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#mouvements antinucléaires
loeilafaim · 5 months
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Oublier Fukushima
S’il y a un nouveau livre de référence sur cette catastrophe qui ne cesse d’avoir lieu, seconde après seconde, c’est bien Oublier Fukushima, paru aux Editions du bout de la ville. Il est signé par Julie Aigoin, Pierre E. Guérinet et Floréal Klein, qui s’effacent derrière le nom d’Arkadi Filine : c’est l’un des 800 000 liquidateurs auquel Svetlana Alexievitch donne la parole dans sa terrible…
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52 - Nucléaire | Une énergie qui fait débat
Une vingtaine de pays ont appelé à tripler la production d’énergie nucléaire d’ici 2050 par rapport à 2020, dans le cadre de la 28e Conférence des Nations unies pour le climat organisée aux Émirats arabes unis début décembre 2023. Cette énergie représente les deux tiers de l’alimentation en électricité de la France. Les partisans du nucléaire, parmi lesquels Emmanuel Macron, estiment qu’il permet de garantir l’indépendance énergétique du pays et le jugent indispensable pour parvenir à temps aux objectifs de lutte contre le réchauffement climatique. Le nucléaire fait aussi depuis plusieurs décennies l’objet de nombreuses critiques, en raison des risques qu’il implique pour la santé humaine et l’environnement.
POURQUOI ÇA COMPTE ?
■ Le fonctionnement de l’énergie nucléaire
L’énergie nucléaire est obtenue par la fission des atomes d’uranium, un minerai contenu dans le sous-sol de la Terre. Ce phénomène a été découvert par des scientifiques allemands en 1938. Après son utilisation militaire durant la Seconde Guerre mondiale, le nucléaire a fait l’objet de recherches scientifiques dans plusieurs pays, dont la France, afin d’être utilisé pour produire de l’électricité. La première centrale nucléaire de l’histoire a été mise en service en 1954 en URSS. De nombreux pays, dont la France, se sont emparés de cette énergie dans les années 1950 et 1960, attirés par la possibilité de produire de manière continue une grande quantité d’énergie. Les partisans du nucléaire mettent aussi en avant le fait que cette énergie soit peu émettrice de CO2. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un établissement public, estime dans sa « base carbone » actualisée en septembre 2023 que le nucléaire est responsable d’émissions de CO2 équivalentes à près de 4 g/kWh – en incluant l’extraction de l’uranium et la construction des centrales – contre 6 g/kWh pour l’énergie hydraulique par exemple.
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■ Une énergie controversée
Les premiers mouvements de protestation contre le nucléaire ont émergé dans les années 1960 en France. « Il y a au départ une sorte de “nébuleuse” antinucléaire » constituée de militants écologistes et anticapitalistes et de riverains opposés à ce qu’ils considèrent être une destruction des paysages par les centrales, explique à B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e Yves Bouvier, professeur d’histoire à l’université Rouen Normandie. L’accident de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, en 1986, a alimenté cette opposition, en illustrant la dangerosité de la radioactivité sur la santé humaine. L’activité des centrales nucléaires engendre par ailleurs des déchets radioactifs, qui présentent des risques pour l’humain et l’environnement. La gestion de ces déchets, mais aussi les futurs démantèlements de centrales en fin de vie et les investissements de maintenance sont également mis en cause par les opposants au nucléaire en raison de leur coût élevé.
■ Une concentration de la production dans l’hémisphère nord
32 pays dans le monde étaient dotés d’un ou plusieurs réacteurs nucléaires en service en 2022, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), liée à l’ONU. L’immense majorité se situe dans l’hémisphère nord. Les pays comptant le plus de réacteurs en activité étaient les États-Unis (92), la France (56), la Chine (54) et la Russie (37). Le continent africain n’en compte que deux, en Afrique du Sud. En Europe, hormis la France, une dizaine de pays sont également producteurs d’énergie nucléaire, comme la Belgique et la Finlande. Le nucléaire représentait 63 % de la production d’électricité de la France en 2022, selon les données de RTE, le gestionnaire de réseau de transport d’électricité en France. Cette proportion a nettement baissé par rapport aux années précédentes, en raison de la moindre disponibilité du parc nucléaire français : plusieurs centrales ont été fermées pour des travaux visant à allonger leur durée de vie et d’autres ont été mises à l’arrêt après la découverte d’anomalies de « corrosion sous contrainte », soit des fissures, sur des tuyauteries.
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LES DATES À RETENIR
* 1974
La France accélère le développement du nucléaire
En mars 1974, le Premier ministre Pierre Messmer annonce ce qui sera surnommé par la suite le « plan Messmer », soit le lancement de la construction de 13 centrales nucléaires pour produire de l’électricité. « Le gouvernement français avait démarré plus tôt le programme nucléaire de la France, partant du constat que le pays était déficitaire en énergie », mais c’est le premier choc pétrolier de 1973 qui a « entraîné l’accélération de ce programme », précise Yves Bouvier. Le « pic » du développement du nucléaire en France est atteint dans la première moitié des années 1980, selon l’historien, lorsque la plupart des centrales nucléaires du plan Messmer ont été construites et mises en service. Dans les années 1990, la part du nucléaire dans la production d’électricité française dépasse 75 %.
* 1991
La Chine entre en jeu
Le premier réacteur nucléaire chinois entre en service en 1991. Le programme nucléaire du pays sera particulièrement développé dans les années 2000 sous « l’impulsion du président Hu Jintao et de son Premier ministre Wen Jiabao », explique Mathilde Teissonnière, adjointe au conseiller nucléaire de l’ambassade de France en Chine, dans une publication de 2021. Contrairement à la France, cependant, « la Chine n’a pas choisi d’en faire sa ressource principale », le pays « ayant un important accès au charbon », pointe-t-elle. Elle explique que les objectifs de lutte contre le changement climatique annoncés ces dernières années par l’exécutif chinois poussent aujourd’hui la Chine à « entamer sa transition en diversifiant son mix énergétique », à la fois via les énergies renouvelables et le nucléaire. La Chine est le pays qui compte le plus de réacteurs en construction (20) dans le monde en 2022, devant l’Inde (8), selon l’AIEA.
* 2011
Le choc de Fukushima
Le 11 mars 2011, un séisme au large du Japon provoque un tsunami qui touche la centrale nucléaire de Fukushima. Ce cataclysme a pour effet de couper l’alimentation électrique nécessaire au refroidissement des réacteurs de la centrale. Trois d’entre eux explosent, libérant des matières radioactives dans l’environnement. À la suite de cet accident, certains dirigeants, comme la chancelière allemande, Angela Merkel, décident de sortir du nucléaire ou d’accélérer cette sortie. En Italie, un référendum est organisé en juin 2011 : la quasi-totalité des votants s’opposent au plan de relance du nucléaire voulu par le Premier ministre Silvio Berlusconi. La catastrophe de Fukushima pousse d’autres pays, comme la France, à relever les normes de sécurité dans les centrales nucléaires. Des moteurs diesel « d’ultime secours » seront par exemple installés dans toutes les centrales françaises pour faire face à d’éventuelles coupures de courant.
* 2022
La relance du nucléaire
Alors que la France vise la neutralité carbone en 2050, soit l’équilibre entre les émissions de CO2 et leur élimination de l’atmosphère, Emmanuel Macron déclare en février 2022 que le pays n’a pas « d’autre choix que de miser en même temps » sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Il annonce la construction de six réacteurs nucléaires de troisième génération et souhaite prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires existants, si possible au-delà de 50 ans. Il revient ainsi sur une promesse faite en 2018 de fermer 14 réacteurs d’ici 2035, dont les deux de Fessenheim (Haut-Rhin) définitivement arrêtés en 2020. La crise énergétique liée à la guerre en Ukraine – qui a débuté en février 2022 avec l’invasion par la Russie, l’un des plus grands producteurs de gaz et de pétrole – pousse plusieurs pays à reconsidérer leur sortie du nucléaire, afin d’accroître leur indépendance énergétique. En mars 2022, la Belgique repousse ainsi de 10 ans sa sortie du nucléaire, initialement prévue en 2025.
CHIFFRES À L’APPUI
1 760 000 m3 de déchets
Fin 2021, la France comptait un volume de 1,76 million de mètres cubes de déchets radioactifs, selon l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), un établissement public. 90 % d’entre eux sont des déchets de très faible activité ou de faible et moyenne activité à vie courte, c’est-à-dire que leur radioactivité équivaut à celle de sources naturelles, comme par exemple le granite. Ces déchets sont envoyés dans un des deux centres de stockage en surface du pays, situés dans la Manche et dans l’Aube. Un projet, baptisé Cigéo, situé à Bure, dans la Meuse, vise à stocker à 500 mètres sous terre les 10 % restants, soit les déchets les plus radioactifs, à partir de 2035. Ces déchets sont pour l’instant entreposés en surface, en majorité à La Hague (Manche) ou sur leur lieu de production.
