Booba caricaturé au Grand Journal ou caricature de lui-même?
Le 12 novembre, Booba était invité sur le plateau du Grand Journal De Canal + pour la sortie de la réédition augmentée de son album "Futur": "Futur 2.0" (19.000 ventes une semaine après sa sortie). Le soir du 24 novembre, le site des Inrocks publiait une interview du rappeur français dans laquelle il critique la façon dont Antoine De Caunes (animateur), Augustin Trapenard (chroniqueur littéraire) et Bruno Gaccio (invité) l'ont reçu:
je ne suis pas en guerre contre les médias. C’est eux qui ont un problème avec moi. Quand on m’accueille au Grand Journal et qu’on me fait des wesh et du verlan et qu’on me sort mes pires punchlines, je vois bien qu’on me considère comme une caricature, c’est “voilà la banlieue qui arrive” : c’est pathétique. Idem quand le mec à côté de moi sursaute et fait comme si j’allais le frapper. Je suis resté tranquille derrière mes lunettes et j’ai fait ma promo. Je veux bien que ça les amuse de sortir mes lyrics les plus hardcore, mais faites au moins la balance, je n’ai pas écrit que ça. Même quand le mec de la rubrique littérature parle de la Nouvelle revue française, il sort une grosse punchline où j’insulte une grand-mère. Ça fait un peu flipper quand même. Ils ont montré des images de La Fouine, du clash, ils n’ont pas montré d’images de mes clips, ni de mes disques de platine, ni de mon Bercy qui était plein à craquer, rien.
En quelques lignes, Booba résume tout le problèmes des médias français avec le rap: caricature du langage de banlieue sous couvert d'humour, violence physique supposée - humour toujours, mise en avant des paroles les plus violentes, clash avec d'autres rappeurs, mises sous silence du succès (acquis sans passer par ces mêmes grands médias). On parle tout de même d'1,5 millions d'albums vendus depuis ses débuts (selon Le Monde), et plus symboliquement mais aussi plus important, un premier album solo qui marque la fin des "années d'or" du rap français en 2002.
Mais les critiques de Booba sont-elles vraiment justifiées? La télé le caricature-t-il vraiment ou, comme on peut souvent le lire présenté comme une raison valable, est-il devenu une caricature de lui-même? La question ne se pose pas vraiment, la séquence du Grand Journal prouve que Booba aurait été reçu de la même façon il y a 10 ans, quand ses textes étaient, dans la forme, différents. Le chroniqueur littéraire se base d'ailleurs sur une analyse de 2003. Rohff, La Fouine ou Kaaris auraient sans doute été reçus de la même façon, malgré leurs différences musicales et "lyricales".
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Antoine De Caunes accueille l'invité à 23min06: "Il est le duc de Boulogne, il nous revient tout droit du Futur 2.0 et du petit ourson gentil, il n'a que le nom. Je vous demande d'accueillir Booba."
Arrivée de Booba en plateau. Gaccio la joue mi amusé mi apeuré. De Caunes: "wesh gros bien ou bien" Booba: "Ca va et vous?" De Caunes: "T'as vu tu kiffes ou quoi d'être dans mon hood" Booba: "Ouais, je suis enchanté." Petit malaise bon enfant.
Booba n'est a priori pas un bon client télé. Il parle peu et parfois assez mal. Mais quand De Caunes enchaîne avec un extrait de "Parlons peu", il choisit d'insister sur le "François Hollande nique ta reum'zer". Qui rime avec la phrase d'avant: "Impôts trop chers". Un point de vue individualiste défendu depuis toujours, même plus pauvre, par Booba, qu'il aurait été plus intéressant d'aborder quitte à tenter de le faire parler politique à la place de la musique.
