debout. Moi, je le sais ! J'ai cru à l'amour, et ça ne m'a jamais apporté que des emmerdes. Il est de mon devoir d'en avertir les autres. C'est tout."
Annabelle. Ta meilleure amie, jusqu'Ă  ce que le rĂȘve tourne au cauchemar. Reine des poupĂ©es, ses grands yeux bleus et vides te fixent avec attention quand tu lui brosses les cheveux, quand tu la berces dans tes bras, quand tu la poses sur ta table de chevet avant d'Ă©teindre la lumiĂšre, quand sa silhouette se dĂ©coupe dans une obscuritĂ© pas assez totale. Atteinte de troubles de la personnalitĂ©, le personnage angĂ©lique qu'elle a toujours rĂȘvĂ© d'ĂȘtre s'Ă©teint avec le soleil, et d'une mignonne petite fille inanimĂ©e elle devient cette dĂ©testable furie cadavĂ©rique qui te dĂ©vore l'Ăąme dans ton sommeil. Et gare Ă  toi si tu essaies de fuir, car malgrĂ© elle elle courra pour te rattraper. Et elle court vite. Mais toujours en silence, car elle n'a plus rien Ă  dire. Elle a juste Ă  te regarder.
Nicolas. Une masse de cheveux moutonneux et verdĂątres sur un frĂȘle corps pĂąle et malingre, il a l'air complĂštement dĂ©passĂ© le pauvre petit – pĂ©rimĂ©, on se dit Ă  son odeur si rebutante. ComplexĂ© de tous les cĂŽtĂ©s, humiliĂ© par tous les autres lĂ©gumes dans la cours de rĂ©crĂ©, et pourtant il n'a rien fait de mal. Mais les enfants sont ce qu'ils sont, et la cruautĂ© n'a pas d'Ăąge. Ah, si seulement il Ă©tait comme son idole, Mister Choufleur, hyper populaire, toujours prĂ©sent dans le gratin. Sa toison lumineuse, sa fragrance un peu sucrĂ©e... mais non, il n'est que lui, pauvre petit rejeton relĂ©guĂ© au fond de la classe.
"Je les comprends, les enfants. Je ne suis pas appĂ©tissant ! Je mĂ©rite mon surnom, Brocolique... Moi non plus je ne me serais pas choisi si j'avais Ă©tĂ© Ă  cĂŽtĂ© des frites, des hamburgers et des bonbons. Mais avec mes bestas l'asperge et l'endive on va monter une assos' de soutien pour les vĂ©gĂ©taux abandonnĂ©s, ça va ĂȘtre stylĂ© ! On lĂąche rien !"
Saru. Qui est-il ? D'oĂč vient-il ? La science peut y rĂ©pondre, mais nous ? Que pensons-nous de cet animal qui nous ressemble tant ? Il est notre ancĂȘtre, notre racine dans l'arbre de la Vie. Il crie, il hurle, il regarde de travers. Ses intentions sont incertaines, il pourrait ĂȘtre une menace, Ă  comploter comment dominer le monde. Si, c'est possible ! Y a eu des films lĂ -dessus ! Son visage dur et impassible est Ă  se demander oĂč est la frontiĂšre entre fiction et prĂ©diction. Et pourtant, Ă  y regarder de plus prĂšs, une certaine lueur brille dans ses pupilles. À bien le regarder, sans animositĂ© ni prĂ©jugĂ©, un air familier se dessine sur son visage hirsute : le sourire de celui qu'on ne trompe pas – puisque ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend Ă  faire la grimace. Peut-ĂȘtre est-il simplement le reflet de l'homme.
"L'humain derriĂšre la bĂȘte ou la bĂȘte derriĂšre l'humain ? Moi je pense que si je leur fais peur c'est que je leur ressemble trop."
