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openborders · 5 years
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Gilets jaunes : la grande fatigue des corps
La veille du samedi 8 décembre, acte IV du mouvement des « gilets jaunes », la tension est à son comble. Dans la capitale l’atmosphère est anxiogène.
Craignant des épisodes de violence, l’exécutif a annoncé un dispositif de sécurité exceptionnel et multiplié les appels au calme.  Avant d’accéder aux Champs-Elysées, les manifestants voient leurs affaires passées au peigne fin par les CRS. Casques, lunettes et masques sont notamment confisqués.
Très vite, les « gilets jaunes » sont encerclés par les forces de l’ordre. Il est trop tard, vous ne pouvez plus quitter l’avenue.
C’est l’occasion de prendre le temps d’échanger et de comprendre les raisons de leur venue.
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Sébastien a 48 ans. Originaire de Saint-Brieuc dans les côtes d’Armor, il est arrivé à Paris avec son père Alain le matin même, en train, pour manifester sur les Champs-Elysées.
Il n’est pas venu la semaine précédente : « j’étais trop fatigué parce que je travaille de nuit (…) j’avais une dure semaine ». A l’acte I, Sébastien a manifesté « localement ». Aujourd’hui, dit-il : « je suis venu pour faire le nombre puisqu’il nous incite à pas venir donc moi je viens ».
Il y a d’autres raisons qui expliquent sa venue : « le ras-le-bol de tous ces connards. Moi je pense que la bascule s’est faite au Fouquet’s en 2007, tout ce qui vient derrière c’est du même tonneau, c’est du copinage et compagnie. Ça fait 30 ans que j’en ai ras-le-bol. Je suis cheminot, syndiqué à la CGT, j’ai donc encore mal aux fesses depuis le printemps où on en a pris plein la gueule en tant que cheminot ».
Lorsqu’on lui demande s’il a du mal à finir les fins de mois, il répond que ça lui arrive quand il fait grève. En 2018, lors des grèves SNCF, « [sa] situation financière a été catastrophique ». « Mais c’est un choix », ajoute-t-il.
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Retraité de la fonction publique, Alain est le père de Sébastien.
Père et grand-père, il s’est déplacé aux Champs-Elysées depuis les Côtes d’Armor pour soutenir les générations futures. « Certains de mes enfants n’ont pas de travail », nous confie-t-il. « Je voudrais bien les aider plus mais je ne peux pas car je n’ai pas les moyens. »
Le septuagénaire va jusqu’à souhaiter le départ du Président de la République : « je veux que ce président qui ne fait pas l’avenir de mes enfants et de mes petits-enfants s’en aille, peut-être pas tout de suite mais je veux qu’il parte. C’est le président des riches, il ne fait rien pour la jeunesse, il ne parle que d’argent. En plus, il est insolent, il est mal élevé. C’est pour cela que je veux qu’il s’en aille. Je le déteste autant que Sarkozy. »
Alain s’est d’abord méfié du mouvement des « gilets jaunes » : « au départ, j’avais peur que ce soit manipulé par l’extrême droite ; il y en a mais ce n’est pas la majorité ».
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« Moi je ne sors jamais, si je sors une fois dans le mois après je peux pas y arriver »
Sabine est originaire de Seine-et-Marne (77).  Agée de 53 ans, elle est employée en tant qu’aide-soignante auprès d’une association d’aide et de soins à domicile. Elle a participé à tous les actes des « gilets jaunes ». Par sa présence, elle souhaiterait « faire comprendre à Monsieur Macron qu’on en a marre de lui. Lui et son gouvernement n’ont rien compris ». 
Sabine décrit son rythme de vie difficile qui l’a contrainte à se limiter et à compter chaque centime : « moi je ne sors jamais, si je sors une fois dans le mois après je peux pas y arriver ; donc je ne sors pas car cela va me priver ».Elle renchérit : « Je suis déjà dans le rouge à la fin du mois, enfin, avant la fin du mois ».Assise sur un banc, Sabine est éreintée : « j’ai eu beaucoup de mal à arriver jusqu’ici parce qu’il faut beaucoup marcher. Je suis travailleuse handicapée donc on fait des pauses. Là, je suis fatiguée. Je travaille, je ne profite de rien et j’ai droit à rien : voilà » conclut-elle la gorge serrée et les yeux humides.
