Tumgik
#Madeleine Le Bris
selidren · 1 year
Photo
Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media
Eté 1901 - Champs-les-Sims
9/25
Et ils sont d’ailleurs très amoureux. Ils me rappellent l’époque ou moi et Marie nous tournions autour sous le regard vigilant de nos grand-mères respectives qui tenaient à s’assurer que tout reste le plus innocent possible entre nous. Ils sont encore jeunes, mais je conçois tout à fait l’impatience qui doit être la leur. Je leur souhaite tant de bonheur. 
Transcription :
Rose : C’est fait. Et personne n’est apparu comme un Diable hors de sa boite pour nous menacer des feux de l’Enfer. En fait, je crois bien que personne ne fait attention à nous, si ils ne nous ont pas tout simplement oublié. 
Zéphir : C’est vrai que l’interdit a du bon. En tous cas, j’ai beaucoup aimé. Vivement que nous soyons mariés et que nous puissions aller plus loin.
Rose : Pourquoi attendre ? Encore une chose que je n’ai pas comprise.
Zéphir : Et bien, pour tout un tas de raisons. Ce n’est pas convenable, et je ne voudrais pas te déshonorer et... oh, mais oui, c’est vrai !
Rose : Tu m’as déjà plus ou moins déshonorée. Mais si personne ne le sait, ce n’est pas un problème. Et aucun risque de cela ait des conséquences fâcheuses avec moi. 
Zéphir : Tu es vraiment certaine qu’il n’y a aucun risque ? 
Rose : Tranquilise toi. Si tu en as envie, je suis prête à aller au bout. 
Zéphir : Il faudra faire vite alors. 
Rose : Cesse donc de t’inquiéter. Je ne veux pas gâcher ce premier moment avec toi. Il sera toujours temps de regretter plus tard.
7 notes · View notes
aisakalegacy · 4 years
Photo
Tumblr media
Automne 1842, Hylewood, Canada (1/3)
Chers Le Bris de France, cher André,
Je ne sais plus quoi faire. Suis-je suis un si mauvais père que ça ? Entre Joséphine et Louise, je deviens fou. Joséphine passe maintenant tout son temps chez les Bernard. Quand la nuit tombe, je dois aller la quérir sans quoi elle ne rentrerait pas du tout. Elle dit qu’elle nous déteste, et est souvent fâchée. Son caractère était pourtant si aimable !
Ça a commencé au printemps dernier, le jour où on fêtait ses douze ans. Joséphine sera bientôt une jeune fille ; et sa mère aimerait qu’elle soit plus souvent à la maison pour pouvoir la former au mieux à ses futurs devoirs. Elle s’inquiète pour elle : qui voudra d’une épouse qui ne sait pas tenir un foyer ? On ne veut que ce qu’il y a de meilleur pour elle, et Joséphine ne veut pas l’entendre. Elle ne semble pas comprendre qu’on ne sera pas là toute sa vie pour l’entretenir, et que si elle veut avoir une chance de survivre dans ce monde, il va falloir qu’elle apprenne à s’occuper d’une maison et qu’elle commence à cultiver ses fréquentations, plutôt que de battre la campagne à longueur de journée. 
Quand Adèle lui a dit ça, Joséphine est entrée dans une colère terrible et s’est enfuie en criant des horreurs, laissant sa mère en larmes, et elle est allée fêter son anniversaire chez les Bernard. C’est la première fois que nous n’étions pas présents pour un de ses anniversaires, et Adèle est restée inconsolable plusieurs jours après cet évènement. Madeleine, à son âge, était si charmante… J’espérais que Joséphine lui ressemble davantage qu’à Ygerne. Je ne sais vraiment pas quoi faire. Toute cette situation chagrine beaucoup sa mère et me déplaît grandement.
Madeleine a bien tourné, puisque ton père réussi à la marier tôt malgré son tempérament. On aimerait beaucoup que Joséphine suive son exemple, et on aurait bien besoin de ses conseils.
8 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media Tumblr media Tumblr media Tumblr media
Eté 1894 - Champs-les-Sims
5/12
Elle s’est ingéniée à empêcher Grand-Mère de se rendre au jardin au moment où l’on extrayait le corps de mon oncle de sa tombe de fortune. Je suis heureux au final qu’on l’en ait tiré, nous pourrons ainsi lui donner une sépulture en bonne et due forme au côté des autres membres de notre famille, auprès d’Oncle Matthieu et Tante Lazarine.
Je conçois tout à fait que la journée fut tendue. Ma grand-mère rongeait son frein, mais mes cousines étant loin d’être bêtes, elle se sont enquises de tout ce raffut et il était compliqué de les tenir loin des fenêtres. Heureusement que les arbres ont dissimulé les événements depuis la fenêtre de la chambre d’enfant. Tante Madeleine a eu la bonne idée de réclamer à Juliette un concert improvisé qui a été, selon le dire de tout le monde, très apprécié. Cela me fait plaisir, car personne n’avait jamais pu apprécier un quelconque morceau depuis le départ de ma tante. Je suis content que ma grand-mère ait pu apprécier cette journée avant toute la douleur qui la terrasse et l’oblige à garder le lit. Le médecin est venu la consulter à ma demande, et il m’assure que ce n’est que du chagrin. J’ai été si inquiet, que serai-je devenu sans elle ?
