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selidren · 17 hours
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Hiver 1919, Hylewood, Canada (3/21)
C’est gentil de votre part de vous enquérir de mes filles. Lola va bien, elle grandit puisqu’elle vient d’avoir un an, et ce qu’elle pousse ! Elle est très gaie, elle rit tout le temps et elle égaye la maison. Lulu est fou d’elle. Il rentre du pensionnat un weekend sur deux, et il passe alors plus de temps avec sa petite sœur qu’à étudier. Dans l’ensemble, la maison est toujours pleine de vie, c’est là l’avantage d’avoir une grande famille, alors que quand j’étais enfant, il n’y avait que mon frère qui a dix ans de moins que moi, alors c’était beaucoup plus paisible. Je sais qu’avec votre famille nombreuse, vous comprenez tout particulièrement ce que je décris.
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selidren · 2 days
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Hiver 1919, Hylewood, Canada (2/21)
Au printemps, ça fera un an que Jules est parti en Egypte. On a eu une lettre de lui à la Noël, il revenait du Soudan. Je ne sais pas comment y est le service des postes mais je pense que ça ne peut pas être pire que le Nunavut, et même là bas on avait plus de nouvelles de lui. Il ne m’a pas dit quand il allait rentrer, et vous allez bientôt voir que j’ai bien des choses à lui dire. Je guette régulièrement la côte, des fois qu’il nous ferait la surprise de revenir sans s’annoncer, mais je n’y crois pas trop. Peut-être que votre mari a plus de nouvelles que nous, je ne sais pas.
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selidren · 3 days
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Hiver 1919, Hylewood, Canada (1/21)
Chère Albertine,
Je vous remercie beaucoup de votre lettre, qui m’a trouvée à Hylewood il y a huit mois et à laquelle je n’avais pas répondu depuis car je n’avais rien de bien notable à raconter, ou rien au sujet de quoi je ne vous pensais pas déjà au courant, jusqu’à ces derniers temps. Je vous demande de pardonner les fautes et les tournures maladroites que je pourrais avoir, sachez que je fais relire ma lettre par ma belle-sœur.
[Transcription] Françoise Simmon : Ces lettres… Je les avais oubliées ! C’est fou, mon père faisait déjà cela quand j’étais petite. Je crois que même ce crétin de Virgile en a écrit. Moi, on ne m’a jamais demandé. Ecoutez, je suis très occupée, mais si vous me faites parvenir votre brouillon, je le lirai quand j’en aurai le temps et je vous le rendrai corrigé.
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selidren · 4 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
10/10
Sur ces tristes pensées, il me faut à présent retourner auprès de mon mari. Constantin n'est pas encore aussi remis qu'il aimerai le faire croire. Pensez vous, si un recruteur de l'armée passait par là, il aurait tôt fait de nous le renvoyer au front vu l'ardeur qu'il met à faire croire à tout le monde qu'il est au mieux de sa forme.
C'est tout de même apaisant de l'avoir auprès de moi. Il me tarde qu'il aille mieux, que nous puissions à nouveau faire voile vers l'Egypte tous les deux, avec Adelphe peut-être. Qui sait, nous y croiserons sans doute Jules.
Avec l'assurance de ma plus vive sympathie,
Albertine Le Bris
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selidren · 5 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
9/10
J'ai bien vu à quoi ressemblent les adolescents d'Adelphe et de ma chère Marie, qui nous a quitté si tôt. J'ai beau savoir que la fin de cet âge a été complètement gâché chez ce pauvre Alexandre, je ne sais pas à quoi m'attendre. D'ailleurs, ce pauvre garçon ne redeviendra sans doute jamais lui-même.
