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unarbreenflandres · 7 years
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Vieux-Berquin
Le village de Vieux-Berquin tient son nom de la famille de Berkin dont la dernière du nom fut Adrienne DE BERQUIN, dame de la seigneurie de Broucke, encore appelée la Bleue-Tour. Adrienne est décédée le 18 mars 1570 et a établi, à perpétuité, une fondation pour vêtir tous les ans treize pauvres de la paroisse de Vieux-Berquin, à choisir alternativement parmi les hommes et parmi les femmes, accordant à chacun deux aunes (1) de drap ainsi qu’une chemise façonnée et une paire de souliers. Elle a aussi fondé à perpétuité trois bourses pour l’entretien de trois pauvres écoliers de famille honnête à établir à Douai ou à Louvain.
En avril 1874, l’abbé LEMIRE, un enfant du village, relatait dans une note que les paysans montraient avec un frisson de crainte le fameux champ de la poterne où avaient lieu les exécutions ordonnées par le seigneur de la Bleue-Tour qui possédait le droit de haute justice (2). Dans ce champ s’élevait un tilleul gigantesque auquel on suspendait les malfaiteurs. Il ajoute que dans la ferme de la Bleue-Tour se trouvait un carcan double qui permettait d’enserrer le cou et la poitrine du coupable condamné au dernier supplice.
Un autre vieux-berquinois célèbre est Louis DE BERQUIN qui fut brûlé vif, en avril 1529, sur la place de Grève à Paris, à cause de ses sympathies envers la religion réformée. Il a longtemps bénéficié de la protection du roi de France, François I° mais un dernier procès ordonna sa mort immédiate afin de ne pas laisser au roi, qui était à Blois, le temps d’intervenir. Louis DE BERQUIN était le neveu d’Adrienne DE BERQUIN. Il possédait à Vieux-Berquin les fiefs de Jumelles et de Berquin qui seront confisqués par Charles QUINT puis rachetés par Louis DE GRIBOVAL, époux d’Adrienne DE BERQUIN.
 Parmi mes ancêtres, trois branches ont vécu à Vieux-Berquin, village situé sur la voie romaine qui relie Cassel à Bavay, d’une superficie de 2596 hectares soit davantage que la ville de Lille.
La plus ancienne branche est la famille DEGROOTE qui est apparentée à ma grand-mère paternelle Irma DENAES. Trois générations de DEGROOTE ont vécu à Vieux-Berquin durant une petite centaine d’années, de 1630 à 1725.
La branche BURET est peut-être aussi ancienne si ce n’est plus que la branche DEGROOTE mais l’absence d’actes de baptêmes, mariages et sépultures avant l’année 1736 ne me permet pas de savoir depuis quand la famille BURET vivait à Vieux-Berquin. Cette absence d’actes s’explique par le fait que la commune de Vieux-Berquin a été entièrement détruite durant la Première Guerre Mondiale. La branche BURET qui a vécu à Vieux-Berquin de 1679 et sans doute bien avant, jusqu’à 1810, fait également partie des ancêtres de ma grand-mère Irma DENAES.
Enfin, ma branche DEGRAVE a très peu côtoyé ma branche BURET puisqu’elle n’est arrivée à Vieux-Berquin  que dans les années 1804-1806 et jusqu’en 1846. Il s’agit d’ancêtres de mon grand-père Cyr DEQUIDT.
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  tableau réalisé par Paul-Antoine Salvetti
Mon plus jeune ancêtre de la famille DEGROOTE ayant vécu à Vieux-Berquin est Jacques DEGROOTE qui quittera son village natal après son mariage, célébré le 10 février 1725, pour s’installer à Morbecque, le village de son épouse Marie Jeanne DEBUYSER. Dans l’acte de mariage, il est à noter que Jacques ne savait pas écrire tandis que Marie Jeanne  a pu signer. L’âge des époux n’est pas mentionné mais leur filiation est indiquée. On sait ainsi que Jacques DEGROOTE est le fils de Charles DEGROOTE et de Marie Anne MAES.
Les registres paroissiaux de Vieux-Berquin ne commençant qu’en 1736, il est impossible d’en connaître davantage sur Jacques DEGROOTE et sur ses parents. Grâce à Ludovic DEGROOTE, nous pouvons savoir que Charles DEGROOTE est le fils d’un autre Jacques DEGROOTE et de Jeanne DELAETER.
