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Mon auteur préféré est mort
Fuck François Blais est mort.
Envoyé par Caro dimanche vers 11h.
Pas de T.W.
Pas de nouvelle dans la section Actualités de Google.
Juste un mot d’un acteur connu
Partagé sur la page d’un ami.
Il pleut sur Tadou aujourd’hui
Comme le retour de l’automne
Comme si le printemps,
avait décidé de choker.
Le monde brûle
et je veux pas voir ça
qu’il dit.
Mais bon,
je veux pas casser le party
Hier soir au bar,
un garçon dont j’aurais pu être la teen mom
me donnait 25 ans.
Si c’est pas de la magie ça!
Tout le monde semble confus par mon âge
Plus je vieillis plus on me rajeunit
N’empêche que mon auteur préféré est mort à l'âge de 49 ans
Ma mère dit c’est jeune, je suis d’accord
C’est rare qu’on s’entende sur ces choses
Je voulais écrire une chronique du quotidien
Quelque chose sur la douceur du renouveau
Mais je n’y arrive pas
À la place je perds mon temps sur facebook
À lire tous les témoignages
Les petits mots
Pour cet auteur chéri
Et je suis triste
Et je suis jalouse
C’est un sentiment rare
Cette mort ne fait pas sortir le plus beau de moi.
Je voulais parler
De mes quelques soirées trop arrosées
De l’impression de me bâtir une communauté
Mais mon auteur préféré est mort
Et c’est difficile de passer à autre chose
J’aurais aimé ça être son amie
Je voudrais être amie
avec toutes les personnes que j’admire
Dans la vie y’a toujours
de la place pour cultiver l’amour
Bon et tant qu’à avoir pris le crachoir
J’en profite pour faire une annonce
Comme mon âge ne colle pas à ma face
J’ai décidé qu'à partir de maintenant
j’aurai 32 ans pour 5 ans
32 c’était pas ma meilleure année
Je me donne cinq chances de la réinventer
Après ça on verra bien
Maintenant que tout est dit
Je l’avoue, je ne sais pas
comment terminer tout ça
Pour m'inspirer j’ai sorti les vieux livres
de mon auteur préféré
qu’est-ce qu’il aurait dit, lui.
J’ai ouvert La classe de madame Valérie
Il y avait une dédicace
drôle, un peu niaiseuse,
touchante
Au bas ça disait
J’attends mercredi 15h37
Je ne sais pas si tu as vraiment lu,
mais voilà François
Un p’tit dernier pour la route
Après je ferme boutique!
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84
Je suis back en région
si vous aviez pas suivi
je vis dans une grande maison
avec de grandes fenêtres
plein de grandes fenêtres
et j'apprivoise mes peurs
le noir et les fantômes surtout
Quand je rentre à la noirceur
et que je dois passer le petit sentier
sous les arbres dans ma cour
j’ai souvent une petite envie
de courir
je me retiens
au cas où les voisins me regardent
je n’ai pas peur de la solitude
j’aime bien ma vie solo
je danse en bobettes dans la cuisine
Mais des fois je suis lasse
de me parler toute seule
parler à voix haute ne change rien
Instagram est ma fenêtre
sur le monde
un lieu où j’existe en société
Depuis deux semaines
mon check engine est allumé
j’ai roulé 3 heures Québec-Tadoussac
avec un point dans l’estomac
et tous les matins la même histoire
encore un point
je m’adapte à la région
au moins je connais quelqu’un
qui a l’ordi
qui lit le problème
de ce tas de tôle
y’a deux semaines, je savais même pas
que le check engine
se branchait sur un ordi
C’est jeudi
et j’ai du steam à laisser lousse
Je bois mes fonds de bouteille
en pleurant devant Next in Fashion
je veux porter le linge de Minju
je veux être Minju
sorry, je suis nichée
but not that much
Souvent quand je vais à l’épicerie
dans les journées de grand froid
je vois les autos qui tournent encore
retour aux années 80
je me demande si je vais flancher
et faire comme tout le monde
ou si mon éco-anxiété
qui vraiment
devrait se nommer réalisme
va garder le dessus
-
J’aurais pu publier ce texte-là il y a deux semaines
mais je ne savais pas comment le terminer
Le check engine maintenant éteint
semblerait que le système de mon auto est trop pauvre
Ça me prenait pas un check engine pour m’apprendre
que le système était trop pauvre
pauvre d’humanité
pauvre d’air pur
pauvre d’amour
