Tumgik
#même si je me demande comment ils vont lui faire jouer un rôle actif dans les suites...
lilias42 · 1 month
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C'était ma semaine de vacances alors, j'en ai profité pour commencer à dessiner des esquisses pour une prochaine histoire.
Je ne sais pas encore si ce sera encore une fanfic biiiiiien remodelée avec mes propres règles ou une histoire originale (il faudrait que je me renseigne avant sur certains trucs, j'aimerais bien intégrer des légendes françaises et de mon coin mais, il faut que je creuse dessus avant) mais en attendant, j'ai gardé les noms et les apparences des personnages de 3H pour ces dessins préparatoires.
La première page représente le pitch puis, on a l'histoire dans l'ordre. Le premier panneau correspond au deuxième temps de l'histoire.
Dessins et "petit" développement du début de l'histoire sous la coupe :
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Le pitch ressemble aussi à l'histoire que j'ai commencé à écrire il y a quelques temps mais finalement, je ne pense pas la continuer à cause de trous dans la chronologie. Dans cette histoire, Félicia et Héléna devaient être vivantes à l'époque de la guerre contre les rois sans yeux de Sreng, qui arrive l'année de 6 ans de Félix (sauf que dans cette chronologie, Lambert abandonnerait les jumeaux à la mort puis ils reviendraient, vu que j'ai plutôt envie d'écrire une histoire de revanche ou au moins une où les jumeaux vivent leur meilleure vie avec les conséquences des actions de Lambert qui arrivent dans sa figure). J'aurais également ajouté une histoire d'arrière-plan sur un personnage de la Guerre du Lion et de l'Aigle, ma Rosine von Lamine, afin de dire que ce qui est arrivé aux jumeaux (survivre à la mort après une trahison / tentative d'assassinat en absorbant la magie autour de soi mais, en y laissant un bout de son humanité au passage pour devenir une sorte d'être fantastique) n'est pas unique et préparer ce qui allait leur arriver mais, ça aurait rendu son personnage incohérent car, elle n'aurait plus aucune raison de rester du côté de l'Empire, elle se serait barrée avec le groupe de Loog sans sourciller et avec joie étant donné que ça aurait été l'empereur qui aurait commandité l'assassinat d'une duchesse devenant un peu trop puissante et revêche à son autorité, surtout qu'il s'agit d'une femme à la tête d'un duché très puissant avec un sanctuaire miraculeux très connu et reconnu.
Cependant, si je suis le caractère d'Héléna, jamais elle ne resterait aussi longtemps avec Lambert, elle l'aurait quitté bien avant. Elle a le sens du devoir et veut servir son pays mais, quand elle voie que rien ne fera changer Lambert et que tout ce qu'elle fait, c'est se ruiner la santé tout en donnant un père pareil à Dimitri, elle demanderait le divorce et rentrerait dans sa famille avec son fils dont elle aurait la garde exclusive.
Pour Félicia, c'est un problème de ce que sa survie implique. Félix s'en veut pour sa mort mais, elle est plutôt du genre à dire (et à raison) que c'était un accident, que rien n'est de la faute de son fils qui s'est contenté de naitre et qu'elle en est heureuse, en ajoutant que qui sait, sans lui pour faire une motivation en plus pour s'accrocher encore plus à sa vie, elle aurait peut-être fait une attaque mortelle avant. Alors, dans ce genre de chronologie où Félix ne nait pas à ce moment-là, j'ai tendance à la faire mourir avant afin de souligner que non, ce n'est pas la faute de Félix. Si elle survivait plus longtemps sans lui, j'aurais l'impression de confirmer cette fausse idée qu'il est en partie responsable de la mort de sa mère vu que sans lui, elle aurait survécu plus longtemps, et je ne veux surtout pas faire ça ! Donc, cette histoire est remisée pour le moment et j'essaye d'en faire autre chose, tant pis, c'était à tenter.
Ici, pour permettre ça, on se placerait plutôt à la fin du règne de Ludovic où quand il tombe dans un coma étrange dont il ne se réveille pas (que ce soit à cause de la tuberculose, un sort, un poison de Rufus ou autre chose, je ne suis pas encore décidé), Rufus fait lire son testament à Lambert, où il voie que Ludovic veut aller jusqu'au bout pour remettre en place la monarchie élective à Faerghus et qu'il voterait pour les jumeaux, car il sait que son fils n'est pas à la hauteur de la tâche de roi, et dit que Lambert épuise complètement Héléna - alors enceinte de lui - et Ludovic espère qu'elle aura la force de le quitter si la situation empire entre eux (voir son testament dans la partie 5 de "Tout ce que je veux, c'est te revoir" pour plus de détail, c'est résumé très vite fait).
Après cette lecture et malgré leur amitié, Lambert commence à voir les jumeaux comme des rivaux, puis décide avec Rufus et Gustave de les faire tomber dans un ravin pendant une sortie ensemble, tuant aussi leurs hommes témoins de la scène et faisant passer leur mort pour un accident, même si Héléna a tout de suite de très gros doutes sur cette version de l'histoire quand elle écoute les témoignages et récupère la cape de Lambert qu'il n'a pas pensé à jeter dans la précipitation, alors qu'il l'a coupé d'un coup d'épée quand les jumeaux s'y accrochent en le suppliant de leur expliquer pourquoi il leur fait subir ça et qu'ils ne veulent pas laisser Félicia et Glenn seuls.
Cependant, quelques semaines plus tard, les jumeaux reviennent, amaigri et faible mais, avec un pouvoir décuplé et une haine farouche pour Lambert, jurant de prendre leur revanche sur l'homme qui les a assassinés, Lambert devenant de plus en plus paranoïaque au fur et à mesure que la nouvelle puissance des jumeaux se révèle et semble se transmettre à leurs proches, que ce soit Félicia qui guérit miraculeusement grâce à Rodrigue, Glenn qui semble également avoir de plus en plus d'énergie magique en lui, ou Félix qui est né quand Rodrigue est revenu et a hérité de toute la puissance de son père.
ça, c'est si c'est une fanfic (une fanfic trèèèèès remodelée selon mes propres règles mais, fanfic quand même).
Si je pars plus sur une histoire originale, ce serait une famille de la petite noblesse - d'abord avec les parents (soit Aliénor et Guillaume), puis avec les enfants et petits-enfants qui se rajoutent - qui joignent les deux bouts en tant que médecin pour Guillaume, professeur pour Aliénor (on supprime le coup qu'ils n'ont pas le droit d'exercer le moindre métier à part les armes et la pisciculture dans cet univers pour le bien du scénario) qui grimpe petit à petit les échelons jusqu'à devenir une famille de premier plan, avant d'embrayer sur ce pitch avec divers manigances du / des fils du roi - profitant de la santé très fragile de leur père - pour leur mettre des bâtons dans les roues. Mais pour partir sur cette idée, il faut déjà que je me replonge dans les mythes, légendes et le folklore français vu que j'aimerais bien m'en inspirer (notamment si je trouve des trucs sur les légendes de mon coin)
Enfin, on verra bien comment ça tournera et j'espère que les dessins vous plaisent !
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audreybriere · 6 years
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#1 - La paire de baskets
Où comment une simple anecdote de vie peut faire écho au séisme de l’égalité homme-femme
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J’étais dernièrement en vadrouille avec mon fils de 3 ans et demi dans l’optique de lui acheter une nouvelle paire de baskets. Nous voilà donc dans une grande enseigne de sport, rayon enfants, devant différents modèles de chaussures. Rapidement, j’oriente mon choix vers une paire bleue et blanche, somme toute assez classique, la propose à mon fils et me dit que voilà une affaire rondement menée. A ce âge-là, les souliers ne font pas suffisamment long feu pour justifier que l’on y passe des heures…
C’est sans compter mon bonhomme qui refuse de les essayer et me dit tout à trac : « elles sont moches. Je veux celles-là ».
