Tumgik
#suivez moi mes fidèles et tout le monde sera à la retraite tout de suite maintenant
perduedansmatete · 1 year
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on est jour de manif et je viens de voir que j'ai posté 1789 merdes ici, je crois que c'est un signe!!!
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helenemuron · 4 years
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Visa pour la vie
Mon visa a expiré le 1er septembre. Le 1er septembre, autre événement: je suis devenue maman. J’adore quand le timing de la vie est aussi complaisant. Toute la soirée, on s’est demandé si elle naîtrait un samedi ou un dimanche, en août en septembre, et ce que ça signifierait sur son tempérament. (Il faut bien s’occuper quand la péridurale commence à faire effet et qu’il n’y a plus qu’à attendre que le bébé descende.) Saturday night fever des Bee Gees ou Sunday morning du Velvet Underground? En vrai, j’étais tellement high qu’on a écouté Bob Marley. 
À un moment, le tempo s’est accéléré, il a fallu “pousser”. L’expérience la plus intense de toute l’existence, aussi physique que métaphysique. Là, elle est en moi, ensuite, elle sera en vie. Et si elle ne sortait pas? Et si elle restait pour toujours dans cet état limite? Bref, totally worth it, ce trip. Finalement, c’est la voix de velours râpé de Lou Reed qui l’a emporté. Elle est née à minuit et demi et j’aimerais dire qu’elle a été accueillie par le son du célesta légendaire de la chanson, mais la vérité c’est que j’ai sans doute poussé la beuglante millénaire de toutes les parturientes. 
J’aimerais dire aussi que c’est en hommage à la chanson qu’on a choisi son prénom, mais ça aussi ce serait un gros bobard concocté a posteriori. Le prénom, on l’a choisi un jour glacial de mars en regardant les nuages blancs et le ciel se refléter sur un lac du Morvan. On ne connaissait pas encore le sexe, mais peu importe: c’est un adjectif épicène. Elle s’appelle Céleste. Comme la reine-éléphant de Célesteville, et comme le célesta de John Cale, et comme le ciel constant derrière les nuages mouvants. En espagnol, celeste veut dire bleu ciel. 
Céleste n’était pas bleue quand elle est née mais rouge, vivante et gigotante. Elle avait les yeux ouverts, bruns et quasi-bridés. J’ai dit: Pourquoi elle a une tête de Chinois? Les sage-femmes ont rigolé. On l’a posée sur mon ventre et elle a tété tout de suite, goulûment, les yeux fermés. Elle s’est acclimatée aussi vite sur le torse de son père où on l’a mise ensuite. Lorsqu’il est rentré se reposer, on est restées toutes les deux, et je l’ai regardée dormir sur moi, aussi paisible que les cieux, et je lui ai dit, it’s you and me forever, baby. Un visa pour l’amour, durée: toute la vie.
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L’autre visa, celui qu’on obtient via un avocat qui certifie qu’on est extraordinaire et non via une partie de jambes en l’air, on l’avait un peu négligé, ces temps-ci. Comme on, c’est-à-dire moi, avait un peu négligé cet endroit, ici, au profit de la vie. Parfois, on écrit, et on ne “vit” pas, one does not “live”; et puis parfois, on vit. Le retranchement de l’existence qu’implique l’acte d’écrire, il est pénible. Moins pénible que le travail à la mine - il me reste une once de décence - mais difficile. Parfois on a envie de présence. Quand on accouche, par exemple. 
Réfléchir à ce que c’est qu’enfanter au moment précis où dans l’oreille on vous crie: Poussez, c’est intéressant, mais je ne sais pas si je recommande, pour la productivité. Penser à ce qu’est un bébé, ce qu’est la maternité, se souvenir de Christine Villemin et de Médée et conjurer la mère pélican et l’araignée pour compenser - bravo et merci, tout ça est très bien référencé mais est-ce qu’on pourrait juste attendre que le bébé ait fini de téter? Un bébé est présence pure, aucune projection dans le futur, et en même temps promesse d’avenir: inéluctablement, ce bébé va grandir. 
Grandir comment? Où? Avec qui? Le visa pour le septième ciel que j’ai décroché le 1er septembre n’a pas oblitéré toutes les questions existentielles. Il y a une chose cependant que je sais, que j’avais dite à mon amie Hélène, avant: on a mille raisons de s’abstenir, la première dans mon cas étant ma nature si peu céleste, aussi chaude et destructrice que l’éclat du soleil (c’est ce qui signifie Hélène, et qui suis-je pour lutter contre l’onomastique), mais je crois que je veux faire un enfant, pour ne pas rater un sentiment.
J’ai l’air d’un monstre, qui fait un enfant pour son divertissement personnel? Allez, que celui qui n’a jamais dit gouzi-gouzi me jette la première pierre. Ma mère m’avait dit une fois: on fait des enfants pour ses parents. J’avais dit en rigolant: Fi, je m’en fiche de mes parents, ou autre phrase typique de nullipare. Et maintenant, cliffhanger: non seulement je ne m’en fiche pas de ma mère, mais je la comprends. Et toutes les autres avec elle - les Médée et les araignées, palette entière de sentiments à explorer en prenant pour objet la pauvre Céleste, qui n’avait pourtant rien demandé. 