Transcription :
Arsinoé « Allez, réessayons ! »
Marc-Antoine « Tu es sure ? »
Arsinoé « Je n’aime pas finir sur un échec. Et si tu m’écoutes cette fois, peut-être que nous n’allons pas nous casser la figure. »
Marc-Antoine « Ce que tu peux être obstinée... »
Arsinoé « Tais-toi et donne moi tes mains ! »
Marc-Antoine « Quoi ? »
Arsinoé « Oh, rien. Je pensais juste que je devrai arrêter de partir du principe que j’ai toujours raison. »
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selidren · 6 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
8/10
Je me rends compte dès lors que je n'ai pas demandé de nouvelle de votre fille. Comment va Louise ? J'imagine que se faire ainsi abandonner sur l'autel a été une terrible épreuve, vous lui transmettrez bien toute ma sympathie. Ce qui lui est arrivé est atroce et prouve bien à quel point les hommes de bonne famille sont capables des pires indélicatesses par pur égoïsme. Jules a toujours dépeint sa fille avec des mots très doux que je réserve quand à moi à mon aînée, mais vous qui la connaissez bien mieux, comment était-elle adolescente ? J'admet sans trop de honte que j'ai peur de ne pas être à la hauteur en ce qu'il s'agit d'élever de jeunes gens, ni vraiment enfants, ni vraiment adultes.
Transcription :
Arsinoé « Et si on essayait de faire une figure ? Comme les Syers aux Jeux Olympiques ! »
Marc-Antoine « Les quoi ? »
Arsinoé « Les Syers. Avant la guerre, on les voyait parfois dans les journaux. C’est un couple de patineurs anglais, ils sont tellement élégants. Sur la piste, on dirait qu’ils dansent comme si ils n’étaient pas sur la glace. Enfin, c’est ce qu’on dit. »
Marc-Antoine « Noé, tu patines depuis moins de vingt minutes. Je veux bien que tu sois déjà à l’aise, mais de là à tenter quelque chose comme ça... »
Marc-Antoine « Non, vraiment, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. »
Arsinoé « Quel rabat-joie ! Tu voulais faire quelque chose d’interdit non ? »
Marc-Antoine « Interdit, mais pas dangereux. Je n’ai pas très envie de me rompre le coup au milieu de la rase campagne. Si je me casse une jambe, qui me portera ? Toi ? »
Arsinoé « Allez, regarde, ce n’est rien. Tu es presque aussi dramatique que Cléo en fait... »
Marc-Antoine « Bon, d’accord. Mais fais attention hein ? »
Arsinoé « Tu vois. Tout va bien. »
Marc-Antoine « Pour le moment... »
Arsinoé « Tu es si négatif ! Je croyais que c’était moi qui n’aimait pas prendre de risques ? Il faut toujours que tu vois le pire arriver… »
Marc-Antoine « Tu vois. Je te l’avais dit ! »
Arsinoé « Je proteste ! C’est ton fichu pessimisme, tu as fait un faux mouvement parce que tu t’attendais à tomber, c’est tout ! »
Marc-Antoine « Je n’ai pas fait exprès... »
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selidren · 6 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
7/10
Ici, le printemps est enfin arrivé. Si les enfants ne se sont jamais privés de jouer en extérieur, j'observe toutefois une mutation dans leurs façon de jouer, comme si j'assistais à l'éclosion progressive d'un bourgeon. Ils me paraissent de plus en plus adultes, et j'en oublie parfois que cela fait déjà douze ans que je les ai mis au monde. Me voici sur le point de devenir la mère de quatre adolescents aux caractères diamétralement opposés.
Transcription :
Marc-Antoine « Dis donc, tu t’en sors très bien ! Tu ne serai pas venue d’entrainer ici en cachette par hasard ? »
Arsinoé « Et comment j’aurais pu faire ça, dis moi ? »
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selidren · 8 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
6/10
J'avoue également que depuis que mon mari est revenu blessé, mais vivant du front, j'essaie de me couper de plus en plus de ce que disent les journaux. Comme si ma guerre à moi était terminée, et qu'il était temps de me concentrer à nouveau entièrement à ma famille. Je sais que cela parait fort peu charitable étant donné que j'ai encore un neveu au front, mais c'est comme si quelqu'un avait retiré de mes épaules un poids énorme et que je pouvais enfin respirer sans entrave. Je me délecte du quotidien le plus banal qui soit, entre l'école des enfants et leurs petites bêtises, qui me paraissent selon les instants futiles ou gravissimes. J'imagine que toutes mes angoisses ne sont pas encore apaisées.
