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lupiot · 6 years
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5 livres jeunesses que des blogueurs m'ont donné envie de lire
Pour #PartirEnLivre, petite sélection de littérature jeunesse trouvée chez ces héros qui me donnent envie toute l'année : les blogueurs
COUCOU. JE VIS.
Pardon, je ne devrais pas crier, c’est toujours déstabilisant quand un proche décédé depuis longtemps vient hurler COUCOU tout près comme ça. C’est l’enthousiasme de vous retrouver, j’en perds mon étiquette.
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Notez : j’ai évité de m’extraire d’un magma fuligineux dans une posture dramatique. Résurgence de savoir-vivre.
À l’occasion de PARTIR EN LIVRE (cékoi ? mécékoi ?), qui est la…
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lupiot · 6 years
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Colorado train, de Thibault Vermot (Sarbacane, 2017)
Ma complice Bloup m'a grillé la prio sur Colorado. Je vais chouiner dans mes radis, honteuse & doublée, mais vous, allez lire son avis étayé!
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Article par Bloup Impatient(e) de retrouver les héros de la série Stranger Things ? Avant de vous plonger dans la prochaine saison, voici un petit quelque chose pour vous remettre doucement dans l’ambiance… 1949, ville de Durango, État du Colorado. George, Suzy, Don, Durham, Michael et son frère Calvin, sont inséparables. La vie qu’ils mènent paraît tout à fait normale pour des adolescents…
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lupiot · 6 years
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Lady Helen 2. Le Pacte des Mauvais Jours, d'Alison Goodman (Gallimard Jeunesse 2017)
Chronique de Lady Helen tome 2 par Bloup, à base de lady victorienne chasseuse de vampires chelous, ou Jane Austen meets Anne Rice. Enjoy !
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Article par Bloup Lady Helen est de retour ! Après notre chronique à quatre mains du tome 1 et notre passionnante rencontre avec l’auteure, venez découvrir mon avis sur ce deuxième tome ! Après son départ précipité de la maison de son oncle, Lady Helen passe l’été dans la ville balnéaire de Brighton sous le chaperonnage de Lady Margaret Ridgewell et de son frère, Lord Hammond. Petit repos bien…
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lupiot · 6 years
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Quinzième édition de ce  rendez-vous mensuel, qui rime avec « C’est lundi, que lisez-vous ? », et peut se voir comme un complément ou un petit frère dérangé, comme il vous plaira. Je vous invite à l’adopter, il ne mord pas.
Le principe ? Quatre trucs à balancer !
Le Top & Flop de ce que j’ai lu le mois dernier
Au moins 1 chronique d’ailleurs lue le mois dernier
Au moins 1 lien qui m’a fait « Wahou » le mois dernier (hors chronique littéraire)
Et enfin : ce que j’ai fait de mieux le mois dernier
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Aujourd’hui, 1er avril, j’ai 3 mois de retard dans mon bilan, aussi, préparez-vous pour le
SUPER FAT BANCO
Pour vous uniquement aujourd’hui, offre spéciale, un bon gros “3 pour 1” digne du Black friday.
Sur ces 3 mois, j’ai lu 56 livresn dont plusieurs qui se lisaient en 10-20 minutes et viennent donc gonfler ces stats de façon tout à fait malhonnête, mais who cares ?
Dans le lot, nous avons ces 23 BD :
  Ces 28 romans :
  Et ces 5 ouvrages de poésie :
  Je ne vais ÉVIDEMMENT pas pouvoir entrer autant dans le détail qu’à l’ordinaire. Aussi, si je passe trop vite sur un titre qui vous interpelle, n’hésitez pas à me demander des précisions en commentaire, ici ou sur Facebook — ou par message privé pour ceux d’entre vous qui on été traumatisés par le système scolaire et ont peur de poser des questions en public (ceci n’est pas une blague). C’est parti pour les…
1) TOP & FLOP !
Trois mois, ça permet de prendre un peu de recul. Gardé-je des coups de cœur absolu parmi cette éclectique sélection ci-dessus ? Oui !
TOP (6)
  Ceux-ci sont des lectures vraiment marquantes, puissantes, qui m’habitent encore et m’ont non seulement offert une superbe expérience de lecture mais, au-delà, ont chacun à leur façon bousculé affiné, questionné mon rapport à la littérature (et j’aime bien ça).
Je vais comme à mon habitude procéder à la remise des prix par catégorie, car nous sommes des animaux d’habitudes, et je ne voudrais pas vous dérouter, surtout si, comme moi, vous aimez lire en diagonale, zioum, en rebondissant ici et là sur un mot en gras ou un gif marrant qui vous fait remonter trois lignes plus haut pour comprendre la blague — c’est plus facile de diagonaliser sereinement quand on connaît déjà le chemin, et donc, place aux catégories.
Catégorie « Météore » (Aussi connue sous le nom de « Épique, puissant, inéluctable »)
Lauréat :
Challengers :
  Martin Eden, de Jack London (VO 1909)
Martin Eden prend à rebrousse-poil les attentes de l’époque, et donc les miennes. Il est, dans le fond, d’une modernité exténuante ; j’ai la sensation de m’être battue contre la société avec le personnage principal, et ce pendant 500 pages : j’en suis ressortie lessivée, bleuie, sonnée, avec des oiseaux format toons qui me voletaient autour de la tête.
C’est l’histoire d’un jeune marin bourru aux larges épaules qui, tout à fait par hasard se retrouve un jour dans un salon cossu et délicat, où il tombe amoureux d’une bourgeoise qui lui parle littérature.
Tout est joué. Car ce n’est pas tant elle qui l’a ému que la culture dont elle est nourrie, à vrai dire : Martin est tombé amoureux de l’art. Prenant bientôt conscience de sa rusticité, de la violence de son langage, de sa grammaire décousue, de ses pantalons pochés, de sa démarche chaloupée, il entreprend de s’éduquer afin de pouvoir prétendre à la beauté. Roman entièrement construit sur les fossés culturels de l’époque (faciles à transposer en d’autres temps, d’autres lieux) et la fascination presque physique que le protagoniste entretient pour la littérature, Martin Eden est un long et intime combat, une épopée sociale à la trajectoire de météore, une passion violente à la Million Dollar Baby.
Le truc contrariant ?
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Pour lire d’autres avis sur Martin Eden, je vous recommande les chroniques passionnées de Nina se livre (sur son blog) et de Lemon June (en vidéo).
C’est toujours étonnant et drôle quand, par un hasard fait de bouche à oreille et de circonstances croisées et improbables, tout le monde se retrouve à lire le même livre en même temps et à en parler sur la toile. Surtout quand le livre en question date de 1909.
Peut-être y a-t-il une explication toute simple du type “Mais siii tu sais y a la star là qu’a fait un tweet sur Martin Eden !” (auquel cas j’ai raté ça) mais je crois aussi que cette redécouverte amoureuse de Jack London révèle, en filigrane, des petites choses pas anodines sur notre génération, comme :
une volonté de “vrai”,
un vif intérêt pour les écarts sociaux qui se traduit par un attrait pour les histoires mettant en scène la classe ouvrière ou les outsiders,
un attrait pour les narrations puissantes, les aventures à l’ancienne, les grands espaces et la campagne,
une tendance au “retour à la terre”…
“No shit, Sherlock.”, me direz-vous.
Pas de shit, mon gros Watson, je sors de désintox.
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Serena, d’Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg (adapté du roman de Ron Rash) (Sarbacane, 2018)
J’ai déjà parlé du roman Serena, lu il y a quelques mois. C’est une histoire de dingue ; celle d’une femme puissante, froide et fascinante, qui impose sa loi dans les exploitations forestières des Smoky Mountains dans les années 30, dévorant la forêt comme un feu fou, et emportant impitoyablement un grand nombre d’hommes dans sa folie dévastatrice. Un thriller presque intime et pourtant vaste et tendu comme un ciel d’orage, superbement adapté en roman graphique par Pandolfo (au texte) et Risbjerg (au dessin).
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  Les enfants du temps qui vient, de Gaia Guasti (Thierry Magnier, 2018)
Les enfants du temps qui vient, c’est le nouveau Petite Poche de Gaia Guasti, après Lettres d’un mauvais élève, dont je vous ai déjà parlé le mois précédent (ET dans ce TOP 5 “Petits mais costauds“). C’est un texte très court au style épatant, situé à la préhistoire, qui :
m’a rappelé l’époque où je dévorais les Jean M. Auel ; (Question : est-ce que c’était horriblement mauvais, cette série ? j’en garde un souvenir ravi, mais j’avais 11 ans, et l’héroïne était totalement une Mary Sue. Je crois que je n’oserai jamais remettre le nez dedans.)
m’a fait noter dans mon carnet : Lire tous les Gaia Guasti.
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Parce que ça fait plusieurs fois d’affilée qu’elle m’impressionne, en fait. Donc allons-y gaiement ! Voici les titres de sa bibliographie qui me font de l’œil, et que j’ai déjà commencé à attaquer :
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Catégorie « J’ai soupiré par le cœur, ça faisait un peu mal » (Aussi connue sous le nom de « Joli et badant, mais plus joli que badant »)
Lauréat :
Challengers (PURE SÉLECTION DE QUALITÉ CE MOIS-CI ATTENTION, hot hot recommandations) :
  Louis parmi les spectres, d’Isabelle Arsenault et Fanny Britt (La Pastèque, 2013)
Oh la la comme c’est BEAU !! J’avais déjà partagé mon coup de cœur lacrymal et intersidéral pour Jane le renard et moi (dans le “C’est le premier” de novembre) mais j’ai été à nouveau saisie par le texte de Fanny Britt, si émouvant par sa voix d’enfant (à la fois admirablement sentie mais jamais tout à fait authentique non plus, heurtée et travaillée), si original par son style (pétri de décalages poétiques et de québéquismes délicieux), et surtout, je trouve son mariage avec les illustrations lumineuses et faussement brouillonnes d’Isabelle Arsenault PARFAIT. D’une délicatesse et d’une sensibilité poignante.
Ces deux autrice-illustratrice parviennent chaque fois à prendre mon cœur entre leurs petits doigts et à le pincer doucement, jusqu’à ce point rupture, tu sais, où tu as juste un peu mal et un filet de larmes s’écoule en toi — ce point de bascule où tu n’as plus qu’à serrer le livre contre ta poitrine parce que les mots manquent et que rien d’autre n’exprime réellement cette émotion de satisfaction un tantinet maso d’avoir ressenti une belle douleur.
# Le feeling à la lecture.
Excusez-moi de vous déranger, de Killian Provost (Éditions Fatrasies, 2018)
Nouvelle versifiée percutante au format minus de Matin Brun, Excusez-moi de vous déranger a une résonance sociale aussi vaste, bien que plus intime, plus cruciale. Le style trouve le parfait équilibre entre rythmique poétique et authenticité d’une oralité hésitante, touchante, heurtée. La nouvelle s’ouvre sur :
Sobre et émouvant, c’est un texte que j’ai plusieurs fois entendu lu à voix haute et qui chaque fois a soulevé les poitrines, creusé les cœurs et brouillé les regards — une fois même, une dame a pleuré. La vérité.
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Publié chez un tout petit éditeur, ce texte vaut vraiment  le détour, parce qu’en plus de vous humidifier la pupille, il vous offre la possibilité précieuse de soutenir la poésie indépendante (à peu de frais, puisqu’il est à 2,50€).
Je, d’un accident ou d’amour, de Loïc Demey (Cheyne, 2014)
Je, d’un accident ou d’amour est un poème narratif de quelques pages, découpé en 16 minuscules chapitres à déguster. Il ne contient aucun verbe, comme si ceux-ci avaient explosé suite à une frappe chirurgicale, et que la langue avait dû se réorganiser sans eux.
C’est l’histoire d’une rencontre amoureuse et de la tête à l’envers que ça fait.
J’ai tellement adoré cette lecture. Ça m’a papillons dans le ventre, ça m’a frissons douillets.
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Ça m’a donné envie de lire et écrire de la poésie encore.
We Come Apart, de Sarah Crossan et Brian Conaghan (VO 2017)
  J’avais déjà lu Apple and Rain, The Weight of Water et Inséparables ; We Come Appart réconcilie ce que j’ai préféré de The Weight of Water et Apple and Rain, c’est à dire :
des thèmes forts et chers à l’autrice :
celui de l’immigration, avec un ado venu d’Europe de l’Est qui cherche à trouver sa place dans ce nouveau pays et craint de devoir retourner dans ce qui est de moins en moins “chez lui” ;
l’esquisse arrachée d’une vie de famille impossible à maîtriser ;
la drôle de tension qui existe au collège-lycée british dans ces amitiés toujours un peu concurrentielles et au bord du harcèlement ;
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un style poétique juste et tenu, plus travaillé à mes yeux que dans Inséparables (qui m’avait un peu déçue à cet égard) ; il apporte véritablement un ton et un rythme au roman, qui servent son propos. Ici, on alterne les voix des deux héros, une jeune anglaise rebelle qui vit des trucs pas cool à la maison, et un jeune immigré à l’optimisme indémontable qui vit ses propres batailles.
Mais le bonus de ce roman-ci, c’est que c’est une histoire d’amour. Elle semble toute écrite toute tracée et je préfère vous avertir que non, pas. Sa trajectoire attendue de roman YA décolle soudain vers la fin comme si on lui avait greffé un moteur de fusée, et certes, ce n’est pas parfaitement équilibré en termes de construction narrative, mais c’est très réussi en termes d’investissement du lecteur, et j’adore ce que ça raconte.
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Catégorie « Je ne voulais pas les quitter, et leurs voix résonnent encore »
Lauréat :
Challengers :
  Quand j’avais cinq ans je m’ai tué, de Howard Buten (Seuil, 1981)
J’ai lu ce roman pour la première fois quand j’avais onze ou douze ans, parce qu’il y avait un enfant sur la couverture et qu’à l’époque, ça me semblait évident que c’était forcément un livre pour enfants.
En fait, non.
Après avoir un peu bataillé pour m’adapter…
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… j’ai plongé corps et âme dans ce roman et en ai gardé un souvenir si intense que presque vingt ans plus tard, il m’en restait des pans entiers. Mais lorsque j’ai voulu le recommander à mon copain récemment, bizarrement, il n’a pas été séduit par mon pitch pourtant habile :
“C’est un petit garçon de huit ans qui est amoureux très fort d’une petite fille de huit ans, ils font l’amour un peu par accident, et il va à l’hôpital pour enfants, jugé coupable comme sa copine et jugée victime. Le petit gars, on l’accuse de viol et c’est une vaste arnaque, mais je te jure, c’est pas le sujet. Le sujet, c’est l’enfance. Et, genre, l’imagination.”
Comment a-t-il pu refuser de se lancer dans une histoire de viol prépubère, ça me dépasse ; ce garçon manque cruellement de fantaisie.
Mais du coup, j’ai voulu le relire pour :
vérifier que c’était bien (parce qu’après tout, j’avais onze ans) ;
pouvoir le pitcher mieux.
Résultat :
C’est incroyable. C’est THE exemple littéraire de la voix d’enfant réussie, qui mélange naïveté attendue et vocabulaire adulte incongru (comme font les vrais enfants qui répètent les mots entendus), qui saute du coq à l’âne dans la narration (comme font les vrais enfants qui te racontent leur journée d’école en dents de scie, sponsorisées par la schizophrénie), qui se saisit d’images et d’histoires inventées et les vit en direct sur le chemin de l’école, dans sa chambre à coucher, ou en attendant son copain sur le palier, sans avoir besoin de t’introduire la séquence de ciné intérieur par “Je me mis à rêvasser”, non, BIM, un singe saute du platane et se perche sur ton épaule et te dit que les gangsters sont arrivés.
Du coup j’ai retravaillé mon résumé : “C’est un petit garçon de huit ans qui est amoureux très fort d’une petite fille de huit ans, ils font un truc répréhensible, ce qui crée un drama compliqué, mais je te jure, c’est pas le sujet. Le sujet, c’est l’enfance. Et, genre, l’imagination.”
Voilà, hop. Ni vu ni connu j’t’embrouille. Où ça des zizi et des zézettes ? Pas chez moi, ouhlà non.
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Shorba, l’appel de la révolte, de Gaspard Flamant (Sarbacane, 2018)
Shorba est le surnom du héros et narrateur du roman, un clampin ces cités qui zone à l’entrée du centre commercial avec ses poto — pas un vrai caïd, pas un demi-thug, pas même un demi-quoi que ce soit, juste un gamin qui a décroché le brevet et a le vague sentiment qu’il ne décrochera plus rien. Quand un jour débaroule un hippie bouseux aux larges épaules et au sourire contagieux qui va prendre Shorba et ses copains sous son aile et leur faire prendre conscience de leur place dans le monde. Son éveil politique, social, et personnel, Shorba va tout vers en même temps, dans un vrac sincère et souvent hilarant.
Histoire d’un gamin qui sort de son quartier et s’ouvre au monde ; Shorba est un roman d’apprentissage porté par un souffle, un élan heureux et généreux comme une course pour sauter dans l’étang. Aucune dimension didactique dans ce parcours d’aventure. Et, surtout, une narration tissée d’or qui m’a instantanément rendu le héros 100% attachant : sa voix bitumée matinée d’arabe et d’anglais, blindée de verlan de guingois, de dialecte de lycée, de jokes pas si private et ce ton à la fois candide et moqueur nous collent un sourire qui ne nous lâche jamais.
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SHORBA (# l’odieuse stratégie du sourire irrésistible)
Les quatre gars, de Claire Renaud (Sarbacane, 2018)
La famille des Quatre gars, c’est d’abord le père, un taiseux grognon qui embrasse comme une armoire normande (pas souvent, et quand tu essaies, tu te fais des bleus), un Jean-Pierre Bacri qui aboie entre le fromage et le dessert et quitte la cuisine en claquant la porte. Le deuxième larron, qui lui aussi en tient une couche, c’est le grand-frère, Yves, un kéké des plages qui soulève de la fonte pour emballer les filles, pas si bête, mais pas très fin, et aux bras trop musclés, aux mots trop moqueurs, pour la douceur. Le troisième gars, c’est le papy, un petit vieux malin rempli d’un chagrin qui s’est allégé avec le temps, un romantique qui se dit en regardant ses butors avaler la pitance sans un mot au petit-déjeuner, que les choses peuvent encore changer. Et les quatre gars, enfin, c’est Louis, le kid, le narrateur. Un môme de dix ans un peu trop sensible pour ce champ de mines familial, un gamin qui au fond, ne rêve que d’un peu de tendresse.
Je ne vous pitche pas l’histoire car elle est finalement commune à celle de toutes ces familles cassées qui se recollent malhabilement dans les téléfilms : on rit, on espère, on pleure, on soupire… La vraie force des Quatre gars, c’est :
La voix du petit Louis — ça se joue sur le fil, sur un rien, une vraie voix de gamin ;
Ce microcosme de personnages si branques, malfoutus, têtes-à-claques, qu’ils en deviennent terriblement attachants.
Porté par une plume habile et joyeuse, c’est un roman cocon, de ceux qu’on n’a pas envie de quitter à la fin.
Ma reine, de Jean-Baptiste Andréa (L’inconoclaste, 2017)
Ma reine, c’est la caution Forrest Gump. Vous avez un gamin attardé dont on dit que “son cerveau est trop petit pour sa tête” mais pour qui au contraire c’est le monde qui est trop vaste pour s’y déverser sans s’embouteiller. Shell, le narrateur, est un kid à la voix unique, attachante. Il vit au milieu de rien dans la station essence de ses parents, et fugue un jour pour prouver sa valeur à on ne sait qui. Dans sa fuite, il rencontre une gamine, une vacancière. Celle qui devient sa reine.
Ça m’a tellement rappelé les scènes d’enfance de Forrest Gump !
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Instantané aux teintes brûlées d’un été intense figé dans le temps, Ma reine est en équilibre au bord de l’enfance.
Le mini-hic : quelque part, c’est sans surprise. J’entends par là que le ton est juste, le personnage terriblement bien campé, le décor évocateur, mais dès le premier tableau, en un sens, on a vu toute la pièce. You feel me ? Génial dès le début, et bien tenu, mais un peu lisse.
Toutes les BD de Max de Radiguès mais notamment Frangins et Simon & Louise
Max de Radiguès est un spécialiste de la BD ado — cet âge où les lecteurs se mettent au manga, MÉCHANT DOBBY, reviens ici !! La BD c’est bien aussi — que disais-je avant cet accès de violence orale dirigée contre mon hallogène ? Les mangas, ah oui, j’ai bien connu ça, dans ma jeunesse. Mais pourquoi délaisser ainsi la gentille BD en couleurs ? Spèce d’idiote. (Elle parle à son moi du passé.)
Max de Radiguès est très fin sur les émotions adolescentes (celles, donc, que toi et moi qui sommes adultes, connaissons encore, par picotis, souvent, et par vertiges, parfois) : il sait mettre le trait parfait sur un geste, une moue, et brosser avec justesse et tendresse les émois et tensions d’adolescents. Sans jamais les diminuer ni les sublimer — il y met juste ce qu’il faut.
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Juste une pincée de sel
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Catégorie « Girafe » (Aussi connue sous le nom de « Beau et perché »)
Lauréat :
Challenger :
Si une nuit d’hiver un voyageur, d’Italo Calvino (VO 1979, VF Seuil 1981)
Je me relance cette année le Défi 12 mois, 12 amis, 12 livres que je m’étais lancée l’an dernier et que je vais tenir cette année, nom didiou (je reviendrai vous en parler), et Si une nuit d’hiver un voyageur a été ma lecture de janvier.
Lorsque j’ai acheté ce livre, le libraire a secoué la tête d’un air flou en posant la main sur son cœur, puis sur le comptoir, puis à nouveau sur son cœur, et m’a zieutée sans oser croiser mon regard.
Lui : Ah, Calvino… Moi : Vous aimez ? (No shit, Sherlock *bis*) Lui : Vous savez, (Il a dit “Vous savez,” avec une virgule, mais n’a pas continué. C’est très différent des points de suspension.) Lui : Disons qu’il y a certains livres qui vous font penser… « Ah, la littérature peut faire ça. »
On me vend rarement aussi bien un livre ; autant te dire que sitôt sortie :
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Que dire ? C’est tout à fait surprenant. Durant les premières pages, je pensais même « C’est incroyable » et j’avais envie de lire le texte à mon voisin de métro — « Non mais lis ça ! Mais lis ça ! » — mais comme je n’aime pas que des inconnus m’incluent dans leurs délires pendant que je fais usage des transports publics, pour des raisons cumulables de promiscuité, d’haleine, de danger et de gêne, j’ai rongé mon frein jusqu’à retrouver mon compagnon de canapé qui, lui, a signé pour être la victime consentante de mes délires ad vitam, cet ingénu, et lui ai tenu à peu de choses près le discours suivant, que je remets dans l’ordre pour vous parce que je suis sympa :
C’est inattendu, drôle, faussement naïf, et surtout d’une habileté époustouflante dans la gestion du méta et la complicité établie avec le lecteur. Pour le plaisir de raconter, Calvino développe un vrai jeu narratif, où chaque chapitre constitue le début d’un nouveau roman, interrompu juste au moment où tu te hang au bord du cliff nespa, et tu es constamment en train de retenir un éclat de rire d’être si bien retourné comme une crêpe par cet auteur qui se joue, non pas de toi, mais avec toi, de tes attentes littéraires. Alors oui, comme disait le libraire, un tel livre, si libre, te donne la sensation que tout est possible.
J’ajouterais que ça fait plaisir de lire des gens érudits qui s’amusent avec la littérature sans être pour autant dans un entre-soi moisi.
Proxima du Centaure, de Claire Castillon (Flammarion Jeunesse, 2018)
Ce livre est inracontable, et quand je tente de le pitcher, je fais fuir mon auditoire comme si j’annonçais un meeting politique sur le cours de la passoire.
Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’un roman de science-fiction, contrairement à ce que le titre ET le visuel de couverture laissent présager, ne me lancez pas sur le sujet, le packaging est complètement raté. BAD, BAD COVER, va au coin et réfléchis à ce que tu as fait.
Mais alors, si c’est pas un livre de SF…
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Non plus, enfin, pas vraiment. Arf.
C’est l’histoire d’un garçon (Wilco) qui est amoureux (très), et tombe de sa fenêtre (fort) jusque dans un lit d’hôpital (froid). Il y reste tétra. Et il reste amoureux. Je ne peux vous dire que ça.
Proxima du Centaure est porté par un style laxe, poétique et élégant, qui fait péter les verrous de plusieurs conventions narratives de façon libérale et jolie, flirte avec le réaliste magique, et propose une esquisse intime et romantique du petit bout d’humanité satellitaire à Wilco, garçons et filles, famille et amis. C’est TRÈS beau, je suis TRÈS incomprise quand j’en échange avec des amis ; de l’aide SVP.
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Catégorie « Du pur fun en Petits Filous tub’s » (Aussi connue sous le nom de « Quand je lis certains livres j’aimerais tellement avoir à nouveau 9 ans »)
Lauréat
Challengers :
    Les fantômes d’Achille Plume, de Katherine et Florian Ferrier (Sarbacane, 2018)
Les fantômes d’Achille Plume, c’est un roman d’aventure à la fois survolté et minutieux, tête-brûlée et ouvragé. C’est l’histoire d’Achille, petit gars à lunettes maigrichon mais courageux, qui a le don singulier de voir les fantômes (et donc de parler tout seul, ce qui n’aide pas pour se faire des copains, surtout quand on est déjà roux et binoclard). Il s’est lancé dans la grande entreprise de libérer les fantômes prisonniers d’objets, et arpente pour cela les brocantes et vide-greniers, armé de son détecteur de fantôme façon Ghost busters. L’univers des fantômes ainsi déployé donne lieu à une fantaisie charmante et drôle, et à une invention langagière vraiment croustillante, que je ne peux que vous laisser découvrir. Tout va pour le mieux, JUSQU’AU MOMENT OÙ un méchant fantôme apparaît, et Achille doit plonger dans le monde souterrain des fantômes, véritable univers parallèle.
C’est là que le roman bascule véritablement dans l’imaginaire enfantin dans tout ce qu’il a de plus jouissif, et suscite les grands sourires qui me viennent quand je relis Harry Potter ou revois Jumanji . Pourquoi c’est si chouette ? Parce que que c’est excitant, énorme, invraisemblable, dingue, démesuré : ce n’est pas Poudlard mais presque, il n’y a pas d’escaliers magiques mais des ascenseurs ; c’est Roald Dahl meets JK Rowling.
