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Coummunauté Couchsurfing, qu’es tu devenue ?
C’est à l’occasion de la préparation d’un nouveau périple en Europe que je me rends compte que la communauté Couchsurfing n’est plus ce qu’elle était. Les membres n’ont jamais été aussi nombreux (autour de 5 millions aujourd’hui), l’interface technique aussi conviviale et facile à utiliser. Mais l’esprit qui régnait dans la communauté a bien changé pour ne pas dire complètement disparu.
J’ai été hébergé à New Delhi, Istanbul, Strasbourg, Florence, Izmir, Vienne, Bordeaux ou Ankara. J’ai hébergé des voyageurs du monde entier : Hong Kong, Chine, Inde, Allemagne, Etats Unis, Corée ou Mexique. Des femmes et des hommes, des célibataires et des couples, des pauvres ou des riches, sans critères autres que ceux de l’intérêt pour les parcours, les histoires personnelles ou les voyages de ceux que je rencontrais. Lorsqu’une demande me parvenait, je regardais le profil de la personne : ce sont ses évaluations qui m’intéressaient, bien sûr. Mais avant tout, et comme base de ma décision de l’accueillir ou non, je lisais sa description, ses objectifs, ses centres d'intérêt. Bien sûr, en tant que voyageur il m’a fallu parfois envoyer deux, trois ou quatre demandes, mais l’une d’entre elles finissait toujours par payer ! En tant que hôte, il m’arrivait de refuser des demandes car je n’étais pas disponible ou bien le profil de la personne ne m’inspirait pas confiance. Mais j’acceptais la grande majorité des voyageurs. Tout le monde, voyageurs et hôtes y trouvaient leur compte. Les premiers un hébergement en dehors du circuit marchand et les seconds le plaisir de partager, d’accueillir et d’aider. L’apogée de cette période a été atteint en 2014, année ou j’ai hébergé plus de 20 voyageurs différents et ou j’ai voyagé un petit mois en Turquie pratiquement toujours en Couchsurfing.
Aujourd’hui j’ai toutes les peines du monde à trouver le gite (car le couvert n’est pas compris sur CS, cela va de soi:) dans les villes que je traverserai bientôt. Pourtant, elles comptent un nombre important de membres : Lyon, Grenoble, Marseille, Nice, Gênes, Naples…  En parcourant les profils, je me rends compte de deux phénomènes : premièrement, l'existence désormais d’un grand nombre de profils fantômes (largement incomplets, sans photos, sans description et sans évaluations) mais aussi d’opportunistes (inscrits seulement pour un voyage et qui n’ont jamais hébergé) et deuxièmement la multiplication des profils avec uniquement des évaluations venant du sexe opposé. Cela concerne les hommes en quasi totalité : des Guillaume ou des Maxime avec des évaluations de 10, 20 ou bien plus, toutes de venant de jeunes filles. Des “serial hosts” aux commentaires dithyrambiques de dizaines de Tatiana, Linda, Manon ou Sherryl. J’ai envoyé à ces jeunes hommes des demandes d’hébergement et devinez quoi ? Pas un n’a accepté ! Niet ! “pas en ville”, “pas disponible, désolé” ou même parfois juste un refus, sans réponse ! Je suis tombé sur un gars de Gênes : 46 commentaires, 100% féminins !
Cela m’attriste énormément. Couchsurfing constitue l’une des premières (je suis inscrit sur le site depuis 2007) et des plus belles réussites de l’économie collaborative. Internet entrait dans nos voyages et pas en intrus : il nous permettait de faire partie d’une communauté, d’aider et d’être aidé, bref, il rendait nos voyages plus passionnants et plus humains. C’est cela qui se perd aujourd’hui. 
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Un tour et me revoilà !
Je n'ai pas alimenté le blog depuis plusieurs semaines, et pour une fois, ce n'est pas une très bonne nouvelle. L'enthousiasme que je partageais avec vous dans le dernier billet s'est complètement envolé, et pour cause : je suis déjà en France, de retour avant même la date prévue, évidemment sans avoir atteint le but initial. Même si je ne peux pas parler d'échec, car je considère que dans le domaine du voyage et des aventures il n’y en a pas et que tout est expérience, je suis assez amer et je me dois d'en disséquer les raisons.
Impréparation. A mon avis, les raisons de ce retour précipité et de l'impossibilité d'accomplir ce que j'avais prévu relèvent surtout d'une mauvaise préparation, même si j'avais l'impression contraire au début de cette aventure. Tout d'abord, j'ai surestimé la beauté des paysages et l'intérêt même de marcher sur la Pamir Highway. C'est une très belle route, certes, mais le rythme de la marche est bien trop lent pour l'apprécier à sa juste valeur : les paysages varient trop lentement, les villages et les sites d'intérêt sont trop éloignés les uns des autres pour que la marche soit plaisante et en fin de compte, les voyageurs qui la parcourent en vélo ont probablement trouvé le meilleur rythme. Ensuite, la faisabilité même d'une marche tout au long de cette route est discutable. Entre Bördöbö (frontière kirghize) et Karakul (premier village tajik), il y a environ 90 kilomètres sans âme qui vive, de même par la suite entre Karakul et Murghab sur une bonne centaine de kilomètres. J’ai aussi surestimé le trafic – je pensais rencontrer une dizaine de véhicules par jour au moins et au final, sur la section tajike, il y a à peine quelques passages par jour, et encore ! C’est dire la difficulté d’obtenir du secours ou de l’eau si les choses tournent mal. En plus, ces rares véhicules qui passent sont remplis à ras bord et n’ont pas la possibilité d’embarquer un voyageur supplémentaire, même contre monnaie sonnante et trébuchante. Enfin, d’autres choses m’ont fait renoncer : la nourriture centrasiatique – plus que difficile à digérer pour mon estomac affaibli et la météo – particulièrement mauvaise dans la semaine où je m���apprêtais à marcher la portion la plus difficile.
Evoquer les raisons de cet abandon ne doit pas faire oublier que j’ai quand même marché 8 jours, entre Osh et la frontière tajike et que j’ai vu de magnifiques paysages de plaine, puis très rapidement, de moyenne montagne. Mais surtout, et même si n’était pas le cas partout, j’ai eu l’occasion d’être accueilli par des familles kirghizes adorables, curieuses comme pas possible et aux petits soins pour moi. Ainsi, alors que je grimpais depuis deux heures le col le plus élevé de la partie kirghize entre Üch-Tuybe et Sary-Tash, un adolescent me salue et commence à me parler en parfait anglais – langue que si peu de gens baragouinent au Kirghizistan – et m’invite dans la yourte de sa famille prendre un thé. Fatigué, j’y vais volontiers ! Eh bien ce sont deux heures de pur bonheur que je passe avec Elsuyor – c’est son nom – et sa famille. Ils me posent plein de questions sur la France et l’Europe bien sûr, mais c’est surtout pour moi l’occasion d’en apprendre beaucoup sur leur mode de vie, leurs traditions ainsi que leurs projets. Ils sont six enfants, d’âge étonnamment rapproché mais seul Elsuyor parle anglais. Il est en internat à Osh, à 200km de là, et me dit sans la moindre hésitation « I want to be a doctor and to study in France ! ». Quel culot, quelle assurance ! Mais vu sa vivacité d’esprit et son intelligence, je crois qu’il y arrivera. Le père est chauffeur routier, la mère au foyer. En hiver, ils vivent dans un village quelques kilomètres plus bas et en été ils montent là où je les rencontre, à plus de 2800m d’altitude, pour faire paître leur troupeau dans la steppe alentour et vendre le lait, le kaymak (crème fraîche), le koumis (lait fermenté de jument) ainsi que des boules d’un sorte fromage très dur dont j’ai oublié le nom et qu’ils fabriquent.  J’ai aussi été accueilli par plusieurs autres familles au cours de ces huit jours et sur la route, des dizaines de voitures se sont arrêtées pour me proposer de m’emmener gratuitement ! Bref, une belle solidarité.
J’ai aussi rencontré des voyageurs, surtout français, aux motivations et parcours très différents : Nicolas et Sandrine, de Toulouse, découvrant le Kirghizistan au volant d’une voiture de location et qui m’ont même déposé avec mon barda à quelques kilomètres du centre-ville d’Osh et que j’ai revu au troisième jour de marche ; Boris et Isaure, joyeux couple ardéchois parcourant le monde à vélo qui m’ont communiqué leur joie tranquille ; Sonia et Mathias, de Toulouse aussi, voyageant en stop et évoquant avec enthousiasme leur métier-passion, la réalisation de dessins animés ou encore Simon et Nadège que j’ai rencontrés à Sary-Tash, discrets mais disponibles et joyeux. Qu’ils en soient tous remerciés pour m’avoir soutenu, instruit, diverti ou amusé !
Ce voyage n’a donc pas été un échec mais néanmoins une remise en question profonde pour moi. A force de vouloir réaliser quelque chose d’extraordinaire, je me suis fourvoyé ; à force de vouloir l’originalité d’une marche le long d’une route que tout le monde parcourt en 4x4, moto ou vélo, je me suis retrouvé… seul ! La leçon de cette expérience est pour moi 
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Voyage ou voyage initiatique ?
Le départ pour l’Asie centrale est maintenant tout proche : tous les indicateurs sont au vert – mon état de santé est correct, le matériel prêt, les informations nécessaires rassemblées, le paquetage fait !
Je dois vous l’avouer, je suis excité comme une puce. Du moins depuis mardi dernier, quand on m’a dit que tout était OK après prise de sang et IRM (à l’hôpital Lariboisière ou j’ai passé 18 heures qui mériteraient tout un article sur le mauvais fonctionnement de nos hôpitaux, mais passons). Cet état presque euphorique ne me ressemble pas ! Généralement, les jours précédant un départ je suis plutôt angoissé et je me dis que ça serait bien d’avoir un peu plus de temps devant moi pour faire encore ci ou ça. Pas cette fois-ci. En fait, je me sens prêt et j’ai juste envie que ça commence ! Mais pourquoi cet état ?
Deux choses sans doute. Tout d’abord, le Great Himalayan Trail m’a « désinhibé » en quelque sorte. C’était une aventure vraiment en dehors des sentiers battus et puis c’était la première fois que je marchais aussi longtemps (40 jours). Au début, je me demandais si on allait trouver le chemin, si on allait résister à l’effort physique, si on allait trouver de la nourriture, bref, j’avais des doutes. Et puis ça a été ! Bien sûr, avec les difficultés que je vous ai racontées ici même sur ce blog, mais on a réussi à aller jusqu’à Salleri et traverser le tiers du Népal. Alors comme j’ai un esprit de compétition et que j’aime les défis, je me dis que je peux aller plus loin encore ! Je DOIS repousser mes limites. Bien sûr Tania n’est pas avec moi et ça va être plus dur de tout faire tout sans elle, sans compter la solitude qui va me peser. Mais je me dis que je vais y arriver et j’ai envie de me dépasser !
Ensuite, la seconde raison est plus personnelle encore. Je pensais n'avoir aucune ambiguïté avec mes origines. Je me considérais juste citoyen français, ouvert aux autres cultures, normalement curieux et point ! Las ! Plus ce voyage en Asie centrale se rapproche, plus je me rends compte à quel point je cherche mes origines. Par exemple, les musiques turques et iraniennes traditionnelles me sont les plus proches après l'albanaise, les paysages de cette partie du monde me font littéralement rêver, l’architecture turque ou persane est pour moi la plus belle, la cuisine de ces pays, la plus délicieuse qui soit et dans la langue turque ou persane je retrouve les mots de mon enfance. Mais pourquoi maintenant ? Et alors même que je n’ai jamais été au Kosovo, d’où vient mon père ? Et pourquoi chérir quelque chose de familier en Asie alors que mon père était albanais, qu’il suffirait de me rendre dans les Balkans, d’y faire un voyage approfondi. Justement je ne sais pas. Peut-être que c’est une manière détournée de chercher mes origines, que je n’ose pas réellement appréhender, tant mon père s’est montré froid et violent durant mon enfance. La relation que j’ai eue (ou justement que je n’ai pas eue ?) avec lui  m’a fait rejeter en bloc toute la culture albanaise et par là même la moitié de mes origines. Confusément, je sens qu’il est venu pour moi le temps de me réconcilier avec tout cela – sans rien oublier bien sûr. Le multiculturalisme, que je défends depuis toujours dans notre société, est inscrit en mon for intérieur de par mon ascendance mais aussi de par les choix que j’ai fait, au premier desquels celui d’épouser une vietnamienne et de renouveler ainsi le brassage des identités.
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Costumes traditionnels féminins albanais.
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De nouvelles aventures... en Asie Centrale !
Mes articles se sont faits rares ces derniers temps. Eh oui, ce blog reste pour moi une tribune pour vous parler principalement de mes voyages. Et depuis le retour du Népal en avril, ça a été le calme plat, si on ne compte pas un week-end fort sympathique chez une amie près d’Orléans. J’ai eu le temps de retoucher et traiter les photos que nous avons prises au Népal, réintégrer notre appartement après quelques mésaventures, bricoler chez nous et fabriquer quelques meubles pour des amis, bref, rien de très spécial. J’ai aussi eu tout le loisir de réfléchir à mon avenir et je n’ai pas décidé grand-chose, il faut bien vous l’avouer.
Néanmoins, peu à peu une idée a émergé. Emergé car un certain nombre de projets sont « en stock » depuis longtemps et celui-faisait partie des plus anciens. Il s’agit d’un voyage en Asie Centrale, plus précisément dans la région du Pamir. J’ai toujours eu l’envie de parcourir cette région du monde, de préférence par voie terrestre, dans un voyage, qui dans mes rêves, commencerait en Europe, telle la mythique route de la Soie. A plusieurs reprises j’ai failli réaliser ce rêve. Et à chaque fois, à la fin j’ai fait autre chose. Soit que la saison n’était pas propice (beaucoup de mes voyages ont eu lieu pendant l’hiver européen, et donc aussi centrasiatique) ; soit que je n’eus pas le temps nécessaire pour un aussi long voyage ; soit que les visas que requiert la région m’aient dissuadé.
Justement, parlons des visas. L’Asie Centrale était totalement inaccessible sans ces précieux sésames jusque récemment. Azerbaïdjan, Iran, Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Kazakhstan, Afghanistan : tous exigeaient un visa ! Et pas des plus simples à obtenir puisque chacun imposait des conditions et des exigences aussi loufoques que différentes. En 2012, le Kirghizistan était le premier à abolir le régime des visas. Peu après l’Ouzbékistan le facilitait en abolissant la nécessité d’une Lettre d’Invitation (LOI). L’Iran a suivi en facilitant un régime de VOA (Visa on arrival) bien plus facile et pratique que la demande via l’ambassade de Paris (LOI, prise d’empreintes…). Enfin, cette timide ouverture au monde a abouti cette année à une levée de l’exigence de visa par le Kazakhstan, l’instauration d’un VOA (certes restrictif) et d’un EVisa par le Tadjikistan. Evidemment, tout n’est pas rose : le Turkménistan exige toujours des conditions aussi draconiennes que par le passé, limitant de fait l’entrée aux étrangers ; les visas azéri et ouzbek demeurent compliqués à obtenir ; et l’Afghanistan difficile d’accès en raison de la situation sécuritaire aussi bien que du régime des visas.  Quoi qu’il en soit l’accès de cette région du monde est devenu en quelques années bien plus facile, pour les citoyens français du moins.
Dans le même temps, les liaisons aériennes se sont développées rapidement. Tandis qu’il y a une décennie la seule option était Aéroflot, l’inamovible et incontournable compagnie russe ; aujourd’hui Pegasus Airlines, Turkish Airlines, Ukraina International Airlines et d’autres ont contribué à une rapide baisse des prix. Même les peu efficientes compagnies nationales de ces Etats postsoviétiques ont fini par devenir une option. Alors oui, un voyage d’une durée moyenne (un à deux mois) est devenu pour moi raisonnable.
La contrainte des visas cumulée avec celle des liaisons aériennes (ne pas oublier qu’un aller-retour vers la même ville est souvent nécessaire pour obtenir un prix un tant soit peu compétitif) et du budget laissait trois possibilités : un voyage d’un mois environ en Iran, ou Iran/Azerbaidjan ; un voyage d’un mois aussi en Ouzbékistan, poursuivi éventuellement au Kazakhstan ; et enfin un voyage que j’envisage un peu plus long, au Tadjikistan/Kirghizistan. C’est cette dernière option que j’ai choisie. La météo y a été pour beaucoup, puisque je pars en plein été et que les plaines sont une vraie fournaise dans cette région du monde. Je privilégiai donc les montagnes. Avoir trouvé un aller-retour pour Bichkek au Kirghizistan (pays sans visa donc, où je pourrais revenir prendre le retour) à moins de 300 € m’a décidé.
Je vais finir ce billet en vous parlant de la chaine du Pamir. Il s’agit de l’une des régions les plus isolées du monde ; l’une des plus intactes aussi. Elle comporte des sommets de plus de 7000 mètres mais peu d’alpinistes s’y frottent et le trekking est loin d’être aussi développé qu’au Népal. Comme vous le savez maintenant, j’aime les longues marches. Et la montagne. Se faire bouffer par les moustiques et toutes sortes de bébêtes dans une jungle tropicale : très peu pour moi ! Naviguer sur mers et les océans : je n’ai ni les moyens, ni les connaissances. Parcourir les déserts : pourquoi pas à la limite, mais mon corps ne le supporterait peut-être pas, et puis je ne déteste pas encore à ce point le genre humain ! Alors va pour le Pamir. D’autant plus que cette région me fascine culturellement : au carrefour des mondes turc, iranien et indien, elle est riche de traditions encore préservées. Bien sûr l’Union soviétique l’a marqué de son empreinte, parfois sanglante, mais depuis quelques décennies la russification s’est arrêtée et les traditions ont retrouvé des couleurs. Le mode de vie nomade réapparait au Kirghizistan et la musique ou le folklore en général sont promus au Tadjikistan.