Camille. Sa grande faux en main et sa cape noire sur les épaules, sillonnant les rues à la recherche de sa prochaine victime. Tout le monde y pense, à chaque instant, pour chaque situation. Vais-je mourir ? quand ? et comment ? Serais-je seul ou accompagné de ma famille ? Aurais-je des regrets ? Est-ce que ce sera douloureux. Oui, tout le monde a peur de mourir. Et personne ne veut croiser Camille sur son chemin avant d'avoir décidé qu'il était temps de partir. Hélas, c'est Camille qui vient frapper à ta porte. Et Camille ne marchande pas.
"Je les comprends, aprÚs tout je ne donne aucune explication. Mais je ne prends pas les vies comme ça me chante. Je ne suis pas Dieu, je ne suis pas là pour que justice soit faite. C'est aux humains de décider de leur sort ; et pas de leur propre personne, mais du sort de tous. Je  ne rÚgle pas les inégalités, comme ils disent, ce sont les meilleurs qui partent les premiers. C'est vrai, en quelque sorte. Je ne veux pas calmer leur haine, et encore moins leur peur : avoir peur de moi, vouloir me fuir, c'est la meilleur façon de vivre une vie accomplie. Mon job, c'est de les pousser toujours plus loin en avant. Et si je fauche des innocents, c'est pour que la rÚgle la plus importante ne soit pas oubliée : tout ce qu'il leur a été donné, un jour leur sera repris."
Je n'ai pas de nom si ce n'est le tien, pas d'histoire si ce n'est la tienne. Tous les jours tu me vois derriĂšre le miroir, quand tu te maquilles ou quand tu te rases, quand tu te brosses les dents d'un air discret, quand tu te recoiffes devant une galerie, quand tu prends un selfie en toute insouciance. Je suis lĂ , et je t'observe. Je te regarde vivre depuis ta naissance, et je ne te lĂącherai pas. Tu n'as Ă©videmment pas peur de moi, tu as d'autres soucis : des animaux que tu ne peux mĂȘmes pas voir dans un zoo, un contexte nocturne peu favorable, ou des crĂ©atures en tout genre autour de toi. Et bien tu devrais. Tu penses me connaĂźtre, me contrĂŽler, mais tu ne sais pas de quoi je suis capable. Et surtout, tu n'as aucune idĂ©e du moment je serai enfin libre.
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carnetsdhiver-blog · 7 years
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Les Aventures de Benjamin Duronflan, chapitre 12 – Panchganga ghat
Dans le train, Benjamin avait appris le nom des quatre-vingts ghats de Varanasi, qu’il Ăąnonnait depuis comme une comptine, tout en comptant machinalement sur ses phalanges. «   Manikarnika ghat, Bajirio ghat, Scindhia ghat, Sankatha ghat, Ganga Mahal ghat, Bhonsale ghat, Naya ghat, Genesa ghat, Mehta ghat, Rama ghat, Jatara ghat, Raja Gwalior ghat, Mangala Gauri ghat, Venimadhava ghat, Panchganga ghat  ». Pour elle, c’était comme une incantation, un long mantra que son compagnon lui rĂ©citait. « Panchganga ghat » rĂ©pĂ©ta-t-elle. C’était le ghat oĂč il et elle habitaient. Par l’intermĂ©diaire d’un site internet trĂšs renommĂ© en Europe mais assez peu utilisĂ© en Inde, ils avaient trouvĂ© Ă  louer une chambre avec cuisine « chez l’habitant ». Les trois fenĂȘtres de leur chambre s’ouvraient sur le Gange et une ancienne mosquĂ©e. Le troisiĂšme Ă©tage Ă©tait leur domaine, et ils en sortaient assez peu. Le reste de la maison Ă©tait habitĂ©e par la famille qui les accueillait, enfin la famille
