Tumgik
withoutpatriarchy · 2 years
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Comment se défendre contre le harcèlement de rue ?
Gros sujet. Brûlant. Frustrant. Dont on ne devrait même pas avoir besoin d'évoquer. Mais la société est telle faite que le harcèlement de rue est notre quotidien.
Habitant dans la grande ville de Marseille, j'ai la chance, la joie et l'honneur d'y être sans arrêt confrontée. L'année dernière, j'ai même porté plainte pour outrage sexiste (le nom du harcèlement de rue dans le code pénal). Donc je ne suis pas peu fière d'affirmer que j'ai pas mal d'expérience sur le sujet, et j'ai pu, au fil des années, développer pas mal de techniques pour me défendre contre cela.
Cependant, avant de commencer, il y a plusieurs choses importants à préciser.
Il n'y a aucune obligation à répondre aux harceleurs. Je ne t'inciterai jamais à faire quoi que ce soit. Et ne pas oser répondre dans la rue ne te rend pas moins fort.e, courageux.euse ou féministe que les autres. N'oublie pas : le féminisme, c'est le choix. Jusque dans la rue. Jusqu'alors, répondre dans l'espace public, c'était même pas en rêve. Aujourd'hui, tu en as la possibilité. A toi de faire ton choix, qui sera légitime quel qu'il soit.
Ne te mets JAMAIS en danger : je réponds à 95% du harcèlement de rue que je subis. Mais attention, je tiens à ma vie, je le fais seulement quand j'en envie, quand j'en ai l'énergie, et surtout quand je suis suffisamment en sécurité pour le faire. Je ne vais pas lui dire d'aller se faire foutre avec du gravier si je suis seule dans la rue, en pleine nuit. Be smart. Évalue la situation.
Ne te force à rien, et surtout ne t'en veux pas si tu n'y arrives pas. Encore une fois, répondre à une agression, ça s'apprend. Et ça, surtout quand on est une femme, ou qu'on naît comme telle, c'est quelque chose que l'on nous apprend jamais. On a pas le droit de se défendre, contrairement à eux. Vas-y à ton rythme, laisse venir tes meilleures punchlines, mais sans pression baby.
Répondre au harcèlement de rue n'est pas une obligation. J'ai des potes qui s'en tape le coquillage. Qui me disent qu'elles ne veulent pas leur donner leur temps, ni leur énergie. C'est tout à fait louable. Moi, ce n'est pas la stratégie que je choisis. Et j'avoue, quand on m'emmerde dans la rue, et que je n'ai pas pu réagir, ça me frustre énormément. Parce que je ne veux plus jamais laisser passer ces humiliations. Et plus nous serons nombreux.euses à réagir, moins ils penseront que c'est ok.
Le but, c'est de faire du bruit. L'humiliation se passe toujours en silence. Un gars te siffle, te lance que t'es bien bonne et qu'il a envie de te faire sucer sa bite : face à cela, on nous a appris à baisser les yeux et vite passer notre chemin. Ne surtout pas faire un son, tenter de ne pas attirer l'attention sur nous. Moi je dis : c'est trop facile. Le gars nous chie à la gueule, et en plus on ne dira rien. Ce que je vois, et ce dont je me délecte, c'est que faire énormément de bruit les gêne beauuucoup beaucoup. C'est-à-dire que, quand on me harcèle, je fais absolument tout ce qui est en mon pouvoir pour que TOUTE la rue et TOUS les passants et TOUTES les voitures entendent bien ce qu'il se passe. Deux avantages à cela : s'il arrive quoi que ce soit, il y aura plein de témoins, plein d'yeux tournés vers toi. Secundo, le moment n'est plus entre toi et lui, mais toi, lui et toute la rue. C'est pas pareil. Tout le monde le regarde. Tout le monde entend qu'il se passe quelque chose de pas normal. C'est évident, tu gueules dans la rue. Tant mieux. Quoi gueuler, me demanderas-tu ? Ce que tu veux. On est pas au théâtre. Je n'aurais pas l'audace de te dire de choisir correctement tes insultes. Insulte son père, sa daronne, son papi. Dis-lui d'aller se faire foutre avec du gravier, que tu le toucherais pas avec un bâton. Hurle-lui que t'as vomi dans ta bouche en le voyant. Franchement, ce que tu dis, au fond, on s'en tape. Le but c'est de faire du bruit, de montrer qu'il n'a pas d'impunité.
