Tumgik
#tout ce qui est PAS rayé c'est ce qu'il me reste à lire
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Ma bibliographie de mémoire
Violence littérature Américaine
Shaw, Patrick B. The Modern American Novel of Violence
Bachner, Sally. The Prestige of Violence : American Fiction 1962-2007
Femmes et violence
Hendin, Josephine G. Heartbreakers : Women and Violence in Contemporary Culture and Literature
Maxwell, Marylin. Male Rage, Female Fury : Gender and Violence in Contemporary American Fiction
Macpherson, Heidi. Cambridge History of American Women Literature
Good, Sally. Women, Violence and 21th century American Literature (thèse)
Les attentes/clichés
Rich, Adrienne. Of Woman Born : Motherhood as Experience and Institution
Soler, Colette. Ce que Lacan Disait des Femmes : Etude de la Psychanalyse
Freud, Sigmund. L'interprétation des rêves
Amossy, Ruth. Stéréotypes et clichés : langue, discours, société
Barthes, Roland. Mythologies
Bowlby, Rachel. A Child of One's Own : Parental Stories
Bowlby, Rachel. Freudian mythologies : Greek tragedy and modern identities
Le roman noir
Tadié, Benoît. Le Polar Américain, la modernité et le mal : 1920-1960
Magny, Claude-Edmonde. L'age du Roman Américain
Inspirations de G.Flynn
Rao, Eleonora. Strategies for Identiy : the Fiction of Margaret Atwood
Oates, Joyce Carol. « Why is your writing so violent ? »
Flynn, Gillian. « I was not a nice little girl »
Levin, Ira. The Stepford Wives
Albee, Edward. Who's afraid of Virginia Woolf ? (théâtre)
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auroreflore · 3 years
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Le monstre du placard
C'est une nuit noire. Une nuit noire, en effet. Une nuit noire peuplée de pages blanches, d'un bureau qui se lamente, d'un crayon mal taillé et d'un ordinateur dépressif. Une nuit blanche noire. Je ne sais plus, est-ce la nuit qui commence ou est-ce le jour qui finit ? Je ne sais plus s'il est trop tard ou trop tôt. Je ne sais plus quelles idées sont les miennes. Par la fenêtre, un fragment de lune me regarde, il me juge. Il me fait remarquer que j'ai des cernes, que je porte le même peignoir depuis deux semaines et que ma barbe est négligée. Je me regarde dans le miroir. Ce corps allongé, chétif au visage creusé. Je referme le peignoir.
Plus tôt dans la journée, je suis sorti pour aller chercher mon courrier comme ça : en peignoir, les cheveux en bataille et mes chaussettes rayées aux pieds. J'ai croisé Mme Kléber traînant son clébard au bout de sa laisse, elle le sort comme tous les soirs. Celle-ci m'a jeté un regard méprisant par-dessus son épaule, puis n'a pas même retenu la porte du hall derrière elle. Serai-je un fantôme ? Dans la boîte aux lettres, des publicités : une carte de restaurant de sushi, un flyer d'agence immobilière qui est à ma disposition si je veux vendre mon bien et un catalogue pour un magasin d'ameublement et d'électroménager. A chaque fois que je reçois ce genre de pubs, je me dis qu'un jour, je mettrai une étiquette sur ma boîte : « Bonjour, je suis végétarien, locataire et pauvre, merci. » Sur le chemin du retour de ma ballade appartement-boîte-aux-lettres quotidienne, je croise la concierge de l'immeuble dont je ne connais pas le nom d'ailleurs. Elle me scrute, me lance un regard désapprobateur puis referme la porte de son appartement. J'arrive à l'ascenseur qui se referme juste sous mon nez, j'ai juste le temps d'entrapercevoir M. Fulte qui détourne un regard coupable lorsqu'il me voit. Je dois vraiment être un fantôme. Tant pis, je prends les escaliers.
Une fois revenu dans le silence de mon appartement, je ne sais plus quoi faire de moi-même à nouveau. Je tourne en rond. Je m'assois devant l'ordinateur. Toujours rien. L'inspiration m'a quitté. Je peux sortir, prendre l'air me débloquerait peut-être. Je me lève, marche jusqu'à la porte d'entrée. Je fais demi-tour, m'habille, mets mes chaussures et retourne devant la porte d'entrée. Je pose la main sur la poignée de porte mais une force m'empêche de la baisser. Mes jambes ne me répondent plus, mon cœur bat à toute allure. J'enlève la main. La remet. Non. Je ne peux affronter le monde extérieur aujourd'hui.
Je vais jusqu'à la cuisine qui est immaculée. Je l'ai lavée de fond en comble la nuit précédente. Et celle d'avant aussi. Mon appartement impeccable est le résultat de toutes ces nuits d'insomnie où regarder le plafond ne me suffisait plus. Au début, j'ai pensé qu'il ne s'agissait que d'une nuit, une au passage passant dans ma vie et partant aussi vite qu'elle était arrivée. Au bout d'une semaine, je me suis dit qu'il ne s'agissait que d'un stress passager, promeneur errant dans ma vie mais qu'il repartirait bien vite. Au bout de deux semaines, je commençais la méditation guidée et mettait des gouttes d'huiles essentielles sur mes poignets. Ça fait maintenant deux mois que ces nuits blanches noircissent mes jours. Je n'écris plus. L'inspiration m'a quitté sans crier gare. Elle a laissé derrière elle des montres de placard avides de mes souffrances. Ils se délectent de mes tourments d'écrivain. Si Baudelaire était maudit, je dois être béni. Pourtant, je ne le vois pas ainsi.
