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#je partais avec la boule au ventre
maviedeneuneu · 2 years
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Quand y a 3 ans aujourd'hui je commençais à travailler pour Ryanair
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taisniere · 4 years
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[Article privé] Autobiographie d’une personne blaireau
Beaucoup de personnes se questionnent sur l’origine de « l’identité animale », voir de la thérianthropie.
Est-ce spirituel ? psychologique ? neurologique ? dû à la réincarnation ? voir même totémique ?
Je penche plus pour une cause psycho-neurologique mais, au final, peut importe.
Cependant, quelque soit la cause de l’identité animale, je pense qu’elle nous touche dès notre plus jeune âge. Elle n’est pas aussi concrète à cet âge là mais assez présente pour se faire remarquer.
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Je me souviens plutôt bien de ma petite enfance. Je vivais sur Paris avec ma petite sœur et mes parents. Notre existence était relativement simple, rien de farfelu ou extraordinaire. A la rigueur, quelques petites anecdotes par-ci, par là, rien de si spécial que ça…sans compter quelques petits traumatismes mais sûrement non-liés à mon identification.
Au final, j'ai eu -très jeune- un déclic par rapport aux autres enfants de mon âge. Je me suis rapidement sentie en décalage avec mes camarades. Tout d’abord car mes mécanismes de défense étaient très enfantins mais également car il a été prouvé que j’étais un gamine à tendance maladroite, hypersensible, anxieuse, nerveuse, angoissée, obsessionnelle, ayant une certaine dyspraxie. On a su bien plus tard que j'avais le syndrome d'Asperger (autisme) ainsi que de nombreuses stéréotypies (gestes répétitifs sans réels intérêts vis-à-vis de l’environnement dans lequel la personne se situe), shutdown (crise sensorielle et repli de soi-même), meltdow (crise sensorielle également mais avec un comportement “explosif” qui s’en suit), tout un tas de comorbidités (problèmes mentaux et moteurs lié à des neuroatypies, dans cet exemple) et des attitudes très “animales” peu conformes aux normes sociales.
J’étais toujours là, à grogner, me mordre ou couiner et autres comportements qui me faisaient hontes. Bestiole dans un corps de gamine. Extrêmement sensible à la lumière (epilepsie), au sons, au goût des aliments (avec beaucoup de restrictions alimentaires), à la texture de certains vêtements (dérangée par une étiquette de t-shirt ou besoin de griffer doucement des objets). J’ai développé des attitudes pour me rassurer (stimming), toujours très animales et non-acceptables en société (renifler les gens et les objets, pour donner un exemple peu valorisant -pour changer des créatures et animaux surpuissants et aux attitudes cool-)
Il est vrai que, depuis ma primaire, j’ai toujours endossé le rôle du « bouc émissaire ». Ah, intégration, douce intégration. Merci de m’avoir épaulé durant toute mon enfance. Merci d’être la cause de mon doux surnom, « la peste ». La peste, c’est moi, j’étais la bestiole contagieuse qu’il ne fallait jamais approcher.
Je ne connais pas l’origine exact de ces moqueries qui ont perduré jusqu’au lycée. J’ai toujours été stigmatisée par les autres sans jamais réellement comprendre pourquoi. Peut être car je n’arrivais pas à ignorer ces piques, je partais au quart de tours et je m’excitait stupidement, ça amusait mes camarades.
Je n’étais pas une enfant malheureuse pour autant, c’était juste comme ça et c’est tout, une « fatalité ». Parfois je jalousais les personnes bien intégrées mais sans plus.
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De nombreux enfants ont été victime d'harcèlement morale à l’école. De nombreux enfants ont été stigmatisés, qualifiés de « bizarres » ou de « différents ». Ils ne se sont pas tous, cependant, mis à s’identifier en tant qu'animaux. J'ai commencé à m'imaginer des histoires. Les humains jouaient toujours le  rôle de méchants. A cette période, je ne me disais pas encore clairement « je suis un animal », mais tout simplement « je ne suis pas une humaine ». Je pensais être une sorte d’extra-terrestre envoyée sur Terre. Ça devait, entre autre, expliquer mon fort sentiment de décalage avec les autres et mes ressentis intérieurs. Sentiment qui peut être également lié à l’autisme (bien que de nombreux autistes ne sont pas thérianthropes pour autant).
Vraie alien ou rêverie ? J'en savais trop rien.
Comme beaucoup d’enfants, je profitais de mes promenades dans les bois et parcs pour « jouer à l’animal ». Seulement, je ne faisais pas que jouer. Je pense que je l'étais.
Je refusais de jouer avec des poupées, je ne pouvais m'identifier qu'à des peluches et figurines d'animaux. Il m’arrivait de porter des déguisement de bestioles que j’affectionnais particulièrement. Je prenais mon rôle à cœur. A chaque fois que j’avais du temps libre, je m’imaginais me transformer en animal et je pensais à ce que deviendrai ma vie par la suite. Panthère, chauve-souris, loup, écureuil, rat. En fait, j’imagine que l’identification animale me semblait plus logique que l’identification humaine. Je rêvais et j’adorai me réfugier dans mon crâne. Tant qu’a force, j’avais peur d’être trop rêveuse et de finir par devenir folle.
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Entrée au collège, je voyais mes amies changer. Elles étaient devenues coquettes et féminines, elles se maquillaient déjà et parlaient de vêtements ou de célébrités. Moi, j’étais toujours dans ma bulle imaginaire et grandir m’effrayait réellement. J’ai ignoré ma puberté, j’étais devenue très « garçon manqué » et je ne supportais pas de voir mon corps changer. Avec le temps, mes extraterrestres imaginaires devenaient de plus en plus des hybrides d’humains-animaux agissant et pensant comme pourrait le faire ces animaux. Je pensais de plus en plus aux canins et aux créatures fantastiques.
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Vers mes 14 ans, je me sentais littéralement sauvage et bestiale, enfin… je voulais me sentir ainsi. Je faisais beaucoup de recherches sur pour comprendre qui j’étais réellement. Poussée par certains individus, je m’étais, au final, persuadée que j’étais un loup garou. Après tout.
Le loup garou des film, l’animalité, la liberté, la férocité, l’agressivité. Je cherchais toutes les ressemblances probables entre ces créatures de la nuit et ma façon de vivre. Chacune de mes pulsions, de mes sensations, de mes actes « animaux » me prouvaient cette identité lupine. En particulier tout ce qui était lié à la morsure, aux griffures, aux grognements et retroussement des lèvres afin de montrer ses crocs.
Dans le fond, je pense que je mourrais d’envie d’être l’une de ces créatures violentes. J’avais besoin, en partie, de me sentir supérieure à ces élèves qui me faisait tourner en bourrique. Mais, en réalité, je ne me sentais pas satisfaite. Toutes ces histoires de lycans me semblaient fausses. Je n’y croyais même pas.
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Les dernières années du collège je n’avais toujours pas abandonné mes recherches et mes théories. Plus le temps passait et plus la sensation d’être un hybride humanimal me collait réellement à la peau. Je ne voulais même plus de la puissance, du mystère et de la férocité du loup garou. J’avais besoin tout simplement de cette identité animale pour me sentir vraiment bien. Pour me sentir être moi-même. Je commençais à ressentir, parfois, une réelle frustration par rapport à mon corps humain et mon apparence physique. Je voulais être plus petite, près du sol, vive. Je désirai pouvoir bondir et escalader. Je m’imaginais ou ressentais des crocs, des oreilles sur le dessus de ma tête et une queue touffue. Je me visualisais sous une forme canine un peu floue, courir sur la montagne, les pattes dans l’herbe fraîche. Je me rendais compte de certaines actions animales que je réalisais inconsciemment et elles me rendaient heureuse. Il m’arrivait même de rêver sous une forme animale.
Parfois, l’idée du loup-garou revenait en moi, mais il était sans poudre ni paillettes cette fois-ci. Je découvrais enfin une drôle d’animalité non-violente et positive.
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Lors de ma première année au lycée, j’ai finis par me dire que j’étais comme ça, un animal-humain. Une sorte de bestiole-humaine. Plus le temps passait et plus j’y croyais réellement, cela me semblait même évident. Je passais beaucoup de temps à faire des recherches à ce sujet, de nouveau sur le loup-garou, les forums d’ésotérisme, la réincarnation et les vieilles légendes de créatures mi-humaines mi-animales. J’ai rapidement abandonné les animaux totems/guides en apprenant qu’il s’agissait d’une entité extérieur à soi. Je me suis finalement confiée à quelques amis.
Un ami avait souligné l’hypothèse que j’étais probablement une sorte d’animal astral. Avoir l’âme d’un animal ? A l’époque, cela me semblait très probable.
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Finalement, après réflexion, je m’étais rendue compte que le loup me convenait pas, j’étais allée trop vite et j’avais foncé sur cet animal car il était “le canin/carnivore” par excellence. Ma réponse devait se trouver ailleurs. Par chance, j’ai pu découvrir un témoignages sur internet d’une personne qui se sentait chat. J’en ai décrété que, premièrement, je n’étais pas la seule dans ce cas. Et que, deuxièmement, les « garous » n’étaient pas uniquement des loups.