Prête au compromis, je suis du regard son petit doigt, qui désigne… le même modèle, en rose et violet.
Nous y voilà. L’instant où toutes mes convictions, mes beaux discours, mes théories sur les hommes, les femmes, les rapports de genre, l’éducation des enfants et tout le toutim se retrouvent confrontés à la vie réelle.
Mes convictions ? Je suis férocement pour l’égalité des sexes et le respect des inclinations naturelles des enfants. Je suis férocement contre les pages bleues et roses des magazines de jouets. Je suis contre la construction artificielle du Genre.
D’où cette question, inévitable : dois-je, pour rester cohérente et crédible dans mes idées, placer mon fils dans une situation où, potentiellement, les autres vont rire et se moquer ?
Car nous en sommes malheureusement toujours là. Mon fils, qui est en première section de maternelle, me l’a fait comprendre à sa manière quand il m’a dit un beau matin : « pas le t-shirt rose. C’est pour les filles, le rose » (au passage, je ne suis pas la seule à avoir des problèmes de cohérence - mais on lui pardonne, il a 3 ans). Il n’a jamais entendu ça à la maison ; c’est donc à l’école qu’un autre enfant, ou un adulte, a fait cette réflexion.
Nous en sommes malheureusement toujours là, quand un individu, apercevant ses boucles mi-longues, s’exclame : « oh, la jolie petite fille! » (même s'il est habillé « comme un garçon »). Cela arrive régulièrement.
Quand l’inégalité entre les sexes commence dans les bacs à sable
Le Genre est un pur construit social. Naturellement, les enfants sont dans la reproduction de ce que font leurs aînés. La grande soeur de mon fils a regardé deux fois la série Olive et Tom avec son père. Olive et Tom, 128 épisodes (deux fois, j’insiste), pas une seule fille à l’horizon. Uniquement des garçons et adolescents qui jouent au football. Son petit frère réclame du vernis à ongles sur les orteils chaque fois qu’il me voit jouer du flacon. Il met des serres-têtes et veut des baskets roses.
Pourtant, en dehors de son cercle familial, on demande à l’enfant de rentrer dans une case bien définie, avec des caractéristiques bien précises. C’est le fameux débat sur « la théorie des Genres » qui a agité notre société il y a quelques mois.
En quelques mots, la « théorie des Genres » est une interprétation faite par les conservateurs français des gender studies américaines. Ces dernières étudient la manière dont la société attribue des rôles à chaque sexe. Il s’agit de s’interroger sur les rôles masculin et féminin en société : pourquoi un garçon joue aux voitures quand une fille joue à la poupée et où cela nous conduit-il.
Soyons honnêtes. Pourquoi cette théorie a-t-il été décriée en France ? Quelle est l’angoisse secrète de ceux qui sont montés au créneau contre l’idée que l’on puisse remettre en question cette construction sociale garçon - fille ?
Il existe deux types d'angoisse. Le premier est qu’une fillette se mette à jouer aux voitures avec les garçons, s’habille comme eux, se comporte comme eux. Si la chose en irrite certains (comme le prouve les réactions face à l’attitude de la fille de Brad Pitt et Angelina Jolie, qui se fait maintenant appelée… John), cela passe encore. On parlera de garçon manqué. Le terme seul fait frémir ! Un garçon raté = une fille. Un garçon échoué, pas réussi = une fille. Bref, une fille, c’est une erreur. Un manqué.
Au temps pour l’image des filles auprès de leurs congénères masculins.
Deuxième angoisse : un garçonnet qui tend vers les attributs « féminins ». Dans un esprit peu évolué, un garçon qui est attiré par les jouets de fille, ou qui exprime le souhait de se vêtir avec des couleurs vives (traditionnellement attribuées aux filles) est un garçon qui va nécessairement devenir transsexuel ou homosexuel.
A Athènes à l’époque classique, les Grecs méprisaient cordialement les femmes (qui n’avaient pas le droit de citoyenneté), mais toléraient parfaitement l’homosexualité à condition d’être un homosexuel actif (autrement dit plus explicitement, d’être le pénétrant). Se faire pénétrer quand on était un homme vous rabaissait à la condition "d’efféminé" et était passible d’exclusion de la vie politique et de privation de l’égalité de parole. La raison ? Passivité = soumission = paresse. Comment confier la Cité à un individu paresseux, qui ne peut se prendre en main lui-même et se fait entretenir par ses amants ?  
Selon moi, cela fait écho avec les débats qui agitent aujourd’hui notre société sur la représentation des femmes dans la vie politique et/ou entrepreneuriale et, plus globalement, sur l’égalité homme-femme.
Cette inégalité nait dans les bacs à sable ou dans les cours de récréation. Ou dans les rayons des magasins de sport.
J’en suis donc là, dans ce rayon enfant, une paire de baskets bleues dans une main, une paire de baskets roses dans l’autre, terriblement consciente de mon dilemme : je veux plus que tout ouvrir le champ des possibles à mon fils et ne pas le cantonner au rôle que la société voudra lui attribuer. MAIS je ne supporte pas l’idée qu’il en pâtisse à l’extérieur. Tout le monde ne partage pas mes vues, tous les parents ne se posent pas nécessairement ces questions-là. Nous pouvons donc PARIER qu’il aura à faire à des individus, petits ou grands, qui ne feront pas dans la nuance. Je pourrais compter sur son caractère bien trempé pour se défendre et répliquer, je lui fais confiance sur ce point. Mais que dirai-je si, après une moquerie ou autre, il revient à la maison et rejette en bloc ce qui est « efféminé »? S’il m’envoie à la figure serre-tête, baskets et t-shirts roses sous prétexte que ce sont des attributs « de fille » et qu’il ne veut plus rien avoir affaire avec ça ?
Car le risque n’est pas seulement la moquerie ou les quolibets qu’un enfant peut essuyer. Le risque, c’est que ces quolibets le dégoûtent des valeurs que sa famille essaye de lui transmettre, valeurs qui rencontrent une réelle opposition dans le monde extérieur.
Que les mouvements #timesup et consort servent à ça : libérer la parole ET faire réfléchir à comment élever nos générations futures. Filles ET garçons. Car malgré ce que l’on peut dire, l’un n’est pas plus facile que l’autre.
J’ai acheté les baskets bleues (« de toute façon, c’est maman qui décide »). Mais ce manque de cohérence de ma part, la façon où j’ai cédé à une pression sociale qui me révulse me fait dire que oui, #timesup est primordial.
La prochaine fois, je prendrai les roses.  