La lumière commence alors à vaciller dans la pièce. Elle part et revient dans un mouvement mystérieux. Toute la pièce tremble, un bruit sourd résonne. J'en cherche l'origine. Le bruit se fait plus intense à mesure que je m'enfonce dans la pièce jusqu'au placard. La porte du placard crie dans tout l'appartement, comme si quelque chose essaie d'en sortir. Cette chose cogne encore et encore. Elle m'appelle, elle veut que j'ouvre la porte. Une ombre dépasse de la fente sous la porte. Une ombre de main. Elle tâtonne sur le plancher, s'étire et se matérialise soudain en une main à la peau sombre et abîmée. Ses ongles s'abattent sur le plancher et le griffent laissant derrière eux une violente trace. Un grognement se fait entendre, un râle rauque dont je discerne la profondeur et le ton grave retentit. J'ouvre la porte du placard malgré les avertissements de ma petite voix intérieure. Le monstre est libre de sortir, de se montrer. Pourtant, il reste enfermé, blotti dans un coin. Je me tiens en retrait, observant les contours de la silhouette sans pouvoir vraiment distinguer les traits du monstre. Il continue de grogner, comme un animal sauvage apeuré qui signale qu'il serait dangereux de s'approcher davantage. La lumière vacille toujours. Elle n'a pas cessé, refusant ainsi à mes yeux de s'habituer à l'obscurité. Puis dans un dernier souffle, elle vacille une ultime fois et s'éteint. Face à la noirceur, le monstre bouge. Il se déplie et sort du coin dans lequel il s'était tapi. Il s'enfuit vers l'ordinateur en un mouvement fluide et rapide mais une fois en face de la lueur de l'écran, il prend peur et se recroqueville. Je le distingue un peu plus clairement. Il est grand. Maigre. Ces épaules osseuses rentrées. Les genoux pliés comme si un danger pouvait lui tomber dessus à tout moment.
Ma rencontre avec lui me laisse perplexe. Que vient-il faire ici ? Que cherche-t-il ? Je lève les yeux sur lui à nouveau : il a disparu. Je le cherche du regard dans toute la pièce. Rien. Aucun signe de lui. La lumière revient, elle me brûle la rétine. Aurais-je rêvé ? Me serais-je endormi sans m'en apercevoir ? Comme une micro sieste debout que le corps s'inflige afin de récupérer un tant soit peu d'énergie. Mais la porte du placard est ouverte, la marque de griffure est toujours là sur le parquet.
Je sens comme une présence, un regard posé sur moi. Je me retourne, un enfant se tient là, la tête baissée. Il avance vers moi, se traîne. Je recule lentement. Il chantonne un air qui m'est familier. Je cours jusque dans la salle de bain, referme la porte derrière moi et m'assois sur le rebord de la baignoire. Je me couvre les oreilles de mes mains, je ne veux plus entendre son chant. Je perçois son ombre qui entre dans la salle de bain par la fente en-dessous de la porte. Il toque trois fois. La lumière vacille à nouveau. Son ombre revient et repart, encore et encore au rythme du tremblotement de la lumière. Puis, le noir complet. Un grand coup. Et plus rien. La lumière revient.
Je sors de la salle de bain en tremblant, mes jambes me portent à peine. La porte du placard est fermée, les griffures ne sont plus là. D'une pulsion foudroyante, je traverse la pièce et ouvre la porte du placard. Le monstre en sort dans un bond furieux et plonge sur moi. Je tombe en arrière et fracasse mon corps sur le plancher. Celui-ci craque sous mon poids, se fend. Je le traverse. Je tombe dans une nuit noire sans fin. Je tombe toujours plus dans une lente agonie dont j'attends simplement l'impact, la fin. Mais l’impact ne vient pas. La fin se fait attendre. A la place, j'atterris sur une pelouse de jardin dans une lumière presque aveuglante. Une lumière blanche douce et apaisante. D'elle sort un chant mélodieux qui m'attire. C'est alors que me vient une révélation : et si j'étais mort ? La lumière signifierait la fin. La fin de tout, ou du moins la fin de moi. Je n'attends pas cette fin-là, je ne veux pas de cette fin. Je me relève d'un seul mouvement et franchit la porte du cabanon situé dans le jardin. Je la referme dans un claquement et tente de reprendre mon souffle. Je ne veux pas que ce soit la fin. S'il y a bien une chose qui m'effraie plus que la page blanche, c'est la mort et ses mystères. Mes yeux s'habituent peu à peu à la pénombre. Là où il devrait y avoir des outils, une tondeuse et des affaires de jardin, se tient le bureau de mon éditeur.
- Un carton !
- Un carton ? Demandé-je, en cherchant des yeux une boîte, un paquet ou tout autre objet dont il pourrait être en train de me parler.
- Oui, un carton ! Votre livre est numéro un des ventes cette semaine, tout le monde en parle ! FranceInter m'a contacté, ils veulent fixer une interview la semaine prochaine avec vous.
