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tayebot · 2 years
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Neuf ans — La Nueva Frida
C’est presque officiel : ton anniversaire tourne à la fête nationale, c’est juste que la plupart de nos concitoyens n’en ont pas encore conscience. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent. Cette année, Paris nous accueillit pour tes célébrations. Des ballons multicolores métallisés furent gonflés dans un appartement de la rue Saint-Denis, là où les Sexy Shop, Love Hotel, Peep-Shows et autres lieux de perdition titillèrent ta curiosité et celle de ton frère, provoquant moult gloussements de complicité fraternelle avant de vous servir de points de repère.
— C’est quoi un « peep show », en fait ? me demandas-tu.
— C’est une dame nue qui danse devant toi. C’est comme une démonstration.
— Et pourquoi tu n’y vas pas ?
— Je n’ai plus besoin de démonstration.
Ballons multicolores métallisés, donc, et gâteau parisien tout à fait hors de prix en forme de tête de la créature de Frankenstein pour cet anniversaire en escapade de Toussaint. La visite du château de Versailles te gonfla passablement et je ne saurais t’en blâmer, tant la scénographie et l’audioguide sont datés et, pour tout dire, un peu chiants. Le parcours des jardins s’effectua en voiturette de golf. Ce fut la semaine où nous ne te (nous) refusions rien.
En point d’orgue, bien sûr, Disneyland Paris et le train de la mine, que nous empruntâmes deux fois, non sans des files d’attente foncièrement exagérées. Tu succombas, dans l’une des boutiques, à un coup de foudre : une combinaison intégrale roi lion — ta mère m’apprit alors qu’une tenue similaire se trouvait aussi chez nous, sur le thème Minecraft — assortie avec une cagoule aux oreilles (de lion) mobiles, actionnées par des pressions sur les pattes (de lion) pendantes. Assistons-nous à tes premiers pas dans la communauté furry ? Il n’est jamais trop tôt pour que je m’inquiète et ta petite propension à t’inventer de nouvelles angoisses hypocondriaques au moindre pet de travers me transforme malgré moi en père hélicoptère. À Disneyland Paris, la question primordiale de la compensation se devait d’être réglée. Il s’agissait de t’accorder une contrepartie acceptable à l’obtention prochaine d’un téléphone portable par ton frère pour Noël, soit trois mois avant la date officielle de ses douze ans, âge minimal décrété par ta mère et moi il y a bien longtemps, quand la perspective nous semblait tellement lointaine, si nous avions su que jamais vous ne l’oublieriez, cet âge fatidique pour posséder un smartphone, nous l’aurions établi à vingt-cinq ans.
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La « compensation » était devenue le sujet majeur de toutes nos discussions familiales depuis septembre. Tu le remettais sans relâche sur la table, bien trop maline pour formuler une proposition, en cela tu tiens de ton oncle : le premier qui lâche un chiffre a perdu. L’optimiste patient que je suis ne doutait pas que Disneyland ouvrirait un vaste champ de possibilités et mes espérances furent comblées : tu succombas à la tentation d’une peluche Stitch quasi plus grande que toi pour laquelle ton frère offrit spontanément de renoncer à son cadeau souvenir de chez Mickey. La magie Disney opéra et c’est ainsi que l’on compensa.
Quand nous ne célébrons pas ton anniversaire, je t’emmène une fois par semaine faire de l’escalade, dans une salle de blocs qui pue raisonnablement les pieds, où l’on peut grimper sans harnais ni courroie. Tu tentes les voies en ayant l’autorisation officielle du gérant d’utiliser toutes les prises disponibles, en raison de ta taille, afin de t’amuser avant tout. Je pratique un peu, malgré mon vertige, mon absence totale de souplesse et mes tendinites à chaque coude. Les alpinistes d’intérieur, gaulés comme des finalistes de Koh Lanta, se meuvent de préférence torse nu, à la manière de fauves nonchalants et tu te fiches de moi qui rentre mon ventre autant que possible. Il y a aussi beaucoup de jeunes femmes en débardeur, joliment musclées, autant de modèles pour te démontrer que les filles peuvent faire exactement tout ce qu’elles veulent et moi, j’aime bien regarder les filles en débardeurs qui peuvent faire exactement tout ce qu’elles veulent.
Nous nous chamaillons sur ton port permanent du survêt' et tu prétends me faire une faveur, parfois, en acceptant d’enfiler un jean. À t’entendre, tu aurais cours de sport tous les jours dans cette école de hippies où tu t’épanouis, mais j’ai vérifié, c’est le mardi et le jeudi une semaine sur deux. Ton meilleur ami s’appelle Alexandre, le deuxième s’appelle Alex, c’est important de ne pas les confondre. L’amour de ta vie est notre chien, Kamitche, que tu appelles « bébé » et que tu trouves « trop choute » même si tu pourrais la promener davantage.
Tu viens de terminer la série manga « Splatoon » et tu entames, enfin, Harry Potter, entre deux vidéos YouTube, trois parties de Minecraft et je ne sais quelles activités sur Roblox. Hier, tu me demandais si le cannabis poussait dans la forêt de nos balades dominicales, ce qui augura d’une plaisante conversation sur ta compréhension des drogues, de leurs effets et de leur éventuelle prohibition. Ta curiosité ne s’émousse pas, ce qui est une bonne chose. Quant à tes aspérités, dont je souligne chaque année à quel point elles te caractérisent depuis toujours, certaines demeurent bien aiguisées, d’autres masquent des angoisses sur lesquelles je m’interroge. Une amie chère me suggéra que tu pensais sans doute en arborescence, c’est-à-dire par association d’idées, et le doute s’imposa à moi : existait-il seulement d’autres manières de réfléchir ?
Tes associations d’idées spontanées nourrissent le besoin curieux de faire des phrases, de m’informer que, « techniquement, notre véhicule se trouve sous les frondaisons » quand je gare la voiture sous un arbre, dans la rue, d’énoncer tes premières opinions sur l’ordre du monde et la courtoisie. Tu es l’opposée de ton frère en matière de rangement et d’organisation, ta valise est toujours prête trois jours avant le moindre de nos départs.
Nous jouons encore à des jeux de société : le Monopoly dans ses versions Star Wars ou Mario Kart, Zombie Teens (suite de l’excellent Zombie Kids) et il t’arrive même, une ou deux fois par an, de ne pas claquer la porte lorsque tu perds une partie. Le ton monte parfois un peu vite entre nous, nous pâtissons de la difficulté à gérer nos impatiences. J’aimerais tant t’inculquer cette désinvolture existentielle dont je suis hélas trop dépourvu et que j’appelle de mes vœux depuis toujours. Ton père, c’est pas Edouard Baer, on ne peut pas tout avoir.
Tu ne crois plus au Père Noël, malgré mes efforts, et cela t’agace que je continue de faire comme si. Cet appétit de grandir qui te tenaille me remémore mes propres poussées de croissance. À ton âge, je courrais derrière une fratrie plus âgée impossible à rattraper. Je voudrais freiner cet élan, pour que tu puisses un peu te complaire dans cette enfance bienveillante, que les câlins et les bisous demeurent nos monnaies d’échange, que l’insouciance des moments silencieux passés ensemble dure encore et encore.
La Nueva Frida a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans (mais je n’ai rien posté), sept ans, huit ans.
Le Nuevo Che a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans, huit ans, neuf ans (mais je n’ai rien posté), dix ans, onze ans.
Le FILF a eu quarante-cinq ans et il a auto-publié un premier roman que la Nueva Frida vous recommande chaudement:
au format Kindle
au format broché
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tayebot · 3 years
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Onze ans - Le Nuevo Che
Le dernier soir de tes dix ans, alors que je venais te donner le bisou du dodo, et avant d'aller livrer une cargaison de chatouilles commandée par ta sœur dans la chambre d'à côté, je t'ai informé que je comptais te congeler pendant la nuit, pour que tu aies dix ans toute ta vie. J'ai promis de te sortir du congélateur une fois par mois pour une partie de FIFA, d'Assassin Creed Origin ou de Hitman 3.
— Il faut juste que j'achète un plus grand four micro-ondes, pour te réchauffer plus rapidement, ai-je prononcé sur un ton pensif.
— Nul, as-tu juste rétorqué.
Tu grandis trop vite. Mes blagues de daron ne fonctionnent plus autant qu'avant. Heureusement, et à ma grande satisfaction, elles provoquent encore le doute, parfois, et j'entends alors, souvent en provenance du continent de la banquette arrière, l'interrogation existentialiste qui me mets en joie, de ta voix de petit gars : "C'est vrai papa ?".
Tu grandis trop vite, je persiste. D'autant qu'on nous vole un peu ces années sans hormones et sans crises. Je voudrais que tous les soirs des trente prochaines années tu me demandes un câlin à l'heure du coucher.
Tu poursuis le tennis les mercredi après-midi et tu as ajouté le ping-pong le samedi matin. Tu es fier parce que le prof t'a félicité pour tes appuis de revers. Tu veux une nouvelle "palette" — tout aussi fier de nous apprendre qu'on ne dit pas "raquette" pour le tennis de table. Evidemment, tu insistes pour que nous acquérions une table de ping pong, dommage que notre maison de ville ne soit pas assez large pour qu'elle puisse y entrer. Tu n'as pas le sens des proportions. Tu dessines des plans sur papier quadrillé, tu découpes des formes en papier pour me démontrer qu'un trampoline, un jacuzzi et une table de ping-pong tiendraient dans le confetti qui nous tient lieu de jardin. Tu commences à maîtriser les conjugaisons, du plus-que-parfait au futur antérieur, tout en refusant de faire tes devoirs sans moi, histoire que je te confirme les terminaisons. Tu hais les -ai, les -ais, les -ait et les -aient. Ton école de hippies a choisi le thème de la défense (au sens large) pour traverser cette année COVID. Tu as visité le Palais de Justice de Bruxelles (en travaux depuis 1984), rencontré en classe un avocat puis un repris de justice. Tu me transmets ses conseils pour survivre en zonzon. Depuis trois semaines, tu dissèques des cœurs de bœufs parce que ton instit' est fils de boucher. Il y a longtemps que j'ai abandonné l'idée d'appréhender la logique du fil pédagogique de cette école.