Alors, à partir du 20 juin, j’espère vous faire rêver en vous racontant cette partie méconnue du monde. L’inconnu en ligne de mire, un nom plus que jamais d’actualité !
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"Kyrgyz: mosque". Photo. Encyclopædia Britannica Online. Web. 29 May. 2017. <https://www.britannica.com/place/Pamirs?oasmId=564>
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Quand la vie contrarie les projets
Ceux qui lisaient le blog sans pour autant me connaître et pouvoir prendre de mes nouvelles se demandent peut être ce que je (et nous) deviens (devenons) ? Pourquoi depuis un mois, nous n’avons pas publié de nouvelles. Eh bien je vous dois quelques explications.
Tout d’abord, disons-le franchement, nous ne repartirons pas de sitôt, ni en Europe, ni ailleurs. En tout cas pas dans les mois qui viennent. Les obstacles à un nouveau départ se sont accumulés devant nous de façon inquiétante depuis notre retour. Ils sont de deux ordres : matériels et médicaux. Les voici, dans cet ordre.
Le couple à qui nous avions confié notre appartement pendant notre absence a trahi notre confiance. En effet, nous avons découvert, effarés, que notre nid douillet était loué, sans notre accord ni même connaissance, sur Airbnb. Des inconnus avaient dormi dans notre lit, utilisé notre cuisine ou notre salle de bains alors que nous les pensions entre de bonnes mains ! Inutile de vous dire à quel point nous nous sommes sentis trahis. Etant à l’hôpital à ce moment-là (j’y reviendrai), je me sentais totalement démuni et impuissant, Tania devait gérer le problème toute seule et mettre si possible Duong et sa femme dehors, car c’est ce qui s’imposait et ce que nous avions décidé. Ayant trouvé des documents dans lesquels sa signature avait été grossièrement imitée, la rage de Tania contre ces goujats a été décuplée et finalement elle n’a pas eu trop de peine à les menacer d’une plainte pour « faux et usage de faux » et ainsi les mettre dehors. Le pire a été évité mais la télécommande du parking ainsi que quelques objets avaient disparu et l’appartement était sans dessus-dessous ! Pour ne rien arranger à nos affaires, la préfecture a entretemps encore repoussé la délivrance de la carte de résident à Tania. Elle n’a eu droit qu’à un nouveau récépissé de trois mois, et ce malgré les interminables queues bravées dans le froid à l’heure du laitier ou encore les emails de relance qu’elle a écrit. Enfin, et puisque un malheur n’arrive jamais seul, la voiture que nous avions achetée pour notre aventure en Europe a connu différentes pannes, jusqu’à finir dans un garage en Picardie, remorquée par l’assistance alors que le moteur refusait d’avancer au milieu de l’autoroute. Au final, toutes ces contraintes nous ont non seulement retardés jusqu’à présent, mais ont aussi sérieusement grignoté notre budget déjà serré.
Le coup de grâce est venu de mon état de santé. Je ne suis pas étonné, du reste, je me disais bien que le répit dont je bénéficiais depuis la fin de l’année dernière risquait de ne pas durer. Ainsi, l’infection à l’œil que j’avais attrapée au Népal et que je pensais guérie, non seulement ne l’était pas, mais elle s’est transformée en abcès de cornée, me faisant passer ma première semaine en France à l’hôpital ! Depuis, les antibiotiques ont seulement stabilisé l’infection et les médecins restent perplexes quant à son évolution, ne sachant pas si elle est bactérienne ou fongique, les différentes cultures des prélèvements n’ayant rien donné de concluant. Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle. Une douleur intermittente persiste à mon épaule gauche (elle a commencé suite à une chute pourtant sans gravité en trek) et mon mal de dos lancinant depuis la radiothérapie s’amplifie. Là aussi les médecins sont relativement impuissants et les examens encore en cours. Bref, une série de maux, qui sans être intenses, me fatiguent énormément et m’empêchent de repartir pour de nouvelles aventures.
Nous sommes déçus évidemment. Pour Tania, le tour d’Europe allait être une expérience moins fatiguante que celle qu’elle avait vécue en Asie jusqu’à présent. Ce projet lui donnait aussi l’occasion de mieux connaître l’Europe, ce continent dans lequel elle vit depuis six ans mais dont elle ignore encore la majorité des cultures. Sans compter le plaisir qu’elle éprouvait à conduire sur toutes ces routes, aussi variées qu’inconnues. Pour moi, la déception est différente, je considérais cette suite européenne à notre aventure comme une parenthèse moins exigeante physiquement, comme une transition vers une vie « post-maladie » qui restait à inventer. Je dois faire le deuil d’un périple qui me semblait assez long et assez calme pour me permettre de répondre aux questions, que suscitait un avenir à construire entièrement. Me voilà donc déstabilisé, déboussolé même, comme un enfant qui, le jour de Noël, ne trouverait rien au pied du sapin. Pendant des semaines il s’y est préparé, pendant des jours il a entendu les adultes ou ses copains évoquer les surprises qui l’attendraient. Et la hotte du Père Noël est désespérément vide. La déception est cruelle.
Je terminerai cet article en vous promettant de continuer à alimenter le blog quoi qu’il arrive. J’y raconterai probablement moins de voyages et plus d’autres choses, de moments de vie, d’états d’âme ou d’états d’esprit. Il deviendra aussi probablement plus personnel. En fait, j’ai pris du plaisir à écrire nos aventures et à essayer de vous faire partager nos sentiments. Je me vois comme un piètre conteur, avec peut-être un peu de talent pour le maniement de la langue mais une imagination bien pauvre. Pourtant, Tania et mes amis proches m’encouragent à écrire, décelant apparemment des qualités à ma prose. Alors, je continue, et que mes lecteurs soient mes seuls juges.
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Remerciements
Alors que notre marche a pris fin depuis quelques jours, je me décide à écrire un article positif et un peu à contre-courant des précédents, dans lesquels je soulignais surtout mes difficultés. En effet, nous avons pris notre décision : le GHT tel qu’imaginé s’arrête et nous allons continuer notre voyage différemment. Plus d’un mois de marche à travers un tiers du Népal, 70 villages traversés, des centaines de personnes rencontrées m’ont laissé des souvenirs inoubliables. Quand je repense aux jours de marche, je me rends compte que malgré les galères, j’ai reçu de grandes leçons à travers cette randonnée au pays des montagnes.
Abidin, mari et compagnon toujours présent à mes côtés, mérite d’être le premier remercié. Sorti d’une année difficile, il a eu malgré tout l’envie et le courage d’organiser ce grand voyage du début à la fin : réservation des billets d’avion ou de bus, préparation de l’équipement, collecte de renseignements sur le GHT ou encore arrangement des permis pour les zones traversées. Nous voilà au bout de l’aventure et force est de constater que l’organisation a été quasiment parfaite : nous n’avons manqué de rien au niveau de l’équipement – et à l’inverse, nous n’avons rien transporté en trop -, nous n’avons pas eu d’accidents ni d’imprévus graves et nous n’avons même pas connu de galère majeure. Que demander de mieux ? Pour Abidin, la randonnée est une passion. Il a toujours eu envie de me présenter le Népal, ce pays si pauvre, mais si accueillant. Et il m’a toujours dit que c’était un pays qui ne se découvrait réellement qu’à pieds. En effet, les routes n’y pénètrent que peu en haute montagne et lorsque c’est le cas, elles sont à la fois récentes et en très mauvais état. Il fallait donc prendre le temps de marcher, de connaitre ses villages et de rencontrer ses habitants. Grâce à Abi, j’ai découvert un pays dont j’avais à peine entendu parler avant de le connaitre. Bien sûr, je situais le Népal sur une carte, mais l’une des seules choses que je savais était qu’il abritait les plus hauts sommets du monde. C’est aussi grâce à lui que j’ai atteint plusieurs records dont je ne me serais jamais sentie capable : 35 jours de marche ; 2000 mètres de dénivelé positif, 1100 de dénivelé négatif et 11 heures de marche en une journée ; 5360 mètres en altitude maximale (Gokyo Ri)... Bien sûr, l’effort physique a été considérable – et m’a semblé plus énorme encore – mais je me sens tellement plus endurante et entrainée aujourd’hui. Au-delà de l’effort, par les voyages (et particulièrement celui-ci), Abidin a aussi envie de me montrer d’autres sociétés que la France ou le Vietnam. Et c’est précisément ce qui me manque ! Je n’ai pas beaucoup voyagé avant, sinon quelques fois avec mes parents et jamais en dehors du Vietnam. Alors connaître un pays, ses habitants et son fonctionnement est quelque chose que je demande. Avec lui, je connais mieux la France et j’ai découvert l’Italie, l’Inde, la Thaïlande, le Cambodge, le Laos, la Malaisie, Singapour et aujourd’hui le Népal. Alors après avoir longtemps râlé sur la difficulté physique, je voudrais aujourd’hui le remercier pour tous les côtés positifs de cette expérience, qui m’apparaissent petit à petit alors que mon corps se repose.
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Dans l’extrême-est du Népal, l’accueil des habitants a été merveilleux. Ils nous ont hébergés, nous ont préparé à manger et parfois même guidés quelques instants sur le sentier avec une grande spontanéité. Je n’oublierai jamais le berger de Lempokhari qui a partagé avec nous ses maigres provisions; Suresh Kumar de Sablakhu Bhangjyang et la famille Thebe de Tellok qui nous ont hébergés gratuitement et nous ont cuisiné deux des meilleurs dhal-bhats du trek. Même dans les endroits plus touristiques comme le Khumbu, alors que tout se monnaye, les népalais ont souvent fait preuve de leur générosité. Le patron du lodge à Toktok qui a accepté de garder nos affaires sans rien demander ; la tenante du Lhasa Guesthouse à Namche qui ne nous a pas facturé la chambre, ne nous a pas obligés de prendre le petit-déjeuner et en plus, nous a laissé charger les appareils gratuitement. Le lodge à Sanasa qui nous a, lui aussi, offert la charge des appareils et nous a laissé faire le thé au réchaud. L’électricien que nous rencontrâmes juste avant Gokyo et qui nous présenta à son ami patron de lodge, lequel nous offrit la chambre et un rabais sur le menu. Tous ces gens ne nous connaissaient pas et ils nous ont pourtant aidés avec une volonté incroyable, parfois sans demander quoi que ce soit en retour. Je ne connais pas d’autre pays où l’accueil des étrangers est aussi chaleureux (si ce n’est ceux de l’Amérique du Sud que décrit Che Guevara dans « Voyage à motocyclette », que je suis en train de lire, mais pendant les années… 50 !).
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« Va voir le monde et tu apprécieras mieux la vie chez toi », disait ma mère. Effectivement, découvrir longuement le Népal comme on l’a fait, me rend plus forte. Dans les villages, j’ai vu les hommes, les femmes, les vieux et même les enfants porter énormément sur leur dos : tantôt de la nourriture, tantôt du bois ou tout simplement de l’eau. Les écoles existent mais pas partout, certains enfants traînent à la maison avec leur mère tandis que d’autres doivent travailler la terre avec les parents. L’hygiène est un grand problème que j’ai déjà abordé dans un article. Les gens vivent sans aucune garantie : ni sécurité sociale, ni mutuelle, ni assurance. Quand les tremblements de terre, les glissements de terrain ou les tempêtes, qui se produisent régulièrement dans ce pays, emportent matériel, routes ou maisons, les propriétaires perdent à jamais leur toit. Ne pouvant compter que sur leurs bras ou ceux de leurs proches pour reconstruire, ils sont totalement ignorés par le gouvernement. Le tremblement de terre en 2015 est la plus connue des catastrophes récentes qui ont touché le Népal. Abidin me raconte par exemple que le village de Langtang, qu’il avait visité, a été complètement détruit. Moi-même j’ai pu voir qu’à Katmandou, malgré de nouvelles constructions, il reste plein d’espaces vides, parfois encore encombrés, deux ans plus tard, par les gravats des immeubles effondrés. Beaucoup d’habitants de Katmandou sont rentrés dans leur village d’origine s’ils avaient une maison ou des proches pour les accueillir. Abidin, lui-même, ne reconnait plus trop des lieux comme Durbar Square ou Swayambunath, auparavant emblèmes de la ville, tant elles ont souffert. Dans le temple des singes, autour du stûpa géant, les petits temples ont presque tous disparu, seules restant quelques colonnes en bois. Que ce soit en France ou au Vietnam, malgré toutes les galères quotidiennes, je n’ai jamais été confrontée à des conditions aussi pénibles. Après cette expérience, je me sens tellement chanceuse et heureuse d’avoir un toit, un travail et quelques garanties de base. Les problèmes et les risques qui me paraissaient insurmontables me semblent tout à coup bien petits.
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Pour parler plus précisément du trek, je dirai qu’il est comme la vie, c’est-à-dire jamais tout plat : une descente pour traverser une rivière, parfois une partie de plat, parfois un col de presque quatre mille mètres d’altitude. La randonnée me demande un travail à l’intérieur de moi-même : même si j’ai du mal en montée, je n’ai pas d’autre choix qu’avancer si je veux atteindre le but. Une fois, à Sibuje, après plus de dix heures de marche, les crampes ma paralysant les jambes, la nuit presque tombée et nous encore sans hébergement, j’ai eu la peur de ma vie. A ce moment-là, je me suis encouragée en me disant que si je n’avançais pas immédiatement, je gèlerai sur place et je mourrai de faim et d’épuisement. Aujourd’hui je me rends compte que ce que je jugeais absolument impossible à réaliser, demande juste un peu plus d’effort. Après quelques jours de marche, je pensais que je ne m’habituerai jamais aux montées, tant je souffrais et je craignais que mon asthme ne se réveille. Maintenant, même si j’ai toujours le souffle court, je peux faire plus de mille mètres dans la journée sans problème, et avec un sac sur le dos ! La randonnée m’a confrontée avec un autre de mes défauts : je me mets vite en colère. Sur le sentier, une pierre instable peut me mettre dans tous mes états. Combien de fois je me suis pris les pieds dans un sentier glissant ou sur les marches inégales d’un escalier. J’ai eu du mal, ça a pris de temps, mais j’ai appris à relativiser : la colère demande de l’énergie et c’est de l’énergie en moins pour avancer. Finalement, la meilleure solution est de me calmer en pensant au but final du sentier ou de notre aventure. Cette leçon s’applique à d’autres domaines bien sûr. Je pense qu’au fait que je devrai retourner en France prochainement, faire la queue de nuit devant la préfecture pour un éventuel nouveau récépissé de trois mois. Voilà un exemple d’une « pierre de travers » de la vie ! Une affaire, que j’abordais avec tellement de crainte et de colère et qui me parait plus gérable aujourd’hui.
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Une collègue m’a dit : « Tu n’auras plus envie de revenir après cette randonnée qui va te changer à jamais ». Oui peut-être, ce séjour m’a beaucoup changée. C’est la première fois que je voyage pendant plusieurs semaines sans trop me soucier du retour, du moins s’il n’y avait le problème de mon titre de séjour. Au final, je me dis que je resterai moi-même avec une vision différente des gens, des choses et de la vie. Le monde n’est pas comme je l’imaginais et est loin d’être identique d’un pays à l’autre. Chaque société fonctionne différemment et je devrais trouver ma place à moi.
Un grand merci à Abidin qui a élaboré ce voyage; à mes parents et mes sœurs qui m’ont soutenue tout au long du trek; à Rifat, mon beau-frère qui était toujours présent et nous a aidés sans conditions à chaque fois que nous avons eu besoin de lui, et enfin à nos amis qui nous ont accompagnés depuis la France lointaine et sont toujours prêts à nous dépanner.
Thanh Nhan
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Et de quoi se nourrissent les népalais, alors ?
Au bout de plus d’un mois de marche, avec une soixantaine de déjeuners ou de dîners, je pense avoir goûté assez de plats népalais. Il est vrai que nous avons cité quelques noms de plats comme dal-bhat, chowmein, momos, etc… dans nos articles précédents mais nous ne les avons jamais décrits en détail. Je décide donc de consacrer un article à ce sujet incontournable en voyage, celui de la gastronomie. En soi, la cuisine népalaise est très simple. Le lecteur comprendra que dans un pays couvert de montagnes comme le Népal, malgré la technique des terrasses en escalier, les terres cultivables restent limitées. En plus, la terre elle-même est assez sèche, ce qui limite encore plus les espèces qui peuvent y pousser, et donc limite par là même le développement de recettes. De plus, le Népal étant un petit pays enclavé entre les deux géants que sont l’Inde et la Chine, sa cuisine subit forcément les influences venues de ces deux pays. Malgré tout, il existe bien une cuisine népalaise, bien distincte de celle de l’Inde ou d’autres pays asiatiques.
Dal-Bhat: C’est LE plat national ! Il peut être servi au déjeuner ou au dîner. Il est composé de « dal » - une soupe aux lentilles, et de « bhat » - du riz blanc, accompagné normalement de tarkari, un curry de légumes (pommes de terre, choux blanc ou pack-choy). Pour agrémenter un peu le plat, des radis ou piments à la saumure, piquants, sont souvent proposés. Si vous souhaitez un peu plus de protéines, on peut y rajouter une omelette. La viande (curry de poulet, buffle ou mouton) reste peu accessible et non habituelle, ce qui en fait un plat le plus souvent végétarien. De coutume, dal-bhat est servi à volonté : à peine vous épuisez le riz ou le dal qu’on vous en rajoute dans l’assiette ! Et ce jusqu’à ce que vous dites que vous n’avez plus faim. Dans l’extrême-est du pays, nous avons encore vu des népalais mangeant le dal-bhat à la main (droite s’entend, la gauche étant réservé à un usage impur). Plusieurs fois, nous avons dû demander des couverts (cuillère en général) sous les yeux étonnés du cuisinier-serveur. Dans certains endroits, notamment quelques restaurants à Katmandou, on n’applique pas le service à volonté qui est pourtant traditionnel et quotidien de ce plat. Certains touristes ne connaissent pas la coutume et sont surpris quand Abidin leur explique que le dal-bhat au Népal, c’est à volonté.
