Tumgik
taraspeirbhean · 3 years
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La première fois en deux mois que je mettais les pieds en forêt. Il reste encore quelques couleurs d'automne, si on prend le temps de lever les yeux de ses pieds et de la boue qui fait glisser. Je n'étais plus habituée à fouler un sol plus meuble que l'asphalte, à respirer un air plus frais que celui de la ville. J'avais oublié pourquoi. J'avais oublié la saison. #pagan #yule #ivy #autumn #fallvibes https://www.instagram.com/p/CIwRbDNA8jK/?igshid=cqfbnplgmvig
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taraspeirbhean · 4 years
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Ur
Elle aurait voulu dévaler la falaise comme le font ces gros rochers que ses frères s’amusaient à pousser. Elle aurait voulu que le temps s’arrête en même temps qu’elle atteindrait le sol, que sa tête exploserait en contrebas.
Il y avait sur cette falaise une énergie mauve, une énergie noire qui s’était insinuée dans les pierres de la masure. Elle se sentait à l’abri de sa merci seulement lorsque sa mère alimentait le foyer, et que tous ensemble, ils se réunissaient autour du feu. Le plus vieux des enfants entonnait une mélodie de sa voix grave, et chacun la reprenait en harmonie. Dans ces instants, elle se sentait transportée dans une autre dimension. Elle se sentait plus près des dieux de son père, plus proche de la foi de sa mère. Les caresses des uns faisaient taire les autres.
Lors de ses promenades dans la lande, elle rêvait en secret de s’évader. De voir de nouveaux visages et de s’essayer à de nouveaux arts.
Mais quand il fallut quitter la falaise, son cœur était lourd comme les rochers. Quand il fallut se faire à la vie citadine, elle le sentait mourir dans sa poitrine. Autant que les gens la dévisageaient, ils ne la voyaient pas. Elle passait entre eux, la tête baissée, tentant de se frayer un chemin dans cette vie qu’elle n’avait pas choisie. Elle gardait toujours sur elle un galet de la plage, en contrebas de la falaise.
Un jour que le travail l’avait épuisée plus que de raison, un jour que chaque pas lui coûtait plus que le précédent, elle se mit à serrer très fort ce caillou dans sa poche. Dans un état presque comateux, elle percevait de sa main les effluves vives emplir son corps tout entier. Bientôt, les petites ruelles miteuses qu’elle avait pris l’habitude d’emprunter s’élargissaient, puis les murs des immeubles s’effaçaient, laissant place à une prairie verdoyante à perte de vue.
Elle apercevait la maison des siens au bout de la route nouvellement dessinée. À mesure qu’elle avançait, la maison devenait brasier. Le foyer la consumait. À mesure qu’elle s’approchait, des cris s’élevaient avec la fumée noire, dans le ciel azur. L’odeur porcine lui prit la gorge.
Quand elle fut devant le pas de la porte, il ne restait que les fondations des murs écroulés. Quand elle fut devant le foyer, le corps de sa mère enlaçait tendrement celui de son frère à la voix grave. Elle se pencha, et une larme coulant de sa joue tomba sur les cadavres, qui se réduisirent en cendres. Au fond du chaudron, dans le foyer, le caillou était rouge de sang. Et brûlant.
Elle s’en empara, folle de rage. Le retournant dans sa main, elle vit sur l’autre face, marquée au charbon la rune en croix et en losange.
Elle courut jusqu’à la falaise.
Quand elle voulut le jeter au large, sa main ne put se détacher du galet, et tout son corps suivit, précipité dans les abysses.
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