Transcription :
Arsinoé « Tu es sur de toi ? »
Marc-Antoine « Bien entendu ! »
Arsinoé « Tu es déjà venu patiner avec Kléber et Raoul ? C’est bien, tu vas pouvoir me montrer. »
Marc-Antoine « Ah non, jamais, mais ça ne doit pas être bien compliqué. »
Arsinoé « Rappelle moi pourquoi j’ai accepté de t’écouter, j’ai du mal à comprendre. La glace n’a même pas l’air si épaisse que ça ! »
Marc-Antoine « Ils sont venus hier, bien sur qu’elle assez épaisse. »
Arsinoé « Bon, très bien. Je me lance ! »
Marc-Antoine « Attends. Si tu as peur, j’y vais en premier. »
Arsinoé « Je n’ai pas peur figure toi, je n’ai juste pas envie de finir au travers de la glace dans de l’eau gelée. Je suis juste précautionneuse ! »
Marc-Antoine « Regarde, tout va bien, il n’est rien passé. »
Arsinoé « Pas encore... »
Arsinoé « Bon, quand il faut y aller... »
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selidren · 8 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
5/10
Ils ont une relation assez particulière. J'ai parfois l'impression de voir un grand frère s'adresser à sa petite soeur, alors qu'ils ont strictement le même âge. C'est assez touchant quelque part. De son côté, elle tempère le caractère parfois un peu trop sévère de son frère et lui rappelle qu'il est toujours un enfant. C'est en les voyant que je regrette de n'avoir eu ni frère ni soeur. J'y pense d'ailleurs, en avez-vous vous-même ? Votre époux s'est parfois essayé à nous décrire les méandres de votre arbre généalogique, mais je ne crois pas qu'il ait déjà abordé le sujet.
Transcription :
Arsinoé « Mais bon, ne le lui dit pas, ça ne servirai à rien. Ah ! Je crois qu’on y est presque. Tu as pensé à prendre l’écharpe et le vieux chapeau de Grand-Père ? »
Marc-Antoine « Une minute… Le chapeau de Grand-Père ? Pour faire un bonhomme de neige ? Tu es sure que ce n’est pas trop… irrespectueux ? »
Arsinoé « J’ai demandé à Papa, et il pense que ce n’est pas grave. Il dit que de toute façon, plus personne n’oserait porter cette vieillerie. »
Marc-Antoine « Oui, mais de là à le laisser à la merci des éléments… »
Arsinoé « Bon, si ça te dérange tant que ça, je suis sure qu’on peut trouver autre chose. Oncle Adelphe est souvent d’accord pour nous prêter des choses. »
Marc-Antoine « Non ça ira, je ne vais pas jouer les rabat-joies. Mais tu ne te pose pas des questions sur notre grand-père de temps en temps ? »
Arsinoé « Non, pas tant que ça. Il faut dire que Grand-Mère ne cesse de nous rabattre les oreilles avec ses transactions, l’aménagement du jardin d’hiver, à quel point c’était un fils et un père exceptionnel… Parfois j’ai l’impression de l’avoir un peu connu. »
Marc-Antoine « Moi, pas du tout. Mais il avait l’air d’être quelqu’un d’exceptionnel. Grand-Mère dis que je devrai lui ressembler. »