Tu t'es enfin mis à lire. Des mangas. Je t'accompagne sur Naruto, pour que nous ayons des lectures communes, des discussions sur les enjeux et les héros. Tu as quarante volumes d'avance sur moi, et tu en dévores deux par jour, si on te laisse faire. Et, oui, on te laisse lire tout ton saoul pour que jamais tu n'entendes ce que ma mère me lançait en râlant: "tu lis trop !".
Tu as souhaité un kit de crayons pour apprendre à dessiner comme un mangaka mais je doute un peu de ton assiduité comme de ta persévérance. Tu me ressembles, curieux de tout, embrasé par des passions aussi subites que brèves, fainéant, aussi, comme je le suis toujours. Gentil avant tout.
Pendant le premier confinement, alors que les écoles étaient fermées, les nouveaux apprentissages suspendus et que ta sœur et toi passiez vos journées dans le parc le moins surveillé du quartier, tu as, dans des circonstances qui demeurent mystérieuses, traversé une lucarne en plexiglas et chuté de plus de deux mètres dans les sous-sols d'une école primaire pour atterrir sur les fesses. Deux policiers appelés en renfort, armés de la grande échelle du concierge, t'ont permis de ressortir. Plutôt sympas, ils nous ont emmené aux urgences dans leur voiture de patrouille, sans enclencher, hélas, ni les sirènes, ni le gyrophare. On pouffait, toi et moi, à l'arrière, parce que tu avais marché dans une crotte de chien — le parc le moins surveillé du quartier étant, en toute logique, celui où les maîtres ramassent le moins les déjections de leur clébard — et que ça sentait très très fort le caca de chien dans la voiture. L'hypocondriaque en moi se taisait, je me répétais in petto qu'il s'agissait d'un vrai moment entre père et fils. La doctoresse de garde nous a joliment enguirlandé, les keufs et moi, parce que nous n'avions pas appelé les pompiers et que personne n'avait sécurisé ta nuque. Deux heures d'examens, de prises de sang et de radio pour conclure que tu avais eu une chance de pendu. Tu n'as jamais rien lâché sur le pourquoi du comment de cette chute, si c'était un défi entre gosses du parc (comme nous le croyons) ou un malencontreux faux pas depuis la rambarde à trois mètres de là (comme tu voulus m'en convaincre).
Cette saloperie de COVID nous priva de nos vacances chez les Hobbits et de la *République éphémère indépendante des enfants* que tu décrètes chaque été avec tes cousins et cousines du côté de ta mère. Plus d'un an sans les voir. A la place, nous passâmes tous les deux des heures infinies dans l'univers de Red Dead Redemption II. J'y pris un plaisir immense, multipliant les défis annexes du jeu pour ralentir ma progression et ne pas le terminer trop vite, tandis que tu te concentrais sur les quêtes principales. Nous discutions de nos aventures de hors-la-loi vieillissant dans l'Ouest américain de moins en moins sauvage, des mérites des différents chevaux, des personnages, des flingues et des défis. Tu me donnais tes trucs et tes astuces pour que je progresse plus vite. Nous nous retrouvons maintenant sur Assassin's Creed Origin.
Les fous rires dont je me souviens, à ton âge, en écoutant les cassettes de Coluche ou Thierry Le Luron piquées à mes frères, tu les vis sur You Tube en regardant les sketches d'Artus et consort. Pour pallier l'interruption de nos sorties ciné, et après avoir épuisé les épisodes du Mandalorien, nous avons regardé ensemble Tenet. Tu as adoré, comme moi, sans tout comprendre. Nous avons en commun cette sympathique fainéantise qui nous caractérise et nous fait accepter bien des licenses poétiques dans ces aventures cinématographiques plus grandes que nos vies sous couvre-feu. Et comme tu me le disais encore, alors que tu me voyais taper sur mon clavier :
— Nous, tout ce qu'on voudrait, c'est pouvoir jouer au tennis.
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Ta sœur et toi êtes inséparables, chamailleurs, taquins, sans cesse l'un sur l'autre et jamais l'une sans l'autre. On parvient à vous séparer, parfois, jamais pour très longtemps. Nous regardons Koh Lanta ensemble, le vendredi soir, le seul rendez-vous télévisuel de notre famille. Nous n'avons pas les mêmes samedis soirs que ceux de mon enfance, quand nous, les quatre enfants, subissions le choix du programme parmi ceux proposés par les trois chaînes de télé (en général : Champs-Elysées avec Michel Drucker). J'essaie de recréer cette ambiance avec un film choisi en commun. Ça nous prend des plombes. Tu ne proposes que des James Bond, Pirates des Caraïbes ou la saga des Marvel - tout ce qui soi-disant fout les jetons à la Nueva Frida - en plus, elle n'aime pas Star Wars. La recherche du consensus aboutit parfois à des séances un peu molles, une cinématographie du navet. On en discute.
Tu écumes Netflix et Disney Plus, trouves des soluces sur YouTube, colorie encore avec un bout de langue qui dépasse. Tu détestes que l'on interprète tes pensées ou tes propos, que l'on juge sans savoir. On ne peut pas deviner ce qui se passe dans la tête d'un petit garçon de onze ans, il nous faut nous rappeler de poser la question, de ne pas préjuger. Tu nous prodigues ces leçons en boudant, jamais longtemps. Nous appliquons la règle d'or de ne jamais nous coucher fâchés.
De temps à autre, alors que je télé-travaille, que les réunions Zoom, Webex, Skype s'enchaînent, tu te glisses dans le bureau que je me suis aménagé, tu te poses sur la banquette avec un Naruto, tu lis sans un mot. Quand nous avons de la chance, notre chien, reconnu comme mammifère domestique le moins démonstratif de tout l'univers, vient poser sa tête sur tes genoux. On échange un regard. On se sourit. Tu m'enseignes le moment présent, tu partages avec moi l'éternité de ton enfance.
Le Nuevo Che a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans, huit ans, neuf ans (mais je n’ai rien posté), dix ans.
La Nueva Frida a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans (mais je n’ai rien posté), sept ans, huit ans.
Le FILF a eu quarante-cinq ans.
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tayebot · 3 years
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Une aventure mexicaine inquiétante
A gauche, la première page de mon roman, Les héritiers du codex, dans sa version Kindle, tout juste téléchargé.
A droite, la première page du carnet de travail qui m’accompagna depuis... avril 2018.
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Je me souviens avoir passé l’été 2018 à travailler sur la structure, les personnages, l’intention, la méthode. De novembre 2018 à mai 2019, j’ai écrit 550 mots par jour, tous les jours. Le seul jour où je n’ai pas écrit fut celui de l’anniversaire de mon épouse.
Il a ensuite fallu laisser reposer 105 mille et quelques mots, produire un second jet puis une troisième version. 
Pour ce troisième roman (les deux premiers n’ont jamais trouvé d’éditeur), j’ai décidé de suivre le conseil de Hugh Howey et de considérer l’écriture comme un loisir dispendieux. J’ai recouru aux services d’un correcteur professionnel et d’une maquettiste pour la couverture et la mise en page. J’ai fait appel aux conseils d’une coach en auto-publication.
Et voilà ! Les héritiers du codex, une aventure mexicaine inquiétante d’Inko Abikel est disponible :
au format Kindle
au format broché
à la commande chez votre libraire.   
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Dans mon carnet de travail, l’un des premiers titres possibles étaient Les mouches ont changé d’âme. Je regrette presque de ne pas l’avoir gardé...
De quoi parlent ces quatre cent pages ?
Dans un monastère oublié de Tijuana, Mathilde et Charles reçoivent de Sœur Madeleine, leur grande-tante, un Livre inestimable décrivant la culture Maya et rédigé de la main même de l’Inquisiteur qui annihila le peuple indien. Le Livre excite bien des appétits quand la société secrète des Hommes-Pluie découvre qu’il leur permettra d’invoquer leur dieu Chaakh. Inko Abikel, aventurier moitié-breton, moitié-basque et porte-bonheur humain, dépêché en renfort malgré lui, parviendra-t- il à protéger les héritiers du Codex ? Pierrick Abikel, chasseur de démons traquant le trio, réussira-t-il à exorciser son jumeau ? Du Yucatán à la lagune de Bacalar, une aventure emplie de chance, de pluie et d’un curieux chat tigré de gris. 
C’est un roman d’aventure, inspiré tant par Indiana Jones que par Corto Maltese. Deux personnages féminins que j’espère réussies sont au centre des péripéties. 
Si vous avez l’occasion de le lire, n’hésitez pas à me faire savoir ce que vous en aurez pensé. 
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tayebot · 3 years
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Mathilde est sans conteste la plus courageuse de tous les personnages de cette aventure mexicaine inquiétante. Le 15 décembre prochain, Les héritiers du codex sera disponible aux formats kindle et broché et aussi en clic & collect.
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tayebot · 3 years
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Les héritiers du codex - premier roman.
Si tout se passe bien (sans doute la phrase la moins appropriée de cette année 2020), Les héritiers du codex, une aventure mexicaine inquiétante d'Inko Abikel, sera disponible au format Kindle et broché le 15 décembre prochain.
Inko Abikel est le cinquième enfant de la fratrie des Abikel qui en compte neuf. Il a la double particularité de porter bonheur à ceux qui l'emploie et d'avoir un frère jumeau, Pierrick, ordonné prêtre au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi — nom contemporain de la Sainte Inquisition.