Après quelques recherches, j’ai fini par me focaliser sur le chien viverrin puis sur le renard. Je m’imaginais tellement bien dans sa peau, je me sentais réellement à l’aise, une boule agréable de chaleur dans le ventre.
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Quelques semaines plus tard, par hasard, je découvrais une communauté francophone de personnes-animales, des « thérianthropes », après un peu d’hésitation, je m’y inscris le 22 juillet 2012. J’ai continué tout du long à me documenter énormément sur le renard, ma vision de l’animalité et de l’identité animale a beaucoup évolué, elle est devenue moins floue et vague, plus concrète et réaliste. J’ai également commencé à me tourner vers une vision psychologique de cette identité trans-espèce. Un jour, désirant faire partager mes ressentis, j’ai eu l’idée d’ouvrir un blog (aujourd’hui obsolète).
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Janvier 2014, je suis entrée en fac de psychologie, un domaine qui m’intéresse énormément. Quelques mois après la rentrée, j’ai eu l’impression de « m’éloigner du renard ». Pourtant le reste était toujours là : l’animalité, cette façon d’être, d’agir et de se vivre, cette identité. J’ai culpabilisé et j’ai essayé de ranimer ce « lien » que j’avais avec le renard, en vain.
Tout ces ressentis, étaient-ils faux ? Ces moments agréable ou sensations de mal-être ? Les membres fantômes ? Tout ça, disparus ? Qui suis-je finalement ? Cette situation était assez dérangeante.
J’ai passé quelques mois à me visualiser comme une simple personne humaine-animale, mais je n’étais pas satisfaite. J’ai alors décidé de refaire une recherche identitaire. Après tout, j’avais un peu choisi le renard sous un coup de tête, délaissant les autres canidés.
“Tout compte fait, les canidés me correspondent peut-être pas tant que ça.”
Je suis partie pour plusieurs mois voir années d’étude, d’analyses de moi-même, à la recherche de ce qui me semblait le plus « naturel », d’introspections sur mes propres ressentis.
Je me sentais être ce petit mammifère, peut-être plus opportuniste que carnivore, nerveux, craintif et timide, fouisseur, bruyant, tactile et social. Les mustélidés semblaient vraiment bien me convenir mais il manquait toujours ce petit « quelque chose ». Puis je l’ai trouvé, lui, cet animal placide.
Je me suis finalement dit :
“Je préfère encore attendre quelques bons mois avant d’affirmer quelque chose avec certitude, mais je pense que tu es le bon animal..
Meles-meles ou blaireau européen.”
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marie-bradshaw · 3 years
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Cette petite chose nommée Amour, ou comment le reconnaitre
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours rêvé que mon prince charmant vienne un jour, me libérer. Ma prison, l’indifférence de mes parents et mon estime de moi-même. Quoi que je fasse, je ne me sentais jamais « suffisante », et quand la douleur était trop forte, je me faisais physiquement mal, pour bipasser l’autre, qui m’était bien insoutenable. Le sang qui ruisselait sur ma peau, mon aveu de faiblesse. 
Plus profondément j’enfonçais les lames de rasoir sur mes bras frêles d’adolescente, plus j’avais l’impression d’expier mes fautes. Enfin surtout le manque de perfection qui me paraissait être la seule explication logique et censée au désintérêt total de mes parents. 
Après tout, venant d’un milieu plutôt aisé, nous ne manquions de rien si ce n’est d’amour. Mon père, DG d’un grand groupe, passait son temps entre deux avions, et quand il était là il ne l’était pas vraiment. J’avais vite compris que le seul moyen d’avoir son attention était de me démarquer par l’excellence. Alors j’ excellais.  Première de ma classe, hyper-active au niveau associatif (j’ai créé le premier journal de mon lycée), avant ça j’écrivais des articles culturels, à 8 ans, des poèmes, aussi.
Mais il admirait les athlètes, et moi j’étais plutôt la petite fille enjouée et joufflue de l’école. 
Alors je me suis mise à la gymnastique artistique, et deux ans plus tard je me qualifiais pour les championnats de France en club à 13 ans. Laissant place à une plastique irréprochable, et à l’arrêt de ses brimades incessantes ainsi que celles de mes frères, sur mes anciennes petites « poignées d’amour ».  
Avec des notes pareilles, arrivée en terminale, Sciences-Po m’ouvrait les bras. Et mon rêve de devenir reporter international  était à présent à portée de main. 
Mais voilà, j’étais tellement persuadée du peu de valeur que j’avais, que je sur-compensais en tout: je mangeais plus, je parlais plus fort, tout était bon pour attirer l’attention et prendre de la place. Rien d’étonnant donc au fait que la pression supplémentaire de la prépa aux concours ait eu raison de me pousser à bout. J’étais trop fatiguée, je me sentais dépassée, pas assez efficace. 
Alors les amphétamines m’ont paru être une bonne solution à court terme. Grosse erreur, qui m’a envoyé à l’hôpital et forcé à relâcher toute pression. 
Là encore, mes parents n’ont pas su réagir, ni comprendre la cause du problème. Adopter la bonne vieille technique de l’autruche, c’était tellement plus commode. 
Aucune remise en question n’était nécessaire avec elle. 
Moi au fond j’étais vide. Affamée, assoiffée, si pauvre d’amour. 
Et ce manque, je ne pouvais raisonnablement me l’expliquer que par le manque d’intérêt que représentait ma personne. Mes tentatives pour le combler, à force de séduction et d’attrait, se révélaient aussi vaines que la tâche des Danaïdes au Tartare. 
Quand j’étais petite, j’imaginais secrètement avoir été adoptée, être en fait la fille du vent, avoir un quelconque pouvoir magique qui m’aurait rendue exceptionnelle. Digne. Méritante. Qui m’aurait protégée de cette violence affective et des troubles psychologiques de ma mère à qui je servais régulièrement de punching ball. 
Et qui sait, peut-être que comme dans les films dont on bassine notre enfance, un homme qui m’aime serait la solution à tous mes problèmes. 
La plus grosse arnaque de l’histoire. 
Faire croire à toute une génération de jeunes filles que pour être complètes elles ont besoin d’un prince qui les sauverait, d’elles-mêmes principalement. 
Un subterfuge bien ficelé pour qu’elles rêvent d’un foyer, en en oubliant leur propre personnalité. 
Mais bon, j’étais jeune, crédule, et mon système de croyance déjà bien corrompu.
 Quand Cupidon décochait ses flèches dans ma direction, commençait alors un cirque incroyable. Vous voyez un chiot sauter  dans tous les sens pour attraper une balle? C’était moi, me démenant pour être aimée.
Je m’agitais dans tous les sens, demandais des preuves de son intérêt, concentrais toute mon énergie sur ma relation, me coupais en quatre, pour finalement repousser le pauvre bougre qui se serait aventuré à m’aimer, testant indéfiniment et inconsciemment, sa résistance et son amour. 
Après tout, si mes propres parents m’avaient affectivement abandonnée, les seuls êtres génétiquement programmés pour m’aimer, pourquoi quelqu’un d’autre resterait?
Cyril a su me prouver le contraire. C’est véritablement lui qui m’a appris à aimer et j’ai longtemps pensé que c’était l’homme de ma vie. 
J’avais 17 ans quand il a croisé ma route pour la première fois. 
Je donnais des cours de danse dans une petite salle de sport provinciale près de St Emilion où nous résidions. 
Je me souviendrai toujours du moment où je l’ai vu passer devant la vitrine semi-opaque de la salle de sport familiale qui était devenu mon refuge pour l’été. Il était grand, blond, musclé, sa démarche était assurée et ses yeux bleu azur. A ce moment là, je me suis dit à moi-même « Ce mec, c’est tout ce que je désire, mais il est clairement au-dessus de ma league ». Quand il a poussé la porte, mon coeur s’est arrêté un court instant. 
Timide au départ, j’ai tout de même voulu tenter ma chance en récupérant son numéro dans la base de donnée, prétextant d’avoir retrouvé une gourmette dans les vestiaires et lui demandant si elle lui appartenait. 
Plus âgé que moi (il avait 24 ans à l’époque), forcément la supercherie n’a pas pris. Encore des années plus tard, il se moquait de cette première approche « originale et maladroite », en m’enlaçant fermement. 
De mon côté, persuadée d’avoir fait un plat, je passais à autre chose, me concentrant sur la danse, alimentée par mes émotions. Mes arabesques se faisaient rapides, retentissantes, et j’enchainais les sauts de biche et les atterrissages en grand écart comme si je n’avais plus peur de rien. Comme si le vent était vraiment mon père. 
Mon amour pour la danse, cette énergie volcanique que je lui dévouais, c’est ce qui l’a fait tombé amoureux de moi, me confessa-t-il plus tard. 
Car je ne le savais pas encore à ce moment là, mais il épiait chacune de mes chorégraphies endiablées depuis la petite fenêtre de la salle. 
Il m’avoua tout penaud, au début de notre relation, que ce qui avait scellé le pacte fût notre rencontre hasardeuse une après-midi alors que je finissais de m’entrainer, dans l’escalier en colimaçon serré d’où il arrivait. Je lui avais sourit de tout mon être, et il avait succombé. 
Mais moi, ça, je ne le savais pas. 