6,7 % de l’emploi industriel
L’industrie nucléaire représente environ 6,7 % de l’emploi industriel français, avec près de 220 000 employés, selon un dossier publié en mai 2022 par le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire, un syndicat professionnel. Le secteur regroupe 3 200 entreprises, dont 85 % sont des TPE (moins de 10 salariés) et des PME. Le syndicat estime que l’industrie nucléaire française génère 47,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.
44,2 % d’énergie importée
Le taux de dépendance énergétique, c’est-à-dire la part de l’énergie qu’un pays doit importer pour sa consommation, s’élevait à 44,2 % en France en 2021, selon l’institut européen de statistiques Eurostat. En comparaison, celui de l’Allemagne était de 63,5 % et celui des pays de l’Union européenne de 55,5 % en moyenne.
QU’EST-CE QUE ÇA VEUT DIRE ?
EPR
Les réacteurs nucléaires sont classés en générations, en fonction des technologies utilisées et de leur date de mise en service. L’essentiel de ceux en fonctionnement aujourd’hui appartiennent à la deuxième génération. La troisième est celle de l’European Pressurized Reactor (EPR). Ce projet de nouveau réacteur a été lancé à la fin des années 1980 par les entreprises française Framatome et allemande KWU. Les promoteurs de l’EPR lui prêtent trois avantages : plus de sécurité, une meilleure utilisation des combustibles et une plus grande efficacité économique. L’ONG de défense de l’environnement Greenpeace dénonce un projet « trop lent face à l’urgence climatique, trop cher et trop peu résilient face aux catastrophes naturelles ». Il existe actuellement trois EPR en service dans le monde, deux en Chine et un en Finlande. Tous ont été livrés avec plusieurs années de retard. Les autres actuellement en construction, au Royaume-Uni et en France (Flamanville 3, dans la Manche), accumulent également des retards et des surcoûts substantiels.
SMR
Les « Small Modular Reactors » (SMR) sont de petits réacteurs nucléaires. Ils ont une puissance comprise entre 50 et 500 mégawatts électriques (MWe) contre 900 à 1 450 MWe pour les réacteurs français actuellement en service, explique sur son site le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Les différentes parties de ces réacteurs sont conçues pour être fabriquées en série, puis assemblées sur les sites de production d’électricité. Le CEA ajoute qu’ils représentent un coût d’investissement moindre par rapport aux grandes centrales nucléaires. Ils peuvent notamment permettre « à de nouveaux pays d’investir dans le nucléaire pour décarboner leur énergie », affirme l’organisme public. « Cette technologie, sa sécurité et sa compétitivité doivent être démontrées avant que les SMR puissent être plus largement déployés », écrivait l’AIEA sur son site en 2022.
Iter
Iter est un grand réacteur à fusion expérimental actuellement en construction dans le sud de la France. La fusion nucléaire fonctionne sur un principe différent de la fission nucléaire, qu’utilisent actuellement les centrales nucléaires en service [lire un dossier de Brief.science]. Les scientifiques cherchent un moyen d’exploiter la fusion, car elle libère des quantités d’énergie importante et n’a pas d’impact sur l’environnement. 35 pays, dont la Chine, les États-Unis et la Russie, participent à la mise au point et à la construction d’Iter. Cette machine mesurera 30 mètres de haut et pesera environ 23 000 tonnes. De nombreux défis technologiques restent à résoudre pour développer une centrale à fusion capable de produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
POUR ALLER PLUS LOIN
La gestion des déchets radioactifs
Les déchets nucléaires posent des risques pour la santé humaine et l’environnement. Dans un dossier publié en novembre 2023, Brief.science, notre média consacré à l’actualité scientifique, explique la différence entre les types de déchets radioactifs et présente les solutions utilisées pour les stocker, en France et à l’étranger.
L’économie des centrales nucléaires
Les centrales nucléaires françaises, pour la plupart vieillissantes, nécessitent des travaux de maintenance et de mise aux normes coûteux. Dans un dossier publié en 2021, Brief.eco, notre hebdomadaire consacré à l’économie, explique comment ces investissements réduisent la compétitivité du nucléaire.
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brunomindcast · 4 years
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ericmie · 4 years
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Eric Mie - La Gueule Ouverte
Si j’écris, encore et toujours, des chansons rouges coco et noirs anar, ce n’est pas de ma faute, madame, mais celle de la société ! Et pis aussi celle de Brassens, Ferré, Renaud, Béranger, Bruant, Tachan et Font qui m'ont influencé et ont chanté des chansons antitout et utopistes bien avant moi. Moi, voyez-vous, je suis pure comme du cristal de Baccarat, qui pourrait cependant trancher le cou de bien des hypocrites. Mais comme je suis également pacifiste, déserteur et un peu lâche aussi, je ne le fais pas. Je vous respecte et passe mon chemin. Mais permettez-moi de rester antimilitariste, antinucléaire, anticalotin et anticapitaliste. Et de cacher, derrière mon sourire de politesse, mon dégoût puéril des flics, des juges, des militaires, des curés de tout bord (même ceux du dogme Laïcard), des chasseurs, des pollueurs, des huissiers, des bourgeois, de la valeur travail et de la justice d’état. Et de haïr les prisons, les frontières, les religions, les dogmes, le fric, la patrie, les écoles publiques comme les écoles privées et les élections. Car, au fond du fond, je suis un adolescent borné qui hait ce pays haineux de sales cons, moches et méchants avec des cravates rouges ou bien bleus et la Marseillaise est une chanson de merde que je conchie. Je rêve tellement d’un monde plus fou et joyeux à l’heure où l’on se contente toujours du moins pire.  Le moins pire... Toujours le moins pire...  47 ans de moins pire... Mais, moi, je voulais du mieux. Je rêvais du mieux. Du beaucoup mieux même... évidemment qu'il faut le moins pire... Mais, à l’heure où les moins pires sont de pire en pire, je préfère faire un pas de côté et écrire, une nouvelle fois, une chanson utopiste et revancharde bien caché dans mon antre. C’est ce que je fis le 8 Juillet 2012 à Buding. J’ai écris cette chanson très très vite. Par contre pour la musique et le titre ce fût un long chemin laborieux. Au départ cette chanson s’appelait « Sur nos ruines ». Mais je n’aimais pas. Puis « ça ira » mais ça existait déjà. C’est en retombant sur ce vieux journal écologiste et politique fondé en novembre 1972 par Pierre Fournier, pacifiste convaincu et journaliste à Charlie Hebdo, que le titre fût comme une évidence. Ce journal dénonçait déjà les multinationales, la malbouffe, les manipulations médiatiques et inventait la décroissance bien avant que ça devienne un véritable mouvement. Ça me plait de faire un clin d’œil à « La Gueule Ouverte » aujourd’hui. Pour la musique, j’en ai proposé trois différentes à Maël mais on n’était jamais convaincu. Un jour, il a fabriqué un rythme sur son ordinateur, et collé dessus une ligne de basse. C’est sur cette structure que j’ai inventé la mélodie retenue. Mais le travail n’était pas terminé. Je ne sais pourquoi mais c’est la chanson qui nous a le plus donné de mal au niveau du mixage. On bloquait toujours dessus. Et, pour tout vous avouer, même aujourd’hui quand j’écoute l’album « Chute Libre » dans son intégralité, je trouve qu’il y encore quelque chose qui cloche. Lors d’un moment de blocage sur cette chanson, je vois, posée contre le mur, une flûte harmonique. Cette flûte se caractérise par l'absence de trous pour les doigts. C’est l’instrument fétiche des bergers des pays scandinaves. Un seul doigt joue en bouchant ou débouchant l'extrémité de la flûte. On joue donc sur deux notes différentes et le flûtiste peut obtenir les premières harmoniques en augmentant la pression de son souffle. Les notes principalement utilisées sont comprises entre la deuxième et la 4e octave. On obtient alors une gamme dite "harmonique". Pendant que Maël se cassait la tête à trouver une solution sur le morceau, je m’amuse donc à jouer de cette flûte. Maël se retourne vers moi. Je pensais qu’il allait me dire : « tu ne veux pas arrêter ton boucan là, j’essaye de travailler ! ». Mais non. Il a un large sourire. Il me propose de m’enregistrer. Et voilà comment cette flûte se retrouve sur cette chanson. Elle est surprenante mais marche bien dessus. A noter la présence de l’amie Colette Losange dans la citation sartrienne au début du morceau. Ça aussi c’est une sacrée histoire car on a enregistré sa voix dans les beaux quartiers de Paris. Elle s’amusait à gueuler : « « La quantité de merde qu'il y a dans le cœur d'un bourgeois » sous les regards médusés des passants BCBG. Un bon moment. A noter aussi les vocalises très inspirées de la talentueuse Lisa Louize à la fin du morceau. Merci encore mille fois à elle.
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antispecisme · 6 years
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Antispécisme : où doit s’arrêter la violence ?
Réflexion sur le discours autour de la violence dans l’antispécisme, à travers 4 citations. 