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Pour Pierrick, Inko doit la chance qu'il procure aux autres à un démon qui le possède. Il est bien déterminé à exorciser son jumeau, avec ou sans son accord. Les deux frères ne vivant pas sur le même continent (Inko possède une petite maison à Swakopmund, en Namibie, où il thésaurise sa collection de porte-bonheurs divers et variés, dont un morceau de la Vraie Croix, à ce qu'on raconte), les occasions d'organiser une telle cérémonie sont rares.
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Swakopmund par ElisabethBergman sur Flickr
Jusqu'à ce que le Vatican envoie Pierrick Abikel récupérer un ouvrage unique dérobé dans un monastère oublié de Tijuana par un trio de jeunes Bretons aidés par Inko.
— Je le crois possédé par un démon depuis l’adolescence. — Comme si le diable et le Bon Dieu s’étaient partagé les jumeaux Abikel, je connais votre… Un instant, le cardinal parut chercher le mot, comme s’il craignait de froisser Pierrick, ce qui était invraisemblable. De Luca se fichait comme d’une guigne de heurter les sentiments de quiconque. Il combattait le Mal et cela suffisait à lui donner tous les droits. — Je connais votre interprétation personnelle de l’appel que Dieu vous a lancé et auquel vous avez répondu, formula-t-il. N’éprouvez-vous pas une pointe d’orgueil à penser que l’œuvre de Dieu qui vous concerne ait requis d’accorder une part égale au diable ?
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tayebot · 4 years
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8 ans - La Nueva Frida
Cette journée, comme chaque année, cela fait trois mois que tu la prépares, bien décidée que tu es à en faire une fête nationale. Ces histoires de COVID, de confinement, de tests naso-pharyngés n'arrêteront pas ton élan. Tu as exigé de ta mère et moi que nous prenions un jour de congé — c'est ton anniversaire. Tu as imposé à la nounou et au Nuevo Che de t'organiser une surprise pour ton retour du stage de vacances, surprise de laquelle tu ne veux rien savoir si ce n'est qu'elle doit avoir lieu, avec des ballons et des cadeaux. Tu nous mènes au doigt et à la baguette et nous dansons sur ta partition, avec entrain.
Tu ne portes plus que des survêtements, tu prétends que les jeans et les pantalons te serrent trop, et chaque fois que je te demande de réaliser l'inventaire de ta garde-robe, tu te défiles. Tu acceptes à la rigueur de troquer un de ces joggings infâmes et informes contre un short. En novembre. Cette année, tu pratiques le break dance. Tu as laissé tomber le tennis, la guitare et tes envies de hockey sur gazon. Tu aimes trop tourner sur la tête et te donner en spectacle sur des musiques urbaines. De temps à autre, on te surprend à chanter, le casque sur les oreilles, rivée à l'écran de ton iPad. Tu chantes juste, tu es toujours la seule de la famille, d'ailleurs.
Tu aimes les puzzles d'animaux, les coloriages et les dessins. Tu aimes faire les courses, compter ton argent de poche et le dépenser. Ta passion du moment, c'est avant tout Minecraft, le jeu, les bébés, les vêtements, les livres, les Lego. Impossible, pour moi, de comprendre ce qui t'attire tant dans cet univers cubique que je trouve à peu près aussi moche que Fortnite, du temps où ton frère y consacrait l'essentiel de son temps éveillé. Tu aimes aussi discuter, raconter ta journée et poser des questions sur les nôtres, de journées, que nous passons confinés derrière nos écrans.
L'amour de ta vie : Kamitche, le terrier du Tibet qui vit avec nous depuis un peu plus d'un an. Tu la sors dans le parc, seule, régulièrement, tu la brosses quand on te le rappelle, tu refuses avec la toute dernière énergie que nous la lâchions quand nous la promenons. Tu as peur qu'elle se fasse écraser, qu'elle ne revienne pas. Cela te stresse chaque fois que ta mère la sort, un soir sur deux, et tu refuses de t'abandonner au sommeil tant que tu n'es pas assurée que le chien est bien rentré. Tu me demandes régulièrement si Kamitche nous aime, si elle se rappelle de ses frères et sœurs et de ses parents. Lui inventez son nom n'a pas suffit alors les surnoms se multiplient.
Nos moments à nous, entre père et fille, ce sont les promenades du chien, la pâtisserie du week-end que nous réalisons ensemble (tu trouves que pétrir les pâtes est une activité "très satisfaisante"), les câlins que tu exiges sur un ton qui n'admet pas la contradiction, les minutes pendant lesquelles tu te glisses dans mon bureau alors que je suis en visio-conférence, où tu viens t'ennuyer un petit peu avant de quémander l'impression d'une feuille à colorier, un dessin moche de Minecraft que tu exiges ensuite que je punaise sur mon mur.
Tu cries beaucoup, beaucoup trop. Ce n'est pas ta faute, c'est celle du monde, toujours aussi peu enclin à satisfaire la totalité de tes désirs. Le stoïcisme n'est pas ton fort, pas encore. Le ton monte, les murs tremblent. Nous nous y mettons tous, jusqu'à ce que cela retombe. Nous avons encore des bouderies et des réconciliations, des câlins de pardon et des colères de fatigue.
Avoir huit ans en 2020, c'est pas marrant, nous sommes bien d'accord. Nous n'avons pas mis les pieds au pays des Hobbits depuis trop longtemps et tes cousines te manquent. Ta fête d'anniversaire est reportée sine die pour cause de nouveau confinement et de fermeture des plaines de jeux et des parcs de trampoline — ton nouveau loisir préféré. Tu as subis deux tests COVID et refuses d'en passer un autre, préférant prolonger la quarantaine imposée par l'école après l'annonce de deux cas positifs dans ta classe. Nous ne savons pas où nous passerons Noël, si nous verrons tes grands-parents. Tu qualifies mon père de "sacré dur-à-cuire" sur la base des récits de ses derniers accidents, de ses dernières avanies et tu l'enjoins, à quatre-vingt cinq ans, avec sa prothèse de hanche, à reprendre le footing et le vélo.
Tes copains s'appellent Alex (il y en a deux), Mickael, Minka, Emma, Matéo, Evangelos et Clémentine (j'en oublie sans doute). Ton frère reste toutefois ton meilleur ami. Vous vous rouez de coups et vous ne cessez de vous disputer mais vous demeurez inséparables. Tu prends sa défense en toutes circonstances, excepté lorsque tu l'accuses de tous les maux, d'être le préféré de cette famille. Il t'arrive de souhaiter que notre conseil de famille éteigne son flambeau, comme dans Koh Lanta que nous regardons religieusement tous les vendredis soirs. Nous soutenions l'Est et le Sud mais tu gardes un faible pour Brice et Dorian. Il y a une semaine, tu as trouvé un billet de cinquante euros sous un banc du parc et tu as décidé d'en offrir vingt à ton frère. Tu as toujours été possessive, matérialiste et généreuse.
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Ce soir, tu es satisfaite de nos efforts. Nous avions gonflé des ballons, emballé tes cadeaux, apporté un gâteau aux chocolats couvert de bougies à étincelles. Toute la famille t'a appelée. Tu t'es sentie appréciée, aimée, reconnue. Tu es heureuse, dans ton pyjama Minecraft.
Le Nuevo Che a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans, huit ans, neuf ans (mais je n’ai rien posté), dix ans.
La Nueva Frida a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans (mais je n’ai rien posté), sept ans.
Le FILF a eu quarante-cinq ans.
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tayebot · 4 years
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Un point précis
Il faut se figurer une aiguille fine et acérée fichée en un point sensible, particulier pour chacun d’entre nous, et stimulant soudain une phobie incoercible, un désir viscéral, une peur primale. Ce n’est pas seulement une pandémie, c’est une séance d’acupuncture collective, comme les hystéries peuvent parfois l’être. Des énergies nouvelles circulent, d’anciennes s’écoulent d’une manière différente, nous évoluons tous à notre façon. Moi, par exemple, la privation de ma liberté de déplacement me rend dingue. Tout le reste me va, je ne crains pas de tomber malade, je porte un masque à votre bon plaisir — de toutes les façons cela fait des années que j’avance masqué — je m’abstiens à regrets d’étreindre pourvu qu’on me laisse voyager. Certains attendaient les distances sociales depuis le berceau et glapissent comme des alarmes à détecteurs de mouvements si vous frôlez leur sphère d’intimité. Chez d’autres, les masques comblent je ne sais quel désir enfoui, qui les ravissent ou les rassurent. Il n���était pas toujours aisé d’obtenir des charmantes qu’elles consentissent à ôter le haut et voilà qu’on nous ajoute un étage, en tissu ou en papier. Regardons le bon côté des choses : le port du soutien-gorge serait en chute libre depuis le confinement.
Bonnet de printemps, lunette de soleil et masque de communauté : je me prends pour l’homme invisible dans cette portion de rue commerçante où le port en est obligatoire. Je guette des indices de concordance d’esprits sur les fragments de visages qui m’environnent. Tout un nouvel apprentissage des complicités tacites sociales s’organise. Cela me rappelle les années nourrissons, quand nous étions capable de prédire, cinq minutes après être entrés dans un restaurant avec un bébé dans les bras, si cela allait plutôt bien se passer ou non, en bons jeunes parents à l’affût. Je guette les brefs coups d’œil échangés dans les files qui s’étendent démesurément sur les trottoirs, les signes de reconnaissance pour déterminer si nous partageons le même degré de décontraction ou d’intransigeance, en fonction de l’aiguille invisible fichée en nous. Dans cette allée de supermarché, combien de partisans de la théorie selon laquelle Bill Gates est à l’origine du COVID ? Est-ce que ce moustachu (je crois ?) pense que la 5G propage le virus ? Statistiquement, dans la boulangerie, au moins un client estime qu’on aurait pu faire moins d’histoires et laisser crever les vieux tandis qu’un autre regrette que le confinement et les faillites commerciales n’aient pas sauvé les résidents des EPAD. Est-ce qu’ils s’épient avant de partir avec leurs baguettes tradition ?