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Suivent un extrait du clip du single "RTC", (contrairement à ce que Booba dit dans les Inrocks), et le seul échange intéressant de l'interview: les différences entre le Booba de maintenant et le Booba d'il y a 18 ans. "A peu près la même chose", d'après le rappeur, "juste plus de succès aujourd'hui mais le fond reste le même." Et puis, l'entretien se termine avec beaucoup trop de Fouine, logique quand l'essentiel de la réédition se constitue de clash.
L'exemple de métagore qui n'existe pas
Dans l'interview des Inrocks, Booba souligne particulièrement le manque de "sérieux" de Trapenard, censé avoir une approche plus littéraire. En fait, c'est encore plus malhonnête qu'une sombre histoire de grand-mère.
Même quand le mec de la rubrique littérature parle de la Nouvelle revue française, il sort une grosse punchline où j’insulte une grand-mère.
Pour son intervention, Augustin Trapenard s'appuie en effet sur un excellent article de Thomas A. Ravier publié dans la Nouvelle Revue Française en octobre 2003: "Booba ou le démon des images". A l'époque, Booba avait sorti un seul album solo, le classique "Temps mort". Cet article est sans aucun doute l'une des meilleures analyses de l'écriture du Booba de l'époque mais Augustin Trapenard le réduit il est vrai à une seule punchline, qu'il affirme tirée de l'article, pour illustrer le concept de "métagore": "T'écartes les cuisses pour un filet-o-fish". Des paroles extraites de la chanson "Baby", parue en mai 2004 sur l'album "Panthéon". Soit après la parution de l'article.
La métagore est, pour Ravier: "des rapprochements qui n'ont pas lieu d'être, et, immédiatement, une apparition, vénéneuse, rétinienne, brusque, brutale, impossible à se retirer de la tête: quelque chose a été vu." Trapenard sort donc d'un article de la NRF des propos qui ne s'y trouvent pas. Accessoirement, on peut remarquer que Booba associe dans sa mémoire "écarter les cuisses" et "grand-mère", ce qui n'est pas tellement étonnant quand on se penche sur l'ensemble de son oeuvre lyricale.
En réalité, dans l'article de Thomas Ravier dans la NRF, on peut lire comme exemples pour le concept de métagore: "un foetus avec un calibre" et "croque dans les hosties crues". Sans doute moins parlant que le filet-o-fish.
Aux Inrocks, Booba dit encore: "on me sort mes pires punchlines", "Je veux bien que ça les amuse de sortir mes lyrics les plus hardcore, mais faites au moins la balance, je n’ai pas écrit que ça."
Ne pas assumer toutes ses paroles est une position difficile à défendre. Il nuance ensuite en parlant de "balance", il n'a pas écrit que ça. Seulement, à raison, De Caunes évoque le dernier album en date. Or, dans Futur 2.0, il n'est question que de filles légères, de revolvers et de petite monnaie en grandes quantités. Si l'on compte le nombre de fois où Booba évoquent ces thèmes directement dans les 25 titres de "Futur 2.0", on obtient environ 75 évocations de putes, baiser, boule, salope etc; une bonne cinquantaine de références aux armes, calibres, balles etc; et le même nombre de déclarations d'amour aux billets, euros euros euros euros etc.
Après ces trois thèmes principaux: le rap et les autres rappeurs, les voitures, le shit et l'alcool, la prison et une bonne quinzaine de nique ta mère et associés généalogiques.
Quand De Caunes lui demande donc de traduire des mots choisis, on peut critiquer la forme ridicule et cliché, l'approche parodique d'une richesse linguistique, mais le fond de l'album est plus ou moins respecté. On peut entendre le mot "schnek" quatre fois dans l'album, huit "bitch" et huit "game".