Le but, c'est de leur foutre la honte. Qu'y a-t-il de pire pour un mec que d'être ridiculisé devant tous ses copains ? A ton tour de l'humilier. Alors là, j'avoue, je me lâche. Quand on me dit un truc, surtout quand le gars est en voiture, je vais lui faire un doigt d'honneur bien haut et lui hurler d'aller se faire foutre. Les autres voitures me voient. Tant mieux. Et dans la rue... Bon, c'est par expérience là, tout le monde n'osera pas faire ça, mais t'sais quoi le regard des autres, on s'en carre le cul. Donc dans la rue, quand je passe devant un gars ou un groupe de gars qui me disent quoi que ce soit : je fais un bruit de vomi, je rote, je me racle la gorge à cracher un énorme mollard, ou alors je fais juste l'abrutie finie. Vraiment. Je bouge mon corps comme si j'étais électrocutée, et je fais l'andouille. Ou pire, je les regarde en rigolant avec beaucoup de mépris. S'attendent-ils à ça ? Non. Et je te jure, j'ai entendu pleeein de fois leurs potes se foutre de la gueule du harceleur, parce que je l'avais ridiculisé. Dans ces moments-là, je mouille un peu j'avoue.
Le but, c'est de tout filmer. On a un sixième sens. Quand tu sors, que tu sens que tu vas être emmerdé.e, sors ton téléphone et filme tout ton trajet. J'aime bien croiser les bras et le tenir près de moi, comme ça c'est haut pour tout filmer, et le gars ne capte pas que tu filmes. C'est malheureux, mais en cas de problème, avoir une vidéo peut tout changer. Moi, le gars contre lequel j'ai porté plainte pour harcèlement de rue, je l'avais filmé. J'avais sa tête, sa voiture, sa plaque d'immatriculation. Cheh, comme on dit pas vrai ?
Le but, c'est que ton espace physique soit respecté : Très franchement, beaucoup on que de la gueule. Des putains de chihuahua qui gueulent dans la rue, essayant de nous faire croire qu'ils sont vraiment impressionnants avec leur grooos zizi qu'ils chérissent tant. Mais en vrai, ils sont nuls à chier. J'ai eu la chance de n'avoir jamais été frappée dans la rue. Ca viendra hein, je suis lucide. Mais en attendant, je les ai insultés, je leur ai dit d'aller lécher la chatte de leur daronne, et ils ont pas bougé de là où ils étaient. J'en ai fait reculer, j'en ai fait s'excuser. Je sais que ne nous l'apprend pas , mais domine. Domine, fais-toi plus imposant.e que tu ne l'es. Campe sur tes appuis, regarde droit. Fais peur. Pour l'instant, j'ai eu la chance que ça fonctionne. Attention, malheureusement, d'autres font cela, et sont quand même frappées. Encore une fois, quand je réagis, je fais très attention au contexte. Pour mieux t'expliquer : un soir, je rentrais de mon cours de pole dance. Il était 23h, vers le métro. Des gars zonaient. Je suis toujours très vigilante dans la rue (merci les hommes), et j'ai vu du coin de l'oeil qu'un mec tendait le bras pour m'attraper par derrière. Sans m'arrêter, j'ai dit d'une forte très grave et forte NE ME TOUCHE PAS. NE ME TOUCHE PAS. RECULE. Mdr le trouducul a reculé. Ils ne s'attendent jamais à ça. S'il est en face, qu'il s'approche, tu peux aussi mettre tes deux mains devant toi et dire RECULE. TU ES TROP PRES RECULE. Tu réponds pas à ses conneries, tu restes sur ton truc.
Ne t'arrête jamais . Reste en mouvement. Insulte-les en continuant de marcher. Ce n'est jamais bon d'être une cible fixe.
Je m'arrête là, bien qu'il y ait tant à dire, mais je ne veux pas que le billet soit indigeste non plus ! Si tu as des questions , où que quelque chose n'était pas clair, n'hésite pas à me poser des questions juste en-dessous !
Pour rappel, tu peux précommander mon livre "Sans Patriarcat, à quoi ressemblerait notre monde juste ici ! Sortie le 24 mai ( c'est super bientôt !!)
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withoutpatriarchy · 2 years
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Dites-moi qui vous êtes 💕
Je ne sais encore trop comment créer un lien avec vous ici, n’hésitez pas à me poser des questions sous ce post, que ce soit personnel, ou directement lier à des questions que vous vous posez sur le féminisme etc 😊
Lâchez-vous kwa
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withoutpatriarchy · 2 years
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Extrait de mon livre "Sans patriarcat, à quoi ressemblerait notre monde ?"