Arsinoé « Mais tu lui ressembles déjà, c’est ce que dis Papa en tous cas. »
Marc-Antoine « Je ne suis pas sur que dans sa bouche, ce soit un compliment. »
Arsinoé « Ah heu… bah… on s’en fiche de son avis non ? »
Marc-Antoine « Wahou ! Arsinoé Le Bris se permet d’être irrespectueuse ? On devrait le faire dire à la gazette régionale ! »
Arsinoé « Oh arrête un peu. J’en ai peut-être marre que les seuls compliments que me font les adultes sont que je suis gentille et bien élevée ! Oh, mais ne répète pas à Maman que j’ai dit ça, je pense qu’elle ne serait vraiment pas contente. »
Marc-Antoine « Je serai muet comme une tombe. Grand-Mère dit que notre grand-père était très doué pour garder les secrets de la famille et que c’est utile. Donc je pense que je peux bien garder les secrets de mon héritière. »
Arsinoé « Ton héritière ? »
Marc-Antoine « Oui enfin, c’est une façon de parler. Mais dès que tu diras du mal des adultes, je serai là pour me taire et te couvrir. Tu peux compter sur moi ! »
Marc-Antoine « D’ailleurs, ça te dirait de faire quelque chose d’interdit ? »
Arsinoé « C’est à dire que… le soleil va bientôt se coucher. »
Marc-Antoine « Justement. Grand-Mère avait promis de m’emmener me promener et elle ne l’a toujours pas fait, alors que dirai-tu d’aller à l’étang pour patiner un peu ? Kléber m’a dit qu’il laissait toujours ses paires de patins là-bas pour éviter que sa mère ne les lui confisque. »
Arsinoé « C’est vrai que Kléber est malin, mais… tu es sur de toi ? On ne risque pas de se faire disputer vraiment très fort ? Et puis tu sais, Grand-Mère oublie pas mal de choses en ce moment, elle a peut-être juste besoin que tu lui rappelle de t’emmener en promenade. »
Marc-Antoine « Mais je n’étais pas en train de me plaindre ! Pas du tout ! Bon, après oui, on risque de récolter une volée de bois vert mais ça vaut le coup non ? »
Arsinoé « Bon allez, d’accord ! »
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selidren · 10 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
4/10
C'est étonnant à quel point quatre jumeaux peuvent être différents. Il n'est pas aisé de tous les accorder les uns aux autres. Des tensions naissent et s'évanouissent à un tel rythme qu'il est parfois compliqué de suivre. Mais c'est parfois rassurant : Antoine a parfois l'air si adulte que le voir faire des bouderies à ces soeurs a quelque chose de très satisfaisant. J'ai longtemps été inquiète d'imaginer qu'il serait un peu trop à l'image de son père, trop détaché des autres. Ce n'est heureusement pas le cas, et il a tendance, comme toutes les enfants, à faire des chamailleries sur des détails qui apparaissent futiles aux adultes. Exception faire de sa soeur Noé, je n'ai jamais vu ces deux là se disputer, ne serait-ce qu'une fois.