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Thierry 
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Sébastien
Alors que les gilets jaunes sont coincés et encerclés par les policiers, un groupe d’hommes est assis sur le trottoir, tout près du cordon de sécurité et des camions de CRS. Il s’agit d’un groupe d’amis travaillant dans une usine qui fabrique des tubes métallurgiques en Bourgogne.
Ils ont rejoint Paris pour exprimer leur fatigue, leur colère et leur frustration. « On est venu manifester pacifiquement et on est pris comme des moutons », raconte Thierry, « on n’a pas le droit de sortir. On voulait faire une chaîne autour de l’Arc de Triomphe mais on ne peut même pas, on est parqué là ! »
Lorsqu’on leur demande s’ils sont fatigués, Sébastien, après un long silence, prononce un seul et unique mot : « Terrible ». Puis il rit nerveusement et ajoute : « c’est une fatigue morale et physique. On est à bout, ça fait la troisième fois qu’on vient et faut que ça s’arrête un jour, faudrait qu’il fasse quelque chose ». Thierry pointe du doigt le mépris du Président de la République à l’égard des « gilets jaunes » : « il n’ose même pas venir nous parler en face, ça fait je sais pas combien de temps qu’on attend qu’il parle... il nous parle pas. S’il ne parle pas, c’est qu’il a rien à faire ici. Un président comme ça, on n’en veut pas ». Sébastien renchérit : « Soit il part, soit il fait quelque chose. Je pense qu’il vaudrait mieux qu’il parte, je pense que son quinquennat est mort »
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Thierry, Frederic et Sébastien (de gauche à droite) 
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Frederic 
Un autre jeune homme d’humeur blagueuse rejoint la discussion, un bonnet « Ferrari » vissé sur sa tête et un gilet jaune sur ses épaules. Il s’agit de Frédéric, qui travaille dans la même usine que Thierry et Sébastien.
Les conditions de travail sont très difficiles et impactent leur santé. Ils travaillent en 3 – 8, un type d’organisation du travail qui assure le fonctionnement continu de l’usine pendant 24h grâce à un roulement toutes les 8 heures de trois équipes.
« On est obligé de s’arracher pour travailler de nuit, pour essayer de survivre »
Ce rythme de travail chamboule leur sommeil : « les horaires sont compliqués car on n’a plus de sommeil réglé. On est obligé de s’arracher pour travailler de nuit, pour essayer de survivre. C’est de la survie et avec cela on n’arrive pas à aller au bout, on est obligés de vivre avec les aides. Ils sont en train de réduire toutes les aides ». Ces ouvriers ne veulent rien entendre d’une éventuelle prime liée aux fêtes de fin d’année. Ils souhaitent une réelle augmentation des salaires qui s’inscrit sur le long terme.
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Un peu plus bas sur les Champs-Elysées, vers la place de la Concorde, la tête d’un homme masqué détonne face à la foule de gilets jaunes parsemée. Ce jeune homme ne souhaite pas montrer son visage mais a accepté de répondre à quelques questions avec beaucoup d’enthousiasme. Il s’appelle Louis et se rend pour la première fois à Paris. S’il s’est déplacé jusqu’aux Champs-Elysées pour l’acte IV, c’est « pour soutenir tout le monde et parce qu’on n’arrive pas à s’en sortir. »
« Ces gens-là ne se rendent même pas compte dans quel monde on vit, ils sont dans leur bulle »
L’ancien boucher, aujourd’hui agent communal, dénonce les inégalités sociales et le comportement « déconnecté » des riches : « ces gens-là ne se rendent même pas compte dans quel monde on vit, ils sont dans leur bulle. Ils n’en branlent pas une et ils ramassent tout le pognon ». 