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myname9us-blog · 7 years
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Going to California - Led Zeppelin (with lyrics)  votre copine     stink foot    c'était pas ma copine, juste une putain que j'avais ramassé sur la route   vous habitiez ensemble pourtant à Montréal...    oui mais...c'était juste pour la dépanner, le temps qu'elle se trouve un appart'    ouais...puis elle décide de partir avec vous en Californie?...    why not?    ouais, effectivement, why not? on peut devenir riche et célèbre ici  Vous couchiez ensemble?   non  Enfin, pas vraiment, je...    ouais, râle l'enquêteur en s'allumant une Camel puis fixe un moment Vernon) Qu'est-ce que vous avez à la tête?    ça? je sais pas, j'ai du me cogner quelque part  (du Black Sabbath peut-être...    si vous voulez mon avis, vous devriez voir un médecin    et un psychiatre aussi, je crois pas que ca nuise, balance l'autre type dans le coin qui n'a pas encore ouvert sa trappe     aussitôt dit aussitôt il se sent ridicule, encore une mauvaise réplique  Pièce sans auteur  Si Dieu est bougie on a brûlé la chandelle par les deux bouts, l'existence est devenue une scène sans coulisses, quoi qu'on fasse désormais on est condamné à jouer à le faire     il faut être soit fait fort, soit être complètement déconnecté Pendant qu'on l'interroge, en aucun moment Vernon ne bronche, donnant l’impression de se doubler lui-même, qu'il n'est qu'une doublure, un texte appris par coeur Mais encore mieux : une mauvaise doublure  Si c'était là sa manière de camper un rôle, aucune école d'acting soi-disant sérieuse ne l'admettrait dans ses coulisses (Hollywood peut-être...)  Et pourtant il déroute ceux qui l'interroge, lui donne la réplique, cent fois mieux que pourrait le faire l'acteur le plus doué  Il déroute, càd qu'il change les indications routières, par ici ou par là? N'est-ce pas au fond cette hésitation qui rend indiscernable l'actant de l'acté? le chauffard du chauffé?  Au lieu de chercher à nous convaincre de l’innocence d'une fiction, ce sur quoi repose le jeu de l'acteur, il me semble, je veux dire, ne vaudrait-il pas mieux rompre avec cette métaphysique théâtrale ou métathéâtralité du physique? La nudité au cinéma, par exemple, relève de cette puissance de l'indiscernable  Ces seins en érections appartiennent-ils au personnage ou à l'actrice? qui bande?  Sûrement est-ce cette déroute qui rend la question de la nudité si délicate (ce qui n'est pas le cas de la peinture ou de la photo)  Si l'on censure plus facilement la nudité que la violence c'est justement qu'on ne croit pas à la violence de l'acteur, à ses balles bidons -et qui dans la vie peut être le pire des lâches  Il n'y a aucune hésitation ici Or on croit à la jouissance de l'actrice tout en faisant semblant de regarder ailleurs, on joue à ne pas y croire  Et voilà qu'on se met à jouer nous aussi  Et c'est bien ce que les deux policiers doivent ressentir en cet instant :  eux aussi jouent  Eux aussi bandent  Plutôt mal du reste  Dans leur peau peut-être !  L'acting de demain sera le mauvais acting d'aujourd'hui    en roulant, plus on abandonne de choses et de gens derrière soi  Rouler  Le plus loin et le plus déchirant possible abandonnant ainsi des personnes qu'on a aimé, qu'on aime encore peut-être…  Enfin faut voir!  Les revoir ils seront différents, eux aussi auront changé  Est-ce que tout ça en vaut la peine?  Il pense plus ou moins à ce genre de questions, lorsqu'on est jeune on vit plutôt de réponses  Bref, de clichés, de formules décongelées sans le moins du monde se croire dénué d'originalité  Mais c'est lorsque les premières questions surgissent qu'un brin d'originalité perce  Parce que le sujet dans ses vêtements récents se retrouve soudain projeté hors de soi, mis à la porte de ses réponses, comme les filles de leurs vêtements  Une seule question et toute votre subjectivité vole en lambeaux Les questions se tiennent loin de tout et d'abord des réponses (les réponses sont aphénoménales, inintentionnables) Les questions {sont} des virtualités actives, à l'inverse des réponses qui ne font que bouillir comme un potage résolu  Les idéalistes savent toujours ce qu'ils vont manger, en fait ils se mangent eux-mêmes    la route s'allonge devant eux, Vernon augmente la vitesse comme s'il devait rattraper la route, là où les parallèles se touchent, s'identifient visuellement, s’appellent par leur petit nom  on est encore loin? demande Belly ..    aucune idée, les panneaux se font rares    d'une certaine manière, on est perdu...   d'une autre, non  On va ben finir par tomber sur une indication quelconque    genre : vous êtes perdus    quel'q'chose comme, effectivement Au moins on va être fixé  Non, j'imagine qu'en roulant tout droit on risque pas de se perdre  Depuis le début qu'on roule tout droit, on a pas dévié à ce que je sache, alors je vois pas pourquoi on serait perdu  Si quelqu'un s'est perdu, c'est pas nous, c'est la route    ouais, ben, justement, la route m'inspire pas confiance du tout    on est quand même pas tombé dans un roman de Stephen King...    qu'est-ce t'en sais?…  Les romans nous suivent à la trace   comme à son habitude chronique, elle se réfugiait dans une de ses phases de rationalité déviante, fréquentes chez les idéalistes en jupon  On verra jamais une gonzesse franchement rationaliste ou franchement empiriste, c'est toujours selon  C'est comme Dieu : on croit quand on a besoin d'un coup de pouce, autrement une attitude ado-agnostique est de mise    elle prend une gorgée d'eau puis ordonne à Vernon d'arrêter  Une fois l'auto immobilisée, essentialisée, elle ouvre la porte, baisse son jeans, sa culotte, s'accroupit et pisse   merde, je me suis pissée sur les pieds, qu'elle lance en refermant la porte et en attrapant un Kleenex    une queue ça pisse où ça veut, un vagin ça pisse n'importe où, n'importe comment  Même chose quand ça baise, ça se barbouille de foutre partout, nous c'est direct dedans    on devrait vous donner une médaille, la médaille d'or du direct dedans    why not? d'autant que c'est une idée de fille  Saluons cette nouvelle discipline olympique...    interdispline tu veux dire...  t'établis une envoûtante liaison entre ton vagin et une chiotte   bon, restons-en à discipline, c'est préfé : faut surveiller ses choix de mots quand on s'adresse à un maniaque    dommage, je commençais à m'y faire    ben défais-toi-y    l'autre reprit la parole ok, game nulle  (en fait cela ressemblait plutôt à une dégelée en règle)  Rebrassons les cartes : qu'est-ce que vous voulez qu'on pense?    peut-on vouloir ce que l'on pense, se demande Vernon, peut-on contrôler les pensées, ses propres pensées? Sales?...  Pauvre détective, on dirait un cartésien en permission et comme le Maître il a autant de motifs de s'illusionner  En fait, ce qu'il espère c'est la reconnaissance de l'idéalité d'un fait qui a échappé à l'observation, sa légitimation : on ne peut vouloir penser qu'en droit, càd selon une codification préexistante : la transgression n'est qu'un calque de l'Interdit  Aucun crime ne précède jamais la loi, pas plus qu'une pensée ne précède sa légitimité  Aucun hasard ne doit intervenir, ce serait amoral Imaginez une machine qui varierait ses données au gré de la fantaisie, qui échapperait au code de la machinaléité ou un garçon de café qui vous présenterait la liste des dix criminels les plus recherchés dans le pays en vous interrogeant    Vernon se rappelle alors un type avec qui il s'était lié à l'Université un été  Son projet était d'ouvrir à Vegas un hôtel de luxe où chaque jour les règlements seraient modifiés et toute infraction sévèrement punie  Cela semblait pire que les codes sadiens qui eux, du moins, restent invariables  Les gens riaient en disant qu'un tel hôtel n'existerait jamais, que personne ne voudrait fréquenter un tel endroit  En ce qui le concernait, Vernon n'était pas si convaincu, la servitude est une faculté innée chez la plupart des hommes  Pourquoi les religions ont eu, et ont encore, un contrôle si puissant sur les masses?  