Alors quand il nous invita, moi et ma joyeuse bande d’acolytes via une amie prof de fitness de la salle à venir faire un poker chez lui, je refusais poliment. Après tout il ne m’avait pas invitée directement, et j’étais persuadée de ne pas lui plaire. 
Cette fois il vint me le demander en personne, et je finis par accepter, la boule au ventre.
La soirée arriva enfin et la bière coula à flot. S’entrainer dur oui, relâcher dur oui aussi. 
Le poker se transforma rapidement en strip poker (on était jeunes et cons, le soleil avait eu fini de faire dorer nos cervelles). Heureusement je n’étais pas trop mauvaise et ne me dévêtu que très peu comparé à mes compagnons d’arme. Déjà bien trop enivrée par l’alcool, je décidais de rentrer et Cyril se proposa tout naturellement de me raccompagner à mon scooter, fidèle destrier de l’époque (avant que je ne tombe amoureuse de plus grosses cylindrées), me tendant son bras de façon très galante. 
Au moment de se quitter, quelle ne fut pas ma surprise, quand il esquissa la joue que je lui tendais pour qu’il y colle un baiser platonique d’au revoir. Ses lèvres avaient d’autres ambitions, et elles vinrent chercher les miennes en un baiser audacieux et…électrisé. Réellement électrisé. La décharge que nous avons tous les deux reçu à ce moment là nous a fait bondir en arrière, et vite fait dessoûlé. Que venait-il de se passer? L’avais-je rêvée cette électricité quand nos lèvres se sont touchées? Non. Lui aussi l’avait ressenti, je l’avais lu dans ses yeux. 
Le lendemain, je partais en visite de ma future école de commerce, bien classée dans le palmarès des Grandes Ecoles, mais ce n’était pas Sciences-Po. Je m’étais résignée à dire adieu à ce rêve dont je ne me sentais plus capable pour suivre la route familiale. Quelle ironie quand on y pense. L’école était à Caen (la ville la plus pluvieuse de France au passage), nous primes donc le train avec mon père et ma mère garda mon téléphone en punition de mon arrivée tardive de la veille. Forcément, le bruit du scooter montant la colline qui abritait le mas où je passa mon adolescence, entourée de vignes, ne passait pas inaperçu au milieu de la nuit. Compliqué donc d’esquiver le non-respect du couvre-feu…
Toute la journée, je ne pensais qu’à une chose et une seule, retrouver cette merveille de technologie qu’était mon vieux téléphone de l’époque, pour voir l’écran afficher son message. Car je savais au fond de moi qu’il m’avait écrit. J’en étais intimement persuadée. Cet espoir me donnait des ailes, et la journée passa à toute vitesse. De retour chez nous, je me ruais sur le frigo, affamée, réclamant ce qui était mien à l’autorité maternelle. 
« Tiens » fit-elle, amusée. 
Ce n’était pas un mais six messages qu’il m’avait envoyés. D’abord, comme je le pensais, pour me dire qu’il avait passé une excellente soirée en ma compagnie, s’assurer que j’étais bien rentrée, et me demander quand il aurait l’occasion de me revoir, enfin si tant était que j’en avais également l’envie. Quelle question. Je brûlais déjà de tout mon être pour cet étranger dont je n’aurais jamais osé attiré le regard. 
Et quel premier baiser. 
Inquiet de ne pas me voir répondre, se sentant rejeté à son tour, il avait continué son monologue sur les messages suivant sans savoir que je ne pouvais ni le lire ni lui répondre. 
A ma réponse par la positive, s’en est suivi un dîner en tête à tête chez lui. Il avait tout préparé. Une salade de tomates, avec du thon et des oeufs durs, du vin, du pain frais. Ce n’était rien d’extraordinaire, mais personne ne m’avait jamais rien préparé. Les choses se sont enchainées naturellement après un film à moitié regardé en se racontant nos vies respectives et je passais la nuit chez lui, bien au chaud dans ses bras. Oenologue de profession, il me racontait venir d’un petit village près de Carcassonne, Limoux, et son accent confirmait effectivement ses origines. Passionné par son métier, la vigne et l’art d’en tirer le meilleur parti, il m’apprit bientôt mille et une choses à ce sujet. 
Les rendez-vous se succédèrent rapidement, et un mois plus tard nous échangions nos premiers « je t’aime » sous un magnifique feu d’artifice du 14 juillet, entourés de nos amis de l’époque. 
Passant le plus clair de mon temps chez lui, ou avec lui, vint le moment tant redouté de le présenter à mes parents. 
Ma mère était ravie. De la vieille école, celle où une femme ne peut vivre seule, et doit être rattachée à un homme, Cyril présentait toutes les qualités du gendre parfait. Intelligent, cultivé, sportif, propre sur lui, et surtout attentionné envers moi, il avait l’énorme qualité de ne plus imposer ma présence dans le foyer familial. Inespéré à 17 ans. 
Mon père en revanche, voyait ça d’un tout autre oeil. Il avait deux fils, mais j’étais sa seule fille, et il s’imaginait que mon aimé volerait ma vertu. Il était plus âgé, je n’étais pas majeure. S’il avait su que ma vertu je l’avais perdu un an plutôt, dans les bras de mon copain de l’époque, un minable du lycée, peut-être aurait-il été moins dur envers lui. 
  Les mois passèrent, et la distance Caen-Bordeaux, devenait insupportable. Il montait toutes les deux semaines, 7h de route tout de même, et je descendais dès que je le pouvais. Brillant encore une fois par mes notes, je tombais en dépression d’avoir connu l’Amour et d’en être aussi vite re-privée. Commença alors notre période épistolaire. Nous nous écrivions de longues lettres enflammées, comptant les jours avant d’être réunis de nouveau. 
Parmi elles un « contrat » que nous avions passé ensemble. Enumérant des règles simples que nous nous engagions à respecter l’un l’autre. Ne jamais s’abandonner, s’aimer en toute circonstance, dans la santé comme dans la maladie. En tout point on aurait pu y voir un contrat de mariage, que nous avions tous deux signé de nos coeurs. 
  Finissant mon année avec perte et fracas, je demandais alors mon transfert sur Bordeaux, dans une école de moindre classement mais qui me délivrerait le même master en Marketing International, et me permettrait de me rapprocher de mon aimé. 
La vie ici n’était pas la même. Je découvrais rapidement les soirées d’école de commerce et sa population bourgeoise. Je me fis assez vite des amis qui m’accompagnèrent fidèlement durant quelques années (je me demande ce qu’ils sont devenus aujourd’hui). Mon appartement bordelais était bien plus confortable que le studio d’étudiant que j’avais sur Caen. Nous avions adopté un petit chat, Kitty, que je gardais avec moi. 
Combien de fois, ivre à 3h du matin, l’ai-je appelé en me sentant mourir? Combien de fois est-il venu à mon secours, peu importe l’heure du jour ou de la nuit, l’heure de route nous séparant. Inconsciemment ces situations de « danger » qui n’avaient pour but que de générer sa protection, son intervention, ravivaient la souffrance qu’était ma conviction de ne pouvoir être aimée. Ce parcours chaotique, il l’a pourtant bien affronté, parcouru, sans jamais s’en plaindre. Si je doutais, il me rassurait immédiatement. Ses preuves d’amour, je les comptais par millier. Mes pensées, il les devinait toutes. Comme j’avais appris à deviner les siennes. Nous ne faisions plus qu’un. Une symbiose de deux êtres différents et pourtant en parfaite harmonie. 
Le premier Noël que je passais avec lui chez ses parents, je n’aurais pu être plus choquée par le clivage que je distinguais entre sa réalité familiale et la mienne. Ici, véritable eldorado du bonheur, la bienveillance prédominait. Tout le monde était heureux de se voir, de se serrer. Ils n’étaient pas riches, tous deux issus de la classe ouvrière, mais il m’apparaissaient l’être bien plus que les miens. Ils cuisinaient ensemble, se partageaient leurs quotidiens. Sa mère m’accueillit à bras ouverts et se montra vite bien plus maternelle que ma propre mère. Je n’y croyais pas mes yeux. 
A chaque étape de notre vie, ils étaient présents. Nous aidant à déménager dans notre « chez nous » quelques années plus tard. Un petit nid douillet que j’appelais maintenant foyer. 
Qu’importe les allers-retour à Bordeaux pour mes cours ou mes stages, tant que je le retrouvais à la nuit tombée, j’étais heureuse. Cuisiner, s’entrainer, apprendre à jardiner. Je m’étais transformée en parfaite petite « desperate housewife » et je voyais déjà notre avenir tout tracé. Décrocher mon diplôme, se marier, prendre un job en marketing pas trop loin, dans le vin, comme lui. 
Si son amour avait été une religion, j’en aurais été la plus fidèle prêtresse. 
Quelque part je m’étais remodelée pour lui convenir, pour lui plaire, et ça a fini par nous tuer sur le long terme. Le vin n’était pas du tout ma passion, la mode oui. Construire un foyer avec lui, je le voulais certes, mais pas au détriment de mes ambitions personnelles, de mon identité propre, que je sentais perdre progressivement. Je m’étais tant enfuie en avant avec lui, créant un autre monde dans lequel tout serait symétrique et positif que j’en ai fini par me perdre. Et le « moi » perdu est revenu exploser la porte avec perte et fracas. 