parlons du 1 %
n’est-ce pas
Le check engine maintenant éteint
et j’ai repris la marche
la 138
la track de ski-doo
monter la côte est moins pire
que ce que je pensais
J’ai sorti la grosse Irène
mon char bleu
pour aller à Québec
check engine toujours éteint
je roule plus vite
que la limite de vitesse
en écoutant du Everclear
So Much for the Afterglow
comme si j’étais encore
en secondaire 4
pis qu’il n’y avait pas de lendemain
---
J’aurais pu publier ce texte-là il y a un mois
mais le corona est arrivé chez nous
Étrange dans ce moment de confinement
il me semble que
l’amour
l’air pur
et l’humanité
se refont des stocks
ben dans certains milieux
Finis les allers retours
Tadoussac-Québec
maintenant je passe ma vie
dans un seul lieu
ma vie se loge au 611 rue des Peupliers
matin
midi
soir
semaines et
fins de semaine
ma maison
mon bureau
mon bar
mon restaurant
mon gym (des fois)
Y’a des jours où je fais des marches dans mon quartier
Je me dis que c’est mieux de vivre ma pandémie ici
que dans les rue endeuillées de Québec ou Montréal
privées de la vie qui les rend si belles
Ici le temps était déjà lent, calme
c’était la période d’hibernation
maintenant on se sent
comme dans une matinée
où le soleil tarde à se lever
où les plans seront cancellés
par cause de pluie
Honnêtement
je ne sais toujours pas
comment finir ce texte
mais je ne suis pas la seule
il semble que rien n’ait de fin
ces temps-ci
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83
Depuis le début vingt vingt
je prends des marches d'adulte
marches de santé
dans le quartier
de mon enfance.
je croise les retraités
qui font comme moi
la chômeuse
Tout cela est paradoxale
En 2019 j’ai délaissé une peu le mercredi
celui de l’écriture du moins
J’ai laissé l’espace à d’autres voix
question de prendre un répit
de m’ennuyer un peu
raviver le feu.
Pendant ce temps là
il s’en est passé des choses
Par exemple, l’autre fois,
je suis allée à Montréal
comme j’avais du temps à tuer
j’ai pris le métro à la rencontre de la ville
Je me suis arrêtée
deux fois plutôt qu’une
Dans un café pour lire lettre québécoise.
Je me sentais petite bourgeoise
Je me sentais comme un typique personnage russe
avec trop de temps dans les mains
Je me sentais comme une version glam
Des personnages des romans de François Blais
Je me suis acheté le t-shirt Pony
Celui écrit super riche
Je me disais
C’est tout moi
Même si les bidoux
Ne s’empilent pas dans mon portefeuille
Au rythme de tous les millionnaires de ce monde
n’y même au rythme du compte de banque
Des gens de la classe moyenne québécoise
Je me trouvais quand même super riche
mais bon quand je dis
il s’est passé des tas de choses
ce n’est pas que de l’anecdotique
il y a plein de pas marchés
dans de nouvelles directions
J’ai quitté une maison
pour explorer de nouveaux lieux
J’ai appris à monter une côte
plus à pic que celle de Salaberry
moi qui au cégep
prenais un taxi
pour remonter du centre ville
au boulevard Auger.
en 20 ans j’en ai fait du chemin
Si vous l’aviez pas encore compris
ceci est un bilan poétique de mon année 2019
je l’ai écrit tantôt
pendant ma marche santé d’adulte
j’essaie au mieux de mon possible
de retranscrire les souvenirs de ma pensée
Donc comme je disais
en deux mille dix neuf
j’ai délaissé
les rues que j’avais
usées mille fois de mes pas
pour rejoindre celles
qui flirtaient avec moi
depuis un temps déjà
J’ai aussi fait un détour
par montréal
pas juste la fois ou je jouais
les fille riches
mais un bon mois
profiter d’amies d’amour
que je ne vois pas souvent
un mois à me changer
le décors
des grands espaces
puis à mon propre étonnement
je suis retournée au source
dans la maison de ma maman
à profiter de sa générosité
plus grand que la terre
en étant parfois un peu chipie
mais la plupart du temps
reconnaissante de cette mère extraordinaire
je commence cette nouvelle année sereine
prête aux aventures à venir
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82
texte par Pamela Rioux
J’ai capturé ta bouche et l’ai mise dans un bocal.
