Tumgik
projetgenre · 3 years
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Camille 
Pour moi le confinement a été une période super douce où je pouvais laisser de côté ce qu'on attendait de moi, en dehors et à l’intérieur de la communauté queer. En n’étant plus corporellement immergé dans les regards, les commentaires... je me suis un peu détendu et j'ai senti le filet se desserrer. J'ai senti que je m'ouvrais de partout. J'avais l'impression que tous mes pores respiraient mieux. En tant que personne transgenre masculine, il y a beaucoup de « caractéristiques féminines » que je me suis forcé à mettre sur le côté. Je dis « forcé » parce qu'il y a plein de choses que j'adore, si je me laisse aller : mettre des robes, me maquiller. Je me suis forcé à cacher cette « part féminine » le temps d'être suffisamment validé que pour me sentir confortable. Pendant une période j'ai eu besoin de me sentir un minimum binaire. Quand tu es validé, que tu as la voix un peu plus grave, que tu as un peu plus de poil au menton, et puis qu’on t'appelle « monsieur » dans la rue et qu’on arrête de te dire « bonjouuuur »... à ce moment-là y a un truc qui se dépose et qui se détend, c'est ça que ça a fait chez moi. J’étais tranquillisé. Non seulement parce que j’étais reconnu comme qui je suis, mais aussi malheureusement parce que la société patriarcale est plus confortable pour les hommes… Mais ça, je ne m’y attendais pas à ce point-là! Puis un petit temps est passé et je me suis dit que j'avais peut-être plus trop envie de prendre de la testostérone. Puis j'ai eu envie de laisser pousser mes cheveux. Et puis le pantalon que je porte aujourd'hui c'est le premier truc que j'ai acheté au rayon femme.
Je me suis permis ces petites choses progressivement. Mais ça restait "ohlala je fais méga tarlouze". Et ça m’éclatait ! Puis ça me va plutôt bien ! Puis j'ai commencé à faire de plus en plus de choses qui faisaient que je risquais d'être mégenré, par exemple me raser la barbe. C’était pendant le confinement. Mais au moment où je l'ai fait je me suis senti libéré. Pas parce que ça me faisait chier d'avoir des poils sur le menton mais juste d'avoir osé. C'est terrible parce que j'ai couru après le « passing » pendant un moment. Et là j'ai l'impression que je cours dans le sens inverse. Je cherche moins la validation, mais aussi parce que je peux me le permettre.
Je parle d’une position privilégiée : on m’a appelé monsieur après 5 mois de testo. Y a des personnes qui sont mégenrées toute leur vie, même en faisant la checklist de tout ce que la société attend d'une personne trans « binaire ». Mais c'est vrai qu'à un moment j'avais juste envie d'avoir un passing complet, pour être tranquille. Et progressivement je me suis dit que je voulais pas ressembler à un mec cis. J'avais envie d'avoir des couleurs dans mes cheveux, d'avoir des bijoux. Ces derniers temps, j'ai juste envie de remettre une robe et m’en foutre qu’on m'appelle mademoiselle, et fucker tout le système et garder mes poils sur les jambes. Puis quand je pense sérieusement à le faire, soudain j’ai peur…
C'est vrai que ça demande beaucoup de résilience en tant que personne queer de toujours devoir tout expliquer et ré-expliquer. C'est comme si tu devais toujours faire la vaisselle, mais celle des autres. A un moment les gens doivent faire un travail, s'éduquer. Prendre le temps d'expliquer aux gens, d'être pédagogue, c'est un peu à double tranchant : ça te donne une place, un rôle, une certaine force aussi. Mais parfois c'est impossible de réagir et de prendre le temps tellement ça touche à l'intime. T'as pas idée du nombre de fois où j'ai dû sortir mon power point, en soirée et jusque dans mon pieu, pour faire de la pédagogie. Je suis rôdé, mais malgré tout le discours aujourd'hui qui est très inclusif et très bienveillant, je reste une certaine forme de monstruosité. 
Y a des gens qui disent qu'iels ont toujours été sûr·e·s de leur identité, moi j'ai jamais été sûr. Il y a eu des moments où je me suis dit « c'est bon j'ai compris, je suis lesbienne », puis « ha non, en fait je suis bi », puis « ha mais c'est ça, en fait je suis trans et je suis un homme ». « Donc ça veut dire que je suis gay ». « Mais attends c'est quand même cool l'érotisme lesbien ». Mais je suis où ? Je suis quoi, je suis qui ?
A l'époque où je me disais que j'étais lesbienne, j'avais encore des béguins pour des mecs et je me disais « mais je peux pas, j'ai signé un contrat avec mon moi lesbien et avec toute la communauté, qu'est-ce qu'on va penser de moi, qu'est-ce que je vais penser de moi ». Et finalement, le moment où tu couches avec cette personne que tu étais supposé t'interdire, et alors que tu es dans un « rapport hétéro » - qui n'est pas censé être interdit ! - il y a encore une fois cette sensation de liberté qui débarque. 
Quand j'ai découvert les interstices, les « entre deux », j'y ai trouvé un plaisir et une liberté immense. Mais au début j'étais quand même troublé, je me demandais ce que je faisais, qui j'étais. Et puis à force de passer à travers tout ça, je me suis surtout accroché à cette notion de liberté. J'ai compris que c'était de ça dont j'avais besoin, pas de faire exprès d'aller contre la norme, mais c'est juste qu'il y a des moments où tu te sens respirer plus amplement, et tu te dis « ok, je suis à un endroit juste pour moi à cet instant ». 
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projetgenre · 4 years
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Marie 
Je me définis vraiment comme une femme, j’ai pas vraiment eu de remise en question par rapport à ça, à part quand j’étais toute gamine et que j’étais persuadée d’être un garçon. Aujourd’hui je me présente comme une femme et ça me convient tout à fait. Après, tout ce qui est lié au genre, c’est plus une découverte ludique pour moi, c’est un bonus. C’est présent dans ma sexualité, la manière dont je m’habille, mes activités.
J’ai une poitrine assez présente, elle m’a toujours rendue féminine un peu par défaut parce que c’est perçu par beaucoup de gens comme féminin. Or la poitrine c’est pas un choix que tu fais, elle est là ou elle est pas là. Pendant une période, je mettais une robe un peu décolletée et j’étais hyper féminine, et ça m’a servi, parce qu’il y a une phase de ta vie où tu concentres beaucoup d’énergie à ressembler à ton genre assigné parce que tu passeras mieux socialement. Du coup ma poitrine était un outil pour ça, d’autant que par ailleurs j’étais assez « garçon manqué ». Ça me remettait dans la bonne case. Puis plus récemment, quand j’ai commencé à vraiment vouloir explorer le genre, j’ai eu des moments où j’avais vraiment envie d’avoir une figure plus masculine et la poitrine s’est mise dans mon chemin.
En ce moment, je sors avec deux personnes, deux mecs cis. Je pense que pour eux c’est aussi très ludique d’explorer des choses un peu plus « switch » je dirais. Avec l’un d’eux, dans nos interactions sexuelles ou pas, on peut switcher d’une position dominante à une position soumise, pour jouer ou que sais-je.  Nous on a ce « switch » plutôt masculin/féminin, donc à la base plutôt binaire mais ça peut aussi partir dans tous les sens. Et même si je suis une femme et lui un homme, on a pas mal joué avec ces codes-là, dans les vêtements qu’on met, dans l’attitude qu’on a l’un envers l’autre. Par exemple je dis que je suis l’homme de la maison et qu’il est la femme au foyer, et quand il cuisine je passe derrière lui en lui tapant sur les fesses, on joue vraiment avec les clichés, ça nous amuse beaucoup. Ça s’est transposé aussi au niveau de la sexualité, c’est jouissif à explorer et c’est vraiment tout récent pour moi. Par exemple je peux me concentrer sur sa taille très fine, sa poitrine, ses longs cheveux. Lui aussi a son « personnage », il ne va pas être n’importe quelle femme et il va adopter certains comportements. D’une certaine manière j’ai l’impression que ce que je fais dans ces moments-là, ce sont des choses que j’avais fantasmées qu’on me ferait un jour mais que je n’ai pas réalisées parce que j’en ai une idée trop précise. Du coup je préfère inverser les rôles et les faire sur quelqu’un d’autre.
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Le genre, pour moi, c’est un truc souple dans ma sexualité. Je sais que tel partenaire peut être très féminin dans ses attitudes alors on va en jouer, on va se mettre dans des positions sexuelles où je prends le rôle supposément masculin. Par exemple je ne vais pas utiliser mon vagin de façon « féminine », en tout cas pas pour qu’il soit pénétré, et je n’interagis pas non plus de la même manière avec son sexe à lui. Ça peut paraître une idée simple d’inverser les rôles, mais en fait ce n’est pas le premier instinct qui m’est venu.