Transcription :
Madeleine : Oh mais j’y compte bien. Avec votre aide, cela va de soi.
Eugénie : Mon aide ?
Madeleine : Ne jouez pas les innocentes, chacun par ici sait que vous êtes une marieuse hors de paire. Et peut-être l’ignorez vous, mais un certain jeune homme fait plus d’effet à ma chère petite fille qu’un petit fonctionnaire de pacotille.
Eugénie : Qui donc ? Vous pouvez compter sur mon aide, cela va sans dire.
Madeleine : Mais votre Adelphe, pardi ! Ils ne se quittent pas des yeux durant la messe, s’arrangeant pour n'être jamais loin de l’autre, et dès qu’elle lui adresse la parole, il prend la couleur des pivoines et n’arrive plus qu’à bafouiller quelques mots. Vous l’ignoriez vraiment ?
Eugénie : Vous me l’apprenez figurez vous. J’avais autrefois l’oeil plus affuté durant l’office, mais je ne puis faire autrement que de prier ces derniers temps.
Madeleine : Je le sais bien Eugénie. Mais ce petit a déjà tant de choses sur les épaules, ne pourrions nous pas au moins lui offrir ce que nous n’avons jamais eu ni vous ni moi ? Un beau mariage, heureux et long ?
Eugénie : Bien sûr que je le souhaite ! Mais mon esprit est accaparé par autre chose. Madeleine, je vous en prie, pourriez vous m’accompagner au jardin ? Je dois savoir ce qu’ils ont trouvé, j’en ai besoin...
Madeleine : Eugénie, par pitié. Ne vous infligez pas cela...
Juliette : Grand-Mère ! Grand-Mère ! Que font ces policiers dans le jardin ?
Eugénie : Oh... rien dont tu doive te préoccuper ma petite...
Madeleine : Juliette ! Cela fait si longtemps que je ne t’avais vue ! Ma parole, tu as encore grandi, je suis surprise qu’on trouve encore des robes à ta taille.
Eugénie : Juliette ! N’as tu donc pas dit bonjour à Tante Madeleine ?
Madeleine : Ce n’est rien voyons. Dis moi chère petite, est-il vrai que tu joue du piano ?
Juliette : Oui, Grand-Mère me fait donner trois leçons la semaine.
Madeleine : Vraiment ? Jouerai-tu quelque chose pour moi ?
Juliette : Oui, mais je se passe-t-il dans le jardin ?
9 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media Tumblr media
Automne 1896 - Champs-les-Sims
3/6
Il parait qu’il est très populaire parmi les élites de partir en voyage de noces à l’étranger. C’est en tous cas ce que ma grand-mère n’a cessé de me répéter pendant qu’elle organisait avec minutie les détails de la cérémonie. Elle répétait aussi également qu’elle était très fière de voir le premier de ses petits-enfants se marier et que cela en aurait été autant pour Tante Madeleine, la grand-mère de Marie. Malheureusement, Tante Madeleine est morte l’année passée, peu après les festivités de Noël, de sa belle mort. Elle était entourée de sa famille. Tous étaient effondrés, mais il faut dire qu’on ne perd pas une femme de sa trempe tous les jours, et elle a tant donné à sa famille et à la mienne qu’elle méritait bien un tel hommage. Grand-Mère m’a assuré que c’est à elle que je devais mes fiançailles avec ma chère Marie, mais sans en dire davantage, si ce n’est qu’elle pensait que je devais partir en voyage de noce, moi le premier dans la famille, pour lui rendre hommage.
Mais contrairement à Constantin et à Cousin Jules manifestement, je n’ai pas cette passion des contrées exotiques. Marie et moi étions si heureux qu’il était hors de question de sacrifier notre première nuit à bord d’un train quelconque à destination de l’Italie.
9 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media
Eté 1895 - Champs-les-Sims
4/5
Mais j’ai à présent le certitude qu’elle est la seule femme qui puisse vraiment m’intéresser. J’ai amené ma proposition de mariage avec une certaine lenteur, pour ne pas l’effrayer après sa première expérience déplorable. Mais il s’est avéré que toutes ces précautions n’étaient pas nécessaires, car elle a accepté sans hésiter. Elle m’a rapporté plus tard que Tante Madeleine était soulagée de cette nouvelle. Cela me fait chaud au coeur, car ma pauvre Tante et grand-mère de Marie est alitée depuis un certain temps déjà, et le médecin craint pour sa vie. Mais je suis pour ma part persuadée qu’elle se remettra sur pieds d’ici peu de temps. 
Puisque j’évoque ainsi la famille, j’imagine que vous devez être fier de votre soeur Jeanne après l’annonce de la naissance de son second fils. Transmettez à votre père mes félicitations.