J’en prends bien soin, ne t’inquiète pas. J’ai troué le couvert pour ne pas qu’elle s’étouffe. Tous les matins je lui donne quelque rosée de cidre, quelques gouttes d’eau de pluie. Elle accompagne mes insomnies, fredonne des bruits blancs pour assourdir mes tempêtes.
Lorsque tu m’aime, elles s’illuminent, tes lèvres de feu.
Elles me murmurent les canicules collées à ses gencives. Me racontent l’interdit, met la fièvre à mes chairs.
Je ne les embrasse jamais, tes lèvres captives.
De peur qu’elles me mordent, qu’elles me crachent au visage. J’attends, patiente. Avec douleur souvent. Lorsqu’elles demandent à sortir, je les dépose sur mon ventre. Elles prennent des marches sur les sentiers entre mes côtes. Traverse mes langueurs, parcours les veines de mon bassin. Lorsqu’elles se lovent sur le flanc de ma nuque, son souffle m’incendie, fout le feu à mes draps.
Bientôt, je devrai la libérer.
Elle ne peut pas vivre comme ça, je le sais, ta bouche sauvage.
Bientôt elle éclatera le bocal.
S’enfuira sans faire de bruit, sur la pointe ses lèvres comme une louve.
Elle laissera toutes les portes ouvertes et son bocal cassé.
Lorsque son absence se fera trop cruelle,
j’embrasserai les tessons qu’elle aura laissé derrière.
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drone
par Alex Noël
une nuit j’ai été un drone
une étoile que tu guides
nulle part dans un film
il suffisait d’espionner ma course
pour mourir nu
*
mes yeux avaient
la même autonomie
qu’une étoile sans fil
un clignement
qui repasse toujours sur son point
initial j’étais
une lueur à recharger
pour des garçons
qui ne m’intéressent pas
*
cela n’aurait pu être
qu’une lueur que seul
le noir éclaire
du bruitage de fond
mais tu avais relâché
dans la nuit mes yeux
une fin qui s’étire
si loin de son centre
mon corps portait ton pli
*
j’habitais le monde qui m’entoure
comme une voix hors-champ
je survolais les dance floor
de mes regards en plongée
close up tandis qu’en bas les garçons faisaient
une générale de la joie
des copier-coller de leur tendresse
de cheap boy
plan fixe sur la salle qui se vide
toujours avant la premier feu
vert de l’aube
*
il y avait les danseurs dispersés comme de mauvaises énergies
par le coup de gong de la fin
et mes yeux qui lançaient en last call
leurs confettis au hasard du monde
tous les figurants terrassés sur le trottoir
*
dans le cimetière des garçons bloqués
je prenais en photo
la saleté
de leurs appartements
je déplaçais tous les meubles
pour capter
les poussières
il fallait bien filmer
les garçons allumés la veille
en train de s’éteindre
au fond des cendriers
chercher comme eux
du sens là où il en reste
je ne connais pas d’autre monde
qui celui que je mine
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81
par Kaël Mercader
Je me suis réveillé ce matin du 11 septembre 2019. Bonjour.
Quelqu’un a partagé des photos de la ville de Vancouver dans les années soixante. Je me revois dans cette ville en 2012, incapable d’en apprécier la beauté dans une température semblable à celle qu’il fait aujourd’hui à Québec. Je n’avais qu’une idée en tête, retraverser le continent pour revenir à Québec au plus vite. Quelqu’un avait dit avec justesse ‘’ t’en as ton truck du voyage hein?’’ J’avais acquiescé en apprenant du même coup cette expression que j’utilise encore régulièrement.
Un saut dans le temps de quelques années et je suis ici, perché sur ma mezzanine, avec une vue imprenable sur la basse-ville. Je regarde les chantiers de constructions, les gens qui y travaillent grouillent comme autant de petites fourmis oranges. tout le reste est gris. Je n’en ai pas mon truck de Québec. Je ne pense pas que j’ai mon truck de quoi que se soit en fait. j’ai un tout petit peu envie de retourner à Montréal comme j’avais envie de revenir à Québec pendant mon voyage dans l’ouest. Je vois ça comme un signe que je commence à m’y sentir chez moi. C’est la première fois que je me sens comme si j’avais deux chez moi. La première fois de ma vie adulte du moins étant donné que quand j’étais enfant j’avais deux chez moi, mon père habitait en campagne et ma mère en ville et je faisais la navette entre les deux chaque semaine. Aujourd’hui je ne suis pas à l’activité organisée par mes boss, qui était une journée à la ferme. Je n’aime pas trop les activités de groupe donc je n’y suis pas allé. Je suis à mon atelier en train de ne rien faire. Je regarde dehors la pluie qui tombe. Cela m’amène à penser que c’est agréable de ne rien faire. Même dans un lieu qui sert à travailler. Je suis dans une période contemplative je pense.