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– T’en fait pas un peu trop, là ? – NON. Et je vais te dire pourquoi.
Quand on est grands, on se regarde vivre, parler, marcher — on se mesure, on se retient — tandis qu’enfant, on courrait partout, parce qu’on était encore excités parce qui nous attendait au coin de la rue.
La bonne littérature jeunesse, c’est celle qui sait te faire ressentir à nouveau cette excitation démesurée.
Je dis bien joué.
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L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde et L’île au trésor, de Robert Louis Stevenson (VO 1886 et 1883 respectivement)
Prise d’une vibe “aventure”, j’ai recommencé à grignoter du Jack London et du Stevenson. Je me suis alors rendu compte avec stupeur que j’étais tout à fait passé à côté de leurs romans quand j’avais 8 ans, que c’était vraiment de la confiture aux cochons que de donner ça à des enfants, et qu’il faudrait entamer une campagne de propagande littéraire “De bons livres d’aventure pour les grandes personnes” tellement ça vaut le coup de les lire quand on est grand et intelligent.
Bref, relisez London et Stevenson. Leçon d’art romanesque & pur plaisir de grand huit.
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DU CÔTÉ DES MEH
Shangri-La, de Mathieu Bablet (Ankama, 2016) : graphiquement sublime, mais alors vraiment poussif et répétitif ; à la page 25 on n’en peut déjà plus du pamphlet discursif, et la BD est interminable. Mais sublime, par contre.
La tendresse des crocodiles, de Fred Bernard (Casterman, 2012)  : boh, rien à lui reprocher si ce n’est que j’ai l’impression d’avoir lu ça 100 fois. Genre d’autofiction d’aventurière en Afrique au dessin jeté et léger.
Genuine Fraud (Trouble Vérité), de E. Lockhart (VO 2017, Gallimard Jeunesse 2018) : pas mal dans le genre thriller psychologique mais 1) on a un gros problème de rythme et de construction, ça ne devient véritablement intéressant et haletant que dans le dernier tiers ; 2) presque tous les personnages sont antipathiques ; 3) il ne faut pas être à cheval sur les détails, c’est blindé de petites incohérences.
Qui suis-je, de Thomas Gornet (Le Rouergue, 2018) : c’est l’histoire d’un ado qui tombe amoureux d’un autre garçon sans s’en rendre compte, et le point de vue interne du narrateur (le seul à ne pas comprendre ce qui se passe) est assez bien pensé, mais alors 1) ça manque de tripes et de papillons dans le ventre ; 2) j’ai trouvé le style complètement transparent. D’où un certain ennui.
Citrouille, de Sarah Turoche-Dromery (Thierry Magnier, 2018) : beaucoup plus convenu que ce à quoi la collection m’avait habituée, du coup je suis un peu déçue — mais pas forcément par le texte en soi, plutôt par le texte en tant que “Petite Poche”. Does it make sense ?
UN SEUL ÉNORME ÉPOUVANTABLE FLOP
Aïe aïe aïe… J’ai presque live-twitté ce livre à mes amis tant la lecture m’a exaspérée. J’hésite à en faire une critique constructive, mais je me suis déjà collée à l’exercice sur George sur la même question du genre, et on va finir par me prendre pour une maniaco-critique crypto-féministe à tendance snob.
Il y a pour moi plein de problèmes dans ce roman qui, outre les visions du monde un peu puantes qu’il véhicule (selon moi), est d’une incohérence narrative absolue, incarne ses personnages avec une nonchalance bipolaire qui frôle le téléfilm de 1976, et nous sert tous les topos éculés des représentations et relations ados malsaines.
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Laissez-moi sortir de ces clichés sexistes !!
Je ne sais pas si je développerai. Je trouve embêtant de ne pas rencontrer sur le net de critique qui soulève les points que j’estime problématiques…
Mais en même temps, la vie est une longue suite de déceptions…
Et comme dit le sage : Si un ennemi t’a fait du mal, assied-toi au bord de la rivière, et un jour tu verras passer son cadavre.
*
Comme d’habitude, la partie TOP & FLOP a été interminable, j’espère que vous vous êtes bien hydratés pendant la lecture. J’envoie la suite :
2) CHRONIQUES D’AILLEURS
Alors, Tom de La Voix du Livre, a publié pendant tout le mois de mars des portraits de femmes créatrices rédigés par des femmes qu’il aime (et souvent aussi créatrices).
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C’était un projet superbe, ambitieux et généreux, et ces nombreux portraits m’ont permis de lister de tas de romans, films, pièces de théâtres, essais et poèmes à découvrir. Je vous mets par exemple les lien du portrait de Goliardia Sapienza par Gaia Guasti, que j’aime beaucoup, et celui de Carol Ann Duffy par Julia Lupiot, alias mézigue, mais je vous invite à feuilleter les 31 portraits…
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3) AILLEURS SUR LE WEB
Cet article étant excessivement long, je vous proposer une vidéo très courte qui a demandé à son auteur un temps et une minutie infinis pour un résultat qui semble d’une futilité démesurée et vous fera sourire quelques instants. Allégorie de ma vie.
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4) HAPPY NOMBRIL
C’est là que je me rends compte qu’on fait beaucoup de choses en trois mois, quand même. Tellement qu’on n’a rien à dire à la fin, parce que parler d’un truc ce serait le rendre bizarrement plus important que le reste, donc je sais pas.
Attends si en fait, je sais. Je me suis sérieusement remise à l’écriture. Je consacre un maximum de temps à l’avancement d’un projet de roman, ce qui est en grande partie la raison de mon absence du royaume des internets. J’ai une tendance si naturelle au papillonnage à l’intérieur-même de l’activité d’écriture, bondissant d’une idée de texte à l’autre telle une garenne extatique, qu’il est tout à fait déconseillé de me donner accès au world wibe web si l’on veut que je ponde un jour un œuf littéraire de taille raisonnable et pas trop creux non plus. Aussi me suis-je autopunie d’internet comme quand ma mère débranchait le routeur pour m’empêcher de m’épanouir dans les RPG Harry Potter (you monster).
On espère que ça marchera mieux que quand j’étais censée faire mes devoirs.
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Le référencement de tous les articles C’est le 1er se fait désormais chez ma géniale complice Charmant Petit Monstre du blog Les Lectures du Monstre. Pour quelle raison ? Pour la raison que je suis une tache, voilà. Je vous invite dans le même mouvement à vous abonner à son blog drôlissime et intelligent.
Beaucoup d’affection dans votre générale direction,
Lupiot
C’est le 1er, je balance tout (#15, avril 2018) Quinzième édition de ce  rendez-vous mensuel, qui rime avec « C’est lundi, que lisez-vous ? », et peut se voir comme un complément ou un petit frère dérangé, comme il vous plaira.
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lupiot · 6 years
Text
“Quel serait votre lecture coup de cœur jeunesse de 2017 ?”
C’est la question que j’ai posée à 36 auteurs, éditeurs, libraires, critiques et autres passionnés du monde du livre jeunesse.
Chacun m’a parlé de sa lecture jeunesse la plus excitante de l’année. Sur le modèle de cet article paru chez Just A Word (critiques de littérature et cinéma), je déroule donc ici une liste de livres follement éclectique, généreuse et un peu dingo, représentative de la variété et l’exigence de l’édition jeunesse dans ce qu’elle a de plus génial.
Il y a de l’album, de la littérature et de la bande-dessinée à découvrir. Tout est pour toi.
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C’est l’occasion de découvrir des titres dont tu as peu ou pas entendu parler. C’est l’occasion, aussi (soyons honnêtes) de te jeter comme un(e) fangirl/boy sur les livres recommandés par la voix aimée de ton auteur ou autrice préféré(e).
Récap de tous les livres à la fin de l’article.
#1. Le coup de cœur d’Audrey — Attachée de presse chez Albin Michel et vidéaste de la chaîne Youtube Le souffle des mots.
Inséparables, de Sarah Crossan (VO 2015, VF Rageot 2017)
Inséparables de cœur, inséparables de corps, Grace et Tippi sont deux sœurs siamoises qui ne s’imaginent pas vivre l’une sans l’autre. Mais leur première rentrée au lycée pourrait bien compromettre toutes leurs espérances… Comment vivre sa propre vie lorsque notre sœur est toujours à nos côtés, collée à nous pour toujours ?
Lors de notre lecture de ce roman, nous sommes, nous et lui, inséparables aussi. C’est doux, poétique, juste et émouvant. Les vers libres nous entraînent, c’est exceptionnel. Grace et Tippi nous touchent énormément, nos différences nous rapprochent, nos questions trouvent des réponses, notre curiosité est à son apogée : comment vivre à deux, mais vraiment à deux, pas comme des âmes sœurs mais comme deux âmes enfermées dans un même corps ? Inséparables nous propose une histoire inoubliable, gravée en nous pour de nombreuses années. Pour ma part, gravée en moi pour toujours.
#2. Le coup de cœur de Gaël Aymon — Écrivain jeunesse auteur notamment de La princesse Rose-Praline, Les souliers écarlates, Contes d’un autre genre, Ma réputation, Oublier Camille et Golden Valley.
Louis Pasteur contre les loups-garous, de Flore Vesco (Didier Jeunesse, 2016)
Précédée par un coup de cœur familial pour De cape et de mots, la lecture du dernier Flore Vesco s’imposait autant qu’elle s’avérait dangereuse. La barre était haute. Pourtant ce roman m’a cueilli dès son titre. En plus d’un style très personnel, à la fois alambiqué et épuré, poétique et drôle, Flore Vesco a donc un sacré culot et un imaginaire des plus déconcertants ! Propulser Louis Pasteur, le vrai, en héros d’aventures fantastiques, intéresser le lecteur à son parcours scientifique tout en lui parlant de loups-garous, mêler la documentation pointue (ou les connaissances encyclopédiques ?) à une liberté de ton et de genre, faire peur et faire rire, être moderne dans un Paris de 1840 réaliste et crédible… Cette lecture a été un plaisir si rafraîchissant et dépaysant qu’elle m’a convaincu de suivre, non seulement le chemin de son autrice, mais aussi d’aller fouiller davantage la collection de romans dans laquelle il était publiée, chez Didier Jeunesse. C’est dire ! À suivre !
#3. Le coup de cœur de Clémentine Beauvais — Enseignante chercheuse en sciences de l’éducation spécialisée en littérature jeunesse, et écrivaine jeunesse autrice notamment de La Louve, Comme des images, Les petites reines et Songe à la douceur.
BJÖRN, six histoires d’ours, de Delphine Perret (Les Fourmis Rouges, 2016)
J’ai beaucoup parlé de Björn avec d’autres personnes, tout aussi fascinées que moi par les petites histoires de cet ours des forêts. Une question qui me hante : pourquoi ? Pourquoi est-il, avec ses amis — le lièvre, la belette, l’écureuil, la tortue — si étrangement fascinant ? Difficile de mettre le doigt dessus. Il y a le ton, d’abord, dans une espèce de tendre retenue qu’on voit rarement en jeunesse, et encore plus rarement dans les livres pour adultes. Quelque chose de l’ordre d’un discours intérieur que tiendrait pour lui-même quelqu’un qui est poète sans le savoir. Il y a le dessin : les traits simples, la ligne claire, les animaux de la forêt vus mille fois — de Béatrix Potter à Petit Ours Brun — oui mais là…. Une ligne avec de petits tremblotements qui terminent les animaux, comme sans le faire exprès, par une petite patte folle ou une queue qui gigote, un sourcil surpris, un poil de travers. Et il y a les aventures : ou plutôt les presque aventures. Björn va à la piscine, mais finalement il ne va pas à la piscine. Björn et ses amis prennent le bus, et puis ensuite ils rentrent à la maison. Rien de grave n’arrive, presque rien ne change, mais dans ce presque rien, mille choses se vivent.
#4. Le coup de cœur de Luc Blanvillain — Écrivain jeunesse auteur notamment d’Un amour de geek, Dans le cœur d’Alice, La nébuleuse Alma, Le monde selon Walden et L’incroyable voyage de M. Fogg.
Ne te fie à personne (La brigade de l’ombre, t. 2), de Vincent Villeminot (Casterman, 2017)
La contrainte est draconienne, parler de son coup de cœur jeunesse 2017 sur un paragraphe de cinq à dix lignes, mon dieu, une gageure, surtout que j’ai choisi Ne te fie à personne, de Villeminot, je ne mets pas le prénom, tout le monde le connaît, ça gagne un peu de place, donc allons à l’essentiel, inutile de dire à quel point les personnages sont immédiatement attachants, mystérieux surtout, attachants par leur mystère même, voilà, par tout ce qui est tu d’eux, cette ombre qui les ourle, c’est la matière de l’histoire, l’ombre, le nom de la série, la brigade de l’ombre, ces goules autour desquelles tout tourne et qui sont pourtant presque absentes du livre, ou cachées, traquées, obsédantes et fantasmatiques comme tout ce qui grouille dans le noir, c’est un très beau roman noir, une voix qui parle du noir dans le noir, avec les mots qu’il faut pour ça, précis et poétiques, sans effets ostentatoires, sans facilités, par petites phrases sèches et précises. J’ai adoré.
#5. Le coup de cœur de Bob — Bibliothécaire et rédactrice du site de critiques de littérature jeunesse Bob et Jean-Michel.
Pax et le petit soldat, de Sara Pennypacker (VO 2016, VF Gallimard Jeunesse 2017)
Pax et le petit soldat, Sara Pennypacker (Gallimard, 2017) L’un des plus beaux romans de cette année pour son histoire universelle, sensible, humaniste. L’amitié entre un garçon et un renard, séparés par la guerre, qui tentent de se retrouver.
L’écriture de Sara Pennypacker, tendre et émouvante, nous transporte littéralement et les illustrations en noir et blanc de Jon Klassen – que j’adore – ponctuent superbement le récit. Une histoire d’amitié intemporelle et délicate.
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#6. Le coup de cœur d’Anne-Laure Bondoux — Écrivaine, autrice notamment du Destin de Linus Hoppe, des Larmes de l’Assassin, de La Princetta et le Capitaine, Le temps des miracles, Tant que nous sommes vivants et L’Aube sera grandiose, en littérature jeunesse, et Et je danse, aussi, en littérature générale.
Les petites reines, de Clémentine Beauvais (Sarbacane, 2015)
Je l’avoue, j’ai souvent un train de retard (voire deux ou trois) dans mes lectures et je n’avais encore pas lu Clémentine Beauvais jusqu’à cet automne. J’ai été immédiatement conquise par l’écriture et par l’intelligente malice qui se dégage de ce roman. J’adore prendre des claques en lisant mes collègues ; ça a été le cas. Pourquoi ? Parce que je ne sais pas écrire comme Clémentine, avec cette vivacité, cette inventivité, cette modernité, cette liberté. J’ai admiré le rythme, l’efficacité du propos, et la dérision tendre avec laquelle elle traite ses personnages. J’ai beaucoup ri, je me suis esclaffée (mention spéciale à la mère de Mireille), j’ai eu envie de tourner les pages, et son roman m’a fait réfléchir à ma propre écriture, ce qui ajoute beaucoup à mon coup de cœur. Allons plus loin, je me suis sentie un peu « vieille » aussi, en lisant Les petites Reines. C’est le genre de lecture qui me remet en question, et je trouve ça intéressant, dynamique et nécessaire. Comment fait-elle pour écrire une si chouette comédie ? Comment fait-elle pour s’autoriser autant de liberté à la fois langagière et narrative ? Bref, les petites Reines, ça décoiffe et c’est mon coup de coeur 2017… même s’il est paru en 2015 !
#7. Le coup de cœur de Broco — Rédactrice du site de critiques littéraires et cinématographiques Le Brocoli de Merlin.
La Fourmi Rouge, d’Émilie Chazerand (Sarbacane, 2017)
La fourmi rouge, merveille de roman chez Sarbacane, c’est : un humour décapant, une écriture ciselée et aussi rythmée qu’une salsa sous acide, une adolescente au prénom hygiénique, Vania, et à la répartie cinglante (dont je suis encore jalouse), des personnages non conformistes, un brin marginaux, pas franchement bien aidés par la vie, qui luttent, avec dérision et moult sarcasmes pour votre plus grand plaisir !
L’histoire, réaliste avec juste ce qu’il faut de fantaisie, va vous émouvoir et vous amuser, c’est certifié par un brocoli. Émilie Chazerand nous pond là un roman jeunesse qui plaira à tous et à tous les âges et j’ai, grâce à elle, enfin trouvé mon mantra : « Je ne veux plus me laisser pisser dessus par le destin ». Je suis une fourmi rouge, épicétou.
#8. Le coup de cœur de Marine Carteron — Professeure de français et écrivaine jeunesse, autrice notamment de la série des Autodafeurs et de Génération K.
Le copain de la fille du tueur, de Vincent Villeminot (Nathan, 2016)
Le copain de la fille du tueur, j’ai aimé. Vraiment. Beaucoup. C’est un roman inclassable. Un sale gosse. Entre le thriller et l’histoire d’amour, à la fois drôle et merveilleusement poétique. Le genre de roman où tu ne peux t’empêcher de te dire « Nan, mais là, il exagère », mais où tu ne peux t’empêcher de tourner la page. Et d’être un peu jalouse aussi. Parce que cette sensualité, quand même, c’est beau, et c’est rare.
Bon, je suis nulle en critique. Je ne sais pas faire, je marche à l’affect. Du coup, si vous vouliez que je vous résume l’histoire, c’est mort. Mais sachez que je vous envie. Parce que j’aimerais bien être à votre place. Pour le relire, ce putain de roman. Comme une première fois.
#9. Le coup de cœur de Charmant Petit Monstre — Rédactrice du site de critique littéraire humoristique Les lectures du monstre
Songe à la douceur, de Clémentine Beauvais (Sarbacane, 2016)
Bonjour, les coups de cœur jeunesse 2017, c’est ici ? Pour moi, ça sera Songe à la douceur de Clémentine Beauvais (éditions Sarbacane) et une grenadine, s’il vous plaît. La bête est un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) immensément classe, épatamment beau, fabuleusement émouvant et étonnamment drôle, qui ni vu ni connu, avec l’air de ne pas y toucher, te propose une réécriture moderne de Eugène Oneguine de Pouchkine et de Tchaïkosvki (donc déjà prends-toi ça dans la poire). Oscillant entre modernité et classique ; poésie et humour ; fond et forme (d’une complémentarité folle) ; tragique et comique, le roman te prouve, s’il le fallait encore, qu’il n’y a pas de limites dans l’écriture et qu’exigence swingue avec littérature jeunesse. Bref, une belle claque qui m’a laissée sonnée et admirative sur le plancher (j’y suis toujours d’ailleurs).
#10. Le coup de cœur de Coline Cribue — Chargée de communication chez L’École des Loisirs
La Voix du Couteau (Le chaos en marche #1), de Patrick Ness (VO 2008, VF Gallimard Jeunesse 2009)
VOUS SAVEZ LORSQU’ON ÉCRIT EN MAJUSCULE, ON A L’IMPRESSION QUE L’ON CRIE, C’EST TRÈS AGRESSIF. Imaginez un monde où le bruit est omniprésent. (Y a beaucoup de bruit, comme dirait Shakespeare). La voix du Couteau est le premier tome de la trilogie Le Chaos en marche. On suit un jeune garçon Todd qui vit sur la planète Nouveau monde. Un monde où sévit un virus appelé Le Bruit. Toutes les femmes ont été tuées par ce virus… et à cause de lui les pensées des hommes sont entendables par tous. Imaginez, toutes vos pensées, quelles soient vraies ou fausses, sont entendues, ça crépite, c’est une grande purée de son, de pensées, d’images. Jusqu’au jour où Todd va découvrir un être humain silencieux, secret, qui n’a pas de bruit… Une fille. Il va devoir fuir avec elle et c’est tout son monde qui s’écroule. Le chaos en marche est une dystopie postapocalyptique qui je peux vous assurer est digne des meilleures séries, tant l’art du suspense est maîtrisé. C’est violent, on a envie à chaque instant d’aller lire la fin juste pour s’assurer qu’ils vont s’en sortir… L’auteur a un style aiguisé tel un couteau où chaque mot est effilé et pointu. Une lecture qui ne laisse pas indemne.
#11. Le coup de cœur de Sarah Crossan — Écrivaine britannique autrice notamment de The Weight of Water (nt), Breathe (nt), Apple and Rain (nt), Inséparables et Moonrise (nt).
Perfectly Norman (nt), de Tom Percival (VO 2017 Bloomsbury)
Un livre que j’ai adoré en 2017, c’est Perfectly Norman, de Tom Percival, paru chez Bloomsbury.
C’est un album superbement illustré, qui raconte l’histoire d’un garçon soudainement doté d’une paire d’ailes multicolores — dont il a honte, et qu’il tente de dissimuler par tous les moyens. Ça parle d’être soi-même et de trouver des personnes qui vous ressemblent et vous aiment pour vous-même. Et bien qu’il soit destiné au jeune public, c’est un livre que tout le monde devrait avoir en sa possession selon moi !
#12. Le coup de cœur de Xavier D’Almeida — Éditeur de littérature chez Pocket Jeunesse
Le Jour où le grand chêne est tombé de Marie Caudry et Gauthier David (Thierry Magnier, 2017)
Mon grand coup de foudre cette année c’est : Le Jour où le grand chêne est tombé de Marie Caudry et Gauthier David. Un arbre monde trône au-dessus d’une vallée. Il est arrachée par une tempête et tous les habitants de ce vaste territoire qu’il dominait de sa taille et de sa sagesse vont tenter de s’unir pour le redresser et ne pas perdre l’équilibre que sa solidité symbolisait. Mais rien n’y fait. Et le désespoir guette. Jusqu’au matin où une vielle femme raconte l’histoire des géants qui ont créé cet univers. Des mots éternels, qui donneront la force à tous les êtres de se mêler pour créer une sorte de golem puissant, qui relèvera l’arbre. Seules resteront les empreintes des racines arrachées et des branches tombées où joueront des générations d’enfants. L’album est porté par le trait subtil de Marie Caudry, toujours à la frontière de l’étrange, de l’inquiétant, malgré des tons pastels très doux qui créent une foule de contrastes émotionnels. Surtout qu’il suscite toujours des discussions avec les petits êtres auxquels on le raconte. Et c’est quand même une sacrée réussite quand un album emporte enfants et adultes sur le dos de l’aventure vers des pensées nouvelles…
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#13. Le coup de cœur de Anahita Ettehadi — Libraire passionnée spécialisée en jeunesse à la librairie
Miss Pook et les enfants de la lune, de Bertrand Santini (Grasset Jeunesse, 2017)
À la frontière entre « Peter Pan » et « Miss Peregrine », Bertrand Santini imagine une fabuleuse épopée sur la Lune. Élise, 10 ans, est enlevée par une sorcière à dos de dragon chinois et emmenée sur la lune. Là-bas, la fillette va devoir combattre toutes sortes de créatures des ombres, tels que des vampires et des faunes. « Miss Pook », paru chez Grasset Jeunesse, est une parfaite alchimie entre noirceur et tendresse, angoisse et humour, servie par une écriture ciselée restituant toute l’élégance du XXème siècle. Un début de série très prometteur, idéal pour les amoureux de magie et d’aventure avec un grand A !
#14. Le coup de cœur de Timothée de Fombelle — Écrivain, auteur notamment de Tobie Lolness, Vango, Le Livre de Perle en littérature jeunesse, et Je danse toujours et Neverland en adulte.
Il y a un auteur que j’admire beaucoup qui a sorti un paquet de livres cette année. Il fêtait ses trente ans de publication, et je me demande comment c’est possible parce qu’il a l’air d’avoir quinze ans et demi. Il s’appelle Vincent Cuvellier. Mon livre coup de cœur de l’année est écrit par lui, c’est Mon Fils, paru au printemps, je crois. Il est illustré par Delphine Perret qui est vraiment très forte aussi. C’est un album dans lequel un père parle de son fils. Comme toujours avec Vincent Cuvellier l’écriture est extraordinairement simple et directe. Quand on écrit, il faut grimper très dur et très longtemps pour atteindre cette clarté. C’est comme en montagne. Et là-haut, on voit tout avec précision. Depuis dix ans, j’attendais une suite à La Première fois que je suis née, un autre livre qui parle de la vie entière qui est roulée à l’intérieur d’un enfant qui naît. Avec Mon fils j’ai l’impression que cet enfant a grandi et parle à son propre fils.
#14. Le coup de cœur de Hervé Giraud — Écrivain, auteur notamment de Le jour où on a retrouvé le soldat Botillon, Prends ta pelle et ton seau et va jouer dans les sables mouvants, Histoire du garçon qui courait après son chien qui courait après sa balle en littérature jeunesse, et du Pull où j’ai grandi en littérature générale.
Léo cœur d’indien, d’Anne-Gaëlle Balpe (L’École des Loisirs, 2016)
Faisons du tri. Mettons à la poubelle tout ce qui ne relève (au mieux) que de “l’activité de lecture” — adieu donc : romans policiers cucul la praline ; historiettes de gamines niaises qui font de la danse, etc. Ce qui fonde la littérature jeunesse, c’est la double compétence de nous enrôler avec talent dans des histoires et d’y glisser à l’intérieur des clefs de compréhension du monde. Plus le lecteur visé est jeune, plus l’exercice est difficile. Léo cœur d’indien, d’Anne-Galle Balpe (L’École des Loisirs) y parvient avec brio. En surface, le propos et l’histoire sont légers, tristes et joyeux à la fois, rudement bien menés. En profondeur, ça parle de la filiation, du temps qui passe et de l’amour qui transcende le tout. Quand on referme le livre, on a beau avoir l’âge du lecteur visé multiplié par puissance deux ou trois, on a beau penser que rien ne pourra plus jamais nous surprendre, nous égayer ou nous séduire… notre cœur de pierre est emporté par la danse du feu qu’Anne-Gaëlle Balpe fait tourner dans nos têtes et son cœur d’indien nous emporte bien plus loin qu’il n’en a l’air.
#16. Le coup de cœur d’Yves Grevet — Écrivain jeunesse, auteur notamment des Méto, de Nox, H.E.N.R.Y, Des ados parfaits, Celle qui sentait venir l’orage et U4. Koridwen.