N’importe qui me connaissant un minimum sait qu’il se cache plusieurs femmes en moi. Six pour être exacte. 
Il y’a d’abord la Marie aventureuse, qui a soif de tout, de découvrir le Monde, d’apprendre, de stimulation intellectuelle et qui saura toujours trouver un sujet de conversation en société. 
Puis il y’a celle qui voit la vie comme un combat permanent, une arène dont on ne sort que lorsque nous trépassons. Celle là est capable de tout endurer et de se relever. Elle encaissera les coups, apprendra, et se relèvera plus forte. Disciplinée, déterminée, elle ne lâche pas ses objectifs de vue, pratique des sports de combat, du Crossfit, et sera la première à vouloir protéger un opprimé. Que le sang coule, que les os se cassent, tant qu’un souffle s’abritera en moi, j’irai me battre jusqu’au bout pour chercher la victoire, dussais-je casser quelques mâchoires. Leader née, elle aspire les foules à se dépasser, et dans sa tête elle aurait pu diriger une armée. 
Au malheureux qui s’en prendrait à l’un/e de ses amis, je ne donnerai pas cher de sa vie. Ses amis sont sa famille de substitution, au fil des années ils ont pris bien des rôles.
Ce qui nous amène à la troisième « moi », qui contre-balance la violence et la dureté du moi « Amazone ». Ce « moi » là est doux, incroyablement doux. Protecteur, bienveillant, tendre, généreux, attentionné. Un être de lumière qui ne voit que le bon dans l’être humain, dans son prochain. Tout arrive pour une raison, et il n’y a pas d’épreuves que nous recevions que nous ne pouvons surmonter. C’est une matrone. 
La quatrième, quant à elle, n’est que paillettes et légèreté. Elle est le Glamour. L’Elegance. Le Charme. Elle aime passer 2 heures à prendre soin d’elle, se préparer avant une sortie, et éblouir son audience. Cette Marie là, et je l’ai découvert récemment, était danseuse de cabaret au Moulin Rouge. C’est le moi qui se retrouve dans l’art du Burlesque, sa sensualité, sa féminité exprimée à l’exagération. Affirmée avec éclat. Celle qui revendique son pouvoir de femme dans la séduction et l’ensorcellement d’une audience masculine. 
En cinquième position, et comme pour équilibrer ici encore la précédente, se trouve le « moi tomboy », celui, plus masculin, qui préfère réparer un moteur plein de canbouis en buvant une bière avec ses amis plutôt que de regarder une comédie romantique avec les autres filles. C’est mon côté rock’n’roll. Un smokey eye marqué sur mes paupières, il ne s’agit pas de se transformer en homme, je revendique bien trop ma féminité, mais ici d’une façon plus brute. Elle peut sauter d’une barrière de deux mètres à 4h du matin, embrasser un parfait inconnu, plonger dans une fontaine, ou faire une partie de hockey en donnant de grands coups de crosse. J’aime énormément ce moi-là. Elle n’a peur de rien, mais d’une façon plus légère que la guerrière. 
Et finalement, arrive en sixième et dernière place, le moi enfant. 
Celle là est recroquevillée contre un mur dans le noir. Elle ne parle pas, se contente de se balancer d’avant en arrière dans une marche répétitive et monotone. Elle est paralysée par la souffrance. Convaincue d’être mauvaise, inutile. Ses bras sont couverts de cicatrices à peine refermées, ses yeux embués de larmes. Elle n’ose encore espérer que quelqu’un la chérisse enfin, la prenne dans ses bras et la protège…  
Ce quelqu’un, je m’étais convaincu que c’était Cyril. Un ange tombé du ciel. Qu’il était la fin du moi qui souffre. Il me faudra encore bien des épreuves et des années avant que je ne comprenne que le seul ange à pouvoir soigner ces plaies se trouve dans le reflet du miroir.
C’est sans doute, encore aujourd’hui, l’homme qui m’a le plus aimé et le plus donné.
Mais cette partie de moi qui ne s’était jamais exprimée, profondément individualiste, en a décidé autrement. 
Un couple c’est comme une maison, il faut construire des fondations solides, ensemble, avant d’en ériger les murs. Ici notre base ne pouvait que s’effondrer, étant donné que je ne m’aimais pas moi-même. Que j’alimentais ce néant qui me dévorait de l’intérieur en cherchant des dérivés de solution, et ce dans toutes mes relations amoureuses. 
Quelques semaines à Séville pour mes six mois d’Erasmus, ont eu raison de nous. La séparation était trop dure à encaisser. Je ressentais son manque à chaque instant, forcément quand on « fusionne » avec quelqu’un, s’éloigner ça fait vraiment très mal.
 L’occasion de faire le point sur nos vies, séparément. 
De mon côté je découvrais donc les soirées sévillanes (encore gravées dans mes souvenirs) et rencontrais Enrique, alias Kike pour les intimes, bel andalou, qui devint mon copain pour les mois à venir et m’appris à parler un espagnol impeccable (merci encore). 
Je l’aimais, mais ce n’était pas pareil. Les ténèbres qui m’habitaient quant à elles ne m’avaient pas oubliées, ou plutôt le moi en souffrance n’était pas rassasié. Mes pensées, sombres, semblaient prêtes à m’avaler toute entière à de nombreuses reprises. Et c’est Cyril que j’appelais à la rescousse à chaque fois. Dans mon esprit agité, il était le prince dont l’amour allait bien finir par me sauver de moi-même. Honnêtement il avait un rôle impossible à tenir dans la durée au stade où j’en étais de ma construction personnelle et avec le recul je lui trouve un courage et une patience tout bonnement exemplaires. 
De retour en France, je mis tout en oeuvre pour le reconquérir et nous nous retrouvions enfin. Cependant quelque chose avait changé. Je l’aimais plus que tout mais un mur invisible semblait s’être dressé entre nous. J’avais érigé des remparts autour de mon coeur, qu’il avait bien du mal à franchir sans que je ne parvienne à en identifier la cause. Rendu malade par mon incartade espagnole, je me jurais de ne plus jamais lui faire de mal s’il m’était donné une autre chance de prendre soin de cet ange. 
Vint donc le moment de parler de notre avenir, le mariage une fois diplômée, semblait être la suite logique de notre amour qui venait de fêter ses trois années. 
C’est à peu près à ce moment là que je me mis en tête d’obtenir le permis moto, d’acheter ma première monture, une Kawasaki ER6F. Ce que je fis assez vite. Gage de mon indépendance, je ne me sentais plus libre qu’en frôlant les 200 km/heure sur son dos, l’adrénaline faisant s'hérisser le duvet le long de ma colonne vertébrale. 
Venant de passer un été à étudier la couture et l’art de créer des vêtements, projet qui m’avait passionnée, et fait renouer avec mon amour de la mode, je ne quittais jamais notre maison sans être au top de mon apparence. Ce qui forcément, ne passait pas inaperçu auprès de la gente masculine, composée principalement de l’équipe de rugby locale, les stars du village. 
Nous étions le couple phare, ceux à copier en tout sens. Les Brad & Angelina de Ste Foy la Grande. Et j’adorais susciter les regards et l’envie de la sorte. Beaucoup trop. Je comblais le vide qui ne m’avait pas quitté avec cette attention, mais ce n’était jamais assez. 
Moi qui m’étais convaincue que son amour serait la solution à tous mes problèmes, je n’en avais en fait que plus alimenter mes démons, qui tapis dans l’ombre, attendaient le moment opportun pour frapper. L’écart entre ma « réalité à deux » et ma « réalité individuelle » qui s’en voyait écrasée, finit par exploser. 
Je rentrais alors dans le jeu de la séduction avec ces « autres » qui n’étaient pas lui. Je roulais, vite. J’écrivrais, une histoire dans laquelle j’étais seule, rebelle toute de cuir vêtue, comme mon idole Max dans Dark Angel, féroce combattante, qui dans mon esprit aurait acheté une boite de nuit et construit sa vie seule avant de pouvoir se laisser aller à cette petite chose nommée Amour. 
C’etait le début de la fin. 
Les frictions se faisaient de plus en plus récurrentes, et nos petits rituels « série du mardi » ne me satisfaisaient plus. Je n’arrivais plus qu’à voir cet avenir de soumission involontaire, cloisonnée dans une réalité qui n’était pas la mienne. Mon amour n’avait pas bougé, mes sentiments étaient toujours bien présents pourtant, mais je nous souhaitais plus à l’un comme à l’autre que de se réveiller dix années plus tard, mariés, parents à notre tour, et plein de remords des concessions qui nous auraient tués à petit feu. 
Parce que le « moi » en quête d’aventure, je l’avais fait taire trop longtemps. Elle revenait sur le devant de la scène en cassant la porte sur son passage à coup de high kick. Mon rêve ce n’était pas de m’enfermer dans une normalité, à la campagne, et de me contenter d’une vie « convenable ». Non. Moi je voulais bouger en ville, voyager, suivre ma carrière, me sentir libre, moi-même, sortir, apprendre, bref me sentir en vie.
