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lesperlescachees · 1 year
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Écriture et dépression
Donna Tartt écrivait dans le Chardonneret : "Si la souffrance rend noble, alors lui c'est un prince"
La souffrance est une esthétique bien connue et popularisée dans le monde artistique et notamment la sphère littéraire. Les chansons d'amour triste, les tragédies antique dépeignant la tristesse et la difficulté de l'existence, les courants philosophiques...
Bref, souffrir c'est stylé.
Écrire sur cette souffrance, ça l'est encore plus. J'ai en tête de file Baudelaire et ses Fleurs du mal qui dépeint la beauté dans l'horreur.
Depuis la nuit des temps, les écrivains utilisent leur vécu et puisent en eux pour produire des textes géniaux ou juste horribles (dans le bon sens du terme). Qui n'a jamais rêvé de l'écrivain torturé qui écrit à la lueur de sa bougie sur son bureau tout en se lamentant sur son existence ?
Qui n'a jamais rêvé que son mal être serve son génie ?
Car il faut bien l'admettre, si l'écriture est un exutoire pour certains, la course à la productivité et la qualité devient presque une raison d'être pour d'autre. Le défouloir vient justifier une obsession, il devient un prétexte.
C'est pour ça qu'aujourd'hui je viens discuter de dépression et d'écriture en abordant l'angle de la romantisation de la souffrance.
Un jour, quelqu'un m'a dit "Si tu fais de l'art, alors tu es un artiste". Quand j'y repense, cette phrase parait si simple mais a réussi à désamorcer en moi les nombreuses heures et journées passées à douter de moi-même et de ma légitimité à être une autrice, une écrivaine, une artiste.
Parce que finalement, peut-être qu'il ne suffit que de produire et de faire pour être, n'est-ce pas ?
Ou peut-être que non.
Peut-être que pour être un artiste, se considérer comme tel, il faut pratiquer un art et le pratiquer bien. Et finalement, savoir si on écrit "bien" ou "mal" dépend de beaucoup de critères extérieurs aux notres.
Le piège, quand on fait de l'art et que l'on ne va pas bien, c'est que l'on essaye de maintenir cet état pour continuer à produire quelque chose que l'on considère comme "bon".
J'aime imaginer la dépression comme un monstre qui se nourrit toujours plus de nos idées noires, de nos insécurités, de notre mal-être. Plus cette bête grandit, plus elle est capable de partager avec nous ce qu'elle consomme pour grandir, nous obligeant à la nourrir toujours plus.
On va mal alors on ne sort pas, mais il faudrait sortir pour aller mieux mais on n'a pas la force de le faire alors... Le cycle continue.
Tout ce que je dis relève de la métaphore, je sais bien évidemment que la dépression est une maladie capable de revêtir bien des aspects selon les périodes et les personnes.
Quand on est plus bas que terre, que rien n'est capable de nous rendre heureux, que plus rien n'a de goût, l'écriture peut représenter un phare dans une mer de ténèbres. La seule lumière, le seul plaisir que cette maladie est capable de nous accorder.
Mais peut-être que écrire n'aide pas autant que ça.
Peut-être que oui, ça aide à se changer les idées, à faire quelque chose quand la seule action que tu peux effectuer dans tes pires jours c sortir de ton lit pour aller aux toilettes et effectivement mettre ses pensées sur papier permet de s'en décharger un peu mais écrire c'est aussi une discipline que l'on peut s'imposer pour produire quelque chose.
On parle souvent de l'impact et l'effet que certaines lectures peuvent avoir sur le lecteur mais pas assez de ce que les écrits peuvent faire à son auteur.
Quand les seules choses que l'on arrive à écrire est à l'image de notre état mental, on finit par se dire que c'est finalement la seule manière possible de pondre quelque chose de potable.
Quand on se dit que la beauté de nos mots ne réside que dans le mal-être que l'on décrit alors on se force à rester dedans pour écrire toujours plus de "belles choses", de bons textes.
J'imagine que le terme "se forcer" semble un petit peu fort mais pour moi, c'est l'un des seuls capable de décrire le plus fidèlement ce processus.
Je sais bien qu'il est plus facile de se replonger dans son mal être qui, en étant quotidien, ressemble presque à une couverture chaude dans laquelle on se blottit en hiver. Et ici, je ne parle pas de complaisance mais plus, une recherche de bien être dans le malheur.
Écrire fait du bien, on se sent enfin utile, on arrive enfin à faire quelque chose alors même si pour ça il faut maintenir un état psychologique difficile, c'est un petit prix à payer en comparaison à tout le reste que cela apporte.
Si on reprend la citation du Chardonneret, les écrivains sont des membres éminents d'une noblesse tourmentée.
Sans que l'on s'en rende compte, la dépression et ses idées sombres viennent teinter chaque parcelle de notre créativité, s'imprègne dans les détails de nos écrits. Et c'est beau, certains auteurs basent tout leur ouvrage dessus.
Mais est-ce réellement nécessaire ? Est-ce réellement sain ? Les écrivains sont-ils réellement des êtres voués à exposer leur souffrance d'une manière géniale ?
