Mots de la fin:

Pierrot « mais pourquoi c’est la fin ? »

Toinette: « je me repose à la maison et on repart ?»

Marguerite « on peut encore faire une dernière nouit dans le camion ? »

Seb: « bon, les gars, à droite ou à gauche ? »

Marie : « c’est la déconfiture.... Bon, les gars, il faut rajouter un truc sur notre liste ou bien ? »

30/08

Délicieux dernier matin... on remballe et on va se faire pèter une bonne boulangerie pour le petit dej... on fait traîner le plaisir quoi... ça va pas être si simple de quitter cette dernière prairie, de retourner sur nos routes balisées... mais la liberté n’est pas si loin... Nous, on en a trouvé un beau morceau sous les roues de notre camion. Cette impression d’avoir vécu le vrai, intensément.

Dehors, toujours dehors. À 5. On ne peut rien fuir, échapper à rien... ni à soi, ni aux autres, ni à la nature. On apprend sur soi, sur le groupe. Nos faiblesses, nos forces. Qui tient quand qui flanche, sur qui je m’appuie quand j’y arrive pas, qui je ménage, qui je soutiens... un groupe peut avoir tant de ressources...

La nature... C’est elle la patronne! Celle qui décide, te rythme. Elle nous a émerveillé, impressionné, effrayé. Elle nous a remis à notre place de tout tout petit humain. Nos yeux, nos oreilles, notre odorat ce sont aiguisés... on a adoré se sentir faire partie d’elle... Il n’est pas nécessaire de faire des discours d’écologie aux enfants... Il ont vu, vécu, subi, profité, entendu ...

Notre camion est encore un gros rempart, celui qui nous rassure, nous met dans un sentiment de totale sécurité, il est notre maison, détient absolument tout ce dont nous avons besoin pour vivre... encore trop sûrement mais suffisamment pour nous donner malgré tout un sentiment de luxe... Il est parfois notre limite aussi... Il nous a suivi, a tenu le coup, nous a donné plus qu’on imaginait... on l’aime...

Les rencontres... vraies, intenses... Là curiosité de l’autre, de son histoire, de la façon dont il vit, d’une réalité qui nous est totalement étrangère... fascinant... l’étranger est la plus belle chose qui peut nous arriver... cela nous ouvre les possibles... c’est un chemin de liberté et de richesses extraordinaires... Olivier, Murielle, Carmen et René, Bernadette, Émile et Chipie, Denis, Caro et Niccòlo, Dissékoua, Régina et Elio, et les multiples petites rencontres qui ne portaient pas de nom... Merci de nous avoir donné de vous...

Ce carnet de voyage fut un agréable compagnon de route... J’ai pris du plaisir à l’écrire, à revivre ou à assimiler certains événements à travers l’écriture... à nous sentir lié d’une certaine façon à vous qui nous avez lu... merci d’avoir un peu vibré avec nous...

Bon on est prêt pour un vrai long voyage... quelques modifications au camion et quelques (grosses) économies et ...

30/08

Délicieux dernier matin... on remballe et on va se faire pèter une bonne boulangerie pour le petit dej... on fait traîner le plaisir quoi... ça va pas être si simple de quitter cette dernière prairie, de retourner sur nos routes balisées... mais la liberté n’est pas si loin... Nous, on en a trouvé un beau morceau sous les roues de notre camion. Cette impression d’avoir vécu le vrai, intensément.

Dehors, toujours dehors. À 5. On ne peut rien fuir, échapper à rien... ni à soi, ni aux autres, ni à la nature. On apprend sur soi, sur le groupe. Nos faiblesses, nos forces. Qui tient quand qui flanche, sur qui je m’appuie quand j’y arrive pas, qui je ménage, qui je soutiens... un groupe peut avoir tant de ressources...

La nature... C’est elle la patronne! Celle qui décide, te rythme. Elle nous a émerveillé, impressionné, effrayé. Elle nous a remis à notre place de tout tout petit humain. Nos yeux, nos oreilles, notre odorat ce sont aiguisés... on a adoré se sentir faire partie d’elle... Il n’est pas nécessaire de faire des discours d’écologie aux enfants... Il ont vu, vécu, subi, profité, entendu ...

Notre camion est encore un gros rempart, celui qui nous rassure, nous met dans un sentiment de totale sécurité, il est notre maison, détient absolument tout ce dont nous avons besoin pour vivre... encore trop sûrement mais suffisamment pour nous donner malgré tout un sentiment de luxe... Il est parfois notre limite aussi... Il nous a suivi, a tenu le coup, nous a donné plus qu’on imaginait... on l’aime...