Je suis ton soleil, de Marie Pavlenko (Flammarion, 2017)
Mon coup de cœur de l’année, c’est Je suis ton soleil de Marie Pavlenko paru chez Flammarion en mars dernier.  Ça raconte l’année de terminale de Déborah, une adolescente parisienne qui va devoir surmonter une série de crises : sa meilleure copine prend ses distances, ses parents se déchirent, le garçon qui l’attire n’est pas libre, son chien caractériel lui complique la vie. Ce qui fait la force de cette histoire, c’est Déborah, qui est très incarnée et très loin des clichés sur l’adolescence. Elle est excessive, drôle et sensible. Je me suis beaucoup amusé à suivre ses aventures catastrophiques racontées dans un style très imagé. Mais, je me suis aussi parfois laissé surprendre par l’émotion. Au cours d’un récit passionnant, Déborah va découvrir l’amitié avec des garçons et va percer un mystère qui entoure sa mère. En résumé, c’est un roman drôle, juste et brillant (à l’image de sa belle couverture dorée avec des coquillettes).
#17. Le coup de cœur de Florence Hinckel — Écrivaine jeunesse, autrice notamment de Hors de moi, L’été où je suis née, Quatre filles et quatre garçons, #Bleue, Traces, U4. Yannis et Le grand saut.
Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte, d’Annet Huizing (Syros, 2016)
Difficile de choisir LE coup de cœur en littérature jeunesse de mes lectures de ces douze derniers mois ! La passe-miroir de Christelle Dabos ou La douane volante de François Place, ces merveilleux romans qui furent d’immenses plaisirs de lecture ? Ils sont en ballotage avec Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte, de Annet Huizing, aux éditions Syros… C’est ce dernier roman que je choisis finalement, car je pense qu’il peut être une découverte pour davantage de curieuses et curieux.
L’héroïne, Katinka, n’a que 12 ans, et le roman s’adresse aux lecteurs et lectrices de tout âge, petites ou grandes, dès 10 ou 11 ans, jusqu’à au moins 110 ans. Et personnellement c’est cette universalité que je recherche en littérature jeunesse, autant dans mes lectures que dans mon écriture, telle la pierre philosophale. Peu d’auteurs et d’autrices trouvent cet endroit universel en eux pour pouvoir le restituer ensuite. De plus, le roman d’Annet Huizing nous offre une très belle métaphore de l’écriture que l’on cultive, qui pousse, mûrit, grandit et sort de terre. Cette métaphore est d’autant plus forte qu’elle s’accompagne d’un deuil, exprimé avec une pudeur propre à l’enfance. Et puis chaque chapitre donne lieu à un véritable conseil d’écriture, précieux et pertinent. La petite fille finit en effet par écrire un vrai bon roman, aidée par des ateliers d’écriture informels donnés par sa voisine écrivaine. C’est passionnant, profond, sensible, doux, sensuel et silencieux, et entoure le cœur d’un voile d’enfance qui flotte, léger, prêt à s’envoler, sans oublier de nous caresser l’âme au passage, tout en l’élevant.
#18. Le coup de cœur de Lucie Kosmala — Rédactrice Livres pour MadmoiZelle, chroniqueuse pour France Inter.
Tu seras ma princesse, de Marcus Malte et Régis Lejonc (Sarbacane, 2017)
Tu seras ma princesse, c’est comme un trou noir de poésie. On se fraye un chemin jusqu’à sa première page, on en déguste les premiers mots avec insouciance, et on comprend rapidement que l’on va se faire happer par les émotions sans pouvoir leur opposer une quelconque résistance.
Le livre raconte l’attente d’un enfant, d’une petite fille déjà aimée inconditionnellement avant même qu’elle vienne au monde, mais résonne bien au-delà de la simple histoire de grossesse. Ce livre donne une furieuse envie d’aimer et surtout de le dire !
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#19. Le coup de cœur de Tom Lévêque — Assistant d’édition chez Talents Hauts, rédacteur du site de critique de littérature jeunesse La Voix du Livre et vidéaste pour la chaîne Youtube Boîtamo.
Comme tout le monde, de Charlotte Erlih et Marjolaine Leray (Talents Hauts, 2017)
Beaucoup de gens — qui dénigrent les chaussures à scratch — croient qu’il est facile d’écrire et illustrer un album jeunesse. Charlotte Erlih et Marjolaine Leray prouvent avec talent, et une grande classe, à quel point ces personnes ont tord — parce que franchement, qui n’a jamais surkiffé les chaussures à scratch ? (Merci Julia pour cette métaphore filée de génie.) Dans Comme tout le monde, une petite roulotte bariolée et un peu boulotte sillonne le vaste monde. Elle s’arrête un jour à l’orée d’un joli bourg fleuri où, très vite, les maisons cancannent et les ragots fusent. Trop colorée, sans cheminée ou avec des roues, cette roulotte n’est décidément pas comme tout le monde… Elle répond aux perfides critiques en s’adaptant jusqu’au jour où, vraiment, c’en est trop. Cette fable moderne mais universelle est le parfait exemple d’un album jeunesse réussi. Que dis-je ? D’un futur CLASSIQUE de la littérature jeunesse. Grâce à un texte musical et rythmé — où chaque mot est finement choisi — et une illustration énergique qui donne vie en quelques traits à maisons et roulottes, cette parabole faussement enfantine de la différence et de l’intégration est aussi riche que subversive et aussi tendre qu’essentielle. Cet album singulier et expressif, est à mettre entre toutes les mains, petites et grandes !
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#20. Le coup de cœur de Nathan Lévêque — Libraire passionné au Merle Moqueur, rédacteur du site de critique de littérature jeunesse Le cahier de lecture de Nathan et vidéaste de la chaîne Youtube Le cahier de lecture.
Sirius, de Stéphane Servant (Le Rouergue, 2017)
Sirius est sans aucun doute le livre qui m’aura le plus marqué, fasciné et bouleversé en 2017 (oui, rien que ça).
Je voudrais saluer l’intense poésie de l’écriture de Stéphane Servant, la justesse de ses personnages ou encore l’immense palette d’émotions qui nous traversent dans cette aventure post-apocalyptique (oui, oui, c’est bien Stéphane Servant qui est aux manettes de ce livre de science-fiction, puisque, par extension, c’est en un !). Mais l’ayant déjà fait à maintes reprises, par écrit ou en vidéo, j’insisterai plutôt sur l’importance du message qu’il transmet aux jeunes (ou pas !) lecteurs. Avec douleur mais beauté, il nous montre que si l’Homme abandonnait la sauvagerie, pour redevenir sauvage, à l’instar des animaux qu’il est en train de tuer en même temps que la planète, le monde serait à nouveau beau. En paix. Et si, en 2018, on prenait soin d’eux ?
#21. Le coup de cœur de Lucie — Bibliothécaire et corédactrice du site de critique et recommandations de littérature jeunesse Dans ta page.
Momo, de Rony Hotin et Jonathan Garnier (Casterman, 2017) 
Choisir, c’est renoncer, et quand ce monstre qu’est Lupiot m’a demandé de choisir mon coup de cœur de l’année, une bonne dizaine de titres me sont venus en tête : Camille et Jeanne pour l’humour et la tendresse ? Grand Ami pour la poésie ? Le Renard et l’étoile pour le travail graphique incroyable ? Et beaucoup d’autres encore… Finalement, je me décide pour Momo, qui allie humour, tendresse, poésie et graphisme remarquable. Cette BD en deux tomes nous entraîne dans le quotidien de l’espiègle Momo, qui, dans son petit village, partage la vie de sa grand-mère en attendant le retour de son père. Cette petite fille au caractère bien trempé vous attache par le bout du cœur et vous mène par le bout du nez, comme dirait l’autre, et c’est les yeux plein de larmes et le palpitant essoré qu’on referme le 1er puis le 2e tome de la série, parce que même quand la vie est pas facile et vous pique comme une fourchette, il y a toujours une Momo quelque part pour vous prendre par la main et vous mener vers le ciel bleu.
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#22. Le coup de cœur de Michaël Mathieu — Libraire passionné à la Librairie de Paris.
Naissance des cœurs de pierre, d’Antoine Dole (Actes Sud Junior, 2017)
Tu vois, je lis Antoine Dole depuis ses débuts sur MySpace. Ouais, MySpace, c’est un truc de vieux, faudra que tu demandes aux anciens. Comme un collectionneur, j’ai essayé de tout avoir, de rien louper. Je suis le genre de lecteur qui, parfois, se dit qu’il ne sera plus surpris. Et puis bim. « Naissance des coeurs de pierre » est entré dans ma vie. Ce roman, c’est l’histoire des émotions, c’est l’aveuglement volontaire, la foi en demain. Quand tu penses avoir tout compris, le texte te prend par surprise, te fout une claque monumentale, te laisse un peu choqué. T’as capté la leçon, hein ? Personne te dit que c’est fini. Parce que « Naissance des cœurs de pierre » c’est aussi le roman du tout peut arriver, mon petit chat. Pourtant, ce qui trône au dessus de tout ça, dans toute sa lumière, c’est le talent d’Antoine Dole. Sa plume à fleur de peau, celle qui ne ment pas, celle qui ose et enfonce des portes aux serrures qui grincent. Celle qui me dit qu’au prochain roman, la surprise sera encore là. Comme depuis dix ans, comme depuis MySpace, comme la première fois que j’ai lu les textes de ce petit mec brun avec un regard un peu triste. Naissance d’un cœur de lecteur fidèle.
#23. Le coup de cœur de Christophe Mauri — Écrivain jeunesse, auteur notamment de la série Mathieu Hidalf, des Saisons de Peter Pan, Je veux manger un lion, La famille royale et Le Petit Poucet, c’est moi.
Le Chevalier de Ventre-À-Terre, de Gilles Bachelet (Le Seuil Jeunesse, 2014)
J’adore Le Chevalier de Ventre-à-Terre pour sa composition, pour le fourmillement de l’image, pour sa malice décapante et sa tendresse baveuse. Rien de mieux qu’une bonne bataille pour remplir sa journée, c’est certain, mais inutile de jouer le jeu jusqu’au bout. Si chacun défendait son fraisier avec autant d’élan que cet escargot, il y aurait plus de contes de fées à raconter aux enfants.
Mais ce qui me plait le plus, chez ce héros, c’est son nom : “Le Chevalier de Ventre-à-Terre”. Comment a-t-on une idée pareille ?
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#24. Le coup de cœur d’Hélène Mével — Libraire passionnée à la Fnac de Sainte Geneviève des Bois.
La Belle Sauvage (La Trilogie de la Poussière #1), de Philip Pullman (Gallimard Jeunesse, 2017)
La Belle Sauvage, c’est le genre de lecture qui vous emporte dans un univers à part entière. On suit Malcolm, attachant gamin de douze ans et de son dæmon, dont la vie va être bouleversée quand l’abbaye du coin accueille un bébé (la petite Lyra) dont la vie est en danger. S’ensuit une foule de péripéties épatantes qui mènera le garçon jusqu à Londres…
Un moment vous êtes dans votre lit, dans votre canapé, emmitouflé dans un plaid bien chaud, et celui d’après vous êtes dans l’Angleterre de Pullman, dans le canoë de Malcolm. C’est le genre de lecture qui vous capture le temps de ces 600 quelques pages, et vous en ressortez un peu triste car vous seriez bien resté en compagnie de ces personnages.
La Belle Sauvage, c’est le genre de lecture à côté de laquelle il ne faut pas passer, parce que ça vous rappelle pourquoi vous adorez lire. Note : on peut apprécier le voyage sans avoir lu À la croisée des mondes.
#25. Le coup de cœur de Stéphane Michaka — Écrivain jeunesse auteur notamment des Enfants du Docteur Mistletoe et du diptyque Cité 19.
La Ballade de Mulan, de Chun-Liang Yeh et Clémence Pollet (Hong Fei, 2015)
Mon coup de cœur de l’année en jeunesse est La Ballade de Mulan, un album illustré par Clémence Pollet. Il est paru chez HongFei, un éditeur passionnant qui vient de fêter ses dix ans. Je ne connaissais pas le travail de l’illustratrice avant de la rencontrer grâce à Didier Jeunesse, chez qui nous avons publié ensemble le livre-disque Alice & merveilles. J’ai très vite été séduit par les illustrations de Clémence, son talent multiforme et sa façon de plier son dessin à chaque histoire tout en restant elle-même. La Ballade de Mulan est un conte chinois vieux de dix-sept siècles, très actuel aujourd’hui. Je n’en dirai pas plus, pour laisser aux lectrices et lecteurs de tous âges le plaisir de se plonger dans cette fable. Mais surtout de goûter les illustrations et les couleurs de l’illustratrice, car cet album est une pépite de la littérature jeunesse — quand récit, image et format se marient avec évidence, beauté et simplicité. La Ballade de Mulan a été publiée il y a deux ans. Comme tous les grands albums jeunesse, elle fait maintenant partie du paysage de façon inamovible et inoubliable.
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#26. Le coup de cœur de Benoît Minville — Libraire passionné à la Fnac de la Défense et écrivain, auteur notamment de Je suis sa fille, Victor Tombe-dedans, Les géants, et Les belles vies, en littérature jeunesse, et Rural noir, en adulte.
Colorado Train, de Thibault Vermot (Sarbacane, 2017)
Les années 50, une bande de gamins à vélo, un croquemitaine qui les traque… Il n’en fallait pas plus pour me plaire. Mais attention, dans le domaine, on me l’a fait pas. De Ça à Nuits d’été de Dan Simmons, en passant par Le mystère du lac de McCammon, je suis exigeant sur la thématique et la qualité. Et ce premier roman de Thibaut Vermot se pose comme une nouvelle référence en matière de roman horrifique et d’adolescence. Déjà parce qu’il digère parfaitement ses aînés, et ensuite parce qu’il y a une plume incroyable, un styliste qui fera date. En fait, il y a même plus de Poe que de King dans ce roman que j’ai adoré, et il y a surtout l’émergence d’un romancier dont on suivra les prochains romans avec impatience et immense intérêt. Romancier qui réussit ce que j’aime, un roman à la frontière des genres et qui peut et doit être lu par les ados autant que par les adultes — et tous ceux qui en fait voudront lire un bouquin génial.
#27. Le coup de cœur de Jean-Claude Mourlevat — Écrivain, auteur notamment, en littérature jeunesse, de : L’enfant Océan, La Balafre, La rivière à l’envers, Le combat d’hiver, Le chagrin du roi mort, Terrienne, et en littérature générale de : Et je danse aussi et Mes amis devenus.
Kinshasa Dreams, d’Anna Kuschnarowa (La Joie de Lire, 2012)
C’est l’histoire de Jengo Longomba, jeune boxeur congolais qui arrive à Berlin pour livrer un combat décisif. Le roman est un va-et-vient entre l’approche du combat, heure par heure, et des flash-back qui nous ramèrent à l’enfance de Jengo, à Kinshasa.
Enfance difficile car son père était Sénégalais et pas Congolais, Walof et pas Bantou, musulman et pas chrétien. Ce père toujours absent, Jengo l’admire parce qu’il est grand, fort et généreux — mais à la maison, c’est la grand-mère autoritaire qui dirige. Elle voit en Jengo un enfant-sorcier (ces enfants qui peuvent être battus à mort sans qu’on s’en offusque). Malmené, humilié Jengo ne trouve de raison de vivre que dans l’apprentissage de la boxe, et est fasciné en particulier par le combat du siècle ayant eu lieu justement à Kinshasa en 74 entre Ali et Forman. La ville est omniprésente. On s’y croit, avec les rues défoncées, les embouteillages, l’odeur du plastique qu’on brûle, la chaleur, la rumba congolaise. Et surtout les nombreux détails qui montrent que l’auteur connaît son affaire. Elle évoque par exemple les arbres qui servent de terrains d’atterrissage aux âmes des défunts.
La langue du roman est parlée, spontanée, orale. La traduction est selon moi particulièrement réussie. Très brillante. Le traducteur recourt aux expressions idiomatiques réelles comme « avoir la sorcellerie ».
#28. Le coup de cœur de Madeline Roth — Écrivaine jeunesse auteur de L’été de Léa, À ma source gardée et Tant que mon cœur bat.
Cœur de bois, d’Henri Meunier et Régis Lejonc (Notari 2017)
Cœur de bois est sans aucun doute le livre qui m’a le plus marquée cette année – la lecture dont je me souviens, la claque qu’a été de découvrir cette histoire. L’album s’ouvre sur Aurore, une femme qui se regarde dans le miroir. Elle vient de se maquiller, de se parfumer. Elle s’apprête à se rendre en forêt pour une promenade avec un « vieillard impotent ». Mais c’est six doubles-pages plus tard que le vieillard apparaît enfin à l’image — et c’est un choc. Ce serait dommage d’en dire plus, tant cet album, destiné aux grands — voire aux très grands, est tout entier construit sur le trouble. Les images de Régis Lejonc — cette couverture, déjà ! — sont des tableaux sombres et fascinants, et le texte d’Henri Meunier est parfait, déroulant à la manière des contes une fascinante histoire de pardon. Pour moi, la littérature jeunesse, dans ce qu’elle fait de mieux, offre cet espace de liberté et de création à des albums hors normes comme celui-ci.
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#29. Le coup de cœur de Cécile Roumiguière — Écrivaine jeunesse, autrice notamment de Pablo de la Courneuve, L’enfant silence, Le fil de soie, Lily, Les fragiles.
Le Bois Dormait, de Rébecca Dautremer (Sarbacane, 2016)
Une histoire qui surprend, de la beauté et du sens… Avec Le Bois Dormait, Rébecca Dautremer réenchante un conte rebattu. Ici, ni fée ni princesse mais un monde endormi qui interroge le nôtre : « … Il n’y en a pas un qui ait envie que ça change ? Allez hop, debout là d’dans ! »
Sous le titre, deux personnages dessinés au trait nous attendent. Un précepteur et son élève ? Leur dialogue va alterner avec des pages couleurs muettes traitées à la façon d’images fixes sur pellicule argentique : coins arrondis, second plan flou, traces de doigts sur un fond surexposé… On entre dans Le Bois Dormait comme dans un film muet. Sur la route, un lapin dort sous le panneau du village et une affiche de cirque. Ici, tout fait sens, le choix des personnages figés dans leur sommeil comme les plus infimes détails. C’est le mot « amour » qui décide le jeune homme à agir. Il avance vers nous, sort de la page pour basculer du côté couleur où il rejoint la fleuriste du Bois Dormait. Du baiser, on ne saura rien. Mais les papillons s’envolent… et le peuple du Bois est là, réveillé. « La poussière dans le vent, ça ne fait pas beaucoup de bruit » constate le vieil homme. Dans cet album écrit comme un film, avec intelligence, tendresse et maestria, Rébecca Dautremer nous donne à entendre la musique de la poussière dans le vent…
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#30. Le coup de cœur de Bertrand Santini — Écrivain et dessinateur jeunesse auteur du Yark, du Journal de Gurty, de Hugo de la nuit et de Miss Pook et les enfants de la lune.
Earl & Mooch, de Patrick McDonnell (VO 1994, Les Humanoïdes Associés 1996)
Je suis tombé amoureux d’Earl et Mooch au premier coup d’œil. Je veux vivre avec eux, partir dans leur monde, les couvrir de bisous et leur balancer des boules de neige à la gueule en riant. Ce duo de chat et de chien déglingué se nomme Mutts en anglais et j’ai toujours été étonné que ce fantastique petit monde créé par Patrick McDowell ne soit pas plus connu en France. À découvrir, donc, toutes affaires cessantes ! Et si vous ne me croyez pas, alors croyez Charles Schulz, le papa de Snoopy qui a qualifié Mutts « d’un des meilleurs comics de tous les temps ».
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  #31. Le coup de cœur de Kate Scelsa — Comédienne, dramaturge et écrivaine américaine, autrice de Fans de la vie impossible
Honor Girl (nt), de Maggie Thrash (VO 2015 Candlewick Press)
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Mon livre Young Adult coup de cœur lu en 2017 est un roman graphique, il s’agit d’Honor Girl, mémoires de jeunesse de Maggie Thrash. Comme dans tous les meilleurs romans graphiques, l’histoire d’Honor Girl émerge des petits détails joliment retranscrits. C’est l’histoire de Maggie, une ado qui se demande encore qui elle est,  qui se retrouve à tomber follement amoureuse de sa monitrice de colo à l’occasion d’un summer camp “Girls Only”. Terriblement identifiable ; j’ai englouti ce livre en une bouchée. Rien que l’obsession compétitive de Maggie pour les Backstreet Boys, c’est assez pour tomber amoureux-se de ce personnage.
#32. Le coup de cœur de Caroline Solé — Écrivaine jeunesse autrice de La pyramide des besoins humains et La petite romancière, la star et l’assassin.
Michelle, doit-on t’en vouloir d’avoir fait un selfie à Auschwitz ?, de Sylvain Levey (Éditions théâtrales, 2017) (pièce de théâtre jeunesse)
Lors d’un voyage scolaire, une adolescente se prend en photo, tout sourire, à l’intérieur du camp de concentration d’Auschwitz et poste son cliché sur les réseaux sociaux, déclenchant un torrent d’insultes des internautes. Ce fait divers, qui avait suscité une polémique aux États-Unis, a inspiré à Sylvain Levey cette pièce de théâtre jeunesse très originale qui met en scène des adolescents, mais aussi leurs avatars. On suit simultanément les actions des personnages et leur activité sur les réseaux sociaux. Les élèves commentent en temps réel leur excursion : remarques et photos sur leurs habits, leurs repas, leur trajet vers hashtag Birkenau. Alors, pourquoi pas un selfie à Auschwitz ? Mise en abyme passionnante de notre société numérique où le réel et le virtuel s’entremêlent en permanence, où chacun est à la fois acteur et spectateur de sa vie, ce récit nous plonge dans une double dimension. Troublant et profond.
Extrait : “Ils se filment, ça tchatte et ça tchatche. Dehors tout est calme. À quelques battements d’ailes d’ici, le camp de concentration et ses fantômes, clic, une photo de la campagne polonaise la nuit.”
#33. Le coup de cœur de Thibault Vermot — Auteur de Colorado Train.
Watership Down, de Richard Adams (VO 1972, VF Flammarion 1976, réédition chez Toussaint Louverture en 2017)
« WTF ?? Une histoire de LAPINS ?? » (Yosemite Sam, in Library Rabbit, 1942, dir. Mel Noir)
Arma cuniculosque cano… La traversée d’un ruisseau, d’une lande de bruyères, les hauteurs d’une colline de la campagne anglaise prennent les couleurs d’une lutte pour la survie, rendue sensible par Richard Adams qui oscille entre réalisme (on peut mourir écrasé par une voiture ou étranglé par un collet), aperçus linguistiques (les lapins, comme les trolls, ne savent pas compter au-delà de trois) et mythologiques (meet Shraar’ilsha, légendaire génie lapin). L’incipit ne traîne pas : sous la menace de bulldozers, un pack de lapins décide de se tirer de la garenne qu’ils connaissent depuis toujours et de fonder, contre leur nature paisible, un autre patelin (anagramme au passage de “lapinet”) dans un coin plus tranquille. Mais quelle initiation — et quel voyage ! De garennes en couverts boisés, les paysages, les atmosphères et les lumières sont, dans la lignée de Constable, à couper le souffle et donnent à cette aventure l’ampleur d’une épopée à hauteur de lapins.
#34. Le coup de cœur de Flore Vesco — Écrivaine jeunesse, autrice de De cape et de mots et de Louis Pasteur contre les loups-garous.
Gling, un amour de supermarché, de Bertrand Ferrier (Hachette Jeunesse, 2003)
En 2017, j’ai découvert Bertrand Ferrier. Il publie depuis 15 ans mais n’était jamais passé dans mon radar. C’est bien dommage, et j’ai rattrapé mon retard. Bertrand Ferrier écrit des romans tous différents les uns des autres (ça va du Chair de poule à la romance, c’est vous dire), et toujours surprenants. Mon coup de cœur va à Gling, un amour de supermarché. Mais ATTENTION : Ne vous fiez pas à la couverture. (On m’a appris à être polie, et à ne pas dire « c’est pas bon », mais plutôt « je n’aime pas ça », donc je me contenterai, de manière litotique, de préciser que cette couverture ne rend pas justice au roman).
Le roman raconte un rencard entre deux ados dans un supermarché, qui tourne au périple farfelu, avec un côté un peu picaresque, voire franchement déjanté. Mais en fait ce n’est pas l’histoire qui accroche le lecteur, mais les mille et une trouvailles qui viennent la ralentir : les néologismes, les notes de bas de page, les ratures (l’éditrice intervient sur l’histoire, supprime les longueurs et efface les gros mots)… Il y a aussi un générique qui ouvre le roman. Les numéros de page figurent dans des petits caddies. Une phrase sur cinq est une parole de chanson connue. Alors, oui, tous ces jeux brouillent un peu l’histoire, et je pense que ce récit ne plaira pas à tous les lecteurs : il y en a que ces écarts agaceront, ou lasseront. Mais moi, je surkiffe, si vous voulez bien me passer l’expression !
#35. Le coup de cœur de Vincent Villeminot — Écrivain jeunesse auteur notamment de Instinct, Réseaux, U4. Stéphane, La Brigade de l’ombre, Les pluies, Samedi 14 novembre et Le copain de la fille du tueur.
Dans la forêt, de Jean Hegland (VO 1997, Gallmeister, 2017)
Nell et Eva, 17 et 18 ans, vivent à l’orée de la forêt, dans une maison isolée, avec leurs parents, depuis l’enfance. Elles ont des rêves d’études brillantes ou de danse. Mais autour d’elles, le monde semble progressivement s’effondrer. C’est d’abord la mort de leur mère, puis l’électricité qui disparaît en ville, les communications coupées, les rumeurs de pillages, partout…
Si ce roman d’une beauté, d’une intelligence, d’une force inédites est mon choix de l’année, alors qu’il est paru en « générale », c’est parce qu’il a tous les ingrédients d’un immense roman young adult : héroïnes qui sortent de l’adolescence ; récit initiatique (on y apprend avec Nell et Eva l’ivresse, l’amour, le désir, le désespoir, la survie, l’endurance, la forêt, bien entendu, et tant d’autres choses que je ne peux révéler sans spoiler…) ; genre post-apocalyptique ; forme choisie (celle du journal). Et, passé le premier tiers, tout peut arriver, à chaque instant, la mort, la vie, l’éblouissement, l’horreur, l’effroi, accueillis avec une sorte d’égalité d’âme.
Au-delà, Dans la Forêt raconte l’indicible, ne dispense aucune leçon moraliste, mais ne se dispense pas d’une haute rigueur morale dans sa recherche obstinée de la beauté et de la vérité du monde.