La « spirale de la violence »
Il ne s’agit pas de comparer ici les souffrances nombreuses et variées des êtres humains et des animaux, mais de dresser un parallèle sur la façon dont une société se construit dans son approche de la violence, car les mécanismes sont toujours les mêmes, et chaque violence est un symptôme d’un mode de pensée qui les engendre toutes.
Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.
Don Hélder Câmara (1909-1999), évêque catholique brésilien, connu pour sa lutte contre la pauvreté et partisan de la paix, contre toute forme de violence.
Rapporté à l’antispécisme, ce propos permet de réaliser tout d’abord que la violence institutionnelle d’une société tournée non pas vers la survie mais vers la consommation d’animaux comme des produits, comme un mode de vie, est soigneusement gommée, alors même que 60 milliards d’animaux terrestres sont tués chaque année pour leur viande dans le monde (1 milliard en France), et plus de 1000 milliards d’animaux marins. Notre société met en avant la tradition, de terroir, de label, de bien-être animal, d’abattage « humain », de soin des animaux et de recettes de cuisine. 
Notre société ne met surtout pas en avant le fait qu’il s’agit de créatures sentientes, d’une relative intelligence, qui ressentent la douleur, le désir de vivre, et de nombreuses émotions, et que l’on traite comme des objets, à qui l’on dénie ce qui leur est naturel, avant de les assassiner, toutes actions extrêmement violentes par définition.
Par contraste, la violence bien plus limitée d’une poignée de personnes révoltées par cette situation est identifiée clairement comme un acte de violence, et paradée dans les médias, les discours politiques, les appels aux associations antispécistes de se désolidariser publiquement de ce qui est qualifié comme un extrémisme, l’accent mis sur le fait que les victimes n’avaient pas provoqué cette violence. De quoi s’agit-il ? une cinquantaine d'actes de vandalisme à l’échelle du pays : vitres de boucheries brisées, jet de faux sang... S’indigner de vitres cassées parce que cela représente un tort matériel causé à quelqu’un, soit. S’en indigner davantage que des milliards de victimes animales que ces actes dénoncent, et qui ne sont pas autant relayées, certainement pas sur le même ton ? Allons donc. Où est notre humanité ?
L’obsession des vitrines cassées n’est d’ailleurs pas un procédé nouveau. A chaque manifestation contre le gouvernement (1er mai, antinucléaire, anti-loi travail…), les médias et les politiques s’emparent de quelques faits divers et… c’est autant de conversation en moins sur le sujet de fond pour lequel la majorité des personnes présentes s’est mobilisée.
Orienter le discours commun sur la violence d’une protestation cherche à étouffer ce qui fait l’objet de cette protestation, et à protéger le statu quo.
N’acceptons pas cette dérive indigne d’une société qui se veut de plus en plus consciente, démocratique, réfléchie. N’ayons pas l’hypocrisie de nier la violence la plus extrême et la plus massive, et de penser que ce sont les véganes qui ont « commencé ». Ne confondons pas les victimes. Parlons de la violence infligée aux animaux.
Qui est violent ?
Ceux qui 'abjurent' la violence peuvent le faire uniquement parce que d'autres commettent des actes de violence en leur nom. 
George Orwell (1903-1950), écrivain et journaliste britannique engagé contre l’impérialisme et les totalitarismes, pour la justice sociale.
La violence est subjective. On ignore la violence de ce qui ne nous ressemble pas, surtout quand elle est cachée derrière les murs des abattoirs, ou transformée en un produit méconnaissable. Quand on paye pour l’assassinat d’animaux tous les jours, non plus pour notre survie mais pour notre plaisir, nous avons le sentiment d’avoir les mains propres, et pourtant !
La violence d’une vitre brisée nous émeut à l’inverse car elle est proche, c’est celle de l’artisan de notre rue, notre voisin. Et pourtant, bien que demeurant condamnable, elle est objectivement bien moins grave que la première.
Quand on priorise ses intérêts propres, même matériels, aux intérêts d’autres êtres vivants, pour lesquels il s’agit de vie et de mort, on n’est pas en position de reconnaître la violence qu’on inflige soi-même, et on prête toute la sauvagerie à notre adversaire.
Faudrait-il comme s’y refuse le NPA face aux réactions du 1er mai présenter ses condoléances aux familles des vitrines ? Un peu de perspective sur notre violence en tant que société ne nous nuirait pas !
Mon propos n’est pas d’encourager les actes de protestation violente et de vandalisme, pour deux raisons principales : 
une minorité qui se bat pour défendre des droits n’est pas dans une position équilibrée face au pouvoir en place : c’est elle qui prend le plus de risques ;
Je ne souhaite pas qu’on se trompe d’ennemis : les petits artisans, les employés des abattoirs, survivent dans une société où l’on n’a pas toujours le choix de ce qu’on fait pour se nourrir et se loger, et il est difficile de les accuser eux seuls de violence quand elle est normalisée dans notre société et que 99% de la population en est la commanditaire. L’ennemi commun n’est pas un individu mais notre système entier, et celles et ceux au pouvoir (politique, économique) qui le maintiennent.
Cependant, je ne les condamnerai pas non plus car cela n’a pas de sens : on dirait que notre société confond un mouvement de protestation et des violences individuelles.
On trouvera toujours des violences individuelles :
Celles qui sont gratuites car il existe et existera toujours des gens violents ou cruels - bien qu’une société pacifique et intolérante de la cruauté puisse probablement en diminuer leur proportion.
Celles qui sont utilisées pour protester contre le système en place, souvent comme dernier recours, et parfois avec plus de subtilité et de pertinence qu’on croit.
Celles qui émanent de ce même système, qui les favorise : dans une société où on force des animaux à marcher vers leur mort et où on les exécute, où est la limite de la « maltraitance » animale exactement ? Comment juge-t-on un comportement violent ? Bien sûr qu’il y a des violences dans les élevages et les abattoirs : c’est atroce et condamnable, mais c’est une conséquence directe de la façon dont le système entier objectifie les animaux - et traite les êtres humains. Pourtant, notre société ne les calcule pas souvent : le dernier procès d’abattoir s’est davantage ému du non respect d’un label que de la maltraitance animale caractérisée.
On demande de la sécurité près des boucheries, on s’inquiète de la montée de l’extrémisme végane : plutôt que d’accorder autant d’importance au comportement de quelques personnes, il faudrait se pencher sur ce à quoi nous contribuons, à l’échelle de l’ensemble de notre société.
La non-violence serait-elle la meilleure solution ? Pourquoi pas, et même : très bien, dans ce cas montrons l’exemple à l’échelle de la société ! C’est trop facile d’attendre un comportement parfait de la part des autres sans rien remettre en cause chez soi-même. Construisons une société réellement, profondément, non violente, et nous serons beaucoup moins confrontés à des formes violentes de protestation, car il y aura toujours des alternatives pour nous faire progresser ensemble.
En attendant, la violence qu’il faut pointer du doigt, poursuivre, condamner, mais j’aimerais dire surtout prévenir, c’est celle qui prévaut, celle qui peut être massive parce que la situation la permet et la favorise, celle à laquelle la société donne tous les droits (refus de caméras dans les abattoirs malgré les promesses de campagnes, les services vétérinaires qui continuent à accepter des situations où des abus existent clairement, bien sûr l’existence même des élevages et des abattoirs, la chasse à courre, la corrida, etc.). 
Cette violence est directement engendrée, entérinée par la société ; c’est par là qu’il faut commencer le travail. Ne nous laissons pas aveugler par les symptômes et les éclats autour du vrai fond du sujet : en tant que société, nous avons (notamment) un problème de violence massif envers les animaux.
Peut-on se passer de la violence ?
Toute la violence qui ne se produit pas n'est pas signalée dans les actualités. 
Steven Pinker (1954- ), psychologue cognitiviste canadien, notamment auteur de La part d’ange en nous, faisant apparaître que le monde est de moins en moins violent (en termes d’homicides) mais que chaque violence nous touche plus, et est amplifiée dans notre communication moderne.
Les médias relayent un documentaire par-ci par-là, on rapporte quand L214 diffuse de nouveaux reportages pris dans les élevages et les abattoirs, on anime quelques débats, mais si le véganisme est un sujet de discussion entre l’entrée et le poisson (ha), c’est qu’on ne prête pas réellement attention à ce qui est dénoncé, et à notre implication dans ce système. 
On rapporte plus de choses sur le mouvement végane qu’on ne questionne notre rapport à la société, à la violence et à l’exploitation, aux animaux. En fait, on ne prête que très peu d’attention au discours antispéciste et à tout ce qui devrait l’entourer. On parle plutôt de tel abattoir, du véganisme comme un mode de vie, des antispécistes comme des individus qui ont fait un choix de vie militant sans que tout cela ne nous concerne vraiment, et sans mettre l’accent dessus.
De manière générale, le discours antispéciste n’a pas de vraie plateforme commune dans notre société.
En revanche, ce à quoi on prête le plus attention, c’est aux faits divers, et ça, ça tourne en boucle pendant des jours et même des semaines - tout en disant à la cantonade et sur un ton moralisateur que ce n’est pas comme ça qu’on fait avancer les choses. 