Doit-on produire ou être un génie pour être auteur ?
"Si tu fais de l'art, alors tu es un artiste"
Il ne s'agit que de ça. À bas la "qualité", à bas le mot, le pertinent, l'inédit. À bas la sécurité de produire quelque chose qui ne sort pas des sentiers battus par peur, à bas l'envie de produire quelque chose de triste parce que sinon, on n'écrit juste pas.
Mes adelphes écrivains, mes scribouillards préférés, mes artistes incompris. Soyez indulgent avec vous-même et autorisez vous l'échec, le moche, le rien. Car tout ceci fait partie de vous et vous êtes des artistes.
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lesperlescachees · 1 year
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Les violences sexuelles dans les fanfics ou "Slutshaming" et la graine plantée dans mon esprit (partie 1)
Quand j'avais 12 ans, je lisais beaucoup (trop) de fanfics en rating M avec des scènes de sexe.
C'était le mélange de la curiosité, l'éveil de ma sexualité et surtout le goût de l'interdit qui m'encourageait à lire ces choses là. Le monde de la fanfiction était si vaste et les possibilités infinies ; je n'en n'avais jamais assez.
Le problème quand notre référence en terme de sexualité c'est des oeuvres de fiction (fanfic inclu) c'est qu'on a une image très très éloignée de la réalité.
De plus, les médias consommés véhiculent allègrement des clichés, idéologies et autres propagande du blantriarcat qui prédomine dans notre société.
Dans le cas de la fanfiction, ce qui est intéressant c'est que c'est l'un des espaces où l'on retrouvera une majorité de représentations homosexuelle mais écrit par (majoritairement) des femmes cis victimes de ce patriarcat qui vont perpétuer dans leurs écrits leur sexisme intériorisé.
Ici, la culture du viol.
Quand j'avais 12 ans, je ne savais pas ce que c'était la culture du viol. Mes représentations de la sexualité et de l'acte sexuelle et tout ce qui l'entoure étaient problématiques mais je n'en n'avais pas conscience.
Un garçon qui embrasse une fille par surprise, dans les animes shojos que je consommais, c'était le haut niveau de la romance, l'original ennemies to lovers. Le consentement ? Qu'est-ce que c'est ?
Bref, j'avais 12 ans.
(ça reste néanmoins très problématique je l'entends bien)
Ce genre de représentations étaient déjà très présentes à l'époque, que ce soit dans les séries, les animes, les livres et j'en passe. Je ne saurais réellement dire si les choses ont changé ou si j'ai grandis alors je m'en rend compte et je tente de le combattre, mais c'était quelque chose de très présent à l'époque.
C'était même un trope récurrent dans certains yaoi (coucou junjou romantica) et fanfictions.
Alors imaginez ma surprise quand un jour, je tombe sur une fanfic qui a planté la première graine de prise de conscience dans mon esprit.
Slutshaming est une fanfiction que j'ai lu sur fanfiction.net sur le fandom de Katekyo Hitman Reborn (allez voir cet anime).
Elle raconte l'histoire de Gokudera Hayato (un des perso principaux de l'anime) qui après une soirée se fait agresser sexuellement par Yamamoto Takeshi et les conséquences de cet évènements.
Déjà, le titre donne une petite idée de ce dont va parler la fic mais à l'époque, l'anglais et moi c'était une histoire de haine et j'ai traduis dans google trad le titre. Ce qui a donné quelque chose comme "la honte de la salope".
Evidemment, je n'avais rien compris à ce que ça voulait dire et pendant longtemps, j'y ai réfléchis sans savoir.
Slutshaming est une des rares fics à l'époque qui avait réussi à poser en moi un sentiment de profond malaise et d'injustice sans que je réussisse à mettre le doigt sur pourquoi je ressentais ça.
Pourquoi en lisant ces lignes, je me sentais triste ? Ecœurée par l'attitude des autres personnages ? Honteuse parfois ?
Cette fanfic m'a fait pour la première fois posé la question : " Mais est-ce que c'est mal de faire ça ?" quand avant je ne m'en souciais pas le moins du monde.
Imaginez un peu, à l'époque le paysage c'était de la culture du viol, des lemons mal écrits avec du bullshit sur du bdsm et de la fétichisation de couple gay et puis la BOUM. Une vraie remise en question.
Sans pointer du doigt ou dire explicitement "ça c'est bien parce que blablabla, ça c'est mal parce que blablabla". Juste, une histoire avec des personnages qui agissent et les conséquences de leurs agissements.
J'avais 12 ans alors je n'ai pas compris.
La seule chose que j'ai retenu au sujet de cette fic à l'époque c'est tout ce qu'elle m'a fait ressentir mais je n'aurais pas été capable de dire si elle était bonne, mauvaise, si je l'ai appréciée ou pas.
Aujourd'hui, avec du recul et en la relisant, je vois les fautes d'orthographe, la chronologie mal respectée, les évènements peu décrits et trop rapides, les personnages OOC...