 pour dire vrai, ni l’AmĂ©ricaine, ni Benjamin n’arrivaient Ă  comprendre les liens de parentĂ© qui unissaient les personnes qui les avaient accueillis. Qui Ă©tait par exemple, cette petite vieille dame aux yeux perçants qui leur glissait des secrets en hindi Ă  la dĂ©robĂ©e ? Son nom Ă©tait Sarsvati, comme la dĂ©esse des arts et de la connaissance. Benjamin aimait cette femme, elle l’appelait « beta » (mon fils) quand elle le voyait. Elle  lui parlait beaucoup, il ne comprenait pas mais acquiesçait d’un air complice jusqu’à ce qu’elle disparaisse avec son sari orange dans une piĂšce obscure de la maison oĂč il n’osait l’accompagner.  La maison Ă©tait percĂ©e d’un petit patio carrĂ© qui laissait passer un peu de lumiĂšre aux Ă©tages infĂ©rieurs. Que firent l’AmĂ©ricaine et Benjamin pendant les deux semaines avant la mort de Rajat Upadhyay ? L’AmĂ©ricaine se le demanda souvent par la suite. Quand elle tentait de se souvenir des deux semaines qui prĂ©cĂ©dĂšrent le triste Ă©vĂ©nement, elle ne pouvait pas en dire grande chose. Les litanies de Benjamin « ...Dashashwamedh ghat, Prayag ghat, Rajendra prasad ghat, Man Mandir ghat, Tripura Bhairavi ghat, Mir ghat, Phuta ghat, Nepali ghat, Lalita ghat, Manikarnika ghat, Bajirio ghat... ». Encore et encore jusqu’à la folie. En rĂ©alitĂ©, ils Ă©taient restĂ©s beaucoup dans leur lit. Ils Ă©coutaient depuis leur chambre la religiositĂ© bruyante et animĂ©e de Kashi, l’ancien nom de Varanasi. Ils lisaient, tous les deux lisaient beaucoup. Parfois, l’AmĂ©ricaine lisait des passages, des lignes, quelques mots qui lui faisaient penser Ă  son compagnon.
« - Écoutes, c’est colonial, mais c’est drĂŽle et ça me fait penser Ă  toi. ‘Dans la vĂ©randa de sa case Ă  Brazzaville, Par un torride claire de Lune, Un sous-administrateur des colonies, Feuillette les ‘PoĂ©sies’ d’Alfred Musset

Car il pense encore Ă  cette Chilienne Qu’il dut quitter en dĂ©barquant Ă  Loango...’  - Je vois pas le rapport, rĂ©pondait Benjamin sans quitter des yeux son DumĂ©zil qu’il considĂ©rait depuis peu comme contenant tous les secrets Ă  connaĂźtre sur l’Inde et sa spiritualitĂ©. - ‘-C’est pourtant vrai qu’elle lui dit ‘Paul je vous aime’, A bord de la ville de Pernambuco. - Tu te moques de moi
 - ‘Sous le panka qui chasse les nombreux moustiques, Il maudissait ce rivage oĂč l’attache sa grandeur, Donne un soupir Ă  ses amours transatlantiques, Se plaint de la brusquerie de M. le gouverneur, Et rĂ©prouve d’une façon trĂšs Ă©nergique La barbarie des officiers envers les noirs
’ - En plus, ça se passe en Afrique, ça n’a rien Ă  voir. - ‘Et le jeune et sensitive fonctionnaire TĂąche d’oublier et ferme les yeux...’ »
Quoi de plus ? Quel serait le rĂ©cit de ces quatorze jours ? S’il y eut de l’amour ? Oui, Benjamin Ă©tait distant, pour la premiĂšre fois depuis qu’il avait aperçu cette main Ă  Jaisalmer, depuis qu’il avait ressenti ce trouble tout Ă  la fois sensuel et moral, il Ă©prouvait le doute. C’est peut-ĂȘtre pour cela que ces deux semaines sont l’histoire d’un silence.