Ce couple Jacques DEGROOTE- Jeanne DELAETER a vécu à Vieux-Berquin entre les années 1630 et les années 1694. Ce n’est donc pas grâce aux actes paroissiaux que j’ai pu avoir quelques renseignements sur eux mais parce qu’ils étaient bourgeois forains d’Ypres, ville qui se trouve à 26 kms de Vieux-Berquin. Ils étaient qualifiés de forains parce qu’ils ne résidaient pas dans la ville d’Ypres.
Plus exactement, lors de l’enregistrement de leur mariage, le 26 février 1655, sur les registres de la bourgeoisie d’Ypres, c’est Jeanne DELAETER qui est qualifiée de bourgeoise alors que son mari Jacques DEGROOTE était étranger à la bourgeoisie. Le couple a réglé le droit de bourgeoisie jusqu’en 1682. Jacques DEGROOTE a été échevin des Cinq Tenances à La Motte au Bois.
Le 6 juillet 1673, Jossine DU TERACHE, veuve de Nicolas ACQUART, une cabaretière de Vieux-Berquin, demeurant en la tenance du château de la Motte au Bois, a obtenu l’autorisation de conserver, durant douze années supplémentaires, la taverne qu’elle exploitait depuis vingt-huit ou trente ans, moyennant une redevance annuelle de trois florins. Cela a été fait au mépris de l’interdiction d’ériger des cabarets en lisière de la forêt de Nieppe qui est située pour partie sur le territoire de Vieux-Berquin.
Jeanne BUENS, la mère de Jeanne DELAETER était également bourgeoise d’Ypres. alors que son époux, Adrien DELAETER était lui aussi étranger à cette bourgeoisie. Il était fermier de l’abbaye de Marquette et collecteur de la tenance de Vieux-Berquin.
Une centaine d’années auparavant, l’abbaye de Marquette a eu bien du souci avec ses fermiers de Vieux-Berquin. Elle avait été contrainte de leur intenter un procès parce qu’ils refusaient de payer leur fermage du fait que leur bail n’avait pas été renouvelé. Plusieurs fermiers ont été emprisonnés à Lille. Après une procédure qui a duré dix ans, un accord à l’amiable a été trouvé entre les protagonistes, en 1547.
Le mariage d’Adrien DELAETER et de Jeanne BUENS a été enregistré sur les registres de la bourgeoisie d’Ypres le 28 avril 1635 et le couple a payé le droit de bourgeoisie jusqu’en 1652.
Hector BUENS, le père de Jeanne était également bourgeois forain d’Ypres résidant à Vieux-Berquin car il a réglé les droits de bourgeoisie de 1632 à 1640.
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A cette époque, Vieux-Berquin qui s’appelait encore Noort-Berkin, n’était qu’une imbrication de seigneuries, de fiefs, d’arrière-fiefs, de tenances, de hameaux. Les chemins étaient bien souvent difficilement praticables à cause de la boue. Peu de voies étaient pourvues de pierres de pas (3), aussi le roi d’Espagne, Philippe IV, par un acte daté du 4 février 1643, autorisa le bailli et les échevins de Vieux-Berquin à lever dix patards (4) sur chaque rondelle de bière (5) qui sera vendue par les taverniers de la paroisse et ce, pendant trois ans, afin de financer la pose de pierres de pas.
Mes ancêtres ont connu une période très agitée en 1638 due aux affrontements entre l’Espagne de laquelle ils dépendaient et la France qui convoitait la Flandre. Vieux-Berquin a souffert du passage des troupes du général autrichien PICCOLOMINI qui était allié à l’Espagne durant la guerre de Trente Ans. Vieux-Berquin tombera dans le giron de la France en 1678, par la paix de Nimègue.
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   tableau réalisé par Paul-Antoine Salvetti
La Révolution Française venait de commencer lorsqu’est née Marie Catherine BURET, le 15 novembre 1789, à Vieux-Berquin dans la ferme de ses parents Pierre Jacques BURET et Marie Jeanne BURET. Eh oui, ses deux parents ont le même nom de famille et sont probablement apparentés mais l’absence d’actes d’état-civil ne m’a pas permis de le démontrer. Marie Catherine est la première fille et le quatrième enfant du couple BURET-BURET qui demeurait canton de Swaertenbrouck.