Alors je fis la seule chose qui devait être faite. Je pris mon courage à deux mains, ce qui me restait de force, et lui dis adieu, rompant ainsi nos fiançailles et son coeur, au bout de quatre années de vie commune.
 C’est de loin, encore maintenant, la chose la plus difficile qu’il m’ait été donné de faire. 
Redonner le pouvoir à la raison et non plus à la passion.  
 Il a fallu bien des années, pour que je me pardonne de tout le mal que je lui ai causé. Cet être si « parfait » qui m’avait tant aimé, moi, qui ne pensais jamais pouvoir ressentir cette chaleur unique qui ne vous quitte jamais, quand vous aimez quelqu’un qui vous aime tout autant et tout aussi sincèrement, cette joie immense, cette assurance de la sécurité, celle de ne plus jamais être seul, de pouvoir affronter le monde à deux, en équipe. 
Après cela j’enchainais les mauvaises décisions, les soirées alcoolisées, et on peut se dire que j’ai vite fait des ravages au sein de l’équipe de rugby. Une rapide histoire avec un « bad boy » notoire, et me voilà repartie pour de nouvelles aventures en tant qu’hôtesse ou « grid girl » sur les circuits de moto. C’est comme ça que j’ai rencontré Jordy, un rider certes pas très beau, mais plein de charme et de sensibilité. 
On pouvait passer 4 heures au téléphone et s’endormir comme ça. J’ai fait les pires folies avec lui, le « moi » rocknroll était aux anges. Entre ride, sorties avec le gang, et mécanique. On brûlait notre jeunesse par les deux bouts. Forcément, j’étais toujours en contact avec Cyril, il était ma « famille » aussi. Ne plus être ensemble ne voulait pas dire s’abandonner. Jusqu’au jour où il s’est mis avec celle qui est devenue sa femme par la suite, qui lui interdit formellement tout contact avec moi, de peur qu’il me revienne, encore. 
Et ça c’était dur. Donc je contrebalançais avec ma relation présente. Qui s’est consumée comme un feu de paille. Eh oui, forcément. Un pion avait chassé l’autre, et je n’étais toujours pas revenu à la base pour soigner le « moi » en souffrance. 
Peu après, fraichement diplômée, après un stage de 12 mois carrément hardcore pour une célèbre marque de boisson énérgisante sur Paris, j’acceptais mon premier CDI pour la même marque en tant que commerciale sur Lyon. Un enfer. Littéralement le pire job de la terre, à aller démarcher des épiceries et des boulangeries. 
C’est à ce moment là que j’ai rencontré Arnaud, qui allait être ma deuxième plus longue relation. Deux années tumultueuses qui m’ont marquée plus que je ne saurais le dire. 
Je me souviens de notre première rencontre, sur une péniche lyonnaise où notre bande avait l’habitude de trainer. J’y passais régulièrement mes samedi soir en compagnie de mes « bad bitches », Aline et Nini. A nous trois on te retournait un bar. Définitivement rock’n’roll, déjà bien tatouées, j’avais à cette époque si soif d’attention masculine qu’enivrée par mon rhum je déambulais sur le Dancefloor, féline, en chasse de nouveaux prétendants.  
Mon jeu préféré? En embrasser plusieurs dans la même soirée, discrètement, à des étages différents du bar. Cela demandait une certaine agilité, pour ne pas se retrouver au milieu d’un feu croisé, et j’y voyais le signe de mon attirance (ipso facto de mon intérêt).
Alors quand je l’ai vu là, au bar, avec son ami, je n’ai pas résisté à la tentation de l’ajouter à ma collection. 
Ses yeux étaient bleu azur, et j’y décelais un océan de bonté, une mèche blonde comme les blés couvrait son front, son sourire - timide et malicieux. Vous comprendrez facilement qu’il était ma madeleine de Proust, un rappel de mon amour pour Cyril, aux caractéristiques similaires.
Appartenant à la même « tribue » que moi, les jeunes rockeurs lyonnais, tatoués, piercés, la conversation s’est faite bien naturellement. 
Il était drôle, charmant, et j’étais déterminée. Mais ce qui a fait toute la différence à ce moment là, c’est qu’il me parle de ses origines chiliennes. Sa mère était Latina, et pour moi qui cherchais déjà à me rapprocher un maximum de mes racines latines, il en est devenu irrésistible. Très vite je lançais l’offensive, une main sur son bras, un regard un peu prolongé, pour finir par me pencher vers lui, saisir sa nuque, ses cheveux entre mes doigts, et attirer ses lèvres contre les miennes. Pas de place au hasard ici. Je voulais, je séduisais, je prenais. 
J’ai toujours été douée à ce jeu là, la séduction. Disons que je n’avais peur de rien. 
S’en est suivi le jeu de piste habituel, entre lui et mes autres victimes de la soirée. 
Je m’étais sauvée avant qu’il ait pu me demander mon numéro, excitée par le mystère de ne pas savoir si j’allais le revoir. 
L’attente ne fut pas longue, et dès le lendemain matin, il me demandait en amis sur Facebook. Le prétexte trouvé, léger, marrant, en lien avec notre discussion, j’entamais la conversation et sondais son intérêt. 
Ces premiers échanges, cette excitation, presque enfantine, qu’on a en voyant l’écran de notre smartphone s’allumer et son nom s’afficher, je n’ai encore aujourd’hui rien trouvé de meilleur. Elle cache l’espoir, la promesse, d’une histoire d’amour sincère et passionnée. 
La joie intense de voir qu’on est sur la même longueur d’ondes avec quelqu’un d’autre, que l’attirance n’est pas que physique et surtout bilatérale. Que quelqu’un nous « voit » vraiment et pas seulement le reflet de ce qu’il nous plait de projeter. 
Ces phéromones envahissent notre cerveau et le bombardent d’endorphines. L’Amour est notre drogue, cet autre être vivant qui le suscite, notre dealer. 
Il avait des manières, une bonne éducation, et il s’est montré dès le départ, très galant et protecteur à mon égard. Notre première « sortie » officielle, s’était faite après qu’on se soit retrouvés 24h au lit à se dévorer l’un l’autre. Ça c’est généralement le moment où les filles se demandent si le garçon était sincère ou s’il ne cherchait qu’à en profiter charnellement. 
Dans son cas, c’est une invitation à dîner dans un restaurant gastronomique qui a clos la question. A l’époque plongeur dans un restaurant, plus jeune que moi de quelques années aussi, il avait tenu à me montrer que je méritais ce qu’il y avait de mieux, et qu’il n’allait nulpart. 
Encore aujourd’hui, ça reste l’un des gestes les plus romantiques qu’on ait eu à mon égard. 
Dès le départ, je savais que notre relation serait passionnelle, et je savais aussi que ce ne serait pas l’homme de ma vie. Mais il fallait que je le vive. 
Quelques mois plus tard il emménageait, puis je suis tombée enceinte et pris la lourde décision d’avorter. La situation était loin d’être idéale, je l’aimais de tout mon coeur mais l’ayant poussé à reprendre ses études, nous n’avions qu’un revenu, et je venais d’accepter ce job comme commerciale Nightlife à l’autre bout du pays. 
C’est là que les problèmes ont commencé. La distance nous a vite bouffés. Après avoir vécu ensemble, ne se voir que toutes les deux semaines, c’était carrément problématique. 
De mon côté, j’adorais ma « nouvelle vie », Toulouse, cette ville aux accents hispaniques, où tout le monde se parle, où il y’a toujours de la vie, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Ce nouveau job, fait pour moi, et les avantages qu’il me procurait, ennivrants. Je me sentais libre, me découvrais une passion pour la pole Dance, cause de nombreuses blessures, mais aussi pour le CrossFit.  
Les weekends où nous sortions, il me voyait taper la bise à tout le monde, saluer les patrons de bars (mes clients), me faire recevoir comme une reine, regardée, et la jalousie a commencé à s’emparer de lui. Dans un contexte personnel, si nous étions sortis avec nos amis et qu’un autre homme s’était aventuré à m’approcher de trop près il se serait rapidement interposé, voire aurait probablement joué des poings pour « marquer son territoire » et pour moi, bien que largement capable de me défendre, il n’en aurait su être autrement. 
Mais là, bien que de sortie tous les deux, nous restions bien dans un contexte professionnel et je lui avais interdit d’élever la voix ou de réagir. 
C’est ce qui l’a tué à petit feu. 
Bien que le présentant comme mon amoureux, mes prétendants toulousains ne doutaient de rien, le regardaient de haut, et lui faisaient comprendre qu’il n’avait pas les épaules pour m’accompagner. 
A savoir que cet ange dont j’étais tombée éperdument amoureuse, avait sa part de démon. Quand il buvait, c’était Dr Jekyll et Mr Hyde. Il se transformait souvent en un être violent et imprévisible. Le genre à se battre pour un rien, ou bien encore à s’écraser des mégots de cigarette sur la main avec ses amis pour se prouver leur résistance à la douleur. 
Alors quand j’ai voulu le quitter, ivre, il a levé la main sur moi et fait voler à l’autre bout de la pièce. 