Mon autre partenaire a longtemps vécu en tant qu’homme gay. Pour le moment il se définit comme pansexuel et il dit lui-même avoir « changé d’orientation », mais je trouve qu’on voit vraiment son passé d’homme gay dans ses interactions, ses cercles sociaux etc. Et avec lui sexuellement, autant je reste plutôt « masculine » parce que c’est ce que j’aime en ce moment, autant lui ne va pas dans un truc « féminin », ce qui donne une autre vibe à nos relations. 
La première fois que j’ai mis mon gode ceinture, j’ai chialé. J’adore l’utiliser, c’est toujours des expériences incroyables mais c’est aussi très déconcertant. Je me souviens que les premières fois que j’ai utilisé mon gode ceinture sur mon partenaire, j’ai vraiment ressenti le besoin d’être pénétrée après. Un peu comme si je remettais les choses à leur place, comme si en pénétrant je m’étais mise dans une position qui n’était pas la mienne. En ré-échangeant les rôles, c’est comme si je revenais à ma position féminine, rassurante.
J’adore jouer avec tous ces accessoires. Parfois en soirée je porte juste ma ceinture, même sans le gode dessus, parce que c’est mon attribut, c’est un signal pour les gens. Je pense que ce que j’aime vraiment avec les accessoires, c’est de pouvoir mélanger les codes masculins/féminins. Par exemple récemment j’ai acheté des boxers, et je les porte avec des soutifs en dentelle. Personne ne le voit mais moi je sais et je kiffe.
Pour moi le genre c’est quelque chose de ludique. Finalement, aujourd’hui, je n’ai plus de mal à rentrer dans mon « moule » s’il le faut. Si j’ai un boulot normal, je porterai des vêtements qui correspondent à mon genre assigné. Ça ne me plait pas, je trouve ça ennuyeux, mais je n’en souffre pas et je me dis que j’attends la récré pour pouvoir faire ce que je veux.
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projetgenre · 5 years
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Lise 
Je me définis comme bisexuelle, même si ça m’emmerde vraiment beaucoup parce que ce n’est vraiment pas dans ma manière de penser de catégoriser. Ça me faisait plaisir au tout début parce que à l’adolescence forcément on se cherche et on cherche des mots sur ce qu’on est, mais en vieillissant et en grandissant je me suis rendue compte que les catégories ça m’emmerde. La définition de ma propre sexualité est passée par une phase très intime avant d’aller vers le politique, avant de réaliser que ça devait être un combat. Quand j’ai commencé à le théoriser c’est là que j’ai trouvé très important de le « politiser », parce c’est en passant par les catégorisations qu’on peut mieux les briser après. C’est important de se sentir entier dans ce qu’on est pour ensuite le dépasser.
Cette dimension politique a commencé y a quelques années par des rencontres, et par le fait que je sois tombée amoureuse d’une femme et que ça m’a bouleversée. J’avais été amoureuse d’autres femmes avant mais cette femme-là en particulier a changé mon monde. J’avais ces prérogatives politiques en moi avant, mais faire en sorte que cette relation existe au grand jour, que je fasse fi des remarques qu’on pouvait me faire ça a changé quelque chose en moi et j’ai décidé à partir de ce moment-là de me battre pour ce genre de problématique.
Je me force jamais à me présenter comme bisexuelle mais je le place toujours volontiers dans la conversation, avec fierté. Je trouve ça sain que les personnes avec lesquelles je m’entends bien le sache, et puis je pense que c’est un bon moyen de filtrer, de voir si la personne en face de toi peut être ami·e avec toi ou pas. Mais pour moi, le fait d’être bisexuelle est intrinsèquement lié à mon féminisme, et j’ai plus tendance à m’exprimer là-dessus que sur ma sexualité.
Ce qui a été le plus dur avec mon mec, ça a été de lui dire, parce que j’appréhendais sa réaction. En y repensant maintenant je trouve ça stupide parce que si la personne t’aime comme tu es il n’y a pas de raison d’avoir peur. En fait ça s’est fait très vite, au bout d’une semaine je lui ai dit parce que je ne me voyais pas lui cacher qui j’étais. Il m’a vraiment soutenue, et encore aujourd’hui. Puis c’est quelqu’un qui s’intéresse à ce genre de combat, qui aime lire et parler sur le sujet. Je n’aurai pas pu être avec quelqu’un, homme ou femme, que ça n’intéresse pas.
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En étant bisexuelle je me suis toujours positionnée à cheval sur plusieurs choses et j’ai l’impression de n’appartenir à aucune des catégories dans lesquelles on veut me mettre. C’est une force mais c’est aussi une faiblesse. Je le sens dans beaucoup de pans de ma vie, et aussi dans le pan universitaire puisque je suis à cheval sur deux domaines. Tout ça, ça joue dans ma manière de penser, et c’est très bien, je m’assume comme je suis, mais j’ai du mal à choisir. Ou plutôt : je ne me sens jamais totalement à l’aise quelque part.
Je ne supporte pas, je ne supporte plus l’universalisme. J’arrive enfin à la théoriser grâce à certaines rencontres et à mes études. J’essaie de me battre contre cette notion qui me pourrit la vie. Je ne peux plus supporter certaines remarques, comme « ils sont tous comme ça », « elles sont toutes comme ça ».
Je sais que c’est bisounours mais dans un monde idéal, il ne devrait pas y avoir tout ça, on n’aurait pas besoin de mots. Après je sais, aussi grâce à mes études, que les mots sont très importants, et que les communautés sont importantes aussi. C’est important de se battre au sein de ces communautés et au sein des différents mondes qu’on côtoie. Ca me faisait du mal quand j’étais adolescente et que je commençais à comprendre ma sexualité mais j’arrivais pas à trouver les mots, j’arrivais pas à trouver les idées qui convenaient. Aujourd’hui je peux enfin m’exprimer, grâce à mes études et mes rencontres, et ça me fait vraiment du bien.
J’ai jamais rencontré de biphobie de manière violente mais plutôt de manière sous-jacente. Des remarques du genre « c’est une phase », « ça va te passer ». Et ça vient même de ma sœur qui est homosexuelle. « Je te connais, t’es hétéro ». Mais non. Ça me passe pas. Là je suis folle amoureuse d’un garçon qui m’accepte comme je suis et qui sait très bien les combats que je mène. Mais ce genre de remarque c’est encore plus difficile à encaisser maintenant qu’avant parce que maintenant je sais très bien ce que ça veut dire. Ça rentre dans la case de l’universalisme en fait. C’est de la violence, même si elle est inconsciente et pas intentionnelle. Et elle existe dans tous les milieux, y compris le milieu universitaire. Sur le genre et la sexualité en général, j’apprends petit à petit à me défendre du point de vue scientifique pour répondre à des préconçus du genre « Les femmes sont comme ça », « les lesbiennes sont comme ça »…
Pour moi c’est évident que le genre est une construction sociale. Mais j’ai du mal à le théoriser et l’argumenter auprès de certaines personnes parce que je sens qu’elles ne sont pas vraiment réceptives. Comme si c’était vraiment ancré en chaque personne, de manière profonde, comme si c’était un arbre avec des racines. Et c’est vraiment quelque chose contre lequel j’ai envie de me battre parce que je pense que c’est à la base de la majorité des problèmes. D’ailleurs je trouve ça aberrant qu’on n’en parle pas plus, que ce ne soit pas une problématique de société qu’on prenne en charge dès la petite enfance. C’est d’une importance capitale.
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projetgenre · 5 years
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Juliette
Je distingue super fort le genre biologique de l’expression de genre sociale. Au début je ne me posais pas de question, ou plutôt,  je n’ai pas eu de réponses à ces questions avant de rencontrer le milieu queer, de lire des choses queer et féministes. Je n'ai pas beaucoup changé entre le moment où j'étais plus jeune et maintenant. C'est plutôt ma manière de conscientiser les choses et de militer qui a changé. J'ai vécu les choses avant de les théoriser. On a souvent envie de tout théoriser, alors qu'il y a des gens qui vivent les choses, qui sont queer mais qui ne se sont jamais posé la question. Depuis que je traîne dans ce milieu, j'ai vu beaucoup de gens changer, transitionner, évoluer dans leur genre, passer dans un genre plus fluide ou non binaire... Trouver une étiquette c'est assez compliqué, aujourd'hui il y a mille appellations qui finalement sont toujours mouvantes alors je trouve que c'est difficile de trouver sa place. En même temps, quand on est dans des milieux safe - où on peut être qui on veut sans avoir tout le temps des remarques ou des questions ou des regards - c'est très facile d'être soi sans avoir besoin de se définir. 
Enfant, j'étais vraiment libre d'être qui j'avais envie d'être. Je ne m'identifiais pas du tout aux filles ou aux femmes de mon entourage. Du coup c'était un peu bizarre, de m'identifier plutôt au genre masculin mais en étant en compétition avec les garçons, en me disant que je serais meilleure qu’eux. Il y avait de la rivalité. Ma mère m'a quand même laissée faire et je me rappelle que jusqu'à ce que j'ai des seins elle me laissait me balader torse nu à vélo dans le village avec les petits gars du patelin. J'allais sauter de la cale devant la crêperie de ma tante, en Bretagne, en short de bain. Ma grand-mère, ma tante laissaient faire: j'étais la petite fille torse nu. 