Le duc de Boulogne creuse les mêmes thèmes depuis ses premiers textes. Un gangsta rap à la française calqué sur son grand frère américain: armes, sexe, drogue, etc. Des thématiques qui ont façonné le "rap de rue". Déjà en 1990, le journaliste britannique Simon Reynolds écrivait dans le magazine "New Stateman": "Le rap hardcore a un tempérament survivaliste, son esprit occupe une forteresse à la fois invulnérable et constamment assiégée. Dans cette obscurité glaciale, sa plus grande crainte est que le désir d'une femme vienne le réchauffer. Dans le gangsta rap, les femmes sont toujours des bitches vénales et perfides ou des réceptacles pour la concupiscence des hommes". ("Bring the noise", éditions Au Diable Vauvert)
Comme il le dit dans l'interview, Booba n'a pas changé, si ce n'est le succès. Ce qui explique peut-être la montée en puissance du thème "filles faciles". Dans les 17 titres de "Temps mort" déjà, on comptait 23 références à l'argent, 21 aux armes et 20 aux boules et autres atours féminins. Sombre, amoral, individualiste, pro-armes, matérialiste, socialement darwiniste, cynique, ironique, le personnage Booba est le même depuis le début.
Mais là où ça coince, ce ne sont pas les thèmes. "Le message en résultant est quelque chose que nous, blancs de gauche, ne devrions pas avoir envie d'entendre, mais vu que cette musique est MAUVAISE, pleine de vilaines contradictions, sa force d'agitation et de perforation dépasse de loin celle de groupes idéologiquement corrects et propres sur eux", disait Simon Reynolds à propos des "Mauvais garçons" du hip-hop en 1986 dans "Melody Maker". En s'appuyant sur l'analyse textuelle de 2003, désormais datée, on peut constater une évolution dans les textes, et la raréfaction de ce fameux concept de "métagore". S'il fallait la citer, c'était pour parler de l'évolution de son écriture. Ces "métagores" ont fait place à davantage d'humour noir et provocateur, plus d'ironie, mais avec plus de "déchets", comme il l'avoue indirectement en parlant de "pire punchline." Le langage est dorénavant davantage nourri d'argot, de références, de langues étrangères. Les mots sont aussi davantage transformés par ses soins, ou récupérés de la rue, et les références non seulement plus nombreuses mais aussi plus obscures pour le grand public. A tel point qu'il est parfois difficile de comprendre des quasi private jokes et même certains mots. Dans le premier album "Temps mort", la langue était au contraire presque classique mais il fallait souvent plusieurs écoutes attentives pour percevoir les multiples sens cachés derrière ses punchlines très travaillées. Thomas Ravier parlait dans son article de caméra connectée au cerveau de Booba ("La caméra de Booba, à la différence des autres, plus encore que sur le ghetto est branchée directement sur son cerveau et filme de l'intérieur la sensation chimique - et même neurologique - venant court-circuiter la vision directe" ou encore "Rien de ce qui a été perçu par le sujet ne lui a été dicté par une soi-disant réalité objective; tout a été passé au crible de sa perception, déréglé, halluciné, métamorphosé. Dès lors, contrairement au commun des rappeurs, la difficulté d'être du ghetto trouve immédiatement son énoncé singulier"), il est donc normal que le propos ait évolué. Mais les amateurs de la première heure peuvent légitimement regretter des lyrics sémantiquement moins excitants, au profit sans doute d'une musicalité plus recherchée dans le choix même des mots. Quand les phrases percutaient l'auditeur visuellement, chaque mot semble aujourd'hui choisi ou transformé d'abord pour sa musicalité.
Thomas Ravier écrivait encore: "Ainsi du rappeur, présupposé à l'inoffensif et quasi parodique nique la police. Il faut une intensité définitive pour, sans changer de sujet (par exemple MC Solaar) faire librement, à tête reposée, le choix de sa langue, ou, pour reprendre la belle expression proustienne, se faire une langue: Chaque écrivain est obligé de faire sa langue comme chaque violoniste son son. Ici, pas de nique la police mais par exemple j'ai roté mon poulet rôti et recraché deux îlotiers."
