#lumière perçant le brouillard | Explore Tumblr Posts and Blogs

mysteriis-moon666 · 1 year

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SUMMONED AND DEFILED

Il faisait encore jour quand je partais de Castres, ville rugueuse d’ovalie, porteuse d’une victoire contre le RC Toulonnais en ce jour du 22 avril 2023. Dans les rues des supporters rentraient à pied, drapeau sur l’épaule, se chambrant gaiement. Des cumulus nimbus offraient un parterre de teinte grisâtre et laiteuse avec des trouées minimale de lumière, comme si des jets venaient à percer dans une obscurité naissante. Bientôt la pluie le long du trajet tomberait, et fera abattre le ciel sur terre dans une nappe de brouillard épaisse, et de crachin que cette nuit en enfer allait offrir à coups de décibel tellurique, de cris perçant et d’hémoglobine sonique. La nappe phréatique de mes émotions remonterait jusqu’à ma paroi nasale en laissant couler un filet de sang, pour une raison que j’ignore encore, mais qui demeure un présage de la déflagration reçue.

L’association Profusion existe depuis 1995, elle a mis en place des concerts dans le Tarn et la région toulousaine. Depuis St Sulpice, la première édition d'Une Nuit En Enfer a été effectué en 2003 où elle avait posé les bases d’une intention fidèle à l’underground oldschool. Pour ses 20 ans c’est « Be there or be dead », PAF 15 Euros. Pas de CB, rien que de la fraîche, à l’ancienne (vise le flyer). Lieu = Salle René Cassin / 81370 Saint Sulpice La pointe.

Les groupes ayant joué dans une nuit en enfer sont Fall Of Seraphs, Iron Flesh, Ritualization, Mercyless, Asmodée, Agressor, Necrowretch, Charnier, Fatal Nunchaku, Graveyard, Hate Wanted, Hypnosis, Hypoptalasias, Inhumate, Les Incapables, Malhkebre, Necrocult, Oldskull, Offending, Ossuaire, Otargos, Ouroboros, Pestiferum, Pulmonary Fibrosis, Putrefaction, Ruins Division, The Bottle Doom Lazy Band, The Seven Gates, Temple Of Baal, Trashnasty, Vorkreist, Withdrawn.

C’est OLDSKULL qui éventre la nuit comme l’on ouvre une parenthèse pour marquer les esprits. Son death metal touille Obituary (mais sans le groove) et Morbid Angel avec une lichette de Bolt Thrower, et parfois des grumeaux thrashy dans les riffs et rythmiques.

Le chanteur avait un t-shirt de Power Trip, et son growl de bons caillots de sang dans la glotte pour projeter son impureté deathalique. Le batteur du groupe avait le son de la caisse claire d'une bouteille que l'on décapsule, car pas de peau sablé. Je dis ceci car un gonze me l’a fait remarquer alors que jusque-là je n’y avais pas prêté cas. L'ingé son a assuré, je ne veux pas dire de connerie, mais il me semble qu’il travaillait à l’ancienne salle du Bikini, au 54 chemin des Étroits à Tolosa, car la façade démontrait un son de gouffre à death metOl. Scéniquement la scène n’est pas immense, les gars font leur set dans un condensé salé de leur sauce dégoulinante, ça envoie une bonne rasade oldschool, avec pour les light, un spot bleu, un rouge, un jaune, un peu de fumée et va chier à la vigne.

Dans une nuit en enfer il n'y a pas de poseurs, pas de kikouyou à licorne, de touristes, de personnes qui vivent dans un trou de hobbit, nannn. L'atmosphère est oldschool, il y a en présence une majorité de gars qui turbinent avec sincérité depuis l'époque des échanges de K7. L’underground c’est une niche, un endroit en marge, reclus, parfois trop, enfin tout dépend comment tu vois le truc. C’est un isolement, et pas du tout à la fois. Beaucoup y trouvent leur compte, du moins un temps, après les époques meurent et les nouvelles prennent leur place, il y a des personnes qui restent fidèles malgré tout. Oui ça existe.

L’underground fonctionne sur le principe du participatif, et généralement en autarcie. Ces passionné.es peuvent passer du statut d’inconnu à culte, mais c’est très rare, et pas du tout l’effet escompté. Le premier c’est d’être libre de créer, de faire émerger un art, une discipline, l’esprit d’une musique, l’incantation du concert, un lieu de vie, une époque. Tu évolues dans un environnement scellé de rite, signe, expression, symbole, représentation, empreinte, d’érudition, d’échange, de transmission, de passion, tu es dans l’ombre, te transformes dans la pénombre, le mystère et l’obscurité sont tes frères. Si tu viens avec une apparence, tu vires vers le soleil très rapidement car le simulacre ne fait pas partie de ta loyauté, de ton honnêteté aux autres et à toi-même. Mais l’underground va t'oublier un jour, comme si tu n'avais jamais existé, tu ne fais que passer, météore.