Les rencontres... vraies, intenses... Là curiosité de l’autre, de son histoire, de la façon dont il vit, d’une réalité qui nous est totalement étrangère... fascinant... l’étranger est la plus belle chose qui peut nous arriver... cela nous ouvre les possibles... c’est un chemin de liberté et de richesses extraordinaires... Olivier, Murielle, Carmen et René, Bernadette, Émile et Chipie, Denis, Caro et Niccòlo, Dissékoua, Régina et Elio, et les multiples petites rencontres qui ne portaient pas de nom... Merci de nous avoir donné de vous...

Ce carnet de voyage fut un agréable compagnon de route... J’ai pris du plaisir à l’écrire, à revivre ou à assimiler certains événements à travers l’écriture... à nous sentir lié d’une certaine façon à vous qui nous avez lu... merci d’avoir un peu vibré avec nous...

Bon on est prêt pour un vrai long voyage... quelques modifications au camion et quelques (grosses) économies et ...

28-29/08

On se réveille en Allemagne mais on en verra que l’autoroute...on roule, on roule, on roule... je vous ai déjà dit que c’était assourdissant non ? Et pour les enfants c’est encore pire... alors on fait un truc que jamais jamais on aurait imaginé faire... on leur met un film (en fait deux c’est scandaleux !)... et comme on est qu’à moitié équipé on scotch l’ordi au camion... des vrais barlos !

Et nous voilà au Luxembourg... nos amis habitent sur la frontière ce qui nous fait faire une petite incursion en Belgique... quel émois dans le camion ! Toinette s’écrie « Oh mais on va enfin pouvoir parler français dis! »

On arrive face à leur chouette petite maison. Pas d’accès au jardin et la rue est trop en pente, on dormira dans la maison... Pierrot dit en riant: « hé ben pour un retour à la civilisation BAM on y est quoi ! » ... et on s’y plaît je l’avoue... l’eau chaude c’est pas si mal en fait... pas moyen de sortir Marguerite du bain... Pierrot avale le BD les filles deviennent presque hystériques avec tous ces jouets... chouettes moments chez des chouettes gens...

Et voilà le moment de repartir... pour une dernière nuit... à peine passé la frontière, bardaf pluie ciel bas et gris comme un ciel de Belgique à la rentrée... bienvenue chez vous les K-mioneurs ! On se trouve une jolie prairie pour faire glandouille, jeux, bilan... c’est un peu un super moment entrecoupé de grosses tensions... entre fatigue-soulagement-envie-tristesse-peur-excitation... aucun de nous ne sait trop nommer ce qu’il ressent, c’est complexe... mais ça doit se vivre...

et pour la suite bon, le vrai mot de la fin sera demain ! ...

Insomnie...

Ça y est... on rentre... Demain (enfin tantôt!) on va voir ma cousine et sa famille dans sa nouvelle maison au Luxembourg... Elle m’a dit qu’on pourrait prendre une douche... Une douche... une douche chaude... entre quatre murs...

Je ne sais pas si je suis prête pour ça !?!

28/08

La route, les embouteillages ... L’Allemagne.

Pas tout à fait mais quand-même, ça commence à ressembler à chez nous... Olala... Difficile à encaisser... on rempilerait vooontier !

Marguerite à carrément switché et trouve que c’est le camion notre maison ( même si dans les deux moments difficiles pour elle, elle a réclamé la maison, la vraie), elle est sur le point de pleurer quand on lui dit qu’on rentre... Pierrot vit encore le moment présent et ne se projette pas, mais ça va être rude pour lui... Il nous suggère de vendre la maison et de voyager toute la vie avec les sous... Toinette est la seule contente de rentrer... Elle serait heureuse de continuer mais seule dans un lit, et pas toujours QUE avec nous ! Elle dit aussi que les objets de sa maison lui manquent. Son environnement rassurant... C’est elle qui a semblé avoir eu le plus facile à entrer dans le voyage et toutes ses contraintes... pourtant je sais que si elle a le caractère le plus malléable de nous tous, si elle est parfois la plus délurée et casse-cou c’est aussi la plus timide, réservée et celle qui doit le plus affronter ses peurs et inquiétudes. Le camion n’est pas devenu son espace rassurant et reposant... Elle adore et veut continuer le voyage, mais elle veut se reposer à la maison...

Et nous... nous... cela mériterait tout un nouveau billet... un billet qui parlerait de l’avenir... mais pour l’instant on est heureux... on en a pas eu assez... le chemin est encore long... il fait sa route... en nous... il nous a déjà tant donné... Merci la vie...!

Remorquage...

28/08

On se réveille tôt et on décolle vite. Direction un lac. Turquoise. Entre les montagnes. On est seul. Moment de grâce... on observe des têtards à chaque stade de leur évolution ! Du simple têtard à la mini grenouille on les a tous ! Génial ! Pour arriver au lac on a vu une cigogne et un écureuil tout noir... Le soleil se lève et commence à chauffer... l’eau du lac est très froide mais gérable... Marguerite se jette dedans et rit proche du fou rire tellement elle est saisie de froid !