#36. Le coup de cœur de Nicolas Winter — Rédacteur du site de chroniques littéraires et cinématographiques Just A Word et membre de l’équipe critique de Bifrost.
Quelques minutes après minuit, de Patrick Ness et Siobhan Dowd (VO 2011, VF Gallimard Jeunesse, 2012)
Le sublime métrage de Juan Antonio Bayona paru en début d’année m’a logiquement poussé à mettre la main sur le roman original. Dans la magnifique édition illustrée de Gallimard Jeunesse, le lecteur découvre le récit terriblement poignant de Conor O’Malley, un gamin de 13 ans qui doit “affronter” un monstre semblant surgir du fin fond de son jardin. Avec une plume sensible et délicate, Patrick Ness reprend l’idée audacieuse et terriblement triste de Siobhan Dowd pour lui rendre un ultime hommage. À la fois récit fantastique en poupées russes et abord magistral de l’enfant face à la mort, Quelques minutes après Minuit est un chef d’œuvre complet, vibrant cri d’amour d’une mère pour son enfant qui résonne toujours dans la tête de son lecteur une fois la dernière page tournée. 
Illustrations de Jim Kay
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La sélection complète des 36 ouvrages coups de cœur, classés par ordre de difficulté de lecture croissante (grosso modo) :
  Certains te donnent envie ?
N’hésite pas à partager en commentaire le titre de ta lecture coup de cœur de 2017.
En te souhaitant de belles découvertes pour 2018 !
Lupiot
Liste des participants (et leur lien au monde du livre jeunesse) :
Audrey (Booktubeuse / Attachée de presse)
Gaël Aymon (Écrivain)
Clémentine Beauvais (Écrivaine / Chercheuse)
Luc Blanvillain (Écrivain)
Bob (Blogueuse / Bibliothécaire)
Anne-Laure Bondoux (Écrivaine)
Broco (Blogueuse)
Marine Carteron (Écrivaine)
Charmant Petit Monstre (Blogueuse)
Coline Cribue (Chargée de communication)
Sarah Crossan (Écrivaine)
Xavier D’Almeida (Éditeur)
Anahita Ettehadi (Écrivaine / Libraire)
Timothée de Fombelle (Écrivain)
Hervé Giraud (Écrivain)
Yves Grevet (Écrivain)
Florence Hinckel (Écrivaine)
Lucie Kosmala (Journaliste)
Tom Lévêque (Blogueur / Assistant d’édition)
Nathan Lévêque (Booktubeur / Libraire)
Lucie A. (Blogueuse / Bibliothécaire)
Michaël Mathieu (Libraire)
Christophe Mauri (Écrivain)
Hélène Mével (Libraire)
Stéphane Michaka (Écrivain)
Benoît Minville (Écrivain / Libraire)
Jean-Claude Mourlevat (Écrivain)
Madeline Roth (Écrivaine / Libraire)
Cécile Roumiguière (Écrivaine)
Bertrand Santini (Écrivain)
Kate Scelsa (Écrivaine)
Caroline Solé (Écrivaine)
Flore Vesco (Écrivaine)
Thibault Vermot (Écrivain)
Vincent Villeminot (Écrivain)
Nicolas Winter (Blogueur / Journaliste)
Signale-moi toute erreur, que je coure me coincer les oreilles dans la porte du four.
"Quel serait ton coup de cœur jeunesse de 2017 ?" Voici la question posée à 36 auteurs, éditeurs, libraires, blogueurs. Pour 36 coup de "Quel serait votre lecture coup de cœur jeunesse de 2017 ?" C'est la question que j'ai posée à 36 auteurs, éditeurs, libraires, critiques et autres passionnés du monde du livre jeunesse.
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lupiot · 6 years
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(Relecture) La trilogie d'Arkandias, d'Eric Boisset (Magnard, 1997)
La relecture d'un chouchou de jeunesse : un exercice risqué (mais ô combien délicieux). La victime du jour ? La trilogie Arkandias !
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Article par Stern Exercice risqué, mais ô combien délicieux : je me lance dans la relecture de… LA TRILOGIE D’ARKANDIAS 15 ans de librairie, 350 000 exemplaires vendus, et une adaptation cinématographique en 2014 ; aujourd’hui, qui ne connaît pas cette trilogie ? Elle a bercé mes jeunes années comme celles de ma nièce de 15 ans. Je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai lue, ou toutes les…
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lupiot · 6 years
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C’est le 1er janvier, nous avons passé les fêtes. Mais après les deux réveillons, que nous goûtons chacun pour nos petites raisons (les illuminations, l’odeur des clémentines, le goût de la cannelle, le bruit du papier cadeau froissé, la chaleur braisée des marrons à dépiauter), quand tout est consommé, il reste encore cette idée qui me plaît : nous sommes dans le creux de l’hiver. Haut les cœurs, we made it “halfway through the dark”, pas vrai, et il faut se pelotonner, se rassembler, se chérir, pour se donner le courage de traverser la deuxième moitié de la nuit.
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Pelotonnée dans mon creux, j’entame cet article les orteils dans le feu et les oreilles en voie de congélation, recluse dans une maison de campagne au bon goût d’antan, proche du degré zéro, qui a ce goût de temps volé qu’ont les journées où l’on n’a pas école quand on est enfant. Les parents partent travailler ou sauver le monde, et soi-même, on s’étire à l’infini sur le canapé devant ses tartines de beurre-Poulain — persuadé à raison d’avoir deux ou trois éternités à vivre avant que sonne, par l’entremise des programmes télé savamment mémorisés, l’heure du goûter et le début de la fin de journée. Entre ces deux tartines, rien que le goût de la liberté : plus on l’étale, plus on en a.
Je vous souhaite une bonne année 2018, remplie de tartines de libertés.
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Douzième* édition de ce nouveau rendez-vous mensuel, qui rime avec « C’est lundi, que lisez-vous ? », et peut se voir comme un complément ou un petit frère dérangé, comme il vous plaira. Je vous invite à l’adopter, il ne mord pas.
Le principe ? Quatre trucs à balancer !
Le Top & Flop de ce que j’ai lu le mois dernier
Au moins 1 chronique d’ailleurs lue le mois dernier
Au moins 1 lien qui m’a fait « Wahou » le mois dernier (hors chronique littéraire)
Et enfin : ce que j’ai fait de mieux le mois dernier
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* Douzième même si j’ai sauté la précédente, qui est donc une Onzième édition fantôme.
Ces deux derniers mois, j’ai lu :
Pas mal de BD, période oblige (pendant toute la période de folie de l’avent, j’ai un mal fou à me dégager des plages de temps de plus de vingt minutes, et lire des romans dans ses conditions, ça me fait friser le cerveau. Donc BD.) :
  Côté littérature, j’ai lu 8 romans et 2 nouvelles, et côté poésie, 2 recueils :
  Ce qui nous fait un total de 28 titres divisé en deux magnifiques tableaux de 12, la symétrie est parfaite, ma joie est complète. Parmi ces 28, j’ai plusieurs Top, plusieurs Flop, et puis d’autres dont je vais te parler, puisque j’aime bien parler de livres ouhlala elle aime bien ça.
Avertissement : ça risque d’être un peu désorganisé ce coup-ci car je manque de temps. J’écris mon article dans un état de frénésie digne de l’énergie déployée jadis quand j’entendais “Tu as rangé ta chambre ? J’arrive dans 5 minutes !!”
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Ne regardez pas sous le lit svp.
1) TOP & FLOP
TOP (6)
De nombreux romans graphiques méritent toute ton attention. Enfin, peut-être pas toute ton attention mais un petit morceau de ton attention, là maintenant, si tu l’as sous la main, si tu me la prêtes. Merci. C’est gentil.
D’ailleurs, puisque je sais que ta vie est fourmillante et compliquée, je te balance directe mes trois BD chouchoutes du mois, de gros gros coups de cœur. Comme ça, si tu es interrompu par le bruit du micro-ondes ou l’appel de l’aventure, tu auras néanmoins leur couverture en tête et pourras te jeter dessus voracement lorsque l’occasion se présentera. Je pare au plus urgent.
  Lauréat de la catégorie “Le vie est une chienne borgne sous un ciel d’octobre“* (Aussi connue sous le nom de “Post-apo bien noir”
#1. La terre des fils, de Gipi (Futuropolis 2017) est un roman graphique post-apocalyptique qui m’a un peu rappelé La route de Cormac McCarthy, — ce qui devrait vous situer l’ambiance plutôt du côté du noir foncé de l’existence — mais dont j’ai surtout aimé, en fait, la qualité d’écriture et de narration. Ce qui ressort des dialogues, c’est que le langage est en train de se perdre. Et avec les noms, les pronoms et les mots doux disparaissent le sens de l’identité et de l’empathie. Une aventure humaine menée avec urgence et inquiétude comme une blessure que l’on recoud, et qui *spoilers* a le bonus de s’achever sur une note positive.
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Lauréat de la catégorie “J’ai soupiré par le cœur, ça faisait un peu mal” (Aussi connue sous le nom de “Joli et badant, mais plus joli que badant”)
#2. Le chien gardien d’étoiles, de Takashi Murakami (Sarbacane, 2011-2014) est une BD qui ne paye pas de mine…
On voit ce petit chien crackinou et l’on s’attend à une histoire familiale et feel-good. Alerte : j’ai chialé. TU M’AS MENTI, COUVERTURE.
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Le chien gardien d’étoiles est un conte moderne sur la solitude, qui suit un homme dans sa descente progressive d’une vie ordinaire et confortable à une vie de sans-abris. C’est d’une limpide et cruelle simplicité — et c’est sans doute cette distance entre les choix narratifs et visuels assez naïfs et le fond du propos assez dur qui m’on touchée. Le tome 1 est une histoire entière, le tome 2 un préquel (aussi fort, sinon plus).
Lauréat de la catégorie “Girafe” (C’est-à-dire : “Beau et perché”)
#3. Les amours suspendues, de Marion Fayolle (Magnani 2017) est, comme les précédentes BD de Marion Fayolle, porté par une forte symbolique poétique retranscrite visuellement ; c’est la rencontre inattendue mais évidente entre le surréalisme et les films d’auteurs français. C’est donc de la vie amoureuse et sexuelle des personnages, contée de façon analytique et décalée qui emprunte ici clairement au ballet. Un album sponsorisé par Freud et Magritte. (C’est très, très beau (et la qualité d’impression est dingue, ce que ne restitue pas du tout ton écran.))
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Côté romans, voici mes trois beaux gosses du mois :
  Lauréat de la catégorie “Prends-toi ça dans les dents“
#1. Lettres d’un mauvais élève, de Gaïa Guasti (Thierry Magnier, 2016) est le réquisitoire d’un cancre contre le monde entier. Très bref, incisif, il est porté par une voix d’une justesse impitoyable. J’ai cru laisser une partie de mon cœur dans ce laminoir. Et pourtant, mon cœur, Gaïa Guasti me l’a rendu à la fin, quand les Lettres à force de tout vider en viennent à découvrir ce trésor, enfoui-caché au fond du cancre : celui de cette institutrice qui, jadis, avait été son alliée, pas son ennemie, et par laquelle la rédemption est permise. Ce petit livre est une saignée dans l’idéal de l’école républicaine — mais au-delà de la douleur qu’elle inflige sur le moment, elle est belle et salutaire.
Lauréat de la catégorie “Tout le monde devrait le lire !!!“
#2. La porte de la salle de bain, de Sandrine Beau (Talents Haut, 2015) est un roman qui, par certains aspects, tire vers le roman à message (et tu sais pourtant combien je n’aime pas ça). Ce qui le sauve, le retenant par la bretelle de soutif et l’empêchant de basculer, c’est la voix de la narratrice, juste, rigolote, émouvante par sa simplicité, qui apporte une vraie candeur personnelle au récit. C’est l’histoire d’une préado qui sent pointer le début de ses nénés sous sa poitrine, et s’en réjouit, avec sa gouaille de gamine, sa fierté de femme toute neuve et sa bougonnerie d’ado, mal-à-l’aisément vôtre. Le truc, c’est que les mecs — les vieux mecs ! les adultes, quoi ! — se mettent à lui faire des remarques bizarres, gênantes, un peu drôles, hin hin, tu vois ? À lui prêter une attention qu’elle ne voulait pas. Surtout le nouvel ami de Maman, qui entre dans la salle de bains quand elle est toute nue sous la douche…
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#MALAISE
Lauréat de la catégorie “Même ta mère l’a lu” (Aussi connue sous le nom de “C’est bon, on a compris que c’était bien. Purée les relou !“)
#3. La série Sauveur et fils, de Marie-Aude Murail (L’École des Loisirs, 2016-2017), tout le monde t’en a déjà parlé : parfait, à mon tour. Cette tétralogie, qui nous raconte la vie professionnelle et personnelle de Sauveur Saint-Yves, psychologue antillais aux penchants de Mère Thérésa et père célibataire d’un petit Lazare de 8 ans, est une fresque moderne foisonnante de personnages géniaux et d’instants de grâce. Ces livres font naître au creux de nos mains un microcosme si attachant qu’il en devient un deuxième chez nous, un foyer qu’on rechigne à quitter — c’est le même genre de dynamique que l’on retrouve dans les sitcoms où, au bout d’un moment, qu’importe ce qu’il arrive aux personnages, tout ce qui compte c’est de continuer à le vivre avec eux. (Et c’est comme ça qu’on se retrouve à la 14e saison de Grey’s Anatomy.) Mais Sauveur et Fils, en filigrane, c’est bien davantage.
Avec une facilité de grand chef d’orchestre, M.-A. Murail fait se croiser les fils d’intrigues sans jamais s’emmêler (alors que toi tu galères avec tes écouteurs que tu as pourtant sagement enroulés), trace en pointillés des lignes de réflexion sur de nombreux sujets sociaux, et dessine au numéro les contours de personnages d’une profondeur et d’une richesse aussi réjouissante que déstabilisante. Lire Murail, c’est se trouver pris en continu de ce vif sentiment de sonder — quand un passant croisé t’apparaît soudain pour l’être humain entier qu’il est, à vivre ses propres histoires intenses dans lesquelles tu n’es, toi, qu’un point flou passé très vite à l’arrière-plan. Hashtag aime ton prochain ? (Je suis tellement rock’n’roll.)
Et puis j’aimerais aussi te parler très succinctement (juré) de ces deux-là, qui sont un peu de la famille des bizarroïdes inclassables :
  #1. Kobané calling, de Zérocalcare (Cambourakis 2016) — Une BD socialo-politico-éducativo-funny sur Kobané, ville kurde de Syrie, arrachée aux kalach de Daesh par les locaux, devenue une sorte d’utopie multiculturelle où vivent de nombreuses communautés, au milieu de cette guerre de la terreur qui dézingue la région. Le style graphique n’est pas renversant, assez commun, mais l’approche, le ton et le rythme narratif de ce presque “Carnet de voyage” sont géniaux, et j’ai adoré cette lecture.
#2. Welcome, de Guillaume Trouillard (Éditions de la Cerise 2013) est un imagier (oui, comme pour les petits) mais pour les grands. Il image tout. Il image les cannettes de bière, il image les champignons vénéneux, il image les papillons, il image les grues métalliques — et de ce fatras de vie humaine bien rangé, à la fois adouci par l’aquarelle et magnifié par ses couleurs vives et son trait fin, ressort une poésie inattendue, saisissante. J’ai souvent cet imagier ouvert sur mon bureau pour écrire des histoires, parce que rien de tel que de regarder les crabes de Guillaume Trouillard pour sentir les bulles se former dans le sable sous tes pieds.
  C’est la fin des “Top” ! D’autres livres parmi mes lectures mensuelles étaient vraiment cool, aussi, n’hésitez pas à me demander des précisions en commentaire si vous voulez mon avis sur tel ou tel titre. Mais pour l’heure j’arrête car on s’épuise à force de dire du bien : vite, vite, envoyons les Flop.
MEH (3)
Les révoltés de la Bounty, de Jules Verne (1879) : pas lu Jules Verne depuis mes 8 ans, je me dis, “Hé ! Prenons ce petit bout, là”. Ce que j’en pense ? Je me dis que je suis mal tombée. Fadasse comme de la soupe au caillou, pas de style passé le premier paragraphe, c’est un atone récapitulatif des événements ; à ce tarif, j’aurais mieux fait de lire un mail de ma banquière.
L’Amour et les forêts, d’Éric Reinhardt (Gallimard, 2016) : je n’ai dit que du mal de La chambre des époux, mais L’Amour et les forêts ne m’a pas entièrement déplu. Pourtant, je ne l’ai pas fini. Le style de Reinhardt n’est pas pour moi, je trouve qu’il en fait des caisses, et ses grands tremblements romantiques retombent comme un soufflet mal cuit dans mon assiette.
Bicyle 3000, d’O Se Hyung : Pas mal, mais j’ai trouvé l’incarnation des personnages et surtout la construction de l’histoire (en flash-backs permettant d’élucider peu à peu le meurtre) un peu faibles… ce qui du coup freine l’implication émotionnelle — on n’est pas “dedans”. Donc *Meh* ¯\_(ツ)_/¯
FLOP (1)
Recueil de poèmes illustré, Milk and Honey (Lait and Miel, dans sa traduction chez Charleston) envahit la blogosphère depuis des semaines. De mon côté, c’est un bon flop bien rond, un drop élégant dans la pataugeoire de la poésie contemporaine. Mais comme j’en ai déjà parlé dans mon article 5 mauvais livres à la modes — et ce que je vous recommande à la place, je ne vais pas me répéter ici, aussi si vous attendiez avec impatience le moment langue de vipère de ce C’est le 1er, sortez les pop-corn et cliquez sur le lien ci-dessus.
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Et sinon, retenez qu’en poétesse anglaise contemporaine, je vous recommande la merveilleuse Carol Ann Duffy.
  §
2) CHRONIQUES D’AILLEURS
#1. J’ai découvert la chaîne Booktube Do cats eat bats ? par cette vidéo de recommandations de lecture. La meuf est vive, irrévérencieuse et d’excellent goût, que veux-tu de plus ? What else ?
#2. La chronique de Nightwork, de Vincent Mondiot (Actes Sud Junior, 2017), par Lucile sur le site La ronde des livres. Disons que parfois, on sent des enthousiasmes tellement honnêtes, des chocs littéraires si authentiques, qu’on ne peut qu’être appelé, morbidement, comme ces automobilistes qui ralentissent pour regarder un accident. (HA HA ! Ma comparaison est complètement bizarre, désolée Lucile !!)
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#ZINZIN
#3. T’as entendu parler de la polémique “De la guimauve pour la jeunesse ?” Non ? Bless. Le monde diplomatique (lequel, si tu ne l’as jamais parcouru, est un journal high-level de politique écrit très petit), a publié le 1er novembre 2017 un article qui, comme tu peux le deviner d’après son titre, crache dans la soupe du rayon jeunesse. Cet article, je ne te le link pas, pour trois raisons :
1) il est idiot et très mal renseigné,
2) il est payant pour les non-abonnés (ce qui me met toujours dans une espèce de rage incompréhensible), et surtout :
3) la réponse qui lui a été faite est très éclairante sur son contenu, et bien plus renseignée. C’est cet article, donc, que je te recommande : Balayer la guimauve devant sa porte, par Cécile Boulaire (universitaire spécialisée en littérature jeunesse). Attention, c’est un article sérieux, ON SE REDRESSE, DANS LE FOND.
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#4. Pour te remettre de l’article intello du point #3, je te recommande vivement Des albums à l’effet “WOW !” garanti, un florilège ébaubissant présenté par Tom de La Voix du Livre, qui te donnera envie de gambader gaiement jusqu’à la librairie jeunesse la plus proche pour t’extasier sur ces magnifiques albums colorés, et les sniffer tel un inquiétant addict. (Non, ça c’est juste moi ? Ok.)
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3) AILLEURS SUR LE WEB
Je t’ai mis le lien de Sonder un peu plus haut, c’est donc l’occasion de te faire découvrir, si tu ne le connais pas, le Dictionary of obscure sorrows. (Dictionnaire des nébuleuses douleurs (adaptation libre))
For lack of a better word
C’est une chaîne Youtube dont le concept est simple : inventer le lexique de nos peines douces-amères, quand le mot manque. Chaque vid��o fournit la définition d’un seul mot, c’est souvent saisissant et émouvant. Deux vidéos que j’aime particulièrement :
Zénosyne — Le sentiment que le temps s’accélère
Lachésisme — L’attrait pour la fulgurance des catastrophes
Petits avertissements cependant :
Il faut être assez balèze en anglais.
Je déconseille de regarder plus de 5 ou 6 vidéos à la suite : au bout d’un moment, la voix posée du narrateur autant que le montage vidéo propret peuvent susciter une sorte de vague désenchantement, d’écœurement. (Il y a des choses qui sont bonnes à petites doses. Les fans de Black Mirror savent de quoi je parle.)
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4) HAPPY NOMBRIL Expression volée à Lola de L’horizon des mots
Qu’est-ce qui m’a rendue heureuse, le mois dernier ? Hum, let me think…
#LA RACLETTE
Pardon, c’est un site littéraire ici ? Scusi.
Le Salon du Livre et de la Presse de Jeunesse de Montreuil 2017, qui était le premier que je faisais en tant que membre de l’équipe de Sarbacane. C’était génial pour de nombreuses raisons mais en outre pour les rencontres que j’y ai faites — auteurs, éditeurs, lecteurs, et… pas mal de blogueuses géniales passées me saluer, qui se reconnaîtront ! J’espère ne pas vous avoir effrayées par mon débit surexcité ou mes regards égarés de personne en manque de sommeil.
Objectivement le plus beau des stands. Objectivement.
J’ai vendu plein de liiiivres !
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Qu’y a-t-il à venir sur Allez Vous Faire Lire ?
Des articles critiques épatants, beware (dont un premier ce dimanche 7, signé Stern !)
“Quel serait ton livre jeunesse préféré de 2017 ?” : tes auteurs chouchous répondent (à paraître le dimanche 14 janvier)
Mon Top 15 littérature jeunesse 2017 (à paraître fin janvier)
Encore un mois où tu vas niquer ta PAL si tu traînes trop par ici.
Franchement, c’est pas très sympa de ma part.
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À vite !
Lupiot
Tu peux ajouter ton article « C’est le 1er » à la liste en cliquant sur la grenouille bleue (je le reporterai manuellement ci-dessous !) :
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Les fantastiches C’est le 1er, je balance tout de janvier 2017 :
Chaussettes et chocolat
Des Livres et les mots
Histoires vermoulues
Ma petite médiathèque
Le Monde Fantasyque
Niognot
Les Notes de Grace M.
L’Ourse bibliophile
Rivages invertains
Sariah Lit
Le Sortilège des mots
Tanuki No Monogatari
La Tête en Claire
Je note que les blogueuses habituellement fidèles au rendez-vous sont encore en train de digérer leurs repas de fêtes car je ne suis pas la seule à être en retard…
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Lalala
Si je t’ai oublié, laisse-moi un petit cri plaintif dans les commentaires, tel un animal abandonné : « Tu m’as oublié(e) ! »
Je balance tout ! (Tu remarques que j'esquive habilement la partie "C'est le 1er" ? C'est parce qu'on est le 5.) ANYWAY bonne année. C'est le 1er janvier, nous avons passé les fêtes. Mais après les deux réveillons, que nous goûtons chacun pour nos petites raisons (les illuminations, l'odeur des clémentines, le goût de la cannelle, le bruit du papier cadeau froissé, la chaleur braisée des marrons à dépiauter), quand tout est consommé, il reste encore cette idée qui me plaît : nous sommes dans…
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lupiot · 6 years
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Je suis actuellement en train de préparer mes TOPS annuels afin de les partager avec vous en janvier. En outre, je planche actuellement sur mes :
Top 15 littérature jeunesse 2017
Top 15 bande dessinée 2017
… qui compilent mes coups de cœur sur les lectures de l’année. Or, en m’attelant à cet exercice (à la fois excitant et frustrant, comme toujours), je me suis rendu compte que j’avais, étonnamment, de nombreuses excellentes BD humoristiques à recommander. Comme elles ne vont pas toutes trouver leur place dans mon “Top BD” absolu, et qu’il nous reste quelques jours avant Noël — et forcément une amie / un tonton à qui on ne sait toujours pas quoi offrir…
Voici mon :
TOP 5 BD HUMOUR (ET CE QUE JE VOUS RECOMMANDE SI VOUS LES AVEZ DÉJÀ LUES)
#1. Zaï Zaï Zaï Zaï, de Fabcaro (Six pieds sous terre, 2016)
Pourquoi Zaï Zaï Zaï Zaï est-il si uninimement apprécié ? C’est simple, il allie l’humour absurde à la Desproges, ce décalage de mauvais goût si délicieux, à un discours un brin méta sur l’art et surtout, sur la société conformiste. En bref : on se mord les joues de rire, on recrache son thé par le nez, et en plus, c’est brillant.
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Si vous avez lu et aimé et en avez marre de vous l’entendre recommander tous les deux jours parce que bon, Zaï Zaï Zaï Zaï c’est super, mais, What else ?? voici trois titres sous-tendus par le même genre d’humour :
De rien, de Geoffroy Monde (Delcourt, 2017)
Carnets du Pérou – Sur la route de Cuzco, de Fabcaro (Six pieds sous terre, 2013)
Et si l’amour, c’était aimer ?, de Fabcaro (Six pieds sous terre, 2017)
#2. Le sens de la vis 1. La vacuité, de Ferri et Larcenet (Les rêveurs, 2011)
Dans Le sens de la vis, nous suivons un élève dessinateur et son maître, dans une parodie légère de l’apprentissage des arts-martiaux tel qu’on le connaît dans les films de genre, avec son Grand Maître Zen et sa clique d’aphorismes en haïkus.
C’est faussement bête et vraiment malin.
Dans le même genre, je vous recommande :
Le sens de la vis 2. Tracer le cercle, de Ferri et Larcenet (Les rêveurs, 2012)
Critixman, de Larcenet (Les rêveurs, 2007) (Note : mini-format)
Peu de gens savent – 169 révélations fondamentales permettant aux imbéciles d’appréhender le monde avec un minimum de sérieux., de Larcenet (Les rêveurs, 2010) (Note : c’est un beau livre)
#3. Joker, de Benjamin Adam (La Pastèque, 2015)
Une BD inattendue à l’humour absurde, qui traite d’une bizarre affaire d’héritage partie en sucette. Le pitch ? Trois frères, plutôt beauf, jouent aux cartes chaque semaine. L’un d’eux est le patron richissime et célibataire des deux autres, qui sont ses employés vivant respectivement avec leurs huit moutards dans de petites baraques serrées. Or, leurs parties de cartes ont cela de singulier que celui qui tombe sur le Joker peut échanger sa vie avec celle d’un autre joueur pendant une semaine. Ainsi, les trois hommes « tournent », et échangent métier, maison, femmes, enfants, toutes les semaines. Il y a 1000 raisons pour que ça tourne mal.Et, pour notre plus grand bonheur, ça tourne très, très mal.