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Chowmein: importé par les tibétains, ce plat d’origine chinoise est très populaire au Népal. Ce sont des pâtes de blé semi-complet cuisinées avec de l’oignon et les légumes disponibles sur le moment, assaisonnée normalement avec une sauce spéciale dont je ne connais pas la recette. On peut y mettre une omelette pour l’option végétarienne, du poulet ou du buffle pour l’option non-végétarienne. C’est notre second choix quand on en peut plus du dal-bhat (oui oui, ça arrive) !
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Momo : Un plat typique tibétain dont les ingrédients dépendent de leur disponibilité au Népal. Le momo est fait à partir d’un carré de pâte à base de farine de blé, farci de légumes, de fromage, ou de viande de buffle hachée, plié en forme de demi-lune. En général, les momos sont servis par dix et avec une sauce piquante composée de divers piments. On peut les commander cuits à la vapeur ou frits. Chaque famille a différentes recettes de farce et de sauce. C’est un plat à la fois nourrissant et bon marché.
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Thukpa : Venant de l’est tibétain, le thukpa est une soupe contenant des pâtes de blé (ressemblant au chowmein en plus plates), des tomates, de l’oignon et un peu de carottes. D’ailleurs, certaines gargotes, profitant de la disponibilité d’un plat de chowmein, y ajoutent du bouillon pour en faire un thukpa. Parfois de la viande de buffle est proposée pour contenter les non-végétariens. Visuellement, cette version me fait penser au phở, un plat vietnamien bien connu.
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Thentuk : Plat tibétain à l’origine, il est présenté dans les lodges sous le nom de Sherpa’ Stew. C’est une autre sorte de soupe, composée de pâtes de blé (dont la forme ressemble aux gnocchis) et de légumes. Comparée au thukpa, le thentuk contient des pommes de terre et le bouillon est nettement plus onctueux. Je n’ai pas vu de « Sherpa Stew with meat » dans les menus. Cela peut être dû au fait que traditionnellement, les tibétains sont bouddhistes et donc végétariens. 
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Veg Fried Rice : Un plat pas très élaboré à vrai dire, mais disponible partout au Népal, en ville comme en trek. Du riz frit avec des légumes, comme le dit le nom. Sa qualité dépend du cuisinier, bien sûr, mais aussi de la saison (quels légumes sont disponibles ?) et de la région dans laquelle il est proposé. On pourra vous le préparer juste avec du pack-choy, comme on pourra en faire un vrai plat élaboré avec oignons, carottes, choix, pack-choy...
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Tsampa : nom tibétain donné à la farine d’orge grillée, nourriture de base au Tibet. Il s’agit d’un aliment digeste, riche en apports nutritifs. Traditionnellement, la tsampa est délayée dans un bol avec un peu de thé au beurre de nack (femelle de yack) pour obtenir une pâte plus ou moins ferme. On peut ensuite agrémenter de légumes, de fromage ou encore de viande pour constituer un repas complet, mais elle est souvent consommée seule. Au petit-déjeuner, on y ajoute du sucre ou des fruits. On peut remplacer le thé au beurre par tout autre liquide comme l’eau, ou le lait. Un grand bol de tsampa au petit-déjeuner assure le bon démarrage d’une journée de marche !
Chapati et Roti : Influencés par la nourriture indienne, ce sont les « pains » du Népal. Si le chapati ressemble à celui qu’on trouve en Inde, le « roti » est une sorte de beignet frit dans l’huile (généralement trop !), qu’on peut trouver dans des teashops et que les népalais prennent au petit-déjeuner ou au goûter avec un thé au lait. Le chapati, accompagné de confiture, de miel, de beurre, de beurre d’arachide ou encore d’une omelette, peut être vendu dans les lodges et constituer un petit-déjeuner mi-népalais, mi-occidental. En dehors de la région touristique, ce sont des solutions de petit-déjeuner bon marché.
Biscuits : J’en parle ici parce qu’ils sont indispensables au trekkeur pour un apport rapide de calories et parce que’ils sont trouvables absolument partout au Népal. Nous en mangeons avec un thé pendant une pause, à l’heure du goûter ou parfois au petit-déjeuner quand nous ne trouvons rien d’autre. Nous avons goûté plusieurs sortes de biscuits et finalement sommes d’accord que le Coconut Crunchees est le meilleur au goût et à la résistance aux chocs dans nos sacs. C’est aussi le plus populaire dans les montagnes. Abidin en est fan et en consomme nettement plus que moi. Nous portons une quantité importante de biscuits dans nos sacs et faisons attention de la renouveler dès que le prix est raisonnable. Plus nous approchons les villages touristiques que sont Lukla, Namche ou tout autre étape du trek de l’Everest, plus le prix d’un petit paquet augmente. De 20 roupies à Katmandou, il peut grimper à 150 à Gokyo !
Œufs : C’est notre source principale de protéines. Nous en trouvons presque partout, même dans les coins perdus à l’extrême-est du pays. Les poules sont en plein air, mangent du maïs ou picorent les restes de repas. Leurs œufs, a la coquille bien dure, sont délicieux. Bouillis, ils nous aident à calmer la faim quand il faut passer un col vers midi et que le village le plus proche se trouve à deux heures de marche. Nous cuisinons parfois des œufs au plat ou une omelette au réchaud pour un petit-déjeuner ou pour compléter un repas léger. Dans un pays comme le Népal, et pour un végétarien, les œufs constituent l’une des seules sources de protéines et sont donc précieux.
Viande : poulet, buffle, mouton, yak. Comme on le dit dans nos articles nous sommes flexitariens en France et strictement végétariens en trek dans un pays comme le Népal. En effet, en montagne la viande est rare et quand elle est disponible, elle a été découpée/manipulée/conservée/cuisinée dans des conditions d’hygiène incompatibles avec nos estomacs. Cela ne m’a pas empêché de goûter un ou deux plats avec de la viande. Rien d’exceptionnel car encore une fois, les népalais la cuisinent à la va-vite.
Fromage : Il y a du fromage de vache, simple et sans goût spécial qui ressemble à de l’emmental. Il existe aussi, dans les hautes montagnes, du fromage de nack qui, apparemment, sent fort et très bon.
Céréales et légumes : La pauvreté népalaise se voit même dans le manque de diversité des céréales et des légumes. J’ai pu observer quelques rizières en basse altitude, des champs d’orge, de lentilles, de pommes de terre, d’oignons, de radis, de choux blanc ou pack-choy (une sorte de blette mais plus petite avec un goût nettement moins sucré). J’ai vu également, dans quelques potagers particuliers, des tomates. J’ai aperçu quelques fois dans mon plat des carottes sans savoir où elles sont cultivées. Il y a aussi un peu de maïs, que les paysans utilisent pour nourrir leurs animaux.
Fruits: Les fruits sont extrêmement rares, donc chers. Nous trouvons dans les villages importants des pommes (au prix variant de 150-200NRP/kg à 150NRP/pièce au-delà de Lukla !) qui sont, d’après notre guide Pasang, importées d’Inde. Nous trouvons des bananes à Katmandou, Khandbari et à Lukla mais pas ailleurs. Il est probable que ce ne soit pas encore la saison car les bananiers ont besoins beaucoup d’eau. A Katmandou, nous trouvons du raisin au prix de 300NRP/kg et à Namche, des oranges (ou des mandarines) vendues au prix de 50NRP/pièce. Vers Khandbari, j’ai vu une ou deux fois une espèce de pamplemousse dont je ne connais pas le goût. Avec ce manque de fruits, nous ne comprenons toujours pas comment font les népalais pour avoir un apport minimal en vitamines.
On peut trouver des « bakeries » à Katmandou, Lukla, Namche ou même Gokyo. Bref, partout où il y a une concentration suffisante de touristes. Elles font du pain de mie en tranches relativement correct ainsi que des croissants, des « danish chocolate », des « apple pie », des « cinnamon roll » ou du café expresso. Enfin, on trouve aussi dans des supérettes de Katmandou ou de Lukla certains produits destinés aux  occidentaux : muesli, fruits secs, confiture, Nutella, chocolat, Nescafé, etc. Les boîtes de conserves de fruits, de thon, de maquereau, de pâté de foie ou de saucisse se trouvent également dans ces magasins.
Thanh Nhan
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Le GHT au jour le jour – Le retour
29-03-2017: Namche > Toktok. Ce matin, au réveil, je ne me sens pas très en forme. J’aurais préféré une journée de repos avant de continuer sur la route du retour. Mais la météo s’annonce mal pour les prochains jours : plus on retarde notre départ, plus on risque d’avoir de la pluie. Je me dis : il faut avancer ! Le petit-déjeuner royal avec le pain de mie « made in Namche » et la gentillesse de la tenante du lodge me donnent du courage. Comme convenu, nous prenons la route vers Phakding en passant par Toktok, où nous avions confiés la tente et quelques affaires au propriétaire d’un lodge. Il ne nous faut qu’une heure et demie de pour arriver au pont suspendu sur la Dudh Kosi alors qu’il nous en avait fallu plus de trois pour monter à Namche. Nous déjeunons à Toktok d’un plat de momos pour moi et un d’un veg fried potato pour Abidin, puis pensons continuer vers Phakding après avoir refait les sacs. Malheureusement, en sortant du lodge, la pluie commence. Nous restons donc pour la nuit au même endroit. J‘en profite pour laver un peu de linge. Abidin passe le temps à lire les journaux tant internet marche bien, et puis il écrit pour le blog. Nous dînons d’un dal-bhat pour Abidin et d’un veg chowmein pour moi et regardons la télévision népalaise sans comprendre un mot. En tout cas, c’est le lodge le plus confortable que j’ai connu jusqu’à maintenant : chambres bien isolées, prises disponibles partout, lit avec matelas et couverture épaisse, toilettes propres à proximité des chambres, etc. Nous en sommes très contents.
30-03-2017: Toktok > Paiya. Aujourd’hui, le soleil semble se lever un peu tard. Après le petit-déjeuner, nous continuons la descente vers Phakding. Nous voulons d’abord retourner à Lukla avant d’aller à Paiya. Finalement, Abidin trouve qu’il est plus sage de prendre le chemin qui mène directement à Surke sans passer par Lukla. Ce chemin, nous le trouvons à Cheplung, bien indiqué par un panneau : Way to Jiri / Salleri. C’est une pure descente de deux heures jusqu’à Surke. Nous déjeunons d’un veg momo dans une petite gargote pour népalais. Les momos et surtout la sauce, ultra piquants, nous réveillent bien mieux que le soleil lui-même ! Juste après le repas, quand Abidin se prépare à payer, un groupe de népalais rentre avec un quartier de bœuf cru qui sent très fort. Sans gêne, ils font la vente sur une table de la salle à manger où ils posent la viande. Halluciné par la scène, nous nous promettons de ne pas manger de viande pendant longtemps, surtout au Népal ! Un débat est ouvert entre nous sur la route vers Paiya : l’agriculture mondiale. Le débat est tellement intéressant que j’avance rapidement même en montée. Nous continuons de croiser des caravanes de mules toujours plus nombreuses, au point qu’elles nous ralentissent considérablement. Les nuages commencent à descendre, menaçants. Après quatre heures de marche depuis Surke, nous arrivons à Paiya quand les nuages nous envahissent. Nous retrouvons le lodge où nous avions négocié un prix correct pour le dal-bhat à l’aller et y restons pour la nuit. Au dîner, Abidin prend un veg fried rice et moi, un thentuk. Pour une première fois, nous avons un lit double, yesss ! Nous passons une nuit assez confortable malgré la pluie qui ne cesse de tomber.
31-03-2017: Paiya > Jubing. Nous nous réveillons vers six heures, dans le calme absolu. En voyant que les nuages sont déjà là, malgré le soleil, nous préparons nos sacs rapidement en espérant partir de bonne heure. Pourtant, quand nous descendons prendre le petit-déjeuner commandé la veille, la famille qui tient le lodge vient à peine de se réveiller et ne semble absolument pas se soucier de nous. Donc, adieu le veg fried rice ! Nous avons le temps de prendre un café avec des biscuits et de partir aussi vite. La petite descente à la rivière et la montée jusqu’au village de Thamdada aurait été facile si le sentier n’était pas défoncé par les caravanes de mules et la pluie de la nuit. Nos chaussures baignent dans une couche de boue et de bouse de mule. Des trekkeurs en sens inverse nous disent que ce sera pareil jusqu’au Nunthala car nous sommes sur « l’autoroute des mules » qui approvisionnent toute la région de l’Everest. La descente de Thamdada à Bupsa passe tranquillement. Nous déjeunons d’un veg fried rice pour chacun puis reprenons le chemin. Nous traversons le village de Karikhola puis une descente de trois cents mètres nous mène à Jubing (1600m). Les nuages, de plus en plus gris, annoncent une grosse pluie. Ne voulant pas risquer de tremper nos affaires, nous nous arrêtons donc à Jubing pour la nuit. Je profite de la température douce pour laver mes cheveux. Puis nous nous baladons dans le village, espérant trouver un quelconque fruit. Rien ! Pour le dîner, nous prenons des veg spring rolls mais sommes déçus de la cuisine du lodge. Dans le plat, l’ingrédient principal est le pack-choy. Honnêtement, être végétarien ne veut pas dire être abonné au pack-choy ! Pourtant, la terre a l’air fertile et la température est favorable au potager. Je ne comprends vraiment pas pourquoi les habitants ne cherchent pas à améliorer la diversité des fruits et légumes. La pluie tombe finalement vers 20h. Si nous le savions, nous aurions pu pousser jusqu’à Nunthala. Bref !
01-04-2017: Jubing > Taksindu. Ce matin, le réveil n’est pas facile, surtout pour Abidin qui avait un sommeil lourd. Après une longue attente, nous prenons le petit-déjeuner avec un veg fried rice mal cuisiné : il n’y a pas de légumes dans le plat. Décevant ! La motivation n’est clairement pas là quand nous voyons les nuages s’installer déjà vers là où nous allons. Mais il ne pleut pas, au moins ça. Après cent mètres de descente pour traverser la Dudh Kosi, une montée de 1400m nous attend pour atteindre le village de Taksindu (2900m). La montée est longue mais pas très abrupte, ce qui facilite mon allure malgré le sentier boueux et glissant. Vers 10h30, nous arrivons à Nunthala (2190m) et nous nous arrêtons pour déjeuner avec l’idée que peut-être nous devrions y passer la nuit. Notre hésitation dure jusqu’à la fin du repas, quand Abidin regarde une dernière fois le ciel et décide : on continue. Les presque huit cent mètres de montée, nous les faisons effectivement au milieu des nuages. A dix minutes de Taksindu, de grosses gouttes commencent à tomber. Abidin aperçoit, dans l’obscurité, une cabane dont la porte est ouverte. La pluie se transforme en grêle au bout de cinq minutes. Heureusement, la cabane, fraichement construite, tient bon et au cas où la pluie ne s’arrêtera pas, nous aurions un toit assez solide pour passer la nuit. La tempête dure environ vingt minutes, après quoi le ciel s’éclaircit. Profitant de ce moment, nous sortons et avançons vers le village mais peu de temps après, l’orage recommence. Inquiets, nous nous précipitons au premier lodge, juste au moment où le ciel déverse pour la deuxième fois de la grêle. Ouf ! Le dîner est léger avec des momos au pack-choy (oui oui, encore pack-choy). Malgré tout, nous ne sommes plus loin du but : Salleri. Il se trouve que les propriétaires du lodge vont y aller demain matin à 6h et nous proposent de faire la route avec elles. Nous acceptons à condition que le temps soit meilleur. Je m’endors alors que le vent souffle et le tonnerre gronde. Quelle journée !
02-04-2017: Taksindu > Phaplu. Après la pluie, le beau temps ! Ce matin, le ciel est bleu comme si de rien n’était. Comme promis, nous nous levons très tôt et faisons nos sacs rapidement. Ne voulant pas retarder les autres, nous prenons chacun un café avec quelques biscuits. A 6h, nous sommes prêts à partir.  Cependant, les dames du lodge n’ont pas l’air pressées. A 6h20, elles sont encore avec leurs tasses pleines de thé au lait. Etant prêts et profitant du beau temps, nous décidons de partir sans elles. La montée jusqu’au col de Taksindu (3090m) puis une descente au village Ringmu (2700m) nous prennent seulement une heure et demie. La pluie a bien nettoyé la boue et nous a laissé un sentier nettement plus propre mais elle a rendu la route impraticable, même pour les jeeps. Arrivés à Ringmu, comme il est encore tôt, nous nous arrêtons dans une petite gargote et prenons un cheese fried rice afin de combler le petit-déjeuner si léger. Ici, on nous confirme qu’il faut continuer à pieds jusqu’au Salleri car aucune jeep ne peut venir à Ringmu aujourd’hui. Le sentier continue à descendre et nous mène enfin sur la grande route. La suite se passe tranquillement sous un soleil radieux qui nous brûle un peu. Nous nous arrêtons déjeuner d’un dal-bhat à Chaupka et reprenons le chemin. Vers 13h, nous arrivons à Phaplu, un grand village avec un aérodrome peu utilisé. Après avoir cherché, Abidin trouve un bus qui va à Katmandou dans peu de temps; mille roupies par personne pour un trajet d’environ seize heures. Le bus s’arrête souvent en route pour prendre les passagers mais le chauffeur, qui parle un peu anglais, conduit assez prudemment pour le Népal. Le soir, le bus s’arrête dans un restau, pauvre au premier regard, mais où nous mangeons un bon dal-bhat dans la vraie ambiance népalaise, c’est-à-dire service à volonté, juste prix de 150 NRP/personne et salle comble. Après avoir fait le plein de carburant, le bus continue quand vers dix heures un policier l’arrête : la route est bloquée et on ne peut pas passer avant 4h demain matin. Apparemment, c’est une grève et au Népal, on ne rigole pas avec ce genre de situation. Nous partageons la chambre d’une guesthouse basique avec le chauffeur de bus, ce qui est pénible mais nous garantit de ne pas rater le départ demain matin.