Louis a pris la décision de vivre dans un camping-car, un choix qui lui évite des fins de mois difficiles. « Vu que j’habite dans un camping-car, j’ai pas de loyer à payer », explique-t-il. « J’en pouvais plus de payer des factures et de plus m’en sortir alors que je n’étais jamais chez moi, j’étais tout le temps au boulot. Je payais des factures sans comprendre pourquoi ». Sa caravane est pour lui un moyen de quitter un monde qu’il estime matérialiste. C’est aussi un vecteur de liberté : « on est libre d’aller où on veut. Moi, je me sens partout chez moi. C’est une liberté de mouvement et une liberté de vie ».
Ce 8 décembre 2018, les Champs-Elysées ne riment plus vraiment avec liberté. Au contraire, Louis se sent pris dans une « embuscade ».« Les CRS bloquent toutes les rues, ils nous disent « allez, c’est par là, avancez s’il vous plaît » et on est tous coincés comme dans une cage à pigeons ».
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openborders · 5 years
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L’appel à la fraternité de deux ivoiriennes vivant à Tunis
Dans la nuit du 23 au 24 décembre 2018, le président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie est mort poignardé à l’arme blanche dans la banlieue nord de Tunis, à La Soukra. Selon les autorités tunisiennes, deux hommes ont tenté de lui voler son téléphone portable. La mort de Coulibaly Falikou met en lumière le racisme en Tunisie et les conditions de vie difficiles des immigrés clandestins.
Le lendemain, près d’un millier de personnes s'est rassemblé devant l'ambassade de Côte d'Ivoire à Tunis.
Aïcha et Madeleine* ont participé au rassemblement. J’ai rencontré ces deux ivoiriennes sur l’Avenue Habib Bourguiba (l’équivalent des « Champs-Elysées » de la Tunisie). Ces deux jeunes femmes ont accepté de répondre à mes questions autour d’une citronnade. Elles ont hésité, craignant d’être arrêtées par la police.
*Les prénoms ont été modifiés
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Madeleine et Aïcha sur l’Avenue Habib Bourguiba, à Tunis, le 25 décembre 2018
Madeleine est venue par curiosité et pour une vie qu’elle espère meilleure : « je voulais voir, je suis venue ici, pour me chercher car dans mon pays la vie est un peu difficile. »
Les deux trentenaires sont arrivées en Tunisie il y a deux ans et travaillent dans le même hammam. « On fait tout », précisent-elles, « épilation, gommages au corps et massages. ». Pour elles, s’insérer sur le marché du travail tunisien n’a pas été difficile car elles avaient suivi une formation en esthétique dans leur pays, avant leur départ pour la Tunisie.
Si trouver du travail paraît facile, obtenir une carte de séjour afin de travailler légalement relève du parcours du combattant et demande de l’ingéniosité. Un ivoirien peut rester en Tunisie 90 jours dans le cadre d’un séjours touristique. Si l’étranger reste au-delà de cette période sans carte de séjour, il doit s’acquitter de 80 dinars (25 euros) par mois passé irrégulièrement sur le territoire tunisien. 
Certains immigrés tentent de s’inscrire auprès d’une école pour faciliter l’obtention de cette carte de séjour mais rien ne garantit sa délivrance. Les demandes auprès de la préfecture se multiplient, les délais de traitement sont longs et se soldent par des refus ou par la délivrance de cartes de séjour provisoires.
« Sans carte de séjour, tu paies une pénalité de 80 dinars  à la fin du mois » affirme Aïcha.  Après plusieurs refus et de longs mois à attendre, certains immigrés décident de ne plus payer cette pénalité mensuelle : « Quand c’est comme ça, on décide de ne plus payer » affirment en chœur les deux femmes.
Lorsqu’un étranger souhaite quitter le territoire tunisien, il doit s’acquitter des pénalités accumulées qu’il n’a pas réglées. Souvent, ces personnes se retrouvent coincées dans le pays car elles sont dans l’impossibilité de payer une somme aussi considérable : « Si j’avais la possibilité de rentrer aujourd’hui, je rentrerais. S’il n’y avait pas de pénalité, il y a longtemps que je serais rentrée », concède Madeleine.