Après tu rentres dans l'adolescence, et ça c'est sûr c'est plus dur. Tu dois quand même te plier aux règles, tu dois faire plus attention à toi avec ces trucs de poids, de poils, de cheveux de maquillage, de fringues... là ma mère m'a mis plus la pression. Elle voulait que je fasse plus attention, que je me néglige moins. C'était même pas une question de maquillage - ma mère se maquille pas - mais il fallait que je ressemble un peu plus à une fille: avoir des beaux cheveux, des fringues de fille. Puis t'as la pression de tes pairs, des autres à l'école... du coup j'étais la bonne pote, comme j'étais pas trop trop meuf. 
Si je devais trouver une petite case dans toutes celles qu'il y a maintenant, à mon avis je dirais que je suis, j'hésite, non binaire ou gender fluid. Je me suis un peu posé la question de la transition mais je ne pense pas que je vais le faire: j'ai pas du tout envie d'appartenir au genre masculin. Dans les milieux queer, je me définis comme meuf. Je préfère "meuf" à "femme" d'ailleurs. Je trouve que c'est important de se définir comme une meuf pour la lutte. Mais je ne me retrouve pas dans les stéréotypes associés aux femmes, et je vois bien que les gens ne m'identifient pas non plus comme ça. Les gens s'attendent à ce qu'on ne prenne pas trop de place, qu'on ne fasse pas trop de bruit, qu'on soit bien comme il faut, qu'on ne travaille pas trop, qu'on ne consacre pas trop de temps à nos activités personnelles, qu'on ne boive ni ne fume pas trop, qu'on ne rentre pas trop tard... Qu'on soit jolie. Et bon, on m'appelle quand même de plus en plus "Monsieur". Mais en fait c'est plutôt confortable: généralement dans les lieux publics quand tu es un garçon c'est plus facile. Du coup, j'ai plus de place, on me parle mieux. J'ai accès à certains privilèges. Par contre le revers c'est que c'est moins confortable quand les gens voient qu'ils se sont trompés, qu'ils se mettent à hésiter. Ça peut aussi donner lieu à des situations marrantes cela dit, comme cette fois où j'ai demandé un emballage cadeau pour un achat et que la fille m'a regardée en disant "Monsieur... euh, Madame... euh Monsieur... Oh bah je sais plus!". 
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Quand je parle de moi j'utilise parfois le masculin. Je n'y réfléchis pas, ça vient comme ça, et ça dépend des moments et des interlocuteur·trices. Je fais ça depuis toujours: déjà dans ma bande de potes au collège on se genrait toutes au masculin. Aujourd'hui je dis plutôt que je suis "seul" ou "nu". Je dis plutôt "beau" que "belle". D'ailleurs personne ne me dit que je suis belle, mes amis disent "Juliette est beau ce soir". Ça sonne plus juste, et eux-mêmes me disent que ça ne leur viendrait pas à l'idée de me le dire au féminin. Moi j'aurais l'impression que ça ne m'est pas adressé. 
Je crois qu'inévitablement mon genre est lié à ma sexualité. Je ne suis pas hétéro - même si j'ai eu des relations avec des garçons. Ça a été un long questionnement, même si ce n'est pas arrivé si tard que ça puisque j'avais 19 ans pour la première, mais pour arriver jusque-là ça a été compliqué. Quand des meufs me draguaient en me disant "mais si t'es lesbienne" je me plaçais en opposition en disant "non mais trop pas, lâche-moi, ça me saoule". J'avais pas envie qu'on vienne me dire qui j'étais avant que je le sache moi-même. Alors qu’évidemment ça me taraudait depuis un bout de temps mais je ne voulais pas l'admettre. 
Puis un jour je suis allée en festival dans le sud de la France et j'ai rencontré cette meuf qui s'appelait Fred. Elle avait vraiment une gueule de taularde, le crâne tout rasé, je me suis dit "ok, elle, elle est lesbienne, je me fie aux stéréotypes". Et je me suis monté un petit délire en me disant que si j'embrassais pas cette meuf avant la fin du festival c'est que j'étais pas lesbienne. Donc évidemment, ça a été branle-bas de combat pour que quelque chose arrive, et finalement il s'est passé quelque chose et je me suis dit "ok c'est bon, je suis lesbienne". 
Je me considère chanceuse parce que je vis bien mon genre et ma sexualité. Je sais bien que ce n'est pas évident pour tout le monde, que certaines personnes ont un passé douloureux avec leur coming out, leur genre, tout ce que tu veux. Je sais aussi que c'est plus facile d'être une meuf blanche. J'ai pas de religion, ma famille est relativement ouverte, ma mère m'a toujours défendue. Cela dit ça reste une épreuve quotidienne, tous les jours t'as une remarque dans la rue, à la longue ça peut devenir fatiguant. Je me suis faite à l'idée qu'un jour je me ferai casser la gueule, à la fois parce que j'ai pas un passing de meuf cis et à la fois parce que je suis pas un vrai mec. Et si je me fais que casser la gueule, je m'estimerai heureuse. Et ça me fait chier de me dire ça. 
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projetgenre · 5 years
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Pierre-Louis 
Je suis homosexuel, donc attiré par le phénotype masculin et le stéréotype de l'homme, les traits physiques caractéristiques du masculin, les muscles, les poils, bref la virilité au sens commun. Bien que pour moi la virilité au fond c'est surtout être soi-même, c'est très vaste et vague, je n'ai pas une liste précise de critères.
Je me définis comme polyamoureux. En ce moment, j'ai deux amants. Ce serait difficile d'en avoir plus parce que c'est galère au niveau du temps et de la logistique. J'en suis venu au polyamour parce que j'ai réalisé que ça n'allait jamais dans mes relations, que j'ai besoin de plusieurs piliers affectifs et que je n'ai pas ce besoin de fidélité. J'ai plus besoin de loyauté : c'est-à-dire que pour moi l'exclusivité sexuelle est moins importante que la loyauté sentimentale. Ce qui est important c'est de ne pas trahir l'autre : on va voir ailleurs mais l'autre est au courant et l'accepte. Ce dont j'ai surtout besoin c'est d'être capable de communiquer avec l'autre, et à la limite ça ne me dérange pas de ne pas savoir si lui est allé voir ailleurs tant que moi je peux être transparent.
Dans mon premier couple libre, le principe était simple. Lui travaillait dans le milieu gay, il y avait des risques que ça dérape, et moi je savais que l'interdit d'aller voir ailleurs me donnait juste envie de le faire. Donc on a décidé d'être en couple libre. Je n'avais plus d'interdit, et une fois la sensation de transgression disparue, je n'ai plus eu envie d'être infidèle. Je n'ai eu aucune aventure. Lui par contre il a craqué, il m'appelait à trois heures du mat pour me dire qu'il avait couché avec quelqu'un. Moi je m'en foutais, ça n'avait pas d'importance.
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Chaque personne que j'aime a une place dans mon cœur. C'est la sienne et rien ne peut la déloger. D'une certaine manière, je peux dire que j'ai du romantisme dans certaines relations d'amitié, qui sont très fortes et indissolubles. Je suis aussi panromantique. Je dis souvent que j'attends toujours la femme dont je tomberai amoureux. Pour moi l'amour n'a pas de sexe. Je peux aimer quelqu'un indifféremment de son genre, de son origine, de son sexe.
Je me suis beaucoup demandé où je me situais par rapport à la question du genre. Je ne m'identifie pas forcément à un genre particulier, du coup je me considère comme agenré par constat. D'apparence, je suis un homme. Mon style est masculin mais c'est surtout par intérêt social : je suis grand, j'ai une voix grave, je m'habille comme un homme et de manière plutôt classe, pour en tirer des avantages. Mais si j'étais androgyne, je l’exploiterais et en tirerais parti aussi. Je n'ai pas un sentiment d'appartenance très fort au genre masculin même si je l’exprime.
Ce qui me semble central, c'est la lutte contre la binarité, le fait de réaliser qu'il existe toute une palette de genres entre le masculin et le féminin. De mon point de vue, ce n'est pas nécessaire de défendre qu'on est tous différents, ou d'essayer de se mettre dans des cases dans lesquelles on ne rentre pas. Par exemple, moi, je suis homosexuel, mais qu'est-ce qui se passera le jour où je tomberai amoureux d'une fille ? De même, si je me considère comme agenré est-ce que ça a du sens de me définir comme homosexuel ?
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projetgenre · 6 years
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Bryan 
J’ai mis très longtemps à accepter que j’étais gay. Je viens d’une famille de témoins de Jéhovah, j’ai moi-même été pratiquant jusqu’à mes 17 ans, et il m’a fallu faire un long travail pour me dissocier de la religion et me dire que le fait que je sois gay ne faisait pas de moi quelqu’un d’anormal. J’ai donc décidé de le dire à mes parents. Ça a été un gros rejet familial. Mon père ne m’appelait plus Bryan mais « la chose », ma mère n’osait plus me regarder, on ne mangeait plus ensemble, mon père a dit qu’il fallait protéger mes frères et sœurs de ma déviance sexuelle, il m’a aussi dit « dans la bible tu sais comment tu termines », donc lapidé. 