« Le rock est mort, le punk est mort, le metal est mort » tu entends ça depuis toujours, tout est mort quand tu vieillis, parce que le pain blanc de ta jeunesse est bouffé, et qu’il te reste le pain noir, et peut-être même un sac de clou noir avec des croûtons et des os à ronger. Bullshit, tu le sais, dans ta foi pour ces musiques en marge, tu es, tu vis, tu te sens bien au milieu de ces gens, que tu considères comme ton peuple.

Le rock est mort parce qu’il passe de mode pour certain.nes. La mode elle peut aller se faire enculer, et ce, depuis toujours. C’est ta philosophie.

Dans la salle ce soir, il y a un gars qui a organisé et fait jouer la première date en France et en Europe de Cannibal Corpse. C’était en 1991 à Escoussens, au pied de la montagne noire parce que la salle d'Aussillon n'était pas libre. Le christ de Mazamet, le seul et unique, nom Carlos, comme le chanteur, mais lui n’a pas de chemise à fleur, il préfère les champs de tripes du death metAl. Casquette vissée sur la tête, des cheveux longs, le ventre à bière de Tankard et toujours dans le game, le week-end suivant celui d’une nuit en enfer, il ira au Portugal pour un petit festival, il a son ticket pour aller voir les Mets au stade de France, mais ce qu’il lui tarde le plus, ça fait trois ans qu’il a son billet pour le Maryland Deathfest du 23 au 26 mai à Baltimore.

Le quatuor MISGIVINGS se poste sur scène. Formé en 1991 avec un seul opus à leur actif, je ne sais pas ce qu'ils ont foutu, nous sommes en 2023 ?!

Le bassiste chanteur a un truc dans le visage, la forme de son visage peut-être, mais il me semble que ce sont ses yeux qui me font penser à Tom Araya, d'ailleurs leur musique c'est Slayer mets Deicide. La basse a un son très metallique, le riffing des 2 gratteux c’étaient des frelons asiats aux dards véloces et pestilentiels. Le bassiste a rameuté le pit pas mal de fois, une sollicitation qui a trouvée l'envol de belles chevelures, et a certainement brisé quelques nuques. Le groupe fout un tournis de mur blanc sonique pour fouetter un death metal aux encornures saillantes, dans l'esprit pernicieux du groupe Pestilence. Mon cerveau était devenu un énorme paquet de lingettes mouillées à torcher un putride death metOl que Misginving remplissait sans arrêt, je pouvais faire des mouillettes sanguinolentes avec, cool, cool.

Formé en 2013 CONVICTION est un groupe de Doom Metal avec des membres d'Ataraxie, Temple Of Baal, et un unique album à leur actif.

Mettre un groupe de doom oldschool sur un plateau death metal c'est comme poser de la tisane dans un office de traders. L'ambiance est moins remuante. Attention j'adore le doom, là c'est Saint Vitus pour le doom et du Type O Negative pour le cimetière. Il y a un côté funéraire dans leur set que certains jugeront soporifique. Le bassiste joue avec un nœud coulant autour du cou ce qui annonce en terme de métaphore que le gars va se marier nan ? J'ai noté quelques fausseté dans le chant, ohhh trois fois rien, j'ai surtout apprécié dans le chant cette recherche mélodique, une ligne vocale claire avec du spleen dans son intention théâtrale, parfois même inattendue. Ce qui ressort vraiment de Conviction c’est "... la capacité de s'épanouir dans une douce douleur." (Thomas Mann), mais aussi une visite dans les marécages de l'âme, une cadence rythmique lente, des riffs charbonneux, vraiment intenses avec ce tréfonds doom, et des solis de très bonne tenue, pour finir par une cover de Black Sabbath, hé forcément. Nous étions bercé.es d’une funambule torpeur opiacée et refermions le cercueil sur nous.

Conviction se nourrit d’une noire vision, éviscère ses démons qui tordent l’âme. Il préfère les pierres qui redressent son âme plutôt que les fleurs qui ramollissent son cœur. Il se déploie dans sa nuit et dans chaque respiration de sa musique, en trouvant sésame dans le gémissement du lointain, jusqu'à ressentir le fracas du spleen à côté de lui battre des ailes, éveiller les torpeur jusqu'aux tristesses rédemptrices.

J’ai décidé d’être sensible, car c’est ce que je suis au fond de moi depuis toujours, c’est un prix à payer, il est lourd parfois, mais je laisse rentrer chaque vague et l’écume est belle, la collision sur les roches offre un spectacle étourdissant, et au fond de cet océan se gonfle une vivacité qui s’ancre à une diversité d’émotions. Conviction navigue dans ces eaux tumultueuses, à son rythme, il est vrai.

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Dans la grosse lessiveuse d'internet dont nous pouvons nous goinfrer jusqu’à écœurement de toutes les musiques disponibles, nous devenons des décharges à ciel ouvert, oubliant d'apprécier dans l'instant présent l'offrande des groupes en train de jouer en live, parce que tout est encombré des restes glanés, la contradiction renaît.