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Côté suggestions dans le même genre : je suis désolée, ce n’est pas de la BD, mais si vous ne connaissez pas, matez Fargo, bon sang de bois. Grâce aux frères Coen, on n’en revient pas de la jouissance éprouvée à regarder des personnages stupides agir stupidement dans des scénarios dramatiques. Avec des vrais m
orceaux de dinguerie et une caméra savoureusement pince-sans-rire.
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Comment ça j’enfonce des portes ouvertes à “faire découvrir” les frères Coen ? Écoute, partant du principe que je n’ai The Big Lebowski que le mois dernier alors qu’on me le recommandait depuis 10 ans, je me dis qu’il y a d’autres idiots dans ce vaste monde qui manquent une occasion de se faire plaisir :
Le film
La série
Fargo (le film), de Joel Coen (1996). Durée 1h38.
Fargo (la série), de Noah Hawley, produite par Joel & Ethan Coen (Fox, 2014 – en cours). Chaque saison indépendante compte 10 épisodes de 48 minutes.
#4. Le jour le plus long du futur, de Lucas Varela (Delcourt, 2015)
Le jour le plus long du futur est une BD sans texte. OUI. Sans texte. Tu dubites ? Moi aussi. Mais on a tort. Visuellement extrêmement bien fichu (mouvements et enchaînements de cases parfaitement lisible, pas une seconde de perdue), émotionnellement fort, graphiquement drôle, cette BD de SF critico-existentialiste qui moque la société consumériste se croque comme un bonbon.
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Dans le même genre, je vous recommande :
Police Lunaire, de Tom Gauld (Éditions 2024, 2014)
Safari Lune de miel, de Jesse Jacobs (Tanibis, 2015)
Et tu connaîtras l’univers et les dieux, de Jesse Jacobs (Tanibis, 2014)
#5. En cuisine avec Kafka, de Tom Gauld (Éditions 2024, 2017)
En cuisine avec Kafka est un recueil de strips humoristiques sur le thème du livre et de la lecture assez #geekpower. Les strips de Tom Gauld circulent ici et là sur internet et il est fort possible que vous soyez tombés dessus à l’occasion. L’absurde et le sarcasme sont très présents, et le ton reste toujours extrêmement léger, de sorte que c’est vraiment une lecture détente qui colle le smile.
Dans le même genre, je ne peux que vous recommander le volume précédent de Tom Gauld, ainsi que d’autres monuments de culture geek comme le livre de XKCD, ou la fraîcheur de la glandeuse adulescente socio-anxieuse Sarah Andersen :
Vous êtes tous jaloux de mon jet pack, de Tom Gauld (Éditions 2024, 2014)
Et si… ? Toutes les réponses les plus scientifiques aux questions que vous ne vous êtes jamais posées, de Randall Munroe (Flammarion 2015)
Les adultes n’existent pas, de Sarah Andersen (Delcourt, 2017)
*
Les bonnes BD d’humour valent la peine d’être partagées, non ?
Bonnes lectures,
Lupiot
Encore un TOP 5 ! Et ce n'est pas fini ! Aujourd'hui, parce que c'est dimanche et qu'on n'a pas envie de réfléchir: 5 géniales BD d'humour. Je suis actuellement en train de préparer mes TOPS annuels afin de les partager avec vous en janvier.
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lupiot · 6 years
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Noël approche, c’est le moment de craquer pour des livres qu’on ne s’achète jamais. De beaux, très beaux livres. Des livres qui illuminent un intérieur, et font briller les yeux des petits enfants.
(Pardon, des grands enfants.)
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TOP 5. BEAUX LIVRES À (SE FAIRE) OFFRIR
Avertissement : ceci est un article avec peu de texte et beaucoup de photos car nous avons établis précédemment qu’il s’agissait ici de BEAUX livres (c’est-à-dire qu’il faut les voir) et par ailleurs ils sont grands et donc il faut les voir MANIPULÉS.
Par ailleurs pardon : j’ai du mal à garder mon sérieux sur les photos.
#1. L’un des Harry Potter en grand format illustré, une (re)découverte enchanteresse (texte de J. K. Rowling, illustrations de Jim Kay (Gallimard, 2015 – en cours)
BOUM
BAM
RE-BOUM
Ces albums sont des merveilles : le texte intégrale de J. K. Rowling dans la traduction de J. F. Ménard nettoyée, révisée et augmentée, texte richement illustré par le formidable Jim Kay, qui a su se réapproprier l’univers de notre sorcier balafré international en s’éloignant de l’univers des films — ce qui signifie que, personnellement, j’ai eu une bouffée d’indicible joie madeleinesque à la découverte de ses portraits des personnages. Ils ressemblaient à ce que j’imaginais lors de mes premières lectures — c’était comme des amis de mon enfance surgissant de la page. Saisissant.
Ses illustrations sont jubilatoires : on ressent à y plonger le regard combien l’artiste s’est fait plaisir, avec un sens du détail jouissif, un pur bonheur enfantin dans les scènes d’action, et des plongées délicieuses dans le macabre magique.
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Le Chemin de Traverse, tome 1
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Harry échappant qu journal de Tom Jedusor, tome 2
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Les détraqueurs, tome 3
Et pour visualiser la bête, la voici placée à côté d’un spécimen apprivoisé de potterhead (de taille 1,65m, ongles d’auriculaire 1,1cm de large, écartement des narines 2,3cm). Sur la droite, vous pouvez admirer l’un des contenus additionnels : la page des trolls.
Ce livre est fortement recommandé pour toute personne souffrant d’un manque de beau livre.
#2. Moby Dick, dans la collection des grands classiques illustrés, un format géant avec 54 pleines pages couleur pour une plongée époustouflante dans l’aventure (texte de Herman Melville, illustrations d’Anton Lomaev) (Sarbacane, 2017)
La collection des grands classiques illustrés a ce côté “Wahou” des cadeaux de luxe parfaits pour le pied du sapin — le genre que soi-même, on s’offre rarement. (En quoi je pense qu’on a tort : il n’y a pas de mal à se faire du bien.)
Aquarelles géantes
aux couleurs et détails
envoûtants.
Cette collection reprend le texte original (ici, celui de Melville), propose une nouvelle traduction, une mise en page aérée et agréable, et de grands illustrations toutes les deux ou trois pages, pour accéder en douceur et avec bonheur à la lecture des classiques. Exemple de page intérieure :
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Ce n’est pas une version intégrale — sinon, à ce format, le livre atteindrait le poids de la baleine, ce qui serait assez malcommode à manipuler.
Tenu en main, c’est un beau morceau, que je recommande de lire confortablement installé sur son canapé ou à son bureau, l’animal ne supportant que très mal les transports en communs.
C’est là que je rappelle
que je travaille pour Sarbacane ?
Ce livre est recommandé à toute personne aimant les baleines et le bleu.
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#3. Une Bible, les textes et mythes chrétiens dans un format luxueux, chaleureux et savoureux (texte de Philippe Lechermeier, Illustrations de Rébecca Dautremer) (Gautier-Langueraud, 2014)
Une Bible, se lit comme un roman, et c’est cela qui est incroyable. On a vite fait de s’extasier sur le travail d’orfèvre de Rébecca Dautremer, qui est une peintre époustouflante. Mais le travail d’écrivain de Philippe Lechermeier est également remarquable, et c’est la conjugaison de leurs deux talents qui donne ici un livre aussi beau.
Exemples de double-pages :
Une Bible n’est pas une nouveauté (plusieurs titres dans cette liste ne le sont pas) mais un coup de cœur personnel, et vraiment, à mes yeux un cadeau magnifique.  La fabrication luxueuse est déjà un paquet de Noël : une tranche bleu lagon, un ruban rouge, un papier brillant…
Exemple d’une personne heureuse
d’avoir un tel livre entre les mains.
Ce livre est recommandé à toute personne possédant des yeux.
#4. Yôkai et Haikus. Un monde flottant, une plongée onirique dans l’univers de la poésie et des monstres japonais (par Nicolas de Crécy) (Soleil, 2016)
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Ce livre, presque un livre d’art, est un leporello.
Un kwa ? Un leporello : un livre accordéon. C’est pour cette raison qu’il a deux couvertures : car il se parcourt dans les deux sens, de chaque côté de l’ “accordéon”.
Alors certes c’est l’antithèse du pratique
mais le déplier occasionne tout un tas de “Oh” fascinés.
Nicolas de Crécy est l’un de mes artistes préférés en termes de roman graphique. Ici, il déploie un imaginaire nippon à la Miyazaki, inspiré des monstres japonais, les fameux “Yokaï” improbables, qui tantôt font rire, tantôt suscitent le malaise. Alternant les planches en gris et les planches couleurs, il peint la ville sous toutes ses difformités, traversée par ces apparitions surnaturelles délirantes et sublimes.
Ce livre peut se feuilleter, ou s’afficher ouvert sur une double-page, debout sur l’étagère : il est très coopératif, en matière de décoration. Après, si vous êtes consensuel, peu imaginatif, ou tout simplement envahis de livres, vous pouvez aussi le replier tristement et le ranger comme n’importe quelle BD lambda. Il fera alors cette taille-là :
Autrement dit, on ne se méfie pas… on ignore totalement quel univers gigantesque s’apprête à surgir de la page à l’ouverture !
Je recommande ce livre à tous les amateurs d’univers japonais, de légendes ou de contes horrifiques — et bien sûr, aux lecteurs séduis par le trait et les couleurs de Nicolas De Crécy… ❤
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#5. Journal d’un corps, le roman grand format illustré, à la fois intimiste, saisissant et fiévreux (texte de Daniel Pennac, illustrations de Manu Larcenet) (Futuropolis, 2013)
La plume de Pennac, le pinceau de Larcenet... que demande le peuple ? Le peuple demande le Journal d’un corps. Et à qui le demande-t-il ? Au Père Noël.
Le Journal d’un corps en grand format illustré est une édition de luxe déboussolante de beauté et de bizarrerie. Le roman, intimiste interroge le rapport au corps du point de vue d’un homme arrivé à la fin de sa vie (qui laisse cet étrange témoignage à sa fille), et les dessins de Larcenet quand à eux s’approprient ce mélange de rejet, de fantasmes, d’amour et d’incompréhension que l’homme, toute sa vie, a entretenu avec son enveloppe charnelle, se lâchant dans les proportions, la dinguerie, la monstruosité, le drôlatique et le touchant.
La mise en page, très aérée, permet de ne jamais se sentir étouffé par la représentation parfois cauchemardesque duc corps, et au contraire de faire naître une sensation de rebond enfantin entre texte et image.
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C’est un grand beau livre qui pèse son poids — le plus beau morceau de la sélection (suivi de près par Moby Dick).  Mais regarde comme il est beau.
Hiii ! C’est beau !
Oh ! C’est beau !
(Il est bientôt l’heure que j’arrête cet article.)
Je recommande ce livre aux amoureux de Pennac et Larcenet, aux curieux des expériences de lectures différentes, et à tous les frimeurs qui aiment avoir de gros dos ronds et luxueux dans leur bibliothèque. Vous cachez pas, ont vous voit.
Donc, en résumé, ma petite sélection :
  À bientôt !
Lupiot
Ton compte est au 36e dessous en raison des fêtes ? OH REGARDE, DES BEAUX LIVRES !! Si tu ne peux pas les acheter, fais-les toi offrir ;D Noël approche, c'est le moment de craquer pour des livres qu'on ne s'achète jamais. De beaux, très beaux livres.
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lupiot · 6 years
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Owi ! C’est l’instant langue de vipère ! vous réjouissez-vous en remuant du derrière pour creuser un petit nid confortable devant votre écran.
Aujourd’hui, je vais vous parler de livres que je trouve vastement surestimés et surreprésentés sur la blogosphère :
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Avertissement (s’il est besoin) : quand je trouve un livre mauvais, cela tient à mon acception de la littérature, aux qualités que JE cherche, lis, reconnais. Et là-dessus, on n’est pas tous d’accord, je suis parfois même très seule, comme il t’arrive de l’être quand tu corriges une faute de grammaire au repas de Noël et que personne, absolument PERSONNE, n’est d’accord avec toi. (Alors que, bien sûr, tu as raison. Quelle horreur. Rien que d’y penser, tu en frissonnes encore.)
Bref, par exemple, je trouve qu’une grande proportion des romans de Marguerite Duras sont mauvais. Ce qui devrait te mener habilement à l’idée suivante :
CE N’EST PAS PARCE QUE JE DIS QUE CES LIVRES SONT MAUVAIS QU’ILS LE SONT DANS L’ABSOLU
Et surtout, ce qui m’intéresse, davantage que d’en dire du mal (même si toi et moi, on aime bien dire du mal, parfois), c’est de proposer, à la place de ces mauvais livres à la mode, des titres dans le même genre qui sont merveilleux et infiniment meilleurs.
Ready ?
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#1. LE ROMAN YOUNG-ADULT OÙ L’ON SE DEMANDE “POURQUOI”
13 reasons why (Treize raisons), de Jay Asher (Albin Michel 2010)
Il est normal que je ne cesse de voir ce roman partout puisqu’il connaît une adaptation sur Netflix, mais à vrai dire, il circulait déjà beaucoup avant. La raison de mon peu de goût pour 13 reasons why est simple : c’est. super. malsain. Le style un peu plat n’est pas renversant (logique, puisqu’il est plat, tu suis ?) mais rien à reprocher de particulier de ce côté. Non, vraiment, c’est le récit, la logique qui le conduit, et touuut ce qui le sous-tend qui est à mes yeux complètement et irrémédiablement toxique, délétère et méphitique.
(Méphitique ça veut dire puant.)
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On suit Clay, un lycéen dont l’amie vient de se suicider, qui reçoit en cadeau d’outre-tombe, treize cassettes sur lesquelles la miss a enregistré, avant de mourir, des messages accusant ceux qu’elle juge responsables de son terrible geste.
Le malaise est présent tout du long de la lecture car le personnage de la suicidée est assez  pestilentiel (s’amusant, dans ses cassettes, du pouvoir traumatisant de ses accusations (je voulais citer un passage marquant, mais en fait presque toutes ses phrases me donnent envie de la gifler de façon égale, du coup je ne sais pas quoi mettre)), la représentation du malaise adolescent (et du suicide) dans le récit est bien frelatée, et l’unique logique narrative qui alimente le roman met le lecteur dans une position de voyeurisme, à “attendre de savoir” en quoi Clay (personnage hyper attachant) est, lui aussi, “responsable” : c’est. super. malsain.
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Iiiik.
Si tu hésities à le lire, épargne-toi cela, et si tu l’as entamé et as en partie ressenti ce malaise que j’évoque, abandonne. À la place, j’aimerais te recommander un excellent roman young-adult qui, lui aussi :
se situe dans un cadre de lycée américain moderne ;
évoque la douleur et l’incompréhension du héros face à la mort d’un(e) ami(e) ;
fait reposer sa construction narrative sur le suspense, et se joue de nos attentes  ;
fait se poser plein de questions sur la vie, la mort, et ce qu’on sait véritablement de ce qui se passe dans la tête de nos amis.
Mais où (au contraire de 13 reasons why) :
le personnage qui meurt n’est pas réduit à sa condition de suicidé, il se déploie et vit dans le récit ;
on interroge, davantage que la responsabilité des proches (angle d’approche faisandé comme un requin échoué becqueté par les mouettes), la signification du geste du suicide ;
de vengeance il n’est point question ;
c’est excellemment écrit (ça, c’est du bonus).
Il s’agit de :
Qui es-tu, Alaska ? de John Green (VO 2005, VF Gallimard Jeunesse 2007)
#2. LE COMICS DYSTOPIQUE PÉTRI DE LÉGENDES ET DE MAGIE
The wicked and the divine, de Gillen, McKelvie, Wilson et Cowes (Glénat 2016 – en cours)
Je m’étends moins sur celui-ci qui ne m’énerve pas du tout, je trouve simplement le dessin pauvre et l’histoire un peu fade, et donc les louanges qu’il reçoit partout me semblent bizarrement disproportionnées. Donc, en vérité, c’est surtout que j’ai envie de te proposer telllllement mieux…
Si The Wicked + The Divine te plaît ou t’intrigue, je te recommande :
Un space-opéra intimiste qui a en commun avec The Wicked + the Divine d’être :
futuriste ;
plus grand que nature ;
bourré d’action ;
pétri de légendes et de magie.
Et qui a d’après moi, par rapport à The Wicked + The divine, l’avantage d’être :
beaucoup mieux dialogué, et très drôle ;
génialement dessiné ;
poétique ;
dénué de télé-réalité / star-système, dynamique narrative qui personnellement me tape sur le transistor et me fait bâiller à n’en plus finir, mais ce n’est peut-être que moi.
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Zaï zaï zaï zaï, de Fabcaro (Six pieds sous terre, 2016)
Et donc, cet excellent comics, il s’agit de :
Saga, de Brian K. Vaughan et Fiona Staples (Urban Comics, 2012 – en cours) (clique sur le lien si tu veux lire ma chronique)
  — Maiiiis, c’est pas une dystopie ! miaules-tu, trahi.
Oui, certes, bon, d’accord, mais alors dans ce cas, en matière de comics dystopique, j’en ai quand même un meilleur à te recommander, LUI AUSSI pétri de légendes et de magie, car figure-toi qu’il se passe sous l’eau, véritable réécriture futuriste de L’Atlantide ! Et en plus c’est TROP JOLI ! Allez, va, c’est bien parce que as supporté vaillamment ma diatribe contre 13 reasons why.
Il s’agit de :
LOW, de Rick Remender et Greg Tocchini (Urban Comics, 2016 – en cours)
  #3. LA BD FÉMINISTE BIOGRAPHIQUE
Olympe de Gouges, de Catel et Bocquet (Casterman, 2013)
Celui-ci commence à remonter, mais j’ai le sentiment qu’il est toujours autant à la mode, et surtout, qu’il est l’un des livres vers lesquels se tournent spontanément tous ceux qui s’intéressent au féminisme de pré ou de loin — et en ce moment, on s’y intéresse pas mal. Or, ce roman graphique est catastrophiquement nul.
Il est mal dessiné. (Les plans, les proportions, les expressions des visages… tout est vraiment mal branlé.)
Il est historiquement stupide. Je ne vois pas comment dire ça autrement. Ça bugge sur les rapports sociaux, les professions, les costumes…
Les dialogues puent des fesses. (Plutôt que de partir sur le postulat d’une oralité “normale” (moderne), ce qui se défendrait, on nous fait de faux moliérismes très embarrassants).
Il est démonstratif, parfois jusqu’au point de la malhonnêteté intellectuelle.
Bref : cette BD est gênante.
À la place je te recommande une autre bande-dessinée, elle aussi féministe et biographique, qui a toutes les qualités que, d’après moi, la précédente n’a pas (simple, légère, vraie, drôle, super renseignée, bien écrite et bien dessinée) :
Culottées 1 & 2, de Pénélope Bagieu (Gallimard, 2016 et 2017)
  LE RECUEIL DE POÉSIE EN ANGLAIS QUI FAIT DES GUILIS AU CŒUR
Milk and Honey (Lait et miel), de Rupi Kaur (Lu en VO, VF chez Charleston, 2017)
Je ne cesse de voir ce recueil de poésie fleurir sur les blogs et Instagram, et il a l’air de ravir ses lectrices et lecteurs en soufflant sur leur petite peau de pêche tel une douce brise de mai — et loin de moi l’idée d’empêcher ça.
Je ne le trouve pas bon, personnellement. Milk and honey (Lait et miel, dans sa traduction) nous sert, chaque page, une petite phrase “Bien être” accompagnée d’un dessin au bic — c’est le vide intersidéral des maximes de La Rochefoucauld dans une ambiance épurée de feel-good book moderne. Je me demande vraiment ce qui se passe dans ce livre.
je suis l’eau / assez douce / pour donner la vie / et assez forte / pour l’emporter au loin
bien sûr / je veux réussir mais / je ne cherche pas / la réussite pour moi / j’ai besoin de / réussir / pour obtenir assez de / lait et miel / pour aider / ceux qui m’entourent / à réussir
On dirait que c’est écrit par un bot qui essaie d’imiter le skyblog d’un ado cucul. (Et qui aurait juste eu la bonne idée de virer le Comic Sans et les paillettes.)
Sérieusement, même Miss Tic n’oserait pas taguer des trucs aussi creux.
Si ?
Par ailleurs, plus je lis de la poésie moderne, plus je me demande si toute une génération de nouveaux auteurs a abandonné la licence poétique au cours 1.1 Revenir à la ligne, et est partie jouer au bilboquet après.
Si Milk and honey te plaît, cours donc l’acheter, c’est tout doux, hyper bienveillant.
Mais j’aimerais te proposer un recueil (encore) meilleur ! Un beau recueil écrit par une poétesse moderne, brillante, romantique et drôle, qui jouera avec ton petit cœur de beurre. Il s’agit de :
Rapture, de Carol Ann Duffy (à ma connaissance, non traduit)
Rapture, c’est une succession de poèmes d’amour, du plus doux au plus amer, et si je pense qu’il plairait aux lectrices et lecteurs de Milk and Honey, c’est parce qu’il est désespérément naïf — car amoureux — mais aussi exigeant. Le style sait être frugal, coulant, délicat, sans se départir de sa finesse, de ses recoins tatillons, de sa belle intelligence.
Alors, si tu hésites entre les deux, hop, repose-moi ce Milk and Honey plein de rien et préfère-lui Rapture. (Surtout si vous avez une jolie déclaration à faire.)
Extrait :
L’un de mes chouchous.
(Et je dis rien mais : )
Rupi Kaur
Carol Ann duffy
  — Maiiiis, ça parle pas de résilience féminine ! miaules-tu encore, trahi toujours, serrant le Rupi Kaur contre ton cœur.
Oui, certes, bon, d’accord, mais alors dans ce cas, en matière de poèmes donnant vie à une féminité forte et interrogeant les motifs de l’oppression, de la sexualité et de la violence (c’est pas moi qui le dit, c’est France Culture dans ce podcast sur Carol Ann Duffy (love love love)), je peux vous proposer au moins trois autres recueils de la même poétesse :
  Coup de cœur personnel pour The world’s wife, qui donne la parole (imaginaire), à des femmes (d’hommes) célèbres. Les poèmes s’appellent donc “Mrs Darwin”, “Circe”, “Mrs Sisyphus”, “Delilah”, “Anne Hathaway” (la femme de Shakespeare, pas celle qui s’habille en Prada), “Queen Kong”, “Demeter”, “Frau Freud”, etc. C’est tantôt drôle, tantôt émouvant, et toujours fin et délicieusement versifié. De la poésie, quoi. Bordel.
#5. LE ROMAN D’AMOUR D’UN ÉCRIVAIN POUR SA FEMME MALADE
La chambre des époux, d’Eric Reinhardt (Gallimard, 2017)
La chambre des époux, c’est l’histoire d’un musicien dont la femme malade va mourir. Celle-ci, pleine d’amour et de pure abnégation, lui dit : Non, ne t’occupe pas de moi, finis ta symphonie. Donc, avec la bénédiction de la mourante, le musicien se regarde le nombril (en n’en finit pas de se trouver formidable, car le message de tout le roman, c’est quand même que son art est plus important que la vie de sa femme), quand soudain, au milieu du livre (que je vous spoile salement), l’auteur intervient pour dire Attendez ! En fait, depuis le début, je vous parle d’un musicien mais il s’agit d’un écrivain, et les héros ne s’appellent pas Machine et Machin, mais Bidule et Chouette, car en réalité… c’est moi et ma femme ! Et là :
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Le roman nous re-raconte exactement la même histoire — oui, une deuxième fois. Avec autant d’auto-congratulation que la première. En bref, c’est ronflant, c’est le festival du touchage de nouille, et c’est tout le contraire d’un hommage à une femme aimée.
À la place, je te recommande donc un livre qui évoque la même situation, la maladie — et le deuil — de la femme de narrateur-auteur, mais dont le traitement est, à l’antithèse du précédent, tout en finesse, en beauté du détail, en sublimation de l’être aimé.
C’est un texte d’autant plus poignant que l’auteur, Verheggen, est un bout-en-train inarrêtable, un poète de l’absurde, un bulleur d’aphorismes humoristiques, et sort ici (un peu) de son rôle habituel pour saluer la femme aimée une dernière fois, de façon délicate et arrachée.
Il s’agit de :
Gisella, de Jean-Pierre Verheggen (Éditions du Rocher, 2004)
Et sinon, il y a aussi le dernier Jean-Marie Laclavetine, Et j’ai su que ce trésor était pour moi, parfaitement dans le thème, et exactement à mi-chemin entre la beauté du Verheggen et la posture artistique du Reinhardt — dans le style personnel de Laclavetine que personnellement, j’aime beaucoup, un peu imagé, un peu old-school, avec une dérision à la Pennac et ce sens de la formule si jouissif et délicat.*
* L’un de ses romans commence par : “D’un tempérament doux, Vincent Artus n’avait jamais tué que sa femme.” — l’une de ces phrases qui me trottent dans la tête depuis des années. (En douceur, Gallimard, 1991)
En somme, je te recommande de lire, acheter ou offrir les livres de la première ligne :
… et de te passer de ceux de la seconde, qui sont des phénomènes surestimés et survendus qui n’ont je crois besoin ni de toi ni de moi.
J’espère que ce top 5 t’a plu, et rappelle-toi, si je trouve que ces livres sont mauvais, c’est BIEN ENTENDU qu’ils le sont dans l’absolu.
Allez,
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Love,
Lupiot
  TOP 5 des mauvais livres à la mode — et ceux que je te recommande à la place. C'est l'instant bitch and love. Owi ! C'est l'instant langue de vipère ! vous réjouissez-vous en remuant du derrière pour creuser un petit nid confortable devant votre écran.
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lupiot · 6 years
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Dans ce top 5, je ne vous recommande que des livres que j’ai lu et adorés. Donc : c’est incomplet, c’est imparfait, mais je vous propose aujourd’hui :
DES ROMANS GAYS PLUTÔT GAIS (ou inversement) même si en vérité il s’agit surtout d’explorer l’amour et la sexualité hors des sentiers purement héréro
Pourquoi ?