Transcription :
Marie : Vraiment ?
Adelphe : Oui. Ce que tu m’as dit, personne n’a osé me le dire. Je... je pense que j’ai besoin de toi, tu sais.
Marie : Et tu es le premier homme à me traiter comme une égale. Je n’ai pas envie de te dire que j’ai besoin de toi, mais je peux bien te dire que je t’apprécie beaucoup. Vraiment. 
Adelphe : Cela fait longtemps que je réflechis à quelque chose. Depuis la rupture de tes fiançailles en réalité.
Marie : Et de quoi s’agit-il? 
Adelphe : Que pense-tu de t’engager à nouveau ? Mais cette fois-ci à un homme plus sincère et vraiment désireux de faire ton bonheur ?
7 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media Tumblr media Tumblr media
Eté 1894 - Champs-les-Sims
4/12
C’est encore elle qui a demandé à Tante Madeleine de venir visiter Grand-Mère afin qu’elle ne se tourmente pas le jour durant. Les petites ne suffisaient cependant pas. 
Tante Madeleine n’est plus, selon ses dire, la jeune première naïve qu’elle était lors de son mariage. Je l’ai toujours connue avec ce visage à la fois bon et sévère et les cheveux gris. Et on m’a souvent parlé de sa vie, qui a été émaillée de chagrins et de déceptions. C’est sans doute pour cela qu’elle et Grand-Mère s’apprécient tant. Elle eu bien du mal à concevoir un enfant, et dès son fils né, la maladie lui prit son mari. Elle éleva Cousin Servais du mieux qu’elle put, se consacrant à la gestion des affaires familiales et à des bonnes oeuvres. Tante Lucrèce avait coutume de dire qu’elle avait toujours voulu une fille, et c’est pour cela qu’elle accueillit sous son toit plusieurs jeunes filles désargentées pour leur donner une éducation correcte. C’est ainsi que notre cousin séduisit une de ces jeunes filles et lui fit un enfant à son insu, si bien qu’on ne le découvrit que le jour de la naissance. Tante Madeleine a depuis des rapports très difficiles avec son fils, mais c’est elle qui a en partie élevé ses quatre petites filles. 
Transcription : 
Eugénie : Vous êtes bien gentille d’être passée.
Madeleine : J’ai accouru très chère. Il m’était désagréable de songer à vous ici, seule à vous ronger de mauvaises pensées. Je suis certaine que ce n’est rien.
Eugénie : J’ai si peur Madeleine... Imaginez qu’il s’agisse de...
Madeleine : N’en parlons pas Eugénie. Je suis ici pour vous distraire, souvenez vous ! Où se trouve Adelphe ?
Eugénie : Il était à Paris la semaine passée. Mais il m’a envoyé une lettre samedi dernier pour m’annoncer qu’il devait pousser ses affaire jusqu’à Bordeaux. Il sera de retour après-demain.
Madeleine : Vous devez être si fière ! Quel âge a-t-il déjà ?
Eugénie : Tout juste dix-neuf ans. Et oui, je suis si fière de lui.
Madeleine : Vous pouvez l’être. Grand Dieu, quand je songe qu’au même âge, au lieu de saisir l’héritage de feu mon mari, Servais s’évertuait à déflorer ma jeune protégée... Je pense qu’une malédiction pèse sur les hommes de notre famille, et je suis heureuse de voir que ce jeune homme en a été dispensé.
Eugénie : Malédiction, comme vous y allez. Quand à lui, mon petit Maximilien...
Madeleine : Eugénie ! Je vous en prie, n’y pensez plus...
Eugénie : Je... oui... Mais ne soyez pas si dure avec votre fils. Il est rentré dans le rang et est même devenu instituteur. Ce n’étaient là que des erreurs de jeunesse.
Madeleine : Si seulement c’était aussi simple. Son “erreur” comme vous l’appelez, a privé d’héritage l’aînée de mes petites filles, et condamné ma chère Michelle à un mariage sans amour. Il ne s’en est même pas repenti, et tout juste s’est-il fendu d’une mine embarrassée quand Baptistine a annoncé que son seul avenir était dans les ordres. Et regardez qu’il a maintenant promis la main de Marie à l’homme qui vous persécute sans que j’y comprenne rien !
Eugénie : Je vous en conjure ma chère, n’en gardez pas trop rancune à votre fils. J’en ai moi-même fait l’amère expérience. Et qui sait, peut-être pourrons nous le faire changer d’avis.
8 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media Tumblr media
Printemps 1888 - Champs-les-Sims
3/9
Il y a, en bas de la Butte aux Chênes, une rivière qui coupe le village en deux. On y trouve une petite île, très facilement accessible, où l’on trouve des ruines anciennes, dont je ne saurai dire l’âge (je ne saurai même dire si quelqu’un s’y est un jour intéressé). Après une chute il y a quelques années, les mères ont interdit à leurs enfants d’y jouer, et comme l’amas de roches n’est guère esthétique, elles sont par ailleurs peut fréquentées par les adultes. De ce fait, Clémence et moi y avons fait le refuge privilégié de nos conversations.