Dans ma religion, quand tu es baptisé, il y a un tas de règles que tu dois suivre scrupuleusement, sinon tu es exclu de la communauté et tu ne peux plus fréquenter d’autres témoins de Jéhovah.  Quand je suis arrivé à l’université, j’étais vraiment dans un entre deux, parce que je n’avais pas encore été baptisé, et mes parents ont voulu m’y forcer. Sauf que le baptême c’est sur base volontaire, et ce n’était pas dans mes plans. En gros je devais choisir entre l’abstinence à vie, ou vivre librement mais dire adieu à ma famille. A la fin de ma première année de bac, j’ai quitté la religion. Des prêtres sont venus me voir pour essayer de me convaincre, chaque semaine. Ils me comparaient à un alcoolique en disant que la dépendance, ça se guérissait. Au début quand on te dit ça, tu essaies d’être de bonne composition. J’ai même accepté de faire une thérapie de conversion. Ça m’a foutu en l’air. Ça m’a détruit au point que j’ai fait deux tentatives de suicide, dont une où j’ai failli y passer.
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Longtemps, le regard des autres a été difficile à porter pour moi. J’ai quand même l’habitude puisque j’ai une tumeur qui fait trembler mes mains : depuis toujours on me fait des remarques, « vous êtes sous ecsta ? », « vous êtes en manque ? », « ça va pas, vous êtes stressé tout le temps ? ». Puis on m’a dit d’oublier mes rêves, que je ne pourrais pas étudier ce que je voulais, que je n’irais jamais à l’université parce qu’en labo il faut être précis. Je suis premier de labo aujourd’hui, en deuxième année. J’avance. Aujourd’hui, je sais que je suis le seul à pouvoir définir ma vie, à juger de mes actes. J’ai réussi à me détacher du regard des autres.
J’ai trop longtemps vécu sous la pression de la religion, selon telle ou telle règle, selon ce que tes parents veulent. Je n’ai plus aucune honte à dire que je suis gay. Je suis en phase avec moi-même. J’ai rompu les liens avec mes parents, je me suis reconstruit. Mais mon éducation dans la religion a laissé des traces. Par exemples, dans la communauté LGBTQI, je rencontre rarement des gens qui ont l’ambition de se poser, de fonder une famille « normale », c’est-à- dire en couple pour la vie. J’ai l’impression que les gens préfèrent s’amuser. Moi j’ai envie de voir plus loin. Je rêve d’avoir des enfants. Et j’ai fini par rencontrer quelqu’un qui a les mêmes désirs que moi.
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projetgenre · 6 years
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Duy 
Aujourd’hui, dans le monde des gays, il y a un gay optimal : musclé, masculin, blanc. Sur les sites de rencontre c’est très fréquent de voir les préférences des mecs clairement affichées : « masc only », « no fem », « no fat », et puis toutes les races du monde, « no black », « no asian ». Du coup, quand tu vois ça depuis que tu as 15 ans, tu te dis que tu es racialement inférieur. Ça porte préjudice à la valeur que tu te portes toi-même, et ça, tu l’intériorises. Je me suis rendu compte de ça très tard. Aujourd’hui je m’en veux. Parce que j’ai toujours mis l’homme blanc musclé sur un piédestal. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que mon estime de moi est diminuée, mais aussi l’estime que j’ai des autres asiatiques. Ça veut dire que je ne les voyais pas comme partenaire potentiel. Ça veut aussi dire qu’il y a une compétition entre nous pour l’homme blanc qui va daigner nous regarder. Donc on se dit qu’on peut pas être amis. J’ai mis beaucoup de temps à me remettre de ça.
Dans la culture, il y a une espèce de castration de l’homme asiatique qui est opérée systématiquement : il n’est pas présenté comme masculin. Dans les films, par exemple Romeo Must Die avec Jet Lee, qui est un film de kung fu américanisé, le héros ne finit jamais avec la fille, même s’il la courtise pendant tout le film. Dans les séries aussi : dans Big Bang Theory, on a quatre nerds, dont trois vont finir en couple. Si jamais tu ne sais plus lesquels c’est, ce sont les trois blancs. Et le dernier, originaire d’Asie du sud-est (Raj), non seulement il n’arrive pas à parler aux femmes – alors qu’il y a quand même un personnage Asperger qui y arrive ! – mais en plus il sera toujours dans un couple un peu platonique un peu non-dit et super malsain avec Howard.  Quand on se moque d’eux en disant qu’il s’agit d’un couple gay, outre le fait que ce soit homophobe, on présente Raj comme la femme.
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La femme asiatique, c’est très différent : elle est soumise mais sexuellement épanouie. On l’exotise. Dans Ru Paul Drag Race, pour une épreuve de makeover d’hommes hétéros, une des participantes s’est contentée de mettre un kimono à un mec super baraqué. Et elle a gagné. Donc automatiquement un homme viril avec des attributs asiatiques devient féminin. Les hommes asiatiques aussi on les exotise. On a l’impression de répondre à un fétichisme – celui des rice queen par exemple, les hommes blancs qui ne sortent qu’avec des asiats. C’est dans les fêtes où ces mecs sortaient que j’allais quand j’avais 20 ans. Et là-bas tu te sens accepté alors qu’en fait tu es fétichisé. Et c’est pareil pour l’homme noir, l’homme latino ou rebeu, dans le sens inverse : ils doivent être hyper masculins et hyper sexuels.
Avec tout ça, on se sent invisible. Aujourd’hui, le combat contre l’homophobie est très blanc, très cis, très masc. Et c’est triste en fait. Enfin, je veux dire, on s’en fout qu’il y ait des folles non ? Je trouve ça dommage qu’on ait autant dévié. Avant, j’avais la sensation qu’il s’agissait d’inclure tout le monde, d’être hyper ouvert, de défendre le droit à chacun de vivre comme il est, d’être différent. Maintenant, j’ai l’impression qu’il s’agit de dire « incluez nous, parce qu’on est comme vous », on est comme les hétéros. Et c’est pour ça qu’on veut se marier, c’est pour ça qu’on veut avoir des enfants. Mais cette vision elle exclut énormément de gens.
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projetgenre · 6 years
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Manon 
Mon processus d’identification a été assez compliqué. J’ai toujours senti les choses en moi: l’attirance que j’avais c’était souvent pour des filles et c’était plus fort, mais je ne voulais pas forcément l’admettre. Je pleurais dans mon lit parce que je ne voulais pas ressentir ça. Je ne voulais pas ça. Je pense que c’est lié à mon beau père qui était assez intrusif, et qui était persuadé que j’étais lesbienne. Du coup il insistait pour que je fasse mon coming out. Résultat: je me suis fermée, et j’ai moi-même refusé de l’admettre.
L’été passé, je me suis coupé les cheveux. Je voulais le faire depuis longtemps mais j’avais jamais trouvé le courage. Je me souviens précisément de la date. J’étais dans un resto avec une copine, en face il y avait un coiffeur, sans rendez-vous. Ca m’a travaillée pendant tout le repas et à la fin j’y suis allée. J’ai dit “coupez-moi les cheveux courts”. C’est aussi le jour où mon beau-père a quitté la maison.
Avec mon beau-père hors de ma vie, j’ai pu commencer à m’assumer. A une soirée un jour, il s’est passé ce qui s’est passé: j’ai couché avec une fille. Là dans ma tête tout s’est bousculé: moi qui avais toujours refusé d’admettre ça, il fallait bien faire face. J’ai vécu ça comme une révélation: ça ne me dérangeait plus de le dire aux gens. Avant, qu’on pense que j’étais lesbienne, ça ne me dérangeait pas du tout: j’allais à la gay pride avec mes potes qui se définissaient comme gay, moi à l’époque je me définissais comme hétéro, mais qu’on me voie là, avec mon drapeau, et qu’on se dise que je suis lesbienne, ça ne m’a jamais dérangé. Ce qui me faisait peur, c’était de le dire. J’avais pas peur du regard des autres, j’avais peur de moi-même.
À partir de là j’ai commencé à me considérer comme bisexuelle. Puis je suis partie en Erasmus et je suis tombée amoureuse, raide dingue, d’une fille. Entre les deux il y a bien eu des garçons mais ça n’était plus comme avant. Donc je suis revenue d’erasmus en me définissant comme homosexuelle.
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Ca va faire un an et demi que je suis out. Pourtant, sur cette période, il y a deux garçons qui m’ont fait de l’effet. Je n’arrive pas à savoir qui je suis: quand j’ai l’impression d’avoir trouvé, je rencontre une personne qui me fait tout remettre en question. J’étais hétéro, puis y a eu une fille, je me suis dit que j’étais bi, puis je suis tombée amoureuse, donc je me définissais comme homo, puis j’ai eu de l’attirance pour des mecs, donc c’était plutôt bisexuelle homo-romantique. Mais récemment j’ai rencontré un garçon avec qui j’ai eu un super feeling, au delà d’une attirance sexuelle, qui remet à nouveau en question la manière dont je me définis.