« Ils sont ici pendant 10 ans, tu vas payer 10 ans de pénalité ? C’est énorme, vaut mieux prendre l’eau »
Selon les deux jeunes femmes, cette pénalité est responsable de nombreux départs vers l’Europe : « c’est ce qui fait que beaucoup prennent l’eau car ils n’ont pas d’argent pour payer la pénalité. Ils sont ici pendant 10 ans, tu vas payer 10 ans de pénalité ? C’est énorme, vaut mieux prendre l’eau. »
Lorsque je demande si elles sont victimes de racisme, Madeleine commence à me rassurer en me disant que « la patronne n’est pas comme ça ». En revanche, les clientes peuvent se révéler impitoyables : « il y a certaines clientes qui ne veulent pas qu’on les touche, par contre il y a d’autres clientes qui ne sont pas comme ça. On fait avec parce qu’on n’a pas demandé à Dieu d’être noire. Je suis fière d’être noire. »
Son mari est également victime de racisme : « on a déjà tendu à mon mari une banane lorsqu’il garait sa voiture » déplore-t-elle.
En plus du racisme, les conditions de travail sont difficiles car en tant que travailleuses en situation irrégulière, elles sont en position de vulnérabilité. Certains employeurs n’ont aucun scrupule à les faire tourner en bourrique : « tant que tu ne réclames pas ton salaire, ils savent pas qu’ils doivent te payer. », affirme Madeleine.
Aïcha est du même avis : « la paie est vraiment difficile en Tunisie parce que quand le jour de la paie arrive, on te malmène jusqu’à que tu fasses un scandale pour récupérer ton salaire. Quand tu parles de ton salaire on te dit « si tu me parles de ton salaire je t’envoie à la police » ».
Les deux jeunes femmes regrettent de ne pas être traitées de la manière dont sont traités les étrangers en Côte d’Ivoire. Pour Madeleine, « on ne touche pas un grain de cheveux aux étrangers car lorsque tu les touches, tu as affaire à la justice parce que l’étranger qui vit sur le sol ivoirien est considéré comme un ivoirien (…) il n’y a pas de discrimination entre l’étranger et l’ivoirien. On est tous égaux. L’esprit ivoirien est l’hospitalité. »
« Si on dit que ça ne va pas, ils vont nous dire de rentrer. Où on va trouver cet argent pour pouvoir payer la pénalité pour rentrer ? »
Leurs familles respectives sont très inquiètes pour elles suite à la mort de Coulibaly Falikou mais n’ont même pas idée de ce qu’elles endurent. En effet, Aïcha et Madeleine les rassurent en disant que tout va bien. Aicha s’exclame : « On ne peut pas dire « ça va pas ». Si on dit que ça ne va pas, ils vont nous dire de rentrer. Où on va trouver cet argent pour pouvoir payer la pénalité pour rentrer ? »
Lorsqu’on leur demande si elles ont un message à faire passer au gouvernement tunisien, c’est un message plein d’espoir qu’elles partagent. Un rêve de réciprocité, d’humanité et de fraternité entre les deux pays africains. Aïcha demande aux autorités : « de nous laisser vivre comme les étrangers qui vivent sur le sol ivoirien. Quand ils sont chez nous, ils n’ont pas de pénalités : ils viennent quand ils veulent.
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openborders · 6 years
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openborders · 7 years
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B A L L O O N 
When I'm out walking and I see a balloon, I stop and take some pictures. Sometimes, I see the balloons far from where I am; then I need to run and shoot them. Once I left my friend only to comeback 2 minutes later. When I was on 34th street and 7th Avenue, I saw a big bag full of balloons faraway from where I was walking, and I literally ran to join this guy. I followed him from 33rd street to 28th street. Sometimes the balloons come to me! Some friends asked me, why are you shooting balloons? I don’t know… The first picture of balloons that I took, in Nyc, was September 6th, and I had just arrived two days before. I probably noticed that in Nyc people are holding more balloons than in France.
I think about what the balloons might symbolize: maybe lightness, colors, childhood, happiness?
We do use balloons for occasions like birthday, baby shower-this is truly American, isn’t it?- and blablabla… Did you ever see balloons for funeral?