Transcription :
Arsinoé « Pourquoi tu veux que ce soit moi le maître d’oeuvre ? Tu vois bien qu’il est tout de travers. »
Marc-Antoine « Mais non, tu vois bien ! Et bien parce que tu es meilleure que moi pour donner les ordres. »
Arsinoé « Si tu voulais quelqu’un pour donner les ordres, il fallait demander à Cléo, elle adore faire ça en ce moment. Je pense qu’on aurait pu avoir le bonhomme de neige le mieux habillé de France. »
Marc-Antoine « Cléo est un tyran. Elle aurait donné ses ordres sans faire attention à ce qu’on faisait, et dès que le bonhomme de neige aurait commencé à s’effondrer, elle aurait prétendu que de toute façon c’est un jeu pour les bébés. »
Arsinoé « Tu n’as pas tort. »
Arsinoé « Mais pourquoi moi je ne serai pas un tyran ? Je te dis bien quoi faire non ? »
Marc-Antoine « Oui, mais tu sais ce que tu fais et tu travaille avec moi à la construction. Cléo aurait refusé de se mouiller les mains dans la neige. »
Arsinoé « Elle déteste avoir froid. »
Marc-Antoine « Elle déteste beaucoup de choses. »
Arsinoé « Toi aussi, mais tu le cache toujours. Sauf quand tu m’en parle. Tu sais, tu ne devrai pas détester Cléo. »
Marc-Antoine « Et pourquoi pas ? Elle est hautaine, pleurniche pour un rien et essaie de tout diriger avec qu’elle ne connaît rien à rien. Toi, au moins, tu ne passes pas ton temps à te plaindre. »
Arsinoé « Elle n’a pas un mauvais fond. En fait, je pense qu’elle est jalouse de toi. »
Marc-Antoine « Mmh... »
Arsinoé « Tu as l’air plus âgé, tu dis toujours des choses censées et tu te comporte souvent comme un adulte. Je pense qu’elle aimerai juste être comme toi. »
Marc-Antoine « Tu es trop gentille Noé. Tu devrai plus dire ce que tu penses, même si ce n’est qu’à moi. »
Arsinoé « Mais je dis ce que je pense. Bon d’accord, j’enlève les pensées les plus méchantes de temps en temps. »
Marc-Antoine « Tout le temps tu veux dire ! »
Arsinoé « C’est juste que je n’ai pas autant de caractère que toi et Cléo, c’est tout. Vous êtes deux opposés, c’est pour cela que vous ne vous entendez pas, mais je pense qu’elle ne te déteste pas, elle est juste trop fière pour te montrer qu’elle t’aime. C’est votre seul point commun je dirai. »
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selidren · 11 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
3/10
Chère Eugénie,
Je suis Albertine Le Bris, l'épouse du cousin de Jules, Constantin. Votre époux a suggéré au mieux de vous écrire, et je suis surprise que nous n'ayons pas eu cette idée auparavant.
En premier lieu, sachez que je suis heureuse de pouvoir échanger avec une femme à même de me comprendre, une autre mère qui saura saisir la complexité des dilemmes domestiques que les hommes ne peuvent saisir. A ce titre, je suis navrée de savoir votre mari au loin alors que vous avez une toute petite fille à peine née à la maison. Tout se passe-t-il bien depuis son départ avec vos autres enfants ?
Mes aînés vont sur leurs douze ans. J'ai l'impression que c'était hier que je les mettais au monde. Antoine et Sélène sont en train d'entamer un pic de croissance incroyable, et j'imagine qu'adultes, ils seront au moins aussi grand que leur père. Noé et Cléo me ressemblent davantage avec leurs petits visages d'anges.
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selidren · 12 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
2/10
Je ne souhaite pas revenir sur mon expérience de la guerre. Je me suis tout de même ouvert de votre remarque sur les allemands à Albertine, mais nous avons été interrompus par Marc-Antoine, l'aîné de mes fils, qui a fait valoir son point de vue d'une façon bien bruyante, arguant que ce sont les hommes de peu qu'on a envoyé sur le front, et que les vrais responsables de la boucherie ne sont que des bourgeois bien abrités derrière les lignes. Pardonnez mon fils, ce n'est encore qu'un enfant et il s'est mis à lire Marx ces derniers temps. Je n'y connais pas grand chose, mais je me demande si c'est une lecture bien pertinente pour un garçon de douze ans. Albertine ne cesse pourtant de me dire combien Marc-Antoine est intelligent, et si je me fie à mon propre intellect à son âge, cela semble peut-être plus compréhensible. Quand à vos douleurs, ce n'est pas mon sujet de conversation préféré, mais sachez que j'ai les mêmes dans le bras, et qu'il est des jours et des nuits où elles ne laissent pas en paix.