Evidemment, le flow fait partie intégrante du rap. Là aussi l'évolution est palpable, et la recherche permanente (avec pour conséquence malheureuse un auto-tune récemment omniprésent). "Se tromper sur le tempo d'une phrase, c'est se tromper sur son sens", disait Nietzsche, cité par Thomas Ravier, qui poursuit, et c'est cette fois encore plus vrai pour le Booba d'aujourd'hui: "Beat, barbarie, babel de langage (français, anglais, frangalis, arabe, gitan...). Renaissance, langue nouvelle. Une langue? Gifle des baffles, groove. Grammaire en rut, bounce. Voltage du son, courant. Il y aurait une hypothèse inouïe, que le sens fût contenu dans le rythme même, la pensée dans le mouvement, la connaissance dans un son, justifiant la phrase de Nietzsche, une erreur de tempo égale à une erreur de sens."
Les chansons à thème sont rares dans les morceaux de Booba. On peut donc comparer quelques extraits, qui se répondent souvent, en prenant basiquement les cinq premiers titres de son premier album solo ("Temps mort", 2003) face aux cinq premiers titres de son dernier album ("Futur", 2013).
"Indépendants" vs "Maki Sall Music"
Ça vient de Boulogne, tu vois la fougue dans nos yeux s'lit
Nourris au pes-stu, illicites jusqu'au pe-sli
Bling-bling : demande pas l'heure, j'vais t'aveugler
L'swag est américain, le cœur vient du deu-blé
J'men bats la race de rentrer aux bains, négro j'suis blindé
92 carats, j'vais t'montrer ma bague
Quelques milliers d'euros, dans le Ü tréma bag
Et si j'hésite c'est qu'une boulette bloque l'automatique
Si j'vends plus d'disques, l'économie sera parallèle
J'dois faire du biff, de la moula, du caramel
Musique et crime pour les centimes
Demande à Macky Sall : du sale, c'que nous faisons
J'crée l'émeute, mon feutre imbibé d'sang, pédé
J'te descends du rouge à lèvres sur la beute
Tir de roque-que-quette, grosse qué-qué-qué-quette
9-2 y'a que du seum, on t'laisse la moque-que-quette
"Ecoute bien" vs "Wesh morray"
Rapprochez-vous et zoomez
Constatez que c'est plus comme avant,
depuis mes ventes et que le rap s'est fait goumer
Des phases de fou depuis qu'mon joint s'est roulé
Et j'ai roté mon poulet roti et recraché deux îlotiers
Bouteille carrée sec au goulot
Je rentre de la street, je n'suis jamais rentré du boulot
J'te vois en tout petit, parce que j'te regarde du hublot
Boss du Rap Game, tah bekri c'est pas nouveau
Roule te-shi comme un Chleuh, armé comme un Yougo'
Sale pute j't'offre pas des fleurs, passe-toi la chatte au rouleau
J'ai baisé l'rap, dans une Merco je l'ai Benzé
Sont petits et faibles, perdus d'vue WillyDenzeyJ'suis devant je vais vite, personne ne klaxonne
Le game est amnésique, se souvient juste de moi qui l'assomme
Ai-je raison ? Ai-je tort ? Mon flingue rendra le verdict
Faites des Planète Rap, sucez, faites c'que vous voulez
Kopp Di Caprio, Titanic j'vais tous vous couler
Pote-ca, pote-ca greffée sur la euq' j'vais toutes vous fourrer
Tu sais qui j'suis : l'automatique pour ceux qui fuient
Mon putain d'arôme putain la route est longue de Boulogne à Rome