De nouvelles lignes de front invisibles menacent jusqu’aux indéfectibles amitiés. L’envie de se revoir, de se retrouver se fracasse parfois sur les récifs de l’angoisse, tu n’y penses pas, tu n’as pas lu les consignes, hors de question que nos enfants jouent ensemble. Rien de personnel. C’est une affaire d’aiguilles, de points d’acupunctures. De peur et de survie. Le confinement grégaire nous unit dans la terreur ancestrale du grand méchant loup, de la bête du Gévaudan. Chacun dans notre caverne, mais confinés de concert, ivre de cette soif d’égalité mortifère, nous tremblions collectivement, égaux avant tout face à la menace et à la pléthore d’offre de retraites de yoga en ligne. Le déconfinement *progressif* rallume le flambeau de nos différences, de nos perceptions et de nos valeurs. Il nous oblige à sortir de nos grottes, à nous aventurer sur les plaines, pour nous coltiner au passager clandestin invisible. Et puisque la raison se fit la malle à force des innombrables contradictions déblatérées haut et fort en permanence, il ne nous reste que notre instinct. La narrative évolue plus vite que ne décroît le taux de contagion. Les enfants porteurs ne le sont plus, la distance sociale protège des postillons, mais pas des bouffées de fumée de cigarette, tel médicament passe du statut de panacée à celui de placébo, et inversement, presque sans délai. Les tripes reprennent le pouvoir, le cerveau reptilien prend sa revanche sur le néocortex, les Lumières s’éteignent lorsque les torches sont brandies et les nerfs supplantent les neurones.
Comme souvent, le salut passe par l’acceptation. Admettre que l’irrationnel règne en maître, tolérer les nouvelles manies qui rassurent autrui, afficher son nouveau grain de folie de manière ostentatoire. De belles choses se produisent, pour qui sait observer. Des affinités immédiates, à un mètre cinquante de distance, entre deux inconnus masqués qui pouffent, des signes de la main d’un joggeur à un autre, des seins sans soutifs qui se laissent apercevoir, des remises en question de choix de vies qui mèneront, peut-être, vers de nouveaux destins, du temps-présence amélioré. Peut-être devrait-on combattre le mal par le mal, la folie furieuse par la folie douce, venir en nudiste dans les réunions Zoom, porter un smoking derrière son portable, refuser de remettre les pieds dans les couloirs gris…
Les échardes sont expulsées par l’organisme, sans bruit, sans fracas. Les cellules de peau s’agglutinent peu à peu autour du corps étranger et l’évacuent en douceur. Il en ira de même de ces aiguilles invisibles dont nous sommes bardés. De quelles nouvelles cicatrices serons-nous alors parés, de quelle folie nos rêves seront-ils peuplés quand les masques seront enfin tombés ?
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tayebot · 4 years
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La connaissance et la mémoire. Mettons.
Je m’appelle Desmond. Mettons. L’Écossais dont nous faisons la connaissance dans le premier épisode de la deuxième saison de la série *Lost*. Desmond vit dans un appartement un peu sombre, meublé façon années 70, qui n’est pas sans m’évoquer les vacances d’hiver de ma jeunesse à Superdévoluy (les vrais savent). Depuis trois ans, il a peaufiné sa *morning routine* : réveil après 108 minutes au plus, saisie des chiffres 4, 8, 15, 16, 23, 42 sur le clavier de son Amstrad pour éviter la fin du monde et les projections de consciences dans l’espace-temps (je crois), choix d’un bon vinyle à poser sur la platine (Desmond entame souvent sa journée avec Abba), vaisselle de la veille, séance de sport indoor (vélo, tractions, abdos) avant de prendre sa douche. Son petit-déjeuner (livraison des ingrédients par parachutage sans contact) laisse un peu à désirer dans la mesure où il se concocte au mixer un power-smoothie peu ragoûtant et qu’il s’injecte une espèce de sérum antitout chaque matin dans le bras. Il s’habille d’une combinaison floquée d’un cygne, plus pratique, mais tout aussi confortable qu’un survêt et, s’il doit absolument sortir de son bunker souterrain, c’est en tenue anti-bactériologique et matières dangereuses Hazmat complète, parce qu’il règne dehors une saloperie indéterminée et contagieuse. Du moins le croit-il, puisqu’on le lui a dit et répété. Desmond est conditionné, manipulé et, en fin de compte, floué.
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Je m’appelle Neil. Mettons. Comme Neil Gaiman qui publie un message d’espoir, sur Twitter, en anglais, dans lequel il s’interroge. Existe-t-il un mot pour ce laps de temps entre deux respirations, cette pause entre l’inspiration et l’expiration ? Pour Neil, c’est précisément là où nous nous trouvons en ce moment. Dans un monde empli de gens qui attendent de pouvoir à nouveau respirer.
Dès le premier commentaire sur Instagram, j’apprends que le mot existe en sanskrit (évidemment…) : Bahya Kumbhaka. Je pensais à « apnée », mais c’est sans doute pour cela que je ne serais jamais écrivain.
"We are tougher than we seem. We are tougher than we think. Our stories will outlive us. Let's make them good." A reflection from Neil Gaiman (@neilhimself) on the fragile but powerful resilience of humans: pic.twitter.com/2hnwSXathS
Je m’appelle Corto. Mettons. Je n’ai pas le confinement serein. Je n’ai rien contre le port du masque, même si je préfère ceux du carnaval de Venise, quand on ne sait plus qui est quelle et que les visages dissimulés s’accordent aux torses nus. Je redoute de ne plus pouvoir côtoyer mes semblables, de ne plus pouvoir embrasser, pas trop, pour dire bonjour, de ne plus pouvoir bien étreindre pour en dire davantage. Je veux bien m’y plier si cela sauve des vies. Par-dessus tout, je crains de ne plus pouvoir vivre d’aventures qui ne soient étriquées, de ne connaître que des horizons aux distances imposées par les autorités préfectorales quand mon désir insatiable demeure d’aller toujours un peu plus loin.
Je m’appelle Kevin O. Expert Über Alles. Mettons. Je commente beaucoup sur LinkedIn et je soupçonne que Ceux-Qui-Nous-Gouvernent cherchent à nous occuper les esprits pour nous faire avaler que tout est sous contrôle quand, depuis le début de cette histoire, les avis changent en permanence. L’utilité du port du masque. Les enfants sont vecteurs de contagion. Ou pas. Telle ou telle molécule sera un remède miracle. La probabilité d’un vaccin peut-être inefficace… Je suis docteur es virologie depuis hier et épidémiologue confirmé à partir de lundi. La politique, je m’y connais pas mal, et croyez-moi, c’est exactement comme l’art de manœuvrer pour mettre en stationnement un véhicule motorisé par combustion. Il y a les critères techniques, bien sûr, les créneaux c’est mon truc, mais il y a aussi l’esthétique, la beauté du geste. Il ne s’agit pas seulement de garer la chiotte sans qu’elle dépasse de la cuvette, encore faut-il s’abstenir d’emboutir les pare-chocs de la grosse berline allemande devant. Rien ne sera oublié, je vous le dis, et quand le jury populaire donnera ses notes, les cocus auront une joyeuse occasion de se compter.  
Je m’appelle Rieux. Mettons. Je partage l’opinion d’Henri Michel : malgré tout, malgré la peur et la douleur, malgré les frustrations, dans quelques années, nous éprouverons une nostalgie de cette période de confinement. De cette flaque de soleil sur le parquet, vers 11 h 11, dont on ignorait l’existence, des enfants passant en bourrasque pendant une énième visioconférence, du plaisir de voir se transformer le jardin au printemps ou de celui de cuisiner, à midi, en semaine. Les escapades en vélo pour retrouver un ami, de nuit, dans une ville en veille. Les promenades du chien en bonne compagnie. 
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Je m’efforce de ne pas succomber à l’angoisse du confinement réussi, de ne pas subir le culte de la performance loué sur les réseaux sociaux : l’apprentissage d’une langue rare, la relecture d’une intégrale, une nouvelle hygiène de vie, un magistère en yoga. Je préférerais que nous ne soyons pas jugés sur nos succès ou nos échecs pendant notre huis clos. Qu’on nous laisse au moins cette intimité. Tout n’est pas destiné à être exposé. Ce n’est pas un putain de concours. 
Se rappeler Camus : 
« Il avait seulement gagné d’avoir connu la peste et de s’en souvenir, d’avoir connu l’amitié et de s’en souvenir, de connaître la tendresse et de devoir un jour s’en souvenir. Tout ce que l’homme pouvait gagner au jeu de la peste et de la vie, c’était la connaissance et la mémoire. »
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tayebot · 4 years
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tayebot · 4 years
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Scènes des confins et polka Corona
Cette vie dans les confins s’accompagne d’une certaine étrangeté rappelant les photographies de Robert Doisneau dans ces années noire et blanche où vivaient nos parents, en leur prime jeunesse.
Comme tout le monde, je n’ai jamais vu autant de coureurs dans les rues, peut-être parce que je n’ai jamais autant couru. Les trottoirs s’ornent de nouvelles traces, à la peinture, au scotch noir, devant les boulangeries, les épiceries, les supermarchés, les pharmacies, pour organiser les files des clients espacés chacun d’une envergure. Les maigres cohortes silencieuses se montrent un peu inquiètes à l’approche de mon trot de grabataire. Certains sourient, même sous leurs masques de fortune qui apparaissent depuis quelques jours, et j’imagine des ateliers de couture improvisés, le choix entre tel ou tel haillon des vestiaires pour le transformer en bâillons sanitaires. À l’intérieur, des bricolages verticaux en plastique transparent m’évoquent les guichets postaux de mon enfance, et je fredonne du Téléphone chez le volailler.