Elle a été baptisée le jour même de sa naissance par le vicaire Nicolas Jean DE COSTER. Avec le curé de la paroisse, Pierre CAILLIAU et le second vicaire, Jean Baptiste NOEL, ils refuseront tous trois de prêter serment à la Constitution. Ils s’en expliqueront dans une déclaration faite à la municipalité le 19 février 1791 : « Nous déclarons positivement que notre conscience ne nous permet pas de prêter le serment qu’on exige, vu que le spirituel y est fortement compromis ».
Il faut préciser qu’un peu plus de deux mois après la naissance de Marie Catherine, les citoyens de Vieux-Berquin se sont réunis dans l’église, le 1° février 1790, pour élire leur maire. Mathieu Ignace HULLEBERT, ancien bailli qui avait rédigé, en 1789, le cahier de doléances du Tiers-Etat pour Vieux-Berquin a été élu à une très large majorité, par soixante voix sur soixante-dix-neuf.
Suite au refus du curé et de ses deux vicaires de prêter serment, la commune de Vieux-Berquin a accueilli un curé constitutionnel, le citoyen Ambroise PLAETEVOET qui était assisté par le vicaire MAS.
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Il ne restait plus rien du village de Vieux-Berquin à la fin de la guerre 1914-1918
Les prêtres réfractaires ont continué d’officier alternativement avec les prêtres constitutionnels selon un calendrier fixé par la municipalité jusqu’à ce qu’une émeute éclate à l’automne 1791. Elle faisait suite à des menaces reçues par l’abbé CAILLIAU lui annonçant que sa maison et l’église seraient incendiées s’il ne quittait pas la paroisse.
Dans les registres paroissiaux de Vieux-Berquin, on peut voir que les prêtres réfractaires ont célébré tous les actes de baptêmes, mariages et sépultures jusqu’au 2 août 1791, date à laquelle le curé constitutionnel PLAETEVOET et son vicaire MAS se sont imposés pour prendre en charge tous les sacrements de l’Eglise. Ainsi, je constate que Jeanne Victoire Thérèse BURET, la petite sœur de Marie Catherine, née le 23 janvier 1792 a été baptisée par le curé constitutionnel PLAETEVOET.
L’abbé CAILLIAU et ses deux vicaires finissent par quitter Vieux-Berquin durant l’été 1792 pour se réfugier à Dranoutre dans les Pays-Bas espagnols.
A partir du 1° décembre 1792, le registre des baptêmes, mariages et sépultures commencé le 31 décembre 1786 a été remis au maire de Vieux-Berquin, Louis Alexandre BRUNEEL. Ce registre comprend des actes de prêtres réfractaires et de prêtres constitutionnels ainsi que des actes d’état-civil.
Le maire sera inquiété plus d’une fois par les autorités. Ainsi, le 1 février 1794, le directoire du district ordonne l’envoi de la force armée et l’arrestation du maire jusqu’à ce que la commune de Vieux-Berquin ait participé à l’approvisionnement en grain et fourrage de la poste aux chevaux de Bailleul, comme il le lui avait été demandé.
Le 1° mars suivant, un citoyen dénonce aux autorités la conduite de la municipalité de Vieux-Berquin. Selon lui, elle protégerait sept hommes qui auraient dû  partir sous les drapeaux et qui, au lieu de cela, mènent « une vie oisive et exempte de tout péril ».
A l’instabilité politique de cette période, s’est ajoutée une rigueur climatique entraînant une baisse notable des récoltes. Près d’un habitant sur trois a besoin d’être secouru. Il faudra attendre l’été 1796 pour renouer avec une certaine prospérité agricole.
Je ne pense pas que la famille BURET ait émigré durant la Révolution même temporairement ou partiellement car c’étaient surtout les hommes qui trouvaient refuge dans d’autres villages ou au-delà de la frontière. Certains craignaient d’être arrêtés à cause de leur refus de participer aux offices des prêtres constitutionnels, d’autres voulaient échapper à la première réquisition de l’été 1793. Ainsi, au 18 janvier 1794, soixante et onze villageois sur trois mille quatre cents ont quitté Vieux-Berquin et début juin de la même année, ils étaient quatre-vingts quinze.