Grosse est la liasse, car grosse est la paire de couilles
Dans mon compte et dans mon brolic, c'est là qu'j'ai mis tout l'seum
Crois-en mon expérience, issu d'un peuple averti, c'est B2O, j'ai 423 ans
J'ai eu mon trône dans l'trôm j'suis hardcore comme tous ces mots dits
Casquette baissée dans mon auto, parce qu'ils contrôlent, accusent à tort
Mon logo, les joueurs d'polo, les alligators
Molotov rime avec mairie, poste, pays
Frime sans être boss, je fus un roi sans Z3, un rat sans aide
En fuite, alors j'm'arrache en Z8, ma race au bled
J.B. dans les tripes, j'suis dans les boîtes, les gifles et dans les chiffres
J'porte le kevlar du llage-vi
Pourtant j'pense pas qu'ces clébards m'arrivent à la ch'ville
À double tranchant, d'la délinquance dans l'sang
J'arrive à fond dans les virages, vire dans l'rouge mais civilisé
Né dans une cible, on a coupé mon cordon avec une scie, neuf mois dans un bunker
Le majeur debout, l'daron a craché dans un chargeur
Les négros me veulent du mal, je n'leur ai rien fait
Donc ils se font allumer, bang-bang, c'est bien fait
Moi j'viens toujours en paix, armé jusqu'aux sourcils
Ça tire, j'prends Maître Lebras, j'm'en tire avec du sursis
"Ma définition" vs "Tombé pour elle"
On y pousse un peu d’travers ; skate, BMX puis nique
La RATP, tout ça rythmé de rap music
Ma jeunesse a la couleur des trains, RER C
Pendant l’trajet j’rêvais de percer. Fier d’en être un
On cultive sa haine anti-flics ou gendarmes
Alors on devient des boss du maniement d’armes
Mon peuple anéanti, temporaire seulement jusqu’à la rébellion
De l’Afrique et des Antilles. C'est neuf ze-dou nous
On est p’tits, on veut niquer Paris, on connaît rien nous
Et y’a plein d’trucs à prendre, et puis t’apprends vite avec les coups
Reviens avec tes couilles, tes potes ; frappe avec les coudes
C’est pousser comme une ortie parmi les roses
Et ils sont trop alors j’appelle mes khos les ronces
C’est un état d’esprit, ne plie que si les pissenlits j’bouffe
Ne reçois d’ordres ni des keufs, ni des profs
Haineux, de chez nous vient le mot vénéneux
La rue conseille, la juge te console souvent
Drogue douce ou c’est le bug, la rue t’élève et te tue
Alors laisse-moi tirer qu’j’m’assomme au teuh-teuh
Grillé mais je nie, ici les hyènes ont une insigne
Et j’espère qu’c’est pas l’un d’nous qui servira de gnou
La folie, le sang, la mélancolie, du rap, du fil rouge
Des risques et du son : ma définition
15 dans le chargeur, 6 dans le barillet
Fais-moi à manger, donne-moi ton cœur j'vais te marier
Tellement d'ennemis, si peu d'alliés
Mais les seuls qui m'entourent sont pratiquement tous fous à lier
Swag Afghanistan, 47-AK on sait manier
Toc, toc, toc, sombre négro sur ton palier
S'attendent devant leur écran comme des merdes, laisse-les saliver
Tout niquer, tout niquer, tous les niquer, c'est ça l'idée
J’viens des Hauts d’Seine, obscène est mon style, mon comportement
J’suis instable au micro, et dans la rue j’vis n’importe comment
J’m’en bats la race sauf des potes, la famille et l’cash
Y faut d’la maille, plein d’sky, faut qu’j’graille, non ?
