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#FinDramatique
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Au cœur de cette bourgade où les vaches sont plus réputées que les élus locaux, le Chalet-Fruitière de la rue des Désenchantées n’était pas qu’une fromagerie, c’était une institution. Avec sa façade ornée d’une plaque « 1907 », elle a traversé les époques avec la fierté du roquefort et l’arrogance du camembert au lait cru. Un jour, par un après-midi aussi morne que l'expression d'un huissier de justice, le drame s’est joué. Un malheureux concours de circonstances, que certains attribuent à la rébellion d’une raclette trop chauffée, d'autres à un comté suicidaire, transforma la fromagerie en barbecue géant (mais sans inviter personne). L’incendie lécha les murs avec la gourmandise d’un chaton s’attaquant à un pot de crème fraîche. Lorsque les flammes se furent calmées, ne laissant derrière elles qu’une odeur de cendre, le Chalet-Fruitière n’était plus. La façade, naguère blanche comme un fromage de chèvre bien fait, se teintait désormais d'un noir de jais. Madame Pichon, en passant devant les ruines encore fumantes, ne put s’empêcher de lâcher : « Eh ben mon vieux, voilà une fin qui a de la gueule ! Ma foi, ils auraient mieux fait de vendre des extincteurs ! » Et comme ça, sans plus de cérémonie, la fromagerie a tiré sa révérence. Un adieu enfumé qui s’inscrira dans les annales du village comme un prout en pleine messe.
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