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#archeologueencolere
archeoenlutte · 1 year
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On sort des sites et on les mets dans des caisses
Vous parlez de perte de sens dans une des dernières questions, mais ne l'abordez pas au cours du questionnaire. C'est dommage, car comme beaucoup je pense que, dans ce métier, je suis prêt à endurer pas mal. le travail étant difficile en particulier pour le préventif qui nous emploie le plus. Cette perte de sens est importante pas tant par des conditions matérielles que par la pression constante qui est mise allant du RO au technicien et dont la source est la rentabilité demandée. Il faut en faire toujours plus avec le moins de temps et le moins de monde possible. Pour la plupart des chantiers, on est passé de préventif des années 2000 à un retour au sauvetage, sans que les SRA ne puisse défendre les intérêts scientifiques et patrimoniaux. Je ne parle même pas du temps pour publier et diffuser des travaux qui peuvent être importants, sans que du temps n'y soit réellement accordé. Cela donne l'impression que l'on sort des sites, que l’on les mets dans des caisses et que tout cela se retrouve dans des rapports que personne ne lit et dans des dépôts où plus personne n'a le temps d'aller.
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archeoenlutte · 1 year
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Les "oubliés" de l'archéologie
Juste une petite remarque sur les “oubliés” de l'archéologie : les diagnostiqueurs. Métier invisible, absence de reconnaissance, pas d'espoir de promotion…Alors que ce sont eux qui avec un bon rapport peuvent déclencher une prescription. Le rapport de diagnostic est le seul document qui est soumis au contrôle, en cas de fouille du site.
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archeoenlutte · 1 year
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Obligation de donner une domiciliation fictive
Le problème majeur est finalement l'obligation de donner une domiciliation fictive pour maximiser ses chances de travailler tout au long de l'année. Nous avons tous conscience qu'il faut être mobile en archéologie pour enchaîner les CDD mais ce mode de calcul à partir de la résidence principale nous empêche de postuler à bon nombre d'emploi, si peu d'emploi dans la région où l'on vit. Un vrai casse tête. Trop de précarité dans le métier, pas de situation stable pour prendre un appartement en location car pas de CDI ou pour un prêt immobilier. Difficile de mener une vie personnelle stable particulièrement pour les CDD.
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archeoenlutte · 1 year
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Recours à plusieurs employeurs pour "combler les trous"
Je suis contractuel en archéologie préventive et amené donc à travailler ou postuler auprès de différents opérateurs afin de pouvoir travailler une année complète. Certains opérateurs utilisent un système de carences (dans mon cas 10 mois travaillés et 2 mois de carence) qui fragilisent encore plus le statut de contractuel et nécessite le recours à plusieurs employeurs pour "combler les trous". Ça m'est donc déjà arrivé de recevoir une proposition de contrat alors que j'étais en carence pour une période dépassant la carence sans possibilité de l'accepter ou de faire repousser la date de contrat, tout étant par la suite baladé un certain nombre de mois (5-6) par des reports de début de contrat successifs. Ces deux exemples illustrent, selon mon interprétation, une certaine gestion des ressources humaines proche de celle des ressources matérielles : l'employé, contractuel mais peut-être titulaire également, est un élément qui peut être affecté à une opération, ou y être échangé, retiré ou repoussé selon les besoins économiques, administratifs ou légaux.
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archeoenlutte · 1 year
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Les employeurs se cachent derrière le «  métier passion »
La médiation archéologique est encore plus dévalorisée que l'archéologie. Les archéologues nous prennent souvent de haut alors que j'ai fais les mêmes études qu'eux pour la plupart, et le public me prend encore pour une étudiante après 7 ans d'expérience en médiation. C'est un métier où l'on doit être présent les weekends et jours fériés, oublier nos vacances d'été et être toujours à fond et aimable car on reçoit du public. Les conditions de travail sont à mon sens compliquée pour la vie sociale privée. Nous sommes aussi carrément sous-payés. Aussi bien pour la médiation que l'archéologie les employeurs se cachent souvent derrière le "métier passion" et imposent des choses non concevables sous couvert de cette fameuse passion.