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openborders · 7 years
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When I'm out walking and I see a balloon, I stop and take some pictures. Sometimes, I see the balloons far from where I am; then I need to run and shoot them. Once I left my friend only to come back 2 minutes later. When I was on 34th street and 7th Avenue, I saw a big bag full of balloons faraway from where I was walking, and I literally ran to join this guy. I followed him from 33rd street to 28th street. Sometimes the balloons come to me! Some friends asked me, why are you shooting balloons? I don’t know… The first picture of balloons that I took, in Nyc, was September 6th, and I had just arrived two days before. I probably noticed that in NYC people are holding more balloons than in France. But if I try to think about what the balloons symbolize: maybe lightness, colors, childhood, or happiness? We do use balloons for occasions like birthday, baby shower-this is truly American, isn’t it?- and blablabla… Did you ever see balloons for funeral?
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openborders · 7 years
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Portrait 3: Louis, December 15th 2016, New York
It’s the middle of the day, during my lunch break in Chelsea and I bump into a man with a strange camera. A Speed Graphic. I take his picture without asking... 
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I keep walking, passing him by, but then walk in reverse so I can take a portrait of the photographer’s face. I meet him and ask him if I can take a posed portrait of him. He accepts and he asks me if I will post the picture on Instagram. 
I say: “maybe!” Then he gives me his first and last name: Louis Mendes. (so I can tag him in the picture.) I enjoy our short exchange, for asking his contact and hoping it will lead to the chance to learn more about his life.  I am curious to discover his universe and hear his stories. 
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On December 15th 2016, he accepts the meeting and I discover where he keeps his different cameras, his pictures on the wall, and his books. 
A camera which helps to be in contact with peoples from all around the world 
His camera allows him to interact with people and to be in contact with the world. By the way, he met the three mothers of his three children thanks to his camera. During his dates with women, he always carries his camera. Louis Mendes has never left the country.  He cannot take a plane for health issues. The photographer is satisfied by reading books, watching tv and meeting people in New York. He told me that these elements are enough! Then, he didn’t feel the desire for traveling. New York is a cosmopolitan city where people from all around the world come to visit and discover the city. 
« I take pictures of people because people love themselves, you can capitalize on that. I teach others how to make money with a camera because everyone needs money. » 
Louis Mendes understands that tourists from around the world come to New York and want to be photographed here. One only has to go to any popular tourist location to see how many people are using selfie sticks. He took this idea and allowed it to inform his art, which became his livelihood.  
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openborders · 7 years
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Portrait 3: Louis,  15 décembre 2016, New-York
En milieu de journée, au détour de ma pause déjeuner, dans le quartier de Chelsea, je croise un monsieur avec un appareil photo surprenant. Un Speed Graphic.  Je le prends en photo sans demander sa permission…
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Je continue de marcher puis je décide de faire marche arrière, afin de prendre une photo de face et de le rencontrer. Je lui demande s’il peut s’arrêter et poser pour que je puisse le prendre en photo. Ce dernier accepte et me demande si je compte publier la photo sur Instagram. Je rétorque : « Peut-être ! ». Il me donne son prénom et son nom : Louis Mendes (afin que je le mentionne en cas de publication).
Durant ce court échange, je me permets de lui demander son contact dans l’espoir d’en apprendre davantage sur son métier et sa vie. Très Intriguée par cet homme et à la fois curieuse de découvrir son univers et d’écouter ses histoires.
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Le 15 Décembre 2016, il accepte de répondre à mes questions, je découvre son atelier de travail où il collectionne ses appareils photos, on peut voir des photos accrochées au mur, et ses livres...  
Un appareil photo vecteur d’interactions avec des gens venant du monde entier
Sa caméra lui permet d’interagir avec les personnes et d’être en contact avec le monde. D’ailleurs, il rencontrera les trois mères de ses trois enfants grâce à son appareil photo. Lors de ses rendez-vous amoureux, il garde toujours son appareil. Louis Mendes n’a jamais quitté les Etats Unis. Pour des raisons de santé, il ne peut prendre l’avion. Le photographe se contente de lire des livres, de regarder la télévision et d’être en contact avec la population newyorkaise. Il m’affirme que ces aspects lui suffisent ! Il ne ressent pas l’envie de voyager.