Transcription :
Clémence : Cet endroit est magnifique. 
Lucrèce : Père nous en a parlé quand nous étions enfants. Quand elle était jeune, ma grand-mère venait ici pour pêcher. Il l’a accompagnée plusieurs fois, mais il n’a jamais rien attrapé.
Clémence : J’ai du mal à me figurer ton père en petit garçon. Cela dit, je ne l’ai pas connu bien longtemps.
Clémence : Imagine donc ! Quand mes petits-enfants parleront de moi, leur grand-mère, tu seras encore la même, comme le témoin de notre histoire. A même de toujours leur rappeler d’où ils viennent.
Lucrèce : Je doute que cela arrive jamais. Une fois partie, je ne pense pas que je reviendrai un jour.
Clémence : Oh, je t’en prie. Personne ne te reconnaitra, et cela me rassurerai de savoir que tu demeureras là, à veiller sur ma descendance. Ce ne serai pas la première fois qu’une lointaine cousine nous arrive du Canada.
7 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media Tumblr media Tumblr media
Eté 1885 - Champs-les-Sims
2/2
TW : Racisme
Vous me demandiez si Constantin ne rendait compte du désintéressement de son père. Je pense que oui, car il est déjà très intelligent et que la seule raison qui a pu le pousser à lire un tel ouvrage, lui qui ne s’intéresse qu’à l’histoire et aux sciences naturelles, et que mon frère le trouve de mauvais conseil.
Cependant, malgré son esprit bien fait, mon neveu n’a évidemment pas bien compris la teneur du livre de Monsieur Lafargue. Cela aurait pu s’arrêter là si cousin Servais n’était pas arrivé, un beau matin, fortement agacé après une conversation qu’il nous a rapportée comme fort peu agréable avec le Père Petit, le prêtre de notre paroisse ayant succédé à Oncle Pierre Aimé. Après ses déboires, Cousin Servais s’est en effet racheté une réputation et Tante Madeleine a usé de son influence. Il est aujourd’hui l’instituteur du village et il prend son rôle très au sérieux. Il est donc venu nous expliquer de quelle façon Constantin et une de ses camarades, la petite Thérèse (notre village est si petit qu’il n’y a qu’une seule classe, ce que je trouve également déplacé, mais qu’y pouvons nous ?), ont commencé à raconter que le Père Petit essayait d’abrutir nos aimables paroissiens avec le christianisme pour les rendre idiots. La plupart des enfants de son cours auraient été horrifiés à l’idée de devenir bêtes. Certains ont réclamé de ne plus aller à la messe et d’autres se mettaient à pleurer quand le pauvre Père Petit s’approchait d’eux. 
Maximilien n’a que peu apprécié la “farce”, comme il s’évertue à l’appeler, et a très mal pris le fait que ce soit son propre fils qui soit à l’origine de tout cet émoi. Le Père Petit s’est montré clément et n’a donné qu’une petite pénitence à Constantin, mais Maximilien a été d’une grande sévérité. Il a fait à son fils un très long sermon sur la nécessité de ne pas se montrer trop orgueilleux et a conclu par une remontrance très sèche sur sa honte d’être ainsi humilié par son propre fils. Constantin se montre assez taiseux depuis, et mon frère ne lui adresse pour ainsi dire plus la parole. Fort heureusement, Adelphe se montre très prévenant avec son cousin, et il passent énormément de temps à jouer ensemble, ce qui, je l’espère, pourra faire oublier à Constantin cette mauvaise expérience. Au vu de tout ce que je sais des déboires de Matthieu, et du fait que, selon Mère, Père a eu son compte de tensions avec Grand-Père, il semblerait que ce soit une malédiction familiale. Il ne semble pas vraiment y avoir d’espoir pour nous. J’espère sincèrement que Virgil s’assagira. 
Veuillez agréer l’expression de mon affection et de ma sollicitude la plus sincère, 
Votre cousine, Lucrèce
P.S : Il semblerait que Mère ait subtilisé l’objet du crime pour le soustraire à la vue de Maximilien. Ou peut-être est-elle effrayée à l’idée qu’Adelphe mette à son tour la main dessus (elle n’aime pas beaucoup plus les socialistes que mon frère). Clémence est très déçue, je vais devoir lui lire autre chose.
Transcription :
Constantin : Et c’est pour cela que je pense que tu ne devrais pas écouter tout ce que dit le curé durant la messe ! Il veut que tu deviennes une esclave et du coup il te fait rentrer des idées dans la tête pour que tu deviennes bête et que tu crois tout ce que tu entends. D’ailleurs, je pense demander à Maman de me dispenser de messe, je ne veux pas devenir bête.
Thérèse : Je ne pense pas que ce soit vrai. Le Père Petit est très gentil, il me dit souvent que je dois bien travailler à l’école pour apprendre des choses comme les enfants intelligents.
Constantin : C’est un stratagème pour te manipuler, il te fait croire qu’il est gentil comme cela tu crois tout ce qu’il dit. Comme cela, il te dira une ânerie et tu le croiras. Tu seras devenue bête. 