Je suis cependant catastrophé d'apprendre pour le mariage de votre fille. Ce garnement ne mérite pas les biens de ses pères et j'ose espérer que jamais un homme ne traitera mes filles de cette façon. Les scandales m'ennuient. Et pour votre épouse, ne vous en faites pas, elle finira par saisir l'importance de votre tâche et vous laissera en paix avec ses états d'âme. Il est malheureux qu'elle n'ait pas les mêmes centres d'intérêt que vous, comme cela vous auriez au moins pu lui proposer de vous accompagner. Vous pourrez toujours lui dire pour la rassurer qu'elle n'a pas les difficultés de mon Albertine : mon épouse déteste partir loin des enfants, mais notre passion commune pour l'Egypte est si grande que le choix n'est pas aisé pour elle.
Sur ce, je retournes à mes exercices de graphie. Me voici revenu à l'école élémentaire à tracer des séries de majuscules à la plume. J'imagine qu'en désespoir de cause, je pourrai toujours engager un secrétaire bien que l'idée me répugne : jamais il n'aura dans ses écrits le niveau d'exigences auquel je m'astreins.
Votre cousin, Pr. Constantin Le Bris
P.S : Mes condoléances pour le décès de votre neveu Thomas. Je ne l'ai pas bien connu, mais mon neveu Alexandre m'a assuré que c'était un jeune homme fort aimable.
P.S 2. Albertine vous fait savoir qu'elle se fera grand plaisir d'Ă©crire Ă  votre Ă©pouse.
Transcription :
Adelphe « Ah Tintin, tu as déjà fini de manger ? »
Constantin « Exact. Je m’y suis mis en avance, je suis toujours d’une horrible maladresse avec mes couverts et je ne voulais pas contrarier Grand-Mère. »
Adelphe « Tu aurais pu attendre Madame Legens. Elle aurait au moins réchauffé ton repas. »
Constantin « Je ne suis plus un enfant, Adelphe. J’en ai bien plus qu’assez de dépendre des autres pour n’importe quelle tâche futile. »
Adelphe « Fort bien. En attendant, te voilà à manger froid. »
Constantin « Et toi alors ? Tu ne manges pas avec les autres ? »
Adelphe « J’ai une réunion tôt à la distillerie. Les gars veulent créer un syndicat, et ils souhaitent une heure de concertation avec la « délégation patronale ». J’imagine que c’est moi. Ah, et je sais allumer le poêle accessoirement. »
Constantin « Bon à savoir. Tu me montreras comment faire à l’occasion. J’ai encore du travail, des lettres en retard, donc je vais monter. A moins que tu veuilles que je te tiennes compagnie. »
Adelphe « Pas besoin. Je vais finir rapidement. Ah et Tintin, tu as encore mal à ton bras ? »
Constantin « Non, pas spécialement. »
Adelphe « Ne me mens pas, je t’ai entendu grogner toute la nuit depuis ma chambre. »
Constantin « Ce n’était rien, vraiment. Tu dors donc si mal ? Encore tes cauchemars ? »
Adelphe « Non, une simple petite insomnie passagère. »
Constantin « Menteur, tu as les yeux rouges et des cernes ! »
Adelphe « Bon… je pense qu’on devrai arrêter de se mentir Tintin. »
Constantin « Tu as raison, nous ne sommes pas assez doués pour cela et en plus cela ne nous rassure ni l’un ni l’autre. »
Adelphe « Il faut croire qu’on s’est tout les deux bien abîmés ces dernières années. »
Constantin « Sans doute… Ah et j’y pense ! Ne laisse pas Marc-Antoine discuter avec les ouvriers. Je n’ai rien contre le socialisme, contrairement à mon père, mais il est en train d’en faire une obsession ! »
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selidren · 13 days
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Printemps 1918 - Champs-les-Sims
1/10
Cher cousin,
Je suis ravi de vous savoir retourné en Egypte. Il est malheureux que je ne puisse pas vous rejoindre, et ce pour plusieurs raisons. La première est que mon champ de recherches ne s'étend guère au-delà de Louxor et que j'ai des connaissances très parcellaires en ce qui concerne les dynasties éthiopiennes ou le Pays de Pount. La seconde est que ma convalescence est encore loin d'être finie (comme en témoigne ma graphie passablement perfectible et difficilement lisible). Il est hors de question pour moi de repartir alors que ma main gauche n'est pas encore à même de me permettre d'écrire avec plus d'adresse ! Cependant, je me délecterai de vos récits. J'avoue également qu'Albertine ne me le pardonnerai pas si je devais partir ainsi, au débotté. J'ajoute qu'Adelphe est encore affreusement malheureux, et tant que son deuil n'est pas passé, il n'est pas pensable que je m'éloigne de lui.