Par la grâce de la pénitence  « Dans le coin et baisse ta culotte  Right through »  Les sociétés modernes et tout leurs grands discours de libéralité reposent sur les mêmes fondements  La publicité par exemple, « si vous ne possédez pas cette voiture c'est que vous n'êtes rien et que vous méritez l'enfer »  La légitimité de l'Être s'identifie alors à cette voiture  Les biens matériels sont devenus affaire de droit, non de fait, ce que l'on accumule ce sont des droits, le droit d'être, de faire, de punir, et non des choses de fait, visibles  Car le Droit relève de l'invisible  Ce qui compte ce n'est pas le dix dollars qu'on a dans sa poche mais le dix dollars virtuel que l'on possède Les banques représentent précisément les nouveaux Temples où l'on gère le virtuel actif  S'il existe une essence fondamentale chez l'humain, ce n'est pas la Volonté de Puissance, qui n'est qu'une déessentialisation, mais bien plutôt la Volonté de non-Puissance, ce que Étienne de la Boëtie nommait servitude volontaire    I think I might be sinking throw me a line, if I reach it in time, I'll meet you up there soudainement, sur le siège-arrière de la vieille Ford convertible 1982, époque Reagan, trois femmes mariées se tripotaient à qui mieux-mieux  Je pourrais leur dire coupez ! et elles resteraient bandées,  la force et la volonté leur ferait défaut pour interrompre leurs frottements, leurs baisers et leurs caresses indécentes  Un mec débanderait sur le champ  D'ailleurs lorsqu'il baise, l'homme a une excitation variable, alors qu'elle est maintenue vive chez la femme La femme tient du feu, tandis que l'homme relève de la terre dépendante du climat  Les peuples qui sont en proie à des changements climatiques saisonniers constants ressentent plus fortement la mort et la naissance que les peuples dont le climat est plutôt tempéré  J'attendis qu'elles s'enfoncent quelques doigts dans  l'anus en écrasant leur vagin l'une contre l'autre, tout prêt de se barbouiller de foutre, pour dire coupez !...: on peut diriger une actrice mais pas une femme    it's not as hard, hard, hard as it seems    une femme ne ment pas : elle détourne la vérité à son avantage  C'est en ce sens que j'entends le mot de Pascal : si le nez de Cléopâtre avait été plus court la face du monde serait différente  C'est parce que le nez lui a allongé qu'elle a séduit Antoine : il ne s'agit pas de dire la vérité toute nue mais d'en créer la robe    un grand vide s'était installé dans sa vie  Depuis longtemps maintenant  En répérer l'origine ou  opérer une généalogie du présent, cela ne ferait encore une fois qu'échapper au sens, au sens supposé accentuer le présent en l'arrachant au passé, au parié, en le déracinant :  comment peut-il y avoir du sens quand même les signes fuient?    à l'extérieur de la fac, où il enseigne, où il déteste enseigner, le soleil le nargue, la lumière de la Californie, l'ombre des vacances...elle avait convenu qu'elle partirait en mai    deux martini  Comme à son habitude L'absence de l'autre peut-elle rendre le Je alcoolique?  Qu'est-ce que le Je? un faiseur de symboles, peut-être a-t-il seulement commandé deux symboles, peut-être  n'est-il qu'un alcoolo symbolique, qu'un...  Qu'un quoi, il ne s'est rien passé?  Qu'un quoi, j'insiste, va au bout de ta pensée...   je peux m'assoir?   si tu veux, oui      une étudiante      intéressant le cours aujourd'hui, cette idée que Descartes est pas allé au bout de sa pensée, qu'après Je il y a forcément autre chose et pas cette platitude rhétorique de pense donc je suis  Encore s'il avait ajouté un meurtrier à je suis il y aurait eu là une authentique intention philosophique  De quoi réfléchir    c'est à nous d'aller au bout de sa pensée, mademoiselle, dit-il sans la regarder, d'en finir avec cette soi-disant linéarité positive, avec toutes ces fictions, cette mémoire close    un manhattan, qu'elle lance en direction de la serveuse  On voudrait s'évacher devant un texte et croire que tout nous est dit, poursuit le professeur, que tout ce qu'on à faire c'est d'encaisser les mots Certainement pas, dès qu'on ouvre un livre, qu'on se plante devant un hiéroglyphe, on est déjà compromis jusqu'au cou, il n'y a pas d'innocence du lecteur pas plus que du juge      et on paie pour ça    ce que tu achètes ce sont pas les mots mais leur simple graphie    c’est irrationnel   ils boivent un moment sans dire un mot, le regard accro vers l'extérieur  Puis le professeur revient à la charge, comme pour lui-même  la rationalité c'est avant tout une cohérence et comme toute cohérence elle vise à maîtriser ses énoncés, ses sorties de secours, ce qu'elle ne parvient pas à soumettre, à dompter elle le taxe d'irrationalité et le rejette du système d'un langage très fermé Le rationnel en somme c'est une limite, ce qui limite  Il s'est écrit beaucoup de métaphysique et pourtant la métaphysique, en tant que discours, n'est pas une écriture, l'écriture ne se soumet pas le sens puisqu'elle en confie la garde à l'autre, à quiconque, au lecteur, au transcripteur, au traducteur L'écriture ne s'adresse qu'à des singularités volontaires, généralement absentes, tandis que la parole s'impose au plus près, son dire est immédiat, c-à-d à porté de voix  ¦ la main, la main traçante se déserte dans l'oeil retraçant    c'est pas le meilleur café que j'ai bu dans ma vie en tous cas, remarque Belly en grimaçant    t'as peut-être pas eu la meilleure des vies non plus    possible    tu comptes faire quoi en Californie?    je sais pas encore  Je vais laisser la place me donner des idées  Elle reprend une gorgée de café en grimaçant dégueulasse    on ne l'entendait pas mais on la voyait voler, une habituée sans doute    on est où à ton avis? qu'elle demande    je sais pas trop, quelque part dans l'Ohio  Elle souffle, comme allongée sous la chaleur  je déteste les mouches   l'après-midi fait le tour du resto, silencieux  tu m'aimes combien?    très cher    dans ce cas-là pourquoi tu bandes pas?  Vernon détourne la tête  tu sais, y a des sujets qu'i' faut aborder qu'que fois quand même...    y a rien à dire    l'étudiante en est à son troisième martini, la tête lui tourne légèrement se perdant dans le son de la voix de Vernon qui lui semble de plus en plus relever d'une atonalité céleste    si le Mal n'existait pas, le monde serait asymétrique et alors, l'asymétrie repoussée en Dieu, Sa Perfection s'évanouit Car la Perfection divine ne saurait reposer sur un déséquilibre, ainsi l'humanisme lui-même requière le mal, l'in-humain -le Mal {étant} précisément ce décentrement du Bien, ce déséquilibre ontologique,  le Mal {est}devenir- Bien dans un Acte inassouvissable  Voilà bien l'Éternel Retour, l'inépuisable recommencement inédit d'un event  Seul l'Être, fictif, perspectuel, nous préserve d'une déviance géométrico-mathématique, rend possible une morale et un sujet juridiquement constitué soumis et responsable à la fois  Le Bien n'est possible que dans une négation de la vie -de même Dieu    les pieds me brûlent, se plaint l'étudiante en frottant ceux-ci  On va chez toi? si t'as l'air climatisé par exemple...fait trop chaud pour baiser sans l'air climatisé   Même cette nuit ça risque d'être crevant   qu'est-ce qui te fait penser que j'ai envie de coucher avec toi?   parce que j'm'écarte facilement, c't'une aubaine    hmm, une aubaine...  Et si je préfère le luxe, dépenser beaucoup d'argent pour une fille...    it's your call !   