Thérèse : Ne t’inquiète pas pour moi. Si un jour je deviens bête, je pense que je m’en rendrai compte. 
Constantin : Bien sûr que non. Monsieur Lafargue dit que les hommes primitifs sont encore bons car ils n’ont pas été corrompus par le christianisme, le syphilis et le dogme du travail. Nous vivons sous l’influence des prêtres depuis... et bien... très longtemps, donc on s’est fait avoir sans s’en rendre compte.
Thérèse : Qu’est-ce que le syphilis ?
Constantin : C’est un mot savant. Il veut dire... la monarchie ! Quand nous avions un roi, nous étions vraiment des esclaves. Sans le syphilis, nous avons pu commencer à nous libérer. Maintenant, il faut nous libérer des prêtres et du travail.
Thérèse : Mais nous devons travailler pour vivre ! Si Papa ne fait pas les moissons, qu’allons-nous pouvoir manger ?
Constantin : Ce n’est pas la même chose. Monsieur Lafargue dit que seuls les ouvriers sont devenus fous à cause du travail.
Thérèse : C’est vrai que je me demande bien qui peut avoir envie de travailler dans les usines. Elles sont bruyantes et les cheminées relâchent une fumée qui sent vraiment mauvais.
Thérèse : Cela signifie que les ouvriers sont des esclaves ?
Constantin : Oui, c’est ce que je pense. C’est pour cela, n’écoute pas le prêtre, il veut te faire arrêter l’école pour que tu deviennes une esclave dans les usines.
Thérèse : Il ne sait peut-être pas ce qu’il fait. C’est un prêtre, il a aussi été corrompu par le christianisme et le syphilis. Il est devenu bête.
Constantin : C’est sans doute cela. Et il diffuse sa bêtise aux paroissiens sans qu’ils ne s’en rendent compte !
Thérèse : Il faut prévenir les autres, pour ne pas qu’ils deviennent à leur tour bêtes et quittent le village pour aller travailler dans ces horribles usines.
8 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media Tumblr media
Automne 1880 - Champs-les-Sims
28/32
Par ailleurs, les choses évoluent du côté d’Hélène. Au grand bonheur de mère, elle a semblé de plus en plus ouverte à l’éventualité d’un mariage, comme elle l’a confié à Tante Madeleine. Ce qui a étonné tout le monde par ailleurs. Bien que ma soeur s’en soit défendue, elle semblait très intéressée par Monsieur Béate et lui écrivait d’ailleurs assez régulièrement. Des lettres d’une longueur effarante, traitant apparemment essentiellement de sujets d’actualité.
Transcription :
Madeleine : Amoureuse ? Toi ?
Hélène : Ne soyez pas grossière ma Tante. J’admet simplement que ce Monsieur Béate me plait.
Madeleine : Dans ta bouche cela sonne comme les cloches de l’église. Le choix reste tiens ma petite.
Madeleine : Savais-tu donc que ton autre soeur compte se marier ?
Maximilien : Qui donc ? Hélène ?
Madeleine : Etonnant n’est-ce pas ? Son prétendant semble en effet très sérieux et s’accorder parfaitement avec elle. Bien plus que la vie religieuse selon moi.
7 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media Tumblr media
Printemps 1878 - Champs-les-Sims
3/3
Ma position au sein de la maison n’est d’ailleurs pas la seule a avoir évolué. Ma bonne Clémence a confié à mon frère son envie de devenir mère, nouvelle qui a été positivement accueillie au sein de la maison. Je ne me suis point étendue auprès d’elle de vos soucis domestiques, de crainte de l’effrayer à l’idée d’éduquer un jour prochain un groupe d’adolescents revêches. 
En revanche, les récits que vous me faites de votre affaire ont énormément plu à Maximilien et Hélène, sui se sont montrés très intéressés. Mon frère se charge d’ailleurs de répondre à votre question : quand nos finances seront enfin stabilisées, nous serons très heureux de pouvoir enfin acheter un cheval pour faciliter nos déplacements. Nous louons actuellement des charrettes à De Chastel pour faire tourner notre commerce ou nous rendre au village. La gare la plus proche de chez nous se trouve dans la localité voisine, mais d’après Tante Madeleine ce n’est qu’une question de temps avant que le chemin de fer n’arrive jusqu’ici. Cela va sans doute parvenir au même résultat que par chez vous : si nos collines se sont embourgeoisées (il ne reste guère que les familles Norel et Philomard qui ne soient plus propriétaires de leurs terres), cela se sent depuis quelques années car Maximilien m’a indiqué que la seule raison pour laquelle des propriétaires parisiens ne se sont pas encore installés en masse chez nous. Qui sait ce qui arrivera après l’éventuelle construction d’une gare ?