" L’asservissement de la femme dans son entièreté se retrouve partout, jusqu’au cœur du langage que l’on utilise, même au quotidien, pour parler de notre vie sexuelle : « Je l’ai baisée », « Je l’ai prise », « Je lui ai brisé les pattes arrière », « Je l’ai éclatée », « Je l’ai pilonnée », « Je l’ai défoncée », « Je l’ai soulevée »… Bref, choisissez votre poésie. Tout dans ce langage utilisé suggère la domination et même l’emprise du sacro-saint phallus sur la partenaire d’en face, l’homme dominant par son chibre brandi, preuve de sa virilité dans toute sa splendeur. Ces remarques écrites au passif posent clairement l’homme en tant qu’acteur actif, et la femme comme un récipient vide, un trou qui prend et qui se tait. Le langage sexuel est aujourd’hui extrêmement problématique et violent, vestige de toute une culture de domination masculine et d’assujettissement des corps féminins, qui n’existent pas en euxmêmes, sauf dans le regard de l’homme (ou au bout de leur queue)"
Précommande mon livre ici, sortie le 24 Mai ! ❤️
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withoutpatriarchy · 2 years
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Harcèlement de rue : épisode 3043718191
Je rentre de soirée, un gars me harcèle. Je lui dis d’aller se faire foutre. Il me dit « mais je vais te faire sucer ma bite toi ». Je lui réponds que je préfère lécher sa mère.
Il n’a pas su quoi répondre.
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withoutpatriarchy · 2 years
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Quelles sont les réflexions que ton mec t’as déjà faites parce que tu es féministe ?
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Moi j’ai un petit scoop : j’ai un ex qui répète à qui veut bien l’entendre que … c’est lui qui m’a donné l’idée pour créer Without Patriarchy 🥲 parce que toutes les bonnes idées viennent des hommes, pas vrai ?
(Et au cas où vous en doutiez, il a eu l’idée de que dalle le frérot. Je me souviens parfaitement quand j’ai eu l’idée, je prenais ma douche, et je me suis littéralement demandé à quoi ressemblerait ma vie sans patriarcat. Et pis boum, ça fait des chocapic et Without Patriarchy)
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withoutpatriarchy · 2 years
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Être féministe, c’est putain de compliqué
Ce que ça peut être difficile d’être féministe, pas vrai ? Beaucoup de stigmates, de méconnaissance et de sexisme entourent ce mot. En soirée ou chez papi mamie, il suffit que tu dises que tu es féministe pour qu’on l’on soupire de lassitude et d’un mépris à peine dissimulé.
Pourquoi ? Etre féministe, soyons honnêtes, c’est casser les couilles. Déjà, parce que c’est ainsi que la majorité de la société le voit. Et c’est bien normal, car c’est elle tout entière que nous remettons en cause.
Et puis, les gens sont mal à l’aise, car ils ont l’impression “qu’ils ne peuvent plus rien dire”. Mais tu sais ce qui gêne surtout ? C’est que tu sortes du joli et gentil petit chemin que l’on avait tracé pour toi dès ta naissance. Au début, t’étais la petite fille sympa, celle qui écoute ses parents, qui joue avec plaisir à la Barbie, qui est toujours “sage comme une image” à l’école. Tu mettais tes jupes roses parce que c’est ce que mettent les filles, puis ensuite les talons en grandissant. Tu te maquillais parce que tu avais compris que tu étais moins belle, professionnelle ou attirante sans. Tu as grandi en pensant qu’il fallait aimer les garçons, avoir des relations sexuelles d’une façon purement phallocentrée, leur plaisir passant toujours avant le tien.
Tu te réjouissais même peut-être lorsque, plus jeune, on te félicitait d’être “une parfaite femme à marier”, parce que tu venais de faire la cuisine pour tout le monde, ou que tu venais d’aider ta mère à faire le ménage. Tu acceptais aussi sûrement de ne pas pouvoir sortir dehors aussi tard que ton frère, ou encore que tu doives vivre au quotidien avec les possibilités réelles et terribles que ce gars, là, avec qui tu sors en date pour la première fois, va peut-être te droguer, te forcer, ne pas respecter ton consentement, ou pire. Tu savais ce qu’il pouvait passer en prenant un Uber, avec le risque de ne peut-être jamais arriver à destination.