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Céleste n’a peut-être pas demandé à naître, et elle n’a pas non plus requis d’être affublée d’un état civil à rallonge, mais moi je crois à la loi du karma qui dit qu’elle nous a choisis, son père et moi. Et tous ses ascendants aussi. Voilà pourquoi elle s’appelle Lola, surnom autoproclamé de sa grand-mère paternelle qui vit aujourd’hui, de manière physique, au quatrième étage d’une maison de retraite, et de manière psychique, plus dans sa tête que dans le monde réel. Inventer son propre prénom, c’est forcément génial, non?
Ensuite, Céleste s’appelle Olive, surnom de mon père qui a lui aussi une tendance charmante à prendre le contenu de sa tête pour la réalité, tendance dont j’ai hérité et que je préfère prendre pour une qualité. L’autre Olive la plus célèbre, c’est la femme de Popeye - Olive Oyl à l’état civil, habile référence au délice de la nature qu’est l’huile d’olive. Et mon Olive préférée, ex æquo avec celles de Castelvetrano, c’est la fille de mon amie Hélène, conçue trois mois après Céleste et aussitôt décrétée sa meilleure amie, in et ex utero. 
Il y a des amitiés parce-que-c’était-lui-parce-que-c’était-moi, à la Montaigne et La Boétie, des amitiés quasi-sado-maso à la Jerry Seinfeld et George Costanza, et puis il y a des alter ego. Hélène et moi, on se félicite de nos choix, d’une part parce que c’est ce que font les bons amis, et puis peut-être parce que les nôtres suivent des courbes parallèles depuis qu’on s’est rencontrées en khâgne le jour de la rentrée. Déjà, faire une khâgne, drôle d’idée. En tout cas, le dernier choix, celui qui a consisté à enfanter, “pour ne pas rater un sentiment”, on ne le regrette pas. 
Le dernier prénom de Céleste, c’est le premier des sentiments: elle s’appelle Lioubov, ou Любовь en cyrillique, ou Amour, en français. En matière de prénoms, les Russes raffolent des vertus théologales, et qui pourrait les blâmer? You can’t go wrong with Foi (Vera), Espérance (Nadejda) et Charité (Lioubov, si vous suivez). L’hiver dernier, j’ai travaillé pour un projet russe qui a beaucoup fait parler de lui à Paris, un rollercoaster comme seuls les Russes savent les faire. C’est au milieu de ce chaos nommé DAU que le fruit de mes entrailles s’est manifesté. 
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J’ai fait le test de grossesse tard un dimanche soir, dans des toilettes plus infestées de sperme, de vodka et de cocaïne que d’urine. Les films de DAU (il y en a treize au total, dont un qui vient de gagner un ours d’argent à la Berlinale) parlent de tout ça, et de physique quantique et de politique, et d’inceste et d’amitié et de violence et de folie et de liberté. Et de foi, d’espérance et de charité. Bizarrement, je n’aurais pas pu imaginer de meilleur contexte pour concevoir un bébé. Je rêvais d’Amérique et j’ai atterri en Union soviétique. La vie est comique. 
Ce qui est comique aussi, c’est que les middle initials de Céleste forment le mot LOL. Lol, c’est lots of laughter, une chose qu’elle nous apporte à haute dose. Et c’est aussi l’héroïne fameuse du roman de Marguerite Duras, Le ravissement de Lol V. Stein. Lola Valérie Stein alias Lol devient folle d’amour lors d’un bal. Elle suscite à son tour la passion d’un type qui entreprend de raconter ce qu’il sait de son histoire et d’imaginer les interstices. Je ne sais pas si je souhaite à Céleste un destin aussi romanesque. Mais de l’amour, et de l’humour, et de la folie, et de la vie, ça oui.
Céleste, fidèle à la prophétie qu’on lui a donnée en la nommant ainsi, aime contempler le ciel depuis la véranda que son père a dessinée. Elle aime aussi regarder sa main et agiter les doigts en poussant des oh et des ah. Elle aime utiliser cette même main pour essayer d’attraper tout ce qui se trouve à sa portée, ce qui nous fait crier au génie lorsqu’elle réussit. Je repense à Marie Darrieussecq qui citant peu ou prou Beauvoir écrit: On ne peut pas penser et pouponner. Elle écrit ça dans Le bébé, récit-fleuve de la maternité et preuve qu’on peut faire les deux.
On peut aussi pouponner et ne pas trop penser. Parfois, c’est autorisé. Céleste a célébré ses six mois à New York en compagnie de son autre meilleure amie Luna, née un mois après elle. Luna, qui est à moitié chinoise, l’a emmenée manger des dim sum à la crevette et à la ciboulette. C’était sacrément chouette. Le même jour, Céleste a traversé Central Park avec sa mère et sa grand-mère maternelle, la dite Babou pour Babouchka, qui est à moitié russe, elle. Depuis le porte-bébé, elle a contemplé le ciel d’un air ravi: c’était le même qu’à Paris. 
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