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archeoenlutte · 1 year
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L'université s'est demandé si elle allait payer les vacataires
En raison du confinement l'université s'est demandé si elle allait payer les agents vacataires d'enseignement, considérant que les heures n'avaient vraisemblablement pas été faites, alors que nous sommes nombreux à avoir travaillé deux fois plus pour assurer la continuité pédagogique… malgré un salaire misérable (41,40€/heure d'enseignement, reconnue comme correspondant à 4h de travail, soit 10,35€/h effective). L'université a finalement prévu de nous payer (3 à 4 mois après le service fait dans mon cas, qui fait partie des chanceux·ses).
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archeoenlutte · 1 year
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J'étais depuis "blacklisté"
Je n'ai plus jamais été contacté par une entreprise privée, pour laquelle je travaillais pourtant depuis plusieurs années, pour avoir soulevé des problèmes liés aux défraiements de transports (véhicule personnel) alors que je travaillais à plus de 50 km de mon domicile. J'ai appris par un CDI de cette entreprise que j'étais depuis “black listé” par le responsable d'agence, simplement pour lui avoir demandé de respecter la loi et les termes de mon contrat d'embauche.
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archeoenlutte · 1 year
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J'ai perçu une réelle dégradation de nos conditions de travail
Cela fait 10 ans que je suis en archéologie (sortie de la fac) et j'ai constaté beaucoup trop de départs et j'ai perçu une réelle dégradation de nos conditions de travail en tant que CDD et maintenant en CDI.
De plus, environ 60% de ma promo de Master Pro a quitté le secteur. Ce phénomène semble s'expliquer par le fait d'utiliser les gens comme des fouilleurs interchangeables et de ne pas de les intégrer à un processus d'évolution et de les appliquer aux différentes tâches du métier.
Tant que la main d'oeuvre CDD restera une variable d'ajustement pour permettre à l'archéologie préventive de tourner, les gens se feront pressés comme des citrons et la plupart quitteront le métier dégoûtés et physiquement diminués.
Personnellement, j'ai eu la chance de ne pas vivre trop d'expériences négatives durant ces 10 années de pratique. Ce n'est malheureusement pas le cas de tout me monde. J'aimerai bien qu'un jour, on s'intéresse au pourcentage de personnes quittant le secteur de l'archéologie préventive les 10 ou les 5 premières années suivant la sortie de la fac. Il risque d'être révélateur….
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archeoenlutte · 3 years
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Des séminaires d’archéologie réservés aux hommes ?
Nous voyons passer depuis quelques mois des annonces de séminaires en archéologie où les intervenants sont uniquement des hommes. Pourtant notre discipline est dans l’ensemble plutôt paritaire, même si évidement les hommes sont plus nombreux lorsque l’on monte dans la hiérarchie.
Liberté académique, liberté scientifique direz-vous ! Liberté d’inviter qui l’on veut en fonction de la qualité des travaux et pas du genre ni de la couleur de peaux… Pitié ne faisons pas comme en Amérique avec ces stupides quota !
Justement si nous ne voulons pas de quotas imposés par le haut prenons les choses en main. Essayons de faire attention, forçons-nous à ne pas céder à la facilité en invitant la personne en vue qui serait incontournable. Essayons-nous à une certaine discipline en diversifiant et multipliant les voix, en termes de genre, d’âge, de parcours, la science n’en sera que meilleure !
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archeoenlutte · 3 years
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Il faut avant tout écouter les paroles étudiantes
Les témoignages de la souffrance des étudiants-es se multiplient ces dernières semaines et pour une fois sont relayés dans les médias et entrent même dans l’hémicycle. Si évidement la fermeture des universités liée au covid accentue les difficultés des étudiants-es, d’autres raisons ne doivent pas être éludées. Je suis enseignante en archéologie et je constate comme mes collègues que ces souffrances ne sont pas nouvelles. Se limiter à expliquer les raisons de cette détresse étudiante par l’absence de relation sociale entre étudiants et avec les enseignants contribue à invisibiliser les autres problèmes. On aurait affaire à une sorte de mélancolie de la jeunesse, passagère, liée à l’isolement, que la réouverture des universités et la multiplication des dispositifs d’aide psychologique pourrait résoudre. Or, les étudiants ne constituent pas une catégorie homogène, et ne vivent pas non plus dans une bulle extérieure au reste du monde social, ils sont à la fois acteurs, en participant ou en condamnant les mouvements sociaux et plus ou moins victimes des réformes selon leur situation, leur condition, etc.