« ...Bhonsale ghat, Naya ghat, Genesa ghat, Mehta ghat, Rama ghat, Jatara ghat, Raja Gwalior ghat, Mangala Gauri ghat, Venimadhava ghat, Panchganga ghat, Durga ghat, Brahma ghat, Bundi Parakota ghat, Lal ghat... ».  Elle le voyait descendre : il allait au tea-shop ou bien philosopher sur les marches de la mosquĂ©e avec quelques libres penseurs hindous critiquant les temples et les livres saints. Ils dissertaient ensemble sur une religion de l’humanitĂ© et de l’amour. De la fenĂȘtre, elle regardait la cour de cette grande mosquĂ©e de pierre rouge dominant le Gange avec ses trois grands bulbes couvert de cerfs-volants abandonnĂ©s. Tous les soirs, vers sept heures, un muezzin venait chanter l’appel Ă  la priĂšre avec pour unique sonorisation la large voĂ»te d’une des trois portes de l’édifice. Il chantait seul ; la mosquĂ©e n’avait plus de fidĂšles, isolĂ©e dans ce quartier hindou. Une fois, elle avait entendu sa voix se briser, il avait toussĂ© trois fois puis avait repris ses « Allah akbar » magnifiques.
Le quartier n’était pas un quartier que l’on eut pu dire bruyant, mais il en dĂ©gageait une musique caractĂ©ristique qui peuplait l’espace entre elle et lui, qui emplissait leur chambre en passant par les fenĂȘtres ouvertes. La nuit est l’empire des grillons, puis au petit matin, les cloches et les tambours se rĂ©veillent. Ils animent la ville en continue, se faisant Ă©chos les uns les autres. « On dit que Vanarasi est le cƓur battant de l’hindouisme », et cette pulsation chaque temple la joue comme Ă  tour de rĂŽle. Quand la chaleur dissipe les brumes du matin, quand les rues s’emplissent, alors les discussions des hommes et les rires des enfants. « Aoh, aoh ! Aoh, aoh » mais c’est lĂ  quelqu’un qui appelle les mouettes qu’on entend. Et ces hurlements euphoriques ? Probablement un match de cricket organisĂ© sur la placette sous leurs fenĂȘtres. Mais ce que Benjamin prĂ©fĂšre par-dessus tout ce sont les cris des marchands ambulants. Oui, il y a lĂ  sous ces fenĂȘtres, comme dans le Paris du Moyen-Âge, cet homme qui crie « Oyez mesdames, oyez ! Vieux papiers, vieux chiffons, j’achĂšte Ă  bon prix ! », ou encore les « « RĂ©mouleur, rĂ©mouleur ! Repasse couteaux ! Repasse ciseaux ! ». Dans son imaginaire, Kashi Ă©tait ainsi telle une ville mĂ©diĂ©vale europĂ©enne et il s’en rĂ©galait. L’AmĂ©ricaine lui aurait fait remarquer le caractĂšre problĂ©matique d’une telle pensĂ©e, mais pendant ces deux semaines, il les gardait pour lui. Panchganga ghat s’étalait sur une petite pointe en de nombreuses plates-formes abritĂ©es sous des structures en bambous. Une longue sĂ©rie de marches trĂšs raides descendait depuis la mosquĂ©e jusqu’au ghat, il fallait passer entre deux temples pour l’atteindre. La pointe Ă©tait le repĂšre oĂč les lutteurs faisaient leurs exercices et se baignaient dans le Gange. Plus au sud, des pĂšres et leurs garçons allaient au bain en fin de journĂ©e, tandis que des vieillards profitaient des heures chaudes presque nus, Ă©coutant la radio et profitant de leur ami Surya, le soleil, aprĂšs leurs ablutions quotidiennes. C’était lĂ  oĂč, en bon brahmane, Rajat Upadhyay avait cĂ©lĂ©brĂ© son pujat tous les matins. LĂ  aussi oĂč Benjamin allait faire son yoga le matin ainsi qu’un peu de mĂ©ditation. Mais, un jour,  Rajat Upadhyay Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ©. Cela n’était pas arrivĂ© du jour au lendemain, mais cela avait tout changĂ©.
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