Comme ça à s’regarder chacun de chaque côté On a l’air de mérous coincés dans l’aquarium Mais faudra qu’entre nous je casse la plexiglas
Je n’ai jamais autant pratiqué le vélo, puisqu’il me permet d’aérer le Nuevo Che et la Nueva Frida, dans une ville quasiment sans véhicules et bien moins encombrée de piétons et de cyclistes que lors des fameuses journées sans voitures. Nous empruntons les larges avenues, les ronds-points autrefois effrayants, les carrefours en étoile qui nous paralysaient il y a encore peu. Le grand parc du jubilé affiche complet : sportifs partout, oisifs nulle part. En attendant de tomber malade, le peuple incubant n’aura jamais été en si bonne forme.
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Pollock by Nueva Frida.
Des femmes conversent depuis le trottoir avec des personnes âgées à leur fenêtre, la distance hygiénique est celle des jardinets de façade, parfois augmentée d’un étage — plus haut, on ne s’entend plus. Des étals de primeurs, tous bio, s’installent en lieu et place des terrasses de cafés fermés pour compenser l’interdiction des marchés, en toute légalité. Dans ce pays où le respect de la règle tenait souvent d’une vue de l’esprit, on n’a jamais été autant à cheval sur le règlement. Parmi les nombreuses conséquences du virus, le soudain parfait fonctionnement de terminaux de paiement par cartes que nous avions connu déficient depuis des lustres n’est pas le moins inattendu. Il devient compliqué de payer en liquide, ce que je n’aurais jamais cru possible. On n’a jamais tant loué la beauté des paiements sans contact.
Bien que considérées comme des commerces de première nécessité, les librairies ont tiré leurs rideaux. Certaines proposent de commander sur leur site Internet et de se faire livrer ou de passer chercher ses achats en boutique. Sur place, le rituel de la transaction n’a rien à envier aux cérémonies protocolaires des cours impériales : la solution hydro-alcoolique n’est pas une réponse suffisante, mieux vaut prendre des gants pour n’offusquer personne. Trois pas en avant : un commis masqué pose carton de livres et boîtier de paiement à une distance respectueuse. Trois pas en arrière pour lui, trois pas en avant pour soi : la polka Corona. Courbé sur le terminal, je me prends pour un ambassadeur accusant réception d’un tribut. Je regrette la sérendipité des déambulations erratiques dans les rayons et cherche à me rappeler la dernière fois que je me suis rendu dans une librairie en sachant ce que j’allais y acheter. Cela date du temps où l’on était encore considéré comme bien élevé si l’on se contentait de tousser dans son poing. Je vous parle d’un temps où l’on ne se mouchait pas du coude.
Est-ce pour nous récompenser de nos efforts de réclusion ou pour nous narguer ? Il n’a jamais fait aussi beau, aussi longtemps, dans cette ville. Je note, perché sur mon vélo, bien des corsages ouverts et des nichons en goguette. La quarantaine ensoleillée invite le monde au balcon. Partout, sur les abribus et les affichages urbains, des posters inspirés par les publicités des conventions obsèques des années 80, avec leur fond bleu dégradé, nous assènent en trois langues des messages dystopiques menaçants malgré eux : « Je reste chez moi », « Aplanissons la courbe », « Nous nous en lavons les mains ». Au feu rouge, une conductrice ôte son masque et ouvre sa fenêtre pour pouvoir fumer. "A quoi ça sert ?" demande mon fils en la regardant. Chacun s'accommode. Les pronostics de date remplacent les échanges de politesse.
– "Ce sera le 4 mai" – "Non, entre le 15 juin et le 15 juillet" – "De toutes façons, ce sera progressif."
Déjà, on s'est éloigné, trois pas, deux coups de pédale, la polka Corona décourage tout bavardage. Chacun rejoint ses confins, si proches.
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tayebot · 4 years
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10 ans - Le Nuevo Che
Cette histoire de Corona Virus aura d'abord repoussé la rédaction de ce billet avant de me fournir de manière un peu inattendue de nouvelles plages de temps libre, imprévisibles, brèves, et appréciables.
Tu vis cette histoire de confinement avec circonspection, conscient que nous sommes mieux lotis que tes cousins en France, que tout cela est nécessaire mais quand même un peu chiant. Parce que tu dis des gros mots, maintenant que tu as un âge à deux chiffres, passage d'un cap dont tu te rengorges. Je me doute bien que tu en proférais déjà, je ne suis pas dupe, mais il y a une nouvelle assurance en toi dans tes franchissements de ligne rouge. Tu testes l'avenue vers l'adolescence, tu as des impatiences de grandir qui m'affligent. Je voudrais te figer à cet âge.
Nous jouons à Spiderman sur la PS4 que tu voulais pour cet anniversaire. Tu m'apprends les combos, tu m'expliques le scénario, les rebondissements. Tu m'as convaincu de créer une chaîne YouTube pour ta soeur et toi, encore en mode privé, parce que "c'est de ton âge, être Youtubeur". Tu veux toujours être footballeur professionnel mais tu ne vas plus aux entraînements du samedi matin parce que le coach est trop sévère. Ton ballon d'or, il n'est pas gagné, fiston.
Impossible de savoir si tu taquines davantage ta sœur ou si elle te persécute. La position d'aîné te saoule parfois, tu recherches davantage la solitude qu'elle et ce n'est guère évident dans notre maison de ville verticale. Pour des raisons logistiques, tes vêtements sont stockés dans sa chambre – tu tombes un soir sur deux dans une embuscade hurlante et les panonceaux t'interdisant tout accès à son domaine se multiplient sur sa porte.
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Elle pousse le vice jusqu'à venir t'emprunter le scotch pour bien sécuriser le septième en date. N'empêche que tu lui proposes toujours de dormir dans ta chambre et qu'elle accepte un soir sur deux.
Tu es très à cheval sur les règles et sur la justice. Mes montées de lait soudaines t'exaspèrent parce que ne s'appuyant sur aucun cadre juridique agréé à l'avance par les parties. La Cour de Justice européenne ne tardera pas à être débordée par tes requêtes en nullité de punitions et je prendrai cher, je le lis dans tes yeux. Tu maugrées, tu boudes, tu fais des bruits bizarres avec ta bouche quand je t'oblige à travailler le journal de la quarantaine, le Grand Œuvre de l'Ere Covid 19 que tous les instits du monde ont imposé aux moins de douze ans de cet hémisphère.
L'arrivée du chien a nourri ta maturité. Tu t'es positionné comme le premier défenseur de l'espace vital du chat (à savoir le premier étage) et comme le garant de la charte du chien que nous avons tous signée. Tu le promènes dans le parc en face mais tu refuses qu'on le détache - et tu n'as pas tort parce que ce chiot n'a pas encore exactement démontré son intelligence. Tu as tenté de l'éduquer et à force de s'entendre dire "Non" elle croit que c'est son nom. Elle ne vient pas quand on l'appelle. Toi non plus, d'ailleurs, et je m'époumone à te faire descendre pour les repas.
Il y a du bon dans ce confinement : nous passons davantage de temps ensemble, et même parfois sans avoir ta soeur aux basques. Nous nous baladons rien que tous les deux en vélo, nous jouons au Risk édition Games of Throne ou à Ganymede, nous regardons des films qui font un peu peur. Je vous scolarise à domicile, et je suis loin d'être la bonne personne pour cela. Cela me permet quand même de découvrir une facette de ta personnalité dont j'ignorais tout : ton côté cossard, partisan du moindre effort et de la procrastination nonchalante. L'effort intellectuel, ce n'est pas ton truc. Voilà à quoi mène cette école de hippies (dont les instructions officielles pour cette période de confinement sont: observez le printemps, dessinez les arbres, constituez un herbier et plantez des graines – tout ça entre deux visio-conférences et trois fils de discussions sur WhatsApp et Messenger, bien entendu).
Le groupe WhatsApp des parents des élèves de ta classe, c'est le pire. Une espèce de concours de la parentalité parfaite se déroule à grand renfort de photos d'œuvres d'art en rouleaux de papier toilette (voilà donc où ils sont passés), d'affirmations positives et d'exagérations imprécatoires. A la fin de cette deuxième semaine de quarantaine, je peux te l'affirmer : ce confinement est à deux vitesses. C'est un confinement de classes et nous ne sommes tous pas égaux face au huis-clos. Je ne supporte plus d'entendre les radios nous recommander des livres, des séries sur Netflix ou des abonnements à l'excellent site de la Cinetek. Je n'ai le temps pour rien et je maugrée sans cesse contre les abus d'autorité dont s'enivrent les gardiens de square du parc Guy George, en face. Tu m'entends recommander à tous de relire l'Enfance d'un chef, de Sartre, plutôt que la Peste, de Camus – ce qui est un comble tant je préfère Albert à Jean-Paul.
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Tu n'aimes pas particulièrement lire. De temps à autre, je parviens à t'intéresser à une BD, mais ça ne dure pas. Nous t'avons interdit de Fortnite. Tu as aimé La Chèvre et tu voudrais voir d'autres comédies françaises. C'est pas de bol : l'Apple TV est en rade. Tu as plein de copains et ils te manquent, malgré les Facetime, les Skype et les Zoom. Tu as dix ans et c'est le plus bel âge de ta vie.
Le Nuevo Che a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans, huit ans, neuf ans (mais je n’ai rien posté).
La Nueva Frida a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans (mais je n’ai rien posté), sept ans.
Le FILF a eu quarante-cinq ans.