On passe quelques heures magiques à nager, se laver, manger, chauffer au soleil... On sait que c’est notre dernier lac... on profite à fond !

Après, on quitte l’Autriche. Ce petit bout du pays traversé était plus que magnifique. D’une beauté dingue, vraiment. Mais à force de tout interdire, baliser, cadenasser, la beauté perd de son charme... pauvres hommes... Triste lien à la nature et à la liberté ...

26/08

La nuit fut bonne mais les enfants se réveillent frigorifiés et nous aussi ! Mon Dieu ce froid. Ça sent la neige que je dis. Mohahaha qu’ils répondent. N’empêche personne rigole ! Pierrot qui est plutôt très courageux pleure presque quand il doit s’habiller... mais on entend des cloches de tous côtés et on a envie de comprendre ce qui nous entoure. Tout le monde vient fourrer ses vêtements sous moi... avec mes deux t-shirt et mon gros pull je suis la bouillotte du matin... et on s’habille. Seb est le premier à sortir et je l’entend dire « ah ben ouais ! » Dans l’empressement de la veille on avait pas conscientisé que l’on montait si haut... si haut... entre les sommets de neige éternelle ... c’est si ... pfff... tout ça....

Surtout que trois ânes viennent nous dire bonjour, qu’un troupeau de chèvres tintantes nous entourent, que les magnifiques vaches beiges nous surplombent et que de jolies petites marmottes nous laissent les observer à 4-5 m... les demoiselles ne sont pas farouches, les enfants sont émerveillés... et frigorifiés... On est pas équipé pour ça... les grands ça va mais Marguerite est tétanisée... je crois que l’altitude joue aussi... on aurait adoré (surtout Pierrot) rester dans cette ferme deux jours, rencontrer le fermier et son fils et les aider à refaire leurs clôtures... mais ici c’est clair c’est en allemand (pourtant nous sommes théoriquement toujours en Italie, mais c’est vraiment très théorique !) et ni Seb ni moi n’arrivons à embrayer... on redescend chercher la chaleur de la plaine... haha ! et purée oui, on redescend, l’odeur des freins le prouvent bien ! On est quelque part au val Senales et le lac est turquoise !

On roule, on roule, c’est extraordinairement beau. On arrive très haut, dans un village aux allures de station de sport d’hiver...

Et là ! Là, un type, style gros autrichien malheureux de sa vie, nous arrête et nous dit comme ça sans transition -« vier euro »

Haha il est drôle lui ! -« et pourquoi cher monsieur je vous donnerais mes écus ? La féodalité aurait-elle été rétablie dans vos contrées chelou ? » Bon, il a rien compris je recommence -« und warum ? »

-bla-bla-bla (je comprends rien à ses aboiements) finish finish bla-bla-bla...

Mais qu’est-ce qu’il me veut avec ses petits yeux pleins de malheur celui-là: -« heu... bon, je sais pas ce que tu finish finish mon gars, mais nous on continue la route et on te paie rien du tout !

Seb: « -heu Marie regarde, je crois que c’est la route qui finish finish ! »

De fait, la route devient la fin de la langue du glacier. C’est à dire qu’à moins d’être très équipé et très courageux c’est finish finish ou demi-tour...

-« haaaaa c’est finish finish la route ! bon ben Auf Wiedersehen, on fait demi-tour, c’est con hein, allez Tchüss ! »

Haha les touristes ! j’espère que ce type n’écrit pas un blog, je m’en prendrais plein la tronche !

Ceci dit, c’est pas rigolo, parce que cette route on l’a prise y a un sacré bout de temps... Un Petit-demi-tour de quelques heures quoi... !

Bon après, je sais plus, je vous ai parlé des heures du froid et du type malheureux, alors qu’on a vu des lacs turquoises extraordinaires desquels sortent des clochers arrondis immergés, des montagnes et des sommets majestueux, des chalets kitchissimes, des voitures et des motos vombrissantes (ça émeut Seb aussi !). J’aurais pu aussi vous raconter mes enfants merveilleux qui sont courageux quand il faut, drôles et qui s’entraident, qui se câlinent beaucoup et se disputent un peu, qui sont quand-même chiant à table, et tellement heureux de vivre cette aventure. De Marguerite qui parle de mieux en mieux. Si j’étais tout à fait honnête je vous parlerais aussi de notre galère pour trouver où poser le camion. L’Autriche n’aime pas les camping car et interdit tout partout. Pas le moindre chemin sans barrière, pas le moindre parking au panneau d’interdiction et la police qui contrôle partout... bref, après deux heures de recherche on se rabat sur un parking de gestion de déchets verts de la commune de Pflach... pas très glamour mais pas si pire...

allez, demain on ira voir les lacs...