¿ Por qué no ?
Des listes de romans thématiques, on en trouve facilement sur internet, et certaines se chargent de référencer les romans jeunesse qui explorent la sexualité. Pas dur de trouver ces listes… si on les cherche. Sorti des plateformes thématiques LGBTA+*, ce n’est pas tellement une littérature mise en avant.
MAH C’EST UN TORT ! Les romans pour ados explorant le genre amoureux et sa sexualité sont souvent géniaux — et, d’ailleurs, même quand ils pêchent par d’autres aspects littéraires, ils s’avèrent souvent réussis sur celui-ci. Pourquoi ? Aucune idée, mais une intuition : les auteurs de ces romans se souviennent de ces interrogations douces-amères, de ces élans brûlants et violents, de ces douleurs et incertitudes, qu’ils ont ressenties ados, quand ils aimaient, quand ils voyaient leurs amis s’aimer, quand ils se demandaient quelle était leur place, quand il voulaient jouer au jeu de l’amour, eux aussi.
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J-je crois que tu me plais. Parce que, quand je te vois, mon cerveau devient débile.
(Je ne sais pas si ça vous rappelle quelque chose, mais à moi, oui.)
On touche alors à un bout de vérité dont on (l’auteur, nous) ne s’est pas tout à fait débarrassé, comme un morceau de mue adolescente invisible à l’œil nu qui serait néanmoins resté accroché.
Parce que ces livres sont très bons là-dessus, je vous propose une petite liste de recommandations de romans gays plutôt gais (ou inversement).
En vrai, ils ne sont pas tous menés par des protagonistes gays. Et ils ne sont pas tous 100% gais. Parce que, asseyez-vous, mais la vie n’est jamais à 100% quoi que ce soit (sauf quand on plonge dans une piscine à boules, où elle est alors 100% folle de joie).
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Les 5 romans que je te recommande ont cela de formidable qu’ils ne « parlent » pas d’un sujet. Ils n’ont pas de message à te faire passer. Ce sont de vraies œuvres littéraires.
TOP 5
#1. Dysfonctionnelle, d’Axl Cendres (Sarbacane, 2015) — La fresque moderne jouissive qui te saisit par le col et t’embarque dans le sillage de Fifi, son héroïne qui accumule les tares suivantes : bouboule et grande gueule, pauvre et surdouée, racaille, et — quoi, elle est lesbienne par-dessus le marché ? Franchement, tu cherches, là.
#2. Will & Will, de John Green et David Levithan (VO 2010, Gallimard Jeunesse 2011) — Double dose de gay ! Que se passe-t-il quand la joie communicative d’une licorne assumée rencontre la névrose rampante d’une autre licorne qui elle, se lime la corne tous les matins ? (Spoiler : tout un tas de choses fortuites et intéressantes.)
#3. Oublier Camille, de Gaël Aymon (Actes Sud, 2014) — Le point de vue très juste de Yanis, ado amoureux rempli de questions et d’hésitations, qui se demande s’il devrait rouler des pelles (ou plus), s’il est un vrai mec, et ce qui cloche chez lui, à la fin ? L’élaboration de l’identité masculine à cet âge gauche d’équilibriste enflammé.
#4. Le monde de Charlie, de Stephen Chbosky (VO 1999, Sarbacane 2008) — La plongée dans le cœur fragile d’un garçon à fleur de peau qui découvre qu’on porte parfois le poids du désir des autres, et qu’on s’en passerait bien, merci. Cast extrabath de personnages paumés et brillants.
#5. Fans de la vie impossible, de Kate Scelsa (VO 2015, Gallimard Jeunesse 2016) — L’authentique triangle amoureux, où un garçon aime une fille qui aime un garçon qui aime un garçon, qui — ouh la la, ils savent pas ce qu’ils veulent, ceux-là. (Comme toi.)
En résumé :
  Ce ne sont même pas — sans doute pas — les meilleurs sur le sujet, mais ceux-là, je les ai aimés (fort), je suis donc meilleure pour t’en parler. Et puis j’ai un peu envie que tu les lises. Allez.
À vite pour d’autres Mini Tops,
Lupiot
* LGBTA+ est l’acronyme de Lesbian Gay Bi Trans Asexual (c’est assez transparent, je ne vais pas vous faire l’affront de vous le traduire). Une façon rapide de dire : « tout ce qui n’est pas hétéro », même si le sigle n’est pas exhaustif (du tout).
TOP 5 — Romans gays plutôt gais (ou inversement) : des livres qui explorent l'amour et la sexualité, mine de rien, comme ça, en loucedé. Dans ce top 5, je ne vous recommande que des livres que j’ai lu et adorés. Donc : c’est incomplet, c’est imparfait, mais je vous propose aujourd'hui :
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lupiot · 6 years
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Mais que vois-je donc ? Un article !? On n’y croyait plus.
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En plus, ce n’est même pas le “C’est le 1er, je balance tout”, donc on ne comprend rien à ski s’passe, et tout ce déboussolement nous va nous faire une luxation oculaire à force de chercher le Nord. Vite, vite, un communiqué officiel :
Pas de “C’est le 1er ce mois-ci”, en raison de circonstances exceptionnelles que nous appellerons “la vie”. (Ou “Montreuil”.) (Double dose le mois prochain !)
Je vais proposer une série de Petits Tops d’ici à Noël, une sorte de calendrier de l’avent de recommandations qui vous inspirera je l’espère des listes de cadeaux à (vous faire) offrir.
Sans plus attendre, voici le premier de ces petits tops !
TOP 5 — PETITS MAIS COSTAUDS
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Voici une sélection de livres très courts, rapides à lire, et néanmoins puissants. Tels des concentrés de lessive, ils sont tout-en-un, super efficaces ! Efficaces pour quoi ? Pour toucher juste, sans s’étendre ; pour frapper en plein cœur du sujet, “piquer au vif” comme on dit dans le catalogue des expressions littéraires épuisées.
#1. Lettres d’un mauvais élève, de Gaïa Guasti (Thierry Magnier , 2016)
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#2. Rage, d’Orianne Charpentier (Gallimard Jeunesse, 2017)
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#3. Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, de Chimamanda Ngozi Adichie (Gallimard 2017)
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#4. Qu’est-ce qui arrive ?, de Mehdi Melkhi (Tanibis, 2015)
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#5. Construire un feu, de Jack London (VO 1929, édition Actes Sud)
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En résumé, petits, mais costauds :
  À bientôt pour un autre Petit Top,
Bonne lecture,
Lupiot
PS : Bonus. Passés très près de ma sélection :
Petite claque stylistique, côté jeunesse : À ma source gardée, de Madeline Roth (Thierry Magnier, 2016)
Petite claque stylistique, côté adulte : L’occupation des sols, de Jean Échenoz (Minuit, 2017)
  J'ouvre un mini calendrier de l'avent schizophrène, avec des PETITS TOP pour vous faire remplir vos listes de Noël ! Mais que vois-je donc ? Un article !? On n'y croyait plus. En plus, ce n'est même pas le "C'est le 1er, je balance tout", donc on ne comprend rien à ski s'passe, et tout ce déboussolement nous va nous faire une luxation oculaire à force de chercher le Nord.
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lupiot · 6 years
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Mais !! Je suis encore en retard ! J’en suis troublée, cela ne m’arrive jamais dans la vraie vie.
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L’excuse du mois :
Durant le mois de Novembre, je participe au NaNoWriMo, un défi d’écriture frappadingue dont je vous reparle tout en bas, et qui épuise bien 50% de mes capacités littéraires. Sachant que les 50% restants sont consacrés à l’exercice d’un métier lui aussi littéraire, c’est donc avec 0% de mon cerveau, mais beaucoup d’émotion, que j’entame aujourd’hui la rédaction de cet article.
§
Dixième édition de ce nouveau rendez-vous mensuel, qui rime avec « C’est lundi, que lisez-vous ? », et peut se voir comme un complément ou un petit frère dérangé, comme il vous plaira. Je vous invite à l’adopter, il ne mord pas.
Le principe ? Quatre trucs à balancer !
Le Top & Flop de ce que j’ai lu le mois dernier
Au moins 1 chronique d’ailleurs lue le mois dernier
Au moins 1 lien qui m’a fait « Wahou » le mois dernier (hors chronique littéraire)
Et enfin : ce que j’ai fait de mieux le mois dernier
Ce mois-ci, en tout, j’ai lu 20 livres, dont : 10 romans graphiques…
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…7 romans, 2 essais (pluzoumoin) et 1 recueil de nouvelles : (Je les réunis car leur addition donne 10 , ce qui me permet d’avoir 2 rangées égales, et j’aime quand c’est tout bien aligné.)
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  1) TOP & FLOP
Alerte : entre les nombreux Top et les nombreux Meh, ce mois-ci, la catégorie « Top & Flop » est un peu longue. Aussi, TOI là, qui ne liras pas tout, voici mon Top 4 absolu, toutes catégories confondues. Ne les rate pas :
TOP 4
#gallery-0-50 { margin: auto; } #gallery-0-50 .gallery-item { float: left; margin-top: 10px; text-align: center; width: 25%; } #gallery-0-50 img { border: 2px solid #cfcfcf; } #gallery-0-50 .gallery-caption { margin-left: 0; } /* see gallery_shortcode() in wp-includes/media.php */
Vas-y tu peux sauter tout le reste et retourner hiberner, petit ourson mal léché. Car ceci is the best of the best, top of the hip, king of the pop. Oh yeah.
C’est parti pour les catégories :
Catégorie 2e étoile à droite et tout droit jusqu’au matin (Aussi connue sous le nom Quand je suis partie pour le Pays Imaginaire, je pensais pas que je m’amuserais autant, ni que le voyage serait si beau.)
Le vainqueur incontesté
Le challenger
Le Livre de la poussière, de Philip Pullman (Gallimard Jeunesse, 2017)
*hurle*
C’EST TROP BIEN !!
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J’avais commencé une critique ici-même mais elle prenait des allures de soliloque cocaïné (ce qui n’est pas un problème) et commençait à grandir de façon indépendante et dévorer mon article de l’intérieur tel un ver solitaire (ce qui, en revanche, est un problème), aussi j’ai amputé la bête pour en faire un article complet plus construit, qui paraîtra dimanche.
Néanmoins, je ne peux pas vous laisser en plan ainsi. Que dire de La Belle Sauvage ? Tout est parfait.
Le style est à la fois élégant, exigeant… et limpide.
L’entrée dans l’univers, qu’on en soit familier ou non, est aussi naturelle qu’excitante ; le monde du Livre de la Poussière s’étend de scène en scène jusqu’à être rapidement très vaste, sans jamais nous perdre pour autant, et tout en gardant toujours notre curiosité et fascination éveillée.
Nous avons un nouveau petit héros, Malcolm. Moi qui craignais un Syndrome Enfant Maudit (à la sauce “on s’englue éternellement dans de vieilles peaux moisies”), je suis ravie ravie ravie.
C’est de l’aventure. De la pure et belle aventure, à croquer comme un fruit volé au sommet d’un arbre secret, rien qu’à toi.
C’est si joliii… certains écarts, petits nids dans le récit, m’ont fait penser à du Timothée de Fombelle, à ce que j’aime tant chez lui : ce goût trop mim’s pour les scènes de nature et de famille et tous ces petits riens chaleureux.
C’est dingue et ambitieux, ça joue avec les légendes féériques anglaises autant qu’avec les peurs ancestrales, d’une façon qui m’a rappelé Jonathan Strange & Mr Norrell.
C’est. Trop. Bien.
Le collège noir t. 1, d’Ulysse Malassagne (Milan, 2016)
Le collège noir est une série qui te colle de délicieux frissons dans le dos, tandis que tu te rappelles tes fantasmes horrifiques de gamin(e) en colo : et si, là, à minuit, un monstre surgissait de sous le lit, et si on était forcés de s’enfuir à toute berzingue avec les copains, et si on vivait d’épouvantables aventures super dangereuses mais géniales ?
Une série de BD fantastique qui a le goût des vacances interdites.
*
Catégorie J’ai soupiré par le cœur, ça faisait un peu mal (Aussi connue sous le nom Joli et badant, mais plus joli que badant)
Le lauréat :
Le challenger :
Jane, le renard et moi, d’Isabelle Arsenault et Fanny Britt (La Pastèque, 2013)
Avertissement : livre de très grande qualité. Si si. Regardez, j’ai fait un macaron :
Jane, le renard et moi est une bande-dessinée par le même duo d’incroyables autrice & illustratrice que l’on doit blâmer pour le très beau Louis parmi les spectres.
Lorsque j’ai refermé ce roman graphique, j’ai cherché l’air à grande goulée puis soupiré doucement.
– C’était pas bien ? m’a demandé l’amie assise à côté de moi. – C’était TROP bien… – C’est que… t’as l’air triste ? – Chuis un peu triste.
Je fais partie de cette race désespérée et envahissante de gens qui adorent qu’on les fasse pleurer (je crois sérieusement qu’on a un problème). Livre ou film, si tu m’arraches une larme, si tu me serres le cœur à l’étouffer, si tu me tortures bien lentement, délicatement, sans avoir l’air d’y toucher ->> JE T’AIME.
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Retenez-moi.
Donc bref, Jane, ça parle de ce drame mésestimé qu’on a tous connu enfant (ou plus particulièrement, adolescent) : être SEUL car SANS AMIS, ne pas trouver sa place dans un groupe, voire, en subir les moqueries. Bienvenue en enfer.
La petite narratrice est devenue le souffre-douleur de ses anciennes copines de classe ; elle marche désormais seule du collège à l’arrêt de bus, s’assoit seule dans ledit bus, et pour s’occuper, fait semblant de lire Jane Eyre pendant qu’un petit groupe de vipères persifle trois sièges derrière.
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Je ne vous spoile pas l’histoire, mais tout ce que vous avez besoin de savoir c’est que s’il est instantanément évident que le dessin est fin et beau et touchant, le texte, lui, va vous surprendre par son style d’une grande justesse, d’une fine drôlerie, et son ton plein d’un douloureux et délicieux second-degré.
Qu’est-ce qui arrive ?, de Mehdi Melkhi (Tanibis, 2015)
Une BD très courte, en petit format de poche, sur le thème du deuil.
C’est un petit monsieur chauve qui va rendre visite à sa mère et la trouve transformée, monstrueuse. « Qu’est-ce qui est arrivé ? » lui demande-t-il. Elle lui raconte alors que chaque fois qu’elle pense à son défunt mari, les larmes, au lieu de couler à l’extérieur, se figent sur elle, tirent sa peau, qui glisse, pend, enfle. À chaque instant de détresse, elle devient un peu plus difforme. Je vous raconte la moitié d’une BD très courte, je suis désolée, voilà, mais elle est trop belle et à l’occasion, lisez-la.
*
Catégorie Prends-toi ça dans les dents
Le lauréat
Le presque challenger :
J’ai failli mettre Tortues à l’infini de John Green… qui, à un cheveu près, se retrouve dans la diabolique catégorie « Meh », un peu plus bas (#oups)
Tropique de la violence, de Natacha Appanah (Gallimard, 2016)
Tropique de la violence conte l’histoire de Moïse, un garçon des Comores adoptés par une femme blanche en mal d’enfant installée à Mayotte, département français oublié des médias et des politiques où la petite bourgeoisie des continentaux côtoie des bidonvilles miséreux et ultraviolents. Dans un entre-deux, comme dans un rêve, à la recherche de ses origines et de lui-même, Moïse essaie de trouver sa place. Puis un jour, il bascule du mauvais côté, et malheureusement pour lui, c’est une pente qui ne fait que descendre.
Ce roman, qui entremêle les voix âpres et vraies de personnages aux horizons différents, nous peint un pays trahi par lui-même et le drame de ses habitants. Rien de sociologique dans ce roman sous tension, qui flirte avec le réalisme magique et le thriller psychologique : que de la sueur, de la bile et des rêves.
*
Catégorie 27e intersidérale du lol
Le lauréat :
Les challengers :
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  Le jour le plus long du futur, de Lucas Varela (Delcourt, 2015)
Le jour le plus long du futur est une BD sans texte, fantaisiste et hilarante, aux dessins ronds et doux façons chewing-gum, cruels et dingues façon Happy Tree Friends, et à l’humour caustique et absurde. Zaim bocou ça.
De rien, de Geoffroy Monde (Delcourt, 2016)
Voici un héritier direct de Bastien Vivès et Fabcaro, et si vous avez aimé Zaï Zaï Zaï Zaï, lisez-le sans hésiter !
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Comtesse, d’Aude Picault (BD Cul, 2010) (mention #Ouh les coquins)
Tiens, une BD sans texte encore, et drôle et absurde aussi, mais surtout, une BD de fesse — ne venez pas jouer les #ChoquésDéçus si vous rougissez comme des communiantes en l’ouvrant. Moi qui n’ai pas aimé le platounet Idéal Standard de la même autrice, je me suis régalée de la finesse du trait et de l’imagerie convoquée dans ce volume libertin.
J’ai choisi une image très très soft non pour protéger vos âmes sensibles, mais pour me prémunir contre un sentiment de culpabilité, un lecteur inaverti dût-il poser ses yeux mignons ici. (#Angoisse & lâcheté)
§
MEH
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Plusieurs lectures ce mois-ci m’ont fait claquer ma langue de gosse impatiente, ou soupiré lourdement comme la lectrice gâtée que je suis. Ce ne sont pas des FLOP mais des « Meh », la plupart dus au fait que je me les étais salement hypés, et les ai ouverts en frétillant du derrière.
De gauche à droite, mes « Meh » du plus petit au plus gros :
#gallery-0-53 { margin: auto; } #gallery-0-53 .gallery-item { float: left; margin-top: 10px; text-align: center; width: 20%; } #gallery-0-53 img { border: 2px solid #cfcfcf; } #gallery-0-53 .gallery-caption { margin-left: 0; } /* see gallery_shortcode() in wp-includes/media.php */
  Pourquoi ces « Meh » ?
Tortues à l’infini, de John Green (Gallimard Jeunesse, 2017)
Tortues à l’infini est plutôt un bon roman car John Green est de toute façon un bon écrivain et ne parvient pas à rater un roman même quand il essaie fort fort. Celui-ci est donc tout de même cool, mais il s’agit à mes yeux…
de son moins romanesque (il ne se passe rien, dans ce roman),
d’un roman pas super bien construit,
de son moins bon, pas de discussion.
Malgré cela, Tortues est écrit avec une verve moderne, jeune, vive, cultivée, légèrement décalée, cette verve propre à John Green si souvent imitée et jamais égalée. Si je le place parmi les « Meh », in fine (j’ai pas mal hésité), c’est qu’il m’a PESÉ de ouf, d’une façon qui n’était ni voulue (?) ni nécessaire me semble-t-il. Il parle de maladie mentale et, sans doute parce que c’est un sujet deeply personal à l’auteur, il en parle de façon un peu insistante pour être sûr qu’on comprenne bien ; or, sorry, je suis venue là pour lire un roman, pas un fil Tumblr culpabilisant.
Histoire de vérifier que je n’avais pas tout simplement grandi depuis le dernier John Green (paru il y a six ans !), et que mon souvenir des prés radieux de Nos étoiles contraires n’était pas une arnaque intellectuelle que me jouait mon cerveau, je viens de me replonger dedans. Verdict : j’adore, c’est brillant, fin, superbement construit, il se passe des choses — bref, c’est bien Tortues qui m’a trahie, pas ma mémoire…
Pour les curieux ; on pourrait dire que ce roman est parent de :
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  Le fils de l’ombre et de l’oiseau, d’Alex Cousseau (Le Rouergue, 2016)
Ce roman sur trois générations, presque quatre, mêle réalisme magique, quête mystique, et aventure de cow-boys.
Très curieux, ce « Meh » : je ne vois pas où l’auteur veut en venir au bout de 200 pages (il y en a 400). C’est plutôt joli mais je n’ai pas réussi à rentrer dans l’aventure, sans doute parce que les constants bonds dans le temps forcent le lecteur à abandonner le protagoniste toutes les quarante pages. J’avais ressenti cela à la lecture de Fondation, d’Asimov, par exemple : c’est bien vu, ça m’intéresse (intellectuellement), mais le livre a selon ma conception subjective, un handicap émotionnel structurel.
Qu’on me tue mes héros dans un grand tremblement cathartique à la Game of Thrones, je comprends, mais qu’on me laisse sans nouvelles, pour les retrouver (morts ou vifs, d’ailleurs) des années plus tard et me faire le résumé de leur vie, wallah, c’est abusé. J’étais là, moi !! Sagement assise au premier rang ! Qu’est-ce que c’est que ce machin mal branlé où tout se passe dans les couloirs et les coulisses ?
À vrai dire, ce “handicap”, que j’appellerai le “Constant callback” correspond à une attente littéraire que tout le monde ne partage pas — et que j’ai un peu de mal à formuler mais, au fond, je suis sûre d’avoir raison, hello insupportable Miss Je-Sais-Tout —
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I KNOW, ok — mais quand même, laissez-moi t’expliquer le constant callback.
Dans la vie, on a ces amis qu’on ne voit pas assez souvent ni assez longtemps pour dépasser le stade de la longue “récap depuis la dernière fois”, et avec qui la relation, de fait, n’évolue pas. On tourne en rond dans le bouillon de nos anciennes aventures sans réussir à arriver au stade ou l’on crée de nouveaux souvenirs. C’est un cocon doux mais un peu triste et, au fil des années, le lien se délite. Or, il arrive, comme ici, qu’il se passe un phénomène similaire en littérature : le personnage nous échappe pendant des ellipses, et la narration peine à sortir du “résumé des événements”, à nous faire vivre de nouvelles aventures… On se retrouve à sans cesse redémarrer de zéro avec le perso, comme on se rappellerait après une longue absence. Constant callback.
Ceci mis à part, à qui recommandé-je ce roman ? (Car il est plutôt bon je crois, et c’est aussi moi l’handicapée, ici.) À ceux qui aimeraient lire un récit à la rencontre de :
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  Naissance des cœurs de pierre, d’Antoine Dole (Actes Sud Junior, 2017)
Le pitch d’un ennui délétère ne me bottait pas des masses (dystopie où tu entres dans le « Programme » à l’adolescence, Programme où les sentiments sont interdits ; je pense que j’ai lu ce résumé plus de quarante fois en deux ans), mais le nom d’Antoine Dole, oui, et sa sélection pour le Prix Vendredi, encore plus.
Mon ressenti ? Je me suis ennuyée, mais pas pour la raison escomptée, car le roman est plutôt futé dans sa façon de prendre nos attentes à revers. Non, mon ennui est plutôt dû à des choix narratifs : on a un ressenti à fleur de peau centré sur les divers miasmes intérieurs et extérieurs des personnages, très peu de vraies scènes, et une queue de poisson finale assez frustrante : on nous relate de façon indirecte des tas d’événements qu’on aurait vraiment préféré vivre.
Si mon ressenti pourtant négatif vous donne malgré lui envie de lire ce livre, c’est normal je crois, et tant mieux : la narration très intimiste, émotive et charnelle, littéraire mais peu scénique, est un domaine dans lequel l’auteur excelle, et je crois que je n’avais tout simplement pas envie de ça à ce moment-là.
On pourrait dire que ce roman est au croisement de :
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  Monsieur Mardi-Gras Descendres, d’Éric Liberge (Zone Créative, 1998-2000)
On m’avait recommandé ce roman graphique en raison de 1) mon coup de cœur pour Blast, de Larcenet et 2) mon goût du macabre et de l’humour noir.
Monsieur « Mardi-Gras des Cendres » s’appelle ainsi car il est mort entre le Mardi-Gras et le Mercredi des Cendres, et dans le curieux enfer désertique où a atterri sa squelettique personne après son trépas, c’est ainsi que l’on recense la populace. Une quête de sens commence pour lui, dans ce monde insensé et cruel. Tous les ingrédients sont réunis pour que je passe un bon moment, mais MALHEUR : le protagoniste, incrédule et tapageur, m’agace autant que s’il tapait un scandale injustifié dans la file devant moi au supermarché.
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J’avais tout le temps envie de l’estourbir.
J’ai avalé un arc-en-ciel, d’Erwan Ji (Nathan, 2017)
C’est mon ami Tom de La Voix du Livre qui m’avait chaudement recommandé cette lecture, et il y a en effet un allant, une vivacité dans la narration adolescente, à demi loufoque, à demi sociologique, qui m’ont plu, et je vois ce qui l’a embarqué. On se laisse porter, c’est frais et drôle, souvent. Mais deux problèmes centraux m’ont finalement fait lâcher le livre vers la moitié :
Ça n’en finit plus de démarrer, et
Mondieu la mentalité.
Parfois, y a pas, c’est vraiment pour des raisons éthiques qu’on ne peut pas poursuivre un livre. Ce roman passe son temps à nous faire approuver en sous-texte : le slut-shaming, un sexisme innocent et ravageur, du mépris social, des blagues sur le viol…
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On a aussi une ribambelle d’incohérences dans l’incarnation des personnages. Donc, dommage car le début me plaisait, mais à la longue, ça me crispait.
Je vous invite à lire l’avis de Tom sur La Voix du Livre pour découvrir une critique positive de ce roman. De mon côté, je dirais qu’il est l’enfant mal élevé de :
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  …Et Lupiot a enfin fini la partie Top & Flop de ce mois-ci ! Bravooooo. On l’applaudit avec des sourires crispés en retirant discrètement le scotch de nos paupières.
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DING-DONG à tous ceux qui s’étaient endormis !
2) CHRONIQUES D’AILLEURS
Davantage que des chroniques, j’aimerais partager trois adresses de blogs jeunesse que j’ai découverts et feuillète régulièrement (oui, comme des magazines), et comme c’est le jeu, je vous propose l’une de leurs chroniques en lien, mais sachez que c’est plus pour l’ensemble de leurs publications que je les aime que pour cette chronique-là précisément.
Les Lectures du Monstre, tenu par un “Charmant Petit Monstre”. On y trouve de la littérature, du cinéma, et d’autres bouts de culture et de vie. Les plus :
Du lol à revendre
Un optimiste qui vous prend la grisaille à rebrousse-poil, j’ai toujours le smile en sortant de ma lecture
Des articles rythmés, illustrés, généreux et critiques
La meilleure critique des Petites Reines, so far ? I JUST LOVE IT OKAY
Plumes de lune, tenu par les jumelles Kin et Kara. On y trouve essentiellement des articles critiques de livres de SF, fantastique et fantasy. Les plus :
Un ton fun et franc, parfois corrosif
Un esprit critique piquant
Je sais toujours, à lire l’article, si je vais aimer le bouquin ou pas, signe selon moi qu’il s’agit d’une bonne chronique. (Que je sois “raccord” ou pas, d’ailleurs.)