On se demande souvent entre nous ‘’sur quoi travailles-tu ces temps-ci, as tu de nouveaux contrats? De nouveaux projets?’’. C’est une question à laquelle je n’aime pas beaucoup répondre parce que je me sens tout le temps obligé d’en rajouter, de dire que je suis très occupé, que j’ai plein de choses à faire. Je pense que de ne rien faire fait partie du processus créatif autant que de travailler fort. C’est comparable au plaisir de tourner une feuille dans le cahier de dessin et de découvrir une nouvelle page blanche. Le syndrome de la page blanche est vu comme une angoisse existentielle et elle peut certes l’être mais c’est également l’occasion de respirer, d’aller prendre une marche, de voir des amis si on en a envie. L’inspiration revient mais il faut lui en donner le temps. Il faut parfois prendre un peu de recul avant d’en avoir son truck.
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80
Texte de Claudia Beaulieu
Juin est arrivé sans qu'on y croie
La confiance ne règne pas trop dans le monde dans lequel on vit
Sur les baisseurs du chemin vers la track, à l'ombre des épinettes denses
L'hiver demeure longtemps où il n'attire l'attention de personne
Plaque dentaire
Blanc gris, troué de fèces d'animaux
D'aiguilles de conifères
Seule certitude dans le monde dans lequel on vit
Au moment très très précis où fond la dernière neige
C'est le retour des mouches noires
Des nuages vivants émergeant de la terre qu'on remue avec les mains
Des points rouge vif au halo rosé
Sur les chairs les plus tendres la nuque derrière les oreilles
Des tatouages temporaires de constellations weird
Mercredi 15 h 37
Les ongles sales
Un goût de Watkins dans bouche
Redécouvrir le plaisir
De gratter le sang séché sur mes piqûres
---
Les saisons : sauts arbitraires d'un état à un autre
Mais le corps sait des affaires
La surface de la peau se hérisse bien avant les herbes
L'esprit se remplit d'abstrait
Hululements triviaux
Chutes d'eau
Talons sur les pavés
Multitude de migrations en puissance
Je vais arriver en ville comme si j'avais jamais vu ça
Après six mois à chauffer le poêle ou son char
Le feu sert à faire beau seulement
Combustion vaine et délirante
Feu dans tête
Feu dans le ciel
Feu dans les vitrines
Feu tout court
Pogné sur trois bûches équilatérales
Vertige
Heureux
Surtout
Sur la pointe des pieds
Sur le bord du triangle d'été
À envisager le puits sans fond de ce qui pourrait survenir
0 notes
Août 2018/ Washington D.C/ suite pour Francis
par Alix P.V.
1/
Francis la ville est queer
ici on sue en Fahrenheit
on me demande how do you do
je réponds
i do i do i do
2/
les bâtiments fédéraux
semblables au complexe G
surface bétonnée brûlante
idéale pour les oeufs bacon
la clim est si forte
mes nipples sont tranchants
comme le ton d’un homme
qui m’explique les choses
encore et encore
3/
ici les musées sont gratuits
entrer sortir des salles
comme dans un moulin
se perdre dans un Rothko
n’importe lequel
4/
au jardin botanique
je suis un fruit
qu’il faudrait cueillir
mon visage
comme une orange
du Sud du Sud
surface humide
élevée en serre
le coton mouillé de mon t-shirt
fait fondre les bandes du drapeau
les étoiles s’effacent
comme dans une toile
de Jasper Johns
5/
je cherche le Potomac
du poème de Michèle Lalonde
traverser le Mall
m’y tremper les pieds
zone démilitarisée
6/
selfie
devant l’obélisque
cheveux blonds
lunettes de star
i’m an american
hier j’ai rêvé que notre rencontre était un MacGuffin
un prétexte au développement du scénario
nous sommes des poissons d’argent
insaisissables sous l’obturateur
ne nous définissez pas
0 notes
Suite pour Alycia
Texte de Alix PV
( Hommage à Pour la suite du monde de Pierre Perrault,
Hommage à Francesca Woodman,
Hommage à Françoise Sullivan
hommage à Patti Smith
hommage à Nicole Brossard
hommage aux Invaincu.es )
1.
jeune fille de l'Isle-aux-Couldres
as-tu la grève estampée su'l corps ?
c'était comment l'autre bord de la rive?