Attila Le Hun sur toi, c'est comme ca que j'vais arriver
Te comparer à nous sale fils de chien tu n'as pas idée
Peloton d’exécution comme en Chine j'les ai alignés
92i sur l’écusson, depuis ourson j'suis validé
Ma définition, j’en veux toujours plus
J’attends pas leur putain d’paye ou leur putain d’bus
Street life, pas de diplomatique immunité
J'suis la pour tout baiser, pas pour sauver l'humanité
Rien à foutre, si tu parles mal on va t'allumer
J'veux pas faire la paix mais j'veux bien test le calumet
On m'a toujours dit: "Négro tu n'vas jamais y arriver"
Aujourd'hui ces mêmes enfants de putes veulent me saluer
Ü tréma sur le R1, graisse la patte aux douaniers
Vingt ans de loyer au cou, six années de retraite au poignet
J’suis pas le bienvenu, mais j’suis là
Reprends c’qu’on m’a enlevé, j’suis venu manger et chier là
Plongé dans la tourmente quand les fonds manquent
A force de m’plaindre, j’attends plus l’argent, j’vais l’prendre
Dérivé trop jeune, j’peux plus redescendre
Et j’essaie d'pas d’être en chien d’janvier à décembre
Ou j’te fais jouir ou j’te fais mal, c’est très simple
Ma définition avec des textes à prendre à 1 degré 5
Mal garé sur le droit chemin, tous les jours j'suis verbalisé
Fraîchement habillé, soigné, le négro est calibré
"Jusqu'ici tout va bien" vs "C'est la vie"
Rien à foutre que tous craignent, je suis né à 2 km d’où je traîne
Lyrical coup de crosse, coup bas
"Écoute Booba, donne-nous la patte, on t’arrache tout le bras"
Deux couilles, un cerveau pour m'en sortir
Izer, dans l'building izer j'monte un empire
J’suis dans leur mac, mais dans le coin dangereux Black
Dangereuses taffes, pas de blagues, gars, dangereux tagga
Moi je veux qu’on me paye moi ; écoute-moi
6 000 balles pour travailler tout le mois je m’en bats les couilles, moi
Moi, je suis un rat comme Luciano
Degré de parano rare comme un noir qui joue du piano
Va dire aux porcs d’alerter les autorités
Moi je suis obligé d’acheter ma liberté
Or jaune comme les ancêtres
Noir, blanc, j'suis la Juve
Je ne mens que chez la juge
140 kilogrammes, 10 reps
J'veux une meuf matérialiste comme ça j'suis sur d'la baiser direct
La vie c’est dur mais, ici on s’en remet
Plus rien ne m’étonne jusqu’ici tout va bien
Je déconne, je sais, changer j’essaie
Plus rien ne m’étonne jusqu’ici tout va bien
L’or et les 'tasses fréquentent peu de gens clean
Plus rien ne m’étonne jusqu’ici tout va bien
Les grosses bastos, négro, le crack l’héroïne
Plus rien ne m’étonne jusqu’ici tout va bien
D'puis le bac à sable on te hagar... C'est la vie !
340 flashé au radar... C'est la vie !
J'p-J'pèse comme au Qatar... C'est la vie !
Fais-toi une raison petit batard... C'est la vie !
Euros, euros, euros, euros, euros, euros, euros, euros... izi
Petit batard... C'est la vie !
Tunique treillis khaki, unique MC, acquis la rime grâce au crew, sinon à qui?
92 i, du son pour mes gens, du plomb dans les jambes
Négro, du chrome sur les jantes, je brille
Nouvelle paire de Five, pèse comme 200 braquo
Glock seventeen, kala-kalashnikov draco
2Chainz dans le building, mon Lambo sort de l'usine
J'suis dans le paiement cash négro t'es dans le leasing
Trop d'gos, j'choisis laquelle ? Bad boy, on est àl man
T’inquiète, bientôt on se barre aux States ou en Tunisie ou autre part
Dès qu’y aura de la thune ici
Tu veux savoir c'que j'ai dans la tête ?
Compte en sse-Sui
Merco Benz, Lamborghini
J-Lo, Beyoncé (Biatch !)