Mais bon. C’était comme ça, pas vrai ? C’est la vie. Mais aujourd’hui, t’es féministe. Ça veut dire que tout ça, tu ne l’acceptes plus. Tu as remis en question toutes ces conneries avec lesquelles on nous a bourré le crâne. Alors forcément, notre entourage, que ce soit la famille, et surtout les hommes, le prennent extrêmement mal.
Comment oses-tu sortir des rangs ?? Pour qui te prends-tu ? Parce qu’en fait, quand on te regarde mal quand tu dis que t’es féministe, ce qui déplaît, c’est que tu sortes “de ta place de fââme”.
Et ça, pour le patriarcat, c’est l’hérésie absolue.
Alors, forcément, tu déranges. Tu déranges tes collègues, qui ne peuvent plus toucher ton cul ou commenter tes seins sans que tu rechignes, meuf chiante que tu es. Ton mec râle, ne veut pas comprendre tes convictions, qu’il va renier, et te renier toi et le respect qu’il te doit par la même occasion. Tes parents vont s’offusquer que tu ne mettes plus de soutif à Noel “alors que ton oncle tu sais ça le gêne que tu fasses ça”. En soirée, t’es direct catalogué.e comme casseur.euse d’ambiance. Les gars vont te lancer des piques sur le sujet, t’expliquer en long en large et en travers que tu seras toujours plus faible qu’eux, et que bon, tu vas pas les empêcher de se vanter d’avoir cassé les pattes arrières de leur meuf la nuit dernière.
Je comprends à quel point c’est dur, parfois, d’être féministe. Tu deviens une outsider. Tu as ouverts les yeux sur des sujets, et tu ne pourras plus jamais les refermer. Tu ne pourras plus jamais retourner en arrière, retrouver cette ignorance bienheureuse. Dorénavant, tu dois faire face à toutes ces réalités violentes, toutes ces oppressions qui te dégoûtes, contre lesquelles tu luttes tous les jours. C’est simple. C’est fatiguant.
Mais tu sais quoi ? Que l’on gêne autant est une preuve de notre réussite. C’est le but, que l’on dérange. Que l’on ébranle les fondations patriarcales, que l’on fasse voler en éclat l’impunité des mâles alpha ridicules, que l’on fasse changer les mentalités dépassées, qu’iels le veuillent ou non. Le féminisme dérange parce qu’il ne peut plus être ignoré.
Toi, féministe, on te voit, on t’entend, plus qu’iels ne voudront jamais l’admettre. Tu impactes leur vie, sans qu’iels puissent l’empêcher.
Souviens-toi de cela. Et sois-en fier.e <3
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withoutpatriarchy · 2 years
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Entre nous 🤫
Il y a des sujets, des concepts, des questions que vous avez dont vous voudriez que je parle ? On est plus libre ici, moins nombreux.euses, let’s go dites-moi tout 😎
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withoutpatriarchy · 2 years
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« Que les femmes demandent des droits n’est pas un crime. Les Suffragettes ne devraient pas être traitées comme des criminelles ».
Nos droits n’ont jamais été acquis par la douceur et les sourires. La violence fait partie de la lutte.
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withoutpatriarchy · 2 years
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Extrait de « Sans Patriarcat, à quoi ressemblerait notre monde ? »
« Mon père n’avait pas peur que des filles me droguent ou me violent. « Je sais comment sont les garçons. J’ai eu leur âge aussi tu sais ». Les hommes savent très bien ce qu’ils font, qui ils sont, et ce qu’ils nous font.
Et cette peur, inculquée très tôt, me suit partout. Ces phrases occupent mon esprit sans relâche. Tous les les jours, je suis en alerte. Tous les jours, quand je rentre chez moi, en sécurité, je me réjouis de rentrer en vie. Être reconnaissante à la vie de ne pas avoir été kidnappée, attrapée, frappée, ou violée en pleine rue ».
Mathilde Morrigan
« Sans Patriarcat à quoi ressemblerait notre monde » sort en librairie le 24 Mai 2022 😎 précommande ici !
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withoutpatriarchy · 2 years
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Uuuuh merci beaucoup à celleux qui s’abonnent, bienvenue les 🩸
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withoutpatriarchy · 2 years
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Féminisme de pacotille
Cela fait 4 ans que j'ai créé Without Patriarchy sur Instagram.
Et aujourd'hui, je suis lassée, fatiguée, et un peu dégoûtée. Militer sur les réseaux, c'est génial et un peu à chier en même temps. Déjà, tu rencontres des personnes qui partagent les mêmes idées que toi, qui s'interrogent sur les mêmes problèmes que toi. Tu fais partie d'une communauté. Et ça, c'est drôlement agréable.