Le problème c’est aussi que la bisexualité c’est vraiment stigmatisé. On s’imagine que c’est une phase, que t’as juste envie d’essayer, que tu veux juste être sûre, que tu veux juste te taper tout le monde, que tu as “deux fois plus de possibilités”… Et la biphobie est encore plus importante dans le milieu LGBT parce que “t’es pas un·e vrai·e”. C’est en tout cas dans ce monde là que j’ai eu les remarques les plus désobligeantes. Puis il y a la peur du partenaire que tu le·la quittes pour quelqu’un de l’autre sexe, alors qu’au fond c’est pas pire que de se barrer pour un autre mec ou une autre fille. Ce qui est dommage, c’est que c’est très peu développé. On se focalise sur la lutte contre l’homophobie, avec des semaines de lutte et des conférences, et on invisibilise la biphobie. Du coup quand on me pose la question, je préfère dire que je suis homo. Ca me fait trop peur de dire que je suis bi.
En fait j’ai besoin de me définir. Je sais que j’ai le droit d’aimer qui je veux, mais j’ai besoin de mettre un mot dessus. J’ai besoin d’être dans une case, de rencontrer des gens comme moi, pour pouvoir en parler. Mais s’il y a bien une chose dont je n’ai jamais douté, c’est mon genre: je suis une femme et j’adore être une femme, même si mon look est devenu plus androgyne avec le temps.
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projetgenre · 6 years
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Sasha
Je viens de changer de prénom. J’ai choisi Sasha parce que c’est neutre, mais comme c’est récent, quand on me demande comment je m’appelle, j’ai toujours un moment d’hésitation. Ce que je préfère, c’est qu’on me genre un coup au masculin, un coup au féminin. C’est le plus simple parce que la langue française est très compliquée pour parler en inclusif !
Mon évolution personnelle sur mon genre a accompagné ma pensée sur le genre en général. Quand j’étais ado, j’étais très misogyne. J’ai fait dans la danse classique, et c’est un milieu où on t’apprend à ne pas aimer les autres filles parce qu’elles sont tes ennemies. Donc pendant des années j’ai eu un rapport conflictuel avec mon genre féminin. Pour moi, les femmes c’était le mal. Puis j’en suis venu.e au féminisme et j’ai compris que je ne détestais pas les femmes, mais l’image que la femme a dans la société, et que par extension on me colle cette image. J’en suis venu.e plus tard à me considérer comme personne non binaire, et plus récemment comme personne transgenre non binaire. Est-ce qu'un jour je ferai une transition complète? Peut-être. Peut-être pas. C'est une évolution, et je verrai avec le temps.
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Le genre qui m’a été assigné à la naissance en fonction de mon sexe biologique ne me convient pas. C’est ça qui me fait me définir comme transgenre. Ce qu’il y a dans mon pantalon ça regarde personne. Tu peux être transgenre et ne pas souhaiter de transition médicale. Cela dit, à partir du moment où tu parles de transidentité avec des gens, ils vont souvent avoir besoin de parler de l’aspect biologique : c’est presque un passage obligé de leur expliquer. Donc oui, ça existe, mais il y a une différence entre la biologie et la construction sociale, et c’est plutôt ça qui me concerne.
Au quotidien ça me suit puisque je suis aussi assez militant.e et activiste. Un truc qui m’a beaucoup aidé.e c’est de m’entourer de personnes qui connaissent et vivent la même chose que moi, avec qui j’ai pu parler et échanger, notamment dans mon combat féministe. Et comme je travaille avec des jeunes c’est aussi quelque chose de central. Par exemple quand je donne des cours d’impro je mets des balises tout de suite : je refuse les blagues homophobes ou sexistes. S’il y en a, on s’arrête et on en parle. En fait je pense que je ne passe pas un jour sans en parler.
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La communauté, pour moi c’est quelque chose de très important, parce que justement ça te permet d’avoir un échange avec des personnes sans pour autant devoir expliquer en détails, ce qui peut être vraiment éreintant. C’est important de se sentir soutenu.e, de ne pas se sentir seul.e, de pouvoir prendre le relais les uns des autres, et les unes des autres surtout. Par exemple, j’adore me maquiller et c’est quelque chose pour lequel je dois souvent me justifier : on me dit que je change de prénom mais que je continue à "m’habiller en fille" comme si c’était incohérent. J’ai de la chance parce que je suis female passing mais je peux aussi m’habiller de manière plus neutre sans que ça passe trop mal. Mais c’est compliqué d’expliquer que je suis transgenre et que j’aime me maquiller, que j’ai plein de robes, etc. Du coup on m'a invité.e à rejoindre un groupe de maquillage inclusif, et ça fait trop de bien. On échange avec des personnes racisé.e.s, avec des personnes qui ont un type de corps différents, des type de peaux différentes, et on est dans un espace safe où personne vient nous emmerder et où on peut parler de sujets qui nous tiennent à cœur, avec une extrême bienveillance. J’ai besoin, de temps en temps, de cette non-mixité. On m’a déjà dit que c’était se fermer à l’opinion de gens qui ne pensent pas comme moi, sauf que des gens comme ça, dès que je sors de chez moi j’en trouve six brouettes. Et en fait il y a des moments où ça me fatigue ! C’est ça que je recherche dans la communauté : un peu de confort.
Mais cette même communauté peut ne pas toujours être accueillante, c’est sûr. En ce qui concerne la bisexualité par exemple c’est difficile. Même si j’ai évolué pour me considérer plutôt comme pansexuel.le aujourd’hui, j’ai entendu pas mal de trucs remettant en cause mon adhésion à la communauté LGBT parce que j’étais bi.e. On nous prend pas au sérieux : les bi.e.s ça n’existe pas, c’est juste qu’on n’a pas encore choisi, ou qu'on assume pas. Les gens qui me disent « c’est une phase », je n’essaie plus de leur expliquer, j’ai plus envie d’entendre que c’est juste une période avant de me découvrir complètement gay. Parce que même si c’est une phase, et alors ? Ça n’autorise personne à être méprisant. Et puis si tu te présentes comme pan, ben on dit que t’as juste envie de coucher avec tout le monde. Et alors si en plus t’es poly, c’est foutu, tout le monde pense avoir le droit de venir te draguer, que c’est open bar. Quand tu dis non, on te dit « mais t’as dit que t’étais poly » ! Et si tu es dans une relation monogame, on te demande « bah t’es devenu.e monogame du coup ? ». Non. Les préférences de mon/ma partenaire ne me définissent pas. Les autres ne me définissent pas.  
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projetgenre · 7 years
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Elise 
Je suis transgenre. Je me définis comme une femme. Quand j’étais considérée comme un homme, ça me saoulait particulièrement de ne pas être reconnue pour qui j’étais. Simplement parce que avec tous les stéréotypes de genre qu’il peut y avoir, tous les clichés, si tu es un homme on dit que tu dois être comme ci ou comme ça. C’est assez difficile de casser ces a priori et cette première vision que les gens ont de toi. Il faut entrer assez en profondeur pour connaître la personne. 90% du temps quand je rencontrais quelqu’un je ne me sentais pas reconnue pour qui j’étais.
Aujourd’hui je vis mon genre comme je le ressens, clairement de manière plus féminine. Ça me permet de montrer cette partie de moi qui est, selon les stéréotypes de genre, assez féminine. A côté de ça je suis assez masculine sur certains aspects, et ça je le montre aussi. Au final je suis beaucoup plus reconnue pour qui je suis et je me sens bien. J’ai un peu l’impression que la manière dont je m’habille, comment je me comporte, c’est moi-même, et c’est un bon moyen pour que les gens, avec leurs stéréotypes en tête, voient une personne justement un peu entre les deux et bousculent un peu leurs idées. Après, il y a d’autres clichés qui peuvent se ramener, du genre « tiens, cette personne est très masculine, donc je suppose qu’à la naissance c’était un homme, mais là il est habillé de manière très féminine », ben les gens imaginent des choses sur ta sexualité. Ça peut être gênant aussi, même si en général quand tu parles avec quelqu’un la première chose que tu demandes c’est pas s’il est pédé. Enfin en général. Y a toujours des gros cons, mais sinon ça va.
Ton apparence suscite aussi des questions sur ce que c’est un homme, ce que c’est une femme. Ce que doit être un homme (viril et tout ça), et que si tu n’es pas un homme qui, d’apparence extérieure, est viril, on tire des conclusions. En fait c’est pas parce que tu portes une robe que tu ne peux pas être viril. Dans ton caractère, dans ta personnalité tu peux être extrêmement masculin et porter une jolie robe à fleurs.