Je me tiens cependant au courant des chantiers de la région, par l'intermédiaire de confrères, et notamment Monsieur George Bénédite. Cela fait longtemps qu'il n'a pas fouillé, mais il est conservateur au Musée du Louvre et s'était intéressé à mes recherches lors de mes dernières fouilles. Nous avons sympathisé lors d'un séjour à Paris où j'ai emmené les enfants au musée (Albertine m'a assuré que cela leur ferait plaisir, et notre cadet, Jean-François, y a honoré son prénom en se montrant d'un grand enthousiasme). Il me raconte notamment qu'un riche mécène anglais s'est mis en quête de la tombe d'un petit pharaon de la XVIIIème dynastie presque oublié. Si il a semblé trouver l'histoire drôle, j'ai été quant à moi agacé par cette méthode fort peu scientifique : encore un Anglais qui veut marquer l'histoire de son nom en découvrant un joli bibelot doré...
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selidren · 13 days
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Printemps 1918, Al Simhara, Égypte (20/20)
J’ai installé mon campement près du village d’Al Simhara. On voit ces derniers temps à Louxor un certain nombre de reliques vendues sur les marchés, ce qui me laisse à penser qu’il doit y avoir une ruine non explorée ou quelques salle funéraire manquée par les archéologues. J’ai acheté quelques uns de ces objets pour mieux les observer, et je crois y reconnaître le style des Pharaons noirs. Cela est étonnant, à ma connaissance, la dynastie éthiopienne n’a pas construit de tombes à de telle latitude. Je quitte bientôt Al-Simhara pour me rendre au Soudan : il s’y trouve actuellement une équipe américaine qui est en train de fouiller la nécropole d’El-Kourrou, où se trouvent les sépultures des rois de la XXVe dynastie. J’espère y rencontrer le chef de chantier, M. Reisner, et que celui-ci pourra m’aider à éclaircir ce mystère.
J’en ai pour au moins une semaine en bateau pour me rendre au sud du lac Nasser, et à partir de là, il faudra que je trouve une solution pour rejoindre la ville de Karima, à proximité d’El-Kourrou. Il faudra sûrement que je me procure une automobile et un chauffeur, car je ne compte pas marcher deux mois et demi dans le désert avec une seule jambe… Ecrivez-moi à Louxor, au café du souk : j’y ai mes habitudes, et le patron y garde mon courrier. Je les récupèrerai à mon retour.
Une bise à toute la famille. Dites bonjour à ma sœur de ma part, et n’hésitez pas à transmettre des nouvelles à ma femme restée au Canada. Elle a tendance à se sentir seule, cela lui fera plaisir.
Votre bien dévoué,
J. Le Bris
P. S. : Je voulais adresser le point qu’Albertine fait sur les Boches. Ceux dans les tranchées que j’ai combattu à Ypres sont les pires, ils n’ont rien à voir avec les Allemands de ma connaissance qui, eux sont des gens érudits et civilisés. J’ai la théorie que l’état-major germanique prend probablement les plus barbares de leurs concitoyens pour se battre.
[Transcription] Louise Le Bris : Earnest, je pars Ă  ta recherche.