Parcoursup a déjà beaucoup abimé les étudiants, contraints à émettre plusieurs mois avant le bac des vœux motivés et finalement éparpillés par l’algorithme dans des formations qu’ils n’avaient pas vraiment choisies et dont ils ne pourront finalement pas vraiment sortir, à moins de repasser par le dispositif…
L’expérience de l’université n’est pas non plus toujours aussi romantique qu’on l’imagine, précarité économique, problèmes de logement, relation de dépendance avec la famille, nécessité de rattraper les cours quand on est salarié, etc. Mais c’est aussi un espace qui n’est pas exempte de violences, qui existent aussi ailleurs, humiliation des enseignants, compétition, sexisme, racisme, transphobie, manque de prise en compte des étudiants handicapés, mépris social… Et les problèmes structuraux de l’université, dénoncés depuis longtemps, touchent en premier lieu les étudiants : amphis bondés, absence de suivit d’une année sur l’autre, en partie lié au recrutement massif d’enseignants et de personnels administratifs précaires, surcharge de travail des enseignants titulaires, locaux insalubres, manque de matériel, etc.
L’autre grande source d’angoisse que je constate chez les étudiants, et c’est peut-être dans ce domaine que nous sommes les plus informés, puisqu’ils nous en parlent c’est la « peur de l’avenir ». La réforme du chômage et la Lpr sont probablement en archéologie ce qui a le plus contribué au stress des étudiants-es, exacerbé par leur absence de traitement dans les médias (à la hauteur de l’enjeu en tout cas). La baisse des recrutements pérennes à la fois dans l’archéologie préventive et dans la recherche et l’enseignement supérieur leur offre bien peu de perspective. Et à court terme, les nouvelles mesures prévues par l’allocations chômage ne leur permettra même plus de vivre en enchainant les petits contrats dans l’archéologie préventive. Que vont-ils faire ? Pourquoi les former ?
Il est difficile et même déplacé de parler à la place des autres et je pense qu’il faut avant tout écouter les paroles étudiantes. Mais considérer leurs problèmes comme uniquement liés à la perte passagère de leur petit boulot ou à leur envie de faire la fête c’est nier leur place dans la société et leur rôle politique.
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archeoenlutte · 4 years
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Je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable dans un chantier
Pendant mon master, j'ai du réaliser des expérimentations. J'ai rencontré un chercheur qui était intéressé par mes travaux et qui m'a proposer de venir les réaliser sur son chantier pendant la période de post fouille. Au début tout allait bien !
Je suis arrivée sur le chantier au sein d'une équipe agréable de stagiaires. Étant un peu nerveuse de devoir mener des expé pour la première fois et devant des étudiants, j'ai essayé de montrer que je pouvais prendre des initiatives. En préparant mes expé qui devaient se dérouler la semaine suivante, plusieurs stagiaires sont venus me poser des questions auxquelles j'ai tenté de répondre au mieux et je me suis mise à bricoler différents outils dont nous aurions besoin. C'est à ce moment que j'ai senti le chercheur se crisper. J'ai demandé aux stagiaire de retourner à leur post fouille pour l'apaiser. 
Le soir même  c'était l'anniversaire d'une des fouilleuse (que je connaissais auparavant). On a tous un peu bu et la soirée s'est prolongée. Vers 1h du mat, je me sentais un peu plus à l'aise et j'ai lancé une blague au chercheur. Rien de méchant, juste une remarque sur la musique qu'il mettait. Et la il a pété un câble ! Il ma dit qu'on était pas pote et s'est barré furieux.