Alors comment ?
Quelle mauvaise foi et quelle insulte que de ne relayer que la violence et les faits divers, tout en exigeant de ceux qui le font déjà de demander plus poliment les droits qu’ils défendent ; alors peut-être seront-ils entendus. En parallèle la violence extrême de la société continue sans être inquiétée…
Si on continue à ignorer un problème, on renforce l’idée que la seule manière de le faire avancer est par la violence. 
Steven Pinker explique dans The Atlantic (en) que la violence marche moins pour amorcer le changement que la non violence. Cela dit, toutes les occurrences de non violence qu’il cite ont bien été accompagnées de vandalisme ! Après tout, dans la marche de l’Histoire, ce n’est peut-être pas si grave.
Mais qui veut escalader un cycle de violence et se mettre en danger si ce n’est pas nécessaire ? Presque personne.
Alors peut-on enfin prouver qu’il n’y a pas besoin de violence de la part des véganes ? C’est presque simple, il suffit pour cela d’engager un vrai dialogue national sur le discours antispéciste, comme il peut en exister sur les droits humains, ou notre impact sur l’environnement, en mettant en avant nos arguments légaux et constitutionnels comme nos arguments moraux (basés sur les valeurs que nous partageons en tant que société) et scientifiques. C’est une démarche de société.
Comment sortir de la violence et rééquilibrer la conversation ?
Le monde aura toujours besoin de révolution. Ça ne veut pas forcément dire fusillade et violence. Une révolution, c’est quand vous changez votre manière de penser. Le confucianisme et la chrétienté ont été des révolutions. (adapté de l'anglais) 
José Mujica (1935- ), homme d’Etat uruguayen, ex-président de la République connu pour son refus des avantages liés à sa fonction et pour ses réformes sociétales et sa vision de la décroissance.
Les antispécistes ont ouvert le dialogue et produisent des réflexions. Ce serait maintenant à la société tout entière de poursuivre avec maturité : 
Ne prenons pas les choses personnellement (les autres y sont méchants, y disent qu’on est immoraux…), ouvrons les yeux sur ce qu’il se passe vraiment autour de nous et à quoi nous contribuons.
Soyons prêt·e·s à nous remettre en question, ainsi que notre modèle de société et de vie. Rappelons-nous nos valeurs : qu’est-ce qui nous semble important ?
Soyons prêt·e·s à étudier avec honnêteté nos vrais besoins, et des alternatives sans violence, sans exploitation, sans souffrance pour y répondre.
Soyons prêt·e·s à changer le système ! (Allez, tout le système tant qu’on y est !) Remontons à la source de la violence, et changeons de chemin. Comment on accueille tout le monde, comment on loge, nourrit et habille tout le monde éthiquement, comment on vit et survit ensemble au bénéfice des êtres humains, des animaux et de l’environnement ?
Faisons dans notre société une place au dialogue. Pas à l’intolérance - pas au nazisme et au racisme et à la loi du plus fort et du plus riche, pas à ce qui va à l’encontre de nos valeurs et principes de base de vivre ensemble, mais une place au vrai dialogue qui vise à nous remettre en question en tant que société et individus, et à nous améliorer. 
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antikorg · 3 years
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Quand les queers hackent le mouvement antinucléaire
Quand les queers hackent le mouvement antinucléaire
2021-09-16 17:42:15 Source Un souffle queer ravive les braises du mouvement anti-nucléaire. Le mouvement d’opposition à Cigéo, vaste projet d’enfouissement de déchets nucléaires, est éprouvé par la répression judiciaire et policière. Mais depuis quelques mois, il profite de l’arrivée de militant·es queer. Du 16 au 26 août 2021 s’est d’ailleurs tenu près de Bure le camp des Rayonnantes. Alors que…
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reseau-actu · 5 years
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La revue de l’actualité scientifique dans la presse germanophone accueille les deux premiers enfants nés suite à une greffe d’utérus, envisage avec inquiétude le dépeuplement de l’Est du pays, puis évoque l’arrêt d’un réacteur nucléaire à Munich, avant d'assister à une détonnante symphonie pour voitures électriques
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La clinique de l'université de Tübingen vient d'annoncer une première : la naissance aux mois de mars et mai 2019 de deux enfants suite à une transplantation d'utérus. Deux jeunes femmes âgées de 25 et 26 ans, nées sans utérus car atteintes du syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH), malformation de l'appareil génital qui touche environ  8.000 Allemandes, ont accouché par césarienne à la 36ème semaine de grossesse. Dans les deux cas, la donneuse est la mère de la patiente. Même prélevé sur une femme ménopausée, l'utérus greffé reprend sa fonction chez la réceptrice, dont le fonctionnement des ovaires n'est pas affecté par le syndrome ; la grossesse procède cependant d'une insémination artificielle. Lors de l'opération, les gynécologues allemands ont pu bénéficier de l'expertise de l'équipe du professeur Mats Br ä nnstr ö m de Göteborg, pionnier en la matière. Si une première transplantation d'utérus avait déjà eu lieu en Allemagne en octobre 2016, il s'agit des deux premières grossesses menées à bien dans les huit pays coopérant dans le cadre d'Eurotransplant*. Tandis que les médecins et les psychologues y voient une solution possible à l'infertilité ou l'ablation de l'utérus suite à une maladie, les bioéthiciens interrogés par la Süddeutsche Zeitung envisagent avec scepticisme une telle intervention. À leurs yeux, elle ne correspond pas au principe fondamental de l'éthique médicale : l'absence de risque pour le patient, puisqu'une femme saine subit une opération invasive, dangereuse et coûteuse, sans bénéfice médical la concernant. Le procédé est pour l'instant restreint au seul cadre expérimental de la recherche.
* À savoir l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la Croatie, la Hongrie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Slovénie.
  Chronique d’un exode
Une étude de l'Institut de recherche économique (ifo) de Dresde* analyse la disparité démographique qui affecte les deux parties géopolitiques de l'Allemagne depuis près de 150 ans. Le quotidien Die Welt titre sur un chiffre clé : les Länder de l'Est comptent actuellement le même nombre d'habitants qu'en 1905 – alors que la partie Ouest n'a jamais été aussi peuplée, illustrant le concept de trajectoire induite qui se caractérise par l'inexorable poursuite d'un mouvement entamé. L'auteur de l'étude, l'économiste Felix Rösel, s'attache à définir les différentes vagues d'exode et montre que le point de rupture correspond à l'année de la création des deux entités RFA et RDA, en 1949. Dès la division du pays, les habitants de l'Est fuient vers les Länder de l'Ouest riches en bassins industriels. La construction du mur de Berlin en 1961 vise en partie à endiguer ce flot. La population de l'Ouest profite de cet apport dans les années 50, puis du baby-boom des années 60 ainsi que de l'immigration en provenance du Sud de l'Europe. La chute du mur en 1989 implique une réitération du même phénomène : la migration de plus de 2 millions de jeunes travailleurs qualifiés, et ce deuxième exode redouble alors la brèche de disparité (" Teilungslücke ") entre les deux parties du pays.
Le nombre d'habitants en Allemagne de l'Ouest (en noir) et en Allemagne de l'Est (en vert) entre 1870 et 2019 (normé sur l'année 1936 = 100) © ifo Institut
Ces chiffres frappants suscitent l'inquiétude, mais la valeur de l'étude repose plus encore sur la mise en avant des causes et des conséquences de cette fuite répétée, car " le nombre d'habitants est un indicateur important de l'attractivité à long terme et de la force économique d'une région ". Pour Felix Rösel, le dépeuplement des Länder de l'Est, et des campagnes en particulier, est un signe que les politiques ne doivent pas négliger, car il indique à la fois une absence de perspective due à la dislocation des infrastructures économiques et sociales, et une insatisfaction, voire une frustration, qui fait le lit de l'extrême droite. Les élections européennes l'ont parfaitement illustré, puisque l'AfD est majoritaire à l'Est – sauf dans les villes de Berlin et de Dresde, dont le dynamisme et la population plus jeune et plus éduquée les assimile à l'Ouest. Le message est clair : le danger réside dans une négligence qui confinerait à l'abandon.
*Felix Rösel, " Die Wucht der deutschen Teilung wird völlig unterschätzt ", ifo Dresden berichtet, 2019, 26, Nr. 03, 23-25.