2.
jours lents et désincarnés
dans les grandes surfaces
charlevoisiennes
lumière vaporeuse
semblable au soleil
de fin d’après-midi
au stationnement
de l’enfance
plombante
3,
un jour tu as compris
que les riverains
veulent
les mêmes choses
que les insulaires :
boire au goulot
les paysages
des peintres
pour oublier
l’assurance chômage
4.
dans une salle de classe
vide
on retrouve les retailles
d’Hosties
de la petite fille
qui vivait en toi
boucles folles
trop folles
pour les saisir
5.
pour la suite du monde
tu pars
gober la lumière
des villes
(le de Koninck semblable à un marsouin)
6.
fenêtre de chambre
autoportrait à la lumière du jour
tu gagnes
au jeu du théâtre de soi
je te cherche sans raison
dans toutes les images
estampées dans ma rétine
7.
que je retrouve dans les ombres
des bâtiments
formalistes
lumière brute
offerte
enfile et bouge
le faisceau lumineux
8.
ton corps est une puissance de vie
rubans dans les cheveux
jambes arquées
sur l’asphalte
fille femme volante
feuille au vent
contemporaine
dans le non-lieu
9.
reconstruction
dans les ruines du siècle
gueuler le manifeste
des inflexions nouvelles
tous les symboles phalliques
peuvent bien tomber :
antennes radios
tour Eiffel
Marie Guyart
cathédrales gothiques
on fera des trous
dans les amplis
de la terre
pour
décrisser le statu quo
0 notes
80
Un texte de Stéfanie Requin Tremblay
j'écris
une fenêtre ouverte sur Tout le monde en parle
le dimanche soir
la voix de Guy A.
m'inspire
me rassure comme un papa
toujours joyeux et souriant
il est vierge Guy A.
j'aime regarder ses mains
soulever sa grosse coupe de vin
très haut vers le ciel
et la porter à sa bouche
j'applaudis dans mon lit
j'enregistre
j'ouvre un autre fichier
j'écris
je pense à mon exposition
à mon communiqué de presse
dans une autre fenêtre
je regarde Kate Bush
je regarde ses mains
It's me, i'm Cathy, I've come home
I'm so cold, let me in through your window
ceci n'est ni une déclaration
ni un poème
c'est juste si rassurant de regarder
des femmes fortes à la télé
dans les vidéoclips
elles parlent vite les femmes
elles chantent fort
en réalité
c'est juste beau de voir un humain libre en train de crier
j'ai envie de faire pareil
les cheveux au vent
dans les vidéoclips
pourquoi c'est si difficile de chanter Kate Bush au karaoké?
0 notes
79
Un texte de Stéfanie Requin Tremblay
Google : comment-effacer-cicatrices-visage
réponse : l'obscurité
la nuit au bar karaoké
je calme mon anxiété
encore un écran géant
un écran lisse
dans un bar sale
ici
je peux être vulnérable
je pleure
je n'ai plus besoin de faire du sport
pour (me) dépenser
la sueur me sort par les yeux
ce ne sont pas des larmes de tristesse
c'est le eyeliner que je porte depuis 20 ans
le noir me laisse être qui je veux
si je m'oublie parfois
c'est pour crier l’amour
celui de Kurt et Courtney
sans mal de ventre
j'ai pris mes Immodium avancés
je me retiens de tout
Britney
j’ai prié pour ta souffrance
Britney
j'ai volé ton Pete Doherty
j'ai Back to black, Amy
j'ai dit : «Non! Monsieur le DJ suicidaire du Magic Night
ce n'est pas la pièce d'ACDC que j'ai demandée»
laissez-moi incarner qui je veux
i'm Back to black
c'est donc ça Devenir gris?
n'est-ce pas?