New York est connu pour être une ville cosmopolite. Les gens du monde entier viennent la visiter et la découvrir.
« Je prends des photos de gens parce que les gens s’aiment, tu peux capitaliser sur ça. J’enseigne à mes étudiants comment gagner de l’argent avec une caméra parce que tout le monde a besoin d’argent »
 Louis Mendes a saisi que les gens appréciaient se voir en photo, surtout au sein d’une ville aussi mythique que New York. Il suffit d’observer les lieux touristiques pour voir le nombre personnes utilisant les sticks à selfie. Il fait ainsi de la photographie son gagne-pain.
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openborders · 7 years
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From the book: New York Then and Now People and Places 
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openborders · 7 years
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Portrait 2: Erica, October 29th 2016, Brooklyn
“I taught how to deal if they have active shooters or bombs. I visited vintage stores to make my soul feel better. I realized I really enjoyed finding and selling pieces more than I enjoyed the job that I actually had.”
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Today, Erica is 26 and fine goods and furniture dealer. She opened her vintage store in Greenpoint,  Brooklyn, 2 years ago .
How did you come up with the idea of opening a vintage store?
“I fell into this business by happenstance. I worked for a nonprofit organization that required me to travel a lot across the United States.
I taught active shooter training awareness. I went to hotels, schools and public venues and I would teach people how to deal with encountering active shooters or bombs… 
What are the proper steps? Contact the authorities, mass evacuation, make sure that everybody is out safe. It’s really hard to talk to the people about someone showing up in their work place and shooting up the place. What do you do? It’s really hard for them to deal with this kind of situation. It was not my favorite job in the world. I was really depressed.
For my job, I went to many small towns. I visited vintage stores to make my soul feel better after the very depressing meetings that I had to do. I would say to myself, I am gonna buy myself something!
I realized that I became a crazy hoarder! I starting collecting stuff as I travelled and I started selling some of it because I had too much.
I really enjoyed finding and selling pieces more than I enjoyed the job that I actually had.
I transitioned to kind of having a business for it: I really love it.
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You choose all the pieces in the store?
“It’s just me, yes. Sometimes, I go through phases a lot.
A couple weeks ago, I went through a brass eagle phase. For some reason, I just bought anything that I could find with an eagle on it. Sometimes I go through taxidermy phases where I’ll just buy any taxidermy I can find.
It’s really whatever mood strikes me when I’m out hunting for Vintage. for what I want to buy, which is why the store is very eclectic. It’s what has accrued over months and weeks of me being in a certain mindset. It leaves a very kind of fun air. I don’t stick to a paradigm I have to follow, I don’t want to box myself into a certain style.
I research everything. I love the history behind the vintage items. I think it’s such a fascinating art!
(...)
I think It has been recovering a lot right now.
People are really getting much more into vintage furniture and vintage items. They realize that kind of (good) quality of stuff is disappearing.
Companies realized we should make a piece that lasts only a couple of years-- that things should break so customers can come back and buy another piece from us or another thing, instead of owning the same piece of furniture for 60 years.
When you traveled, did you decide in advance where you would go or did you drive without knowing your destination?
Sometimes I am like “You know what? Let me just drive until I find a place I really like.” 
I do that occasionally. A lot of time, I have a place In mind or a strategy. But there is nothing like hitting the open road! I just drive with the window down.
At first it was really tiring to do that for the store because I was so busy.
I love Brooklyn. It’s my home. But It’s cool to get out and smell the fresh air and feel the sunshine and get to come back home.  
When is your next trip?
Next trip is on Monday to North Carolina.
I get some stuff in mind and I am looking for a very a particular piece that I know that I am gonna find there, good feeling about it…  I need: (an order for my client.. I do custom hunting for people as well) a big, massive, antique apothecary cabinet.
My parents were like, “Open your store in Hershey, Pennsylvania where we live.” No, I am going to go out, explore and make it!