La masculinité et la féminité pour moi sont difficiles à définir, à moins d’utiliser les clichés habituels. Un homme masculin c’est quelqu’un de sûr de lui, barbu, qui en impose, qui a cet aspect protecteur, c’est le viking quoi. La féminité, selon les clichés toujours, ce serait totalement l’inverse : la douceur, la délicatesse, la mignonitude. Sauf qu’en vrai ces clichés traversent la frontière du genre. Une nana peut être douce, et tout de même dire à un moment « bon on y va ! », et puis en plus la part de féminin et de masculin en chacun évolue avec le temps, ça fluctue. Mais c’est comme tout : c’est pas parce qu’un jour tu es un peu timide et renfermée que le lendemain tu ne peux pas être extravagante.
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Si je m’identifie comme une femme, c’est que c’est plus facile, parce que justement je corresponds à plus de stéréotypes féminins que masculins. C’est là tout le paradoxe, parce que je me bats contre ces clichés au quotidien, mais j’en ai besoin pour m’identifier. En plus c’est plus simple pour expliquer au commun des mortels plutôt que de dire qu’on n’en a rien à caler du genre. Moi à la base je m’en fiche d’être un homme ou une femme. Si les stéréotypes n’existaient pas, je n’aurais pas besoin de faire une transition, je pourrais juste être moi-même.
Il faut avoir conscience que les stéréotypes de genre ne sont que des stéréotypes. Ton apparence ne devrait pas te définir. Ça peut guider les autres, leur donner des renseignements, mais ce serait dangereux de se fier uniquement à ça. On ne peut pas évoluer sans stéréotypes dans la société, parce que quand tu rencontres quelqu’un, tu as besoin d’une première image. Sans ça, c’est compliqué d’établir une relation : souvent on engage la conversation avec quelqu’un qui semble avoir des points communs avec nous. Pour ça, on se base sur l’apparence, les clichés. Le paradoxe va donc jusque-là : je sais que les stéréotypes sont importants, mais je me bats contre eux. En fait il faudrait juste que tout le monde comprenne que les apparences ne sont pas la vérité. Les lunettes ne font pas de toi quelqu’un d’intelligent par exemple.
Moi ce qui me fait plaisir c’est casser les clichés justement pour montrer que ce ne sont que des indicateurs. On me demande parfois pourquoi j’ai les cheveux rasés si je me considère comme une femme. « Tu pourrais avoir des longs cheveux et être plus féminine puisque c’est ce que tu veux ». Ben non. C’est pas parce que tu as les cheveux courts que tu n’es pas féminine.
Pour la sensibilisation, c’est comme mon combat féministe : tu sais qu’avec certaines personnes c’est perdu d’avance. Avec d’autres tu peux parler, expliquer. Mais ça dépendra toujours du contexte, du moment. Parfois, j’ai plus de patience.
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projetgenre · 7 years
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Sarah 
Les thématiques de genre et de sexualité se traduisent pour moi par quatre grands sujets: au niveau du genre, il y a mon identité déjà, la manière dont je me définis. D’autre part, il y a la manière dont ma place dans la société est définie en fonction du sexe auquel j’appartiens. La sexualité ensuite peut être abordée sous l’angle de l'orientation sexuelle ou sous l’angle des pratiques sexuelles. Tout ça est selon moi très différent bien qu’intrinsèquement lié.
En ce qui concerne mon identité de genre, en fait je n’en ai aucune idée. Je suis de sexe féminin, mais le genre reste assez relatif. Il y a de multiples manières d'être féminine, dans lesquelles je ne me reconnais pas toujours. En fait je ne me suis jamais posé la question parce que non seulement c'est difficile à théoriser, mais en plus je ne sais pas ce que ça pourrait m'apporter. En général d'ailleurs je n'essaie pas non plus de me définir, je n'en ai ni besoin, ni envie: je trouve que ça met les gens dans des cases.
Quant à ma position en tant que femme dans la société, je n'ai jamais vraiment théorisé les choses comme sexistes ou non. J’ai toujours pressenti des injustices de manière très instinctive, presque épidermique, depuis toute petite. Je peux réagir du coup de manière très explosive parfois, sans pour autant pouvoir mettre en avant les arguments qui justifient ma réaction. C'est difficile d’expliquer les évidences. Toujours est-il que je constate que plus j'avance, plus je suis capable de poser mes idées, construire mes opinions, aiguiser mon regard quitte à condamner des comportements qui jusqu’alors serait restés banalisés.
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Je suis consciente que les centres d'intérêt des hommes et des femmes, par construction sociale, se développent différemment, je ne m’en offusque pas au quotidien. Par contre, je vois un réel problème dans le fait que si tu t'intéresses à quelque chose qui est traditionnellement associé à l'autre sexe, on part automatiquement du principe que ce n’est pas normal. Là je suis en train de rénover mon appart et on me dit des trucs du genre «Ha bon? Tu sais faire ça?» «C'est un gros chantier quand même…». Pourtant j'ai toujours été un peu bricoleuse, ça ne change rien. Si j'avais été un mec on m'aurait rien dit. On part du principe que si tu entreprends quelque chose de physique, manuel ou technique, tu es moins capable qu'un homme. Et je me demande si ça entraine pas une sorte de déterminisme, dans le sens où les femmes finissent elles-mêmes par croire à ces a priori, qu'elles ont intégrés, et donc n'essaient pas.
En termes d'orientation sexuelle, toutes mes histoires valant la peine d'être mentionnées étaient avec des femmes. Mais je détesterais que ce soit un élément central autour duquel je me construirais identitairement, ou que les autres me définissent avant tout comme cela. C'est entre autre pour ça que je n'ai aucune tendance communautariste: assez naturellement je n'ai jamais voulu intégrer un milieu LGBT, même si ça aurait pu être un moyen assez simple de rencontrer du monde chaque fois que j'arrivais dans une nouvelle ville. Par rapport à moi et à ma manière d'être ça me paraîtrait un peu artificiel. Les rencontres elles se font comme ça, parce qu'on a des affinités, mais qu'il y ait un déterminisme de mon orientation sexuelle sur mon groupe social ou mon comportement, ce n'est pas quelque chose que je souhaite, ou que je recherche. Par contre, en vieillissant, je constate que mon cercle social se compose davantage de personnes hétéros, homos, qu’importe, qui ont une sensibilité envers ces questions.
Et enfin pour les pratiques sexuelles, je ne veux pas me mettre de cadre. Je trouve que le sexe est un terrain d'expérimentation. Et je me rends compte que mon orientation sexuelle ne détermine pas forcément une pratique sexuelle fermée. Je suis persuadée que ma sexualité à 30, à 40 ou à 50 ans sera différente, elle évolue. Le spectre des possibles est gigantesque, il y a encore plein de choses à découvrir.
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projetgenre · 7 years
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Guillaume, 27 ans, extraverti hyperactif
Ce qui me saoule, dans la communauté gay, c'est déjà le terme de communauté. J'ai déjà vu beaucoup de discriminations dans le milieu gay, de lesbophobie - y a plein d'endroits à Bruxelles où les filles ne sont pas les bienvenues. Après, si la lesbophobie existe chez les pédés, l'inverse est vrai aussi. Je me suis déjà pris quelques remarques cinglantes venant de filles à la MAC. J'ai déjà senti une sorte de méfiance automatique parce que je suis un homme.
On est supposé être dans un milieu plus que tolérant, parce qu'on a tous un vécu par rapport au fait de s'être assumé ou non, d'être sorti de la normativité. Donc on devrait être beaucoup plus ouverts d'esprit, sachant qu'on a nous-mêmes vécu, à des degrés différents, des moments difficiles relativement à l'acceptation de soi d'abord et à la relation entre soi et les autres ensuite. Au lieu d'être plus ouverts et tolérants j'ai la sensation que ça nous a poussés dans le retranchement inverse, c'est-à-dire que les gays restent entre gays, les lesbiennes entre lesbiennes... C'est fatiguant.
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On en arrive limite à un concours de qui sera le plus pédé: qui va porter le truc le plus trash, qui va provoquer le plus... Et oui, il faut provoquer ! Pour parfois délier les langues, faire parler. A ce niveau là j'aime beaucoup les drag queen, parce qu'il y a cette transformation, un humour très cassant, un peu bitch. Mais quand on est dans une course à qui sera le plus maniéré, ça n'a pas de sens. Y a des mecs comme ça qui ne trainent qu'avec d'autres gays, qui vont consommer gay via des agences de tourisme orientées gay qui proposent des voyages dans des endroits clichés comme Mykonos ou Barcelone, louer un appart via Mister BnB, la version gay d'AirBnb.
Si tu restes dans ta communauté pour revendiquer tes droits à l'intérieur de cette communauté, quel est l'intérêt de revendiquer? Tu touches un public déjà convaincu, déjà au fait de ton combat. Moi je préfère sortir de ce cercle. Je suis le premier à faire des blagues super homophobes parce que je trouve qu'il faut arrêter de se positionner comme victime. Se victimiser c'est se mettre encore dans des cases. J'ai déjà répondu à pas mal de questions de mecs hétéros qui étaient curieux et ingénument ignorants du milieu. Je ne les ai jamais jugés: c'est juste à mille lieues de leur quotidien. A quel âge tu l'a su? Est-ce que la sodomie ça fait mal? Je réponds à chaque fois parce que ça me semble légitime, tant que ça reste dans le respect. Ca permet aussi de casser une certaine image de l'homosexualité - la folle qui se maquille - et combattre cette homo-normativité justement. 