Je reconnais enfin où je suis, dans le bureau de mon éditeur, trois semaines après la publication de mon premier roman. Il était aux anges face au succès de mon œuvre, un roman écrit par un inconnu sorti de nulle part. Un souvenir. C'est un souvenir. Un des plus heureux de ma vie, en fait. Mon éditeur continue de parler, il me lit des critiques parues dans le journal, s'extasie devant ce succès imprévu et m'explique qu'il va me payer une avance sur mon prochain roman. A ce moment-là, la première fois que je l'ai vécu, je n'avais pas réalisé les implications de cette demande : payer pour quelque chose qui n'existait pas, payer de l'air en fait et me demander de le transformer en un second succès. Moi, je n'avais eu qu'une idée, un roman et il était là posé sur le bureau. On allait me payer pour avoir une autre idée et il fallait qu'elle soit bonne. Le stress m'envahit à nouveau, la panique même. Je remue sur la chaise sur laquelle je suis assis, tiens, je ne me souviens pas de mettre assis en fait, un verre d'eau, c'est ça il me faut un verre, l'éditeur, lui, me noie de ses paroles, je suffoque, mes mains sont moites, mes vêtements sont trop serrés, la chaleur envahit tout mon corps, il doit le voir que je suis pas bien, mais non il continue de m'innonder de son flot incessant pendant que je bous dans ma sueur, la gorge sèche, je ne peux plus rester en place. Je me lève et saute sur la porte du bureau.
Je l'ouvre et la referme. Mais je ne suis pas dans le couloir du troisième étage de la maison d'édition. Je suis au coin lecture de l'école primaire, là et au moment où je l'ai rencontrée, elle. Ce jour-là, je l'avais remarqué assise sur la banquette, en train de lire mon livre préféré d'Elmer. Elle avait relevé la tête avec un grand sourire :
- J'aimerai bien voir des éléphants à carreaux dans la vraie vie ! Elle avait relevé la tête vers moi et devant mon air ahuri, elle m'avait demandé : Quoi qu'est-ce qu'il y a ?
Elle a un regard interrogateur devant l'expression bête avec lequel je la regarde. Elle est là, enfin devant moi et je peux à nouveau la contempler, boire ses paroles et me noyer dans ses yeux. Je sais que c'est un cliché mais quand on aime, on s'en fout des clichés, on s'en fout d'avoir l'air bête. Nous nous dirigeons alors vers la cour de récré à l'extérieur. Ce jour-là, elle est devenue ma copine. Mais quand je passe la porte, au lieu de la suivre, je me retrouve dans le couloir de la maison dans laquelle j'ai grandi. Et l'enfant que j'ai fui tout à l'heure est là, il me regarde, il s'approche. J'ouvre une des portes de la maison et trébuche sur un carton. Je relève la tête, mon premier appartement avec elle.
- Non, je suis désolée mais moi, je préfère les Amazing Spiderman à la trilogie de Sam Remi, Andrew Garfield à la vie à la mort. Tobey Macguire a l'air d'un chiot abandonné que tu as envie d'emmitoufler dans une couverture et de lui dire que tout ira bien. C'est pas un bon Spiderman ! Et même, Emma Stone ! Emma Stone ! Elle est excellente !
On avait des joutes verbales assez souvent. Jamais méchantes, bien sûr, mais Ella était une jeune femme passionnée qui avait un avis sur tout et aimait l'argumenter. J'adorais nos débats. Elle avait une répartie à toute épreuve et m'a cloué le bec bien plus de fois que ma fierté me permet de l'admettre. Mais j'adorais ça !
- Ella, tu ne peux pas choisir ces films commerciaux face à la superbe trilogie de Sam Remi, je suis désolé je ne peux pas te laisser faire ! James Franco, Kristen Dunst, Tobey Macguire, Willem Dafoe. L'évolution des personnages, le triangle amoureux, les dilemmes et les souffrances de Spiderman. Andrew Garfield, il est trop « cool » pour jouer Peter Parker, on y croit pas du tout que ce gars-là souffre dans sa vie avant de devenir Spiderman !
- Tu rigoles là ! Comment il pleurt la perte de son oncle, comment il est martyrisé à l'école.
- Tu plaisantes ! Il n'est pas martyrisé, c'est déjà un héros qui défend les plus faibles.
- Qui a vu son appareil photo être réduit en pièce ! Et de toute façon, tu n'as pas vu le deuxième, tu ne peux pas argumenter sur une saga si tu n'en as vu qu'un, c'est tout, tes arguments n'ont aucun poids parce que tu parles dans le vide.
Ella avait le don de me faire rire. Sa maladie avait le don de me faire pleurer. Et ce jour-là, alors que nous nous installions dans notre premier appartement ensemble, j'avais pleuré. Elle me l’avait dit quand nous étions enfants. Mucoviscidose. Rien ç faire. J'avais grandi avec elle, en contact direct avec sa maladie. J'ai vu les bons jours et les mauvais. Je portais sa bouteille d'oxygène quand nous sortions nous balader. J'étais à ses côtés pour les visites médicales. Je me montrais fort les jours où elle déprimait. Mais, ce jour-là, en la voyant défaire les cartons, j'avais cette brève image de l'appartement une fois qu'elle ne serait plus là. Et j'avais craqué. Quelques mois plus tard, elle était partie à jamais. Et j'ai alors connu le sentiment d'abandon. Je sens les larmes monter en moi mais qu'importe, je l'ai retrouvée et s'il faut que je demeure dans ce souvenir à jamais pour être avec elle, alors je ne franchirai plus aucune porte.