Tell me more about Greenpoint as a neighborhood and the gentrification happening in Brooklyn.
Greenpoint is a beautiful example. We are a community that activity encourages a blend of the old and the new, with a focused energy on keeping the quirks and charms that made the neighborhood the place you originally wanted to move to.
We are actively keeping the neighborhood staples.
We are a really active, energized and close-knit community.
You can meet Erica and visit Copper+Plaid, her fine vintage goods and furniture store, on 655 Manhattan Avenue, in Brooklyn NY. The slogan of the store makes you feel more than welcome to visit and to share with Erica: I am weird. You are weird. Let me sell you furniture. Go there just to listen to the anecdotes of her various items and listen to her travel stories ...
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openborders · 7 years
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Portrait 2: Erica, Brooklyn, 29 Octobre 2016
« J’expliquais aux personnes comment réagir face à une personne armée ou en cas d’explosion de bombes, c’était déprimant. Pour me sentir mieux et entre mes différents voyages, j’allais dans des boutiques vintages afin d’acheter des objets. J’ai pris conscience que j’appréciais davantage chiner et vendre ces objets que mon travail. »
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Aujourd’hui, Erica vend des objets, accessoires et meubles anciens (On peut la définir comme une jeune antiquaire stylée). Il y a deux ans, elle ouvre son magasin dans le quartier de Greenpoint, à Brooklyn.
Comment t’es venue l’idée d’ouvrir un magasin d’ameublement vintage ?
Je suis tombée dans ce monde, par hasard. Je travaillais pour une organisation à but non lucrative qui m’obligeait, à voyager travers les Etats-Unis.
J’expliquais aux personnes, comment réagir lors d’une fusillade ou si l’on découvre une bombe. J’allais dans des hôtels, des Ecoles où j’enseignais aux gens comment réagir face à une personne armée (active shooters training awareness).
Quelles sont les différentes étapes ?  –appeler les secours, évacuer un nombre important d’individus et être sûr que tout le monde soit dehors et saint et sauf. C’est vraiment difficile d’évoquer aux gens de l’éventuelle possibilité qu’une personne armée puisse surgir. Qu’est-ce qu’on fait ? C’est difficile pour eux de gérer et de s’imaginer une telle situation.
Ce n’était pas mon travail de prédilection. C’était déprimant…  
Après, mes rendez-vous difficiles et pour me sentir mieux : j’allais dans des magasins.  J’ai réalisé que je devenais une acheteuse compulsive. A mesure que je voyageais -par l’intermédiaire de mon travail- je commençais à collectionner toutes sortes de trucs et j’ai commencé à vendre certaines choses car j’accumulais beaucoup trop de choses. J’ai pris conscience que j’appréciais davantage chiner et vendre des objets que mon travail.
Je commençais à avoir ma propre activité et j’adorais ça !
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“Je suis bizarre. Tu es bizarre : laissez-moi  vous vendre des meubles !”
Tu choisis toutes les pièces ?
Oui, je suis la seule à choisir chaque objet. Je fonctionne beaucoup, par  période.
Quelques semaines auparavant : c’était ma période aigle en cuivre .  Sans aucune raison, j’ai acheté tout ce que je pouvais trouver avec un aigle dessus. J’ai également ma période taxidermique.  
C’est davantage mon humeur qui me guide dans mes achats. C’est la raison pour laquelle ma boutique est éclectique. Ma boutique reflète mon esprit et ce qui s’est passé pendant des mois et des semaines. Cela donne une atmosphère amusante… Je ne suis pas attachée à un paradigme donné. Je n’ai pas envie non plus de me cantonner à un style précis.
Je recherche absolument tout, rien n’est laissé au hasard. J’adore l’histoire qui se trouve derrière chaque objet ancien. C’est un art fascinant ! 
(...)
Les personnes recherchent de plus en plus des objets anciens. Ils réalisent qu’avoir un objet de bonne qualité est devenu de plus en plus difficile.  
Ces dernières années, les entreprises fabriquent des objets pour durer quelques années. Ainsi, ces mêmes personnes reviennent afin de racheter la même chose, au lieu de garder ce même objet, pendant 60 ans. 