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tayebot · 5 years
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Sept ans - La Nueva Frida
Chaque année, tu sonnes la mobilisation générale, bien trois mois avant la date de ton anniversaire. Il ne faudrait pas que quiconque ose l’oublier. Tu pâtis d’être celle qui est née le plus tard dans l’année — Emma Peal, notre chatte arthritique née en décembre, ça ne compte pas — et tu ne manques jamais de t’en plaindre. Tu abordes l’âge de raison en toute déraison, tu ne vois pas ce qui devrait changer, tu t’estimes déjà tout à fait responsable. Tu rechignes au cadeau collectif que la phalange des mères débordées recommande pour toute fête d’anniversaire : ce n’est pas la taille ou la valeur du présent qui compte, c’est le plaisir d’ouvrir beaucoup de cadeaux enveloppés, de déchirer des emballages.
Tu te coiffes à la garçonne, ma mini Jean Seberg, mais tu acceptes davantage l’emploi du féminin pour tout ce qui te concerne. Tu veux jouer au hockey sur gazon dans une équipe de filles l’an prochain, mais tu as déjà informé l’entraîneur que tu porteras un short plutôt qu’une jupe, et tu te fiches comme d’une guigne si tu es la seule à opter pour ce choix. En attendant, tu joues au tennis le mercredi après-midi dans le même cours que ton frère et tu apprends peu à peu la guitare (lui, c’est le piano). J’ai parfois l’impression que tu confonds la raquette et ton instrument, mais je suis fameux pour être dépourvu d’oreille musicale, alors ne te fie pas trop à moi sur ce coup-là. Tu n’as pas hérité de ma déficience : tu chantes très juste, juste tu n’aimes pas chanter en public. Parfois, on a la chance de t’entendre, derrière la porte de ta chambre. Tu n’aimes pas trop te faire remarquer, mais tu ne supportes pas que l’on ne s’intéresse pas à toi. C’est toute une diplomatie de t’accorder notre attention à la mesure que tu estimes correcte.
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Depuis un mois, Kamitche, un chiot terrier du Tibet né le 14 juillet, a rejoint notre petite ménagerie urbaine. Tu voulais un chien depuis au moins trois ans et j’étais le dernier à m’y opposer. J’ai changé d’avis en février de cette année et je vous ai obligé à signer une charte des obligations et corvées que la venue d’un canidé entraînerait. Tu en fus ravie. Après la visite d’un élevage où les chiens montaient sur les tables pour finir le repas de leurs maîtres, ce qui te déplut autant qu’à moi, ta mère trouva une femelle promise à la reproduction chez une dame bien plus stricte. Malheureusement, notre été se passa à attendre les chaleurs de la future maman, ce qui te conduisit à philosopher en toute occasion :
« Elle n’a pas ses chaleurs, c’est la nature… ».
En septembre, parce que je déteste les projets qui demeurent en l’air, je trouvai une portée dans laquelle une femelle était encore disponible. Dans mon empressement, je confondis les codes postaux et je me suis retrouvé à conduire 700 bornes pour vous apporter, à ton frère et toi, une boule de poils noirs. Tu sais très bien que tu me ferais traverser le Sahara sur les genoux et tu as la bonté de ne pas toujours en abuser.
Tu prétends avoir compris que aº) Kamitche est le chien de toute la famille et bº) qu’il ne s’agit pas d’une peluche. Mais tu n’en parles jamais que comme étant « ton » chien et tu la trimballes dans tes bras comme un sac de patates et dans des positions défiant la souplesse canine. Comme je l’espérais, le chien est un sparring-partner idéal pour canaliser certaines de tes aspérités en matière de sociabilité. Tu te fâches au moins une fois par jour contre elle, tu la boudes, et tu la retrouves toujours heureuse de te revoir. Cette chienne te ressemble, plus intelligente et plus têtue que la moyenne.
Fort heureusement, tu exiges encore des câlins de ton père, « le meilleur papa au monde », d’un ton autoritaire, quelles que soient les circonstances dans lesquelles je me trouve. Tu veux des câlins immédiats, forts et exclusifs. Puis, tu tournes les talons, rechargée, prête à en découdre avec n’importe quelle adversité (en général : ton frère).
Tu es toujours fascinée par les vidéos de Néo et Swan, tu regardes des documentaires et tu aimes jouer à Fortnite avec ton frère. Pour tes sept ans, tu voulais une Switch, mais nous ne l’autorisons qu’à partir de huit ans. Tu t’es rabattue sur des Lego Harry Potter et sur des jeux de société coopératifs parce que tu n’acceptes que de gagner toute seule ou de perdre tous ensemble. Tu nourris une passion tout à fait étrange pour la confection de slime et de gâteaux au chocolat. Tu me répètes souvent que je ne suis ni vieux ni idiot, et que je dois me dépêcher de finir mon roman pour que je puisse te le lire. Tu n'as peur ni de Dieu, ni du diable. Il y a juste la nuit qui t'effraie encore, alors tu demandes gentiment à ton frère de t'accueillir dans son lit et si des cauchemars te réveillent, tu nous rejoins dans le nôtre. Ce sont les nuits que je préfère, celles où tu me bourres de coups de pieds pour justifier mes insomnies.
Ton plat préféré demeure les pâtes, sans beurre mais avec du parmesan. Depuis cet été, tu as pris goût aux pizzas d'Ibiza et en cet automne maussade, tu t'es ralliée à la raclette. Tu planques toujours des bonbons dans des cachettes inimaginables, tu aimes aller faire des courses pour dépenser ton argent de poche avec parcimonie. Tu lis davantage que ton frère et tu écris avec application. Rien de ce qui est artistique ne t'est étranger tant que cela ne se passe pas dans un musée. Tu as hâte de pouvoir nous rejoindre dans des Escape games maintenant que tu as pris goût au laser-tag. Nous t'avons découvert une passion sans limite pour l'accro-branches. J'ai bien tenté de t'accompagner sur un premier parcours, mais mon vertige m'a obligé à tourner les talons tandis que tu passais les obstacles avec une aisance déconcertante. Les deux pieds bien au sol, la tête levée vers toi, je t'observais évoluer dans les hauteurs qui me sont inaccessibles. Comme si tu avais besoin de cela pour me faire tourner la tête...  
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Le Nuevo Che a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans, huit ans, neuf ans (mais je n’ai rien posté).
La Nueva Frida a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans (mais je n’ai rien posté).
Le FILF a eu quarante-cinq ans.
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tayebot · 6 years
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Quarante-cinq ans - le FILF
Il y a vingt-cinq ans, tu te voyais, à l’âge que tu as aujourd’hui, auteur célèbre de romans noirs et d’aventure, écrivain-voyageur ou journaliste à la radio. Tu refusais de croire que tu travaillerais dans un bureau, que tu animerais une équipe, que tu serais « fonctionnaire ». Tu as compris, plus tard, que ce n’est pas ce qu’on fait qui compte, mais avec qui et pour qui on le fait. La plupart du temps, tu adores ton boulot, il y a des jours où tu le hais, où tu voudrais tout plaquer, mais tu aimes trop ton équipe, les gens qui t’entourent, dont certains comptent désormais parmi tes meilleurs amis.
Tu n’écris plus guère, mais tu es content d’avoir terminé cinq nouvelles sur les dix que tu t’étais promis de finir avant cet été. Tu as une nouvelle idée de roman, soufflée par tes vacances d’avril au Mexique, et tu continues à noircir les pages de ton carnet Moleskine pour consigner tes angoisses, tes joies, tes souvenirs. Tu as toujours un vrai problème avec le moment présent et tu y travailles avec un certain acharnement. Il y a même des instants où tu es vraiment là, avec ceux qui t’entourent, sans penser à ce qui adviendra. Tu n’as aucun goût pour la nostalgie, tu ne regardes jamais en arrière mais tu n’oublies jamais rien. Il t’a fallu pas mal d’années pour admettre que le temps passe, qu’il fallait jouir des voyages et des moments parce que, non, il n’est pas acquis que tu reviendras l’an prochain.
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Tu ne pratiques plus non plus la photographie, et ça te manque, alors tu décores ton bureau des portraits de celles et ceux qui te soutiennent. Tu lis moins qu’avant mais tu ne te rappelles plus la dernière fois que tu as eu le luxe de t’ennuyer. Ta dépendance aux mondes fictifs est plus ou moins comblée par les séries que tu regardes à la chaîne sur Netflix, tu prétends toujours qu’une bonne anecdote prévaut, tant pis pour les faits. Tu ne cours plus beaucoup, peut-être que ça reviendra, tu t’es mis au yoga et tu n’en reviens pas toi-même, et tu joues à Zelda avec ton fils, ce qui détend dix fois plus que n’importe quel kriya.
Certains disent que tu es prétentieux, sec, arrogant. Tu penses avoir conservé ton sens de l’humour et tu as toujours comme objectif de faire rire les gens dès que tu le peux. Tu doutes de toi, tu connais encore des crises d’angoisse et les insomnies font toujours partie de ta vie. Tu te dis « Parisien né dans le Sud de la France » et c’est la partie du monde qui te manque le plus : Paris et le Sud. Tu voudrais y vivre, soit dans le quatorzième, soit dans le Lubéron. Parmi les endroits où tu te sens le mieux au monde, il y a la maison de ton frère à Ibiza et celle que tu as acheté ce matin, à Bruxelles, en t’endettant pour vingt ans, avec vue sur le parc-qui-était-un-ancien-cimetière, même si tu râles parce que tu n’as pas les moyens de refaire la cuisine et que tu n’y as pas de pièce à toi.
Tu détestes dormir chez les gens, tu préfères l’hôtel, toujours, mais tu adores héberger les amis. Tu tiens ça de ta mère. Chaque premier jour et dernier jour de l’été, tu bois une mauresque en terrasse et, d’ailleurs, ça t’agace qu’il n’y ait quasi-jamais de sirop d’orgeat dans les bars de cette ville. Tu préfères le vin rouge au blanc, tu n’aimes pas vraiment la bière et ta boisson favorite est le champagne - tu tiens ça de ton grand-père, de ton père et de tes frères. Tu n’en supportes pas la pénurie et tu refuses de boire les ersatz pétillants. Tu as des relations compliquées avec tes parents, tu as longtemps refusé de les voir vieillir et tu te promets de ne pas devenir comme eux. Tu es complètement dingue de tes deux enfants, tu as oublié que tu en voulais quatre, tu leur passes tout et même davantage.