C'est alors que le sol se dérobe soudain sous mes pieds et que malgré moi, je quitte la pièce et tombe sur la pelouse du cimetière où elle est enterrée. C'est une belle journée ensoleillée, l'herbe est tendre et les rayons de lumière se reflètent sur la nacre des lettres de sa pierre tombale. Je viens tout juste de publier mon roman et j'ai besoin de me recueillir loin des tumultes du succès. Mais, surtout, j'ai besoin de lui demander pardon. Ce premier roman, c'est elle. Sa maladie, sa lutte incessante, sa souffrance et son agonie. C'est ma vie avec elle. Mes luttes, mes souffrances, mes interrogations et mon déclin. C'est notre fatalité. Pour faire le deuil, j'ai tout écrit, quasiment d'une traite, et dans un élan que je ne saurais moi-même comprendre et expliquer, je l'avais envoyé à une maison d'édition. Et ainsi, notre histoire ne m'appartenait plus. Et ainsi, la page était tournée. Et je veux lui demander pardon d'avoir utilisé son histoire, notre histoire. Pardon d'en profiter aujourd'hui. Pardon, tes souffrances m'ont apporté reconnaissance et fortune. Pardon d'avoir trahi cette intimité. Ella est ma muse et je l'ai découvert une fois qu'elle n'était plus là. Je me lève et retourne vers ma voiture. J'ouvre la portière, entre et referme la porte.
- Un, deux, trois, nous irons aux bois. Quatre, cinq, six, cueillir... suis-je en train de chanter.
- Landre, il faut que je te dise un truc.
- Quoi, Ella ?
- Ben en fait, je suis malade. Je suis malade depuis que je suis tout bébé.
- C'est grave ?
- Oui.
Nous sommes assis sur les balançoires de mon jardin. Un samedi. La première fois qu'Ella est venue à la maison. Nous avons sept ans.
- Tu vas mourir ?
- Oui. Mais pas tout de suite, rassure-toi. Je sais pas quand en fait. Mais c'est pour ça que je peux pas faire de sport à l'école et qu'il faut que je fasse attention. C'est ma maman qui me dit ça mais, moi, je sais pas à quoi je dois faire attention.
- J'ai jamais rencontré quelqu'un qui va mourir avant.
- Les enfants, le goûter !
- On arrive !
Nous crions ce « on arrive» ensemble, tout avait été dit. Soudain, la lumière aveuglante revient sur moi. Je me cache les yeux de mes mains et fuis. J'ouvre la porte du garage.
Nous sortons du cinéma, l'ambiance est pesante. Dans la salle, j'ai tenté d'attraper sa main. Elle a rejeté mon geste et s'est enfuie. Je la rattrape enfin. Je ne sais quoi dire. Ella ne dit rien non plus. Nous nous connaissons depuis tant d'années maintenant, presque onze ans et pourtant, j'ai encore des choses à lui dire.
- Landre... Je suis désolée.
- C'est rien. On passe tellement de temps ensemble depuis qu'on est enfants, je pensais que tu ressentais la même chose. Je sais qu'on est amis depuis trop longtemps...
- C'est pas ça !
- C'est quoi alors ?
Le vent souffle dans ses cheveux, l'air s'est refroidi brusquement, comme pour illustrer le froid glacial qu'elle a lancé sur mes avances. Elle tourne les yeux vers moi. Elle est au bord des larmes.
- Landre... s'il te plaît. Ne me demande pas.
- J'ai le droit de savoir, merde ! A la fête du nouvel an, tu m'embrasses. Je me dis « OK, on est sur la même longueur d'onde », je t'invite au ciné deux semaines après, tu dis « oui », OK, toujours sur la même longueur d'onde, je te prends la main pendant le film et...
- Je vais mourir, Landre ! Tu comprends ça ?! Je ne peux pas te faire vivre ça ! Je ne peux pas m'investir dans une relation avec toi sachant que tôt ou tard, je te quitterai. Tôt plutôt que tard, d'ailleurs !
- Ella, c'est déjà quelque chose que je vis. Enfin, tu es déjà dans ma vie ! Tu es dans ma vie depuis la primaire. Tu ne me fais rien vivre du tout, justement tous ces moments, les bons comme les mauvais, je veux les vivre avec toi ! Repousse-moi si tu ne ressens rien pour moi ! Mais si tu ressens quelque chose toi aussi, ne me repousse pas parce qu'un jour je risque de te perdre.
-Ce n'est pas un risque ! Mets-toi ça dans le crâne que tu me perdras ! C'est inéluctable ! Je n'arrive pas à construire ma vie, je ne sais pas où aller à l'université, ni quoi faire de moi-même, je ne vois pas ce que je gagnerai à essayer de me former pour un métier, à essayer de construire une vie puisqu'elle sera écourtée ! Qu'elle peut être écourtée à tout instant ! Comment ajouter une personne à l'équation ! Comment avoir un être aimé dans une vie où lui avancera et moi pas ! T'as la solution, toi ? Dis-moi ce que je dois faire ?
- Ne pleure pas, Ella. Evidemment, je ne sais pas répondre à ces questions. Je crois simplement qu'il faut que tu fasses ce qu'il te plaît sans contrainte, sans remise en question et avec un peu de folie. Mais je ne peux pas renoncer à toi et à ce que nous pourrions vivre ensemble sous prétexte qu'un jour tu ne seras plus là et que ça fera moins mal de ne rien vivre que de te perdre.
Là est ma vérité. J'ai écrit le roman d'Ella pour moi, pour ma guérison mais je voulais aussi que le monde la rencontre car, pour moi, elle était la plus belle des personnes.
Elle marche alors vers moi et m'embrasse. Quand je rouvre les yeux, le monstre est là comme s'il m'attend. Je regarde Ella une dernière fois et me dirige vers lui. Plus je m'approche et plus ses formes s'éclaircissent pour enfin se révéler. Ce monstre, c'est moi. Je regarde mon être, mon double rachitique et renfermé sur lui-même. Il n'est ni effrayant, ni monstrueux, c'est simplement une créature qui souffre. Il souffre du mal-être de mes regrets, du poids de ma culpabilité et du fléau de ma tristesse. Je le prends alors dans mes bras.