25/08

Journée de pluie... on redescend, on plonge dans les nuages... On dit une nouvelle fois au revoir... à Regina et Elio... à l’Italie... Il est plus difficile de dire au revoir qu’il n’est facile de dire Bonjour... puis bonjour en autrichien c’est moins joli en bouche, en fait c’est même moche... pourtant, il semble que l’Autriche ait quelques arguments séduisants... Mais la pluie tient bon et ne lâchera pas de si tôt... on achète des pizzas à 17h, on se trouve un endroit vite fait, on regarde Alice au pays des merveilles, on mange la pizza froide et on va faire dodo... Demain, on dira bonjour...

Cette nuit où on est devenu tout petits petits...

Ce soir, Toinette demande si elle peut installer la tente et y dormir seule... nous sommes un peu étonnés mais au centre du village avec Regina et Elio qui veillent, elle se sent en sécurité... on installe la tente et les enfants se couchent... Mais en rangeant on sent que le temps tourne... les magnifiques nuages de la journée deviennent menaçants, un je-ne-sais-quoi d’électrique dans l’air nous fait douter... nous sommes en montagne, on ne le sent pas, on s’écoute ! Et voilà la pauvre Toinette si heureuse de sa bulle qui doit re-déménager dans le camion... On range tout et on se couche... Et puis voilà qu’on se réveille plusieurs fois, le vent est fort, la pluie tombe bien, les éclairs sont lumineux et le tonnerre gronde... un bel orage en perspective... et à vrai dire c’est plus qu’un orage... c’est une tempête... un ouragan... un cyclone... une tornade... un typhon... un cataclysme... pratiquement LE cataclysme final... IL CATACLISMA FINALE... Tu ris, tu ris, je le sens bien ! mais figure-toi qu’à ce moment-ci, je me sens moins madonne dans son camion que sardine dans sa boîte de métal... Et une sardine une fois dans sa boîte, ben ça frétille plus du tout... bonne à être bouffée toute crue et c’est tout...! Essaie de t’enfermer dans une boîte, tu verras, ça résonne très très fort... Et puis, ce n’est pas de pluie dont on parle mais de grêlons... d’énormes grêlons... de gigantesquissimes grêlons... ( bon ok je vais pas faire le coup de l’iceberg...) C’est tellement impressionnant que Seb bondit du lit, attrape Toinette au vol qui bondit aussi et me la passe... je tente de la calmer et de la rassurer et on finit par rigoler en l’imaginant sous la tente... Seb se couche avec les autres, mais Pierrot redresse vaguement la tête et décide de se rendormir et Marguerite ne se réveille même pas... Bref, après avoir obligé Seb à m’énumérer tous les arguments qu’il pouvait trouver pour me rassurer quant au risque de (non non pas se prendre un iceberg sur la tête je suis pas folle non plus !) mais de se prendre un éclair sur le camion je me suis rendormie en me disant qu’une sardine grillée est pourtant sans doute meilleure qu’une sardine à l’huile...

24/08

Finalement, on a aimé être le centre de la vie de Regina et Elio... on y est resté, on s’y est lové gentiment toute la journée... Ils nous ont couvert de regards amusés, d’attention, de rires, d’histoires de leur vie... on parle beaucoup... je m’étonne de si bien comprendre et parfois si je ne comprends pas, Elio sort les photos, et je comprends qu’il était mécanicien dans une imprimerie, ou Regina me parle des fermes qui les entourent mais je ne comprends pas de quel animal il s’agit... Elio se lance dans une imitation et les enfants crient « des cochons »! Hè si, maiale ! J’ai plus de mal à dire tout ce que je voudrais mais je m’en sors aidée un peu du dictionnaire... et puis la mama nous couvre d’amour ce qui prend des formes de pomodori, carotte, cetriolo del orto (petites tomates, concombre du potager), préparazione di Zuchinne (courgettes), les biscotti fait à la casa, et puis bien sûr il caffè, e poi il caffè con una goccia di grappa, e poi il vino bianco, e poi la grappa con la liquirizia (réglisse) e poi il liquore alla liquirizia... Tutto fatto in casa !

On a aussi joué aux cartes, lu des livres, joué avec les kapla et playmobil, récolté trois cents escargots, vu une géante sauterelle qui ressemblait à une libellule, observé le jeu des nuages sur les montagnes, on s’est promené un peu dans ce pays où il semble plus facile aux hommes de faire des piquets en pierre qu’en bois...

Le temps était doux...

24/08

24/08