En état de choc, toutes les émotions m’ont traversé à ce moment là. La surprise, la peur, la trahison, la colère. Ramené à la raison après avoir déssoulé, il se confondait en excuses, me partageait son désespoir de me perdre, sa peur, profonde, que je ne l’aime pas, que je ne l’aime plus. Il chantait tellement bien sa cause que j’en ai fini par me convaincre que je ne l’avais pas assez rassuré et que ce résultat malheureux m’incombait. 
Et quand il a commencé à se montrer possessif, j’ai laissé faire. Après tout, je l’avais initié aux prières et à la dévotion que réclamaient l’autel de mon amour, auquel les sacrifices de son amour inconditionnel, et de sa totale attention devaient être régulièrement apportés, de quel droit aurais-je pu en rejeter les effets secondaires?
 Sauf que l’atmosphère est devenue pesante, et je me suis vite rendue compte que sa possessivité résultait plus d’un manque de confiance, en moi, qui bossais dans le monde de la Nuit pour une célèbre marque de bière, en mes clients ou leurs équipes de bar, qui passaient littéralement leur vie à tenter de me charmer, et surtout en lui. 
Après tout, il m’aimait. Si fort que cette peur de me laisser filer lui était devenu insoutenable. C’est donc tout naturellement que je lui ai donné une deuxième chance. 
Quelle erreur. 
Ses démons n’allaient pas disparaitre pendant la nuit, et auraient même plutôt eu tendance à le dévorer de plus en plus. 
Mais ça je ne l’ai réalisé, bien violemment, que lorsque tirée du sommeil en sursaut, ses mains autour de ma gorge, j’ai du lutter pour ma vie. De toutes mes forces, pour casser sa poigne, le faire lâcher prise, bref survivre. « Inconscient » de ses actions, que je me débatte lui a fait retrouvé ses esprits. 
C’est là que j’ai compris que s’il ne pouvait pas s’assurer que je reste avec lui, il s’assurerait en tout cas que je ne puisse être avec personne d’autre. Outre mesure, il voulait également me faire payer sa souffrance. Au prix fort. Je l’avais fait tombé amoureux de moi, et maintenant il s’agissait de payer chaque battement de son coeur qui retentissait dans le vide. 
Je ne voyais pas d’issue. J’étais terrorisée. Dissocier mon corps de mon esprit m’apparut alors comme la seule solution viable en sa présence. Je n’étais plus qu’une forme de chair et d’os. Dépourvue d’âme. Vide. Ainsi je me préparais à devoir faire à peu près n’importe quoi pour rester en vie. L’embrasser, le laisser me toucher, le rassurer, jusqu’à coucher avec lui pour le « rassasier » de moi, ne lui donner aucune raison de croire que j’allais m’enfuir. Autant vous dire que je n’ai pas fermé l’oeil aucune des nuits suivantes. Puis nous sommes repartis à Lyon pour le weekend, et le soir même nous rejoignions la bande à un concert. Son regard, lorsque mes amis de sexe masculin me prenaient dans leur bras dans une énorme accolade pour me signifier leur joie de me revoir, m’a glacé le sang. J’avais envie de crier, de leur hurler que j’étais sa prisonnière, que j’avais besoin d’aide, mais aulieu de ça j’ai greffé un sourire creux sur mon visage et repris ma place à ses côtés. Esclave de ses moindres désirs, cette semaine a été la plus longue de ma vie. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant, l’annihilation de ma personne pour survivre. Dès que mon téléphone sonnait, il se plaçait là, en guet, épiant le moindre mot, me dictant les réponses à leur apporter. 
Ce n’est qu’une fois de retour dans mon appartement toulousain, en ayant verrouillé la porte à double tour, que j’ai enfin eu le courage de le quitter. Avec 600km entre nous, et la horde d’hommes prêts à tout pour m’impressionner, j’étais à peu près sûre de pouvoir m’en tirer. 
Je n’avais pas deviner que mon plus grand ennemi venait de l’intérieur. Il avait contaminé mon âme. J’étais persuadée de l’avoir transformé en monstre. Que mon amour, toxique, l’avait conduit aux pires agissements. Ce n’était, après tout, que la suite logique pour quelqu’un qui avait toujours vécu dans la croyance de ne pas être « suffisamment » tout.  
S’en est suivi une longue phase d’auto-destruction, revêtant bien des visages. Alcool, drogue, garçons. De laquelle un ami (en or), Drew, m’a tirée en me faisant réaliser que ça ne résoudrait pas mes problèmes. Appelons ça une intervention. 
J’ai donc repris ma vie en main, trouvé mon équilibre, décroché une promotion et quitté Toulouse pour retourner dans la ville de mon enfance, Bordeaux. 
Des années se sont écoulées, et ce stress post-traumatique de mourir pendant mon sommeil lorsque je dormais à côté d’un homme ne me quittait pas. Pas gênant du tout, quand on sort avec quelqu’un, de devoir filer en douce au salon toutes les nuits pour trouver le repos sur le canapé. Brisée, renforcée dans ma peur d’être abusée ou abandonnée, je les attirais pour mieux les repousser. Priant au fond de moi pour que l’un d’entre eux soit suffisamment solide, ou sincère, pour tenir le coup et me revenir. Mais l’égo masculin est une chose bien fragile, et ces relations mourraient généralement dans l’oeuf. D’un coup de talon aiguille. 
Alors quand un autre charmant jeune homme, W. A croisé ma route, rechaussé les souliers du prince charmant, et embarquée avec lui, en connaissance de cause, j’ai rabaissé ma garde. Pour de vrai. Beaucoup trop. Et c’en est trouvé qu’il n’était pas du tout ce qu’il prétendait. A commencer par célibataire. Cela faisait quelques mois qu’on se fréquentait, entre deux jobs, je bossais dans un bar huppé en attendant. Un soir, après mon service, je l’appelle pour le rejoindre chez lui. Une sonnerie, puis répondeur. Je réessaye. Même histoire. Insistante, quelqu’un finit par décrocher. Une voix féminine me demandant qui est à l’appareil.
 « La copine de W. » lui dis-je;
 « Moi aussi » me répond-elle
« Ah. Depuis combien de temps? » continuais-je;
« 10 ans , et on se marrie dans 3 jours» 
« Ok, tu gagnes » finis-je avant de m’effondrer en sanglots. 
Il se trouve qu’il avait plusieurs vies. Et que je n’étais que le divertissement de la saison. Un divertissement sacrément convainquant. Sans protection. Un « à côté » qui concluait en apothéose mon manque de consistance.
Cette fois c’était trop. Blessée à l’épaule, sous antalgiques, et submergée par la douleur de mon coeur brisé, j’ai avalé la plaquette en priant pour que ça s’arrête. Je ne voulais pas mourir, dans le fond. Juste atténuer ma douleur. Mais ce que j’ai fait a eu des conséquences graves. Quelques jours à l’hôpital pour laver mon foie ont eu vite fait de me remettre les idées en place et réaliser que l’auto-destruction, quand on tient à la vie, ce n’est que du travail en plus pour remonter la pente. 
Et je l’ai remonté, contre vents et marrées, en me faisant la promesse de ne plus jamais me laisser couler. Le tatouage de « Santa Dolorosa » qui habille mon flanc gauche en témoigne à tout jamais. 
Elle pleure, elle encaisse, mais elle se relève toujours. 
Encore quelques temps plus tard, étant monté à Paris pour un nouveau job de business manager dans l’IT,  je me fais finalement opérée de cette vieille blessure de l’épaule et me retrouve en convalescence d’un mois chez ma mère sur Bordeaux. 
C’est à ce moment là que Vincent est véritablement entré dans ma vie. Du même milieu pro à mon époque toulousaine, l’on avait fait connaissance quelques années auparavant par des amis communs. Quand il m’a invité à le suivre sur sa tournée des grands ducs du jeudi soir, c’était pour moi comme une réminiscence légère du passé, et une distraction toute trouvée à mon post op. 
Au départ, je le trouvais âgé. De huit ans mon aîné exactement. Sans attentes particulières si ce n’est de passer une bonne soirée, on s’est vite raconté les grandes lignes de nos vies respectives, et écumé les bars jusqu’à terminer en boite de nuit. C’est à ce moment là que le naturel a repris le dessus. Et par naturel j’entends ma jumelle maléfique. Sacré personnage celle-là. Il m’a demandé qui elle était, ipso facto, qui j’étais. Et dans les 3 secondes qui ont suivi sa réponse par l’affirmative à ma question « Es-tu sûr d’être prêt pour la voir? », je/elle l’empoignait contre le mur et l’embrassait avec toute la passion qui lui était donnée. Un baiser à ramener un mort à la vie. 
Si puissant, que la Terre s’est arrêté de tourner pendant au moins une heure. Nous n’entendions plus la musique, rugissante pourtant, seulement les battements du coeur de l’autre, le rythme du pouls sous notre peau. Nous ne sentions plus rien, hormis nos étreintes respectives. Ses lèvres dans mon cou, embrasaient chaque cm de mon être. 
De ma vie, je n’ai jamais été aussi sûre de rien. Il fallait que je rentre avec lui, que ce soit pour la vie ou pour une nuit. 
Je n’avais jamais ressenti ça. Un désir sauvage, presque animal, une conviction, profonde. 