- Tu as fait ce que tu croyais bon pour toi. Ce roman t'a aidé à faire ton deuil. C'est normal que les gens l’aient aimé puisqu'il est gorgé de la beauté d'Ella et de l'amour que tu avais pour elle. Pardonne-toi.
J'entends un murmure tout près de mon oreille. Une force lumineuse est apparue à côté de moi. Serait-ce la fameuse lumière au bout du tunnel ? Non. Cette lumière bienveillante, c'est autre chose. Elle m'aveugle à nouveau. Je ferme les yeux instinctivement afin de me protéger de sa clarté. Quand je les ouvre à nouveau, je tombe dans le vide et me retrouve sur une place pavée, sphérique. La lumière est celle d'un premier dimanche de printemps, vers midi, quand il recommence à faire beau et que l'air doux de la saison des naissances souffle une brise légère sur la peau fatiguée après un hiver qui n'en finissait plus. Tout autour de la place, des terrasses de café brillent de la lumière qui se reflète dans les gouttes d'eau dispersée çà et là. Au centre, une statue de bronze, ce métal brun sombre, majestueux et apaisant. Je n'ai jamais vu cette place, il ne s'agit pas d'un de mes souvenirs. Je m'approche de la statue, l'observe, l'étudie. Il s'agit d'une statue d'Ella, posée sur une stèle, élevée en position du lotus, les yeux fermés. Sa beauté est égale à celle que j'ai connue, en revanche, son état paisible et tranquille est nouveau. Ella n'a jamais été comme ça. Elle était une flamme vivante et brûlante d'impatience, de passion et d'impulsions. Je suis désolée d'avoir utilisé notre histoire, ton histoire et qu'elle ait été la source de mon succès, pensé-je.
Une voix s'élève alors, comme prenant source à l'intérieur, en ce que j'ai de plus profond et d'inconscient. Ce n'est pas la voix d'Ella, c'est une de mes voix intimes. Elle s'élève des profondeurs comme une vérité trop longtemps ignorée. Elle me dit que ce n'est rien. Qu'est-ce que je peux faire pour que tu ailles bien alors ? Lui demandé-je. Je n'ai besoin de rien, Landre. Tout ce dont j'ai besoin est déjà en toi. Tout est là. Accepte ce qui est arrivé. Accepte que malgré tout, tu as en toi ce qui suffit pour continuer. Accepte de vivre avec une part d'ombre et une, de lumière.
La statue ouvre les yeux, se lève. Elle me regarde, sourit et part. Je prends alors sa place en position de lotus sur la stèle. Un enfant s'approche alors de moi. Il se plante dans le sol debout, devant moi et m'observe. Cette petite fripouille à la frimousse angélique, je la connais. C'est moi à sept ans, le jour où j'ai palpé l'existence de la mort. Tu étais plein de vie et de rêves, que t'est-il arrivé ? Pensé-je.
- Tu m'as perdu dans ta souffrance, me répond-il comme s'il avait entendu mes pensées. Tu crois que tu te résumes à cette vie avec la maladie. Mais tu existais avant Ella, avant que la maladie et la mort entrent dans ta vie. J'existais encore avec Ella, avec la maladie et la mort. Quand la mort a frappé, tu m'as enseveli, croyant que l'heure n'était plus aux gamineries mais tu te trompes. Je ne suis pas l'immaturité, je ne suis pas la naïveté du monde. Je suis la lueur de l'imaginaire, cette lumière blanche et chaleureuse. Cette lumière que tu as essayé de fuir toute la nuit n'est pas incompatible avec la mort. La mort n'est pas que noirceur, froideur et inéluctabilité. La mort est un passage et une partie de la vie. Tout simplement.
Je regarde l'enfant. Celui-ci me tend la main. Je la lui sers. Il sourit. Il se jette alors dans mes bras et je respire enfin. Comme soulagé, comme défait d'un poids. Je serre l'enfant si fort que celui-ci pénètre dans mon plexus, réintégré. Il a retrouvé sa place, sa place véritable comme un morceau de mon être qui me complète.
Je rouvre les yeux après cette forme d'hypnose. Je suis allongé sur le plancher de mon appartement. Je me sens comme dépourvu d'un poids que je portais depuis trop longtemps. Je me relève, m'assois derrière le bureau, pose mes doigts sur le clavier et tape. Un titre apparaît : Le monstre du placard. Puis quelques mots, puis cent. Mes doigts filent sur les touches. Ils ont une vie propre désormais. Une indépendance. Une volonté. Ils écoutent ce que me dicte la petite voix, ce qui apparaît au fur et à mesure sur la page. Elle n'est plus blanche. Elle se remplit, se noircit. Les premières pages sont en place. Elles m'ont donné chaud. J'enlève mon peignoir, allume l'imprimante et sort ce premier jet pour la relecture.
Le soleil se lève. Un nouveau jour blanc commence.