mon amie Amy
réponds
j'ai envie de revoir ton visage
une dernière fois
baby
aplatir ton image
dans une mauvaise interprétation
que je vais faire de ta chanson
je suis saoule et j’ai vu les photos de toi
Amy
réflexe
à l'épicerie
les magazines à potins
encore
je les ai vues
déchirées
mises dans ma bouche
j'ai gag reflex tous tes Mr Freeze, Amy
j'ai tourné les pages glacées de tes magazines
l’énergie à rendre lisse
un régime
une star
un corps
une thérapie
une image à monétiser
ce que je fais ne sert à rien
je marche le sexe en chaussures Nike
commandées en ligne
le stress fabriqué de publicités
le soir fabriqué d'écrans
brisés en mille éclats de voix
je rêve au téléthon des cigarettes
enfin s'éteindre
et qu'au Paradis
une chorale d’enfants
chante Joan Jett
et ma mauvaise réputation
0 notes
78
Je fais mes dernier milles
sur Saint-Anselme
Ma belle rue d’amour
je te quitte
Je m’en vais
user d’autres
chemins
Dans l’univers des possibles
te revenir aurait été envisageable
mais ton heure est sonnée
avec toi je quitte
une époque de ma vie
devant moi
un nouveau chapitre
Je dors mes dernières nuits
dans cette chambre
mange mes derniers
repas devant cette fenêtre
subis ces marches
entre la cuisine et ma chambre
peu de temps
J’ai rêvé
à tout ce qui arrive bientôt
mais je suis déjà nostalgique
de ce qui était avant
0 notes
Nœuds
(un texte de Renaud Pilote)
Ceci est un écrit semi-automatique
Ne souhaitant pas nécessairement
Être inscrit au registre
Mais la vie privée a foutu le camp
Tout est plus ou moins mis en ligne
Derrière la file
Sur le fil
Scrollé à perpétuité
En cliquant sur nos tempes
Pour prendre notre pouls
Je me sens pressé
Il est presque mercredi 15h37
Et je n'ai toujours pas d'opinion
Sur les pois chiches
Les blancs à rastas
Les gilets jaunes
Et les jeunes arrogants à casquettes rouges
Pour chaque fake news qui nait
Un vieux sage se meurt
Je ne veux pas mourir
Mais n'ai pas de solution
Face au manque de profondeur
D'une journée sans ma voiture
D'une chronique générée par ordinateur
Du retour de la fureur
Je me demande où sont passés tous ces livres 3d
Sur lesquels on s'arrachait les yeux en 1994
Il y avait là de la profondeur
Littéralement
Voilà longtemps que je ne dis pas grand chose
À force de trop tourner ma langue
Elle me semble nouée
Si bien qu'encore une fois je sors cette plume
Semi-automatique
Et je tire dans le tas
Sans finir les phrases
Sans trop me relire
Pour me peinturer dans le coin
De ma propre tête médiatique
Poussé par l'urgence de l'inculture
Suffoqué par celle de la fin du monde
Je n'ai jamais aimé parler de moi
Sous les centimètres de neige
Difficile de concevoir l'étendue
De l'effritement général
Le dégel sera brutal
Comme le serait l'annonce d'un éternel hiver
Avec l'impossibilité
D'aller dans le sud
Notre espoir condamné à s'accrocher à cette minute supplémentaire quotidienne
D'ensoleillement
Pour défaire un nœud il faut d'abord
Se calmer
Bien regarder
Et pincer au bon endroit la corde
Surtout ne pas se sentir pressé
Car chaque mercredi 15h37 vient
À qui sait l'attendre
Voilà que ma langue
Touche à mon nez
0 notes
77
L’année commence bien.
dites-moi,
est-ce que c’est toujours comme ça?
l’année commence
et tout est gold
puis à la fin on en peut plus
chère année,
es-tu comme
une mauvaise
relation de couple
Du moins une qui finit mal?
Enfin, pour l’instant
j’ai espoir
J’ai frenché au jour de l’an
c’est une première.
Aussi
dans pas long
je commence
un nouvel emploi
un de bucket list
un de rêve
et je dois me pincer fort
Dame nature
j’aime la neige que tu nous envoies
et ton froid ne me dérange pas
ce mois de janvier
est le mois de janvier
le moins vedge
de toute ma vie
je mange bien
j’ai l’impression
d’apprendre à être adulte
dix ans en retard
je suis pas mal à jour sur la vaisselle
Ma bonne humeur ne me lâche pas
même les intempéries
ne me dérangent pas
je suis comme un canard
J’ai rencontré
le fantôme
le plus populaire de ma génération
même s’il est un peu timide,
je pense, bien que c’est lui.