Marie Catherine passera un peu plus de vingt ans à Vieux-Berquin jusqu’à son mariage, le 3 octobre 1810, avec Philippe BOUDEELE, cultivateur avec ses parents à Wallon-Cappel, avec lequel elle ira vivre tout d’abord à Staple puis à Cassel.
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Sur la place de Vieux-Berquin, on aperçoit l’auberge de la Maison Commune dont la grande salle a servi de mairie jusqu’en 1884.
Avant de passer devant Monsieur le curé, leur union a été enregistrée par le maire de la commune, Pierre Louis DEROO, dans la salle de la « Taverne du Damier »qui a fait office de mairie pendant une petite centaine d’années à tel point qu’elle est ensuite devenue « L’Auberge de la Maison Commune ».
Le père de Marie Catherine, Pierre Jacques BURET, était témoin à son mariage. Il avait alors soixante-huit ans, il était né le 24 novembre 1742 à Vieux-Berquin. Sur l’acte de mariage, on peut lire que Marie Catherine BURET et sa mère Marie Jeanne BURET ne savaient pas écrire. Pierre Jacques BURET était plus âgé que son épouse Marie Jeanne. Lorsqu’il l’a épousée, le 22 août 1782, à Vieux-Berquin, il avait trente-neuf ans alors qu’elle avait vingt-quatre ans. Ils avaient tous les deux un frère prénommé Cornil Joseph et portant le même nom de famille BURET, l’un né en 1744, l’autre en 1759, à Vieux-Berquin, qui étaient tous les deux témoins au mariage de Pierre Jacques et de Marie Jeanne.
Mathieu Joseph BURET, le fils de Cornil Joseph, frère de Marie Jeanne, a eu le malheur d’être bon pour le service lorsqu’il a passé son conseil de révision à Bailleul. C’était une désolation pour les familles de voir leurs enfants partir à la guerre. Il a été incorporé au 108° régiment de ligne le 19 avril 1811 avec le numéro de matricule 8069. Il a participé à la campagne de Russie et il a été présumé prisonnier de guerre le 15 décembre 1812. Il est très vraisemblablement mort loin de chez lui alors qu’il n’avait même pas vingt-trois ans.
Pierre Jacques et Marie Jeanne ont eu huit enfants dont le dernier, Joseph, est né en 1801 alors que son père avait 59 ans. Il ne l’aura pas connu très longtemps car Pierre Jacques BURET devait décéder le 26 avril 1812 à Vieux-Berquin à l’âge de soixante-neuf ans, soit un an et demi après le mariage de Marie Catherine.
En 1805, Pierre Jacques BURET a eu la pénible tâche de devoir déclarer le décès de son fils aîné Pierre Jean alors que celui-ci n’avait que vingt-deux ans. A cette occasion, on peut relever que Louis, un autre frère de Marie Catherine ne sait pas signer non plus, alors que leur père signe les registres.
Cornil Joseph BURET, le père de Pierre Jacques était également laboureur comme son fils. Il avait vu le jour à Vieux-Berquin dans les années 1712 et avait épousé, le 6 février 1742 en l’église Saint Barthélémy, une église à trois nefs qui venait d’être partiellement reconstruite en 1720, une jeune-fille originaire de Steenbecque, Marie Pétronille DEBEYER. Pierre Jacques était leur premier enfant. Il est né exactement neuf mois et dix-huit jours après l’union de ses parents. Ils ont eu encore sept autres enfants ensemble. La dernière n’avait pas encore huit ans lorsque son père est décédé, le 28 février 1762 à Vieux-Berquin à l’âge de cinquante ans.
A cette époque, le problème des voies boueuses n’était toujours pas résolu. En 1771, des habitants de Vieux-Berquin ont adressé une requête à l’Intendant de Flandre et d’Artois, Monsieur DE CAUMARTIN, afin que le réseau de pierres de pas soit développé dans la paroisse. Mais ils n’ont sans doute pas obtenu satisfaction car, cinq ans plus tard, ils finançaient eux-mêmes, à hauteur de cent florins, la mise en place de pierres.
Marie Pétronille DEBEYER a survécu un peu plus de vingt-huit ans à son époux, elle est décédée le 17 septembre 1790 à Vieux-Berquin. Sur l’acte de décès, elle est dite âgée de soixante-dix-huit ans alors qu’en réalité elle avait seulement soixante-quatorze ans.