Jack, bédo, j'suis défoncé
Zéro heures zéro sur ma Rolex
MC desespéré, sans selle sur le Solex
"Repose en paix" vs "Pirates"
Je dois marquer mon territoire, on veut m'empêcher de pisser
J'arrive sur toi plus vite que les ragots, mon argot sous un garrot
Derrière des barreaux, les poils hérissés
Négro je vais foutre la merde et je vais me barrer comme au lycée
Ici y'a qu'une marée et elle est noir foncé
Que le hip-hop français repose en paix
J'suis à Bercy pendant que ta carrière se coupe les veines
Toujours en guerre, affronte l'équipe, essuie de sales défaites
Hamilton me tweete, tu mitonnes à la salle des fêtes
F-a-u-x débranche
Pé-sa en noir avec une faux, je contourne les MC's à la craie blanche
Le résultat d'une blanche et d'un nègre
Un coup d'hanche et c'est le ravin, fais pas ton nid sur la branche d'un aigle
Je t'ai montré l'Hexagone du doigt du shit sous un ongle
J'suis la belle vie sous un autre angle faut pas t'inquiéter
Le rap français est une salope donc elle n'a pas de mari
Juste un mac, B2O Kopp 92i
Vitres noires, SLR
Riche, noir et célèbre
J'suis pété d'thunes, pas PTDR, sa mère
Calibré comme un Hells Angel
Si t'as un problème, y'a pas de problème on règle ça
Cabriolet sera ta boite crânienne, on aime ça
Toujours là avec mes culs de jattes et mes khos
BM, Merco, paraît que le métro ça a changé
Ca fera pas de nous des héros
Je m'en bas les reins négro, j'ai les crocs
J'ai faim du bled et de mon terrain
Je suis venu marquer mon temps malgré mon teint
Ils veulent rivaliser, leur truc c'est nul
On est trop haut négro, eux ils sont petits comme une cellule
18 gamos, grosses villas
92i sur l'corbillard
Dans tout les trafics bizarres
J'connais mes classiques biatch
Négro on vit large, B.A.K.E.L village
Quand tu m'regardes, tu vois le best, numéro 7 sur l'visage
Le rap français, j'arrête pas d'le ken
Abusé, moi: Steven Spielberg, toi: Pat Le Guen
Booba a-t-il été invité comme une caricature? Pas de lui-même en tout cas, car il aurait fallu connaître son évolution, mais sans doute de son image de star de banlieue (ce qui reste par ailleurs à prouver). Canal + n'était pas là pour parler musique et encore moins rap mais jouer sur les stéréotypes. Certes le vocabulaire utilisé par De Caunes et les thèmes correspondent au dernier album en date, mais pour les parodier et non les comprendre. Si Canal voulait caricaturer son invité, c'était sur le terrain du gangsta rap et ses limites qu'il aurait fallu l'emmener, et pas sur l'image du banlieusard français.
Ces 15 minutes prouvent surtout, s'il le fallait encore, la méconnaissance totale du rap par les animateurs TV français installés (hormis Mouloud Achour) et surtout leur mépris total à l'égard d'une musique qu'ils ne connaissent pourtant pas. Du rap hardcore en particulier, qui bouscule leurs préjugés de l'acceptable en matière de hip-hop. "Le hip-hop est un reflet hyperbolique du système capitaliste et patriarcal, sa caricature virtuelle. Ceux qui se voient refuser un véritable statut social ne peuvent vouloir qu'une chose: ce statut et ses travers matériels. Les portes de sortie traditionnelles de la working class (blanche comme noire) - le sport, le crime, la pop - sont toutes ultramacho et matérialistes. Pourtant, la critique rock continue à tenter d'embrigader la fierté hip-hop/black pop dans un projet de gauche parfaitement déplacé. Souvenez-vous du remue-ménage autour de morceaux barbants comme Unity d'Afrika Bambaataa" (souvenez-vous en France de cette passion soudaine pour les slammeurs propres sur eux et tout aussi barbants, ndlr)." (Simon Reynolds, dans "Melody Maker" en 1986). Elles prouvent aussi l'absence de talent pour mettre en valeur un personnage, car même mauvais client, Booba est un "personnage", qui vend beaucoup depuis plus de dix ans, une anomalie dans le rap français.
A titre de comparaison, voici comment sont accueillis Jay-Z et Snoop Dogg dans le Late Show de David Letterman:
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