J’espère que les tensions entre vos enfants s’apaiseront et je prie pour qu’il ne s’agisse que de quelques querelles enfantines. Je sais d’expérience que les mesquineries entre enfants sont monnaie courante dans les familles nombreuses. Ne vous tracassez donc pas tant pour votre Virgile, il finira par trouver sa voie à vos côtés. Un jour, ce sera à Adelphe ou à mon autre neveu d’ouvrir les lettres qu’il nous enverra pour nous parler de son florissant commerce. Songer ainsi à l’avenir me fait me poser une question. Qu’en sera-t-il de moi d’ici une vingtaine d’année ? Peut-être pourrez vous me répondre.
Avec la plus grande reconnaissance, 
Votre cousine, Lucrèce Le Bris
Transcription : 
Clémence : Maximilien... voilà j’ai réfléchis... Et j’ai envie d’un enfant... Mais n’allez rien imaginer, cela ne veut pas dire que mes sentiments pour vous ont évolué.
Maximilien : Je vous ait fait une promesse en vous épousant, n’ayez crainte, je n’espère rien. Je dois cependant être honnête, l’idée d’un enfant me plait beaucoup. Quand vous serez prête, laissez votre porte entrouverte...
8 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media Tumblr media Tumblr media
Eté 1873 - Champs-les-Sims
7/7
Il a convaincu Père n’allouer nos maigres ressources à l’achat d’un nouveau terrain où il a planté et repiqué lui-même des variétés bien plus adaptées à notre climat, et qui produisent des fruits de bien meilleure qualité, ce qui augmente le goût et la valeur de notre production. 
Vous allez sans doute finir par croire que cette lettre n’a pour objectif que de chanter les louanges de mon frère. Mais je me dois de lui rendre justice : d’ici quelques années, ce sera sans doute lui qui portera la famille sur ses épaules. Figurez vous qu’il est le premier à enfin penser à se documenter sur la viticulture et l’agronomie. Je ne compte plus les livres qu’il commande de Paris et qu’il lit jusque tard dans la nuit, au point de faire rouspéter Mère qui déteste que l’on “gaspille” ainsi l’huile. Et me voici à rédiger un panégyrique. Même Tante Madeleine apprécie ses initiatives et le traite en héritier de la famille. Je comprend son sentiment, de même que vous j’imagine, car je sais que mon grand-frère vous a parlé de la déception que fut notre cousin à ses yeux. 
Je réalise à cet instant que j’ai assez peu parlé de moi dans cette lettre, j’ai sans doute trop l’habitude de m’effacer. Mes fiançailles avec Maxence Barbois ne vont sans doute plus tenir longtemps. Je m’alloue comme vertu principale la patience, mais j’en ai plus qu’assez d’attendre. Je sais que Père est très intéressé par cette union, mais je sent que mon fiancé me cache quelque chose, et j’ai fini par réaliser que je le connaissais au final bien peu. J’ai bien peur, cher cousin, d’avoir été une idiote un peu crédule auprès d’un homme affable qui entendait profiter de moi. Je me demande encore ce qu’il voyait de si spécial dans mon art, si tout ceci n’était pas que poudre aux yeux pour m’amadouer. Sur ces tristes considérations, je conclut la rédaction de cette lettre en vous affirmant, à vous et votre famille, l’assurance de mes sentiments les plus sincères. 
Votre cousine, Lazarine Le Bris
Transcription :
Madeleine : Maximilien !
Maximilien : Oh, Tante Madeleine !
Madeleine : Je viens de visiter votre nouveau cépage. 
Maximilien : Et qu’en pensez vous ma Tante ?
Madeleine : Tu as du nez ! Tes pieds de vigne sont de première qualité et en excellente santé à ce que l’on dit.
Maximilien : Merci.
Madeleine : Je suis sûre que ton père est très fier.
10 notes · View notes
selidren · 3 years
Photo
Tumblr media
Printemps 1868 - Champs-les-Sims
4/4
Lucrèce semble quand à elle se résigner. Mère lui a commandé une machine à coudre Singer, une américaine parmi les meilleures du marché. Car bien que ma soeur soit une pianiste remarquable, Mère espère occuper à tout instant son esprit pour que Lucrèce oublie sa maladie. C’est une intention louable, mais je doute qu’il soit possible d’oublier qu’on est condamné à rester enfermée sa vie entière. 
Puisqu’il est question de distraction, laissez moi donc vous entretenir de la dernière affaire qui secoue notre village. Puisque l’affaire Lantier a fini par s’essouffler et n’intéresse plus guère que Barbois et De Chastel, le peuple s’est rué sur le nouveau scandale, qui est d’autant plus croustillant qu’il s’est déroulé sous le toit de ma tante Madeleine. Chez vous, on s’écharpe au sujet de la politique. Chez nous, où notre empereur bien-aimé a réquisitionné le pouvoir, nous nous contentons de drames de moeurs. Nous parlons généralement peu de politique.