03-04-2017: Phaplu > Katmandou. Je me réveille en sursaut par la lumière du néon, le chauffeur nous annonce le départ, il est 3h45 du matin. Je prépare nos sacs et porte tous les deux au bus (Abidin a mal à l’épaule gauche qu’il peut difficilement porter le sien). Dans l’urgence, les deux sacs deviennent bizarrement légers. Alors que nous nous installons, les autres passagers sont déjà tous là. Je me dis qu’ils ont dû dormir dans le bus. Abidin se rendort en route mais moi, impossible de fermer les yeux malgré que la route ne soit pas très mauvaise. Le chauffeur s’arrête vers 7h30 dans une gargote qui sert le petit-déjeuner. Les népalais mangent des chapati avec des pommes de terre au curry. J’achète un cake et commande du thé au lait que nous finissons rapidement puis le bus reprend la route. En approchant Dhulikhel, une ville à deux heures de Katmandou, la circulation devient plus dense, la pollution plus visible et le bruit plus intense, bien sûr. Le bus nous laisse à vingt minutes de marche de Thamel. Je remercie le chauffeur, gentil et arrangeant avec nous tout au long de la route. L’aventure du trek s’arrête quand je reconnais la route qui mène à la guesthouse d’où nous sommes partis. Nous déjeunons dans un de nos restaurants préférés, Kathmandu Kitchen, d’une pizza pour Abidin et de momos à la sauce piquante pour moi. Nous rejoignons le guesthouse, il est 14 heures, l’aventures est finie !
Le retour, à mes yeux, est aussi une aventure. Nous sommes peut-être plus habitués à la marche, surtout moi avec les montées et les descentes, mais avons aussi accumulé une fatigue depuis un mois et demi. Ce retour et ce repos – nous allons quelques jours à Pokhara dès demain – seront l’occasion pour moi de faire le bilan de cette expérience. Je sais que j’’ai souffert, certes, au début de la marche mais je me suis habituée au fur et à mesure. Ce n’est pas pour autant que la marche m’attire mais au moins, j’ai changé de point de vue sur la randonnée, sur l’effort physique et psychologique, et sur moi-même. Enfin, nous terminons sains et saufs, sans blessures, ne perdons rien de grande valeur (sinon deux chapeaux !). La suite, rien n’est décidé encore. Nous sommes en train d’étudier les avantages et les inconvénients d’un voyage en Europe.
Thanh Nhan
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Un mois de marche, des doutes et des certitudes
Je suis dans une chambre plutôt confortable d’un lodge de Toktok, quelque part à mi-chemin entre Lukla et Namche Bazaar. La pluie lave les carreaux de la pièce, les nuages s’invitent dans le moindre recoin de la vallée de la Dudh Khosi et il est seulement trois heures de l’après-midi. J’écoute le Concerto pour violoncelle de Schumann, par Maisky et Argerich et Tania, assise en face de moi, lit le récit de voyage de Che Guevara en Amérique latine. Voilà le cadre dans lequel j’entreprends l’écriture d’un nouvel article plus personnel. Quel est le sens de ma vie, où j’en suis treize mois après ce funeste 29 février 2016 ou le ciel me tombait sur la tête ? Que m’a apporté ce voyage entamé voilà plus de deux mois et dont nous nous apprêtons à suspendre la partie népalaise ? Comment ma relation avec Tania tient le coup et traverse tout cela ? Le plus actuel de ces sujets est notre voyage, plus particulièrement l’aventure du Great Himalayan Trail entamé voilà plus d’un mois. Nous avons marché depuis la frontière est du Népal et jusqu’au Khumbu, ce qui équivaut à la traversée d’un tiers du Népal environ. Nous avons aussi parcouru les vallées de Thame et de Gokyo dans la région de l’Everest. C’est donc peu face au défi que nous nous étions lancé, mais beaucoup au regard de la très, très grande majorité des touristes. Mais malgré tout, nous éprouvons des sentiments très différents, avec Tania. Pour ma part, cette aventure m’a procuré beaucoup de plaisir : une meilleure connaissance du Népal, des paysages à couper le souffle – avec le passage dans la région de l’Everest notamment –, de belles rencontres furtives et d’autres plus durables, un entrainement physique dont j’avais cruellement besoin. Pour Tania, au contraire, ce trek ressemble davantage à une collection d’épreuves physiques mâtinée d’un beau paysage par-ci ou d’une rencontre par-là. Elle vit durement les népalais qui lui parlent dans leur langue, la prenant pour l’une des leurs, tant son visage est bronzé par le soleil ; elle critique vertement le système des lodges et leur prix dans les régions les plus touristiques ou encore elle vit mal le manque d’hygiène dans tous les domaines. Comme lui disait une amie récemment, je cois aussi qu'elle vit un tas de conflits dans cette marche : conflit entre une vie qu'elle a connu au Vietnam et qu'elle a fui et une vie occidentale qui ne lui convient pas tout à fait; conflit entre Orient et Occident; ou encore conflit entre tradition et modernité. Nous, nés dans le confort européen, nous cherchons un ailleurs et un exotisme, notamment en Asie. Elle, le contraire. Alors le bilan de ce gros mois de marche ne peut être que mitigé. Je suis heureux d’avoir vu ce que j’ai vu, vécu ce que j’ai vécu, mais je suis déçu et triste de ne pas être arrivé à inoculer le virus de l’aventure à celle qui partage ma vie. Je pourrais insister pour continuer et je sais qu’elle me suivrait, mais je ne le souhaite pas. Je pourrais continuer seul, mais elle, qu’est-ce qu’elle ferait ? Et quel sens ça aurait de continuer seul une aventure commencée à deux ? Devant ces questions, j’ai imaginé une suite très différente à notre aventure jusqu’en septembre : un tour d’Europe en voiture ! L’Europe pour des raisons pratiques, mais aussi parce que Tania m’a dit de nombreuses fois combien elle aimerait mieux connaitre son continent d’adoption. La voiture, là aussi pour des raisons pratiques, mais aussi parce qu’elle adore conduire et qu’elle le fait bien. Tous les détails pratiques restent à régler mais le projet lui plait et elle s’en empare. Alors bien sûr moi je préfère me déplacer avec un moyen non polluant, à pieds ou à bicyclette si possible. Mais j’ai encore bien des endroits à découvrir en Europe et la voiture – en fait on envisage un utilitaire type Kangoo sommairement aménagé – est économique et adaptée à notre continent parcouru de routes. Du coup, je n’ai pas l’impression de me forcer à suivre un projet qui n’est pas le mien : l’aventure continue d’une autre façon, moins physique et plus proche. Sur un plan plus introspectif, je vous avoue ma perplexité. Treize mois ont passé depuis le tremblement de terre que j’ai subi et je reste fragile. Fragile sur le plan de la santé, bien sûr : en deux mois j’ai vécu trois épisodes difficiles (intoxication alimentaire au Vietnam, forte réaction allergique à Katmandou et infection oculaire au cours du trek), et puis malgré l’entrainement intensif que constitue la marche en montagne avec un sac de 20 kilos sur le dos, je ne retrouve pas la forme d’avant. Mais aussi et surtout fragile psychologiquement. Je n’arrive plus à me projeter dans l’avenir, ne serait-ce que de plus d’un mois ; je fais régulièrement des cauchemars de rechute, de passages aux urgences ou d’opérations chirurgicales et je n’arrive plus à vivre l’instant présent comme avant. La marche m’aide et en voyant au quotidien les népalais vivre une vie que nous en Occident, ne pouvons imaginer tant elle est difficile – ramener de l’eau d’un ruisseau plusieurs fois par jour sur cinq cent mètres et au moins cinquante de dénivelé, tenir un lodge isolé toute l’année alors que la température peut baisser largement sous les -10° la nuit, porter des charges inimaginables sur des distances folles – je garde courage. Mais l’être humain est un millefeuille d’expériences et celle de la maladie m’a marqué profondément et continue à me travailler plus que toutes les autres. Je suis tenté par une fuite en avant aventurière mais je ne suis pas certain qu’elle soit une solution et puis Tania, tant que nos des destins sont reliés, me retient. J’arrive difficilement à songer à l’après septembre et quand j’y pense, j’ai du mal à m’imaginer une quelconque place dans la société française telle qu’elle est. Il « faudrait » que je travaille, mais où, pourquoi faire et comment ? Je pourrais reprendre des études – mille sujets m’intéressent, de la biologie à l’histoire en passant par l’économie – mais pourquoi faire et y trouverais-je mon bonheur ? Je pourrais décider enfin de devenir une sorte de vagabond backpacker – mais Tania l’acceptera-t-elle et moi y trouverais-je mon bonheur ? Déjà avant la maladie, je me posais la question de ma place dans le monde et dans la société, alors imaginez aujourd’hui ! Voilà où j’en suis, déboussolé encore treize mois plus tard et sans réponses, ne serait-ce qu’à moyen terme. La question de la relation avec Tania recoupe bien sûr les deux précédentes, mais pas seulement. Notre tentative d’installation avortée en Auvergne et juste après, l’expérience de ma maladie, ont mis notre couple à rude épreuve. Cet interlude népalais a finalement continué de le malmener par sa difficulté physique. J’en arrive à me demander comment vivre une expérience commune qui nous rapprocherait et qui serait bénéfique à tous les deux ? Est-ce moi qui suis trop dur et trop exigeant ? Tania ne propose pas quelque chose qui nous inclurait tous les deux, elle voudrait avant tout trouver – ou retrouver – de la stabilité dans sa vie à elle. Ce qui est parfaitement normal, mais ce que je ne suis pas réellement en mesure de lui offrir, du moins pour l’instant. Alors ce tour d’Europe peut être me laissera-t-il le temps de mûrir ces questions et nous offrira-t-il un peu de confort matériel dont on aurait besoin ? Je ne le sais pas, mais j’ai envie de me laisser tenter.
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Le GHT au jour le jour - la région de l'Everest
Je continue d’appeler cette série d’articles « Le GHT au jour le jour » mais le récit qui va suivre est celui d’un trek qui n’est pas dans le GHT et que nous rajoutons au programme.
20-03-2017 : Lukla (jour de repos). Alors que hier encore nous hésitions à prendre un jour de repos, ce matin, c’est la météo qui décide pour nous. Notre chambre faisant un angle du bâtiment, nous avons en effet la chance d’avoir deux grandes fenêtres et d’être ainsi aux avant-postes pour le lever du jour. Ce matin les nuages enveloppent totalement le village. Nous voyons à peine la maison voisine. C’est donc décidé, nous resterons à Lukla aujourd’hui. La journée s’écoule lentement entre les douches (eau chauffée au gaz), de la lecture, mille tentatives pour envoyer nos articles sur le blog et sur les réseaux sociaux. Il fait un froid de canard, accentué par l’humidité et nous sommes dans un lodge où il n’y a pas un touriste et où la propriétaire ne prend donc pas la peine d’allumer un quelconque feu pour nous. Nous finissons par dénicher deux endroits sympas : un faux Starbucks au salon convivial mais où on peut charger nos appareils et se connecter gratuitement à un wifi capricieux, et puis un salon de thé où la connexion est un peu meilleure mais cette fois l’électricité capricieuse ! Ayant négocié durement notre lodge, on y est un peu prisonnier et obligés de manger la nourriture qu’il propose pour trois repas. Nous sommes donc encore abonnés au dhal-bhat.
21-03-2017 : Lukla > Toktok. Nous commençons la journée par un petit-déjeuner clandestin dans notre chambre : du pain de mie acheté à prix d’or, mais toujours largement moins cher que le petit-déjeuner du lodge, accompagné de confiture et d’un café que nous faisons au réchaud. Après un dernier passage au salon de thé pour une connexion internet intermittente, nous prenons paresseusement la route de Namche en sachant qu’aujourd’hui sera une journée facile. Le temps est complètement différent d’hier et un soleil radieux éclaire les sommets alentours et nous réchauffe. Nous déjeunons d’un dhal-bhat dans un lodge à Thado Koshi et peu après avoir dépassé Phakding (2660m), nous trouvons un lodge bon marché pour la nuit. Le bâtiment est construit bizarrement, les chambres s’alignent telle des cellules de prison mais elles sont bien éclairées, les matelas moelleux et l’accueil du propriétaire charmant. D’ailleurs, j’en profite pour insister sur les changements que nous observons depuis Lukla. Désormais, nous sommes dans une zone très touristique et le trajet Lukla-Namche est une vraie autoroute à trekkeurs. L’accueil n’a plus rien de spontané et la plupart du temps, il se résume à une banale relation commerciale. Certes, les lodges sont beaucoup plus confortables, mais la fraîcheur de l’accueil que nous avions connu dans l’est me manque.
22-03-2017 : Toktok > Namche Bazaar. Ce matin, le ciel est couvert alors que la météo annonçait une journée de beau temps. En faisant nos sacs, nous hésitons une énième fois à franchir les limites du parc national du Solukhumbu (et payer le permis qui va avec) car si le temps est mauvais là-haut, nous n’irons pas loin. Tout compte fait, et puisque le ciel s’éclaircit, nous décidons d’y aller coûte que coûte. Nous confions notre tente et quelques bricoles au propriétaire du lodge et démarrons doucement la journée. Les caravanes de dzos (croisement entre une vache et un yak) et d’ânes chargés des denrées les plus variées encombrent le sentier et nous ralentissent. Pour patienter, on se dit que ce mode de transport a au moins le mérite d’être écologique. Nous croisons sans cesse des randonneurs, certains portants de gros sacs comme nous et d’autres, beaucoup plus nombreux, lestés seulement d’un petit daypack. Ceux-là ont confié leurs affaires à des porteurs népalais. Je suis partagé, d’un côté ça donne du travail aux népalais et de l’autre, j’ai le sentiment que ces derniers sont exploités par une poignée d’occidentaux sans gêne. J’aimerais au moins, que tous ceux qui ont fait porter leurs affaires, parfois lourdes et inutiles, le disent clairement quand ils prétendent avoir fait le « camp de base de l’Everest » ou le « tour des Anapurnas ». Bref… Nous avalons un dhal-bhat sur le pouce, et la montée vers Namche commence. Elle est plus facile que dans mon souvenir de 2012. Au bout d’à peine deux heures, nous entrevoyons des premières maisons du bourg. Quelques minutes encore, et nous nous trouvons au milieu d’un village dévoyé au tourisme, comptant plus de bakeries, de barber-shops et de magasins de souvenirs que de maisons. L’envie de dépasser Namche ne nous manque pas mais la prudence vis-à-vis du mal des montagnes nous incite à passer la nuit ici pour être certains de nous acclimater. Après moult recherches, nous finissons par trouver un lodge au prix et à l’accueil convenable. Sirotant un thé dans la salle à manger, nous rencontrons un couple d’argentins, Juan et Rosio, sympa et bavards. Ça tombe bien, une discussion avec d’autres voyageurs commençait à me manquer. Nous parlons de tout et de rien, du Népal, de l’Argentine, d’économie et de nos vies. Repas copieux de pommes de terre accompagnées de légumes et d’un peu de fromage.
23-03-2017 : Namche Bazaar > Thame. Nous avions suspendu la planification de la suite de notre trek aux conditions météorologiques, tant elles étaient incertaines. Ce matin, nous nous réveillons avec un grand soleil. Et en guise d’acclimatation, nous décidons de marcher jusqu’à Thame. Je dis, en guise d’acclimatation car nous n’allons pas passer de Thame à Gokyo et ainsi faire le trek des Trois Cols. Nous prévoyons donc de revenir le lendemain vers Namche et de continuer vers Gokyo. Après un petit-déjeuner vite avalé et quelques mots échangés avec Juan et Rosio, nous traînons encore un peu afin de charger nos appareils électroniques et partons un peu tard. Sur la route de Thame, nous traversons plusieurs beaux villages aux maisons en pierre, parsemés de stupas, de mani et de drapeaux de prière, habités uniquement par des Sherpas. Le plus grand d’entre eux, Thamo est aussi celui qui possède le monastère le plus important. En réalité, il s’agit d’une nonnerie accueillant des enfants des deux sexes. Les photos sont malheureusement interdites à l’intérieur et je ne peux pas capter quelques visages d’enfants moines tellement joyeux. Cela m’attriste mais je me dis que c’est sans doute la conséquence du comportement goujat d’un certain nombre de touristes qui ont dû shooter sans se retenir. Nous poursuivons notre chemin jusqu’à Samde où nous déjeunons d’un veg fried noodles au soleil et avec une vue magnifique des sommets alentour. Nous ne sommes plus très loin de Thame et nous y arrivons après un dernier effort pour gravir les deux cent derniers mètres de dénivelé. A peine entrés dans le village, le temps se dégrade à une vitesse fulgurante. Des nuages envahissants apparaissent de partout et ne nous laissent même pas le temps de visiter le monastère. A la hâte, nous trouvons un gîte et regardons par la fenêtre les dernières parties du village se faire littéralement avaler par les nuages. Il est à peine 2h de l’après-midi et nous voilà forcés de lire ou de se reposer. Nous en profitons quand même, vers 4h, et alors que le ciel s’éclaire un peu, pour visiter le monastère situé sur une crête en surplomb. Celui-ci n’a rien de spécial et il est fermé au moment où nous passons, mais au moins nous l’aurons vu. Froid supportable en soirée et pendant la nuit.