VENEFIXION c'est un peu de ça avec un soupçon de ceci, rien de nouveau, j'ai déjà entendu cela plein de fois et je m'en vais. Non, il fallait rester, il fallait se laisser atteindre par cette sorcellerie, par ce fléau de metal noir, cet incurable tourment, qui vient zester ce dégoût secret, mal indéfinissable qui donne tant de torts dont on n’est point coupable. C’était la magie noire d'un concert dans toute sa beauté exaltante, avec lequel Venefixion a frotté son set avec du papier verre et un marteau clouté. Urg !

Le quintette Venefixion a laissé trois opus, "Armorican Deathrites" 2016, "Necrophagous Abandon" (split w/ Possession) 2019 et "A Sigh From Below" 2021 en faisant évoluer sa musique qui irrite les refus et lui apporte tous les feux qu’elle inspire désormais, loin des vieux grimoires bretonnant du bois de Brocéliande d'ADX. Du khôl autour des yeux, du sang sur la tronche, un death black 2.0 qui joue la carte du malin, avec un max de delay dans le chant. Ecole putréfaction avec des restes primitifs de Morbid Angel, du swedeath rock'n'roll de Tribulation, et pour les cris en fond Ghostbath. Il y a le côté black'n'roll de Venom et Midnight surtout en fin de set, augmentant l'enthousiasme d'un public férocement attiré par les puissances souterraines. Oui il y avait de la magie noire, d'ailleurs en fin de set un gars a scandé « Satan » à plusieurs reprises le poing levé, exhortant de la sorte le chanteur à faire de même, et le public de lui répondre. Merci à cet Anton Lavey d'avoir libéré les apôtres soniques de Belzébuth dans la succursale rené cassin, face à la très belle église de St Sulpice la pointe, et de ce set de Venefixion en un petit bijou de crucifix retourné.

Merci à Profusion association, à cette Nuit En Enfer, à Oldskull, Misgivings, Conviction, Venefixion et à ce peuple des ténèbres.

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rollingstonemag · 7 years

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Un nouvel article a été publié sur http://www.rollingstone.fr/gauguin-entre-terre-et-mer/

"Gauguin", entre terre et mer

Près de 115 ans après sa mort dans le dénuement, Paul Gauguin et sa cohorte de couleurs s’affichent aujourd’hui dans les salles. En route

1891. Le grand siècle s’achève. L’inspiration de Paul Gauguin se tarit. Plus aucun visage n’est digne d’être peint. Décidé à prouver à sa famille comme à ses pairs qu’il est un grand artiste, il s’exile à Tahiti. Submergé par les montagnes et les forêts, ses pinceaux s’animent de nouveau, sa rencontre avec la jeune Tehura lui inspirant ses plus belles toiles.

https://www.youtube.com/watch?v=NvJeANEDyCc

Des yeux bleus perçants surmontant une barbe rougeoyante percent le brouillard parisien. À quoi bon s’échiner à peindre une réalité aussi morne ? Comment de tels tableaux pourraient-ils se vendre ? Le tourment se lit sur le visage émacié de Paul Gauguin (Vincent Cassel, dont la violente retenue illumine chaque plan). Criblé de dettes, il n’est plus en mesure de subvenir aux besoins d’une famille astreinte à un cruel arrière-plan en noir et blanc. Une seul échappatoire, Tahiti. Ce n’est qu’aux confins du monde que le peintre pourra laisser libre cours à la sauvagerie de son art comme de son être.

La pluie tombe à grosses gouttes. Gros plan sur Gauguin. Installé dans un modeste faré, le peintre semble avoir retrouvé des couleurs. Peu embarrassé par les déboires routiniers de son sujet, Deluc use et abuse d’ellipses pour se concentrer uniquement sur le retour à la terre – et à la mer – de son délicat sujet, au risque de perdre les novices. Plongés dans une nature surprenamment désaturée, ils n’ont d’autre choix que de s’accrocher à la lumière vacillante dans les yeux de Gauguin, tantôt grandiose après sa rencontre avec Tehura, tantôt d’une pâleur cadavérique, noyée par la jalousie et l’obsession.

Archétype de l’artiste maudit, le Gauguin de Cassel est souvent charmant, parfois terrifiant et toujours passionné. Refusant systématiquement aux sirènes du commerce d’un art sans âme, il s’obstine tant qu’il en dévient irrémédiablement fascinant.

Bien que ce Voyage de Tahiti soit une réussite tant filmique que picturale, on regrettera néanmoins une trop grande mise en abîme d’une œuvre colossale, reléguée en toile de fond quand elle aurait pu servir d’élégante conclusion.

Par Jessica Saval

#Edouard Deluc #gauguin #Malik Zidi #Tahiti #Tuheï Adams #vincent cassel

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