Tu es amoureux depuis vingt ans de la plus belle et de la plus intelligente femme au monde, tu es mariée avec elle depuis seize ans. Ses absences t’agacent mais jamais sa présence ne te lasse.  
Tu crois en la loyauté, le travail et l’humour, qui est la plus belle preuve d’intelligence. Tes amis d’avant te manquent, tu aimerais les voir plus souvent, pour les présenter à tes amis d’aujourd’hui. Tu adores toujours autant les fêtes de mariage mais tu te résignes à ce qu’il y en ait de moins en moins. Tu n’as jamais été invité à une fête de divorce et ça te va très bien. Tu as tout tenté, ou presque, pour arrêter de fumer. Il te reste les clous dans l’oreille ou l’ablation des pouces. Tu hésites.
Cela fait quinze ans que tu veux te faire tatouer le portrait de Pandora, le « bijou romantique » de Corto Maltese, sur l’avant-bras mais on n’en est pas encore là.  Tu as des fétiches qui ne te quittent jamais : ta montre Bauhaus, ton stylo-plume Cross, ton carnet noir, tes gadgets Apple. Tu t’es acheté une paire de Repetto pour la première fois de ta vie ce matin et tu as hâte de les porter. Tu t’offres parfois une manucure et tu râles parce que personne ne te complimente jamais sur ta coiffure - et ça fait quarante-cinq ans que ça dure.
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tayebot · 6 years
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Huit ans
Je t’écris depuis l’aéroport où je patiente, avec une heure et demi d’avance, avant mon vol pour Copenhague. Tu as déjà compris que je suis rarement en retard, contrairement à certaines, et tu me demandais encore ce matin de t’emmener à l’école pour être certain de ne pas rater ton départ en « Classes découvertes » à l’autre bout du plat pays. Je t’ai posté tout à l’heure une lettre que tu ne recevras sans doute jamais (tu m’entends souvent râler contre la Poste d’ici) avec des photos imprimées à la va-vite pour que tu te sentes moins seul, dans ton dortoir empli de slips douteux et de chaussettes malodorantes. Je regarde passer les jeunes filles qui arborent des chevilles dénudées par moins cinq, c’est la mode, m’informe-t-on, et je me dis que ça fait autant de chaussettes malodorantes en moins.
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Tes huit ans, nous les avons fêtés avec neuf de tes copains, au Lasertag. C’est un labyrinthe plongé dans la pénombre animé par de la musique électro bien trop forte, dans laquelle nous nous tirâmes dessus, en équipe, à grands coups de fusils laser. Deux heures, trois parties, un boucan pire que le vacarme des plaines de jeux - tu as adoré. Ton cadeau : une console Switch pour laquelle nous avons mis copains, parents, tout le monde à contribution, et le jeu Zelda Breath of the Wind. Une Switch plutôt qu’une DS, pour garder le contrôle sur son usage. Tu es plutôt dépendant à l’iPad, pas question de te laisser glisser une console dans ton sac à dos. L’univers Zelda, tu kiffes déjà et cela fait trois jours que nous ne parlons que de ça. Quand tu reviendras de ton excursion, nous avons prévu de tuer un phacochère, attraper des grenouilles et des lézards et de tenter le labyrinthe avec les espèces de tourelles en pierre qui font rien qu’à nous dézinguer depuis samedi. T’inquiète pas, on les aura.
Tu as découvert James Bond contre Docteur No, Indiana Jones et l’arche perdue, puis la Dernière croisade. Nous avons zappé le second, tu attendras ton adolescence avant de regarder des enfants travailler dans une mine et recevoir des coups de fouet ou un cœur être retiré sans anesthésie ni protocole ambulatoire par un grand chauve aux yeux fous. Quand le méchant de la Dernière croisade avertit Jones de n’avoir confiance en personne, tu as commenté : « bah si, en lui-même !»
En regardant la bande-annonce du triste « Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal », tu déclares qu’il ne t’intéresse pas parce qu’il y a des extra-terrestres et que ça n’appartient pas au monde d’Indiana Jones (que tu découvris la veille). Et comment tu le sais ? Parce que dans la bande-annonce, il y a un crâne transparent d’alien (film que tu n’as pas vu non plus). Dans les dents, George Lucas !
Quand tu seras plus grand, tu veux faire le tour du monde. Sans fille, parce que les filles sont toujours en retard et qu’elles n’aiment pas les aventures - c’est sans doute pour cela que ta sœur, la Nueva Frida, a décrété depuis longtemps qu’elle était un garçon. Vous vous chamaillez comme pas possible, tu es même plutôt taquin, voire méchant avec elle. Quand je t’ai demandé pourquoi, tu m’as répondu : « je me venge ». On ne saura pas de quoi.
Comme nous suivons à la lettre tous les conseils de Titiou Lecoq, en particulier celui sur le livre La couleur des émotions, nous avons lu l’ouvrage et peint notre nuancier émotif, en partant des cinq de bases puis en ajoutant les émotions qui nous caractérisent et en leur associant de nouvelles couleurs. Tu en as représenté deux : celle de « quand on se sent coupable de quelque chose mais même en réfléchissant, on ne sait pas de quoi » (couleur mauve moche), et celle de « quand on a envie de faire ou de penser à quelque chose mais que rien ne vient, alors on est un peu triste mais pas seulement » (couleur gris clair). Les émotions, c’est un sujet qui te passionne. Tu as parfois des crises de colère épouvantables, tu perds toute maîtrise et moi mon latin à essayer de te calmer. La palette colorée des émotions t’aide un peu, mais ce n’est pas encore ça.
Tu es encore en apprentissage de la lecture, parce que dans l’école de hippies que nous avons choisi pour ta sœur et toi, garder le cobaye de la classe le week-end est plus important que de savoir lire. Je t’impose la méthode syllabique (ils sont plutôt méthode globale) (et le pire est que je n’avais pas d’avis sur la question, j’ai juste retrouvé le livre avec lequel tes oncles et moi avons appris) et tu commences à progresser, d’autant que tu dois lire au moins quatre pages avant de prétendre pouvoir jouer à la Switch. Tu aimes toujours que nous te lisions des histoires le soir, et, après Roald Dahl, tu découvres les aventures du Petit Nicolas.  
Tu joues au foot tous les samedis matins, en salle, avec tes deux meilleurs copains Antoine et Spyros, tu nages en club le mercredi après-midi, mais ça te plaît moyen parce que ça consiste juste à faire des longueurs. Tes vacances préférées consistent à séjourner chez les Hobbits en compagnie de ton cousin de dix ans qui a déjà un téléphone portable. Tu ne veux plus regarder de dessins animés (sauf Pokemon) et nous t’interdisons les séries pour ado, ce qui t’agace énormément. Tu as l’âge de vouloir monter à l’avant dans la voiture, ce qui ne t’es que très rarement autorisé. Tu emploies des expressions telles que : « nul », « trop nul » et « Oh my God ». Tu fais des blagues à froid qui sont irrésistibles, tu adores t’adresser à un public invisible. Ton sens de la justice et du respect des règles édictées est impressionnant et tu trouves les copines de ta sœur bien trop bavardes.
Tu m’as demandé à quelle heure tu étais né. C’était après minuit, c’est tout ce dont je me rappelle, à mon avis je ne portais pas de montre, j’avais perdu même toute notion du temps et, huit ans après, je ne m’en suis pas encore remis.
Le Nuevo Che a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans.
La Nueva Frida a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans.
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tayebot · 6 years
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FRIENDS went off-air 13 years ago but even today, Warner Bros. makes $1 billion each year from the show through syndication revenue. The six main actors who get 2% of the syndication revenue take home $20 million every year without doing anything.
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tayebot · 6 years
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Cinq ans - la Nueva Frida
Je marche dans les rues avec un carton contenant la tête de Marcus, le chien pompier de la Pat’Patrouille et les passants me regardent comme si j’étais le séide d’un Parrain s’apprêtant à terrifier un rival. C’est ton gâteau d’anniversaire, évidemment. Cela te plaît particulièrement qu’il s’agisse de la tête séparée du corps du chien et tu nous informes que toi seule pourra manger les oreilles.
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Ton anniversaire, tu nous en parles depuis le printemps. La mise à jour de ta liste d’invités fut ton arme de négociation massive à chacun de nos conflits - être ou ne pas être invité scellait notre sort à tes yeux, en fonction des joies ou des contrariétés que nous te causions. Tu voulais des château gonflables, une piñata, une chasse au trésor et une tête de chien fraîche comme gâteau. Tes désirs font parfois désordre. Ton rapport au monde s’appuie sur l’opposition, le conflit et l’imposition de tes quatre volontés. Tu ignores superbement la tactique du roseau, qui plie mais ne romp pas, pour embrasser celle du chêne, en acier trempé, comme ton caractère, qui ne fléchira ni ne cédera. Tes oukases rythment toujours nos soirées et nos week-ends, et tu éprouves une peine sincère lorsqu’elles ne sont pas suivies d’effet. Ce n’est pas faute d’argumenter. Tu emploies une rhétorique cartésiennes, bâtie sur l’enchaînement des postulats débutant par les adverbes « premièrement », « deuxièmement » et « troisièmement » - le dernier étant en général une répétition du premier argument - et tu conclues par : « voilà ! » Ite, missa est et à nous de nous démerder avec ça.