  Panne de neutrons
Le réacteur de recherche de Garching, situé sur le campus de l'Université Technique de Munich, est à l'arrêt depuis le mois de mars faute de combustible, s'alarme la Süddeutsche Zeitung. En cause : la France, qui a cessé d'autoriser les transports spéciaux vers le site sensible. Le réacteur FRM II fonctionne en effet à l'uranium 235 enrichi à 93%, et cet uranium de qualité militaire est fabriqué à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, très certainement à partir d'armes atomiques désactivées de provenance russe. Côté allemand, on laisse entendre qu'il s'agit d'une décision politique de la part de la France, dans la mesure où le réacteur est une source de neutrons unique, indispensable à la haute technologie qui assure la renommée de l'économie du pays. Ces neutrons sont ainsi utilisés aussi bien en médecine nucléaire que pour la recherche fondamentale, la fabrication d'accumulateurs, d'éléments de construction ou de médicaments. Le réacteur suscite l'indignation des écologistes depuis sa conception dans les années 90, car il a été construit bien après la décision internationale de n'utiliser qu'un uranium faiblement enrichi pour la recherche. Mis en service en 2004, la reconversion était prévue à partir de 2010, mais l'échéance n'a cessé d'être repoussée. C'est pourquoi les antinucléaires souhaiteraient que cet arrêt soit mis à profit pour effectuer cette transition nécessaire, tandis que les scientifiques attendent impatiemment la reprise d'activité, car ils ne voient pas d'autre alternative pour garantir la continuité de la recherche et de ses applications en médecine.
  Concert de couacs en perspective ?
Dès le mois de juillet, une directive européenne impose aux constructeurs automobiles de doter toutes les nouvelles voitures électriques et hybrides d'un dispositif sonore afin de renforcer la sécurité des usagers de la route. Selon une étude menée par l'agence américaine chargée de la sécurité routière (National Highway Traffic Safety Administration, NHTSA), les véhicules électriques sont en effet plus souvent impliqués dans les accidents avec piétons et cyclistes que les voitures à essence. Le dispositif dénommé Approaching Vehicle Audible System (AVAS) doit ainsi rendre perceptible l'arrivée d'une voiture à vitesse réduite (moins de 20 km/h), mais aussi sa présence à l'arrêt, de même que l'accélération et la marche arrière. Autant de difficultés que doivent surmonter les compositeurs engagés par les firmes automobiles pour forger l'identité sonore de leur flotte électrique. L'hebdomadaire économique Wirtschaftswoche s'accorde une visite dans le studio d'enregistrement installé au sein de l'usine BMW de Munich, pour interroger le musicien et acousticien italien Renzo Vitale chargé d'en définir le design sonore. Conscient de l'influence décisive de toute forme de son sur la vie de chacun, il fonde son travail sur le principe de l'harmonie, espérant que les sonorités qu'il est en train de créer seront source d'inspiration et non de gêne. Cette mission est-elle cependant réalisable ? Selon les psychologues spécialisés dans l'impact du bruit et des signaux acoustiques, il n'existe ni norme d'agrément ni seuil de tolérance, car la perception relève à la fois du goût et de l'état psychique de l'individu. Autre écueil : les sound designers ayant travaillé chacun dans leur coin, c'est peut-être une véritable cacophonie qui nous attend bientôt au coin de la rue.
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Projection-débat avec l'Atomik Tour mercredi 17 avril à 19h30 ☢ Pour valider son plan national de gestion des déchets radioactifs et légitimer le tout nucléaire français, l’État a lancé un débat public. Face à ce simulacre de concertation, une équipe luttant contre le projet de poubelle nucléaire à Bure (dans la Meuse) a créé l’Atomik Tour. Cette caravane sillonne la France pour rencontrer celles et ceux qui désirent résister au nucléaire et à son monde. Projection d'un film sur la lutte de Plogoff : L'affaire de Plogoff désigne le projet d'installation d'une centrale nucléaire sur la commune de Plogoff, en France et la mobilisation populaire que ce projet a déclenchée contre lui entre 1978 et 1981. Ce mouvement antinucléaire qui s'inscrit dans une époque marquée par la naissance de l'écologie politique dans le monde entier, aboutit à l'abandon de ce projet. Venez échanger ! #aixmaville #aixmavilleenligne #aixenprovence #aix #aixenpce #paysdaix #aixenprovencetourism #aixenprovencetourisme #sortirenprovence #sortirenpaysdaix #igersaix #sortirdunucleaire #nucleaire #dechetsnucleaires #atomiktour #plogoff — view on Instagram http://bit.ly/2IyE9Oi
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gerarddupin · 5 years
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Concurrence des catastrophes: est-il plus important de lutter en priorité contre le bouleversement climatique ou contre le risque nucléaire?
Concurrence des catastrophes: est-il plus important de lutter en priorité contre le bouleversement climatique ou contre le risque nucléaire?
Pierre Péguin, physicien des solides, apiculteur humaniste, fèvrier 2019
D’aucuns répondront les deux ! Mais ce n’est pas si simple, si un nombre croissant de personnes se mobilise pour « sauver le climat et la planète », ce n’est pas le cas pour l’arrêt du nucléaire. Est-ce justifié ?
Manifestations pour le climat, grèves des élèves, communiqués d’ONG, etc, il apparaît que la population, et en particulier parmi les jeunes, est de plus en plus sensible aux conséquences du bouleversement climatique attribué aux activités humaines, qui dès maintenant serait responsable d’une augmentation de la température moyenne de 1°, et de désordres climatiques inquiétants. D’après le Giec*, dans les conditions actuelles, cette température pourrait s’accroître encore plus vite, de quelques degrés d’ici quelques dizaines d’années (croissance économique mondiale que rien n’arrête, effets secondaires sur les océans, le permafrost, etc). Comme un « pédalo îvre », notre monde irait dans le mur et vers « l’effondrement » (allusions aux livres marquant l’un de François Partant, l’autre de Bruno Servigne et Raphael Stevens).
Tandis que le lobby pétrolier américain dépense des sommes considérables pour jeter le doute sur les travaux du Giec et soutenir les « climato-sceptiques », le lobby français et international du nucléaire se frotte les mains et soutient bien sûr le Giec en prétendant que l’énergie nucléaire est « décarbonnée », ce qui bien sûr n’est pas vrai, le cycle de l’atome nécessitant beaucoup d’énergie. Nous sommes donc de toutes façons manipulés.
Les dégâts déjà présents, et surtout à venir du bouleversement climatique sont suffisamment connus pour qu’il ne soit pas nécessaire d’y revenir. Par contre ceux dus aux 2400 bombes atomiques qui ont explosé à titre d’essai, dus aussi bien sûr au fonctionnement et aux catastrophes du nucléaire dit civil de production électrique, ou encore dus aux armes conventionnelles utilisées dans les guerres récentes équipées de tête d’uranium, sont passées sous silence de façon à ne pas inquiéter le public.
Et pourtant il y a de quoi s’inquiéter malgré les mensonges du lobby du nucléaire français et international. Qu’on en juge :
- Officiellement Tchernobyl n’aurait fait qu’un nombre limité de victimes, suivant les sources, de quelques dizaines à quelque milliers passant sous silence le calvaire des liquidateurs. Sauf qu’une équipe de l’université de médecine de New York, compilant 5000 documents d’URSS ont estimé à un million le nombre de morts.
- A la demande de députés écologiques européens, un cabinet d’étude le CERI* a évalué la mortalité liée au nucléaire à 61 millions de victimes, et c’était en 2003. Combien aujourd’hui car l’épidémie de cancers et leucémies sensible depuis les années 60 et 70 perdure, épidémie liée essentiellement au nucléaire militaire et civil, et à la chimie (pesticides auxquels s’attaque le mouvement des « Coquelicots »). Dans leur travail les experts du CERI ont pris en compte non seulement la mortalité directe, mais aussi les dégâts sur la santé dus à de faibles, et même de très faibles doses de contamination.
- On sait maintenant scientifiquement que l’ADN de tout le vivant a été touché, et que les anomalies génétiques provoquées par la contamination radioactive de nos organismes sont transmissibles aux générations suivantes.
- Enfin le public sait-il qu’après les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, les populations sont contraintes de vivre en zone contaminée. La dangerosité étant niée, il leur ai refusé que soient distribués les soins qui pourraient alléger les souffrances, celle des enfants en particulier (c’est le programme « éthos/Core** » dont les leaders français du nucléaire sont responsables).
En effet pour les nucléocrates, vivre dans le « jardin nucléaire » est un « challenge » bénéfique, car c’est la peur du nucléaire, la nucléophobie, qui rend tout le monde malade ! Pas question donc de soigner tous les enfants accablés de maladies de vieux puisque c’est psychologique ils ressentent l’angoisse des parents. Mais les résistants obstinés de l’institut Belrad, soutenus par l’ETB*, ont établi un lien direct entre la contamination par le Césium 137, et les atteintes à la santé qui concernent 4 enfants sur 5 des zones contaminés. Mais cet institut est asphyxié, neutralisé, on leur retire les moyens de travailler, l’horreur nucléaire ne tolère pas la vérité….
Est-ce ainsi que nous serons traités en cas de catastrophe? C’est bien probable, ce que nos leaders nationaux ont réussi à imposer au-delà de nos frontières le sera aussi chez nous.
Pourquoi n’entendons-nous pas davantage parler du risque de catastrophe nucléaire en France et ailleurs ?