24-03-2017 : Thame > Sanasa. Ce matin, alors que la météo avait prévu un temps maussade, nous nous réveillons sous un soleil qui éclaire déjà les sommets qui nous entourent. Nous ne voulons pas répéter l’erreur d’hier et partir tard, du coup, le petit-déjeuner, comme ces derniers jours, composé de pain et de miel que nous avons achetés auparavent et portés, est vite avalé. Le retour vers Namche se passe rapidement car nous connaissons le sentier et celui-ci est plutôt en descente. Alors que nous avions mis cinq heures hier, nous n’en mettons que deux et demi pour revenir sur nos pas. A Namche, nous déjeunons de buff momo et de veg fried rice dans une gargote qui sert habituellement les népalais et nous voyons ainsi l’énorme différence de prix en notre défaveur. Nous payons ces plats 150NRP chacun alors qu’on les aurait payés environ 400NRP dans un lodge. Alors que nous reprenons la marche vers les lacs de Gokyo, le temps se dégrade encore plutôt qu’hier et nous sommes obligés de nous arrêter à peine plus d’une heure après avoir quitté Namche. Nous choisissons un lodge qui nous laisse faire du thé et charger nos appareils gratuitement. Le temps est long et il n’y a rien d’agréable à le passer emmitouflés dans nos doudounes et nos sacs de couchage, alors que la température extérieure devient négative en plein après-midi.
25-03-2017 : Sanasa > Luza. L’idée comme quoi le temps est beau en montagne le matin se vérifie chaque jour jusqu’à présent. A tel point que depuis que nous sommes en haute montagne, nous nous réveillons de plus en plus tôt. C’est donc de bon matin et sous un soleil qui nous éclaire ses mille feux que nous commençons à marcher. La montée jusqu’à Mong La est un peu raide mais nous avalons les 300m de dénivelé avec l’énergie du matin. Après c’est la descente jusque vers le village de Phortse Tenga et la montée plus progressive vers Gokyo. Nous déjeunons rapidement d’un veg and egg chowmein à Dole (4200m) et poursuivons jusqu’à Luza, où nous nous arrêtons à l’auberge sous l’auvent de laquelle j’avais dormi en 2012. En effet cette année-là, en janvier, j’étais parti de Jiri, passé par Lukla et avais tenté le trek de Gokyo. Sauf que c’était en plein hiver, que je ne savais pas que tous les lodges entre Namche et Luza (4390m) étaient fermés et que, voyant le nuit arriver, mon guide-porteur – qui buvait comme un trou depuis plusieurs jours, soit dit en passant – m’avait abandonné à Luza. Ayant grimpé pratiquement 1000m sans acclimatation, je commençai à ressentir les symptômes du mal des montagnes et je décidai de passer la nuit dehors, seul dans mon sac de couchage. Au matin, devant les nuages qui entouraient les sommets, j’abandonnai et je rentrai à Namche. Je raconte cette histoire au patron du lodge en question et je dois l’assurer que je ne lui en veux pas tant il s’excuse et s’en veut de ne pas avoir été là.
26-03-2017 : Luza > Gokyo. Devant la dégradation rapide de la météo dans la journée, nous avançons encore notre départ, à 7h. Il fait bien froid encore à cette altitude, mais le soleil nous réchauffe assez vite. Après avoir passé Machermo (4470m), le paysage devient quasi minéral, juste parsemé de quelques touffes d’herbes rases. A part un hameau dont nous ne connaissons pas le nom, nous ne croisons pas de maisons avant l’étape du jour, Gokyo, que nous atteignons environ quatre heures trente après le départ. Peu avant l’entrée du village, nous croisons un électricien venu de Namche pour une réparation dans un lodge. Il nous y emmène et nous obtenons un rabais substantiel du patron, en plus d’un bon accueil. L’après-midi nous marchons jusqu’à, puis sur, la crête qui nous sépare du Glacier de Ngozumba et découvrons un paysage aussi grandiose que torturé. Entouré sur pratiquement 360 degrés par les sommets, le glacier, charriant glace, blocs de roche, eau chargée en minéraux et poussière grise me laisse sans voix tant il est majestueux. Si la météo et nos jambes nous le permettent, nous nous promettons d’escalader le Gokyo Ri, un petit sommet de 5360m demain matin de bonne heure. 27-03-2017 : Gokyo > Thore. Nous nous réveillons avec le soleil, parfait pour l’ascension qui nous attend. Après un petit déjeuner vite expédié, nous partons vers 7h15. La montée est sévère mais régulière et comme nous avons laissés nos sacs au lodge, nous ne peinons pas trop. A 9h45 nous sommes au sommet et quelle vue ! Un panorama à 360° de sommets : l’Ama Dablam, le Thamserku, le Cho Oyu et l’Everest lui-même. Pas un nuage à l’horizon et la température au sommet me surprend par sa douceur. Nous y passons une bonne demie heure, admirons le paysage, prenons des photos et échangeons quelques mots avec les quelques autres trekkeurs venus jusqu’ici. La descente est bouclée en moins d’une heure. Nous hésitons à rester une nuit encore à Gokyo, puis décidons de continuer quand même, histoire de nous laisser plus de marge de manœuvre pour le parcours des prochains jours. C’est donc avec l’intention de rallier Machhermo que nous partons après le déjeuner. Les deux premières heures de marche sous le soleil sont agréables et faciles, puisque nous connaissons le chemin. Alors que nous sommes encore assez loin de notre but, Tania aperçoit le sentier qui va de l’autre côté de la vallée, celui-là même qu’on cherchait du regard hier pour l’emprunter au retour. Bien moins touristique, il ne compte que deux lodges jusqu’à Phortse, mais permet de rejoindre plus facilement Pangboche et le trek du Camp de base de l’Everest. Le premier gite affichant des prix exorbitants, nous continuons à marcher, bravaches. Le lodge suivant se révèle plus loin que nous ne l’imaginions et en voyant un en route, fermé, nous craignons de passer la nuit dehors. Finalement, une gentille dame nous accueille au lodge prévu, alors que les nuages nous enveloppaient depuis quelques temps déjà. Nuit au chaud, poêle allumé tout de suite après notre arrivée : que demande le peuple ?!
28-03-2017 : Thore > Namche Bazaar. Au réveil, j’ai un sentiment bizarre : l’impression d’avoir vu le plus spectaculaire et le plus beau de la haute montagne au Khumbu hier. En tout cas en tant que trekkeurs, car escalader les sommets est une autre paire de manches, tant en termes de condition physique que de porte-monnaie. J’en parle à Tania et elle me dit une nouvelle fois combien elle peine en trek. Et puis, elle me dit qu’elle ne sait pas si elle aurait l’énergie pour le Camp de base. Si elle est arrivée à Gokyo et au Gokyo Ri, c’est aussi – met dit elle – car elle en a entendu parler depuis des semaines. Et puis devant le temps très juste que nous avons devant nous – six jours au maximum – je crains de ne pas pouvoir aller au Camp de base. On décide donc tous les deux de continuer la descente sur Namche au lieu de bifurquer à l’est vers Pangboche et amorçons ainsi le retour, qui nous prendra cinq jours au moins, par Salleri. La journée est assez longue, d’abord une descente irrégulière vers Phortse (3900m) – où nous déjeunons de nouilles instantanées – puis une nouvelle descente vers la Dudh Khosi (3680m), puis une remontée à Mong La (3950m) et enfin la descente sur Namche (3540m). Nous y arrivons en milieu d’après-midi, sous les nuages et retournons au lodge que nous connaissons déjà.
Je résumerai ces jours en peu de mots : ce furent les plus intenses et les plus intéressants de tout le trek ! Du moins en termes de paysages. Amateurs de sommets enneigés, de monastères anciens, de vallées cachées derrière des drapeaux de prières ; venez dans le Khumbu ! Pour le reste – et ça sera l’objet d’un autre article prochainement, nous ne terminerons pas le GHT et allons mettre fin à notre aventure népalaise après quelques 35 jours de marche – et 40 en comptant les transferts et le repos – après l’avoir commencée. Tania n’apprécie pas le trek autant que moi, elle déteste l’effort requis en montée notamment et ce que lui offre ce mode de voyage n’est pas suffisant pour contrer ce sentiment. Quant à moi, je n’ai sans doute pas la niaque nécessaire à une telle entreprise, la basse route du GHT ne m’offre pas assez de variété, et puis mon état de santé reste stationnaire. Pour les prochains mois, nous avons un autre projet, plus inspiré par Tania, mais chuuut, rien n’est encore décidé !
Abidin
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Le trek : difficultés et observations
La marche continue après une journée de réflexion à Taplejung. C’est nécessaire de faire le point parce que nous sommes un peu fatigués d’être souvent perdus et de ne pas avancer comme il faut. Par une décision commune, nous prenons un guide pour le trajet jusqu’à Lukla. Personnellement, je me suis dit qu’arrêter au bout du 9è jour de marche, c’est un peu regrettable. Probablement, je n’ai pas encore vu plein de bonnes choses qu’apporte le trek. Je me laisse donc tenter encore une fois par cette randonnée assez difficile.
Montées et descentes : Bien évidemment, quand je décide d’accompagner Abidin dans le GHT, je suis consciente que nous traverserons des vallées. Abidin m’a même dit que les vallées népalaises étaient orientées nord-sud et donc que nous allions beaucoup monter et descendre. Mais avant de voir de mes propres yeux la réalité de la montagne, je ne savais pas trop à quoi m’en tenir. Pour moi qui suis née à Saigon, ville plate, la montagne c’était Montmartre, ou presque ! En vélo, je trouvais les quelques montées qui existent en Ile de France comme dures ! Du coup en commençant le GHT, j’ai déchanté. J’ai dû faire des journées de 2000 mètres de dénivelé cumulé ou pour le dire de manière plus imagée, j’ai dû grimper et descendre l’équivalent de 6 ou 7 Tour Eiffel ! Au fil des jours, je me suis un peu habituée à ce rythme qui me semblait totalement fou au début mais les montées restent difficiles pour moi. J’ai affronté, dans cette section les montées abruptes qui mènent de Dhobane (645m) à Gorja (1950m) puis à Gupha Bazaar (2940m), de la Hewa Khola (600m) à Khandbari (1045m), ou encore de Thulophokte (2230m) au col Salpa Bhanjyang (3340). A chaque fois, quand le souffle court arrive, j’ai peur que l’asthme vienne me déranger. Mes jambes sont alourdies et je n’entends plus grand-chose alentour. Abidin, lui, préfère les montées et il a ses raisons. Les descentes nous cassent les genoux et parfois, sur les pierres mouillées, nous glissons et tombons dangereusement. Il m’est arrivé de glisser trois fois en une journée de marche en essayant de suivre le rythme d’Abidin sur la terre trempée après une grosse pluie. Les chemins rocheux, sableux, ou remplis de feuilles mortes, nous y passons avec beaucoup de prudence. Là, je me demande comment vivent les népalais au quotidien. Je croise souvent des porteurs qui portent facilement 30kg sur leur dos, des femmes qui emmènent des branches fraîches pour les chèvres, et même des enfants qui apportent du bois à la maison. Simples sandales, ou pire, des tongs aux pieds, ils montent et descendent à une allure si rapide On peut dire que c’est la vie ! Le pays est couvert de montagnes, ils n’ont pas le choix. Ils s’accrochent, travaillent et se débrouillent avec ce qu’ils ont. Quelques-uns préfèrent partir à l’étranger travailler dur pendant quelques années. Cette tendance s’accélère ces dernières années, surtout parmi les jeunes hommes qui partent en majorité dans les pays du Golfe, en Malaisie ou encore à Singapour. En effet, dans les villages où nous passons, les femmes seules avec enfants ne sont pas rares. Autre expérience : pendant le vol qui nous menait de Kuala Lumpur à Katmandou, l’avion était rempli de népalais qui rentraient voir leurs familles. Il était amusant de voir leur bagage en soute composés de téléviseurs encore dans leurs cartons ou de gros paquets renfermant de l’électroménager introuvable ou trop cher au Népal. De même leurs bagages cabine, qu’on n’avait pas pris le temps de mesurer et peser à l’enregistrement, débordaient les espaces prévus et les hôtesses devaient les mettre en soute. Pendant le vol, certains me prenant pour une népalaise s’adressaient à moi directement dans cette langue. Quand ils se rendaient compte que j’étais vietnamienne, d’autres me parlaient de leurs copains ou collègues vietnamiens. Quelle histoire !
Epreuve de Hewa Khola : Ce jour-là, nous décidons de camper au bord de la rivière Hewa Khola en catastrophe car Abidin sent que la pluie s’approche et le prochain village est à deux heures de marche. Nous avons à peine le temps de monter la tente et de cuisiner les nouilles instantanées du diner que le vent se lève et les premières gouttes de pluie tombent. Notre tente tremble littéralement et je dois sortir pour renforcer les piquets avec de grosses pierres. Nous mangeons dans la tente en entendant la pluie frapper fort dehors. Je me dis que nous ne sommes pas très prudents de camper aussi près de la rivière car le niveau d’eau, avec une pluie forte en amont, pourrait monter brusquement. Notre guide, Pasang, trouve un abri chez un nomade du coin. Cette nuit-là, je ne peux pas dormir tranquillement. Je me réveille chaque heure et regarde le niveau de l’eau pour me rassurer. Le lendemain matin, la pluie ne nous lâche toujours pas. Petit-déjeuner de pommes et de thé dans la tente et puis vers 8h30 nous décidons de lever le camp puisque de toute façons nous n’avons quasiment plus de nourriture. Une autre épreuve s’annonce : il n’y a pas de pont sur cette rivière. Il nous faut mettre les pieds dans l’eau et la traverser. Chaussures accrochées aux bâtons, pantalons roulés jusqu’aux genoux, sac bien serré sur le dos, j’ai hâte bizarrement de franchir cette épreuve. Les images de mon pays me reviennent en même temps. Dans certaines régions montagneuses du Vietnam, là où les rivières ont des courants agressifs, là où les ponts ne sont pas encore construits, les gens traversent à tout prix pour aller travailler, voir les proches ou se ravitailler. Surtout, les enfants vont à l’école de la même manière. Bien évidemment, il y a des accidents et des morts. Sur le coup, mon cœur est serré, je pleure. Ma vie est encore très facile par rapport à celle des autres. 30m de Hewa Khola traversé sans accident, nous sommes soulagés !
Liberté ou confort : Au début de ce trek, je ne me sentais pas si bien avec le manque de confort au quotidien. Ne pas pouvoir prendre une douche pendant neuf jours de suite, je ne l’ai jamais vécu. Nouilles instantanées pour le déjeuner et dhal-bhat au diner m’ennuyaient un peu. Le campement restait la dernière option si nous n’arrivions pas à trouver un toit. Mais nous sommes pleinement libres de décider ce que nous voulons faire de la journée ou tout simplement de négocier le prix d’un hébergement ou des marchandises. Depuis que nous marchons avec le guide, tout a l’air de devenir plus compliqué. Pour sûr que nous ne nous perdons plus en le suivant, mais les négociations deviennent plus difficiles. A Baluwabesi, un lodge nous propose une pièce avec une ouverture énorme ressemblant plus à un balcon qu’a une chambre au prix de 200 NRP/nuit. En fait, nous sommes au bord d’une grande rivière, le vent est fort. Je pense que nous serons mieux dans notre tente que dans cette « chambre » en cas de pluie. Surtout, j’ai repéré un terrain idéal pour camper avant d’arriver à ce lodge et nous avons largement le temps de bien monter la tente cette fois-ci. Je propose à Abidin de simplement commander les dhal-bhat au dîner et de camper cette nuit-là. Je vois l’incompréhension dans les yeux de notre guide. Vous pouvez me dire que ce n’est rien comme histoire mais c’est tellement important pour moi maintenant de me sentir libre. Je passe même une bonne nuit dans la tente !
Hygiène : Ah, que dire de ce sujet ? Il est clair que ce côté-là me séduit le moins. J’ai l’impression que le temps s’arrête : je suis la petite fille de 5 ans qui suit son père au puits du village pour une douche et pour amener de l’eau à la maison. Ici, chaque village a un ou deux coins où les gens récupèrent de l’eau par des tuyaux, font la vaisselle, lavent leur linge. Les douches sont évidemment rares (rappelez-vous qu’il n’y a pas de salle de bain dans les maisons !). Quand je vois les gens qui crachent par terre puis boivent directement au goulot de la théière, le mot « tuberculose » me vient à l’esprit. J’ai un frisson dans le dos. Alors ne parlons pas de la consommation de viande ici. D’après Pasang, à Taplejung, ils abattent les bêtes et vendent la viande dans la journée. D’accord, au moins, la viande est fraîche. Par contre, si vous voyez une boucherie vous-même, vous serez d’accord avec moi qu’il serait plus sage de ne pas consommer un quelconque morceau de viande. D’ailleurs, pendant le trek, nous sommes strictement végétariens. Nous nous permettons parfois des œufs bouillis ou en omelette mais aucune viande. Pour sûr que notre source de protéines est restreinte, mais au moins nous n’attraperons pas des maladies digestives qui peuvent nous coûter cher. Hélas, en faisant attention à l’hygiène alimentaire, on oublie forcément d’autres choses. Abidin a ainsi attrapé une infection des yeux deux jours après avoir quitté Kadbari. Après coup, nous nous rappelons tous les deux les serviettes que nous avait fournies l’« hotel » de ce bled et dont nous n’avons vu la saleté qu’après les avoir utilisées. Ses yeux gonflent, rougissent et un liquide jaune coule. Nous commençons un traitement par collyre antibiotique que nous avons heureusement avec nous et nous nous arrêtons ce jour-là à Dhobhan, village ou se termine la route carrossable. Dans le cas extrême d’une inefficacité de l’antibiotique, nous pourrons évacuer vers Katmandou. Au final, heureusement l’état de ses yeux s’est amélioré mais la leçon de l’histoire a été pour moi entendue : faire encore et toujours attention à l’hygiène.