Pourtant réaliste, je savais remonter sous peu à la capitale, et voulais m’épargner une nouvelle déception. Je lui ai donc dit que nous ne nous reverrions pas. 
C’est là qu’il m’a devinée. La force, alliée à la douceur, la tendresse, il avait su percer, en quelques échanges, ce qui se cachait derrière ma carapace. 
Comment résister à ce désir alors?
Le mois qui a suivi, nous ne nous sommes plus lâchés. Dans ses bras, je retrouvais le sommeil. Ses lèvres appelaient les miennes sans cesse. Ce cocon, je l’ai chérie de toutes mes forces. 
Je me souviens d’une soirée passée chez lui, lovée dans ses bras sur son canapé, sous un plaid, l’un face à l’autre, j’avais quitté le temps d’un instant le réconfort douillet de sa nuque où s’abritait ma tête, pour lui faire face et lui demander ma voix la plus mielleuse (un vrai petit chaton) de me promettre qu’il ne m’abandonnerait jamais. Que peu importent mes crises, ou mes cicatrices, il saurait tenir bon, il saurait deviner ce qui se cache derrière, le « vrai moi ». « Oui, je te le promets » m’avait-il répondu en me serrant encore plus fort contre lui. J’ai rarement ressenti autant d’amour qu’à ce moment précis. 
Mais voilà, entre ses problèmes, les miens, et la distance à mon retour à Paris… notre relation n’a pas fait long feu. Avec perte et fracas. 
Sur bien des aspects logiques, je voyais bien qu’il ne me correspondait pas. Comme notre ouverture à l’extérieur, à la soif d’apprendre ou de parcourir le Monde. 
Pourtant je lui revenais sans cesse. Quand sa peau effleurait la mienne, plus rien n’avait d’importance. Handicapé de la communication, face à mon manque d’affection chronique et mon besoin de réassurance, l’echec était assuré. 
Pendant un long moment, on ne s’est plus parlés. Puis ça repartait de plus belle, pour de nouveau s’échouer sur les remparts de sa peur de s’abandonner à moi, de s’engager. 
L’histoire a duré comme ça quelques temps, si on se voyait seul à seule, le désir l’emportait. Au téléphone, on pouvait se parler des heures en ayant l’impression que quinze minutes s’étaient écoulées. 
Jusqu’à récemment. Disons que la période a été particulièrement difficile me concernant, nouvelle opération, agression, mise au placard par mon boss… Et il était là. Quand je lui ai annoncé avoir rencontré quelqu’un (ce qui n’a pas duré), j’ai bien vu qu’il renforçait sa présence, qu’il avait peur de me perdre. 
Alors quand ça s’est terminé, je me suis demandé si cette fois ça pourrait être différent entre nous. Je m’étais interdit de repenser à lui de cette manière, mais c’était « ma personne ». Il me connaissait mieux que quiconque. Devinait mes rires comme mes pleures. Tant qu’on ne parlait pas de notre avenir, tout était toujours sans effort. 
C’est donc naturellement que je l’invite à une soirée que j’organisais de retour sur Bordeaux pour le weekend. Et comme à son habitude, la réponse était positive, mais l’action totalement absente. Et l’excuse, bien peu convaincante. 
Le lendemain, il passât déjeuner avec moi. Et put lire dans mes yeux embués de larmes que son absence avait vraiment compté. Que le réconfort, c’était surtout de sa part que je l’attendais. Pas seulement des heures au téléphone. Mais dans ses bras. 
J’ai vu que ça l’avait touché, jusqu’à quel niveau, cela restera pour moi un mystère. 
Mais de me retrouver lovée dans sa nuque, à partager nos rires et nos doutes, tout cet amour que je lui avais porté des années plus tôt s’en est trouvé ravivé. 
Nos étreintes se faisaient langoureuses, nos au revoir interminables. 
Le courage ne m’ayant jamais fait défaut, je décidais une nouvelle fois de lui dire que je l’aimais, et que nos batailles nous pouvions les mener plus forts, ensemble, plutôt que d’espérer se retrouver une fois livrées séparément comme nous nous l’étions dit. 
Fidèle à lui-même, il n’a pas été capable d’avancer avec la même conviction. 
J’ai donc décidé de tourner définitivement la page. 
Et il a totalement disparu de ma circulation quand lors d’une émission de radio que je co-anime,  j’ai affiché publiquement mon intérêt pour un autre.  
Avec le recul - il n’a pas faillit à sa promesse. Quand j’ai eu besoin de lui, il a toujours été là, virtuellement. Et je m’en étais contenté jusque là. 
Mais aimer c’est accepter de se livrer. Et pas à moitié. 
Je suppose que je ne saurai jamais ce qu’il ressentait pour moi, précisément. 
Mais quelle importance si les actions ne suivent pas des deux côtés? 
Aujourd’hui, après quelques mois de thérapie, et la plus grosse remise en question de ma vie, j’aspire à plus. 
J’aspire à faire ce que j’aurais du faire dès le départ, tomber amoureuse de moi-même.
Réaliser mes qualités, et travailler sur moi pour en devenir la meilleure version possible.
Ne plus attendre d’un homme qu’il me complète ou qu’il me « sauve » mais plutôt qu’il accepte de tout partager avec moi. Qu’il soit mon partenaire, mon meilleur ami, mon amant, mon confident. 
Je n’ai pas besoin d’un prince charmant, je n’ai besoin de rien. 
En revanche j’ai envie d’un Clyde à mon Bonnie. Et ça c’est différent.
Mes peurs, mes démons, je les ai affrontés, surmontés, petit à petit. Ma renaissance je la vie en ce moment-même. Je m’auto-complète, et ça c’est la définition de l’amour de soi. 
Pour ce qui est des autres…
Mes parents étaient défaillants, le problème ne venait pas de moi. 
Mon ex, était psychopathe, le problème ne venait pas de moi.
Les déceptions que j’ai connu, je les cherchais inconsciemment auprès d’hommes défaillants également, comme pour confirmer que je ne pouvais atteindre le bonheur et le respect que je méritais. 
Ce schéma, je l’ai brisé. Et tout ça, ça va changer. 
J’aime la personne que je suis devenue, il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais aujourd’hui je sais que je mérite tout le bonheur que je pourrai trouver. Parce que je me suis trouvée. J’ai fait la paix avec l’enfant qui souffrait, la serrant contre moi et lui montrant des jours meilleurs. Cet amour inconditionnel que je cherchais tant, je l’ai trouvé. Auprès du moi protecteur et bienveillant. Il me suffisait de me construire, ou plutôt de déconstruire mes bases, pourries, pour en rebâtir de nouvelles, solides et saines. Des bases sur lesquelles toutes celles que je suis vivraient en harmonie, chacune écoutée et aimée. 
Maintenant que cette découverte a été faite, telle Christophe Colomb je souhaite continuer mon aventure. Partir sur des terres riches, d’amour, de bienveillance, de confiance. 
Ne plus attendre d’être sauvée par quiconque, mais ouvrir la porte, réellement et sans sabotage, à quelqu’un de bien. 
Ce quelqu’un je veux le séduire et qu’il me séduise à son tour. 
 Je veux qu’il partage les mêmes valeurs: l’égalité, la passion, l’affection, la protection de l’autre, le dévouement… 
Je veux qu’il m’aime comme je suis, ou plutôt mes six moi, et qu’il me laisse l’opportunité de découvrir ses multiples lui, en toute confiance. 
Je veux qu’il ait la même soif d’apprendre, de voyager. La même ouverture au Monde. 
Qu’il adore sa vie, mais plus encore l’idée de me la partager, sans m’étouffer. 
Que sa douceur équivaille à sa virilité, et que sa force tranquille contrebalance ma fougue.
Pour un homme aussi extraordinaire que ça, oui, je crois que je saurai arrêter de fuir. Faire de la place, et peut-être enfin reconnaître l’amour durable. 
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medecine236 · 5 years
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Lutte contre le racisme
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Plus de 20 ans que je subis ça… Avec des périodes de répit plus ou moins longues.
Et la majorité des personnes asiatiques a vécu la même histoire….
Quand j’étais toute petite, je souriais souvent, j’avais la joie de vivre, mais ce sourire est parti vers l’âge de 6 ans, quand le harcèlement scolaire a commencé…
« Chintoque » c’était le nom qu’une partie des élèves me donnait. A la récréation, et en sortant de l’école, le racisme me suivait. Quand je sortais de chez moi, il y avait sur le trajet, au moins une remarque raciste, un « chintoque ». Des personnes, des adultes, ou bien des enfants qui ne me connaissaient pas et qui dès le plus jeune âge, nous pointaient du doigt en disant « chintoque » comme si on était des extraterrestres…
J’ai développé une phobie sociale, je sortais uniquement pour aller en cours, et pour aller faire les courses. Rien qu’à l’idée de sortir, cela me donnait la boule au ventre. J’avais tellement peur du regard des autres. Je m’isolais de plus en plus, j’avais des idées noires dès le CP, je ne me sentais pas à ma place dans ce monde. Je voulais juste être une personne « normale », comme les autres, me fondre dans la masse, ne pas être considérée comme étrangère, ce qui m’a malheureusement  conduite à m’éloigner de ma culture chinoise….