En France en particulier nous sommes dirigés par des élites qui s’obstinent dans une impasse économique et écologique. Nous sommes menacés par des réacteurs vieillissants, équipés de pièces défectueuses fabriquées au Creusot avec des défauts, des budgets réduits, l’appel à la sous-traitance, le mensonge généralisé. Mais les partis de gouvernement, les grands médias, s’en remettent à nos « experts » du Corps des Mines chargés depuis de Gaulle de promouvoir le nucléaire militaire et civil au nom de la « grandeur de la France», quel qu’en soit le prix et les conséquences pour la population.
Il apparaît alors une grande différence entre la prise de conscience du risque climatique et du risque nucléaire : Le climat est largement popularisé il y a les rapports du Giec et le soutien de l’Agence internationale pour l’énergie atomique - ces deux structures bénéficiant du prestige de l’ONU dont elles relèvent, le cocorico de la Cop21 de Paris, l’engagement des écologistes associatifs et politiques. Rien de tout cela pour dénoncer les mensonges et les horreurs du nucléaire, cette tache incombe aux groupes spécifiquement antinucléaires, et il ne leur est pas facile d’accéder aux grands médias et de toucher un large public au-delà des cercles militants. Ils s’opposent en effet à l’ONU et à l’idéologie dominante de la classe dirigeante et des médias.
Y aurait-il manipulation ? Pendant que l’opinion se focalise sur le climat, l’État peut consacrer au sauvetage du nucléaire, les sommes considérables qui seraient si utiles pour lancer des programmes d’isolation des logements, de sobriété énergétique, de développement des renouvelables. Ainsi 8 milliards d’€ ont été engagés pour sauver Areva (devenant Orano) et EDF de la faillite, et ce en plus des budgets consacrés annuellement au nucléaire (force de frappe pour laquelle un plan pluriannuel vient de prévoir 35 milliards pour la rajeunir, gestion des déchets, recherche...), assurant ainsi notre grandeur et justifiant notre siège au Conseil de Sécurité,.
La catastrophe nucléaire qui toucherait des dizaines de millions de personnes ne relèguerait-elle pas le risque climatique au 2nd rang ? Sait-on que le scénario de la catastrophe est déjà écrit dans la loi française, que c’est l’armée qui gérera les flux de population pour entraver la fuite des centaines de milliers de personnes affolées, qu’il est prévu de faire subir à tous une radioactivité 20 fois plus élevée que la norme actuelle déjà excessive? Que les maladies de vieillesse toucheront toutes les générations, qu’il naîtra des bébés monstrueux ? Etc etc.
Au nom du « rayonnement de la France » (voir livre de Gabrielle Hecht) Seule la France s’obstine, alors que les pays voisins se désengagent du nucléaire au bénéfice des renouvelables, que même la Chine, fer de lance maintenant du nucléaire, développe beaucoup plus le solaire et l’éolien que le nucléaire. Le déclin mondial de cette technologie obsolète ést largement amorcé**.
Face à la barbarie du nucléaire comment sensibiliser le public et l’amener à exiger l’arrêt du nucléaire ? Le nucléaire n’est-il pas la plus mauvaise et la plus dangereuse façon de faire bouillir l’eau pour produire l’électricité ? Et pour quelques dizaines d’années de confort électrique est-ce raisonnable de contaminer la planète pour des centaines de milliers d’années alors que le nucléaire n’assure finalement que 2 % de l’énergie consommée dans le monde...
* GIEC, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
CERI, Comité Européen sur le Risque de l’Irradiation, recommandations 2003
ETB, Enfants Tchernobyl Belarus, créé par Solange et Michel Fernex après Tchernobyl
** - https://apag2.wordpress.com/2016/11/21/vivre-dans-le-jardin-nucleaire-avec-ethos-un-crime-contre-lhumanite/
- https://apag2.wordpress.com/2017/09/26/un-rapport-sur-le-declin-irreversible-de-lindustrie-nucleaire-a-lechelle-mondiale/
Bibliographie sommaire : - « Nucléaire danger immédiat », Thierry Gadault et Hugues Demeude, Flammarion 2018.
- « Nucléaire une catastrophe française », Erwan Benezet, Fayard 2018.
- « La comédie atomique », Yves Lenoir, La découverte 2016.
- « Considérations sur l’arrêt de nucléaire et sur la destruction du climat », Jean-Luc Pasquinet, à paraître 2019.
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akemoi · 6 years
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Le mouvement antinucléaire est trop vieux, il doit se réinventer
#ecologie http://dlvr.it/Q5N3yb
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anticapitalisme · 7 years
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Guide de lecture: Le marxisme écologique
http://ift.tt/2eTMtZ1 Malm L’actualité de la crise climatique, la montée en puissance des mouvements écologistes, antinucléaires, contre les grands projets inutiles, [...] Lire la suite from Anti-K http://ift.tt/2gDMggh via IFTTT
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Introduction
De Hiroshima à Woodstock : la déflagration de la bombe atomique sur les certitudes envers le monde technicien.
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La Seconde Guerre Mondiale, avec son cortège de malheurs, a eu pour conséquence la fin des idéologies, lesquelles ont entraîné le monde à feu et à sang et fait des millions de victimes. Par ailleurs, le point final de cette guerre fut le bombardement des villes japonaises d'Hiroshima et de Nagasaki par un nouvel engin destructeur d’une puissance jamais vue auparavant. En effet, un groupe de scientifiques regroupés dans le projet Manhattan ont mis toutes leurs compétences scientifiques dans le seul but de créer cette machine de mort apocalyptique.
Ainsi, pour la première fois de de l’Histoire de l’Humanité, l‘Homme a réussi à se doter de la capacité de détruire la planète. La technique, depuis toujours synonyme de progrès pour l’Homme va désormais devenir un vecteur d’angoisses, ce qui est une césure dans la longue histoire de l’Homme et de la technique, qui depuis le mythe de Prométhée, sont des partenaires pour l’amélioration des conditions d’existences matérielles, mais également dans l’histoire des idées.
En outre, en cette période où les idéologies se confondent, la fin de la Seconde Guerre Mondiale représente une perte de confiance dans la technique, elle qui devait être une solution plutôt qu’un problème. Tout en pansant les plaies, l’humanité qui pleure les victimes vit une sorte de désenchantement et bien plus encore, une désillusion.
Nous allons ici nous intéresser plus particulièrement aux effets de l’existence de la bombe nucléaire pendant ces temps troublés, et aux conséquences qu’elle a engendrées. Nous nous appuierons sur tout un corpus documentaire afin de répondre à la problématique des conséquences énormes tirées par la possibilité, pour l’Homme, d’être en capacité de créer une telle puissance destructrice. Ainsi, nous étudierons des écrits d'Albert Camus et de Albert Einstein faisant part de leurs inquiétudes face à l’arme nucléaire, une vidéo où le scientifique dirigeant le Projet Manhattan fait acte de repentance avoir avoir vue les effets désastreux de son invention. Nous analyserons ensuite des  extraits du film de Stanley Kubrick “Dr Strangelove”, une véritable farce cinématographique où le réalisateur s’efforce de démontrer au public à quel point l’Humanité se doit de rester raisonnable avec un tel arsenal à sa disposition et où Kubrick nous présente ce à quoi la vie pourrait ressembler dans un monde post-apocalypse nucléaire. Enfin, nous étudierons les réactions de certains qui se sont lancés dans le combat du pacifisme et dans le mouvement antinucléaire. Par ailleurs, nous verrons le cas de certaines communautés qui décidèrent de vivre complètement hors du système technicien et tentèrent de réinventer des modes de vie fondés sur la paix et l’amour.  
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brunomindcast · 4 years
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micheleturbin · 7 years
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Back to the 70's : la lutte contre la centrale nucléaire de Golfech
See on Scoop.it - architecture verte
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Le tribunal de Bar-le-Duc a renvoyé son jugement au 5 avril concernant l'occupation du bois Lejuc (près de Bure) par des opposants au projet d'enfouissement de déchets nucléaires. Cela laisse le temps de se replonger dans l'histoire du mouvement antinucléaire français.
Michèle Turbin's insight:
Histoire du #nucleaire français // mon engagement architecture #bioclimatique dès 77 | Back to the 70's https://lundi.am/Back-to-the-70-s-la-lutte-contre-la-centrale-nucleaire-de-Golfech stop #bure !
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reseau-actu · 5 years
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Le nucléaire serait-il le meilleur moyen pour lutter contre le réchauffement climatique ? C'est l'avis tranché de Michael Shellenberger. Nommé «  héros de l'environnement  » par Time Magazine en 2008, cet Américain est depuis longtemps l'une des figures de proue des écologistes pragmatiques, ou «  ecomodernists  ». Fondateur du Breaktrough Institute, Michael Shellenberger fustige les écologistes décroissants et défend l'innovation comme meilleur remède pour protéger environnement. Depuis quelques années, l'activiste est devenu un ardent pro-nucléaire, expliquant que les énergies renouvelables, alors même qu'elles devenaient moins chères, ont provoqué une hausse conséquente des prix de l'électricité. Le Point a interrogé ce prophète de la fission, pour qui tout est bon dans le nucléaire : son énergie, ses déchets et même... sa bombe.