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L’église saint Barthélémy de Vieux-Berquin en 1914
Dans l’acte de mariage de Cornil Joseph BURET, il est précisé qu’il est le fils de Joos BURET et de Marie Anne HULLEBERT sans aucune autre précision quant à leur âge, leur lieu de résidence ou leur profession. Mais grâce aux mariages des bourgeois forains d’Ypres, je retrouve que Marie Anne HULLEBERT a été bourgeoise d’Ypres. Elle était la fille d’Antoine HULLEBERT et de Marguerite CABOETSE, tous deux également bourgeois d’Ypres.
Marie Jeanne BURET a vu le jour à Vieux-Berquin le 9 octobre 1757. Elle était le quatrième enfant de Jean François BURET et de Marie Jeanne ROYE qui auront dix enfants en tout. Jean François BURET avait déjà eu quatre enfants de sa première épouse Marie Anne STECULORUM qui est morte des suites de couches, le 18 janvier 1749 à Vieux-Berquin, après avoir mis au monde un petit Nicolas Joseph mort quatre jours après sa naissance. Jean François BURET était fermier à Vieux-Berquin.
Dans l’acte de mariage de Jean François avec Marie Jeanne ROYE, célébré le 4 février 1750 à Vieux-Berquin on apprend que Jean François est le fils de Joseph BURET et de Marie Françoise FOORS et Marie Jeanne ROYE est dite fille d’Antoine ROYE et de Marie Catherine DESMIDT. Marie Jeanne ROYE est âgée de vingt-cinq ans à son mariage, elle est donc née vers 1725. Par contre, l’âge de Jean François a été surchargé dans l’acte et il est difficilement lisible. Il faut retrouver l’acte de son premier mariage, célébré le 6 décembre 1742 à Bailleul pour découvrir qu’il n’avait que dix-neuf ans et était encore mineur. Il est donc né vers 1723.
Il faut également ruser pour trouver l’acte de décès de Jean François BURET car le registre des sépultures de Vieux-Berquin de l’année 1791 n’a pas été mis en ligne ou a disparu mais la date du décès est mentionnée dans l’acte de mariage de son fils Jacques Ignace avec sa troisième épouse Marie Jeanne DELVALLÉ, célébré le 30 août 1826 à Vieux-Berquin. Le décès de Jean François BURET remonte au 19 mars 1791. Marie Jeanne ROYE, quant à elle, est décédée un peu plus de deux ans après son époux, le 29 juillet 1793 à Vieux-Berquin. Elle avait septante un ans comme il est indiqué dans son acte de décès.
Peu de renseignements nous sont parvenus concernant les parents de Jean François et de Marie Jeanne. Tout au plus, pouvons-nous trouver leurs actes de décès et encore seulement pour les parents de Jean François. Sa mère, Marie Françoise FOORS est décédée à Vieux-Berquin le 11 mars 1739. Dans son acte de décès, on peut lire qu’elle était âgée de cinquante-cinq ans, donc née vers 1684. Elle est dite fille de Pierre. Son mari est appelé Cornil BURET et non Joseph, peut-être avait-il les deux prénoms ? J’ai trouvé un acte de décès d’un Joseph BURET, fermier, décédé à l’âge de soixante-neuf ans, le 29 septembre 1748 à Vieux-Berquin, donc né vers 1679. Mais j’ai envie de pencher pour une autre date de décès. En effet, dans un acte de décès du 22 avril 1751, on trouve comme témoin Mathieu DEVOS qui avait épousé deux ans auparavant Marie Françoise BURET, fille de Marie Françoise FOORS et de Joseph BURET et sa signature est assez ressemblante à celle qu’il a apposée sur le registre le jour de son mariage, le 7 janvier 1749. L’autre témoin est Joos BURET, j’ignore de qui il s’agit. Je n’arrive pas non plus à lire le prénom du décédé. Celui-ci avait 79 ans à son décès, il était donc né vers 1672.