Et le seul et unique moyen de m’en sortir, de donner du sens à ma vie, de me sentir exister, c’était de travailler à fond pour réussir dans la vie. Tout au long de ma scolarité, j’ai bossé pour être la meilleure, je ne partais pas en vacances sauf exception, j’avançais dans le programme l’été, je n’ai jamais été plus intelligente que les autres, loin de là, mais je sacrifiais ma vie, ma jeunesse, au travail…
Étant dans un collège et lycée d’un autre secteur, ça m’a permis de m’éloigner de ce racisme.
Puis j’ai commencé médecine, je n’ai pas subi de racisme en tant que tel à l’hôpital ni à la fac, il y a eu par contre, des remarques considérées comme des blagues (« tu aimes manger du chien ? » Etc), et à l’hôpital, même après 3 mois de stage, dans quasiment tous les stages, étant très souvent avec des co-externes asiatiques, on nous confondait souvent.
Encore aujourd’hui, je suis renfermée, j’ai du mal à aller vers les autres sauf les personnes que je connais bien, je suis souvent triste sans même savoir pourquoi, constamment anxieuse et je n’ai pas du tout confiance en moi.
Dans certains quartiers, les agressions envers les asiatiques sont fréquentes…. Nous sommes encore vus comme des riches commerçants qui nous baladons avec beaucoup d’argent en espèces … Ce qui est faux….
On ne parle pas assez du racisme anti-asiatique … Qui est pourtant bien présent dans notre société, et les remarques racistes sont considérées uniquement comme des blagues, « juste pour rire »; les mêmes clichés perdurent depuis des décennies : dociles, mangent du chien, hypersexualisation de la femme, riches avec beaucoup d’argent en espèces etc…
Malheureusement, je ne peux m’empêcher de penser que si j’ai des enfants, ils subiront la même chose, et en souffriront, je ne pourrai pas les protéger du regard des autres, du manque de tolérance d’une partie de la société.
Peu importe nos origines, nos religions, notre culture, respectons nous les uns les autres, la diversité fait la force et la richesse de notre pays.
Voici une vidéo de Grace Ly sur Brut qui raconte les clichés sur les femmes asiatiques :
https://www.youtube.com/watch?v=ZGsE-du1iOU
Une autre vidéo de Brut dans laquelle Daniel Tran, président de l'association des Jeunes Chinois de France, dénonce le racisme ordinaire :
https://www.youtube.com/watch?v=XEtu8o872Jk
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Mon Voyage et mon arrivée aux USA
Mon voyage s'est très bien passé et j'en garde un super bon souvenir ! Je n'ai pas eu un vol direct de Paris à Los Angeles. Mon voyage a été séparé en deux grands voyages le premier de Paris à Chicago avec une escale à Stockholm le 8 aout et le second de Milwaukee à Los Angeles avec une escale à Minneapolis le 16 août. J'ai fini de préparer mes valises la veille à minuit (en effet je n'étais pas très en avance).
Le matin de mon départ nous somme parti de la maison à 7h15 pour aller à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle. Mon premier avion en direction de Stockholm partais à. J'ai préenregistrée mes bagages seul et je me suis rendu compte que mon enregistrement ne prenait pas en compte mon deuxième vol.... J'ai donc dû faire la queue pour que hôtesse modifie ma carte d'embarquement et l'étiquette de ma valise. Ma grosse valise pesait 23.6 kilos pour 23 et la dame n'a rien dit (Ouffff) mais ma petite valise pesait 12 kilos à la place de 8 donc j'ai dû la vider à moitié devant la dame avant de la re-remplir une fois installer au Starbucks de l'aéroport avec les parents (C'est complètement ridicule, lol, mais la dame devait mettre dans mon dossier que la valise était de 8 kilos et pas plus sais qu'elle ne la prend pas ou ne la ferme pas donc ça sert à rien). Après avoir passé une petite heure à attendre avec mes parents au Starbucks de l’aéroport, c’était le moment où il fallait dire au revoir pour aller passer la sécurité ! Après plusieurs, gros câlin et plein de larme je suis monté sur le tapis roulant en faisant des grands signes à mes parents.
J’ai ensuite juste eu le temps de passer la sécurité, acheter une bouteille d’eau (car je n’aime pas l’eau de l’avion, je sais c’est pas logique mais bon j’y peux rien), aller aux toilettes et c’était déjà l’heure d’embarquer dans l’avion en route pour ma première escale : Stockholm. J’ai écrit un message de groupe à ma famille et mes plus proches amis afin de donner mon numéro américain et prévenir que je ne serai plus joignable sur mon numéro français pendant les 10 prochains mois. Puis l’avion à décoller et ça y est l’aventure commençait !!! Cependant à ce moment-là je n’avais pas du tout encore réalisé que je partais pour 10 mois.
Ma première escale de 3 heures est passé plutôt très vite, je me suis connecté à internet sur mon ordinateur et j’ai mangé le super bon sandwiche fait maison par ma maman avec du vrai pain français ! En entrant dans mon deuxième vol je n’étais pas sûr d’être au bon endroit au moment où j’ai vu mon numéro de siège j’ai donc demandé à l’hôtesse qui m’a dit que oui c’était mon siège…. À ce moment-là je me suis rendu compte que j’étais surclassé ! le rêve ! Bref mon vol c’est très bien passé j’ai regardé Baby Boss et Les animaux fantastique et j’ai dormi le reste du temps. J’étais plutôt stressé car j’avais très très peur de la douane à l’arrivé… si jamais je répondais pas à une question correctement, si jamais j’avais oublié un papier et que je me retrouver dans un avion direct retour pour la France… j’avais la boule au ventre….
Quand l’avion a atterri la seule chose à laquelle je pensais c’était pitié ne me renvoyer pas en France MDR, bref j’ai allumé mon téléphone américain, traversé les longs couloirs de l’aéroport de Chicago et envoyé un message à ma sœur qui était censé me récupéré mais… « erreur vous n’êtes pas autorisé à envoyer des texto ». J’essaye donc de l’appeler… miracle ça marche ! Je lui dis que je suis bien arrivé et que je me dirige vers la douane, elle me répond de prendre mon temps en effet comme prévu elle est encore à 2h de Chicago. Je prends mon temps et me dirige vers la douane avec la boule au ventre demande à la dame si c’est bien cette file pour les personne entrant sur le territoire américain avec un visa elle me répond oui et je fais donc la queue, seulement une personne devant moi mais celle-ci cherche ces papier et me dit de passer avant elle… je m’avance jusqu’à la ligne, puis le douanier m’appelle je me dirige vers lui en lui donnant mon passeport avec mon papier bleu et j’ouvre mon classeur avec tous mes papier, comme prévu il me demande mon DS2019. Je lui donne, il me demande de poser mes doigts pour les empreintes et me demande pourquoi je viens aux USA ? puis qu’est-ce que je viens étudier ? et pour finir combien j’ai d’argent liquide sur moi ? les questions étaient simple, mes réponse l’était également même si j’ai eu peur pour la dernière car étant très honnête j’ai répondu j’ai 25 euros (en effet j’avais oublié mes 150 dollars en France) et en voyant sa tête j’ai directement ajouté mais j’ai ma carte bleu et je vais tirer des sous :D Bref il a tamponné mon passeport et tendu mes papiers… je lui ai dit « c’est tout ? » il m’a répondu que je pouvais aller chercher mes bagages…. Oui c’était tout !!! tout ce stress pour seulement moins de 10 minutes avec le douanier ! J’ai récupéré mes bagages et passer le dernier douanier en lui demandant si c’était normal que mon DS 2019 ne soit pas tamponné il m’a dit « oui » et ça y est j’étais officiellement aux USA ! J’ai dû attendre ma sœur 1h30 mais c’est passé très vite.
J’ai ensuite passer une semaine chez ma sœur. Très tranquille vous pouvez voir quelques photos de ces moments en famille sur mon Instagram. J’ai finalement repris l’avion le 16 aout, après avoir dit au revoir à ma sœur et ma nièce, j’ai passé la sécurité et attendu une dizaine de minutes avant de pouvoir monter dans l’avion où il faisait super froid ! J’étais excité mais j’avais aussi un peu peur, cette fois personne pour me récupérer à l’arrivé il allait falloir que je prenne un Uber pour aller jusqu’à la maison de chez l’ami de ma sœur qui m’hébergeait pour deux jour avant d’aller emménager sur le campus. Mon premier vol c’est bien passé j’avais une fenêtre, trop bien !! Mon escale a été assez rapide et j’ai trouvé une bouteille d’au Volvic donc j’étais super contente !! Je n’avais pas de fenêtre pour mon deuxième vol mais j’ai pu quand même regarder le décollage et l’atterrissage.  Les paysages juste avant d’arriver à Los Angeles était magnifique ! J’ai atterri avec la musique « Human » de Rag’n’Bone Man. Là j’étais carrément stressé mais j’ai eu aucun souci pour récupérer mes bagages et trouver un Uber. J’ai ensuite rencontré l’ami de ma sœur chez qui j’allais rester quelques jours. Pour ma première soirée on a donc était mangé dans un roof top vers Hollywood duquel on pouvait apercevoir le panneau.
Et voilà, je vous ai tout dit sur mon arrivé aux USA !
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