Ne croyez pas que je critique ma tante, c’est une femme remarquable qui a élevé seule son fils unique, ne s’est jamais remariée et a géré le domaine Ribeaucourt avec une forte poigne. En revanche, son fils Servais est un ingrat consommé qui n’a pas conscience des sacrifices de sa mère. Elle avait pris sous son aile une des petites filles de feu le docteur Musclet, Michelle la plus jeune soeur de la fratrie, tenant à lui donner une bonne éducation que ses parents ne pouvaient se permettre de lui donner (je vous passe les nombreux noeuds juridiques qui ont émaillé la succession du pauvre docteur et durant lesquels son aîné s’est révélé un véritable pingre). Je pense qu’elle a sans doute vu en cette petite la fille qu’elle n’a jamais eue. Le fait est que Servais a jeté son dévolu sur Michelle. Et à la surprise générale, la pauvre enfant s’est plainte un jour de vives douleurs au ventre et a accouché sans prévenir d’une petite fille. Il parait que cela arrive parfois, même si c’est rare. Et voici donc Servais, le fils de la plus sainte femme du village, qui se retrouve père d’une petite née en dehors des liens sacrés du mariage. Les familles sont commencé à se déchirer et les deux amants semblent encore sous le choc, la pauvre Michelle en particulier. Le baptême a eu lieu en catastrophe, mais vous savez comme mon oncle Pierre-Aimé a grand coeur et se soucie avant tout du bien être de l’enfant. (Car ne vous avais-je que mon oncle a été nommé curé de la paroisse après le départ du précédent, sous l’influence de De Chastel semble-t-il. Il ne cessera jamais de me surprendre.) L’enfant se nomme Baptistine. Il me semble évident que les deux doivent se marier et je me demande bien que ce Servais attend pour mettre le genoux à terre. Comme a son habitude, Père a émis un jugement péremptoire. 
Entretenez moi donc de vos filles et de votre merveilleuse épouse si moderne, je serai intéressé d’ailleurs par son avis sur l’affaire. 
Avec l’expression de mes salutations les plus distinguées, 
Votre cousin, Matthieu
9 notes · View notes
selidren · 2 years
Photo
Tumblr media
Automne 1880 - Champs-les-Sims
29/32
Finalement, après plusieurs semaines de correspondance, Hélène a accepté d’admettre qu’elle avait des sentiments pour lui. Plutôt devrais-je dire que nous lui avons extirpé cette confession. En revanche, je trouve sage de sa part de s’assurer de la probité de Monsieur Béate avant de s’engager, car je pense que ce qui est arrivée à Lazarine l’a bien marqué qu’elle ne veut bien le dire.
Transcription : 
Madeleine : Sois claire je te prie. Aimerais-tu épouser Joseph ?
Hélène : Oui je le pense, mais hors de question de lui en toucher un mot pour le moment.
Madeleine : Nul besoin d’être cruelle ! Si tu aimes ce Monsieur, mieux vaut le lui dire.
Hélène : Il n’est pas question de cruauté ma Tante. Je veux simplement rappeler à mon futur époux que je fais mes propres choix, et qu’il ne peut me contraindre à rien. C’est la seule condition à laquelle je consent pour que ce mariage ait lieu.
5 notes · View notes
selidren · 3 years
Photo
Tumblr media
Eté 1870 - Champs-les-Sims
1/4
Très cher cousin, 
Nous sommes en guerre. Moi qui déplorais de ne pas vous entretenir de nos petites affaires politiques françaises, face à votre fier Canada qui obtient enfin son indépendance, me voici donc malheureusement exaucé ! 
Les journaux spéculaient depuis quelques temps déjà sur une possible guerre avec la Prusse. Il y a de cela une semaine, les crédits de guerre ont été voté. Puis des troubles à Paris sont apparus et des idiots ont crié à la déclaration de guerre sans que notre empereur ne le contredise (on le dit d’ailleurs malade) et finalement, la nouvelle est tombée. Ce n’est certes pas la première fois que je connais une guerre, mais elles étaient jusque là lointaines, sans grande tangibilité selon nos opinions de petits provinciaux. Celle-ci semble d’une évidence folle, à croire que chacun l’appelait de tous ses voeux. Je ne suis guère un brave homme comme vous le savez, et cela fait peut-être de moi un lâche, mais je considérerai toujours que ceux qui souhaitent la guerre sont des idiots ou des fous. J’ai peur que cela ne finisse par se retourner contre nous. 
Enfin, ces réalités sont encore loin de nous. Nous sommes ici bien plus préoccupés par nos petites affaires. Le scandale a été presque évité : le jour même où l’empereur engageait notre pays dans une guerre, mon cousin Servais épousait enfin cette pauvre Michelle. Je sais, il leur aura fallu près de trois ans depuis la naissance de leur fille bâtarde. Je sais que ma tante a très sèchement recadré son fils, mais ils se sont fâchés. Il est de notoriété publique que Servais a délibérément repoussé la date du mariage, s’il n’a pas tout simplement tout fait pour l’empêcher, même si la raison ne peut être que spéculée. La rumeur raconte que Michelle serait à nouveau enceinte, mais je n’y crois guère, ma tante a bien mis la jeune femme hors de portée des griffes de mon cousin dès la naissance de leur fille. L’avenir qui attend cette jeune femme me parait bien triste, mais c’était hélas la seule solution. Aurais-je été plus courageux, j’aurai moi-même lancé son poing dans la figure de mon cousin. Je me félicite heureusement de voir dans mon arbre généalogique des parents bien plus vertueux, tels que vous.