Je me suis senti hyper mal et je suis aller me coucher. Le lendemain au petit dej, je suis allé lui dire bonjour pour prendre la température et il semblait calmer. Mais juste après, devant tous les stagiaires, il m'a demandé de le suivre pour qu'on parle. Il m'a ensuite passé un savon pendant 30mn sur le fait que je l'avais vexé et manqué de respect, que je n'étais pas indispensable et qu'il pouvait me virer, que je prenais mes libertés avec les stagiaires et que je ne devais pas leur donner d'ordre (jamais fait ca). Il m'a alors dit que les stagiaires s'étaient plaint de moi que j'étais hautaine et vantarde. Je me suis écrasée et excusée au moins 20 fois. J'ai essayé de m'expliquer mais ça l'énervait plus qu'autre chose alors j'ai arrêté. Il est parti et je me suis a pleurer, ultra choquée. Je voulais juste bien faire… les stagiaire sont venus me voir et je leur ai demander si je leur avais manqué de respect et je me suis excusé. Ils m'ont tous dit qu'ils ne s'étaient jamais plaints au chercheur. Qui ment, je ne le saurais jamais à 100%. 
J'ai fait mes expe la semaine suivante en ne parlant presque jamais de peur de l'énerver. J'ai appris qu'il avait envoyer un message à mon tuteur de master pour dire que mon comportement était inacceptable. En une semaine, j'ai du dire en tout 10 phrases… a la fin de la semaine, il est revenu me voir pour me dire qu'il était fier de moi, que j'avais appris ma place et que mon comportement était bien meilleur. Je n'ai pas insisté et je lui ai dis tant mieux que ça se finisse bien. 
Mais sincèrement, je ne me suis jamais senti aussi mal. J'avais l'impression de devoir surveiller chacune de mes paroles de peur qu'il ne me hurle encore dessus. Il a passé ses nerfs sur d'autres gens cette semaine et je ne voulais pas renouveler l'expérience. Et qu'après il me dise que ce qu'il attendait de moi c'était une potiche muette et soumise  ca m'a mis hors de moi. Je ne me suis jamais senti aussi vulnérable dans un chantier. 
Et maintenant, il travaille dans mon labo. A chaque fois que je le vois, je me tais et je baisse la tête. J'aimerais lui dire ce que je pense mais je sais qu'il pensera que je ne suis qu'une petite conne (mots qu il a utilisé pour parler de moi a mon tuteur). Je sais qu'il a parlé de moi a nos collègues en mal. Et je sais qu'il est depuis des années dans l'équipe et qu'entre sa parole et la mienne, c'est dans parole qu'on écoutera.
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archeoenlutte · 4 years
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Le revers de la médaille n'est pas des plus reluisant
J'ai commencé à travailler dans le domaine préventif il y a quelques années. Je dirais que les débuts se sont bien déroulés, j'ai eu la chance de trouver régulièrement des emplois, et des contrats parfois longs pour rester dans la même structure. C'est toujours le cas, et j'estime avoir un peu de chance sur cet aspect. Toutefois, le revers de la médaille n'est pas des plus reluisant et je vais m'efforcer de planter le décor de notre activité, tel que je le vois. 
Je parle ici des services archéologiques de collectivités territoriales, structures que je connais le mieux pour y avoir travaillé ou pour avoir eu nombre de collègues contractuels évoluant auprès de ce type d'employeurs. 
Les contraintes varient fortement, mais j'ai pour ma part, observé que d’emblée la question du logement est un problème récurent. En effet, concernant les services archéologiques rattachés à des collectivités territoriales, l'obtention d'un logement de service durant la période d'embauche est quasi impossible, et il n'y a pas de subside de prévu pour aider le contractuel à se loger décemment. Je me retrouve donc à payer deux logements, ma résidence fiscale et un second “pied à terre” proche de mon lieu de travail. 
Compte-tenu des salaires - relativement faibles, allant du smic à vaguement 1800 euros pour un technicien suivant l'employeur, avec une ancienneté rarement prise en compte - cela a pour conséquence de réfréner au départ nombre de collègues. Quand ceux-ci le font, ils n'ont pas ou peu d'argent pour rentrer régulièrement chez eux. Par ailleurs, il faut se trouver un logement dans des villes ou en campagne, et bien sur un logement décent, ce qui est souvent loin d'être évident. Chacun sait la pression au logement dans certaines zones de notre pays, pour louer un bien, chacun sait la somme de papiers et justificatifs en tout genre pour obtenir “l'immense privilège” d'occuper quelques mètres carrés à l'année quelque part. Dans ce contexte, je vous recommande d'essayez de vous loger pour une durée de quelques semaines ou de quelques mois face à des propriétaires ne recherchant que de “bons” locataires à l'année - et avec un “bon” salaire, en CDI (rappel : je suis contractuel comme la majorité écrasante de mes collègues). Votre employeur ne vous aidera pas mais exigera, comme de juste, que vous soyez présent rapidement sur votre lieu de travail - souvent sans vous faire signer de contrat avant la prise d'activité et sans proposition de prise en charge pour votre premier déplacement à plusieurs centaines de kilomètres de chez vous. 