Le Point : Qu'est-ce qui vous a amené à critiquer l'environnementalisme et à défendre les innovations technologiques depuis les années 2000 ?
Michael Shellenberger : J'étais un jeune homme de gauche, je suis allé apprendre l'espagnol au Nicaragua pendant la révolution sandiniste parce que j'étais attiré par ce mouvement. J'étais aussi très concerné par l'environnement et la nature, parce que mes parents m'emmenaient souvent camper. Ils étaient très progressistes. Mais je n'ai jamais été malthusien : ma relation avec des personnes pauvres, d'abord au Nicaragua puis au Brésil, m'a toujours fait considérer que ceux qui craignent une explosion démographique sont dans un état d'esprit petit-bourgeois et raciste. J'étais aussi végétarien, mais j'ai recommencé à manger de la viande après la naissance de mon fils. J'étais déjà favorable à des solutions technologiques pour les problèmes environnementaux. C'est une différence majeure avec beaucoup d'écologistes qui ne sont pas tant en faveur de solutions technologiques que d'une baisse de notre niveau de vie, provoquée par une consommation énergétique bien plus basse. Beaucoup d'entre eux considèrent l'espèce humaine comme un cancer sur la terre, ce qui n'est pas mon cas. En revanche, je ne connaissais rien aux technologies de l'énergie, et en tant que militant démocrate et de gauche, je pensais que les énergies renouvelables seraient la solution parce que tout le monde dans mon camp politique pensait cela. Mais lorsque j'ai pris conscience que le nucléaire n'était pas ce qu'on en disait, tout est devenu plus clair. Le nucléaire représente une source d'énergie infinie, abondante. C'est l'énergie la plus propre et la plus sûre, selon toutes les mesures ! À ce moment-là, j'étais déjà ostracisé par la communauté écologiste à cause de mes critiques de leur discours apocalyptique. Embrasser le nucléaire n'a donc pas été si compliqué que ça. Le plus gros défi était de gagner ma vie sans accepter d'argent de l'industrie. J'aime pouvoir être libre de dire ce que je pense.
Donc vous n'êtes pas financé par l'industrie nucléaire ?
Pas du tout. Les gens qui ont lu ce que j'ai écrit durant ces dernières années connaissent la manière dont je critique l'industrie du nucléaire. Je déplore leur arrogance et leur hubris, ce qui les conduit à faire des choix voués à l'échec.
Par exemple ?
L'industrie propose des solutions extrêmement coûteuses à des problèmes inexistants. Des vieilles centrales comme celle de Fessenheim fonctionnent très bien depuis trois générations, mais les industriels voudraient nous faire croire que les problèmes de sécurité peuvent se résoudre avec de nouveaux types de pompes à eau ou en déplaçant tel réservoir. C'est ridicule quand on sait que les accidents nucléaires proviennent toujours des erreurs humaines. Le changement de plans et de modèles de centrales les rend plus chères à construire, plus chères à faire fonctionner… Alors que la standardisation permettrait de faire baisser les coûts et d'augmenter la sécurité, on fait exactement le contraire. Un peu comme Boeing avec son modèle 737 MAX...
Le nucléaire civil a provoqué bien moins de dégâts que les autres sources d'énergie
Mais cela n'explique pas l'ampleur du désamour du nucléaire...
L'énergie nucléaire est révolutionnaire de trois façons : d'abord en médecine, deuxièmement dans le domaine de la défense, et troisièmement en énergie. C'est une avancée historique tellement significative que les humains se fourniront en énergie nucléaire pour des milliers d'années, très probablement. C'est triste que l'impact principal de cette technologie révolutionnaire ait été aussi traumatique dans la société, à part dans le domaine de la médecine. On se sert des radiations pour explorer le corps humain et pour soigner les cancers, et tout le monde ou presque s'accorde à dire que c'est une avancée formidable. En revanche, les armes nucléaires ont traumatisé plusieurs générations, avec ces images d'apocalypse et de destruction. Le traumatisme a été transposé au secteur de l'énergie : nous voyons les centrales nucléaires comme de petites bombes, et les incidents nucléaires comme de petites explosions, nous considérons les déchets comme une arme… Toute la technologie est enveloppée par cette idée de la mort. Même les gens qui travaillent dans le secteur nucléaire sont complices de cette hystérie antinucléaire en disant en substance : « Oui, il s'agit d'une technologie extrêmement dangereuse, mais nous, ingénieurs héroïques, vous protégerons d'elle. » C'est d'ailleurs faux, puisqu'on ne peut pas protéger totalement qui que ce soit du nucléaire, comme de tant d'autres choses. Pourtant, le nucléaire civil a provoqué bien moins de dégâts que les autres sources d'énergie.
Mais il y a eu Tchernobyl et Fukushima...
On estime à deux cents le nombre de morts par radiation provoquées par Tchernobyl. Fukushima, c'est zéro mort. Donc le nucléaire civil a provoqué la mort de deux cents personnes en quatre-vingts ans ! En revanche, il y a de nombreux morts provoqués par la peur du nucléaire. Un nouveau livre sur Tchernobyl montre comment les docteurs en Ukraine et en Biélorussie ont proclamé que les irradiations avaient eu des conséquences sanitaires diverses et variées sans pouvoir lier ces conséquences aux radiations nucléaires. Les enfants naissent parfois avec des difformités ; pareil pour les fleurs, pas seulement autour de Fukushima ! C'est une réalité que personne n'a envie d'entendre : la nature fait des erreurs sans notre aide, 30 % d'entre nous ont ou auront des cancers. Alors que notre monde aujourd'hui est bien plus sûr que par le passé, nous projetons nos angoisses notamment sur le nucléaire. L'écart entre la perception du nucléaire et sa réalité est plus vaste que sur n'importe quelle autre technologie dans le monde.
EDF n'est absolument pas intéressé par le fait de construire des centrales chez ses voisins européens ! C'est un scandale.
La pollution atmosphérique à Paris tue autour de 2 500 personnes par an.…
L'OMS estime à trois millions par an le nombre de morts provoquées par la combustion de biomasse et quatre millions celles provoquées par la combustion d'énergies fossiles tous les ans, là où les centrales nucléaires ne dégagent aucune pollution atmosphérique sous forme de fumée. Si vous allez à Delhi, en Inde, la pollution est tellement importante qu'avant de vous tuer, elle vous fatigue, vous donne des migraines, de l'asthme… Les habitants d'Europe ne comprennent pas l'amplitude de la pollution atmosphérique en Asie ou en Afrique aujourd'hui. À l'inverse, le nucléaire a sauvé autour de deux millions de personnes en ne brûlant pas d'énergies fossiles, selon deux scientifiques de l'université de Columbia, James E. Hansen et Pushker Kharecha. Mais nous ne nous en rendons pas compte. L'industrie a fait des erreurs dans sa communication, mais il y a aussi eu un lobbying intensif de l'industrie des énergies fossiles contre le nucléaire.
Et puis il y a cette volonté d'un « retour à la nature » qu'on ne croit possible qu'à travers les énergies renouvelables, ce qui favorise le « greenwashing » des énergies fossiles. Car, dans les faits, les énergies renouvelables préservent mieux l'utilisation d'énergies fossiles que l'environnement ! On a toujours su que le solaire ou l'éolien ne pouvaient pas remplacer les énergies fossiles. Seul le nucléaire, comme le montrent la France et la Suède, a la capacité de remplacer les énergies fossiles efficacement, tout en décarbonisant la production énergétique. Il suffit d'ailleurs de comparer la France à l'Allemagne. Si un pays pouvait faire fonctionner les énergies renouvelables comme solution viable de remplacement des énergies fossiles, c'était bien l'Allemagne. Aucun autre État n'est capable d'investir 500 milliards d'euros, soit une augmentation de 50 % du coût de l'électricité, tout en étant incapable de décarboniser plus de la moitié de sa consommation d'énergie !
Il est prévu en France de diminuer la part du nucléaire dans la production électrique à 50 % d'ici à 2035 : comment expliquer qu'un pays qui bénéficie autant de l'énergie nucléaire prenne ce genre de décision ?
Ce complexe psychologique existe dans beaucoup de pays. Seules la Russie et la Corée du Sud sont moins touchées, car elles ont une industrie nucléaire fermement contrôlée par un État nationaliste et discipliné. Même en France qui est sans conteste la meilleure réussite nucléaire, l'industrie nucléaire a ainsi été victime d'arrogance, de vanité, d'apathie et d'un manque d'intelligence émotionnelle et sociale. J'étais en Belgique et aux Pays-Bas avec des responsables politiques. Ils m'ont dit qu'ils n'avaient jamais rencontré quelqu'un de chez EDF. Je leur ai demandé : « Si vous voulez construire des centrales nucléaires, préférez-vous faire appel axu Russes, aux Chinois ou aux Français ? » « Les Français », ont-ils bien évidemment répondu. Mais EDF n'est absolument pas intéressé par le fait de construire des centrales chez ses voisins européens ! C'est un scandale. Je ne suis pas certain qu'Emmanuel Macron soit au courant d'une telle incompétence et d'un tel manque d'initiative chez EDF.