Cf. la seule critique de Phobos nuancée qui m’ait enfin éclairée vraiment sur ce phénomène de la blogo.
Le blog de L’Ourse bibliophile. Elle y parle beaucoup de livres et notamment de livres jeunesse, mais pas que : de cinéma, mais aussi de questions de société, de féminisme et d’intersecitonnalité par exemple, et je ne sais pas pourquoi tous les blogs que je suis parlent de ça, c’est bizarre didonc. Les plus :
La densité impresionnante de ses articles
Son excellent goût en littérature jeunesse (#very partiale je suis)
Ses “Parenthèses 7ème art” géniales où elle nous critique tous les films intéressants du mois non sérieusement
Cette chronique de Moonrise, de Sarah Crossan qui me donne très envie.
§
3) AILLEURS SUR LE WEB
Ok c’est le moment d’être des intellectuels : je vous propose de découvrir les billets de Clémentine Beauvais sur L’écriture créative.
Toujours là pour t’aider à procrastiner.
Il s’agit des comptes-rendus hebdomadaires des cours qu’elle donne à la fac à des angliches qui ont vachement de la chance de l’avoir comme prof. L’avantage incomparable c’est que tu peux t’asseoir devant ton écran et regarder, le temps d’un article, des gens (elle et ses élèves) réfléchir pour toi au sujet de la littérature jeunesse, et en ressortir plus cultivé(e) et plus curieux(se).
Les premiers billets sont là :
Cours d’écriture créative pour enfants à l’université
Écriture créative, session 1 — Intro
Écriture créative, session 2 — Personnages et caractérisation
Écriture créative, session 3 — La “Voix”
Écriture créative, session 4 — Style I. Oralité et sonorités
C’est tellement bon tout ça.
Ce blog n’encourage pas à la consommation de drogue.
§
4) HAPPY NOMBRIL
Les choses qui me rendent heureuse ce mois-ci :
Je me marie. PAS CE MOIS-CI. En août 2018. On a trouvé notre lieu de réception, notre photographe, dressé notre liste d’invités, réfléchi au buff— oh mon dieu c’est horriblement lourdingue à raconter. Mais ça me rend heureuse. Une anecdote à raconter : plusieurs ami(e)s m’ont demandé si nous ferions un mariage thématique Harry Potter. Je ne vois pas pourquoi ils demandent ça,
#moi
mais la réponse est non. Lorsque j’ai émis, comme ça, l’idée de glisser dans notre décoration de mariage des petits clins d’œil Harry Potter (genre, pour les noms de tables), mon promis m’a regardé d’un regard très regardant, yeux écarquillés, et a lentement pointé du doigt l’étagère Harry Potter que j’ai percée et montée et décorée sur le mur du salon au-dessus de la télé, avant d’articuler silencieusement : “Non”. Et j’ai lu dans ses yeux “ENOUGH”.
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Je participe au National Novel Writing Month, connu par les aficionados comme le NaNoWriMo ! (Ou Nano.) C’est un défi d’écriture un peu barré auquel je participe depuis 11 ans et dont j’ai parlé dans cet article l’an dernier. Ça m’amuse toujours autant d’y participer, mais je constate avec consternation que, d’année en année, j’écris de plus en plus len-te-ment. Armée de mes 45 pages de notes et 35 minutes de réflexion sous la douche, j’ouvre mon document et —
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Pitin je galère.
Aannnd, CUT. L’article est fini, avec 6 jours de retard. Fml.
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À dimanche pour une critique du Livre de la Poussière, et à la semaine prochaine pour deux articles cuisinés aux petits oignons par mes minions.
D’ici là bonnes lectures ! T’as vu comme je te mets la pression avec mes s.
Lupiot
Tu peux ajouter ton article “C’est le 1er” à la liste en cliquant sur la grenouille bleue (je le reporterai manuellement ci-dessous !) :
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Les fantastiches C’est le 1er, je balance tout de novembre 2017 :
Les Causeries de Chichi
Chaussettes et chocolat
Les Cheesecakes de Dolorès
Des Livres et les mots
D’Encre et de Rêves
Histoires vermoulues
Les Lectures du monstre
Light and Smell
Le Monde fantasyque
Niognot
Les Notes de Grace M.
L’Ourse bibliophile
Le Sortilège des mots
Tanuki No Monogatari
La Tête en Claire
Le Vent dans les pages
Si je t’ai oublié, laisse-moi un petit cri plaintif dans les commentaires, tel un animal abandonné : “Tu m’as oublié(e) !”
  L'article est en retard car il est INTERMINABLE. J'arrête le capslock mais si tu dois retenir une chose : Lis Le Livre de la Poussière. Now. Mais !! Je suis encore en retard ! J'en suis troublée, cela ne m'arrive jamais dans la vraie vie.
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lupiot · 7 years
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Lundi dernier, le 9 septembre 2017, c’était la remise du…
Je vois une partie d’entre vous cligner des yeux. Le pri-quoi ?
Le Prix Vendredi. Lancé cette année, c’est le premier prix national indépendant de Littérature Jeunesse. Il entend récompenser un roman francophone de littérature ado-adulte (13 ans et +) paru entre le 1er janvier et le 30 septembre 2017.
C’est Anne-Laure Bondoux, avec son excellent L’aube sera grandiose, chez Gallimard Jeunesse, qui a remporté cette première édition. Deux autres romans ont reçu des mentions spéciales :
Colorado Train, de Thibault Vermot, chez Sarbacane (que je vous recommande pour son style ambitieux et son sens du frisson, et dont une critique paraîtra bientôt ici)
Naissance des cœurs de pierre, d’Antoine Dole, chez Actes Sud Junior (que je n’ai pas lu, mais ça ne saurait tarder !)
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J’étais très excitée à l’annonce du lancement. Mais ce qui m’intéresse, dans ce prix, plus que ses lauréats, c’est ce qu’il dit de la littérature jeunesse… à commencer par la façon dont elle est relayée dans les médias.
C’est-à-dire, MAL.
On lance le Goncourt de la Littérature Jeunesse…
Contextualisons.
La France compte à peu près autant de prix littéraires que de fromages. Et parmi eux (les prix, pas les fromages), on en liste même de très prestigieux en jeunesse, comme celui des Librairies Sorcières ou la Pépite de Montreuil, remis chaque année. Et de nombreux, nombreux autres.
Mais ces prix prestigieux ne le sont que dans le milieu douillet de la Littérature Jeunesse, qui est un peu consanguin. Personne, hors de notre bouillon consanguin, ne connaît la “Pépite de Montreuil”, pourtant tout le monde connaît les noms “Goncourt”, “Fémina”, “Renaudot”, “Médicis”. Personne ne regarde dans notre direction — ce qui nous permet de faire notre tambouille dans notre coin, avec beaucoup de liberté — mais cela signifie surtout que toutes ces récompenses, tous ces lauriers, s’adressent à des initiés.
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On reste entre nous
OR, un Prix a pour but de :
faire connaître le livre récompensé et son auteur ;
et faire connaître la littérature dont est issue le roman.
Qu’il s’agisse d’un policier du grand froid, d’un récit intimiste parisien, d’une quête existentielle orientaliste, etc., le roman primé attire l’attention d’un public large, un public non initié, qui découvrira à la fois un titre, un auteur, mais aussi une approche de la littérature et, parfois même, une branche de la littérature.
Et voilà, on y est. Le Prix Vendredi a pour ambition de faire connaître la branche jeunesse. En pétant joyeusement la vitre de ton salon, comme un arbre plein de sève et d’enthousiasme.
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Or… ce n’est pas gagné. Pour l’instant, on toque à la vitre et personne ne répond.
PERSONNE NE RÉPOND
Le Prix Vendredi est le grand absent des médias culturels relayant habituellement la rentrée littéraire. Il suffit de se créer une alerte Google pour constater que seuls 6  articles sur le sujet sont sortis depuis fin août, quand, à titre de comparaison, les Prix Goncourt, Renaudot, Médicis, Fémina totalisent une cinquantaine d’articles… chacun.
Or, on espérait mieux, le jury du Vendredi étant composé de :
Michel Abescat (Télérama) Raphaële Botte (Mon Quotidien, Lire) Philippe-Jean Catinchi (Le Monde) Françoise Dargent (Le Figaro) Marie Desplechin (auteure jeunesse) Catherine Fruchon-Toussaint (RFI) Sophie Van Der Linden (auteure jeunesse)
Soit principalement des journalistes issus de grands médias généralistes, critiques littéraires, qui s’intéressent à la littérature jeunesse (+ deux auteures très investies dans la critique et la valorisation du livre jeunesse). Ce choix journalistique very serious, assez posh et so classy témoigne d’une volonté de départ d’asseoir le prix Vendredi au niveau des autres grands prix littéraires (dont les jury sont similaires), en esquivant notamment les jury de lecteurs. (Des lecteurs ADOS en plus ! L’angoisse.)
Du coup, j’en reviens à mon enthousiasme initial. Quand j’ai lu la composition du jury, je me suis dit :
“Mais c’est FORMIDABLE, ça veut dire qu’on va PARLER LITTÉ JEUNESSE dans tous ces grands médias !!”
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#Moi
Or, non seulement :
les médias spécialisés (Actualitté, LivreHebdo) en ont assez peu parlé, comparativement aux autres grands prix,
mais en plus :
tous les médias dont sont issus les membres du jury n’ont pas parlé du prix (rien dans Le Monde, si je ne m’abuse),
mais EN PLUS :
les grands médias qui ont relayé le Prix Vendredi en ont peu ou pas parlé avant la remise du prix, période qui est quasi la plus intéressante en termes de communication car toi même tu le sais, c’est autour de la liste des sélectionnés que l’on peut faire monter la sauce, émettre des pronostics, bref, s’émouvoir un peu et susciter l’excitation, re-bref, investir le public ;
MAIS EN PLUS :
la totalité des sujets parus tous grands médias confondus atteint péniblement la vingtaine*. Mon grand-père qui a écrit d’obscurs ouvrages d’Histoire bourguignonne, a plus de mentions Google.
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montre-leur papy
* Je ne compte que les grands médias, pas les blogs et les réseaux — encore que ce ne soit pas fifou non plus.
MAIS ALORS, LE PRIX VENDREDI, « GONCOURT DE LA JEUNESSE » … C’EST RATÉ ?
Meuh non.
Le projet est excitant, enthousiasmant, prometteur : avec le Prix Vendredi, le Syndicat National de l’Édition (SNE) vient tout de même de mettre sur pied un véritable tremplin pour faire connaître et reconnaître la Littérature Jeunesse à un public large. La seule démarche est révélatrice des mouvements culturels profonds qui agitent les eaux calmes de la littérature.
Niveau comm’, c’est décevant. Or, un Prix, c’est surtout de la comm’.
Il est goddamn bien trop tôt pour juger de sa réussite, puisque ce n’est que la première édition. Et mes comparaisons avec le Goncourt, Médicis and co ont la mauvaise fois des nouveaux-nés : le Vendredi vient de voir le jour, et le Goncourt existe depuis 1903 — FORCÉMENT qu’il est plus médiatisé, c’est normal, et je ne m’attendais pas à autre chose. Maiiis… ce qu’il ressort de ce mois d’observation du traitement du Prix Vendredi, c’est qu’il semble qu’une partie des médias soit sourde à l’affirmation :
« Les adultes n’ont pas le monopole des prix littéraires, cette littérature ado est une véritable littérature » (Thierry Magnier, président du SNE)
La littérature ado est une véritable littérature.
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Sérieusement.
Avec quelles armes doit-on se battre quand on est déjà contraint de batailler pour faire admettre cette prémisse de base ?
C’est comme si les chaussures à scratch étaient méprisées par l’intelligentsia de la chaussure et devaient constamment rappeler que :
La chaussure à scratch est une véritable chaussure.
Bon, en vérité, on sait très bien que personne ne doute de la qualité de chaussure de la littérature ado. La vraie question, c’est plutôt le mépris littéraire et social envers les scratchs. Tu m’as comprise.
On ne considère pas comme intéressant, pas intelligent, pas enrichissant, beau, artistiquement élevant, de lire (ou écrire) de la littérature jeunesse. Et si, par accident, un ouvrage de littérature jeunesse nous touche, nous élève, on considérera qu’il est, en réalité, au fond, un livre pour adultes.
Que cette chaussure à scratch, elle serait aussi bien avec des lacets.
Clémentine Beauvais évoquait ce sentiment d’incompréhension du public adulte à l’égard de catégorisation jeunesse dans ce billet (comme toujours brillant et poilant).
Mais nos chaussures à scratch, et notre littérature jeunesse le sont par choix, pas par défaut. Tout le monde est au courant de l’existence des lacets depuis un petit moment, merci ; quand on opte pour le scratch, c’est donc exprès. Comme Michel Tournier, qui après avoir écrit Vendredi ou les limbes du Pacifique, a écrit le Vendredi ou la vie sauvage pour la jeunesse, et considérait ce second comme meilleur :
« Fini le charabia. Voici mon vrai style destiné aux enfants de 12 ans. Et tant mieux si ça plaît aux adultes. Le premier Vendredi était un brouillon. Le second est propre ; j’ai simplifié un petit peu parce que j’ai trouvé que Vendredi ou les limbes du Pacifique, c’était trop compliqué et même un peu vicieux, subtil, abstrait. »
Citation dont je vous propose une fine analyse très objective ci-dessous :
« Fini le charabia. {c-à-d : Les élucubrations personnelles/stylistiques/(insère ton adjectif) typiques de la littérature générale} Voici mon vrai style destiné aux enfants de 12 ans. {Un style authentique, qui touche à la vérité du récit} Et tant mieux si ça plaît aux adultes. {Ce n’est pas le public prioritaire} Le premier Vendredi était un brouillon. Le second est propre ; {Cette nouvelle mouture est plus réfléchie, travaillée} j’ai simplifié un petit peu parce que j’ai trouvé que Vendredi ou les limbes du Pacifique, c’était trop compliqué et même un peu vicieux, subtil, abstrait. {Je suis allé à l’essence du roman, à la substantifique moelle, en me désencombrant de tout ce qui pouvait obstruer l’accès au récit}
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  J’aime beaucoup ce qu’il dit de sa démarche entre les deux Vendredi. C’est intéressant, et je crois qu’on touche vraiment au cœur de ce qu’est la littérature, ou du moins, une définition de la littérature qui me parle : on écrit pour quelqu’un, pour un lecteur. C’est important de l’avoir en tête dans toutes les formes de littérature il me semble, et bien sûr en jeunesse : on écrit pour les ados. Qu’est-ce que ça veut dire ? Plein de choses, à commencer par le respect de leur personne, leur intelligence, mais aussi la considération de leur jeunesse où tout est brûlant et crucial.
Fais pas semblant d’avoir oublié que tout était brûlant et crucial quand t’avais 13 ans.
À l’adolescence, il y a une sorte d’élan physique et une importance aveuglante qui traversent toute chose. D’une simple conversation avec tes parents à ce regard échangé dans le bus, tout est grave et t’habite et te bouleverse en-dedans. Ce n’est pas pour rien qu’on a tant d’histoires de rébellion dans le rayon jeunesse, ou que Roméo et Juliette n’en finissent plus de mourir d’amour depuis des siècles, avec leurs quatorze ans et leurs “on se connaît depuis cinq minutes mais je ferais n’importe quoi pour toi”.
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La Littérature ado-adulte est, entre autres multiples choses, une littérature de l’intensité.
Donc j’aime ce que Tournier dit de sa démarche mais alors je n’aime pas du tout le choix de ce nom pour le prix.
Le Prix Vendredi
Mais sérieux ? Pitié ! Vendredi ou la vie sauvage, Le Petit Prince… indépendamment de leurs grandes qualités, ce sont des ouvrages “jeunesse” (guillemets parce qu’à l’époque, cette catégorie éditoriale n’existait pas vraiment) extrêêêêêmement classiques, pas vraiment un choix pertinent pour célébrer la Littérature Jeunesse d’aujourd’hui !
Sans compter que Vendredi ou la vie sauvage… MERCI la représentation ! On veut faire connaître et reconnaître la Littérature Jeunesse comme créatrice, novatrice, talentueuse, puissante et légitime, et on choisit pour communiquer le nom d’un bouquin paru au mésozoïque qui est une réécriture d’un livre de littérature générale basé sur le mythe du bon sauvage ?
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Ce n’est rien qu’un nom, mais vous savez l’importance que j’accorde aux noms personnellement (cf. la catégorie d’articles Les noms dans la littérature). Et puis, surtout, un nom, ça fait partie de la communication, or nous l’avons déjà dit, ce prix littéraire ce n’est rien d’autre que de la
*COMMUNICATION*
Et, ben, du coup, honnêtement, je pense que :
Vendredi, ce n’est pas clair, transparent, limpide, comme nom ; on ne pige pas tout de suite à quoi ça renvoie
Ce n’est pas excitant ; ça sent un peu le vieux mouchoir à carreaux
Ça donne de la littérature jeunesse une image vieille France de bons points et de livres-à-Papa (tradi, gentille, pédagogique), ce qui correspond déjà aux préjugés qu’a une partie du grand public et des médias généralistes, et ne fait que renforcer cette conception étroite…
… conception qui est très éloignée de ce qu’entend faire le Prix, à vrai dire, puisque, si l’on se fie aux déclarations du SNE et surtout, au résultat de cette première édition, il nous CRIE que la littérature jeunesse, c’est à la fois :
Une littérature de l’intimité et de l’émotion, écrite avec finesse et intelligence.
Une littérature de l’intensité, écrite avec exigence et ambition.
Et une littérature de la révolte, écrite avec rage et poésie.
On est très loin du gentil, tradi, pédagogique, et les deux mentions spéciales sont même représentatives de ce qui se fait de mieux dans la littérature de genre en jeunesse (ici : horreur et dystopie – sous-branche extrêmement prolifique du rayon).
EN CONCLUSION
Le Prix Vendredi est un projet de valorisation de la Littérature Jeunesse, donc j’adore. Ses instigateurs (le Syndicat National de l’Édition), comme son jury (journalistes et auteures) m’inspirent confiance par leur démarche, leurs choix, et la passion que je leur connais (plusieurs de ces journalistes ont un énorme capital sympathie de mon côté, comme au hasard Michel Abescat dont les critiques me ravissent).
Mais le but de ce prix, qui est la (re)connaissance de la littérature jeunesse par le grand public n’est pas encore atteint, notamment parce qu’on rame sévère niveau comm’.
Mais, hé. C’est normal, en fait.
T’as cru que ça se ferait d’un claquement de doigts ? Que la première édition ne serait pas pleine de tensions, de maladresses et de couacs ?*
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Bé oui j’ai cru, parce que j’ai oubliu la nature consanguine et bouillonnante du milieu de la litté jeunesse, et l’indifférence royale que lui manifeste le reste du monde.
Mais bien sûr, ça va prendre des années. Et dans cent ans, peut-être qu’on créera un prix littéraire qu’on appellera “le Vendredi des adultes” et non plus “le Goncourt de la jeunesse”, who knows ! Je peux vous dire que ce jour-là, c’est distribution de fraises Tagada chez moi.
En attendant, n’oubliez pas l’essentiel :
Les chaussures à scratch sont de véritables chaussures.
Lupiot
La littérature ado est une véritable littérature.
Pour lire toutes les réflexions sur la littérature, c’est par ici. Pour lire tous les articles sur les noms dans la littérature, c’est par ici.
Le Prix Vendredi, Goncourt de la littérature Jeunesse – Et tout le monde s’en fout Lundi dernier, le 9 septembre 2017, c'était la remise du... Je vois une partie d'entre vous cligner des yeux.
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lupiot · 7 years
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Article par Sheepy, nouvelle venue sur Allez Vous Faire Lire !
Un préquel du Clan des Otori : vous en rêviez ? Lian Hearn l’a fait !
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Le préquel s’ouvre sur les (més)aventures d’un tout nouveau personnage, Shikanoko. Pour qui n’a pas lu les Otori, c’est parfaitement accessible.
Laissé pour mort, Shikanoko va se réfugier chez un sorcier qui lui fabrique un masque contenant tous les pouvoirs de la forêt. Engagé par un seigneur de la guerre, il va alors se retrouver au centre des luttes de pouvoir pour l’accession au Trône du Lotus. Seigneurs de la guerre, sorciers, jeunes gens en quête d’identité et esprits tirés du folklore japonais s’entremêlent dans cette course pour le pouvoir.
Un début difficile mais une suite prometteuse.
Plutôt mitigée dans les premières pages, voire carrément déçue (cf. plus bas), j’ai pourtant poursuivi ma lecture et… j’ai bien fait ! J’ai retrouvé ce que j’aimais dans la saga de Lian Hearn.
LES PLUS :
#1. Le style délicieux
Ce que j’ai le plus aimé et qui m’avait déjà fait fondre le cœur dans Les Neiges de l’exil (Otori, t. 2) c’est la langue poétique de l’auteur et les longues descriptions de la nature. Une partie de l’intrigue se déroule durant la saison froide, que je juge particulièrement propice aux évocations de paysages, avec la forêt tapissée de feuilles aux tons automnaux et les lacs gelés.
Ces descriptions me donnent envie d’aller sous la couette en pyjama moumoute avec un bon chocolat chaud ce qui est un plus non négligeable !
#2. Une intrigue politique passionnante
Le fil conducteur de l’intrigue est la lutte pour le Trône du Lotus. On retrouve dans Shikanoko tous les ingrédients (querelles de familles meurtrières, magie, amours et faux-semblants…) qui ont fait le succès des Otori. Toutefois l’intrigue semble beaucoup moins complexe (moins de page que dans les Otori)… ce qui n’est pas pour me déplaire parce qu’il y a déjà assez de personnages comme ça.
L’intrigue permet également de bien comprendre la façon dont fonctionnaient les relations de pouvoirs entre samouraïs, seigneurs, suzerains et empereur. Ces personnages sont nombreux, laissant la place à toutes les combinaisons possibles de traîtrises et de retournements d’alliances sur 4 tomes. Bref, si vous aimez les histoires de clans, d’héritages et de trahisons vous allez être servis !
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#3. Des personnages féminins forts
Le rôle des femmes : nous sommes dans un Japon mythique et féodal, autant dire que normalement, les femmes sont souvent des êtres délicats et soumis aux hommes. Mais pas ici ! Plusieurs personnages féminins jouent un grand rôle dans le roman et elles ont aussi des caractéristiques traditionnellement « masculines », ici : désir, rouerie, pouvoirs et maniement des armes. Bien sûr, elles restent dans une société d’hommes et dans ce cadre, elles n’ont pas une pleine liberté. La caractérisation est donc assez bien pensée.
#4. Des personnages à suivre de près
Plusieurs personnages me semblent particulièrement intéressants parce qu’ils sont le contrepied de ce que l’on peut attendre d’eux. Je pense notamment à Akihime alias la Princesse de l’Automne, à dame Tora et à Yukikuni no Takaakira, seigneur du Pays des Neiges. J’espère qu’on en découvrira plus sur eux dans le deuxième tome…
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LES MOINS
#1. On est assommé d’informations
Il y a beaucoup trop de personnages ! Et retenir les noms (japonais en plus) de tous ces protagonistes n’est pas à la portée de ma mémoire de poisson rouge. Pour ne rien simplifier, ils ont tous une double ou triple identité. MERCI, L’ENFER. D’entrée on commence le roman par une liste de 91 personnages, chevaux, armes, esprits, etc. Heureusement qu’on ne les rencontre pas tous dans ce premier tome sinon mon pauvre cerveau aurait explosé !
Ce qui m’amène à ma vraie critique à cet égard : très mauvaise gestion de l’information.
Le lecteur est assommé de noms et d’éléments qui ne sont pas pertinents au déroulement du récit. On nous contextualise la filiation de la moindre babysitter d’arrière-plan à toutes les pages : stop, non, pitié, on s’en fout.
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#2. Un sexisme un rien irritant et comme toujours inutile
Il y a un sexisme ambiant trop présent à mon goût. On a pas mal d’évocations d’actes sexuels et du désir, ce qui n’est pas dérangeant en soit : le problème c’est que ces scènes ne renvoient pas une image très flatteuse de l’homme : presque tous ceux du livre donnent l’impression qu’ils sont incapables de contrôler leur désir (pour des femmes, jeunes filles ou petit garçon) ! Même pour préserver leur domaine, vie et dignité. Ici, tous les hommes sont des bêtes obsédées qui vont vous violer. J’ai trouvé cet aspect du livre vraiment déplaisant.
Car, si on y réfléchit : un personnage vil, parfaitement vil, cela peut se révéler terriblement jouissif : un vrai bon méchant, on adore ça ! Mettez-nous des brutasses, des crados, des violeurs d’enfants et des égorgeurs de chats, oui !
Mais pas gratuitement : cela doit être réfléchi, participer de l’incarnation d’un personnage ou de la construction d’une intrigue. Le MAL devient alors puissant, utile, VITAL au récit. Et on peut le déployer de façon riche. Par exemple, la domination physique, le machisme ordinaire ou l’obsession sexuelle sont trois éléments de caractérisation différents.
Or, ici, ça manque de réflexion, et donc de nuance. Si toute la palette des personnages fait preuve du même sexisme fatigant, c’est bien qu’il ne s’agit pas d’un élément de caractérisation, mais d’un truc latent, involontaire, qui a bavé de la plume de l’auteur.
Et nous, on n’aime pas quand ça bave.
Même si toi on t’aime bien, Médor.
3) Une entrée en matière maladroite
Le livre commence de façon étrange et j’ai eu du mal à accrocher : trop de personnages d’un coup, aucun point de vue fixe pour nous repérer, un personnage principal qui n’engage pas à poursuivre le récit car on n’a pas l’impression de suivre son histoire, trop lente, et, last but not least, une incursion dans l’imaginaire nippon un peu brutale.
En effet la magie arrive assez vite et le folklore japonais, notamment quelques esprits et créatures, ne se lie pas très bien avec l’intrigue. Alors que dans Le Clan des Otori, les pouvoirs de la Tribu semblaient plutôt naturels, ici j’ai l’impression de lire deux genres différents qui ne s’accordent pas harmonieusement dans un tout cohérent.
Le célèbre problème de l’ornithorynque.