Nous avançons vers Lukla, là où Abidin prévoit de rajouter le trek du camp de base de l’Everest. Il m’a dit que le paysage va changer et qu’on va entrer dans celui de la haute montagne. Je suis partagée : d’une part j’ai hâte d’y aller voir les montagnes enneigées dont tout le monde parle avec une grande admiration, d’autre part je crains que ma force physique ne me le permette pas. Quoi qu’il en soit, vous saurez le fin mot de l’histoire au prochain article.
Thanh Nhan
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Le GHT au jour le jour - Section de Khumbu, Est
12-03-2017 : Khandbari > Baluwabesi. Ce matin, nous partons un peu plus tard que d’habitude car nous avons mis du temps à publier nos articles de blog, nos photos et à rassurer nos proches. Nous quittons Khandbari dans la bonne humeur poursuivis par quelques enfants qui nous jettent de la poudre colorée car aujourd’hui c’est Holi, la fête des couleurs et l’occasion pour moi de faire quelques belles photos. Le chemin pour Chawbesi où nous sommes censés déjeuner n’est pas facile à trouver. Pasang, même après avoir demandé à plusieurs personnes se perd. Nous arrivons dans un village à proximité au bout de trois heures de marche alors que la moitié aurait dû suffire. Je suis passablement en rogne et demande au guide de s’arrêter pour manger ce qu’il y a de disponible. Après un plat de chowmein réconfortant, nous continuons notre chemin et après avoir passé deux rivières et monté quelques centaines de mètres, nous arrivons à Baluwabesi (600m). La seule maison du village qui fasse aussi guesthouse, tenue par une femme revêche, est un peu chère à notre goût. Voyant un petit bout de terrain plat en contrebas, nous décidons de camper sans demander notre reste. Nous dînons quand même d’un dhal-bhat à la guesthouse du village.
13-03-2017 : Baluwabesi > Dhobane. Nous passons une bonne nuit en tente, sauf qu’au matin, assez étrangement, j’ai mal aux yeux et un liquide suspect en coule. Je m’interroge, ne sachant pas ce que j’ai. Je décide de continuer la marche quand même et nous entamons notre journée normalement après un petit déjeuner d’omelette et chapatti. A peine une heure plus tard, l’état de mes yeux se dégrade rapidement et nous sommes obligés de nous arrêter. D’un commun d’accord avec Tania, nous pensons à une infection bactérienne et je commence le traitement par ofloxacine sous forme de collyre et par précaution, je démarre aussi un traitement par le même principe actif par voie orale. Je décide quand même de poursuivre la marche, rassuré par la présence d’une route jusqu’à l’étape prévue, Dhobane (1000m). Je ne peux m’empêcher d’échafauder plusieurs scénarios et je me dis qu’en cas d’urgence, l’évacuation reste possible. L’après-midi, il devient pénible de marcher tant mes yeux coulent, heureusement que Dhobane n’est pas très loin. Nous y arrivons et logeons dans une maison dont on ne sait pas trop si c’est une guesthouse, aux prix un peu chers comme souvent ces derniers jours. D’ailleurs, depuis Taplejung et le début de notre marche avec Pasang, nous sommes gênés pour négocier comme nous le faisions avant. En effet, notre guide ne comprend pas vraiment notre démarche et en plus lui, « profite » des dépenses des touristes dans les guesthouses : plus ceux-ci consomment, moins cher lui reviendra le gîte et le couvercle. En plus, depuis Taplejung, nous entrons progressivement dans des zones plus fréquentées par les trekkeurs, ce qui fait mécaniquement monter les prix.
14-03-2017 : Dhobane > Thulophokte. L’état de mes yeux ne s’améliore pas. Je me suis réveillé au milieu de la nuit, incapable d’ouvrir les yeux, les paupières totalement collées. Tania a dû me les ouvrir par un nettoyage minutieux au sérum physiologique. Je continue le traitement antibiotique. Ma fierté ainsi que mon esprit aventurier me poussent à poursuivre la marche. La matinée est facile, quoique un peu fastidieuse : nous suivons une rivière. Nous déjeunons d’un dhal-bhat au village de Salpa Phedi (1530m). Et une surprise nous attend dès le début de l’après-midi : la montée vers Thulophokte (2230m) est raide au possible : nous montons de pratiquement cinq cent mètres quasiment à la verticale en avançant à peine. Les estomacs pleins, nous n’avions pas anticipé un tel effort ! La montée finit par s’adoucir un peu et nous atteignons le village de Thulophokte où nous dormons à côté d’un petit monastère.
15-03-2017 : Thulophokte > Sanam. Le réveil est difficile. Il fait froid et parfois on aimerait bien paresser longtemps dans nos sacs de couchage. Mes yeux vont mieux et c’est un soulagement tant je redoutais de devoir rentrer à Katmandou. Nous petit-déjeunons d’omelette et chapatis, un classique désormais et démarrons la journée un peu tard. Surtout au vu du col qui nous attend et de la météo qui se gâte rapidement. Je perçois l’importance d’une arrivée rapide au col, les nuages menaçant, mais Tania peine et malheureusement, comme souvent ces derniers jours, ne perçoit pas les signaux de la montagne et de la météo. Parfois, j’ai l’impression que nous n’arrivons jamais à être sur la même longueur d’ondes au sujet de cette aventure. Seul l’avenir nous dira si cet état des choses va évoluer. Bon an, mal an, nous arrivons au col de Salpa Bhanjyang (3340m) avant la neige du jour car celle qui s’est accumulée là-haut rend déjà assez difficile la montée finale et surtout la redescente vers Sanam (2800m). Dans ce versant, nous trouvons trente à quarante centimètre de poudreuse accrochante qui nous fait glisser et tomber plusieurs fois. Vers 15h, après un rapide déjeuner de nouilles instantanées en route, nous arrivons au village de Sanam. Je ressens que nous sommes rentrés dans la région de Khumbu proprement-dit : c’est un village bouddhiste où se trouve un monastère et deux grands stupas. Les maisons construites toute en pierre ne trompent pas. Nous trouvons à loger à côté du monastère dans un lodge tenu par des moines et dont la nourriture est délicieuse.
16-03-2017: Sanam > Bung. Aujourd’hui c’est la première fois que nous trouvons de la tsampa pour le petit-déjeuner. Nous nous régalons d’un bol chacun même si elle n’est pas de la meilleure espèce qui soit. La journée démarre doucement, Pasang est un peu fatigué, il avance moins vite que d’habitude. Le trajet jusqu’à Gudel (2042m) est une longue descente tranquille. Nous mangeons des dhal-bhat comme bien souvent et l’après-midi se poursuit par une descente jusqu’à la Hongu Khola (1350m). La montée vers Bung (1600m) est rapide et nous nous arrêtons ici pour dormir, dans une guesthouse au prix très correct et à l’accueil agréable.
17-03-2017: Bung > Sibuje. Nous savons qu’une longue journée nous attend mais nous en ferons une bien plus longue encore. On démarre avec la montée pour Khiraule (2535m) où nous prenons rapidement un thé chez une dame qui ne nous le facture même pas. La montée se poursuit vers le col de Surke La (3070m). Nous peinons et le temps semble se gâter. Finalement, nous passerons le col dans les nuages pour ne pas changer. La descente vers Najingdingma (2700m) se passe sans encombre si ce n’est un peu de neige accumulée sur le sentier et qui n’a pas pu fondre à cause du manque d’ensoleillement et de l’orientation nord-ouest de la pente. A Najingdingma, la seule guesthouse du village est très chère, et puis le ciel s’est découvert un peu, du coup nous décidons de poursuivre jusqu’à la Hinku Khola (1985m) où on nous dit qu’il y aurait une autre guesthouse. Lorsque nous y arrivons, éreintés, le lodge en question se trouve être plus que basique et cher. En plus, le type qui le tient est antipathique. Nous poursuivons notre route encore une fois et savons que devant nous il y a le village de Sibuje mais qu’il est 600m plus haut. La montée est raide et nous sommes à bout de forces. Lorsque nous y arrivons, la nuit tombe déjà, il fait froid et Pasang n’est pas très dégourdi pour trouver un lodge. Finalement, nous dormirons à même le sol dans ce qui tient lieu de salle à manger à un lodge, accueilli par une dame que nous prions de nous laisser dormir là tant nous sommes à bout. Elle nous cuisine quand même un veg fried rice et nous nous endormons comme des marmottes. Nous aurons battu notre record de la journée avec 2000m de montée, 1100m de descente et 11 heures de marche !
18-03-2017: Sibuje > Kharte. Nous nous réveillons difficilement et sortir de nos sacs nous demande du courage tant il fait froid dans la pièce. Finalement, nous petit-déjeunons d’un thé (que nous faisons nous même tant celui vendu est cher), de biscuits et de pommes. Nos muscles endoloris de la longue journée de la veille, ont du mal à suivre. Heureusement la montée vers le col de Narkung La (3161m) n’est pas trop difficile et la météo clémente. La descente est aisée, le village de Panggom (2800m) où nous avons prévu de déjeuner est proche. Finalement, arrivés trop tôt, nous continuons jusqu’à Balukhop où nous déjeunons d’un pauvre dhal-bhat mais vendu à bon prix et servi avec le sourire par une mère et sa fille. On avait prévu de faire étape au village de Paiya mais celui-ci se trouve derrière un autre col que nous appréhendons tant nous sommes fatigués. En route pour y monter, nous décidons de nous arrêter à Kharte (2600m) et campons à côté d’un lodge tant celui-ci et surtout sa nourriture sont chers. Arrivés tôt, nous en profitons pour faire une grande lessive et quelques petites bricoles dont nous n’avions pas eu le temps de nous en occuper.
19-03-2017 – Kharte > Lukla. Ayant choisi de faire une petite journée, c’est une longue qui nous attend aujourd’hui. On lève le camp plus facilement que prévu, il ne fait pas trop froid. Et puis la journée démarre bien avec une ascension du col de Kari La (3045m), qui se révèle moins abrupte qu’escompté. Au bout d’une heure et demie, nous y sommes. La descente vers Paiya est facile elle aussi et nous ne sommes ralentis que par les caravanes de dizaines d’ânes chargés de denrées diverses qu’ils convoient vers Lukla, et plus haut dans la vallée de l’Everest. Ils sont tellement nombreux par moments que nous trottons à leur rythme sans pouvoir les dépasser. Nous mangeons un bon dhal-bhat que nous négocions à moitié prix à Paiya (2600m) et entamons la montée vers le deuxième petit col à 2945m, puis la descente vers Surke (2200m). Le temps se couvre et une petite pluie fine se met à tomber. Pasang doit rentrer aujourd’hui à Lukla. Nous hésitons à le laisser et passer la nuit ici. Finalement, devant la rusticité des lodges à Surke, nous serrons les dents et poursuivons jusqu’à Lukla (2840m), que nous rejoignons vers 16h00. Lukla est un passage obligé pour tous les trekkeurs de la région de l’Everest et donc un gros bourg touristique, desservie uniquement par des petits avions de quelques places et par des sentiers de randonnée. Les facilités sont encore plus restreintes qu’escompté : WIFI payant et ultra lent, connexion hasardeuse au réseau mobile, électricité solaire de quelques lodges seulement… Après d’âpres négociations, nous trouvons un logis et la nourriture qui va avec à un prix pas trop prohibitif. Il pleut, il fait froid et les nuages ne tardent pas à nous envelopper.
En conclusion, il me faut évoquer plusieurs choses : notre santé est globalement bonne mais il ne faut jamais relâcher l’attention sur l’hygiène, difficile en trek. L’épisode de mes yeux l’a prouvé. Ensuite, Tania apprécie moins le trek que moi, c’est indéniable. Là où moi je m’émerveille devant un paysage, une scène de vie ou un accueil généreux, elle voit surtout la difficulté de l’effort. Celle-ci s’efface difficilement pour laisser place à des sentiments plus positifs. Pour moi c’est assez difficile à accepter, mais l’idée d’une poursuite différente du voyage commence à émerger. D’autant que je commence à trouver la basse route du GHT que nous suivons un peu monotone, et en presque un mois, beaucoup de choses se répètent. J’aimerais aller plus haut, vers le Camp de base de l’Everest par exemple, mais le froid me fait peur depuis que j’y suis devenu très sensible après l’épreuve de la maladie. En regardant la météo locale, j’ai vu qu’il faisait -12° aujourd’hui à Lobuche (4900m) et même -18° la nuit ! Le supporterais-je ? On décidera cela dans les tout prochains jours. Enfin, si je me suis fait au manque de douches et autres commodités, je vis mal le fait de ne pas les retrouver au moins aux grandes étapes toutes les semaines environ (Taplejung, Kandbari, Lukla, Jiri…).
Abidin
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Marche, science et conscience
Assis dans une cuisine constituée en tout et pour tout d’un toit et de murs faits de tiges de bambou tressées, un black tea à la main, quelques biscuits pour agrémenter le tout, j’entreprends l’écriture de cet article de fond pour lequel l’inspiration m’a tant manqué ces derniers jours. Marcher, ça demande l’énergie. Beaucoup d’énergie. Le débutant croit qu’elle est nécessaire pour les montées. A moi, il me semble qu’elle m’est surtout nécessaire pour ces tâches répétitives qui accaparent le temps du marcheur au long cours. Défaire son sac le soir, sortir son sac de couchage, laver son linge sale, acheter de la nourriture, trouver de l’eau ou refaire son sac le lendemain. Le reste du temps, finalement, le peu qu’on consacre à vraiment marcher, je le sens à peine passer tant mon attention est captée par mille petites choses.
Déjà, par le sentier en lui-même, une pierre instable qui dépasse par-ci, une autre glissante par-là, ou encore des branches qui apparaissent à droite ou à gauche et qui parfois obstruent le chemin. Ensuite, par la contemplation du paysage qui varie de façon infinie qu’on monte ou qu’on descende de quelque pas. Imperceptiblement, en quelques foulées, on peut passer d’un paysage de rizières en terrasse à un autre constitué de buissons et d’arbustes. De même, à peine descendu ou monté de quelque dizaines de mètres, on peut se retrouver au milieu d’une forêt de rhododendrons en se demandant par quel enchantement on est arrivé là. Tout ceci sans même évoquer l’architecture des maisons, la forme des villages, ou les simples activités quotidiennes des populations qu’on croise, qui sont tellement intéressantes à observer. Par exemple, il y a quelques jours, nous croisions un cortège composé du marié et de sa famille s’en allant par les forêts et les villages chercher la promise. Ils apparurent au détour d’un sentier et j’eus à peine le temps de les observer et de les prendre en photos. Leurs habits propres aux couleurs chatoyantes détonnaient au milieu de la forêt et dans ce bout du monde qu’est l’est du Népal. Accompagnant le futur époux, deux de ses proches faisaient sonner de grandes cymbales en les frappant l’une contre l’autre à un rythme lancinant. Quelques jours après, nous eûmes l’occasion d’assister à un transport par l’ambulance des montagnes ! Une malade dont le visage était caché par un morceau de tissu, gisait immobile sur une civière en bambou que transportaient plusieurs hommes vaillants, accompagnés de quelques proches. Nous ne faisions que les croiser mais la tension et l’urgence de la situation étaient palpables. Plus souvent, et presque quotidiennement, nous croisons des agriculteurs qui labourent leur parcelle de terre à l’aide de bœufs et d’une charrue comme si le temps s’était arrêté. Nous avons aussi l’occasion d’observer des enfants allant à l’école, faisant parfois une véritable randonnée pour atteindre leur but. Certains âgés d’à peine six ans, ils parcourent des centaines de mètres de dénivelé ou des kilomètres de distance. Tout aussi quotidiennement, nous observons des porteurs, chargés souvent d’un fardeau atteignant leur propre poids. Que mon sac de randonnée, pourtant chargé et bien lourd, me semble léger dans ces moments-là.
Voilà un infime aperçu du quotidien du marcheur que je suis devenu. Le lecteur comprendra que loin de l’oisiveté que certains pourraient imaginer, nos journées sont chargées de mille détails et de mille moments, et qu’une fois mangé le dhal-bhat du dîner, je m’écroule de fatigue.
Mais la marche n’est pas que cela. La marche est aussi l’occasion pour le cerveau de se libérer des milles tracas du quotidien. Elle permet à la pensée de s’épanouir et de prendre le large. Souvent, je me rends compte après plusieurs minutes que je ne pense à rien. Absolument rien. Ce phénomène est pour moi complètement unique et il ne m’arrive qu’en marchant. Je me surprends quelquefois, lors d’efforts intenses, par exemple en montée, à réciter mentalement le mantra le plus sacré du bouddhisme « Om mani padme hum ». Je ne suis pas bouddhiste, je pourrais même dire que je suis agnostique et pourtant, en ces terres himalayennes, je me sens étrangement proche de cette philosophie. Oui, car pour moi, le bouddhisme, et d’autant plus le bouddhisme tibétain, est une philosophie avant d’être d’une religion. C’est une philosophie qui préconise la tolérance avec un grand T. La tolérance envers l’étranger, envers le différent, envers le faible. La bienveillance envers le malade, le vieillard ou l’infirme. Cette même bienveillance doit aussi s’appliquer aux animaux d’où la nécessité de commencer par ne pas les tuer pour notre seul appétit. C’est aussi une philosophie des actions positives, car bien que je ne crois nullement à la réincarnation, je suis persuadé toutes actions, bonnes ou mauvaises se paient comptant ici-bas. D’autres aspects plus triviaux du bouddhisme m’attirent, il faut le dire aussi. Assister à une prière dans un monastère me fait oublier le monde ainsi que le temps qui passe. Combien de fois, je me suis surpris à être resté plusieurs heures dans un monastère, juste heureux d’être là.