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mina-thms · 4 years
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Psychotic Love
Chapitre 8 : garde de nuit
Chapitre 1 : le dossier | Chapitre 2 : la demande de stage | Chapitre 3 : le patient | Chapitre 4 : la première discussion | Chapitre 5 : coup de cœur | Chapitre 6 : jeu d’énigmes | Chapitre 7 : talent caché | Chapitre 8 : garde de nuit |  Chapitre 9 : calmants douloureux | Chapitre 10 : sentiments ambigus | Chapitre 11 : conversation intense | Chapitre 12 : effrayant passé | Chapitre 13 : sentiments dévoilés | Chapitre 14 : règlement enfreint | Chapitre 15 : étrange ressentiment | Chapitre 16 : jalousie maladive | Chapitre 17 : intimement liés | Chapitre 18 : échec et mat | Chapitre 19 : suicide | Chapitre 20 : état de choc | Chapitre 21 : sortie illégale | Chapitre 22 : cavale improvisée | Chapitre 23 : cachette improbable | Chapitre 24 : crise de panique | Chapitre 25 : horribles révélations | Chapitre 26 : cœur brisé | Chapitre 27 : vérités | Chapitre 28 : réconciliation troublante | Chapitre 29 : évadé retrouvé | Chapitre 30 : une fin anticipée
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Suite à sa question, Lexa était devenue plus stressée que d'habitude en raison du regard envoyé par Aedan. — Qu'est-ce qui te fait dire qu'il y a quelque chose dont je ne te dis pas ? demanda Aedan mystérieusement. Lexa souffla épuisée par les secrets du jeune homme. — Ecoute, je sais quand on me cache quelque chose et là, c'est ce que tu fais. — Pendant que j'étais sous morphine, elle a abusé de moi plusieurs fois, selon les dires de Connor dont elle oubliait l'existence à chaque fois car il est très silencieux. Et selon certaines personnes ici, elle aurait poussé une jeune fille de 16 ans qui était internées ici, à se suicider. Je ne sais pas si la dernière information est vraie mais pour la première, je peux confirmer que ce que Connor m'a raconté est vrai. Il lui montra ses poignets avant de lever légèrement son pull rayé noir et gris. Ses poignets étaient rouges et irrités comme si une corde les avait serré. En revanche, ce que Lexa vit sous le pull d'Aedan la terrifia. Trois grosses entailles longues d'une dizaine de centimètres, toutes recouvertes d'un grand pansement blanc. — Elle m'a fait ces entailles à l'opinel mais la version de l'infirmière est que je me suis fait ça avec mes ongles mais je doute que des ongles puissent donner ce résultat, continua-t-il en regardant l'arbre devant lui. — Mais comment cela se fait-il que personne ne te crois ? Lexa était exaspérée quant à la réaction des gens. — Parce que je suis fou. Mais je ne sais pas si c'est moi le plus fou ou elle qui a demandé à revenir pour continuer à s'occuper de moi. — Mais personne ne se pose de question par rapport au fait qu'elle veuille revenir même après ça ? questionne Lexa doucement. En tout cas, je suis sincèrement désolée par rapport à tout ce qu'elle t'a fait subir. — Je t'ai dit qu'il y avait une seule personne qui a pris le temps d'écouter ma version des faits. Mais comme je te l'ai dit, cette personne n'a pas d'influence. Cette même personne trouve cette aide-soignante louche et c'est très surprenant que cette personne soit Nicolas, rétorqua-t-il en réfléchissant. Il sourit à Lexa suite à ses paroles. — Nicolas ? Nicolas Tirrault ? demanda-t-elle avec surprise. Je pensais qu'il ne t'aimais pas. Lexa fronça les sourcils. — Mais, il ne m'aime pas. Même un aveugle pourrait voir ça. C'est juste qu'il sait faire la différence entre le fait de ne pas aimer quelqu'un et celui de le croire et le soutenir. Et je t'assure, que beaucoup dans ce monde devrait prendre exemple sur lui, expliqua Aedan en se levant. Lexa le regarda avant de regarder sa montre et de voir qu'il était déjà 17H50. Cela faisait deux heures et demie qu'ils parlaient ensemble et Lexa n'avait pas vu le temps passé. Je dois aller prendre ma douche, c'est l'heure, poursuivit-il alors que Lexa se leva et le suivit. — Comment tu sais qu'il est l'heure que tu prennes ta douche ? Elle le regardait de haut en bas, remarquant qu'il n'avait pas de montre au poignet. — À force de passé du temps ici, je commence à reconnaître l'heure qu'il est avec l'aide du soleil. Lexa sourit au fait qu'il sache lire l'heure grâce au soleil. Alors qu'ils entraient tous les deux dans le bâtiment, Tiana interpella Lexa qui s'approche d'elle accompagnée d'Aedan.   — Lexa, je suis désolée de te demander ça comme ça, mais est-ce que ce serait possible que tu fasses une garde de nuit ? Une des aides-soignantes s'est fait pousser dans les escaliers par une de nos patientes se nommant Angéline, déclara-t-elle stressée quant à tout ce qu'il se passait. — Ne vous inquiétez pas Tiana, je vais faire la garde de nuit. Lexa fit un tendre sourire à Tiana qui s'éloigna rapidement après l'avoir remercié. — Qui est Angéline ? interrogea Lexa alors qu'ils reprirent leur chemin en direction des douches. — Une femme atteinte de nanisme et qui se fait passer pour une gamine de 7 ans alors qu'elle en a 30. Elle a beau être petite et semble inoffensive comme ça, mais elle a déjà envoyé une dizaine d'aides-soignantes à l'hôpital. Le truc c'est qu'ils ont beau l'enfermer en