une autre première
il est moins
alarmant que je pensais
Salut,
je pense que cette année
me donne le goût d’être
meilleure
on s’en reparlera
plus tard
0 notes
76
S’il faut le dire
le mercredi est ma journée préférée
J’aime les dimanches pluvieux
et le mercredi lumineux
Chaque journée
son mystère
Lundi
le début
renouveau hebdomadaire
pour les résolutions
Mardi on prend le beat
rien de plus à dire
Mercredi
doux mercredi
pont entre
le début et la fin
Mercredi
c’est comme quand l’eau de la piscine
s’est ajustée à ton corps
comme quand l’endorphine kicks in au gym
quand l’alcool te fait tourner la tête
sans te donner mal au coeur
Mercredi
je t’aime
Jeudi
les sorties au Élliott ou le bar que vous fréquentiez au cégep
c’est selon
Même si plus maintenant, ou moins souvent
le jeudi, c’est la fête
c’est la ligne d’arrivée qui approche
Vendredi
sortez les confettis
la superpause arrive
Samedi
nuit courte qui s’allonge jusqu’à midi
samedi, faites donc ce que vous voulez
Dimanche
douceur
journée parfaite pour écouter
Avec pas d’casque en bobettes
et manger des crêpes
La semaine
n’est pas pour moi
un long purgatoire
vers le week-end
——
J’ai longtemps fantasmé
être née un mercredi
un enfant de milieu de semaine
rien pour le prouver, mais un pressentiment
puis un jour Wikipédia me l’a dit
Chère Anne-Christine
le 20 juillet 1983
était un mercredi
——-
Je ne suis pas née à 15h37
par contre
mais de 15h à 16h
c’est l’heure magique
le soleil brille
différemment
il a la lumière
de la nostalgie
qui est la mienne
s’il faut le dire
mercredi 15h37
est mon meilleur moment
0 notes
75
(un texte de Renaud Pilote)
C'est pour moi le moment de la semaine
Où on ne doit pas se décourager
Même si aujourd'hui il devient trop tard pour un café
Et trop tôt pour un joint
Un coup d'œil par la fenêtre et on dirait que la journée est finie
Mais non il n'est que 15h37
Nous sommes en janvier
Et nous ne sommes que mercredi
Ce serait une belle heure pour aller faire des commissions
En se disant qu'au moins on sera sorti
Alors le reste de la semaine prendrait comme une autre tournure
Alimentaire
C’est un moment propice à la pesée des pours et des contres
Pour canaliser ce qu’il nous reste d’énergie
Et se faire croire que quelque chose peut encore être accompli
Alors le reste de la semaine nous apparaîtrait comme
Surmontable
Je suis convaincu que plusieurs des grandes décisions de l'histoire du monde
Sont survenues un mercredi à 15h37
De lourds coups de marteau
Des dépôts budgétaires
Et autres décrets impériaux
Question de pouvoir battre le trafic
En se félicitant d'avoir bouclé l'essentiel de cette semaine redondante
Mal ficelée
Ainsi je crois qu'il est sage s'abstenir de tout projet ambitieux
Lorsque sonne mercredi 15h37
Car il est à la fois trop tôt et trop tard
Pour accomplir autre chose que des banalités
J'ai consulté les archives :
Le record du monde de Tetris a été enregistré
Un mercredi à 15h37
Accessoirement, c'est pile le moment où j'écris ceci
Et ça me donne du courage
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Bonjour 2019
j’ai pleuré en regardant le bye bye
au moment où madame monsieur tout le monde
nous souhaitait bonne année.
j’ai pleuré
overwhelm
de mon trop plein d’émotions
de nouvelle année
et de mon peu de sommeil.
Une euphorie de premier de l’an
dure à vivre
sans verser une petite larme
pour une fois mon corps
pas trop amoché
au moment de remettre
les compteurs à zéro
sur mon mur
Pamela Pearson dit:
365 jours de nouvelles possibilités.
le jour 1 faire comme si
tout pouvait repartir à neuf
en ce jour un
J’ai marché vers l’amitié
celle douce
pas compliquée
on a joué aux touristes
dans notre ville
rentabilisé un 15$
dans une piscine d’hôtel
c’est le luxe
2019
je te veux aussi splendide
que ce jour un
forte en émotions
et douce à la fois
2019
je me veux meilleure
prête à baisser mes gardes
et à accepter les défis avec foi
2019
je nous veux beaux
engagés et conscients
2019
le 31 décembre prochain
je veux t’aimer autant qu’aujourd’hui
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