Pour casser les clichés en classe: les interventions du GrIS
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projetgenre · 7 years
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Sandra, 28 ans Si je devais me définir, je dirais que je suis avant tout féministe.
Je ne vois pas ça comme un combat, ça fait partie de mon quotidien : j'essaye de vivre en restant toujours intègre à moi-même, à mes idéaux, à mes idées politiques; être féministe est à mes yeux inhérent​ à mon genre qui ne me permet pas de vivre autrement que dans la lutte pour ma propre position, et celle des autres femmes de ma vie, dans la société. 
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De la même manière, ma pansexualité ou ma bisexualité (ça m'importe très peu de définir mon genre) n'est pas un combat. C'est en moi, c'est comme ça. Je suis entourée essentiellement d'hétéros ou de lesbiennes. Je ne connais qu'une ou deux personnes qui soient aussi bi parmis mes amis. Mes relations sérieuses ont parfois été avec des hommes, qui ont, ou ont déjà eu, un lien tangible à l'homosexualité (enfants de couple homoparentaux ou qui ont déjà eu une expérience homo) et je pense que ce n’est pas une coïncidence.
Inconsciemment je recherche sûrement quelqu'un qui parle le même langage amoureux que moi : où le genre n'a pas d'importance et où la personne (qu'importe son sexe) est au premier plan. C'est l'unique problème auquel j’ai été confrontée en tant que bi: des copains hétéros qui attendaient de moi que je choisisse un bord ou qui se disaient que mes aventures goudous étaient juste des expériences d'ado rebelle; des copines lesbiennes qui avaient peur que la bite me manque et qu'elles ne seraient jamais suffisantes; des gens de mon entourage qui pensent avec bienveillance que je me cherche encore ou que je n'assume toujours pas mon homosexualité; qui pensent que quand je suis avec un homme je suis hétéro et quand je suis avec une femme je suis lesbienne. En fait qu'importe l'équation, je suis toujours moi. La personne avec qui je partage ma vie ne me définit pas. Il n'y a que moi qui puisse me définir.
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projetgenre · 7 years
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Aurore, 24 ans, sorcière 
J’ai fait une liste de mes différentes identités. En me disant que de toute façon, ces parties de moi apparaissent seulement dans certains contextes, pas toutes en même temps.
Je sais dans quels mots je me sens le plus à l’aise, mais si je devais choisir je dirais “sorcière”. Par contre je ne peux pas non plus enlever les autres.  C’est intéressant de savoir d’où tu viens, qui tu es physiquement, à quoi on peut t’assimiler, ce que tu revendiques politiquement… Donc ma liste:
- humaine - blanche - femme - poilue - cisgenre - myope - pansexuelle - gouine plus que lesbienne - de gauche - écolo - végétarienne - féministe - queer - poisson et cancer - sorcière - d’origine française, de la campagne - 24 ans - classe moyenne - artiste / photographe / performeuse /  vidéaste  
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J’utilise lesbienne par facilité, quand je ne dois pas l’expliquer. “Queer”, “féministe”, “lesbienne”, c’est des mots que j’ai découvert à La Cambre, en option photo où ce n’étaient que des hommes qui enseignaient. C’est eux qui ont étiqueté mon travail comme féministe et lesbien. Mon travail artistique est basé sur la pudeur, l'intime, les corps. Il y a beaucoup de moi dedans, donc je représentais des corps de femme - seuls ou à mes côtés - nus… du coup, forcément, c'était un travail de lesbienne. Alors que ce n'était pas du tout mon propos. On posait sur moi des termes que je n’avais même pas eu l’occasion d’adopter ou d’appréhender. Moi j’ai besoin qu’il y ait une expérience derrière les mots avant de pouvoir les trouver justes à dire, vrais. Mais j'imagine qu'il fallait me ranger dans quelque chose, définir mon propos plus précisément.  
Le problème avec ces étiquettes - que je ne nie pas dans mon travail - c'est qu'elles sont enfermantes. Elles peuvent faire peur à des personnes lambda. Je trouve ça plus subtil d'amener le sujet sans forcément le nommer. Par exemple je trouve ça aberrant que certains de mes amis, qui n'y connaissent rien à l'art, aient peur d'aller dans des expos ou des vernissages parce qu'ils estiment ne pas pouvoir apprécier une œuvre. Moi je voudrais faire quelque chose d'artistique qui s'adresse à tous.
C'est confortable d'évoluer dans le milieu LGBT: c'est un endroit “safe”, où les gens nous ressemblent, où on n'aura pas beaucoup de choses à défendre. Du coup ce serait facile de proposer une expo avec mes photos dans un lieu comme la MAC - même si on trouverait sûrement à redire sur mon manque d'extrémisme ou d'implication politique. Je toucherais un public qui est déjà sensibilisé. Ce sont des petits mondes - Bruxelles, le milieu artistique, le milieu LGBT. Pour rendre les frontières perméables, il y a une mise en danger qui est nécessaire.
En ce qui concerne la féminité, je crois que je ne sais toujours pas ce que c'est. Ca fait deux ans que je laisse pousser mes poils. Au début je l'ai fait pour l'expérience, la sensation. Et en fait j'ai été aimée avec ces poils, que j'ai toujours associés au genre masculin - puisque je suis quand même plus poilue que mon père. Je me suis toujours demandé comment je pouvais les porter, comment les rendre féminins, en les colorant par exemple, puisque je m'identifie en tant que femme. Puis je me suis rendue compte qu'avoir des poils fait aussi partie du sexe “femme”. Par contre le terme féminité est toujours difficile à appréhender pour moi. On a pu me dire que j'étais féminine parce que je porte du rouge à lèvres et que j'ai les cheveux longs, mais ça me parle pas. Je vois ce que sont la féminité et la masculinité en termes de normes, mais ça reste deux mots dans la dualité, comme noir et blanc, et ça me pose problème de ne voir le monde que dans ses opposés.
Pour aller plus loin, les lectures d’Aurore :
- Rêver l’Obscur - Femmes, magie et politique - Objets de controverse - corps, genres, sexualités et norme (en PDF ici) - Les sentiments du Prince Charles (BD de Liv Strömquist) - Sorcières: pourchassées, assumées, puissantes, queer (édité par Anna Colin)
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projetgenre · 7 years
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Béatrice, 28 ans, aventurière existentialiste J’ai grandi avec l’étiquette de « garçon manqué ». À l’époque, ça ne me posait pas de problème.
Je trouvais juste l’expression mal choisie. J’étais une fille, et l’on jugeait que je ne répondais pas correctement aux critères qui auraient dû être les miens. Je semblais donc davantage être une « fille manquée ». Mais soit. Mon cousin, avec qui je passais le plus clair du mon temps, me décrivait avec une expression simple et naïve, de celles qui sortent spontanément de la bouche d’un enfant : « Béatrice, c’est un cœur de garçon dans un corps de fille ». Et tout le monde trouvait ça tellement mignon. 
Je dois l’admettre, moi-même j’aimais cette image. J’étais fière de ne pas ressembler à toute ces autres filles, auxquelles d’ailleurs je ne m’identifiais pas. Moi j’aimais jouer au foot, grimper dans les arbres, faire la casse-cou. A la récré, je jouais avec les garçons, et j’étais d’ailleurs la seule fille acceptée dans le groupe, tout simplement parce que, comme ils le disaient si bien, « toi, t’es pas une vraie fille ». 
En grandissant, j’ai commencé à moins apprécier cette étiquette. Non pas que mes goûts aient changé – j’aimais toujours jouer au foot, grimper dans les arbres et faire la casse-cou – mais je percevais dans ce qualificatif quelque chose de négatif. Si j’étais un « garçon manqué », c’est qu’il y avait quelque chose de raté en moi. Je protestais donc systématiquement à cette description.
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 J’ai commencé à me demander si j’étais « moins » fille que les autres. Si le fait de ne pas me reconnaître dans ce qu’on attendait de moi « en tant que fille », faisait que je n’en étais peut-être pas vraiment une. Et pourtant, je me sentais fille. Je veux dire, je ne me suis jamais sentie autre chose. Je n’ai jamais eu cette sensation de ne pas être dans le corps qui me correspondait. Mais voilà, j’avais des goûts et attitudes de garçon, pour peu que cela veuille réellement dire quelque chose.
Avec du recul, je me dis que cette étiquette a eu / pu avoir / dû avoir une influence sur moi à bien des niveaux. Dans ma relation disons « sentimentale » aux garçons par exemple. D’abord, il me semblait – mais je leur prête peut-être des intentions erronées – que tous les garçons me percevaient comme leur égal, et donc comme une simple copine, plutôt qu’une potentielle amoureuse. Ensuite, je ne pouvais pas, moi, rationnellement, penser leur plaire, puisque de toute façon je n’étais pas une « vraie » fille. Enfin, il me paraissait normal que je ne leur plaise pas et sois seule, puisque je ne faisais aucun effort pour être plus féminine.