Ton sens de l’humour ne cesse de croître. Dans l’évolution permanente des surnoms, une tradition qui caractérise notre famille, je suis désormais « Papou » plutôt que « Papa Coquillage » qui me seyait davantage, parce que tu as bien remarqué que cela m’agaçait. Lorsque tes amis viennent à la maison, tu prends soin de leur préciser que je ne suis pas ton grand-père et tu éclates de ce rire sardonique qui te caractérise toujours. Tu refuses de perdre aux jeux de société, tu refuses même parfois de jouer parce que tu SAIS que nous n’allons pas te laisser gagner. Au Doodle, tu conquis plusieurs titres de championne, jusqu’à ce que nous nous rendions compte que tu inventais purement et simplement les paires de symboles que tu annonçais. Prise sur le fait, tu fus soulagée de pouvoir enfin rire de ta blague qui durait depuis plusieurs semaines.
Depuis que les friandises et bonbons sont mises à l’index par l’autorité parentale investie du pouvoir d’achat, et que des instructions draconiennes furent transmises aux nounous, parents, amis et baby-sitters, tu as disposé des planques de sucreries dans les endroits les plus inattendus : entre le matelas et le sommier de tous les lits, dans les chaussures à la cave, dans la vaisselle des grands jours. Nous ne comprenons pas quelle est ta filière d’approvisionnement en Haribo, ni qui est l’objet de ton chantage pour t’en procurer. Le soir, tu nous demandes gentiment la permission de manger « un bonbon, et un seul ». Tu nous empapaoutes, c’est certain. Tu acceptes volontiers de dormir en pyjama (à l’inverse de ton frère qui ne veut dormir qu’en slip) et tu refuses de dormir en culotte, même par température caniculaire, comme de garder tes chaussettes parce que « ça fait gonfler les pieds, on me l’a dit à la crèche » - c’était il y a trois ans.
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De la solitude de la piñata avant les coups.
Tu adores toujours recevoir de nouveaux vêtements, tant qu’ils ne sont pas roses, mais tu préfères encore, comme l’an dernier, ne pas les porter pour ne pas les abîmer. Les robes, les jupes sont évidemment exclues, il y a des choses qui ne changent pas, et pas plus tard qu’il y a un mois, tu as exigé une coupe courte de tes cheveux pour ressembler enfin à un garçon. Tu étais furieuse que je te reconnaisse sur la photo envoyée par ta mère, en direct du salon de coiffure : « c’est parce que c’est pas assez court ! ». On ne doit pas dire que tu es belle, mais que tu es beau. D’ailleurs, d’une manière générale, tu ne supportes pas que l’on parle de toi en ta présence, ça t’énerve très vite, c’est du temps d’attention détourné, que l’on s’occupe donc de toi quand tu es là et que l’on parle de toi quand tu es loin, formule de maximisation de ta présence dans nos esprits.
Tu disposes dans toute la maison des photo de nous quatre et tu énumères quotidiennement la liste des personnes que tu aimes en nous priant de bien faire attention à l’ordre. Il arrive fréquemment que le chat me devance dans le hit-parade de tes préférences. Tu as appris à faire du grand vélo mais tu refuses de freiner, tu es très à l’aise en trottinette, tu aimes courir autour du stade pour montrer à quel point tu es rapide, tu nages sans brassard, avec et sans palmes. Tu aimes dessiner, colorier, bricoler des trucs. Tu n’utilises l’iPad que pour regarder des dessins animés, les jeux vidéos ne sont pas ton kif. Ton film préféré du moment est le premier Roi Lion, suivi de Rio, l’histoire du perroquet bleu « qui a une copine folle ». Quand je m’énerve en voiture, tu me lances « Hakuna Matata Papou ! »
Certains de nos proches s’émerveillent, non sans une certaine ironie douce, de notre infinie patience à ton endroit. Je me réjouis de tes aspérités de caractère. La vie en société n’aura de cesse de t’enjoindre de te polir, de te lisser, de t’assagir au risque de te rendre atone. Il est plus facile au porc-épic de devenir hérisson qu’à la souris de se transformer en lion.
D’autant que tu dissimules bien ton jeu : je sors de l’entretien semestrielle avec ton institutrice et j’ai peine à te reconnaître dans les compliments exprimés qui peignent ton portrait. Une petite fille aimable, serviable, respectueuse, soucieuse des autres et n’imposant pas ses désirs à l’ordre du monde. Il y a au moins un élément constant entre ta vie familiale et ta personnalité scolaire : ton sens de l’humour, remarquable insiste ta maîtresse, pour une enfant de ton âge. Il paraîtrait même que tu maîtriserais le second degré et l’auto-dérision, « dans des limites acceptables » précise l’instit’. Ta mère a rigolé. Sur ce point, tu serais exactement comme ton père.
Je ne vois pas du tout ce qu’elle entend par là.
Le Nuevo Che a eu deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans.
La Nueva Frida a eu deux ans, trois ans, quatre ans.
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tayebot · 7 years
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Je ne suis pas toujours bien réveillé le matin, mais j’écoute quand même la radio
« … qui nous rejoignez. Tout de suite, l’info trafic avec Stanislas Godefroy. Stanislas, peut-on dire que ce lundi matin est calme sur nos routes ?
— Si par calme, on entend immobile, alors, oui, c’est une matinée calme, qui rappelle un peu une Anglaise se faisant cunnilinguer : on voit bien qu’il se passe des trucs mais pas grand chose ne bouge. En ce moment, vous perdez deux ans, trois mois et cinq jours entre Grand Bigard et Petit Bedos, vous perdez vos illusions et le pucelage de votre soeur entre Zaventem et Krainem, vous perdez tout espoir et deux ans d’espérance de vie si vous arrivez en provenance de Charleroi, vous perdez la tête si vous imaginez même atteindre la capitale avant les prochains jeux olympiques d’hiver. Sur l’E40, on nous signale deux conducteurs fantômes dans le sens nord-sud, ainsi que trois motards vampires et cinq cyclistes zombies, restez attentifs ! Sur l’E411, un véhicule en feu au kilomètre septante-deux, un éléphant sur un tricycle qui jonglerait avec des enclumes au kilomètre quarante-trois et un troupeau de gnous pas loin de Nivelles. Aux abords de la capitale, le ring extérieur tient bon, les ponts-levis sont levés, les herses sont dressées et de l’huile bouillante est régulièrement déversée sur tout véhicule tentant de rejoindre le centre-ville. Le ring intérieur, en revanche, n’a pas résisté et laisse désormais passer des files de véhicules. Il reste aux vaillants conducteurs à surmonter les mâchicoulis de Montgomery, les douves de la petite ceinture et les cracheurs de feu et jongleurs postés aux feux tricolores.
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— Et qu’en est-il des tunnels, Stanislas ?
— Le tunnel de la Porte de Namur est inondé mais reste accessible aux véhicules amphibies de catégorie 7, le tunnel Léopold Deux a subi une avalanche hier et son accès demeure réservé aux chiens sauveteurs, le tunnel Rogier a perdu son latin, le tunnel de la Basilique entend des voix et lance une croisade, le tunnel Louise attaque et nous emmène au vent. A noter que des automobilistes exaspérés auraient entrepris de creuser leur propre tunnel au départ de Botanique et en direction de la côte. La municipalité de Knocke, inquiète, aurait lancé le plan d’urgence dit de la tactique de la gare et amorcerait le déplacement de l’agglomération tout entière d’environ vingt kilomètres vers la mer.
— D’autres embarras de circulation à nous signaler ?
— Suite à un pari perdu par le Département d’urbanisme, hier soir, lors du pot de départ de l’Echevin-Pâtissier de la ville, les employés communaux nettoient actuellement les lignes blanches de signalisation de la rue de la Loi à la brosse à dents, sept voies de circulation sur huit sont fermées. Le cratère de l’astéroïde qui s’est écrasé il y a deux jours à côté du cimetière d’Ixelles rend difficile l’accès à l’Université, une éruption volcanique est en cours du côté de la Grande Place et le piétonnier est déconseillé à toute personne portant des chaussures ouvertes, de type sandale, même avec chaussettes, en raison des coulées de lave. Enfin, l’étrange structure lumineuse apparue la semaine dernière devant le Palais Royal serait, selon, les autorités, un portail dimensionnel permettant l’accès à un monde parallèle. Des négociations sont en cours avec les représentants de ce monde pour tenter de fermer le portail et de rendre la chaussée à la circulation.
— C’est donc bien un matin calme sur nos routes, peut-être une bonne nouvelle pour conclure ?
— Oui, il y en a une. Grâce à l’annulation de deux cent vols au départ de l’aéroport de Zaventem par la compagnie Ryan Air, un créneau de dix minutes a pu être libéré au sein du couloir aérien principal qui survole la ville, permettant à l’OTAN de mettre en place un pont aérien pour héli-treuiller les fonctionnaires des communautés européennes directement au rond point Schuman. Détail qui vous fera plaisir, Jean-Louis, ce sont des hélicoptères belges qui ont été affrétés pour cette opération.
— Voilà, on peut dire que si, aujourd’hui, l’Europe peut continuer à fonctionner c’est quand même un petit peu grâce à la Belgique. Il est huit heures, le journal parlé avec… »
Pour aller plus loin
« Bruxelles, huitième ville la plus embouteillée en Europe, selon TomTom » (RTBF - 20/02/2017)
Bruxelles est la 8e ville la plus embouteillée en Europe, selon un classement établi par TomTomsur la base de données relevées en 2016. Le taux de congestion de la capitale belge progresse de trois points de pour cent en un an pour atteindre 38%. Elle est notamment devancée par Buccharest, Londres, Marseille, Paris ou Rome.
Le site d’information de la police fédérale Touring mobilis
« Un énorme trou sur la chaussée de Louvain à Bruxelles » (article du 7 septembre 2017 - 7 sur 7)
« Effondrement de voirie à Saint-Josse: 234 personnes évacuées, trafic ferroviaire durablement perturbé » (RTBF)
« Bruxelles: un trou impressionnant de quatre mètres devant le palais royal » (Sud Info, 16 mai 2013)
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