isolement durant la nuit, elle trouve toujours un moyen d'y sortir, même avec toute la sécurité de cet hôpital. La plupart des gardes de nuit sont effrayés car elle sort tout le temps, expliqua-t-il faisant frémir de peur Lexa pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans cet hôpital. Mais ne t'en fais pas, je resterai avec toi pour ta première garde de nuit, si tu le souhaites. Lexa hocha la tête frénétiquement. Lexa et Aedan montèrent jusque dans les douches après être passés par la laverie pour récupérer des affaires propres pour Aedan. Lexa laissa à Aedan un peu d'intimité alors qu'il prit sa douche avant de toquer à la porte 10 minutes plus tard, signe qu'il était temps de sortir. Aedan sortit de la pièce 5 minutes plus tard habillé d'un t-shirt et d'un jogging tous deux noirs. Il découvrit une Lexa complètement stressée qui regardait un peu partout tout en rongeant ses ongles. — Tu vas bien ? questionna Aedan inquiet. Lexa cria doucement de surprise et posa sa main sur son cœur. — Ouais, je vais bien. Cette Angéline me fait juste un peu stresser. Lexa n'était pas très sereine de devoir passer la nuit dans le même bâtiment qu'Angéline alors qu'elle admirait les cheveux d'Aedan qui étaient encore un peu humides. — T'en fais pas. On va aller manger et ensuite tu restes avec Connor et moi dans la chambre. Tout ce que tu dois faire c'est sortir de la chambre toutes les cinq minutes jusqu'à 23 heures pour vérifier que personne ne se balade dans les couloirs et te rendre en isolement toutes les demi-heures pour vérifier que tout aille bien. Mais ne t'inquiètes pas, tant que tu seras avec moi, il ne t'arrivera rien. J'ai pas envie de perdre tout de suite mon aide-soignante, ricana Aedan doucement. Lexa n'était pas du tout rassurée. Elle commença à marcher à la suite d'Aedan et ils arrivèrent au bout de quelques minutes, dans le réfectoire de l'hôpital. — Allons manger avec Connor, déclara Aedan doucement. Il montra Connor d'un signe de tête. Aedan et Lexa se mirent assis tous les deux en face de Connor alors que ce dernier les regardait avec un sourire sinistre dévoilant ses dents. — Bonjour joli demoiselle. Tu dois être Lexa ? salua Connor de façon sournoise. Lexa frissonna de peur et tourna sa tête vers Aedan, lui suppliant de l'aider. — Cesses de faire peur aux gens, Connor. Elle va devoir rester dans notre chambre pour faire sa garde de nuit car Angéline a poussé une aide-soignante dans les escaliers, rétorque Aedan un peu durement. Lexa lui fit un sourire pour le remercier. — J'aime bien Angéline, moi, répliqua Connor en haussant les épaules. Il prit une grosse bouchée de son plat et la mit dans sa bouche. — Tu m'étonnes. Vous êtes pareils, se moqua Aedan en secouant la tête de gauche à droite. Vous êtes tous les deux des psychopathes. Connor sourit et avala sa bouchée avant de lui répondre en ricanant. — Tu l'es aussi. Lexa mangeait tout en les regardant bizarrement. Monique avait raison. Ils se complétaient d'une façon assez peu compréhensible. Lexa termina de manger et se leva suivit d'Aedan et Connor. Ils se dirigèrent tous les trois vers la chambre des deux internés et arrivèrent devant celle-ci, Connor se précipite et ferme la porte, la bloquant avec quelque chose pour empêcher Aedan et Lexa d'entrer, faisant souffler doucement Aedan. — Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Lexa perplexe en voyant Aedan, les bras croisés avec une mine exaspérée. — Tu ne le diras à personne ? J'ai pas envie qu'il aille en isolement pour ça, commença-t-il en regardant Lexa avec une certaine appréhension alors que cette dernière hocha la tête doucement. Voir de nouvelle tête le chamboule car il repense à son passé. Laisse lui du temps. C'est compliqué pour lui. Aedan partit dans la direction opposée à celle depuis laquelle ils étaient arrivés. — Où vas-tu dormir ? interrogea-t-elle en trottinant pour arriver à sa hauteur. — Pour commencer, je vais rester éveillé avec toi jusqu'à 23 heures et ensuite je dormirai dans la salle de repos. Et tu restes avec moi, au cas où Angéline aurait décidé de se montrer. Ils arrivèrent dans la salle de repos où plus personne ne se trouvait. — Tu dois tourner dans les couloirs du bâtiment et biper si jamais tu vois quelqu'un se promener sans aide-soignant, ajouta-t-il en voyant Lexa ne pas savoir quoi faire. Aedan se dirigea vers un couloir que Lexa ne connaissait pas et s'y aventura, la jeune fille à sa suite. Leurs pas résonnèrent dans les couloirs sombres et silencieux et Lexa fit de son mieux pour garder une respiration calme. Alors que Lexa marchait, elle entendit de forts coups sur une surface métallique, la faisant sursauter. Aedan lui attrapa sa main et elle se calma instantanément. — On doit aller dans le couloir en isolement Lexa. On doit vérifier que personne ne sorte de là-bas. Ne t'en fais pas pour les coups que tu entends. C'est seulement Marlène qu'ils attachent chaque nuit car elle est psychotique et somnambule en plus d'être mentalement instable, rassura Aedan alors que Lexa hochait doucement la tête. — Est-ce que ton instabilité psychologique t'empêche de ressentir certaines émotions ? questionna Lexa en s'arrêtant. Aedan s'arrêta et jaugea longuement la jeune femme du