t'essais de monter ta note, peut-être?...    absolument pas, tu peux coucher avec moi pis me coller un 0, j'm'en fous éperdument, j'trouve ça même super excitant, c'est mes parents qu'y ont insisté pour que je fasse l'Université, en ce qui me concerne, j'trouve ça complètement nul      alors, sous l'astre ébouillantée de cette fin d'après-midi, Vernon écope des grandes lignes existentielles de l'étudiante  Celle-ci avait vécu avec sa mère jusqu'à 17 ans puis s'était retrouvée, perdue serait plus juste, dans les quartiers tough de la ville  Sans être une prostituée de profession, il lui arrivait de « prêter » son corps pour quelques heures, jamais plus de trois  Mais l'idée qu'on pouvait en sortir, qu'on peut se sortir de n'importe laquelle situation au monde la gagnât comme une infection  Elle lisait beaucoup, « tout ce qui me tombait sous la main, de Mary Higgins Clark au Théorème de Gödel, tout »  Dès qu'elle a eu 21 ans elle s'est inscrite à l'université comme étudiante libre  Un an et demie plus tard elle devenait régulière, ce qui désormais l'obligeait à écrire, à défendre ses points de vues et bien sûr assumer la critique  « J'm'en suis pas trop mal sortie j'trouve, en bout de ligne, j'commence ma maîtrise l'an prochain  Mais tu sais, de ma vie passée j'ai conservé une chose, juste une : le plaisir, le besoin même de me donner sexuellement  Donner, vendre, y a pas de différence »   nous sommes des mannequins rajouts plus haut/ X/  « c'était un dimanche  Non, un lundi  Oui, c'est sûr, c'était un lundi  Je suis sûr Là  Mais le Là c'est le présent, un lundi-Là « en chair et en os » qui se présente comme s'il avait drainé derrière lui un lundi quelque part (qui s'accroche à lui ou est-ce l'inverse?) et qui a une odeur de dimanche  Un jours férié peut-être, un dimanche prolongé, en sursis...le jour précédent un congé férié s'y substitut, le double, le stigmatise avant de s'éclipser dans le passé  Lequel?  Il y a deux passés, un passé transcendant, défunt, sans Là, retourné au culte  Et un passé immanent, toujours Là, un passé en sursis (est-ce le passé qui s'accroche au présent ou le présent qui vit à la charge d'un autrefois?) » La pensée c'est ça, une machine à hypothèses, les certitudes l'effraient, comme un accusé qui redoute la fin du procès Et si le monde devait s'arrêter à la relativité? à la mécanique quantique et ses conflits conjugaux avec la macrocosmologie?  si le monde devait prendre fin avec les philosophies actuelles, s'immobiliser dans l'art actuel, s'éterniser dans la politique actuelle? la pensée ne le tolèrerait pas  Ce qui intéresse la pensée c'est ce qu'elle ne parvient pas à penser, de même ce qui intéresse celui qui parle c'est ce qu'il ne peut pas dire, ontologiquement ou par décret  La pensée est incapable de garder un secret, le secret ne relève donc pas de la pensée  Les morts  Les fantômes Les morts ont été happés par le passé transcendant, les fantômes {sont} engorgés dans le passé immanent  (qui n'est pas une rétention), un passé qui ne relève pas de l'être, passé {non}-positif et non pas présent qui n'est plus  Vous cherchiez du sens, dites-vous?  le sens c'est l'après-coup de la pensée, le coup pour rien, la pensée pense par signes en se frottant sur les murs peints de la grotte : une esthétique précède toute logique  il n'y a que deux questions morales essentielles et elles sont inconciliables  Pourquoi le mal existe-t-il?  Question neutre Pourquoi le mal existe-t-il moi qui aurait préféré le bien? Question inénonçable dans les registres d'une neutralité     il existe une causalité des pensées, mais causalité non nécessaire ou l'effet conserve sa pleine autonomie  Et pourtant elle doit sa montée a la surface qu'a la pensée qui la précède, mais cette pensée première aurait pu être tout a fait autre  Les causes et effets psychiques ne relèvent pas d'un ordre logique, leur montage demeure aléatoire, se présentant qu'en de pures sérialités informelles                                                                                                     X/ il faut être soit fait fort, soit être complètement déconnecté   Pendant qu'on l'interroge, en aucun moment il ne bronche, on dirait qu'il se double lui-même, qu'il n'est qu'une doublure  Mieux : une mauvaise doublure  Si c'était là sa manière de camper un rôle, aucune école d'acting soi-disant sérieuse ne l'admettrait dans ses coulisses  Et pourtant il déroute ceux qui l'interroge cent fois mieux que pourrait le faire l'acteur le plus doué  Il déroute, càd qu'il nous met face à l'impossibilité de trancher, être ou réellité? N'.est-ce pas au fond cette hésitation qui rend indiscernable l'actant de l'acté?  Au lieu de chercher à nous convaincre de la réellité d'une fiction, ce sur quoi repose le jeu de l'acteur, ne vaudrait-il pas mieux pas mieux rompre avec cette métaphysique théâtrale?  La nudité au cinéma, par exemple, relève de cette puissance de l'indiscernable  Ces seins en érections appartiennent-ils au personnage ou à l'actrice? qui bande?  Sûrement est-ce cette déroute qui rend la question de la nudité si délicate (ce qui n'est pas le cas de la peinture ou de la photo)  Si l'on censure plus facilement la nudité que la violence c'est justement qu'on ne croit pas à la violence de l'acteur, à ses balles bidons -et qui dans la vie peut être le pire des lâches  Il n'y a aucune hésitation ici  Or on croit à la jouissance de l'actrice tout en faisant semblant de ne pas y croire, qu'on joue à ne pas y croire Voilà qu'on se met à jouer nous aussi  Et c'est bien ce que les deux policiers doivent ressentir en cet instant, eux aussi jouent Plutôt mal du reste  Dans leur peau peut-être !  L'acting de demain sera le mauvais acting d'aujourd'hui    en roulant, plus on abandonne de choses et de gens derrière soi  Rouler  Le plus loin et le plus déchirant possible abandonnant ainsi des personnes qu'on a aimé, qu'on aime encore peut-être...  Les revoir ils seront différents, eux aussi auront changé  Est-ce que tout ça en vaut la peine?  Il pense plus ou moins à cette question, lorsqu'on est jeune on vit plutôt de réponses  Bref, de clichés, de formules décongelées sans le moins du monde se croire dénué d'originalité Mais c'est lorsque les premières questions surgissent qu'un brin d'originalité perce  Parce que le sujet dans son intériorité se retrouve soudain projeté hors de soi, mis à la porte de ses cogitations  Une seule question et toute votre subjectivité vole en éclats  Les questions se tiennent loin de tout et d'abord des réponses  Les questions {sont} des virtualités actives, à l'inverse des réponses qui ne font que bouillir comme un potage résolu  Les idéalistes savent toujours ce qu'ils vont manger, en fait ils se mangent eux-mêmes    la route s'allonge devant eux, Vernon augmente la vitesse comme s'il devait rattraper la route, là où les parallèles se touchent, s'identifient visuellement  on est encore loin? demande Belly ..    aucune idée,.les panneaux se font rares    d'une certaine manière, on est perdu...   d'une autre, non  On va ben finir par tomber sur une indication quelconque    genre : vous êtes perdus    quel'q'chose comme  Au moins on va être fixé  Non, j'imagine qu'en roulant tout droit on risque pas de se perdre  Depuis le début qu'on roule tout droit, on a pas dévié à ce que je sache, alors je vois pas pourquoi on serait perdu  Si quelqu'un s'est perdu, c'est pas nous, c'est la route    ouais, ben, justement, la route m'inspire pas confiance du tout    on est quand même pas tombé dans un roman de Stephen King...    qu'est-ce t'en sais?...   elle se réfugiait dans une de ses phases de rationalité déviante, fréquentes chez les idéalistes en jupon  On verra jamais une gonzesse franchement rationaliste ou franchement empiriste, c'est toujours selon  C'est comme Dieu : on croit quand on a besoin d'un coup de pouce, autrement une attitude agnostique est de mise   elle prend une gorgée d'eau puis ordonne à Vernon d'arrêter  Une fois l'auto immobilisée, essentialisée, elle ouvre la porte, baisse son jeans, sa culotte, s'accroupit et pisse    merde, je me suis pissée sur les pieds, qu'elle lance en refermant la porte et en attrapant un Kleenex    une queue ça pisse où ça veut, un vagin ça pisse n'importe où, n'importe comment  Même chose quand ça baise, ça se barbouille de foutre partout, nous c'est direct dedans    on devrait vous donner une médaille, la médaille d'or du direct dedans    why not?  d'autant que c'est une idée de fille  Saluons cette nouvelle discipline olympique...   