Des contrats courts de 2, 3 mois, dont on sait souvent à l'avance qu'ils seront renouvelés plusieurs fois compte-tenu de l'activité du service archéologique, mais que l'employeur maintiendra avec acharnement en contrat court reconductible,peut-être pour maintenir une vague pression qui n'a aucun sens. Un contrat de travail réclamé bien entendu par le bailleur. Bon courage… 
Les conséquences à cette question de la mobilité géographique sont simples. La vie de couple vacille, l'environnement amical s'étiole et s'ensuit le cortège classique du développement de pathologies d'ordre psychologiques (anxiété, dépression), du développement d'addiction en tout genre (drogue, alcool) et au final d'un changement d'orientation. Encore faut-il que les gens se rendent compte à temps du problème, car l'usure mécanique contribue - encore un facteur d'usure - à fortement restreindre les possibilités de ré-orientation au bout d'un certain âge. 
Pour ma part, si je tiens, pour le moment, par habitude et conviction pour l'utilité de mon métier, celui-ci a malheureusement entraîné sur moi-même des problèmes de santé divers.
Je pense que la nécessité que je ressens de travailler dans l'archéologie préventive ne doit pas occulter qu'il faut avant tout travailler pour son épanouissement personnel. Les conditions d'embauche - qui ne prennent pas en compte nos besoins personnels, je dirais même que les employeurs semblent savamment ignorer - contribuent à faire disparaître les acteurs de ce métier, de gré ou de force. Car si l'exercice du métier d'archéologue peut contribuer à cet épanouissement personnel, les conditions réelles de travail peuvent vite détruire des vies et faire disparaître toute trace de cet épanouissement. C'est ce que je vois depuis des années auprès de certains de mes collègues, sans évolution positive des choses. 
Par ailleurs, les dotations en équipement sont elles aussi variables, et il n'est pas rare de devoir s'équiper soi-même (une paire de chaussure de chantier digne de ce nom coûte rarement moins de 100 euros, une parka d'hiver 150 euros, polaires, pantalons de chantiers renforcés etc.). 
Ces éléments devraient nous interroger collectivement sur la valeur portée à notre travail, à la perception que les responsables d'unités archéologiques territoriales et leur hiérarchie ont des contractuels qui, de fait, font de gros efforts de façon systématique pour aider un service archéologique a faire une fouille, donc à faire rentrer de l'argent, et à justifier de son utilité auprès de son autorité de tutelle - car un service archéologique territoriale qui ne fait pas rentrer d'argent régulièrement représente juste une charge pour la collectivité… Mais de quels efforts s'agit-il ? Il s'agit du travail sur le terrain, dans des délais relativement courts, quelque soient les conditions climatiques. Il s'agit du travail en bureau, quand il faut traiter des données, parfois sans poste de travail attitré (ce qui nécessite de naviguer entre les bureaux parfois vides de leur occupant employé sur le terrain, ou dans certains cas de figure à utiliser son propre ordinateur). Mais aussi, et je dirais à égalité, un archéologue doit faire l'effort de se déplacer, loin des siens, pendant des semaines - à minima - faute d'avoir l'argent et les temps de transports décomptés sur son temps de travail, ce qui entraîne de forts dégâts psychologiques sur nombres de collègues. 