On m’a souvent demandé si j’étais lesbienne. « Parce que t’es célibataire depuis tellement longtemps, et puis bon t’es quand même très masculine ». La question m’a toujours étonnée. Peut-être parce que je ne me l’étais jamais vraiment posée. Et bien non, je ne suis pas lesbienne. Ou en tout cas, jusqu’à présent, je n’ai pas été attirée par les filles. Je ne m’y oppose pas, je ne rejette pas l’idée que je suis puisse un jour tomber amoureuse d’une fille. Mais jusqu’à présent ce sont toujours des garçons, des hommes, qui ont fait battre mon cœur ou ont suscité mon désir. 
Je n’aime pas cette façon de mettre de étiquettes. Même si je sais que cela découle du besoin de tout être humain de rationnaliser les choses, de classer pour comprendre. Le problème avec ce système de pensée c’est que si l’on n’entre pas dans une case, on est exclu. Ou alors on vous y fait rentrer de force, même si vous ne vous y retrouvez pas vraiment. Mais le revers de la médaille lorsque l’on refuse de rentrer dans le moule et de se mettre dans une case, c’est que l’on ne trouve pas sa place, nulle part. Or, on a beau dire le contraire, on cherche tous à occuper une place. 
Dans une société obnubilée par la sexualité, j’ai parfois l’impression que l’on est obligé de se définir par rapport à ça. On doit être hétéro, homo, bi, trans, pansexuel ou même asexué. Chaque année, on invente des nouveaux termes et concepts censés rendre visible un profil sexuel jusque-là laissé sous silence. Je ne comprends pas toujours ce besoin de vouloir absolument tout définir. Après tout, il y a autant de vies et d’expériences sexuelles que d’individus, et on ne parviendra jamais à en présenter un éventail exhaustif. A quoi bon essayer. La sexualité n’est pas une science exacte pour laquelle on pourrait établir des profils-types. C’est d’autant plus frustrant, voire dangereux, que si vous ne vous reconnaissez pas dans une « catégorie », vous vous sentez immédiatement « anormal », en marge. Les normes (dans le sens de « normatif ») en sexualité n’ont aucun sens.
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projetgenre · 7 years
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Lionel, 30 ans, épicurien relativiste
Avant de découvrir le polyamour, je me disais qu'il y avait des schémas, et que c'était comme ça. 
Je voyais des gens de mon village se mettre en couple avec leur copine de l'école, avoir des enfants, faire des mariages qui coûtent un pont. Moi je ne m'y retrouve pas, même si je le respecte. J'ai du mal avec les institutions. J'ai essayé mais ça ne va pas. Avec mon ex, je savais que je ne voulais pas d'enfants - on en avait déjà parlé - je ne savais pas si j'en voudrais un jour. On a fini par rompre. Puis j'ai rencontré Aude, et Clotilde assez vite après, à des soirées. Clotilde m'a parlé du polyamour. Pour moi c'est très nouveau. Du coup je ne sais pas encore si c'est vraiment moi, si je me retrouve là dedans ou pas. Ce que je sais c'est que j'ai toujours eu un peu de mal avec les relations normales: j'ai toujours eu besoin de séduire à côté.
 Pour moi tu peux éprouver de l'affection ou être amoureux de quelqu'un tout en éprouvant du désir pour d'autres. Ce qui me plait vraiment là dedans c'est cette notion de bienveillance qui est très présente. A la base, dans une relation, j'ai du mal à parler, j'ai tendance à cacher des choses, justement parce que je ne suis pas à l'aise dans la relation. En polyamour, on se dit les choses. Un jour j'ai eu un rendez-vous Tinder, et j'en ai parlé avec Aude. Je lui ai dit "je vois quelqu'un ce soir". C'est chouette d'arriver à en parler, même si c'est pas toujours évident de se rassurer l'un l'autre. C'est toujours un peu paniquant pour l'autre, on se demande si la personne va plaire plus. Ce sont des choses pas faciles à gérer. Aude et moi avons de prime abord, un peu de mal à parler de nos émotions, nos sentiments, mais il faut communiquer quand il y a quelque chose qui nous bloque ou qui nous met mal à l'aise. On travaille là dessus.
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Ce qui n'est pas évident à gérer c'est que ça demande du temps. Avec Aude on est dans une vraie relation: on se voit souvent, on fait des choses ensemble. Si jamais je rencontre quelqu'un et qu'une autre relation se développe, ça devient compliqué de gérer ses horaires pour voir les deux personnes, en étant respectueux les uns des autres, pouvoir se dire "non ce soir là je vois déjà telle personne". Ca demande de la communication et de l'organisation. Et c'est un très bon exercice pour moi, pour être plus sincère.
En essayant de rentrer dans des schémas qui ne me correspondaient pas, j'ai l'impression d'avoir mis de côté ma vie sexuelle et affective. Là j'ai 30 ans, j'ai encore plein de choses à découvrir et à faire, et j'ai envie de vivre ça à fond, en étant respectueux de moi-même, de ma liberté et de celle de l'autre. Parce que le polyamour, avec l'honnêteté qu'il implique, fait qu'on se retrouve parfois face à des gens qui n'acceptent pas ce modèle. Il y a de la jalousie. Je réalise que ça ne sera pas toujours facile ni pour moi ni pour Aude, mais il y a un travail à faire à deux.
Sur le long terme, je ne sais pas comment ça va évoluer pour moi. Ça me fait peur aussi: une relation c'est construire quelque chose. Or personnellement, je tiens très fort à ma liberté, d'ailleurs chaque fois que j'ai essayé de vivre avec quelqu'un ça a foiré. En plus j'ai tendance à me mettre en couple parce que j'ai peur d'être seul: ça me rassure d'être avec quelqu'un. C'est plus facile; tu penses moins à toi, tu penses plus à l'autre, l'autre prend soin de toi. Et dans certains cas, ça peut devenir malsain, donc j'essaie de sortir de ce schéma. Je pense que c'est délicat de trouver chez une seule personne tout ce qu'on cherche et qui nous "complète". Je suis quelqu'un d'assez nerveux, je trouve chez certaines personne un calme qui m'apaise, et chez d'autres une énergie dont j'ai besoin aussi. C'est extrêmement enrichissant. Et puis ça pousse à essayer d'être sincèrement heureux pour l'autre, de trouver du bonheur à ce qu'il ou elle trouve du plaisir. C'est très difficile, je ne sais même pas si j'y arriverai. Mais on verra bien où ça me mène.
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projetgenre · 7 years
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Lucie, 27 ans, cycliste affranchie
Je ne suis pas née lesbienne. Je suis née femme et je n'ai pas toujours aimé les femmes. 
Avant de tomber amoureuse d'une fille, à 21 ans, j'ai été amoureuse de garçons. Si je n'avais pas rencontré cette fille, je serais peut être encore dans des relations hétéro. Ou peut-être que ce serait arrivé beaucoup plus tard, peut-être que ce serait arrivé de toute façon parce que c'est mon destin. En fait je ne me pose pas la question. Je trouve que les gens se prennent beaucoup la tête à se coller des étiquettes. Je pense que les choses qui arrivent dans la vie, il faut les prendre et les assumer à 100%. Il faut juste vivre en étant honnête avec soi-même.
Je fais ce que je veux. Personne ne me dit ce que je dois faire. Si j'ai envie d'être avec une fille, je suis avec une fille. Si je veux faire 50 kilomètres de vélo par jour alors que c'est pas un truc de fille, je le fais. Si je veux faire un boulot que les hommes font d'habitude et que ma mère n'est pas contente, je le fais quand même. Je suis coursière, je suis la seule sur 300 mecs. Quand je sonne chez les gens on me dit dans l'interphone "oui Monsieur je descends". Et ben non c'est mademoiselle.
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Pour moi être lesbienne, c'est pas juste aimer les femmes. Ca peut être une sorte de liberté par rapport à un tas de choix de vie: monter dans les arbres, être coursière, faire du roller derby, ce sont pas des choses communément associées aux femmes. On ne fait pas ce qu'on attend de nous. C'est une manière de penser et d'être beaucoup plus libérée, à tous les points de vue. Du coup, ça s'inscrit dans un grand combat d'émancipation féminine. Avec la liberté au centre.
Il ne faut pas se mentir sur ce qu'on aime et ce qui nous fait du bien. Le fait d'être lesbienne fait partie de cette attitude plus générale de désir d'honnêteté vis-à-vis de moi-même. Y a des mecs qui sortent qu'avec des blondes, des meufs qui sortent uniquement avec des blacks, et on les catalogue pas. Moi je sors avec des filles, je ne vois pas en quoi ça me définit. Si on dit "je suis lesbienne", c'est pour se situer par rapport aux autres. Je n'aime pas le terme "être". Les hétéros se présentent pas en disant "bonjour je suis hétéro". Moi je préfère dire que j'aime les femmes.
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