interdispline tu veux dire...    t'établis une envoûtante liaison entre ton vagin et une chiotte    bon, restons-en à discipline, c'est préfé : faut surveiller son choix de mots quand on s'adresse à un maniaque    dommage, je commençais à m'y faire    ben défais-toi-y  ///    faut que j'aille pisser, dit l'étudiante en se levant    oui, je l'ai   quoi, qu'est-ce que t'as?    l'air climatisé    parfait, je reviens dans deux secondes    pisse-toi pas sur les pieds Elle le regarde. Puis hausse les épaules, ne comprenant pas le pourquoi profond de sa remarque    le bar commence à s'emplir Vernon jette un oeil à sa montre : sept heures, et le soleil est toujours aussi chaud, « il doit être en train de pourrir », pense Vernon    « filant vers l'ouest, le vent qui semblait en revenir caressait leurs cheveux... »  Pourquoi la pensée s'enlise toujours dans des formules toutes faîtes, éculées, que même nos arrières-grands-parents en crèveraient de honte?  La pensée n'aime pas la violence, l'effraction d'une formule inédite : la pensée repose en paix  Sa quiétude c'est sa raison  La raison c'est /l'immatière même, le sauf-conduit En fait, la raison n'a pas besoin de cerveau (elle préfère les crématoriums)  Si le cerveau est constitué de matière c'est qu'il est déraisonnable  Vaut mieux une âme, un complexe de relations irrelationnelles, un building originaire d'avant toute apparition fantômatique de matière, /matière transparente, jamais opaque, seul l'ego possède une opacité, parce qu'il est profondément seul     c'est ici que t'habites, demande l'étudiante en descendant de la vieille Huyndai  En entrant à l'intérieur du bungalow résidentiel elle est saisit par une mince odeur de renfermé et une bouffée de chaleur humide  t'as dit que t'avais l'air climatisé...    je l'ai, mais je l'ai pas installé encore, répond Vernon avec indifférence L'étudiante le regarde, sans pouvoir entièrement réprimer un sentiment de jouissance : on l'a entraînée ici sous de faux prétextes dans le but précis de se la faire    t'attends quoi, les première neiges? en Californie c'est long  Si tu permets, je vais en enlever un peu   elle ne garde que ses sous-vêtements  t'es pas marié j'espère?   Vernon l'entraîne au salon et remplit deux verres  tiens  Non, qu'il ajoute  Elle le regarde sans comprendre  non, je suis pas marié, tu peux même enlever tes sous-vêtements, si ça te chante En disant ces mots il la relève par le bras et la fout à poil  je crois que c'est la méthode que tu préfères  Incapable de retenir une violente giclée de foutre sur ses cuisses elle pose son cul sur le divan tiens finis ton verre que je le remplisse    elle le cale d'un coup sec, alors Vernon reprend son verre et retourne au bar, dans le fond du salon, le remplir à ras bol  tiens, dit-il en revenant  En reprenant son verre un peu de scotch tombe sur ses cuisses tu veux que je lèche, demande Vernon    it's your call  Vernon lui relève les jambes en les écartant      tout en la léchant, il la sermonne : tu sens la baise à plein poumon, pov’ p'lotte  Celle-ci transpire abondamment, son léger parfum bon marché commence à puer, à exciter son prof qui adore coucher avec des filles qui empestent la mort  L'étudiante décharge, arrive, vient, elle ne se retient plus : ils savent, se connaissent maintenant  Vernon lèche les streaks sales qui dégoulinent sur les pieds de l'étudiante en dernière année de bac    ils étaient sortis du restaurant au moment où le soleil expulsait ses derniers rayons  Une légère brise s'y substituait  qu'est-ce qu'on fait? qu'il avait demandé à Belly, on loue une chambre pour la nuit ou on continu de rouler?   dormir là? qu’elle demande en pointant le vieux motel    à moins qu'on trouve mieux en chemin, ce qu'y est pas évident    je pourrais conduire si tu veux, suggère-t-elle en baillant Bon, j'ai dit en ressortant de l'auto pour me diriger vers le motel, arrête de faire l’idiote, t’adores te faire sauter dans des trous minables  Au bout d'une quinzaine de minutes à peu près je suis revenu J'avais pris une chambre avec deux lits, un pour sa culotte  Après je me souviens plus trop, Belly a pris une douche...  Je l'ai fourrée, ça c'est sûr, mais à quel moment, je me souviens plus  Toute la nuit peut-être...je l'ai défoncée, son vagin, son trou de cul, j'ai déchargé dans sa gueule plusieurs fois  Elle croyait que j'étais impuissant  Moi aussi, en fait  Mais là c'était bestial, j'étais dur comme de la roche  Le lendemain on a repris la route, jusqu'à Los Angeles elle a pas dit un mot, et même à Los Angeles...  Le jour même j'ai loué une maison, avec option d'achat ¨Ca fait dix-neuf ans que la maison m'appartient maintenant  Je me souviens avoir pensé un moment à la tuer, Belly, je parle  Au lieu de ça, j'ai soudoyé un type de la mairie pour qu'il nous marie, chez moi, à la maison  J'aimais m'en servir pour obtenir de l'avancement  Peut-être vous pensez qu'elle était malheureuse, qu'elle m'haissait?  Pas du tout  Aujourd'hui c'est son quarantième anniversaire de naissance    Belly, à poil, entre lentement dans le salon et va s'agenouiller entre les cuisses de l'étudiante Pendant que Vernon frotte les pieds suants et sales de la philosophe en herbe sur ses lèvres,  Belly lui fouille le con  L'étudiante s'abandonne totalement, sans retenu    elle te plaît? demande Vernon en caressant la tête de Belly dont l'odeur de foutre commence à se mêler à celui de la pute qui écrase ses seins de jouissance, les autres filles que j'amenais faisaient que passer, mais elle tu peux la garder, t'en fera ce que tu voudras  Alors elle tourne légèrement la tête du côté de Vernon et cale sa verge gluante dans sa bouche  Bien qu'elle soit lesbienne, elle n'a jamais rien refusé à l'homme qu'elle aime    au bout d'un moment, Belly prend la place de son mari et attrape les pieds de l'étudiante qui dégagent une forte odeur de caoutchouc fondu, l'odeur imprégnée de ses runnings sur sa langue  En en ramassant un, elle le tend à Vernon en disant : fais-lui sentir ça...en l'enculant, tiens, moi je vais m'amuser avec son clito un boutt  Je... elle pousse un cri au moment où Vernon lui fore le trou  C'est bien, continu de la faire brailler la salope, Belly, murmure plaintivement la future bachelière es philosophia à l'instant où son prof lui écarte les jambes pour la regarder se faire analiser avec toute la violence de son  sexe en érection irrespectueuse sur la terrasse avec l'étudiante      Vernon avale une gorgée d'eau, offert par la maison  remarquez qu'on pourrait penser autrement  Au matin, on s'est senti un peu mieux, dormir nous avait fait du bien  On a ramassé nos affaires et on s’est remis en route jusqu'à ce qu'enfin on aboutisse à Los Angeles, pas à San Francisco Deux semaines plus tard j'avais le job à l'UCLA /(Université de Californie à L.A.)