Visiblement, les personnes en CDI ou titulaires de la fonction publique qui rentrent chez eux tous les soirs ne comprennent pas particulièrement l'utilité - pour les autres - d'entretenir une vie sociale et affective de qualité. Pour autant, il semble nécessaire de leur rappeler que ces éléments sont indispensables à nos équilibres personnels et à l'exercice de notre discipline, si passionnante soit-elle. Et que cela ne constitue en aucun cas un aspect négociable de nos vies… 
Enfin, je constate qu'il est très compliqué de travailler sur des programmes de recherche fondamentale. Nombres d’entre nous aimeraient s'investir sur des thématiques portées par des universités ou le CNRS dans le cadre de programme pluriannuels de recherche, mais malheureusement, nos déplacements fréquents rendent la tâche ardue. Pourtant, cela constitue un autre facteur d’épanouissement personnel et cela à du sens. Épanouissement, car cela permet de remettre sa façon de travailler en perspective, cela produit une émulation intellectuelle entre des collègues n'évoluant pas dans les mêmes structures de tutelle. Sur cet aspect particulier, les aller-retours entre le terrain et les laboratoires sont riches d'apports respectifs (méthodologiques comme interprétatifs) et représentent donc une nécessité absolue pour l'évolution - dans le bon sens - de notre discipline. Du sens, car il ne faut pas oublier que nous sommes avant tout des chercheurs, et que vouer sa carrière à extraire des données du terrain sans participer à des programmes d'exploitation de celles-ci n'a justement… aucun sens.
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archeoenlutte · 4 years
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Diplômée en archéologie mais ne finira pas archéologue
En stage en archéologie en Martinique, j'ai eu à faire à un chef de chantier des plus abjectes. Infantilisation, cris envers ma personne, blessure non prise au sérieux (à cause de cela mes nerfs sont gravement endommagés, j'envisage une opération), racisme, moquerie et non respect des autres fouilleurs envers moi, alors que j'étais la plus âgé du groupe. J'ai fini par quitter le chantier avec une réputation de filles fragile et de voleuse. Mais ce n'est pas tout, j'ai pu trouver un autre stage, mais bizarrement, j'ai eu affaire aux mêmes accusations et à la même attitude irrespectueuse des fouilleurs. J'ai vite compris que le chef de chantier de mon 1er stage m'avait fait une mauvaise réputation. 
Aujourd'hui, j'ai décidé de quitter l'archéologie car personne même pas mon université n'a bougé contre ces individus. Nous savons que la réputation dans le milieu est primordiale, la mienne a été foutu par un abruti que je soupçonne fortement, d'avoir des relations intimes avec des étudiantes désireuses de valider leur mémoire ou thèse.
Triste.
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archeoenlutte · 4 years
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Dans mes deux stages, je ne me suis vraiment pas sentie respectée
Je suis étudiante en L3 Archéologie à Paris I Panthéon-Sorbonne. Pour valider notre licence, la fac nous oblige à réaliser deux stages de 3 semaines entre la L1 et la L2 puis entre la L2 et la L3. Étant étudiante salariée, trois semaines de mes congés payés (ou non) partent pour ce stage, le reste…pour les partiels. 
J'ai pu postuler à ces deux stages suite à la liste des chantiers de fouilles que le ministère de la Culture donne chaque année. 
Pour mon premier stage de 3 semaines, j'ai dû payer 200€ environ pour la nourriture : j'ai dû payer pour réaliser un stage que la fac m'oblige à faire. J'ai envoyé la facture au CROUS, car je suis boursière, en demandant une aide spécifique ponctuelle : refusée.Durant ce stage, nous n'avions qu'un jour de repos, et nous étions à environ 50h de travail par semaine. 
Pour mon deuxième stage, les 35h étaient respectées, mais les jours de repos la nourriture n'était pas prise en charge : si tu veux manger tu dois fouiller. Nous avions trois toilettes et deux lavabos pour 60 personnes, les douches et magasins se trouvaient à 5km du site. Evidemment rien n'était précisé dans l'annonce. 
Dans mes deux stages, je ne me suis vraiment pas sentie respectée : nous n'étions que des bras pour piocher, fouiller, il faut aller vite et ne pas poser de questions. On ne nous explique pas ce qui se passe, pourquoi il faut faire ça, comment avance la fouille etc. … En plus de cela, dans mon deuxième stage je me suis réellement sentie mal à l'aise car il y avait un sexisme et racisme profond en particulier de la part du responsable du chantier, mais personne ne disait rien par peur et si tu osais dire quelque-chose on te conseillait de te taire si tu voulais pas qu'il vienne “t'embêter”. 