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selidren · 15 days
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Printemps 1918, Al Simhara, Égypte (19/20)
Après toutes ces émotions, j’ai enfin quitté Hylewood pour l’Egypte. Je tiens à noter que je suis estomaqué par la rapidité du trajet, si on les compare à mes premiers voyages dans les années 90. J’ai pris le train de Kingston pour me rendre à Montréal ce qui a pris trois jours. J’ai embarquement sur un navire à vapeur à Montréal à destination de New York pour sept jours supplémentaires, puis après un bref séjour à New York de deux jours pour changer de navire et effectuer les formalités douanières, j’ai embarqué sur un autre navire à vapeur à New York à destination de Liverpool, ce qui a duré dix jours au total jours. De Liverpool j’ai fait un voyage en train vers Londres, puis de Londres, le lendemain, j’ai pris le train pour Southampton - nous additionnons donc deux jours supplémentaires. J’ai embarqué sur un navire à vapeur à Southampton à destination de Port-Saïd, en Égypte, pour un voyage qui a duré en tout quatorze jours. De Port-Saïd, j’ai pris le bateau pour Louxor pendant deux jours, et je suis arrivé à destination. En tout, je n’ai mis que quarante jours, et j’aurais certainement pu mettre deux semaines de mois si nous étions pas en guerre. Dire que mon premier voyage pour l’Egypte, il y a de cela bientôt trente ans, m’avait pris près de trois mois !
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selidren · 16 days
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Printemps 1918, Al Simhara, Égypte (18/20)
Je trouve la réaction de mon épouse disproportionnée. Il y a quand même des choses plus graves, et elle devrait s’estimer heureuse. Elle vit dans une maison confortable, elle porte de belles toilettes, elle mange à sa faim, elle n’a connu ni le froid extrême du Nunavut, ni la chaleur écrasante du désert libyen. Elle a la chance de vivre dans un cadre agréable et privilégié : Hylewood fait quand même partie d’une des zones les plus recherchées par les promoteurs immobiliers de notre siècle, avec un environnement exceptionnel… Même la grippe espagnole nous évite. Je ne sais pas ce qu’il lui faut de plus.
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selidren · 17 days
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Printemps 1918, Al Simhara, Égypte (17/20)
Naturellement, elle n’a pas compris mes motivations et a très mal pris mon projet de voyage. Elle m’accuse de délaisser Dolorès, notre dernière née… Vous rendez-vous compte ? Comme si cela faisait une différence pour un enfant de cet âge, dont toute l’attention est accaparée par sa mère ou sa nourrice. Que je sois là ou pas, cela n’aura pas fait la différence. Ma présence sera bien plus utile quand l’enfant aura quelques années.
[Transcription] Jules Le Bris : Les enfants s’en sortent très bien sans moi. Jules Le Bris : Louise est grande et sans cette histoire avec le fils Simmon, elle serait déjà mariée. Lucien est au pensionnat, Marie et Agathon vont à l’école, et Lola est trop jeune pour réaliser mon départ. Eugénie Le Bris : Tu ne penses qu’à toi. Ce sont nos enfants dont il est question, et ils méritent mieux qu’un père qui erre à la poursuite de ses propres désirs sans se soucier de nous. Eugénie Le Bris : Je n’arrive pas à croire que tu suggères que Lola ne remarquerait pas ton absence. Jules Le Bris : Que ça te plaise ou non, je pars. Tout est déjà réglé. Mon bateau quitte Montréal dans dix-sept jours. Eugénie Le Bris : Tu as été absent de la majorité de la vie de tous nos autres enfants ! Jules Le Bris : Baisse d’un ton. Je ne te laisserai pas me parler de cette façon. Eugénie Le Bris : Jules… Eugénie Le Bris : Tu ne peux pas t’attendre à ce que je te laisse partir comme ça, encore une fois… Tu vires su’l top.
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