/  Belly était venue s'installer avec nous dans le petit trois et demie que j'avais loué  Mais déjà j'avais aperçu une maison près de l'Université qui m'intéressait pas mal qu'est-ce tu comptes faire maintenant que tes rêves de grandeur ont crashés? que j'ai demandé à Belly  Je sais pas, qu'elle a dit, t'épouser peut-être  Je l'ai pris au mot et on s'est marié  Elle pouvait amener des filles à l'appartement mais en échange je lui avais dit : si je te demande de coucher avec un collègue, tu t'exécutes  Tu veux que je me prostitue? qu'elle a demandé d'un air pas sûr  Une femme mariée c'est aussi une pute, que j’ai spécifié En disant ces mots je me suis senti enfler  Déshabille-toi et fous-toi à genou, que je lui ai ordonné  Elle m'a sucé un moment, assez long, puis je l'ai baisé  Comme elle ne payait rien, elle se sentait en quelque sorte obligée d'accepter sa condition  Un peu plus tard dans la journée, des collègues arrivèrent pour souper Vers le milieu du repas, tout le monde avait assez bu et l'atmosphère prenait des allures surréalistes, c'est alors que je lançai à la volée lequel d'entre vous aimerait sauter ma femme?  Ils se regardèrent, incertains  Peut-être qu'ils avaient mal entendu... Finalement ils sont tous passés sur elle, en ordonnant à leur femme de se foutre à poil et d'aller se masturber dans le coin de la cuisine, debout  Quand je voyais que l'une d'elle commençait à s'exciter je lui ordonnais d'aller s'écarter au-dessus de ma femme et de lui décharger dans la gueule  Elles défilaient l'une après l'autre et par moment elles se mettaient à deux au-dessus de la bouche de Belly en frottant leur touffe, pendant que les deux autres les caressaient et enfonçaient leurs doigts dans leur trou de cul Vers une heure ou deux du matin, les hommes quittèrent en laissant leur femme derrière eux, à notre disposition  Après une semaine passé avec leur maîtresse ils ne les réclamèrent jamais  Ils signèrent même un papier, que je fis notarié, spécifiant que leur épouses nous appartenaient, à Belly et à moi  On les installât au sous-sol qu'elles ne quittent que lorsqu'on a besoin d'elles Belly se donne beaucoup de plaisir avec ces femmes qu'elle appele son harem Grâce à la coopération de Belly,  je gravis rapidement les échelons    qui pourrait croire une histoire pareille? remarque le détective en s'épongeant le front    le hic c'est pas de croire que c'est vrai ou pas mais d'être obligé de croire que c'est vrai, de le vouloir même    quelle femme se laisserait ainsi réduire à l'état d'esclave...    j'ai jamais dit qu'elles étaient consentantes  Ma femme, oui, je l'ai dit, mais pas elles    donc vous les reteniez, ou à tout le moins les avez retenu, contre leur gré...    ça fait, ou à tout le moins faisait partie, de nos plaisirs, ma femme et moi  si cette histoire est vraie, ce dont je doute, est-ce qu'elle sont encore en vie?  Vernon hausse les épaules d'un air d'ignorance   c'est rare que je lis la page nécrologique    et votre femme, elle est où dans le moment?    comment je saurais, je suis ici  Au lit avec une fille quelque part, sans doute  pendant que je me préparais un cocktail, Belly, après avoir enfilé un kimono, cadeau d'une de ses amantes, entraîne l'étudiante, toujours à poil, au sous-sol  L'air est plutôt frais, mais agréable  c'est beau ici, remarque l'étudiante examinant la décoration, assez luxeuse  Les quatre épouses vaquent à leur occupation  Parmi elles, assise sur le divan les deux pieds croisés sur la table de salon, une jeune fille plus jeune trace des lignes sur une grande feuille au crayon Condé  C'est Vernon qui leur a offerte, c'est une étudiante en Beaux-Arts et en  architecture  Puis posant ses mains sur les épaules de SON étudiante, Belly dit : choisis-toi- en une pour tes plaisirs personnels, celle que tu veux, sauf l'étudiante en Beaux-Arts, elle leur appartient    alors Madyson, c'est le nom de Belly's student, ordonne aux intimées à tour de rôle après leur avoir ordonné de se foutre le cul à l'air  elle, je crois bien, elle a une gueule qui me revient Passe-moi ton kimono, dit-elle à Belly, qui la dévisage avec étonnement, « l'esclave qui commande », pense-t-elle  Puis, avec un mince sourire , elle retire son kimono et le tend à Madyson j'aime les gens qui ont de l'audace, l'esclave  Celle-ci attrape le kimono et ordonne à l'épouse de l'enfiler  Une fois fait elle la regarde en la tournant et dit : garde-le, il est à toi  Et dorénavant tu m'obéis au doigt et à l'oeil    à genoux, ordonne alors Belly à Madyson, j'ai envie de manger ton cul sur le champ  SON esclave s'éxécute en ordonnant à SON épouse de se branler sur ses lèvres, debout  Sur le divan, une des épouses va s'installer à côté de l'étudiante en Beaux-Arts et commence à la doigter dis tout haut tout ce que tu vois Belly fait glisser sa langue sur l’anus de Mady qui dit...elle cale sa lang...ue...la...la pute debout s'excite de plus e...n plus...l'esclave avale des bonnes  gi...clées de foutre...   j'ai fini mon drink puis je monté écrire un peu  J'avais pris des notes la veille, il me restait qu'à développer  Au bout d'une heure et demie environ, je suis allé me coucher, suivi de peu par ma femme et les deux putes  Après m'avoir sucé, Belly et Mady ont insisté pour que je foutte et que j'encule l'épouse   Comme on était jeudi, Mady avait baptisé son esclave Jeudie    avec quelle joie perverse certaines personnes s'abandonnent totalement à la servitude, se dépouillant de la notion de personne même, notion qu'elles subordonnent à leur Maître ou Maîtresse  La seule volonté qu'il leur reste est celle de se soumettre absolument : voilà la puissance de leur Volonté, car la Volonté ne peut jamais s'aliéner entièrement, puisqu'encore faudrait-il une Volonté de cette Volonté de s'abandonner  Aussi, toute sexualité, comme exacerbation d'un désir, relève d'une Politique  Le Politique est constitué à dix pour cent de commandement, le reste en obéissance  Le Politique tend à l'unification des volontés en une seule, c'est là son utopie fondamentale  Utopie, car le Politique ne peut réduire cette unification dans un postulat ou un principe  Le contrat social n'est efficace que s'il est dissymétrique, car noble est le partage d'autant qu'inégal X/ à ajouter quelque part ///  je pourrais leur dire coupez ! et elles resteraient bandées, la force et la volonté leur ferait défaut pour interrompre leurs frottements, leurs baisers et leurs caresses indécentes  Un mec débanderait sur le champ  D'ailleurs lorsqu'il baise, l'homme a une excitation variable, alors qu'elle est maintenue vive chez la femme La femme tient du feu, tandis que l'homme relève de la terre dépendante du climat  Les peuples qui sont en proie à des changements climatiques saisonniers constants ressentent plus fortement la mort et la naissance que les peuples dont le climat est plutôt tempéré  J'attendis qu'elles s'enfoncent quelques doigts dans  l'anus en écrasant leur vagin l'une contre l'autre, tout prêt de se barbouiller de foutre, pour dire coupez !...: on peut diriger une actrice mais pas une femme    une femme ne ment pas : elle détourne la vérité à son avantage  C'est en ce sens que j'entends le mot de Pascal : si le nez de Cléopâtre avait été plus court la face du monde serait différente  C'est parce que le nez lui a allongé qu'elle a séduit Antoine : il ne s'agit pas de dire la vérité toute nue mais d'en créer la robenote pour la fin/ l'inspecteur découvre la vérité (Vernon est séparé ; sa femme Belly enseigne dans une école des Beaux-Arts)  ; avec Vernon il organise un pacte : il le couvre et en échange, lui et Belly le reçoivent avec sa femme à souper, puis l'inspecteur leur abandonne sa femme /  vous avez raison, Vernon, dit-il, l'important c'est pas ce qui est vrai, mais ce qu'on veut que ça le soit   sans aviser ses supérieurs ni son collègue, l'inspecteur Bishop décide de se rendre à Los Angeles à la maison du professeur, près de L'ULCA où il enseigne Il sait par son informateur que ce dernier s'est absenté de la ville pour quelques jours    une pluie légère commence à se répandre sur la route, d'un geste machinal, il appuie sur le démarreur essuie-glace  Après quelques heures à rouler il finit par approche de la petite route en terre qu'il doit traverser avant d'atteindre la maison  À sa gauche, se dresse les grands panneaux indiquant Hollywood    à l'intérieur tout est calme, seul résonne le bruit de ses pas  En apparence rien d'anormal, ni au salon ni à l'étage, où se trouve les chambres Tout semble en ordre  Un livre est posé sur le bureau à côté du lit, « Expérience de Milgram »  Ça ne lui dit pas grand-chose, il remet le libre à sa place    au moment de sortir, il entend un bruit, à peine audible, venant du sous-sol  Faisant demi-tour, il cherche alors la porte qui mène au sous-sol  Il la trouve enfin à la cuisine  En ouvrant, il constate qu'il y a de la lumière, lentement il descend et aperçoit alors une femme approchant la quarantaine assise sur un divan et examinant le contenu de certaines boîtes posées devant elle  bonjour, dit-elle, sur un ton d'indifférence, sans même regarder Bishop  Vous habitez ici, demande celui-ci, vous êtes Belly, la femme du professeur Lévesque?...    