Et puis... les choses évoluent, et les temps changent. Les exigences deviennent de plus en plus fortes, de plus en plus pointues. Une erreur, et le couperet tombe. Alors tu prends l'habitude de faire attention. Tu calcules chacun de tes mots. Tu réfléchis à la façon dont tu présenteras chacune de tes pensées. Tu anticipes chaque critique, chaque mp méchant, désagréable ou injurieux. On perd en spontanéité.
Enfin. "On".
Moi.
Moi, j'ai perdu en spontanéité. Ma jolie communauté, vous m'avez tant apporté. J'adore Without Patriarchy. Il fait littéralement partie de ma vie, de ma personnalité à part entière. Mais outre cela, cette aventure est aussi beaucoup d'angoisse, beaucoup de peines, de haine, de menaces de mort, de violences et de viols. C'est beaucoup de couteaux dans le dos, la sororité la bouche en cœur, langue de vipères dans les coulisses. Putain si vous saviez. Ca, plus les menaces de suppression d'Instagram, les raids, les posts qui sautent. Parce qu'on se bat pour nos droits, parce qu'on écrit nos réalités sur ces murs virtuels. La pause forcée que j'ai dû prendre depuis Août m'a troué le cul. C'était pas simple du tout. D'un autre côté ce fut salutaire aussi. J'ai ainsi pu me concentrer sur mon entreprise, écrire mes deux livres (qui sortent tous les deux en mai et en juin héhé). Je suis revenue en février. Et déjà je suis saoulée 🥲
Ce qu'on nous demande sur les réseaux, c'est du féminisme performatif. Ca doit être court, divertissant. Pas trop énervé, pas trop subversif, sinon ça saute. Ca ne doit pas parler de violences, ni de règles, ni de seins, ni de vulve. Encore moins des hommes. Sinon tu es, au mieux, invisibilisé.e, au pire, tu sautes. J'en ai fait le test moi-même hein. Le jour où j'ai parlé de sang de règles, mes stories passaient sous le radar. Par contre, quand je vous ai publié 6 photos de moi enfant, juste en vous racontant ma vie, ça a explosé les compteurs.
Comment lutter, exposer les vérités, quand on ne peut pas les dire ? Je ne me reconnais pas dans ce contenu, car le féminisme est un sujet qui n'est ni drôle, ni léger, ni divertissant. Il vaut bien plus que malheureuses 60 sec. Il ne doit pas se consommer, mais se réfléchir. Quand j'ai repris WP après ma pause, j'ai voulu m'essayer à tout cela, rentrer dans le moule. Clairement bon, je suis sur Tumblr aujourd'hui, donc ça n'a pas marché haha. Je crois que ce n'est juste pas mon truc. J'adore écrire, ce pavé je pourrais le continuer mille ans.
Bref.
Tout cela pour dire, que du coup, j'ai lissé mon contenu. Des mots censurés, je ne faisais que répéter ce que je disais avant. Avant, mon féminisme était plus doux. Normal, je commençais tout juste ma déconstruction. Je disais des choses finalement évidentes de simplicités " Sans patriarcat, je n'aurais pas peur de me mettre en jupe dehors". Aujourd'hui, et c'est merveilleux, cela a été compris. Maintenant, on doit aller plus loin dans nos réflexions. On évolue de plusieurs niveaux. On s'attaque aux autres sujets qui fâchent. Comme si ensemble, on grandissait dans nos études du féminisme. Et, à mon sens, Instagram ne convient pas à cela. Car il faut juste écrire deux-trois phrases, soit bien trash, tristes, un peu voyeuristes. Ou des trucs plus superficiels. J'sais pas. Après, des comptes fonctionnent parfaitement bien ainsi. Pour moi, ça ne marche pas car cela ne me convient pas.
Tout cela pour dire qu'ici, je vais me lâcher. Loin de la bien-bien-pensance, des langues de vipères, des yeux médisants qui suintent la jalousie. Loin de la censure stupide et sexiste. Je serai enfin plus authentique, et putain ça fait du bien.
J’espère que vous serez là, j’espère que vous suivrez. Sachez qu’ici c’est aussi pour vous, pour que vous puissiez vous aussi exprimer vos pensées plus librement (bien sûr dans le respect toussa toussa, faut pas pousser mémé dans les orties non plus).
Merci pour celleux qui sont encore là ❤️
Mathilde
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