4) Un protagoniste insaisissable…
Le personnage éponyme, Shikanoko, ne m’a ni plu, ni déplu. C’est un personnage ambigu, qui a autant d’aspects lumineux que sombres. Même si l’auteur nous livre parfois ses pensées, je le trouve inaccessible ; la narration conserve une distance qui ne fonctionne pas pour moi. Aussi je n’ai ressenti presque aucune émotion par rapport à ce personnage.
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Enfin si… sans vous spoiler, je l’ai détesté lorsqu’il accomplit ce qui est pour moi l’acte le plus vil du livre.
Et enfin je ne le trouve pour l’instant pas essentiel au niveau de l’intrigue principale, alors qu’il est personnage éponyme… CHERCHEZ L’ERREUR !
Pourquoi tenter aussi le deuxième tome ?
Malgré les points noirs que j’ai évoqué, le roman à de grandes qualités et je ne l’ai pas lâché avant de l’avoir terminé. Mais pourquoi continuer ?
La langue de Lian Hearn et l’intrigue du récit nous plongent immédiatement dans l’ambiance particulière du Japon des samouraïs, si envoûtante.
La magie de cet univers, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs : par exemple lorsque Shikanoko met le masque et qu’il devient le cerf, on est transporté et on « respire » la forêt avec lui !
Dans la liste des personnages, on nous parle d’un maître Kikuta et du sabre Jato : pour les fans du Clan des Otori il s’agit de découvrir les origines de la Tribu et l’histoire du fameux sabre des Otori. Ces deux personnages n’apparaissant pas dans le tome 1, ils apparaîtront forcément dans la suite.
Enfin, les couvertures sont magnifiques et les quatre tomes réunis forment sur leur dos une vague à la Hokusai. (Bon ok, ça c’est purement esthétique mais je tenais à le souligner !)
EN CONCLUSION
Un retour dans le Japon féodal qui souffre de la comparaison avec les Otori mais qui entraîne tout de même le lecteur dans une intrigue politique et magique prenante.
Bonne lecture !
Sheepy
Shikanoko, t. 1. L’Enfant du Cerf, de Lian Hearn (2017, Gallimard Jeunesse)
* Le mot de Lupiot :
C’était la première chronique de Sheepy sur Allez Vous Faire Lire, et si vous avez le temps et l’envie de lui jeter des confettis virtuels, ce serait super bath, parce que :
Lorsqu’elle m’a proposé une chronique sur Shikanoko, je l’ai prévenue que le Clan Otori and Co m’inspirait plutôt de la détestation, que j’en avais lu deux (dont un bout du préquel Shikanoko) et serais donc impitoyable dans ma relecture, et elle a courageusement retroussé ses manches, relevé le menton, et dit « OK ! Challenge accepted. »
Son article est, je trouve, super canon. Triple A, surtout pour une première fois !
  1er article d'une nouvelle chroniqueuse: Shikanoko, spin-off-préquel du Clan des Otori. Verdict? OUFISSIME! (Je parle de l'article bien sûr) Article par Sheepy, nouvelle venue sur Allez Vous Faire Lire ! Un préquel du Clan des Otori…
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lupiot · 7 years
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Qui-qui-c’est qui croyait qu’il y avait 31 jours en septembre ?
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#genius
§
Neuvième édition de ce nouveau rendez-vous mensuel, qui rime avec « C’est lundi, que lisez-vous ? », et peut se voir comme un complément ou un petit frère dérangé, comme il vous plaira. Je vous invite à l’adopter, il ne mord pas.
Le principe ? Quatre trucs à balancer !
Le Top & Flop de ce que j’ai lu le mois dernier
Au moins 1 chronique d’ailleurs lue le mois dernier
Au moins 1 lien qui m’a fait « Wahou » le mois dernier (hors chronique littéraire)
Et enfin : ce que j’ai fait de mieux le mois dernier
Comme le mois de septembre est le vainqueur incontestable et incontesté de la Champion’s League des Mois qui passent le plus vite...
Le mois de décembre a été déclassé après que j’ai vécu *Noël en librairie* Je peux désormais affirmer, avec tous les commerçants du monde, que ce mois est très, TRÈS long.
… j’ai le sentiment d’avoir tapé un sprint de quatre semaines, et quant à savoir où j’ai trouvé le temps de lire, c’est un mystère que je ne vais pas explorer, car je sors du train et j’ai sommeil.
Ce mois-ci, nous irons donc droit au but, et si vous me voyez dévier dans les hautes herbes, c’est tout à fait normal, je suis incapable de rouler bien droit sur les autoroutes, vous le savez, d’ailleurs si vous êtes là c’est que vous aimez  partir dans le décor avec moi, bref comme je disais avant de faire preuve de prolixité poétisante et confuse, n’essayez pas de m’en empêcher, car ce mois-ci, j’irai droit au but :
Mes 12 lectures du mois :
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  Ce qui fait donc 1 recueil de poèmes, 8 romans, et 3 BD (j’ai ralenti) (mais entre-temps, côté BD, j’ai entamé un sacré morceau : Blankets, de Craig Thompson, que vous avez été nombreux(ses) à me recommander après ma critique de Habibi).
1) TOP & FLOP
Parmi ces 12 lectures, j’ai des Top et des Meh, mais pas de Flop ce mois-ci.
TOP (3)
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Les challengers :
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  Vous y êtes accoutumés maintenant : j’ai concocté des prix littéraires par catégorie. C’est parti !
Catégorie J’ai soupiré par le cœur, ça faisait un peu mal (Aussi connue sous le nom Joli et badant, mais plus joli que badant)
Grand Prix
Challenger
Neverland, de Timothée de Fombelle (L’Iconoclaste, 2017)
*Pour une meilleure expérience, lire la chronique qui suit en l’entrecoupant fréquemment de soupirs extatiques.*
Neverland est un caillou plat lancé sur la surface calme de la littérature : il ricoche à l’infini entre les eaux profondes du roman, où se cachent monstres et coffres à trésor, et le ciel clair des essais, où se découpent les grandes lignes d’horizon de l’univers observable.
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Donc, ce n’est ni un roman (pas du tout) ni un essai (pas tout à fait). C’est ce que pourrait donner ce long message envoyé à votre meilleur(e) ami(e) à l’issue d’une conversation de 5h pendant laquelle vous avez refait le monde et ressorti tous vos frissons d’enfance. Si vous écriviez avec beaucoup de poésie.
Dans Neverland, l’auteur part à la recherche du territoire perdu de l’enfance.
J’en ai eu la chair de poule tant c’était beau. Je visualisais la maison de mes propres vacances quand, petite, je combattais les monstres dans les champs et sautais par-dessus les ruisseaux, fouillais dans les tiroirs et tirais la couette par-dessus ma tête. Pas étonnant que la lecture m’ait donné une irrépressible envie de goûter régressif, et surtout, m’ait fait recherché la sensation douillette d’un bonheur enveloppant — un plaid, des grosses chaussettes, un chocolat chaud.
Neverland n’est pas un texte très facile d’accès — extrêmement imagé, assez méta, il parle d’écriture créatrice en même temps qu’il parle de l’enfance — les deux ne sont pas dissociables.
Mah, c’était beau…
Sirius, de Stéphane Servant (Le Rouergue, 2017)
Sirius est un roman post-apocalyptique poétique, paru en littérature jeunesse. Ces trois éléments mis côte à côte suffisent à en faire un ovni. Je reviendrai vous en parler plus longuement car si je l’ai aimé, je ne l’ai pas trouvé intellectuellement satisfaisant — et si je ne l’ai pas trouvé intellectuellement satisfaisant, c’est sans doute qu’il n’a pas réussi à me séduire et m’emporter dans le domaine de l’émotion, parce que comme toi, l’amour me rend aveugle et de mauvaise foi.
À qui recommandé-je Sirius ?
À ceux qui ont lu et aimé La pyramide des besoins humains, de Caroline Solé
À ceux qui ont lu et aimé Dans la forêt, de Jean Hegland
À ceux qui ont aiment les mondes désolés de La Cinquième Vague et consorts, ont adoré Le Petit Prince de Saint-Exupéry, et rêvent sans le savoir d’une rencontre entre les deux.
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  Catégorie Cancre dans un habit d’intello, ou inversement (Aussi connue sous le nom de : Si Baudelaire avait de la street-cred)
Grand Prix
Challenger
Le contredit des villes, de Killian Provost (Éditions Fatrasies, 2017)
ALORS. Alerte subjectivité massive : l’auteur de ce livre est la personne qui s’assied sur le canapé pour écrire à côté de moi, parfois. Même qu’il nous arrive de partager nos tartines. Je l’ai plutôt à la bonne.
Ce disclaimer étant fait, laissez-moi vous parler du Contredit. C’est un recueil sur la ville (ici, Paris), ses laideurs et violences insoutenables… et la beauté que l’on peut apprendre à y dénicher. À travers les poèmes, qui peuvent s’apprécier indépendamment, on suit le fil narratif, celui du héros dans son épopée urbaine.
Le souci du mot juste est si aigu, on a la sensation que le texte a été cuisiné pour nous aux petits oignons. Il y a du lyrisme, de l’humour, de la délicatesse et, souvent, un contrepoint ironique léger, mignon, le genre à pas y toucher. Le texte est très moderne, mais aussi cousu de références qui feront sourire les avertis et passeront quatorze kilomètres au-dessus de la tête des néophytes (aka, souvent, moi) sans que ce soit gênant.
C’est beau, drôle, et étonnant.
{Le livre est disponible ici}
Les Cancres de Rousseau, d’Insa Sané (Sarbacane, 2017)
Les Cancres de Rousseau est une comédie moderne et urbaine, le dernier-né de l’œuvre fourmillante d’Insa Sané, dont Sarcelles-Dakar est la pierre angulaire. Tous ses romans font vivre des personnages de ce premier volume, en les emmenant dans toutes les directions, de façon généreuse, brillante, dingue — et indépendante (il n’y a pas d’ordre de lecture, personnellement je les découvre en vrac et je m’en porte bien), c’est pour ça qu’on parle de comédie urbaine, en hommage à la comédie humaine. Si Balzac faisait du slam, il écrirait Sarcelles Dakar et Daddy est mort.
À noter qu’une réédition collector magnifaïk de tous les romans est sortie pour accueillir Les Cancres, 100e roman de la collection Exprim’, chez Sarbacane.
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{Je crois que c’est le moment où je rappelle que je travaille pour cette incroyable maison d’édition, et que j’aime ce que je fais}
Les Cancres de Rousseau est l’histoire de l’année de terminale d’une bande de copains qui partent avec les mauvaises cartes (avec des familles boîteuses, souvent, et pas un rond dans les poches), et vivent en banlieue parisienne. Les caïds des banlieue, ceux du JT, c’est eux. Ce sont des mecs et des nanas qui combinent pour arnaquer la vie, histoire de lui soutirer tout ce qu’elle n’a pas prévu de leur donner — un peu de bonheur, de fun et de gloire. C’est l’histoire de Djiraël, le beau gosse, le champion de la vanne, qui apprend à se regarder un peu moins le nombril et penser collectif, grâce à sa relation singulière avec son prof de français, qui, à demi-mot, lui tend un miroir dans lequel se regarder.
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À qui recommandé-je Les Cancres de Rousseau ?
À ceux qui ont aimé Chagrin d’école ou Messieurs les enfants de Daniel Pennac
À ceux qui ont trouvé un humour et une vérité simples dans Tout ce qui brille, vous savez, le film sur ces petites meufs de banlieue qui ne s’en laissent pas compter (mais restent des filles imparfaites et un poil égocentriques)
À qui cherche une lecture qui donne le smile
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Catégorie Le chaos est une échelle (Aussi connue sous le nom de : Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir un monstre soi-même. Si tu regardes trop longtemps l’abîme, l’abîme aussi regarde en toi. (Nietzsche))
(Vous l’ignorez, mais vous venez de réchapper de justesse d’une customisation gothico-émo-skyblog de cette citation, ça m’a chatouillé très fort les doigts.)
Je disais donc, avant de me laisser distraire fort impoliment par un philosophe à l’appendice pilo-facial obsédant :
Catégorie Le chaos est une échelle (Aussi connue sous le nom de : L’abîme aussi regarde en toi)
Ex-æquo
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  Serena, de Ron Rash (VO 2008, Le Masque, 2011)
Serena, c’est un roman, mais, c’est surtout un personnage. Situé dans les Rocheuses des années 30, en pleine crise économiques, alors que les travailleurs dépenaillés se précipitent aux portes de toutes les entreprises pour gagner de quoi sucer un quignon, Serena le roman nous conte l’histoire d’un couple uni envers et contre tout, destructeur et fascinant, qui déboise inlassablement la forêt américaine pour en vendre le bois. La femme, c’est Serena Pemberton : un bijou de passion et de froideur mêlées, le genre de personne à vous faire comprendre comment on a pu croire à des “déesses incarnées” et attribuer des pouvoirs surnaturels à gens simplement mystifiants.
Le roman développe une vie délicieuse : des bûcherons sans éducation (mais juste et savoureux), aux magouilles de plus en plus sales du couple (qui cherche à étendre son emprise sur le monde entier), en passant par les shérifs, filles de cuisine et garçons d’étable aspirés dans le siphon Pemberton : c’est un régal.
La Cité des Trois Saints, de Stefan Nardella et Vincenzo Bizzarri (Sarbacane, 2017)
La Cité des Trois Saints, mini coup de cœur BD, m’a attirée par l’intelligence et la classe de ses plans cinématographiques, et l’ambiance très sicilienne de la petite ville mafieuse qu’elle nous fait explorer. On suit plusieurs personnages qui s’entrecroisent dans une tension croissante menant à un match de boxe truqué — et finalement, ce n’est pas le match qui est le plus important, mais tout ce qui va se jouer avant.
Beau, cool, assez jouissif.
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MEH (2) Deux lectures m’ont mi figue-mi ereintée :
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Les optimistes meurent en premier, de Susin Nielsen (Hélium, 2017)
Les optimistes meurent en premier est sympa, pétillant et touchant par de nombreux aspects, et m’a un peu agacée par d’autres… Mais je me dois de souligner que les aspects qui m’ont agacée tiennent principalement à ma pratique du genre (ici, le genre étant la romance américaine “sick-litt” moderne) (si l’expression sick-litt vous donne le cancer, désolée, moi aussi) : j’aurais beaucoup aimé il y a cinq ou six ans, mais à le lire cette année, j’ai vraiment eu l’impression qu’on me déclinait une formule. (Avec quelques facilités qui me hérissent le poil, par exemple : le malentendu dû à la non-communication entre les personnages, ou le force-fed drama).
Le force-fed drama (oui, je viens de l’inventer) naît du constat selon lequel, dans la vraie vie, personne de raisonnable ne ferait tout un plat de ce qui est en train de se passer (qu’il s’agisse d’un mensonge anodin, d’une nano-trahison, d’une promesse non-tenue, etc.), à moins d’être un emmerdeur Boss Level, or il semblerait que dans le roman, TOUS LES PERSONNAGES soient des emmerdeurs Boss Level, à réagir au quart de tour à la moindre pétouille.
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#drama queen
Ce qui confronte le lecteur (aka moi) à des persos ingérables qui se crêpent le chignon comme au CE2, et se montent le bourrichon dans leur coin (comme toi à 3h du matin quand tu penses à ce truc que t’aurais surtout pas dû dire à ton crush, il y a neuf ans, en voyage scolaire). Cette surenchère de Boss de l’Emmerdement exige un niveau d’investissement émotionnel global éprouvant, et amène in fine le lecteur (aka toujours moi) à avoir envie de tout lâcher et plonger la tête dans un bocal à glaçons.
(Chronique à venir de ce roman car elle me permettra d’évoquer des aspects de la littérature ado que je trouve intéressants à analyser.)
Une fille de…, de Jo Witek (Actes Sud, 2017)
Un roman court à mi-chemin entre le joli et le percutant, avec de vrais morceaux de bravoure, que j’aurais aimé davantage s’il avait eu la délicatesse de ne pas me réciter une leçon poussive à la fin : nous sommes en littérature, pas dans un manuel de bien-être pour ados à problèmes.
Si l’histoire est bien racontée (et elle l’est), la leçon est superflue, car je comprends toute seule comme une grande, et, mieux encore, je tire mes propres conclusions. Si tu me tends une grande cuillérée de messages à retenir en me demandant d’ouvrir la bouche, j’ai l’impression d’avoir 3 ans — et je risque de faire un caca nerveux et de te remaquiller avec.
§
2) CHRONIQUES D’AILLEURS
J’ai aimé la chronique fascinée et émouvante du dernier album (posthume) de Jirô Taniguchi, La Forêt Millénaire, par La Luciole, sur le blog D’Encre Et De Rêve. Son texte est un bel hommage à l’auteur à mes yeux car je l’ai traversé comme une balade, le cœur léger et serré à la fois, jolie mise en abyme du propos de l’album.
J’ai découvert le blog brillant, pointu, passionné et marrant de La Licorne à Lunettes, que je vous invite à découvrir à l’occasion de sa longue et géniale interview d’Émilie Chazerand, dont elle a aussi chroniqué le roman La Fourmi Rouge — dont je vous ai parlé une fois ou deux ou huit, je crois ?
Enfin, j’ai trouvé très intéressant de me promener au gré des diverses réponses et réactions qu’a entraîné le projet de Pikobooks, “La rentrée littéraire du net”. Le but (je vous brosse les grandes lignes) : évoquer notre relation à la rentrée littéraire et, surtout, parler de petites perles moins évidentes, plus discrètes, que les 15 titres obvious dont les grands médias nous gavent inévitablement.
§
3) AILLEURS SUR LE WEB
Vous êtes au courant qu’un nouveau, grandiose, formidable, Prix de Littérature Jeunesse (avec des majuscules partout, oui), vient d’être lancé ? Il s’appelle le Prix Vendredi, et entend valoriser la littérature jeunesse en lui offrant une visibilité similaire à celle du Goncourt pour la littérature générale.
Si vous n’êtes pas au courant, c’est normal, aucun grand média n’en parle.
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§
4) HAPPY NOMBRIL Expression volée à Lola de L’horizon des mots
Ce mois-ci, bien que cela ne se voie pas du tout, j’ai beaucoup travaillé pour le blog. MAH OUI MADAME. J’ai commencé à travaillé avec deux nouvelles chroniqueuses sur leurs premiers articles respectifs pour Allez Vous Faire Lire, et bien que ça me demande une gymnastique mentale de dingo, c’est un très excitant : on fait de multiples allers-retours sur le texte, le fond, la forme, le ton ; on sort le scalpel et on taille le diamant charbonneux pour en faire un beau bijou — afin d’en être toutes, lors de la publication, fières comme des papou.
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Par ailleurs, j’ai beaucoup d’articles en cours, depuis août, qui s’augmentent et s’amputent tout seuls d’un jour sur l’autre tels de dangereux maniaques autophages.
Le Prix Vendredi, le Goncourt de la jeunesse — et tout le monde s’en fout
La rentrée littéraire du net (#RLN2017)
Des livres gays plutôt gais, ou inversement
La Voix des Blogueurs — La sélection jeunesse 2017 !
Pourquoi la mode de la littérature érotique est toute pourrite
Qui sont tous entamés, mais sortiront quand ils sortiront. Je décède tranquillement de mon mois de septembre, et je vous redirai.
D’ici là, bonne lecture !
Lupiot
Les formidables, délicieux, éplapourdissants “C’est le 1er” d’octobre qui, eux, étaient à l’heure :
Amie de mots
Bouquine ta thérapie
Le Brocoli de Merlin
Les Causeries de Chichi
Charmant petit monstre
Chaussettes et Chocolat
Les Cheesecakes de Dolorès
Dans ta page
D’Encre et de rêves
Histoires vermoulues
Light and Smell
Les Livraventures d’Élodie
Des Livres et les mots
Niognot
Les Notes de Grâce M.
L’Ourse Bibliophile
Sariah lit
Le Sortilège des Mots
La Tête en Claire
Tanuki No Monogatari
Vivre Lire
Comme d’hab, si je vous ai oublié(e), laissez-moi un petit cri plaintif dans les commentaires tel un animal mignon abandonné.
“Tu m’as oubliée !”
        Dans les mots sages de Fa Zhu : "Regarde, cette fleur est en retard ! Pourtant, lorsqu’elle s'épanouira, elle sera la plus belle de toutes." PS. Désolée. Qui-qui-c'est qui croyait qu'il y avait 31 jours en septembre ? § Neuvième édition de ce nouveau rendez-vous mensuel, 
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lupiot · 7 years
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Je vous avais promis de vous parler de L’aube sera grandiose. Comme il sort bientôt (le 21 septembre 2017) c’est l’heure de tenir ma promesse :
Épopée jubilatoire d’une cavale familiale à la Malavita, récit intimiste sur deux générations, le nouvel Anne-Laure Bondoux est un petit bijou.
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  Sans prévenir, la mère de Nine l’embarque pour une virée mystérieuse. Titania Karelman, romancière à succès, « la fée du suspense », conduit alors sa fille dans une petite cabane près d’un lac, et lui promet que la nuit va être longue. Elle a en effet décidé de lui révéler un lourd et fascinant secret de famille.
Au fil du récit, on découvre une famille haute en couleur (pour ne pas dire psychédélique) que Nine ne connaissait pas. Puis le mystère s’épaissit lorsqu’on apprend l’identité du père de Titania (et donc du grand-père de Nine) : un type peu recommandable (c’est rien de le dire) aux activités quelques peu illégales (*tousse, tousse*). Titania et ses frères, qui ont échappé à son emprise il y a bien longtemps, ont toujours craint son retour, et ceci pour une bonne raison, que Nine ne vas pas tarder à découvrir…
Car, pour la première fois de sa vie, à l’aube de cette nuit de secrets, elle va rencontrer sa grand-mère et ses oncles psychédéliques. Une famille de cinéma, sortie de derrière le rideau pour la saluer.
Ok, donc, POURQUOI C’EST BIEN ?
#1. Une aventure familiale improbable qui a parfois des airs de Malavita. Quand on commence à avoir toute les cartes en main, on réalise que c’est une histoire frapadingue.
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Dans ce
genre-là.
Mais (saveur plus rare et plus discrète), c’est aussi le récit des petits drames du quotidien se mêlant avec limpidité aux *tragédies* rocambolesques d’une famille en fuite, dans un cocktail doux-amer.
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J’avais classé ce roman dans la catégorie « Joli et badant (mais plus joli que badant) » dans mon bilan de Juillet ; je m’auto-confirme. (C’est bien, d’être d’accord avec soi-même.)
Dans le même temps, les flash-back de Titania nous offrent un conte d’enfance délicieux, avec ses terreurs et ses joies simples.
#2. Une galerie de personnages aussi fantasques qu’attachants.
De la mère hippie aux enfants caractériels, en passant par les multiples pères d’adoption (qui sont des JOYAUX d’authenticité et de sincérité), on s’attache à tout le monde. Mention spéciale à Orion, son catalogue, son code secret, et son papa numéro 2 fan de cyclisme. Amour sur ces personnages.
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Un talent pour incarner des personnages blessés : tous ont une fêlure qui les rend plus fragiles mais aussi plus résilients, et n’entame pas leur capacité d’amour. J’adore ce genre de profils, parce que, comme le dit John Green « J’écris sur des gens blessés qui ont besoin des autres pour se relever, parce que je ne connais pas d’autres sortes de gens ». Ben oui. On est tous déglingués, chacun à notre échelle, avec nos microfêlures. Ce qui ne nous empêche pas forcément de fonctionner, tel des écrans d’iPhone explosés.
Allégorie de notre santé émotionnelle.
Le lien sacré, à la fois concurrentiel et intimiste qui unit une mère à sa fille, est ici esquissé avec beaucoup de délicatesse.
#3. Une construction parfaite, alternant passé et présent, distillant ses informations sans hâte, jouant avec l’attente du lecteur et lui laissant le temps de savourer les anecdotes.
#4. La plume d’Anne-Laure Bondoux, simple et évocatrice, est portée par un vrai souffle, souvent joyeux, plus doux qu’amer.
LE PETIT HIC
On est censé s’identifier au personnage de Nine (qui se méfie de tous ces secrets) et plonger ainsi très vite corps et âme dans le récit, mais au début, je dois avouer que ça peut coincer un peu, le lecteur avançant avec précaution dans ce conte qu’on lui sert sur un plateau.
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En effet, la révélation est très « mise en scène », par le biais du personnage de Titania présentée comme une écrivaine (surnommée « la fée du suspense »…) et la construction du roman, aussi habile soit-elle, a cette tendance assumée à nous montrer ses ficelles, ce qui n’est pas spécialement ma tasse de thé. Je préfère qu’on assume le fait de me raconter une histoire, plutôt qu’on me rappelle qu’on est juste en train de me raconter une histoire. La nuance est de taille.
… CE QUE J’ADORE :
C’est très bizarre, je ne sais pas si cette impression est partagée, mais j’ai le sentiment de « suivre », de roman en roman, les questions existentielles qui aiment l’auteur.
Ici, en filigrane L’aube sera grandiose porte une histoire d’héritage, ou comment faire la part du bon et du mauvais. C’est un récit qui invite à abandonner ce qui pèse trop lourd, encombre et blesse…
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… et à apprendre à aimer le reste. C’est un conte rédempteur optimiste (mais pas obvious ni manichéen) qui vous délivre une véritable leçon sur la beauté des crevasses familiales.
Et donc, pour revenir à mon impression bizarre, ce récit répond avec douceur et émerveillement à une question posée à répétition dans le précédent roman d’Anne-Laure Bondoux :
« Faut-il toujours perdre une part de soi pour que la vie continue ? »
L’aube sera grandiose nous répond :
« Non, il faut plutôt retrouver une part de soi. Et faire la paix avec. »
À l’issue de cette lecture, on se dit « Aujourd’hui, il est temps, enfin, de renouer avec le passé. » Et c’est terriblement satisfaisant, in the end, de savoir que lorsque la longue nuit des secrets sera passée, lorsque tout sera révélé, les personnages de l’histoire apparaîtront en chair et en os devant Nine, et devant nous.
*
Un récit dont on émerge comme après une plongée en eaux profondes, la poitrine comprimée, émerveillé et vivant.
Bonne lecture,
Lupiot
Le nouveau Bondoux? Un petit bijou. Frapadingue et touchant. Aussi beau que le précédent? J't'en pose des questions, moi. Il est *différent*. Je vous avais promis de vous parler de L’aube sera grandiose. Comme il sort bientôt (le 21 septembre 2017) c’est l’heure de tenir ma promesse :
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