non et oui, répond-elle, toujours sans le regarder, les yeux absorbés par ses recherches    non et oui?...    non à votre question no 1, oui à votre question no 2    hmm...mais vous avez déjà vécu ici, non? Vous pouvez me parler de cette époque...    rien de spécial à dire, vous êtes qui, un collègue de mon mari?    non, je suis inspecteur de police    je me disais aussi    vous vous disiez quoi?    que vous avez pas vraiment une tête d'intello  Elle souffle en remballant la boîte  Et pourquoi la police s'intéresse-t-elle à ce cher Vernon?    en fait...on vous croyait morte    d'une certaine manière, j'imagine que c'est ça, dit-elle sans manifester la moindre surprise, après tout ce n'est pas tous les jours qu'on recherche votre cadavre  Puis elle ajoute sans doute après qu'il m'a violé dans l'auto  Il vous a violé?  Je crois, vous savez, c'est loin  Je me souviens même plus dans quel coin perdu c'était    et vous faites quoi à Los Angeles    j'ai posé longtemps pour des peintres et des photographes, doublé certaines actrices dans des scènes à poil Mais maintenant j'enseigne l'art de poser, de s'abandonner à la volonté de l'artiste  Un modèle c'est pas précisément la même chose qu'une pute, quoique certaines...   Le modèle doit être de connivance avec l'artiste, ne pas lui être extérieur  C'est un couple, de deux, de trois, de quatre, de cent entités, à l'infini quoi !    intéressant  Je peux fumer (elle lui indique le cendrier)  À part vous et votre mari, y a-t-il d'autres personnes qui ont habités ici, avec vous deux, je veux dire...    y avait souvent des gens de passage, mais en permanence, non   dans le sous-sol, par exemple, non?...  Belly fait un effort de concentration, non pour se rappeler mais essayer de deviner ce que Vernon peut avoir raconter      c'était avant les événements...ou les pseudo-événements  On était quelques uns à assister à ses cours et on sentait bien qu'il était sous l'emprise de quelque chose, quelque chose le long de la folie  On sentait qu,il allait se passer quelque chose, qu'il fallait que quelque chose se passe, quelque chose de grave  Mais on ignorait quoi    et sa...« philosophie », vous en pensiez quoi?...    je sais pas, par moments il avait des éclairs de lucidité intense qui vous donnait froid dans le dos...  Pis subitement tout s'écroulait  On se demandait s'il était fou ou quoi...  Je pense à Christ, que pensaient vraiment les gens autour de lui? ressentaient-ils de la peur?...  Si on cherchait, peut-être qu'on trouverait...   elle s'interrompt    peut-être qu'on trouverait quoi? demande l'inspecteur      je sais pas, un corps peut-être, plusieurs même    vous pensez que Christ était un meurtrier?...   lui le pensait en tous cas  Il disait qu'il fallait se désubstantialiser, perdre sa visibilité historique, échapper à toute Rédemption : d'avoir eu lieu elle est devenue impossible « Les médias contrôlent vos états pulsionnels et peuvent vous pousser à tuer », qu'il disait, « se désubstantialiser c'est se dissimuler, s'ombrer, se rayer du Jugement Dernier »  Je peux avoir une cigarette, mon paquet est vide?    l'inspecteur dépose son paquet de sèches sur la table  après, il s'est passé quoi?   il m'a invité chez lui  On a pris un verre, par moments ça semblait un type tout à fait normal, un peu dans la lune, mais rien de plus  Un prof comme y en a mille, quoi !      ensuite, je suppose que ça s'arrête pas là?...        au bout d'un moment je me suis retrouvée à poil devant lui, lui était resté habillé  Alors une fille est entrée dans le salon, elle portait juste une culotte    l'inspecteur étale une dizaine de photos sur la table du salon, est-ce que c'est une d'elles?...  L'étudiante regarde attentivement les photos  elle, oui, c'est elle  Puis, relevant la tête : c'est elle qu'on a retrouvée?    oui  Et elle était pas seule, il y avait environ une cinquantaine de corps, peut-être plus même    quand elle est entrée dans le salon, j'étais déjà pas mal excitée  Alors quand il lui a baissée sa culotte et qu'il m'a ordonnée de la manger je me suis pas fait prier, lui il allé s'installer en arrière de moi et m'a enculé  Au bout d'un moment, qui m'a semblé interminable, je l'ai senti décharger  Après je suis retournée au deuxième salon servir les invités avec les autres filles, la plupart des femmes de profs que leur mari avaient abandonnées en esclavage  Y a un truc qui m'échappe, monsieur, pourquoi moi ils m'ont pas tuée, sa femme et lui?...    ils tuaient pas systématiquement, ils savaient jamais quand ils tueraient et qui  D'ordinaire les tueurs en série procèdent mécaniquement, s'abandonnent à leurs pulsions  Eux contrôlent leurs instincts, ils tuent de manière discontinue, par sérialités interrompues          quelques semaines plus tard, l'inspecteur et quelques associés, réunis dans le salon de Vernon, discutent avec sa femme Belly  le meurtre n'est qu'une perversion parmi d'autres, il ne doit pas capitaliser nos pulsions, dit celle-ci  Nous restons profondément moraux, l'amoralité ne représente qu'un légère déviation au coeur même du champ moral De même le Calvaire, et le plaisir que prend le chrétien sincère au Calvaire, habrite la finitude de sa foi : la Souffrance de son Dieu retarde éternellement son apaisement, sa Vérité   après qu'elle et les autres épouses aient servi les invités (et sucé deux d'entre eux), la femme de l'inspecteur, toujours nue, rejoint Vernon au sous-sol      elle s'attarde un instant près de la grande bibliothèque murale sur laquelle, sur un des rayons, s'enlignent dans l'ombre des photos de jeunes femmes  Avec précaution, elle en prend une dans ses mains    je préférerais que tu les laisses à leur place, dit Vernon    oui, bien sûr, excusez-moi, acquiesce-t-elle en reposant la photo sur l'étagère, je voulais juste mieux voir, c'est tout    la lumière ne fait pas mieux voir, elle fige la vie  La clarté ne renouvelle jamais le bail de l'oeil  Tu devrais remonter servir nos invités   oui    mais qui est Vernon?  je l'ignore  Ce que je sais c'est que j'aime être à poil en sa présence, il est le premier philosophe à se pencher sur le viol, le viol humanitaire...une femme, de la tête jusqu'aux bouts des orteils, voilà ce que je suis, ce qu'il est, ce que nous sommes, lui, l'étudiante et moi  Pourquoi une culotte quand on est si proche? quand on se dessine sur ses yeux  à perte de traits et de ratures Il bande, je le suce, il me pénètre, je n'ai plus nulle part où aller : je suis sa femme, l'autre, la pute    à genoux dans un coin du salon, son ex mari encule l'étudiante    ( in Going to California, exceprt )
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