Mais encore une fois, à l'époque c'était un ovni.
J'ai beaucoup réfléchis à cette fanfic. Je l'ai lu et relu pendant des mois sans comprendre et puis comme tout, j'ai fini par lâcher l'affaire et poser tout ça dans un coin poussiéreux de mon esprit.
Et puis un jour j'ai eu 17 ans, je me suis intéressée aux luttes féministes, au patriarcat...
Et à la culture du viol.
Je me suis dis : "Tiens, mais ça me fait penser à cette fanfic là...".
Ce fut l'illumination que j'ai attendue pendant si longtemps, d'un seul coup j'ai compris ce que j'avais lu.
Ca m'a fait bizarre de prendre du recul et de réaliser à quel point c'était la merde avant pour que cette fic vienne chambouler autant ma perception des choses.
Et je pense que c'est parce que c'est la merde que j'ai eu envie d'écrire Deep Sea Baby, de planter des graines dans le cerveau de jeunes filles qui comme moi, n'ont pas compris mais savaient au fond qu'il se passait quelque chose d'anormal.
La magie des fanfictions c'est la manière dont de parfaits inconnus peuvent absolument changer votre perception du monde.
Je crois que je serais à jamais reconnaissante envers cette inconnue qui a planté une graine de quelque chose en moi qui va se transformer en féminisme.
Le plus génial dans tout ça ? C'est que ce n'était que la première.
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lesperlescachees · 1 year
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Mes lectures du moment
Bonsoir à toi, explorateur !
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Aujourd'hui pour inaugurer le premier vrai post du blog, je t'offre une petite sélection de mes lectures du moment, en cours ou terminées. N'hésite pas à aller jeter un coup d'oeil !
Malheureusement, toutes les fics sont en anglais car c'est désormais la langue que je lis le plus au niveau des fanfics, néanmoins, je n'abandonnerais JAMAIS ma francophonie bien aimée !
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Catch Your Own Happiness, truelovetaesawhile (MCU, Spider-Man)
Je lis cet UA depuis ses premiers chapitres et j'attends toujours avec autant d'impatience chaque nouvel update !
HYDRA!Peter est le genre d'UA que je préfère mais si on ajoute à ça le Irondad, Spiderson found family habituel là, on m'a perdue je vous le dis.
Une bonne fic plutôt sympathique qui explore avec pertinence les traumatismes d'un Peter enlevé par HYDRA et qui essaye de s'adapter au monde normal.
J'apprécie également le fait qu'il ai plus de caractéristiques d'araignées et liées à ses pouvoirs que d'habitude, c'est le genre de détail qui me plait beaucoup.
Tooth and Claw, BrickSheep (DC, Batman)
Cette fanfic est mon petit rayon de fluff et de soleil régulier.
Damian en forme de petit dragon est si adorable et l'amour que lui porte sa famille fait complètement fondre mon cœur. En plus de ça, le lore autour de cette fanfic se développe au fur et à mesure des chapitres et on peut doucement voir se dessiner une sorte d'UA fantasy super intéressant mais peu exploré car on observe tout sous le regard d'enfant de Damian.
Bref, du fluff, du love, de la mignonnerie, j'adore.
Glass, succeeding (DC, Batman)
ALORS CA ! Cette série de fics mérite sa propre chronique parce que c'est très sérieusement la série par laquelle je suis le plus obsédée depuis ces deux derniers mois.
ATTENTION !
On parle de thèmes très durs comme les abus sexuels, la dépression, tentative de suicide, santé mentale, relation abusives, mutilations etc. C'est vraiment un très gros dossier je vais pas mentir, j'ai eu souvent du mal à lire d'un seul coup certains chapitres.
J'ai aussi pleuré.
Mais si j'adore cette série de fics c'est principalement pour sa violence et sa justesse. On n'a pas juste des descriptions graphiques de traumas, non. Ici, on est totalement plongés dans la psyché du perso principal qui a subis des abus et qui montre absolument tous les aspects et les conséquences de ce genre de violences.
C'est très explicite, on a beaucoup de dialogues internes, un narrateur parfois peu fiable ce qui montre super bien l'instabilité de son état mental, mais tout est écrit avec une justesse et une finesse si parfaite que c'en est passionnant.
J'en dirais plus dans ma chronique spéciale pour cette série.
C'était mes lectures du moment à la prochaine !
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lesperlescachees · 1 year
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Présentation
Bonjour, bonsoir à toi vagabond.e ! Bienvenue sur Les perles cachées, un petit blog où on parle de fanfictions, de littérature et d'autres trésors cachés sur les contrées inexplorées d'Internet.
Je suis Jendho et je serais ton guide tout le long de cette merveilleuse aventure. Au programme, recommandations, analyses, écriture, essais et autres critiques qui ont pour objectifs de mettre en lumières les outsiders, les histoires dont on ne parle jamais et qui ne sont connues que par les connaisseurs.
Je te souhaite une bonne aventure !
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lesperlescachees · 1 year
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lesperlescachees · 1 year
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lesperlescachees · 1 year
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