Il y a pourtant en moi, une grande contradiction car dans le même temps, je suis absolument convaincu de la supériorité de la science à toute croyance. Par l’épreuve que j’ai traversée l’année dernière, cette conviction s’est encore enracinée en moi et elle continue de le faire chaque jour qui passe. Depuis le début de ce voyage que j’ai appelé L’inconnu en ligne de mire, tant il est incertain, ma santé est passée par trois épreuves. Une première assez classique constituée par une forte intoxication alimentaire, une seconde faite d’une très forte réaction allergique à une probable présence infinitésimale de beurre de cacahuète dans une pâtisserie à Katmandou, et une troisième, moins évidente à surmonter : une infection bactérienne des yeux. Elle est survenue sans crier gare, en une nuit, je me réveillais le matin et mes yeux suppuraient d’un liquide jaunâtre à la commissure des paupières. A ce moment-là, je crus la fin de l’aventure arriver. J’imaginais déjà l’évacuation à dos d’homme jusqu’à la route et par 4x4 jusqu’à Katmandou. Pourtant, et comme à chaque fois, même au pire moment, c’est la médecine qui m’a sauvé. Quelques gouttes d’un puissant antibiotique, et en peu de temps, l’amélioration se faisait déjà sentir. Cela venait me rappeler de douloureux et heureux moments à la fois, quand l’année dernière, la chirurgie par deux fois me sauvait du pire.
Alors, je me pose la question : comment concilier ces deux évidences qui sont pour moi le bouddhisme et la science et qui paraissent si éloignés l’une de l’autre. Autant de dire tout de suite, je n’ai pas de réponse toute faite et je cherche encore. Mais peut-être, qu’un début de réponse viennent des neurosciences et des recherches sur l’intelligence artificielle. Non pas que l’énigme soit simple à résoudre ou que l’intelligence artificielle fasse de nous des surhommes ; je ne le crois pas. Mais en comprenant le fonctionnement du cerveau, on arrivera probablement à expliquer un certain nombre de phénomènes qui ne semblent pas aujourd’hui pouvoir être éclairés par la science. Au premier rang desquels, la conscience. Par exemple, la conscience aigüe, quoique différente d’une culture à l’autre, mais que chaque être humain a, du bien et du mal. Cela semble relever de la science-fiction et pourtant nous arrivons aujourd’hui à « voir » nos pensées sur une IRM et à « capter » l’activité du cerveau via des électrodes. Tout ceci peut paraître du bavardage, et n’empêche c’est ce qui m’occupe et me préoccupe dans ce voyage. Ce sont des questions universelles et on pourra me rétorquer que les montagnes népalaises ne m’apporteront pas plus de réponses qu’un amphithéâtre parisien. C’est vrai, mais elles ne m’en apportent pas moins, et au moins elles me procurent l’évasion dont j’ai tant besoin en ce moment.
Abidin
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Le GHT au jour le jour – section de Makalu
07-03-2017 : Jour de repos à Taplejung (1850m). Qui dit jour de repos, dit aussi jour de réflexion. Nous faisons le point sur ce qui va et ce qui ne va pas et nous doutons franchement de notre capacité à trouver le chemin tout en arrivant à avancer suffisamment vite. Nous décidons d’un commun accord de prendre un guide à condition d’en trouver un bon. Ainsi, nous demandons à l’employé de l’hôtel Pathivara où nous résidons s’il connait un bon guide. Il se trouve qu’un ami de ses collègues est justement guide et se trouve à Taplejung en ce moment. C’est ainsi que nous rencontrons Pasang Sherpa. Le courant passe, on le prend comme guide pour les deux sections qui suivent et au moins jusqu’à Lukla. Il prend 2000 NPR/jour, ce qui n’est pas exagéré pour quelqu’un qui parle anglais et qui semble débrouillard. De plus c’est un sherpa, l’ethnie à laquelle appartiennent les meilleurs guides népalais, ça ne veut pas dire grand-chose en soi, mais c’est la première fois que je marcherai avec un guide sherpa, et je suis content ! Nous passons le reste de la journée à trier et retoucher les photos des jours précédents, à taper nos articles respectifs et à essayer d’envoyer le tout vers notre blog avec le débit plus que réduit de Taplejung. Hôtel Pathivara agréable, grande chambre avec fenêtre et douche chaude, 700 NPR/nuit, fait aussi restau à prix correct.
08-03-2017 : Taplejung > Gorja. C’est le premier jour avec Pasang, je le jauge et je tiens à lui montrer que notre but n’est pas la vitesse et nous ne sommes pas des marcheurs rapides, surtout avec nos sacs. Nous descendons de plus de 1000m pour atteindre Dobhan (645m), qui se trouve être également son village natal. Après quelques poignées de main, nous continuons notre marche, qui, on le sait, sera longue aujourd’hui. En effet, après une interminable montée de plus de 1400m à travers la forêt, nous arrivons à Gorja (1950m), notre étape du jour. Le village est minuscule, deux familles accueillent les gens de passage. L’une est absente, ce qui nous laisse peu de choix ! Accueil moyen, dhal-bhat et thé, patates et omelette au petit-déjeuner (préparées par Pasang car la patronne, des œufs, elle ne sait les cuisiner à la coque !)
09-03-2017 : Gorja > Simering. La journée commence doucement, nous savons qu’elle sera encore longue. Nous allons monter de Gorja à Gupha Bazaar (2900m). Le temps est maussade et la motivation n’est pas vraiment là. Nous mettons tous les deux un pied devant l’autre et avançons malgré tout. N’ayant pas de village intermédiaire pour déjeuner, nous cuisinons au réchaud quelques nouilles instantanées et mangeons à la va-vite. Vers 13h30, nous arrivons à Gupha Bazaar, un village un peu triste et froid, surtout sous les nuages, et trouvons qu’il reste beaucoup de temps encore avant la tombée de la nuit. Nous décidons donc de poursuivre jusqu’à Nundhaki (1650m) et qui aurait dû être notre étape déjeuner du lendemain. La descente est belle, le paysage change enfin de la forêt que nous avons connue toute la matinée. Il s’ouvre, ressemble davantage à la haute montagne et je suis franchement content car je commençais à trouver les paysages de ces derniers jours un peu monotones. Après trois heures de marche, et alors que la nuit arrive, nous ne sommes toujours pas à Nundhaki et décidons de nous arrêter pour la nuit à Simering où l’accueil est charmant. Le village possède en outre plusieurs stûpas, petites mais anciennes. Dhal-bhat et thé au dîner, omelette et chapati au petit-déjeuner.
10-03-2017 : Simering > Hewa Khola (près de Khamare). La journée débute plus facilement qu’hier car on sait qu’une longue descente nous attend. En effet, nous atteignons Nundhaki (1645m) une heure plus tard. Nous continuons sur notre lancée et atteignons Bhibare (1400m). A partir d’ici, un long cheminement monotone nous attend sur une route poussiéreuse. Nous passons successivement les villages de Chitlang et Kartike et déjeunons d’un chowmein (nouilles sautées) au village suivant (Pokhari). Nous continuons sur la même route poussiéreuse, et après Siddhakali et Lamichaur, nous entrons dans la grosse bourgade de Chainpur (1260m). Il était prévu qu’on passe la nuit ici mais vu l’heure à laquelle on arrive, on décide de continuer et de dormir à Khamare, plusieurs personnes nous disant qu’il faut environs 1h30 pour l’atteindre. Finalement, au bout de plus d’une heure de marche, nous ne sommes qu’à la moitié du chemin et le ciel s’obscurcit brusquement. Je sens l’orage menacer et dit à Pasang que nous préférons camper ici, au bord de la Hewa Khola. Il me comprend et respecte notre décision, et vu qu’il n’a pas de tente, va voir un peu au-dessus s’il peut trouver un abri pour dormir. Une dame passe par là nous propose de nous héberger mais notre tente est déjà installée et Pasang y va seul. Alors que nous mangeons sous la tente, l’orage éclate une première fois mais s’arrête rapidement. Au bout d’une heure, c’est le déluge ! Une très forte plus martèle notre tente et aux éclairs succèdent les coups de tonnerre toujours plus proches. J’ai beau connaitre un peu la montagne, je me sens tout petit. Cela dure jusqu’à vers 22h et tout se calme enfin. Sauf que la rivière près de laquelle nous avons installé notre tente commence à monter ! Toutes les heures nous nous réveillerons pour la surveiller, mais finalement elle s’arrêtera à 50cm de le tente vers 3h du matin. Ouf !
11-03-2017 : Hewa Khola (près de Khamare) > Kadbari. Nous nous réveillons sous la pluie encore ce matin ! Elle avait recommencé à l’aube, régulière, débarrassée de sa violence de la veille. Malgré tout, ça ne fait pas nos affaires. La tente Ferrino, pourtant de très bonne gamme que nous avons, n’est pas terrible, l’eau commence à s’infiltrer et on doit lever le camp aujourd’hui si nous voulons manger quelque chose ! Pasang arrive, de bonne humeur, car il passé la nuit à l’abri et a pu manger un peu même. Nous faisons du thé et mangeons des biscuits pour passer le temps. Vers 8h30 la pluie s’arrête, nous levons le camp en cinq minutes ! Il nous reste la fameuse rivière près de laquelle nous campions à traverser à gué. Elle a bien gonflé et ça se révèle un peu long avec nos sacs. Tania arrive à tenir sur des pierres avec ses bâtons et moi je passe à l’arrache, de l’eau aux cuisses. Pasang a l’habitude, il passe comme si de rien n’était. La matinée se passe paisiblement, la route poussiéreuse au long de laquelle nous marchions hier s’est transformée en sentier agréable après la pluie, puisque les 4x4 et les deux roues qui l’empruntaient hier ne passent plus à gué aujourd’hui. La forêt alentour exhale le parfum de la nature rassasiée d’une eau dont elle avait tellement besoin. Nous déjeunons à Lingling (env. 1000m) et continuons vers Kadbari (1045m), que nous atteignons en fin de journée après avoir franchi une rivière importante (Langkuwa Khola, 385m) et une rude montée de plus de 600m. C’est une grosse bourgade construite sur une crête, sans charme particulier et où les touristes ne passent jamais (lui préférant la Tumlingtar voisine, dotée d’un aérodrome d’où des coucous de 13 places desservent Katmandou). Le meilleur hôtel de la ville est aussi confortable que les maisons de la campagne, la gentillesse des propriétaires en moins. Sale, bruyant, sans eau chaude et à la nourriture médiocre, nous ne saurons le recommander. Chambre 500 NPR (après rude négociation).
En résumé, nous avons parcouru cette section en quatre jours au lieu de six normalement. Il faut attribuer cela plus au guide qu’à nos capacités physiques. N’empêche, nous avons bien marché, Tania avalant les montées de plus en plus à l’aise et moi sans soucis de santé particuliers. Le moral est fluctuant bien sûr, c’est le propre du GHT d’être une randonnée longue et difficile, dont on ne peut pas compter les jours avant l’arrivée. Pour les 6 ou 7 jours suivants, nous attaquons le Solukhumbu, autrement dit la région de l’Everest. Nous prévoyons une arrivée à Lukla, au cœur de cette région, puis la réalisation du trek du camp de base de l’Everest en dehors (et en plus du GHT). Il devrait nous faire sortir des paysages de moyenne montagne que nous traversons pour ceux, très différents, de la haute montagne. Les prochaines nouvelles, nous les donnerons donc dans une semaine environ si tu tout va bien. A bientôt chers lecteurs !
Abidin
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La Marche pour la première fois
Comme je le disais depuis le début, je n’ai jamais fait de la randonnée dans ma vie. Mes voyages étaient organisés par mes parents (ou mon chéri), je n’ai pas eu à régler les problèmes d’hébergement, de nourritures ou d’eau. Là, malgré la présence de mon mari, les questions se posent de fur et à mesure et m’inquiètent progressivement.
Les journées à Katmandou passent tranquillement avec la découverte du quartier routard de Thamel, de la cuisine népalaise (momos, chowmein et dhal-bhat) et de Boudhanath, pleine de monde mais calme dans l’âme. Je ne réalise donc pas encore la dureté de la marche qui m’attend lorsque nous partons de Katmandou.
Le trajet en bus pour Kakarvita puis Tharpu est long. Les vendeurs de billets de bus sont aussi arnaqueurs à l’occasion, il faut donc rester vigilant et savoir négocier sans trop faire chauffer l’ambiance. D’après Abidin (et cela se confirme peu de temps après dans la montagne où l’on ne le cache même plus), un népalais porte souvent un couteau sur lui.
Katmandou ainsi que le confort s’éloignent, ce qui signifie aussi la difficulté de communication car peu gens parlent anglais dans les villages. Si la chance nous permet de croiser quelqu’un qui parle cette langue internationale, les questions « Where are you come from ? What is your purpose in Nepal ? » sont inévitables. Et puis bien sûr, les villageois pensent que je suis népalaise vu mon visage asiatique noirci de soleil et de poussière. Ils essaient de me parler dans leur langue tellement souvent que j’en suis un peu fatiguée. Chambres faites de planches de bois, simples dhal-bhat et manque d’électricité sont notre quotidien. Les toilettes sont souvent communes à plusieurs familles et se trouvent à plusieurs mètres de la maison principale. La douche ? Ah non, il n’y en a pas ! Mais surtout, comment je me laverai à l’eau glacée quand il fait si froid la nuit ? Et puis la salle de bain est une chose tellement luxueuse ici qu’ils n’en possèdent même pas une pour tout le village.
Une autre chose inattendue, les fruits sont extrêmement rares. Il nous arrive souvent de cuisiner nous-même le déjeuner avec de simples nouilles instantanées, qui cuisent vite (et donc consomment peu de gaz, qui nous est très limité du fait du poids) mais qui nous donnent terriblement soif après. C’est donc pas très pratique pour un trek mais nous n’avons pas d’autre solution. Nos sacs sont lourds de plein choses qui paraissent inutiles (et le sont si l’on s’en tient à l’essentiel), mais du coup je ne pourrais pas vous raconter tout cela, puisque je l’envoie de l’ordinateur portable que l’on a porté tout au long ! Ah le serpent qui se mord la queue. Je suis usée par de grosses journées de marche. Avec ma petite taille, suivre la cadence d’Abidin, qui mesure 1m82, ce n’est pas évident. Les montées abruptes où l’on doit grimper sur les pierres, des fois même utiliser les mains, je ne les attendais pas. En vérité, j’ai eu un choc quand j’ai réalisé que nous devions aller à Phalut (3450m d’altitude) au bout 2 jours de marche seulement : souffle court, presque de l’asthme, douleur aux jambes et épaules, froid humide. Heureusement que notre trousse à pharmacie est bien fournie et que le Diamox, le paracétamol et un peu de corticoïdes m’ont aidée. Mon entrainement de vélo ne m’aide pas beaucoup malheureusement. Les engueulades commencent dans la fatigue et la peur d’être en retard par rapport à la tombée de la nuit. J’en suis vraiment triste et ne veux pas que cette situation menace notre trek, voire notre relation. Je propose à Abidin que nous devons se mettre d’accord sur chaque étape, ce qui n’était pas le cas avant Sablakhu (où c’est plutôt l’itinéraire suivi par une néerlandaise et qui l’a partagé sur internet, qu’on suivait à la lettre).
Il faut préciser aussi que les chemins de trek parfois traversent les champs ou passent dans la cour de chez quelqu’un. Pour moi, vietnamienne, cela a été très étonnant au début. Je ne pensais pas pouvoir passer si facilement dans la propriété de quelqu’un. Plusieurs fois, nous nous perdons dans la forêt en n’ayant pas trouvé le chemin exact. Une petite erreur peut nous coûter très cher : une fois, à une bifurcation en Y, alors qu’il n’y avait personne, malgré la carte et le GPS, nous avons choisi le mauvais sentier. Nous avons perdu une heure et il nous a fallu remonter les 200m descendus. J’ai eu tellement peur d’être coincée au milieu de la nature que quand on a retrouvé le chemin, j’ai eu les larmes aux yeux. Une grande leçon ! S’ajoute à toutes ces galères le manque d’hygiène qui me gêne de plus en plus. Je n’ai aucune idée comment font les autres femmes en trek, mais personnellement, je m’y adapte très mal. Comment seront-ils, les jours suivants ?
Heureusement, nous sommes réchauffés en permanence par la générosité humaine : Dès le premier jour nous sommes invités à boire le thé alors que nous ne faisons que passer dans le hameau de Musepa. Le lendemain, un berger à Lempokhari nous offre un toit et du riz : il n’accepte même pas les quelques roupies que nous voulons lui donner. Avec quelques pauvres mots népalais appris sur le tas, nous essayons de se parler et puis rigolons énormément. D’après ce que je comprends, le berger fabrique une sorte de fromage et en vend au marché. Quelques jours après, alors que la nuit tombe presque, dans l’ambiance d’un mariage à Sablakhu, nous sommes hébergés gratuitement chez un bouddhiste qui nous accompagne longuement le lendemain pour nous montrer le bon chemin. Le bonheur se répète à Tellok quand encore une fois, l’hébergement est gratuit chez une famille d’un vieux villageois qui nous a croisés par hasard sur la route. Son fils parle bien anglais et ses petits enfants sont vifs et aimables. D’ailleurs, les meilleurs dhal-bhat que j’ai mangés étaient cuisinés dans ces deux familles. Je peux encore parler de Orakpa, un tout petit village perdu entre Kande Bhanjyang et Phedi, où nous sommes encore une fois hébergés gratuitement chez une mère élevant seule ses cinq filles adorables. La barrière de la langue empêche toute discussion, mais le plaisir est là, partagé. Certes, la misère règne dans ce pays mais là où elle est plus forte, les gens sont plus généreux et aident plus facilement les autres.
Pour conclure, je souhaite que mes jambes, mes épaules et ma tête tiennent bon pour que la suite soit faite de belles découvertes et que nous puissions continuer le GHT.