Tous ces stages sont proposés par le Ministère de la Culture et la fac alimente ces conditions déplorables de stage en nous obligeant à en effectuer. 
Sinon, ma fac connaît des cas d'harcèlements et/ou d'agressions sexuelles par des professeurs archéologues depuis l'année dernière, et préfère payer des sécurités privées à Tolbiac plutôt que de mener une réelle politique contre le harcèlement, les agressions sexuelles et les viols (ou de payer correctement et donner des bonnes conditions de travail à ses personnels administratifs, vacataires, ATER, BIATSS par exemple). 
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archeoenlutte · 4 years
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Ma pire expérience de renvoi d'un chantier bénévole
J'ai participé à presque une vingtaine de chantier de fouille bénévole et j'ai donc été témoin à plusieurs reprises du renvoi d'un fouilleur ou d'un départ précipité. Je pense que ce sont des choses qui arrivent mais la manière dont les R.O. les gèrent peuvent être excellentes comme catastrophiques. 
Je me souviendrais toujours du renvoie d'une fouilleuse particulièrement violent. Cette fouilleuse était une étudiante et avait une convention de stage entre le R.O. et son université. La fouille se déroulait à l'étranger, dans la campagne profonde, à l'écart de toute ville ou village. La fouilleuse était déjà là depuis quelques semaines avant mon arrivée sur le chantier. Dès mon arrivée, j'ai senti qu'elle était exclue du groupe des fouilleurs (juste 6 personnes en comptant le R.O. et son numéro 2). N'ayant rien contre elle, j'ai un peu sympathisé avec elle même si je sentais qu'elle était réticente. Effectivement, j'avais remarqué qu'elle n'était pas très motivé pour travailler : elle ne voulait pas se lever tôt, pas porter de choses lourdes, etc. Mais en même temps, à sa place, si vous étiez sur une fouille où tout le monde vous rejette et parle dans votre dos, le R.O. en premier, que feriez-vous ? Parce que le R.O. prenait un malin plaisir à la stigmatiser devant tout le monde !
Au bout de 5 jours, le drame est arrivé. La fouilleuse devait rentrer en France le week-end et avait décidé de ne pas aller fouiller pour son dernier jour car elle avait mal au dos. Que son excuse soit vrai ou non, peu importe. C'était son dernier jour, elle était malheureuse et les autres ne l'intégrait pas. Quel mal à la laisser à la base faire du post-fouille ? Mais le R.O. ne l'a pas vu ainsi. Il s'est mis à lui hurler dessus d'un coup, là traitant de pauvre conne et autre jolis noms d'oiseau du même style. Je m'en rappelle car nous étions tous en train de prendre le petit déjeuner à 7h du matin quand nous l'avons entendus hurler à plein poumons sur elle. Nous sommes tous aller voir et la vision de cette fille en pyjama pleurant devant le R.O. qui l'insultait de manière incontrôlée m'a profondément choqué. Elle a essayé de s'expliquer mais ça n'a fait qu'empirer les choses. Et c'est là que le R.O. lui a dit de venir sur le chantier ou il l'a foutait purement et simplement dehors. Et, je pense dans un élan de rébellion, elle a dit qu'elle ne viendrait pas fouiller. Le R.O. a donc tenu parole, la forcé à monter dans sa chambre et à faire sa valise. Tous les autres fouilleurs ont fait comme si de rein n'était. J'était trop mal pour ne rien faire donc je les ai suivis et je suis allée dans la chambre où le numéro 2 du R.O. (un gars qui était embauché comme R.S. alors que son métier est artiste peintre) surveiller la fouilleuse faire sa valise tout en l'insultant. J'ai essayé de calmer le jeu en lui disant d'arrêter de l'insulter, que ça ne servait à rien mais j'avoue qu'à ce moment là, j'avais juste peur que ça me retombe dessus. Une fois les bagages finis, le R.O. et son numéro 2 nous ont forcé à monter dans le van qui faisait la navette du gîte au chantier. Je suis montée dans le van et j'ai vu cette fouilleuse en pyjama avec sa valise à 8h du mat’ sur le porche pendant que le R.O. fermé le gîte à clé en l'insultant encore un peu plus. 