regard. — J'ai des émotions. Elles sont justes différentes des tiennes. Lexa le regarda bizarrement attendant quelques explications. — Et comment sais-tu que mes émotions sont différentes des tiennes ? Tu ne me connais que depuis quelques jours, récrimina Lexa en croisant les bras. Elle fit ressortir un côté d'elle qu'elle n'aimait pas et faisant sourire grandement Aedan. — Voilà pourquoi je n'arrive pas à te cerner. Tu refoules tes émotions négatives au fond de toi car malgré ce que tu laisses paraître, ton passé est beaucoup plus sombre que tu ne le montres. Aedan s'approcha doucement de la jeune femme qui décroisa ses bras. Lexa devint de plus en plus pâle quant au fait qu'elle eut laissé ses émotions négatives sortir. Elle s'apprêtait à parler mais Aedan la coupa dans son élan en collant sa bouche à l'oreille de son aide-soignante. — Tu es venu ici pour comprendre quelque chose qui t'est arrivé dans le passé. Quelque chose que tu n'as pas pu empêcher. Et pour information, tes rougissements et tes frissons montrent tes émotions et ces dernières sont donc différentes des miennes. Maintenant, on doit aller en isolement, chuchota Aedan avant de s'éloigner. Il continua sa marche laissant Lexa seule, les bras ballants, au milieu d'un couloir sombre. Elle le rattrapa en trottinant et ils continuèrent d'avancer dans un silence pesant. Elle souffla doucement et s'humidifia les lèvres.   — C'est quelque chose de mon passé que j'aimerais comprendre. Rien d'important, déclara-t-elle alors qu'ils arrivèrent devant la porte de l'isolement qu'il fallait badger pour pouvoir entrer. — Tu mens sur l'importance de cette chose, mais je m'en fiche. J'arriverai bien à savoir ce que tu caches, Lexa Bascher. Il croisa les bras alors que Lexa déverrouillait la porte avec son badge suivit de son code lui ayant été donné, secrètement, par Tiana, plus tôt. La porte s'ouvrit et Lexa entra suivit de près par Aedan qui décroisa ses bras. Après que Lexa eut refermé la porte, la jeune femme se tourna vers le jeune homme avec un regard dur. — Bonne chance Aedan Kesey, répliqua Lexa avec un petit sourire en coin ornant ses lèvres. Alors que Lexa continuait de regarder Aedan, le regard du jeune homme dévia vers quelque chose se trouvant derrière Lexa. Elle se retourna et remarqua une petite femme au bout du couloir munie d'un long morceau de métal aiguisé. — Derrière moi Lexa, grogna Aedan en continuant de regarder la petite femme se trouvant devant eux. Lexa était quant à elle paralysée et effrayée. — Lexa ! Mets-toi derrière moi. Tout de suite ! Il empoigna le bras de Lexa qui sortit de sa transe et la plaça derrière lui de façon à pouvoir la protéger. —Tu n'as rien à faire dans le couloir Angéline, l'informa Aedan faisant sourire Angéline qui avançait doucement vers eux. — Toi non plus Aedan, roucoula-t-elle avec un sourire séducteur faisant rouler les yeux de Lexa. — Il se trouve que j'accompagne mon aide-soignante au cas où elle se retrouverait dans une situation comme celle-ci. Retournes dans ta chambre ou ça va mal se finir. Lexa fouilla dans son sac à la recherche de quelque chose. — Oh, c'est vrai. Il paraît qu'Aedan Kesey a à nouveau une aide-soignante, grinça-t-elle en regardant la femme derrière Aedan. Combien de temps va t-elle durer ? Une semaine ? — Je te conseille de la fermer Angéline, parce que je risque de m'énerver. J'espère que tu iras pourrir en enfer, alerta Aedan durement. Lexa sortit alors de son sac, une sarbacane ainsi qu'un pot dans lequel se trouvaient une vingtaine de boules blanches. Elle mit une boule dans sa sarbacane et souffla en direction du cou d'Angéline qui se trouvait maintenant à seulement une dizaine de centimètres d'eux. Elle remercia mentalement son grand-père l'ayant initié aux plantes ainsi qu'à viser avec une sarbacane.     — On se reverra là-bas alors, chéri, ironisa Angéline avant de sentir quelque chose entrer en contact avec son cou. Elle se tourna vers Lexa avec des yeux menaçant. — La morphine ne fait pas effet sur moi. Elle pointa son morceau de métal en direction de Lexa. — Mais, débuta Lexa en voyant les membres d'Angéline faiblir, qui vous a dit que c'était de la morphine ? Angéline tomba raide sur le sol. Lexa se tourna vers Aedan qui la regardait bizarrement. — Quoi ? Ne me dis pas que tu pensais que je ne viendrais pas préparée ? dit-elle avec un soupçon de sarcasme dans sa voix alors qu'Aedan secouait la tête de gauche à droite. — C'est une plante toxique très puissante utile dans les situations comme celle-ci. Elle n'a pas besoin de se trouver dans le sang pour faire effet. La simple odeur qui en émane suffit à faire tomber raide une personne pendant plusieurs heures*, expliqua-t-elle en retirant le morceau de métal de la main d'Angéline. On doit la ramener dans sa chambre. Lexa prit Angéline par les aisselles tandis qu'Aedan la prit pas les chevilles.   — Visiblement, tu m'impressionnes de plus en plus, rétorqua Aedan avec un sourire en coin faisant sourire Lexa également. Espérons que ça dure, murmura-t-il pour lui-même.
*Je ne sais pas si une telle plante existe car je n'ai pas trouvé grand-chose à ce sujet. Veuillez m'excusez si ce n'est pas correct.
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