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acte de décès probable de Joseph Buret (capture d’écran faite sur le site des AD du Nord)
Les grands-parents de Jean François et de Marie Jeanne ont pensé que leur vieux curé Charles Adrien VAN HOUCKE qui avait la charge de la paroisse depuis 1654, avait raison de s’opposer aux décimateurs (6) de la Collégiale Saint Pierre de Cassel mais leur avis importait peu. Le prévôt (7), le doyen et les chanoines de cette Collégiale qui percevaient la dîme sur des terres situées à Vieux-Berquin estimaient que les biens de la cure de cette paroisse étaient plus que suffisants pour que le curé puisse pourvoir non seulement à son entretien mais aussi à celui du vicaire et du coutre (8). Et pourtant le curé avait bien précisé que la paroisse de Vieux-Berquin était l’une des plus difficiles de toute la Flandre. Il estimait les revenus de sa cure à pas plus de cinq cent florins par an ce qui était insuffisant pour rémunérer en plus de lui-même le vicaire et le coutre. Le 11 avril 1690, le bailli et les échevins de Vieux-Berquin avaient condamné les décimateurs de la Collégiale Saint Pierre de Cassel à verser cent cinquante florins par an au vicaire et trente-six florins au coutre. Cette affaire a ensuite été jugée en appel au Parlement de Tournai le 14 novembre 1698, et elle a confirmé que les gros décimateurs des paroisses devaient fournir l’entretien des vicaires et clercs sans recours contre les curés. Charles Adrien VAN HOUCKE décédera un an après ce jugement, le 13 novembre 1699 à Vieux-Berquin. Il avait tout de même quatre-vingt six ans.
Comme partout en Flandre, les décimateurs attendaient d’être condamnés par la justice avant de délier leur bourse qui était on ne peut plus conséquente. Pourtant, en 1692, peut-être refroidis par le jugement ci-dessus, ils ont signé une convention avec la paroisse dégageant neuf cents florins afin de financer les travaux du clocher de l’église. En échange, ils ont tout de même obtenu la garantie de ne plus être sollicités pendant cent ans pour le même type de travaux.
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  tableau réalisé par Paul-Antoine Salvetti
Peu avant que Marie Catherine BURET ne quitte Vieux-Berquin, un jeune ménage de cultivateurs venant de Saint-Venant est venu s’installer rue Verte, dans la partie sud du village, dans les années 1804-1806. Nicolas DEGRAVE et Amélie CANTRAINE amenaient avec eux également trois jeunes enfants ainsi qu’Anne Claire BOUSSEMART, la mère de Nicolas. Cette famille n’était absolument pas flamingante car Nicolas est originaire de Calonne sur la Lys et Amélie a vu le jour à Robecq, deux paroisses du Pas de Calais situées au sud de la Lys. En effet, la Lys a longtemps constitué une frontière entre le français et le flamand. Anne Claire BOUSSEMART était quant à elle originaire de Hem, dans la région lilloise.
Ils auront encore cinq enfants nés à Vieux-Berquin dont mon ancêtre Mélanie DEGRAVE, née le 25 février 1813. Sa grand-mère paternelle, Anne Claire BOUSSEMART n’aura pas eu le plaisir de la tenir dans ses bras car elle est morte le 28 août 1811 à Vieux-Berquin à l’âge de soixante-quatorze ans après un long veuvage de trente-deux ans.
Mélanie DEGRAVE a vécu l’angoisse d’une jeune-fille de Vieux-Berquin, de deux ans plus jeune qu’elle, également prénommée Mélanie, qui s’était fait mordre à la main par l’un de ses chiens réputé enragé, le 3 mai 1842. Ses plaies ont saigné mais elles se sont bien cicatrisées et elle n’a pas jugé bon de les cautériser. Pour prévenir tout risque d’attraper la rage, Mélanie Fortunée Adèle LABIS est allée faire un pèlerinage à Saint Hubert, dans les Ardennes belges, puis elle a repris ses occupations à la ferme qu’elle exploitait avec ses frères et sœurs à la Grande Jumelle, ses parents étant décédés. Mais le 28 juillet suivant, elle ne s’est pas sentie bien, elle fut prise de tremblements convulsifs, elle passa par d’impressionnantes crises de colère. Les médecins n’ont pu stopper l’avancée de la maladie et vingt-quatre heures plus tard, Mélanie LABIS décédait.
Un jeune enfant de six ans, Julien DOUDOUX, est mort du même mal le 7 février 1878, à Vieux-Berquin. Louis PASTEUR n’avait pas encore découvert le vaccin contre la rage.