14 notes · View notes
selidren · 3 years
Photo
Tumblr media
Printemps 1862 - Champs-les-Sims
1/6
Très cher Auguste, 
Autant ne pas tenter de vous berner, sachez que cette lettre n’est point écrite par votre cousin André mais par Eugénie, son épouse dévouée. D’ailleurs, n’attendez plus de sa part le moindre courrier. Quand il a su que j’avais envoyé cette lettre, il s’en est trouvé mortifié et n’osera plus, je suppose, se soumettre à votre jugement en partageant ses points de vue. 
Voyez vous, je me suis mariée jeune. Âgée de dix-neuf ans, unique enfant survivante d’une famille relativement aisée, j’étais désespérément amoureuse d’un jeune homme qui me faisait languir de ses promesses depuis alors plusieurs années. J’ai été éduquée en vue de mes noces, espérant vivre le grand amour et élever la progéniture nombreuse d’un homme exemplaire. Je vous passerai les déconvenues qui m’ont tant fait souffrir durant les premières années, alors que je découvris que son prétendu train de vie n’était qu’une aspiration de sa part, et que ma dot était un moyen de plus de transformer le pieux rêve en réalité. 
Ma relation avec la mère d’André, Marianne, étant des plus houleuses et mes rapports avec ses soeurs assez distants, je devins vite très seule. J’étais certes entourée de mes enfants, qui se multipliaient au fil des ans, mais en épousant André par amour je me suis coupée à mon insu de la plupart de mon cercle social. Cette réalité me frappa il y a seulement quelques jours alors que je rédige cette lettre. Je vous fait sans doute espérer le dénouement de ce long récit. Sachez en tous cas que l’image d’André n’en ressortira pas sans tâche et que si vous ne savez sans doute pas exactement qui je suis, il m’importe que quelqu’un que mon mari estime connaisse la vérité à son sujet. 
7 notes · View notes
selidren · 3 years
Photo
Tumblr media
Hiver 1856-1857 - Champs-les-Sims
Mon très cher cousin, 
Vous me voyez profondément soulagé d’avoir enfin de vos nouvelles. J’étais si inquiet que j’avais fini par imaginer qu’il vous était arrivé quelque chose de terrible et avait même parlé à ma chère Eugénie de gagner Paris pour parler à un ambassadeur, afin qu’il s’enquiert de votre sort. Je suis navré d’apprendre le décès de mon oncle, Dieu ait son âme, et espère que son esprit blessé trouvera le repos ailleurs. 
Je suis également heureux de savoir que chacun d’entre vous a pu suivre la route qui lui plaisait, vous y compris, qui êtes si jeune mais qui avez la vie devant vous. Vous voilà à présent maître d’un domaine prospère grâce à ce cher Monsieur Rumédier. Saluez le de ma part et assurez le de mon éternelle gratitude pour les soins dont il vous a entourés. Mon propre fils a treize ans (il en aura quatorze cette année), et en le voyant je ne faisais que penser à ce qui aurait pu vous arriver sans figure paternelle pour vous guider. 
Mon Matthieu est par ailleurs toujours aussi chétif. Eugénie, qui partage mes inquiétudes, a fini par faire venir un docteur. Selon lui, la maladie qui l’a touché quand il avait sept ans a pu retarder sa croissance, ce qui explique sa taille modeste. Il m’a juré que, par ailleurs, mon fils aîné était en parfaite santé et qu’il n’était pas impossible qu’une poussée de croissance survienne à l’adolescence, bien que nous l’attendions toujours. En revanche, il s’inquiète fortement de notre petite Lucrèce, aujourd’hui âgée de trois ans, qui a toujours le teint aussi pâle que celui d’un cadavre. Il nous a conseillé de la garder de toute agitation ou de toute forte émotion car il lui trouve le coeur lent et trop faible. Il a confié à Madeleine (et ma chère soeur me l’a répété) qu’il craignait que ma petite fille ne s’éteigne avant l’âge de dix ans. Dieu nous en préserve et Eugénie, de même que Nicolette (notre bonne), suivent les consignes du bon docteur à la lettre !
Mon Eugénie s’inquiète elle aussi de la proximité entre Matthieu et Nicolette. Ils ne se quittent que quand mon fils va suivre l’école chez Pierre Aimé ou au moment du coucher. Mon épouse les trouve trop “tactiles” l’un envers l’autre et du fait de leur âge assez proche, elle craint une amourette. De mon côté, j’ai davantage peur qu’être trop dépendant d’elle ne lui porte préjudice plus tard. Ainsi, nous envisageons de placer notre fils en pensionnat.
Ecrivez moi dès que vous le pourrez, je suis impatient d’attendre de vos nouvelles
Votre dévoué cousin, 
André Le Bris
10 notes · View notes