Quand tu voyages, tu décides en avance de ta destination ou tu conduis sans savoir où aller ?
Par moment, je me dis : « Tu sais quoi ?! Je vais conduire jusqu’à que je trouve un endroit que j’aime vraiment. » 
Je fais cela de temps en temps. La plupart du temps, je sais où je vais avec une stratégie, à l’esprit. Il n’y a rien de mieux que  de prendre la route et d’atteindre son but . Je conduis les fenêtres baissées !
Quelle est ta prochaine destination ?
Prochain voyage, lundi, en Caroline du Nord. J’ai quelques idées en tête et je suis à la recherche d’un objet très particulier. Je sens que je vais le trouver ! Un de mes clients (je suis également chasseuse d’objets) me demande une grande et ancienne armoire d’apothicaire.
Mes parents m’ont dit : « Ouvre ta boutique à Hershey, en Pennsylvanie où nous vivons ! » Non je vais aller ailleurs et explorer et le faire !
Parle de nous du quartier de Green Point et du phénomène de gentrification qui touche particulièrement Brooklyn
Greenpoint est un bel exemple. Nous sommes une communauté qui encourage le mélange entre l’ancien et le nouveau en essayant de garder l’authenticité du quartier.  Nous sommes une communauté active, énergique et soudée.
Vous pouvez retrouver Erica, dans sa boutique Copper Plaid, au 655 Manhattan Avenue à Brooklyn. Le slogan de la boutique vous met déjà dans l’ambiance : je suis bizarre. Tu es bizarre : laissez-moi de vous vendre des meubles ! Allez-y ne serait-ce que pour écouter les anecdotes de ses différents objets chinés et écouter ses récits de voyages…L’instagram de Copper Plaid ! 
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openborders · 7 years
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Portrait 1: Marie José et Claire, Aix en Provence, 15 Juillet 2016
« Regarde mon amour, je disais à ma fille : Mamette Mamette on dirait Brad Pitt ! Je ne l’ai jamais oublié. Levallois Perret, il habitait. Mon mari, un bon mari qui a été un bon père. J’ai bien ma tête, j’ai un peu perdu mes jambes quand même. Mais ma tête, je ne l’ai jamais perdu, c’est tout le contraire. J’ai comme l’impression que je me rappelle de choses très lointaines vous voyez ? » Moi : « Des petits bribes, des petits souvenirs qui sont restés ? » Claire : « Oui ! Alors que je ne me rappelle plus peut-être de ce que j’ai mangé hier. » Moi : « Il y a des choses qui marquent qu’on n’oublie pas. » Claire : « Oui et puis c’était la guerre aussi, alors quand même hein. Ses parents avaient que ce fils unique. Ils sont venus ici, en zone libre car ils avaient tellement peur que les allemands prennent leur fils. Et tous les soirs elle le faisait coucher sur les toits de la maison tellement elle avait peur qu’on le ramasse ( …) « J’avais loué une chambre à côté du Musée d’Histoire Naturelle. Une chambre d’étudiant que je louais pendant les vacances lorsque les étudiants n’étaient pas là. On n’emmenait nos fils, ils avaient une dizaine d’années. Après, ils ont passé leur doctorat là-bas. Ils ont travaillé au musée d’Histoire Naturelle. On a commencé comme ça à Paris. Après à Paris, une fois que nos fils sont partis, on n’y allait le week-end avec mon mari. On prenait le train, vous vous rendez compte ! On prenait le train pour aller à Paris pour aller voir la cage aux folles. La Cage aux folles, dans la salle tout le monde riait tellement, qu’on n’a jamais entendu une parole. Il y avait tellement d’applaudissements qu’on n’entendait pas les paroles. » (…) « Mon grand père était un musicien, il jouait du violoncelle, il a été avec son orchestre, en Tunisie. Il m’avait apporté des babouches en satin. Il y a combien d’année de cela ? Un paquet, 80 ans ! C’était un événement quand on a su que l’orchestre partait là-bas, en Tunisie ! Maintenant, c’est plus rien d’aller en Tunisie ! »
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