Mélanie DEGRAVE a vécu trente ans dans sa commune de naissance, jusqu’à son mariage célébré le 10 mai 1843 à Vieux-Berquin avec Louis VITTU avec lequel elle est allée s’installer tout d’abord à Lestrem puis plus tard à Winnezeele.
C’est à cette époque que le maire de Vieux-Berquin, François CAPPON, s’est résolu à demander le remplacement du curé du village, l’abbé Jean Antoine RUYSSEN, un flamandophone natif d’Herzeele que la plupart des paroissiens ne comprenaient pas car seule la partie nord du village parlait encore le flamand. L’abbé RUYSSEN restera dix-huit ans à Vieux-Berquin jusqu’à son décès, le 2 mai 1845, à l’âge de cinquante-huit ans.
Nicolas DEGRAVE, le père de Mélanie DEGRAVE, est décédé peu de temps après qu’elle se soit mariée. A sa mort, à quatre-vingts ans, le 8 novembre 1846, il demeurait toujours rue Verte. Son épouse, Amélie CANTRAINE est ensuite allée vivre à Saint-Venant.
  Une autre de mes ancêtres a vécu très brièvement à Vieux-Berquin car Cornélie DERAM n’était autre que la mère du vicaire de la paroisse, Charles Joseph WATERLOOT. Il avait vingt-cinq ans lorsqu’il a déclaré le décès de celle-ci, le 7 septembre 1739. Il était accompagné de son jeune frère de dix-huit ans, mon ancêtre Pierre François WATERLOOT. Elle a été inhumée dans l’église de Vieux-Berquin. Cornélie DERAM était originaire de Lynde et avait perdu son époux le jour de Noël 1727. En 1737, sa fille Marie Adrienne a épousé en deuxièmes noces le bailli de Vieux-Berquin, Louis François BURIE.
Lors de son premier mariage, en 1732 avec Pierre DE PECKEL, Marie Adrienne est dite originaire de Vieux-Berquin. On peut donc supposer que Cornélie DERAM est venue vivre à Vieux-Berquin entre 1727 et 1732, avec les enfants qui restaient à sa charge.
  (1)     aune : ancienne unité de mesure qui variait selon les villes de Flandre entre 0,62 m '(Cassel) et 0,719 m (Dunkerque).
(2)     haute justice : plénitude de juridiction au civil comme au pénal (le seigneur peut juger toutes les affaires et prononcer toutes les peines dont la peine capitale)
(3)     pierres de pas : stapsteenen en flamand ; il s’agit de blocs de grès de 30 cm de largeur par 70 cm de longueur, espacés entre eux de 30 à 40 cm permettant d’éviter de marcher dans la boue
(4)     patard : monnaie des Pays-Bas
(5)     rondelle de bière : tonneau d’une contenance de 593,6 litres de bière
(6)     décimateur : qui perçoit la dîme
(7)     prévôt : dans le cas d’une communauté religieuse, il s’agit du supérieur de la communauté
(8)     coutre : sacristain et souvent maître d’école
  Sources :
Ludovic DEGROOTE : Généalogie de la famille Degroote
Ludovic DEGROOTE : Mariages des bourgeois forains d’Ypres (1610-1795)
Jean-Pascal VANHOVE : De Noord-Berkin à Vieux-Berquin, 850 ans d’histoire
Jacques MESSIANT : Chemins et chapelles autour des monts de Flandre, un patrimoine à découvrir et protéger
Emile COORNAERT : La Flandre française de langue flamande
 Mathieu PINAULT : Recueil d’arrêts notables du Parlement de Tournay, tome second : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9609864r/f166.item.r=noort-berkin.zoom
 Généanet : matricules napoléoniens :
http://www.geneanet.org/archives/releves/search_etat_civil.php?search=buret+vieux-berquin&clef=dep_91&ref=fraalsf67und5&place=UND&sens=liste
 Retronews : La Presse du 11 août 1842 :
http://www.retronews.fr/journal/la-presse/11-aout-1842/126/522469/2
 Gallica : Bulletin de la Société d’Etudes de la Province de Cambrai : tome XVI, année 1911
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6308286m/f98.item.r=jules%20lemire%20vieux-berquin%201874.zoom
Gallica : Mémoires de la Société d’Etudes de la Province de Cambrai : Tome XXI, année 1914 :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6308286m/f98.item.r=jules%20lemire%20vieux-berquin%201874.zoom
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