Thanh Nhan
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Le GHT au jour le jour : l’extrême-est
24/02/2017 : Kathmandou > Kakarvita. Après avoir passé la matinée à Pashupatinath observer le festival de Shivaratri, nous partons pour le début du GHT. A 16h, nous prenons un bus pour Kakarvitta à l’extrême sud-est du Népal. Billet à 1100 NRP/pers. Bus confortable mais TV à fond qui passe en boucle des derniers clips musicaux à la mode. Nous n’arriverons qu’à 9h30 le lendemain matin.
25/02/2017 : Kakarvitta > Tharpu. Le bus pour Kakarvitta nous débarque en réalité un peu avant. On nous dit qu’un bus partira pour Tharpu, notre destination. Effectivement, dans la cohue, vers 10h30, nous partons. Billet à 600 NRP/pers. Le conducteur est pressé mais la route est légèrement meilleure que je ne l’imaginais. Nous arrivons vers 18h alors que la nuit tombe. Logement basique, dhal-bhat et thé.
26/02/2017 : Tharpu > Phalaicha. Départ assez irréel par une journée de marche somme-toute assez inintéressante car nous allons marcher au bord d’une route non goudronnée et très peu fréquentée. Passage par Musepa (thé offert par une famille adorable), Oyam (rien de prêt à manger, y compris dhal-bhat). Nous achetons nouilles instantanées et œufs et cuisinons au réchaud devant la petite boutique. Attroupement de nombreux gamins curieux et même de quelques adultes. Malheureusement, difficile de prendre des photos, les gens sont très timides et se cachent. Longue marche le long d’une route en construction l’après-midi. Le soleil commence à décliner et le but du jour, Chyangtharpu, est encore loin, nous nous arrêtons à Phalaicha. Hébergement encore plus rudimentaire. Dhal-bhat et thé. Même pas de fruits ou de légumes à acheter au village.
27/02/2017 : Phalaicha > Lempokhari. Réveil matinal, thé et biscuits. Marche d’une demi-heure jusqu’à Chyangtharpu, finalement plus proche que prévu. Nous nous arrêtons au poste de police afin d’obtenir un permis pour passer la nuit à Phalut, côté indien. Ça prend du temps, on nous pose mille questions avant même de commencer à rédiger le papier. Nous perdons une heure en discussions inutiles. Tout de suite après, des instituteurs qui parlent anglais et qui ont traduit nos réponses aux policiers nous invitent à prendre le thé. Nous ne pouvons pas refuser. Ils nous conseillent vivement de prendre un guide, le chemin au-dessus de Lempokhari serait vraiment difficile à trouver. Nous acceptons, ils nous désignent pour les trois jours suivants un agriculteur du nom de Pratham Gotham, qui malheureusement ne parle pas un mot d’anglais. On part après avoir mangé un dernier dhal-bhat car on nous dit qu’il n’y aura rien en route. Belles vues au départ de Chyangthapu puis montée qui devient rapidement assez raide. Au total 1000m jusqu’à Lempokhari, où en réalité il n’y a rien sinon deux cabanes de bergers. Notre guide s’arrange avec le seul berger présent et ils nous proposent (par gestes, car aucun d’eux ne parle anglais) de dormir sur la paille avec eux et de partager leur nourriture. Adorable mais nos estomacs ne l’auraient pas supporté. Finalement nous cuisinons un festin de riz, oignons et pommes de terre et campons à proximité.
28/02/2017 : Lempokhari > Phalut. Réveil matinal. Difficile aussi pour Tania qui n’a jamais campé. Petit déjeuner de thé et biscuits. Ça grimpe dur, on finit par faire une pause tous les 50m. Beau paysage, mais coin totalement inhabité. Nous croisons quelques cabanes de berger isolées. A 14h, nous arrivons à la frontière indienne mais notre guide est totalement perdu. Il part vers le nord, heureusement j’ai le réflexe de demander dans ce que le guide prend pour un baraquement de l’armée : c’est le Phalut lodge qu’on cherchait ! Accueil correct, prestations plus chères car en roupies indiennes. On économise comme on peut en mangeant uniquement des nouilles instantanées. Petit à petit arrivent plusieurs groupes de marcheurs indiens bruyants et mal élevés. Nuit glaciale, altitude oblige (3450m), il gèle légèrement à l’intérieur. Au matin, aucune vue sur les sommets, on est au milieu des nuages. Déception. Je paie en USD, n’ayant pas de roupies indiennes.
01/03/2017 : Phalut > Chyangtharpu. Quelques hésitations sur le chemin à suivre. Enorme descente concentrée en une journée. On souffre. Cuisses, mollets me lâchent littéralement vers la fin. On s’arrête plusieurs fois en route. On cuisine des nouilles instantanées et on en donne au guide aussi qui n’a rien à manger. L’un de ses amis offre de nous héberger à Chyangtharpu mais sa femme semble méchante et personne ne parle anglais. On finit par trouver un hôtel misérable. La tenancière est détestable, engueule en permanence ses enfants, ne met pas dehors un client soûl qui nous emmerde et la cuisine est plus que médiocre. Décevant.
02/03/2017 : Chyangtharpu > Sablakhu Bhanjyang. Aujourd’hui adieu le guide, il faut se débrouiller seul et franchement ce n’est pas évident dans une région pleine de sentiers allant dans tous les sens. Je suis scrupuleusement le guide sur le GHT que nous avons et cela suffit à peine car en quelques années, beaucoup de changement ont eu lieu (nouveaux ponts, sentiers transformés en routes carrossables, construction de nouvelles maisons, etc.). Déjeuner camping de nouilles instantanées. On avance moins vite que je ne le voudrais et largement moins vite que ne le recommande notre guide. Nous n’arrivons pas à accorder nos violons avec Tania. Je perds patience et l’engueule, elle répond. Bref, à la difficulté physique s’ajoute la mésentente. On s’arrête à Sablakhu Bhanjyang alors que la nuit tombe presque. Il y a un mariage au village ! Atmosphère gaie. On nous propose une chambre gratuite à condition de manger sur place. On accepte. L’accueil est super chaleureux chez Suresh Kumar Tamang, dont la femme nous cuisine le meilleur dhal-bhat que nous ayons mangés depuis le début de l’aventure, et de loin !
03/03/2017 : Sablakhu Bhanjyang > Tellok. Dur de partir quand l’accueil est si gentil. Suresh Kumar nous accompagne dix minutes, le temps de nous faire sortir du village et de nous montrer la bonne direction. On atteint Limbuding sans accroche mais un peu plus loin, on se perd totalement. On descend de 200m avant de nous rendre à l’évidence : on a pris le mauvais sentier. On remonte le tout, déjeune de nouilles instantanés sur le bord du chemin et on continue. On atteint Amegudin vers 15h, on y prend un thé, on y trouve des pommes (!) et on continue vers Tellok. Le sentier entre les deux villages a été transformé en route, c’est bien moins beau mais au moins nos jambes nous remercient en cette fin de journée. Tellok est un village bâti à flanc de colline et de ce fait très étendu. Sans le savoir, et tout en bas, alors que le centre du village est encore loin, nous demandons à un vieil homme s’il existe un teahouse ou un lieu pour dormir. Ni une, ni deux, il nous dit de le suivre et il nous emmène chez lui. Son fils et sa femme parlent un peu anglais et nous cuisinent un merveilleux dhal-bhat. Encore un accueil tellement chaleureux où l’on ne parle pas d’argent et où le matin la famille refuse que nous payons la chambre !
04/03/2017 : Tellok > Orakpa. Une journée pas trop difficile aujourd’hui. Deux bonnes heures de montée puis une plus tranquille et nous sommes à Sinchepu Bhanjyang. Très peu après, nous arrivons au grand village de Kande Bhanjyang et déjeunons d’un dhal-bhat. Au vue du prix demandé, ainsi que de la manière dont on nous parle, nous sentons que les gens du village ont vu quelques touristes avant nous ! Effectivement, le village est une étape peu fréquentée du Kanchenjunga Base Camp Trek. L’après-midi, nous marchons assez longtemps avant d’arriver à Orakpa, un village bien plus petit que nous ne le pensions. Après de multiples questions, nous finissons par être hébergés par une mère qui élève seule ses cinq enfants ! Malheureusement, elle ne parle pas un mot d’anglais et l’échange est très limité. Les enfants dorment par terre, le dhal-bhat qu’elle nous sert est très très simple, mais offert avec tant de sincérité que cela compense tout.
05/03/2017 : Orakpa > Thulo Phedi. Aujourd’hui est une journée difficile. 1400m de montée nous attendent. Le lecteur ne se rend peut-être pas compte, mais il s’agit de l’équivalent de quatre tours Eiffel superposées. On trouve facilement le chemin pour quitter Orakpa (qui est très étendu et à flanc de montagne aussi). La ascension vers Thulo Phedi est difficile, ça monte fort et le sentier est franchement mauvais. De plus, le versant de la montagne que l’on grimpe a été brûlé, ce qui rajoute la laideur à la difficulté. On se perd plusieurs fois plus au nord lorsque le peu de forêt qui reste s’ouvre pour laisser place à des prairies rases. Vers les 2700m, alors que je ne vois plus trace du sentier et inquiet, je commence à tourner en rond, Tania le retrouve, ouf ! Tenaillés par la faim, nous arrivons au village de Kaplephati, mangeons rapidement et reprenons l’ascension vers Phedi. C’est un sentier très aménagé (et malheureusement jonché de détritus) qui nous attend car c’est la route du pèlerinage vers le temple de Patibhara, connu dans toute la région. D’ailleurs, une fois arrivé à Phedi, nous devons utiliser tous nos talents de négociateurs pour obtenir une chambre et deux dhal-bhat à prix normaux.
06/03/2017: Thulo Phedi > Patibhara Temple > Taplejung. Nous nous réveillons très tôt car une longue journée nous attend. Le temps est magnifique et je sens que je vais enfin voir le Kanchenjunga aujourd’hui (après trois tentatives ratées où il se cachait derrière les nuages). Les 600m de montée se font rapidement car nous avons laissé nos sacs au village et à 8h du matin, nous sommes au temple. Effectivement, la vue est à couper le souffle. Quasiment 360° et des sommets en pagaille, Makalu et Kanchenjunga en premier. Le temple en lui-même est décevant (il s’agit ni plus, ni moins que de quelques statues et de quelques cloches entourées de fils et de drapeaux). Vu le froid qu’il fait à cette altitude (3755m), nous descendons rapidement à Phedi, récupérons le sac et continuons notre descente vers Taplejung (1800m). Après avoir englouti quelques nouilles instantanées faute de mieux, nous arrivons à Sukhetar (2400m) où se situe l’aérodrome de Taplejung. Une route fait les 600m qui nous séparent de Taplejung en plusieurs kilomètres de boucles, nous essayons de trouver des raccourcis, y arrivons qu’une fois sur deux et perdons beaucoup de temps. Heureusement, c’est de la descente ! Taplejung est très étendu, nous finissons quand même par trouver le meilleur hôtel de la petite ville qui nous offre une douche chaude amplement méritée après ces neuf jours sans se laver, ainsi qu’une connexion wifi et une excellente nourriture.
Si je devais faire un résumé de ces neuf premiers jours, je dirai que notre forme physique n’est quand même pas si mauvaise pour les conditions dans lesquelles nous réalisons ce défi. Ce qui en revanche est beaucoup plus difficile que prévu, c’est de trouver son chemin. Jusqu’à présent j’avais fait les treks du Langtang-Helambu, Annapurna Circuit et en partie Everest Base Camp et à chaque fois l’orientation était facile. Ici nous sommes totalement en dehors des sentiers battus et parfois ceux-ci sont à peine visibles. L’accueil des népalais, et surtout de ceux qui ne voient pas de touristes est à mon sens le meilleur au monde. Et sans même parler des paysages, ou du sentiment d’accomplissement que me procure le trek, cela suffit amplement à le rendre plus qu’agréable.
Abidin
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Katmandou, bien aimée
Katmandou, étape incontournable des hippies où tant de jeunes et moins jeunes se sont arrêtés pour un temps, perdus pour longtemps et quelques-uns pour toujours. Katmandou, point de passage et parfois de rencontre des alpinistes les plus chevronnés, comme des trekkeurs d’un jour. Katmandou, joyau de l’Asie, seule ville dans le monde où je retourne pour la quatrième fois d’affilée sans une once d’ennui. Nous voilà donc arrivés à une étape clé de notre voyage. J’attendais ce moment depuis de longs mois. Malade, encore à l’hôpital, fin octobre, lorsque je commençais à imaginer ce périple, je redoutais de ne plus avoir la force de fouler cette terre népalaise tant aimée. Cette terre qui m’a tant agacée parfois, mais que m’a tellement inspirée surtout. Voilà qui est fait. Alors oui, l’aventure ne fait que commencer me diriez-vous. C’est tout à fait vrai. Mais le fait d’être arrivés jusqu’ici constitue pour moi une belle victoire.
Nous avons retrouvé la Katmandou que je connais, sale et bruyante, pauvre et misérable sans doute ; mais surtout pleine de vie, intemporelle, tellement indifférente au monde et au temps qui passe. Thamel et mes gargotes favorites, le Yangling, le Momo Star ou le Kathmandu Kitchen ; Durbar Square et ses temples ravagés par le tremblement de terre mais toujours là, au pied desquels les marchandes ambulantes vendent fruits et légumes ; Bouddhanath et ses moines venus des quatre coins du monde tibétain prier avec tant de ferveur. Bien sûr, j’y retrouve aussi la bureaucratie népalaise qui n’a d’égal que l’indienne, le trafic et la poussière dont on ne peut limiter l’ingestion qu’en portant un masque chirurgical, et puis les enfants des rues, malheureusement toujours aussi nombreux.
Mais revenons à ce qui m’attire tellement : le Népal bouddhiste. Nous rentrons de Bouddhanath et je viens encore d’y vivre un merveilleux moment. Ecouter les moines prier au grand monastère qui fait face au stûpa me donne des frissons et m’apaise en même temps. Je m’abandonne dans la méditation et si ce n’est l’envie de prendre quelques photos et puis la fin de la cérémonie, je crois que j’y serais encore. J’observe ces moines, surtout les plus jeunes et je vois de la joie émaner de leur visage. Ils ne se formalisent pas, chuchotent, amènent des bouteilles d’eau aux plus anciens, récupèrent les vides, parfois arrivent en retard de plusieurs minutes ; le tout alors que la prière a déjà commencé. Ça pourrait passer pour de l’insolence. Mais non, au contraire. Cela apporte fraicheur et légèreté à la cérémonie, qui n’en est pas moins sérieuse et empreinte d’émotion. A la sortie, dans une construction en pierres, d’une seule pièce, brulent des centaines de bougies cote à cote. Un moine les allume une par une et alors que la chaleur à l’intérieur est intense, il continue, comme s’il ne la ressentait même pas, plongé dans une réflexion que rien ne vient perturber. C’est tellement photogénique mais j’ose à peine troubler la quiétude et prendre quelques photos sur la pointe des pieds. Plus loin, des petits magasins vendent de la musique tibétaine. Après qu’une jeune fille gentille et patiente nous ait fait écouter plusieurs CDs, je craque et en achète trois. Uniquement des voix de femmes, introuvables en France. Après un dernier thé, nous quittons l’endroit, pour ma part aussi revigoré que si je sortais d’une semaine de repos et plus motivé que si je sortais d’un meeting politique. J’en avais vraiment besoin car le matin même j’ai fait une crise d’allergie aussi sévère que soudaine, après avoir mangé une pâtisserie probablement contaminée par du beurre d’arachide. Plié en deux par la douleur, arrivant à peine à respirer, je gonflais à vue d’œil. Il a fallu la présence amoureuse de Tania et une demi-journée pour aller mieux.
Mais Katmandou est aussi et avant tout hindouiste et aujourd’hui était jour férié officiel pour tous et sacré pour les hindous. C’est en effet Maha Shivaratri, célébration de Shiva, dieu hindou da la destruction, mais aussi de la création, dans un complexe mélange. Le lieu le plus sacré pour les hindous à Katmandou est Pashupatinath. Un temple en l’honneur de Shiva et des plateformes au pied de la Bagmati, qui se jette dans le Gange, où l’on brûle les corps des morts. C’est donc tout naturellement que nous venons d’y passer la matinée, entouré par des milliers de pèlerins, attendant pour certains depuis des heures dans une file d’attente qui s’étire sur un kilomètre dans le quartier et qu’encadrent des volontaires ainsi que la police antiémeute. Il est fascinant d’observer ces jeunes et ces vieux, ces femmes et ces hommes, ces estropiés et ces valides, ces riches et ces pauvres faisant la queue calmement en plein cagnard. Leur dévotion est palpable dans les prières qui redoublent à l’approche du temple de Shiva lui-même et dans lequel malheureusement les non hindous ne sont pas admis. Nous observons les saddhus, ces hommes de jaune vêtus, aux visages couverts de cendre en l’honneur de Shiva et qui ne possèdent rien, vivant de ce que les gens leur offrent. Certains cherchent à obtenir de l’argent contre une photo mais la plupart paraissent sincères dans leur foi et leur dénuement. Nous quittons ce lieu magique à pieds et rentrons à Thamel dans une ville qui célèbre le plus paradoxal de ses dieux et vit au ralenti durant toute une journée.
Dans moins de deux heures nous allons prendre le bus pour Kakarvitta, à l’extrême est du Népal. Il s’agira de faire entre quinze et vingt heures de route avant d’enchainer par une dizaine d’heures de jeep publique vers le point de départ de notre aventure, le Himalayan Great Trail. Il serait faux et illusoire de vous dire que je n’appréhende pas cette longue marche. Et ma moitié encore davantage. Ceci étant dit, je le vis avec philosophie et un certain détachement. Le voyage est en lui-même un cheminement, indépendant du but poursuivi. Si en plus ce but pouvait être atteint, j’en serais le premier ravi.
Abidin
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