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Mais que faites-vous des déchets nucléaires, qui peuvent être radioactifs pendant des millions d'années ?
Mais ce sont les meilleurs déchets possibles ! Ils représentent une quantité minime, et cela n'a jamais fait de mal à personne. On ne s'inquiète pas pour les autres types de déchets qu'on laisse en nombre bien plus important dans la nature. Comment se fait-il qu'on va laisser des panneaux solaires toxiques être démantelés par des enfants africains ou asiatiques, comme c'est le cas avec nos vieux téléviseurs ou tous nos déchets électroniques, les exposant ainsi à la poussière toxique de métaux lourds ? Pourquoi laisse-t-on se former des îlots de plastique dans les océans ? Pourquoi personne ne s'émeut-il des décharges géantes ? Et en même temps, il ne serait pas possible d'avoir un entrepôt aussi petit qu'un terrain de basket, comme c'est le cas avec tous les déchets nucléaires produits par la Suisse en quarante-cinq ans... C'est insensé ! La seule explication à tant d'irrationalité, c'est l'impact psychologique de la bombe nucléaire. La plupart des éléments qui figurent sur le tableau périodique sont toxiques et présents dans la nature, mais les gens n'en ont pas conscience.
La bombe nucléaire a été la plus grande force pacifique que le monde ait jamais connue
N'y a-t-il pas un lien entre nucléaire civil et nucléaire militaire ? Un pays avec des centrales est aussi souvent un pays qui possède ou est désireux de posséder des armements nucléaires...
Mais qui sommes-nous, nous les Américains et les Français, pour dire que les Iraniens ou les Coréens du Nord ne devraient pas avoir la bombe ?
Le monde serait plus dangereux si tous les États avaient la bombe...
Dans ce cas, pourquoi la France ne se déleste-t-elle pas de son armement nucléaire ? Imaginons que votre pays se débarrasse de tout son arsenal nucléaire, ce qui est évidemment parfaitement irréaliste sachant qu'on peut cacher une tête nucléaire dans une piscine sans qu'elle soit détectée. Et imaginons qu'après, la France se retrouve en guerre. Quelle est la première chose que vos militaires feraient alors ? Relancer un programme nucléaire pour obtenir à nouveau la bombe. Tous les experts savent cela depuis 1946. Le mouvement antinucléaire est un mouvement idéologique, d'ailleurs largement financé par l'Union soviétique pendant la Guerre froide. Mais dans l'histoire, il n'y a jamais eu la possibilité de se débarrasser d'un type d'armement. Il n'y a donc aucune chance que cela arrive. En revanche, le vrai risque est que les États-Unis fassent quelque chose d'insensé, comme envahir l'Iran ou la Corée du Nord. Nous l'avons déjà fait avec l'Irak au prétexte de les empêcher d'obtenir des armes de destruction massive, et on a vu les conséquences sur les populations civiles. Regardez aussi le conflit entre l'Inde et le Pakistan, qu'on présente comme une menace pour la planète. Est-ce vraiment une guerre ? Les dernières tensions ont fait dix morts pakistanais et une quarantaine chez les Indiens suite à un attentat suicide dans le Cachemire. Et après cela, ils se font la guerre comme si c'était du théâtre kabuki. Chacun a abattu un ou deux avions du camp opposé, puis les deux pays se sont dit des choses horribles pendant une semaine ou deux. Mais chacun sait qu'il n'y aura pas de vrai conflit entre l'Inde et le Paskistan. La bombe nucléaire a été la plus grande force pacifique que le monde ait jamais connue. C'est une révolution technologique qui est en train de mettre un terme aux grands conflits.
Mais si des terroristes s'emparent d'armes nucléaires ?
Il n'y a aucun spécialiste des armes nucléaires crédible au monde qui pense que l'Iran pourrait transmettre la bombe à des terroristes. Pourquoi le régime iranien ferait-il cela ? Tous les États au monde sont dans une sorte de complot entre eux, qu'importe leurs animosités, afin que les armes nucléaires ne puissent pas se répandre dans les sociétés civiles. C'est peut-être la plus importante des priorités internationales depuis 1945. Mais envisageons l'hypothèse dans laquelle Daech aurait pu mettre la main sur la bombe. Dans ce cas, pourquoi l'État islamique l'aurait-il utilisée ? Ils auraient seulement fait un essai dans le désert pour montrer qu'ils possèdent l'arme nucléaire et qu'ils sont ainsi un État souverain. Il faut surmonter une grande dissonance cognitive pour comprendre que l'objet le plus dangereux jamais conçu dans l'histoire a au final rendu le monde meilleur.
Mais pour en revenir au nucléaire civil, l'électricité et le chauffage ne représentent qu'environ un quart des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Même si on suit vos arguments, le nucléaire ne peut donc être une solution miracle...
Toutes les énergies fossiles qui doivent être remplacées peuvent, et proviendront bientôt du nucléaire. Les énergies renouvelables n'en seront pas capables. Il y aura bien sûr une longue transition énergétique. L'électricité sera la première à être décarbonisée grâce au nucléaire, avant les transports avec d'abord les trains, comme c'est le cas en France ou au Japon, puis les voitures électriques. En France comme en Suède, le chauffage est déjà électrisé grâce au nucléaire. Et pour les avions, vous pouvez très bien avoir un carburant sans émissions de gaz à effet de serre, avec la propulsion nucléaire thermique ou même l'électricité.
N'est-ce pas plus simple de changer nos modes de vie ?
Qui voudrait sérieusement vivre dans une société décroissante ? Emmanuel Macron a essayé d'augmenter légèrement le prix du carburant avec sa taxe carbone, et on a vu le résultat avec les Gilets jaunes. Personne ne désire réellement moins de croissance, si ce n'est quelques universitaires de la Sorbonne (rires). C'est ridicule ! C'est le discours de riches malthusiens dans des pays fortunés qui promeuvent la pauvreté pour les autres, de façon que ceux-ci n'atteignent pas leur niveau de vie. C'est la même logique utilisée dans les discours alarmistes sur la surpopulation, avec l'idée que les autres devraient avoir moins que moi.
Greta Thunberg souhaite imposer un Moyen Âge économique
Mais puisque vous défendez le progrès, pourquoi l'innovation technologique ne rendrait-elle pas les énergies renouvelables plus efficaces ?
On peut bien sûr agrandir les éoliennes, et elles tueront encore plus d'insectes, de chauve-souris et d'oiseaux. Pour des raisons physiques évidentes, les énergies renouvelables sont limitées. Le vent ne soufflera pas plus fort et le soleil ne brillera pas plus souvent. Il faut 450 fois plus de surface pour générer la même énergie dans une ferme solaire en Californie qu'avec une centrale nucléaire. Or je croyais qu'on essayait justement de préserver la nature et l'environnement ! Le dystopique Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve – un très bon film – s'ouvre d'ailleurs symboliquement sur des champs de panneaux solaires en Californie.
Que pensez-vous de l'adolescente suédoise Greta Thunberg qui explique que nous devons radicalement changer notre système pour éviter la catastrophe écologique ?
Ce que ces gens réclament n'a rien à voir avec le changement climatique ! Ce qu'ils veulent, c'est du pouvoir social. Greta Thunberg veut qu'on devienne tous végétariens, qu'on arrête de se déplacer en avion, et qu'on abandonne même notre système politique. J'apprécie sa passion. Mais elle souhaite imposer un Moyen Âge économique. Tout ça est très juvénile. C'est une façon de se sentir puissant, et c'est pour cela que les jeunes sont si attirés par les extrêmes. Si Greta Thunberg voulait vraiment trouver une solution au réchauffement climatique, elle demanderait au monde entier de suivre l'exemple de son pays, la Suède, en matière de nucléaire. Tout ça est une posture postmoderniste. Le vrai problème, c'est qu'en réaction, vous avez des Gilets jaunes dans les rues et des partis conservateurs climatosceptiques en plein essor partout dans le monde. Cette gauche qui souhaiterait tous nous transformer en végétariens ne représente qu'une petite minorité.
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Source: Le Point - Actualité
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antikorg · 4 years
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"C'est l'effondrement de l'industrie nucléaire qui entraîne le repli du mouvement antinucléaire"
“C’est l’effondrement de l’industrie nucléaire qui entraîne le repli du mouvement antinucléaire”
le 06/08/2020
[Observatoire du nucleaire] Réponse au Monde : “C’est l’effondrement de l’industrie nucléaire qui entraîne le repli du mouvement antinucléaire”
OBSERVATOIRE DU NUCLÉAIRE <[email protected]
C’est l’effondrement de l’industrie nucléaire qui entraine le repli du mouvement antinucléaire
Réponse à l’ “article” (ou plutôt au plubli-reportage pronucléaire) du Monde du…
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