Je tiens à rappeler que nous étions à l'étranger, perdus dans la cambrousse. J'ai appris par la suite en recontactant la fouilleuse qu'elle avait fait du stop jusqu'à la gare routière la plus proche pour se payer un billet de train vers la capitale. Elle a ensuite dormi à l'aéroport et pris son avion le lendemain. 
Dans le van vers le chantier, j'étais particulièrement silencieuse. Et c'est là que le R.O. s'est tourné vers moi et m'a demandé “et ben quoi ? pourquoi tu fais la gueule?”. Quand j'ai expliqué que c'était le renvoie le plus violent auquel j'avais assisté et que j'estimais que c'était dangereux d'abandonner quelqu'un comme ça sans ressources, le R.O. m'a répondu “non mais t'es arrivé sur le tard. Tu connais pas toute l'histoire. C'était vraiment une conne. C'est bon elle parle la langue locale elle va se démerder.”. 
J'avoue que j'étais là depuis 5 jours et je devais encore rester 4 semaines sur le chantier. Je n'ai donc pas insisté, surtout parce que j'avais vu l'ostracisme dont les autres fouilleurs et le R.O. avait fait preuve envers cette fouilleuse. J'avais juste peur d'être la prochaine sur la liste, et moi je ne parlais pas la locale ! Le reste de la fouille a été plus calme même si j'ai toujours senti que le R.O. ne m'appréciait pas plus que ça.  Avec le recul, je regrette de ne pas avoir ouvert la bouche. J'aurais du défendre mon opinion et surtout apporter mon soutien à cette fouilleuse. Tu peux être la pire fouilleuse et la pire conne du monde, le R.O. ne doit pas t'abandonner en pleine nature. Etre R.O. c'est avoir la responsabilité de la sécurité de tes fouilleurs. Etre R.O., ce n'est pas prendre parti dans les petites disputes mesquine des bénévoles et surtout pas stigmatiser une personne en particulier ! 
Voilà, je vous partage ce témoignage (un peu long désolée) parce que c'est une histoire qui m'a profondément marqué. Ce que j'essaye de partager ici, c'est un exemple d'abus de pouvoir dans un métier à la hiérarchie très marqué. En archéologie, un supérieur peut vraiment te faire du mal. Que ce soit par des pressions psychologiques ou morales, mais aussi en s'en prenant à ta réputation. C'est un très petit monde et les rumeurs peuvent faire beaucoup de mal. Si vous êtes à un poste à responsabilité, essayez de vous rappelez que vos moments de colère peuvent avoir de graves conséquences. 
J'espère juste que la prochaine fois où je serais témoin d'un abus de pouvoir, je réagirais mieux et je me ferais entendre.
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archeoenlutte · 4 years
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J'ai fini par craquer et changer de métier
J'étais anciennement archéologue. J'ai fait plusieurs masters en archéologie .  Les années à l'université ont été assez complexes, certains maîtres de stage sont assez colériques sur les chantiers notamment avec les filles, les conditions d'hygiène sommaires et les étudiants se battent pour obtenir la possibilité d'avoir un doctorat.  J'ai eu la chance de travailler par la suite dans des collectivités et même à l'INRAP. La situation est assez précaire, l'ambiance entre les CDD déplorables et le suivi par les CDI face aux CDD laisse grandement à désirer principalement sur les chantiers INRAP. Le burn out est apparu dans ce contexte, entre la pression de devoir fouiller toujours plus vite, parfois avec des sols contaminés et des passants laissant des préservatifs usagers ou allant directement uriner et plus sur le terrain, des gestes déplacés venant de quelques archéologues et des blagues sexistes, aucune aide sur certains chantiers des CDI (même si ils ne sont pas tous comme ça, il y a aussi des chefs d'une grande générosité et bienveillance) et des actes de violences gratuites mentales répétées entre les CDD pour savoir qui pourra rester sur le chantier. Bref une belle liste de soucis qui ont fait que j'ai fini par craquer et changer de métier bien que l'archéologie restera toujours une passion et un regret.
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