L'autre
Alors, on s'abandonne au trouble,
Puis on tente de le dominer voire de le faire mourir
Mais il en sort toujours vainqueur, car il nous rend muet.
Muet et extraordinairement vivant
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Pièce
Des conversations convenues,
Des maux, le corps qui geint.
Des oreilles partout,
Des lumières ternes,
Des attentions assoupies,
De l'ennui,
Nos teints gris.
Des sincérités masquées par le poids des conventions,
La lassitude,
Les soupirs et les silences.
L'opposé de l'ivresse
Soit peut-être un peu plus que le vide.
Le sang glacé,
Les bruits de pas qui résonnent dans des couloirs trop vides,
Les songes,
L’absence d'espace,
Nos asphyxies.
Nous, terrés au fond de nous-mêmes,
Eux, enfermés dans leur banalité.
Des feux qui s'éteignent,
Des cavaliers sans chevaux.
Nos folies,
Nos dislocations.
La froideur,
Nos âmes éteintes,
Nos regards vides.
Des danses inavouables,
Des crispations,
De la passivité.
Une immense prison où nos corps forment les murs.
La boule au ventre,
La paralysie,
Des paroles saccadées
Vidées de leur sens,
Une enveloppe, en somme.
Des coquilles
Sans fruit
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labeur
Les corps endoloris portent
Des yeux mi-clos, s'éclairant de temps à autre.
Des gestes assurés quoique brisés par l'épuisement,
Des sourires en coin malgré l'air maussade qui règne puis
Des paroles futiles viennent rompre ce silence si pesant.
Des honnêtetés et des fuites figent
Les pensées endormies.
Des âmes ternies comblent des mines rongées par
Des fatigues lancinantes.
Les concentrations ne sont jamais complètes,
Toujours édulcorées par cette pointe de lassitude qui capture les êtres.
Les heures ne passent pas, les aiguilles ne tournent plus
Mais remplissent l'espace avec
Des morceaux de gens.
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sans jour
Quand on se trouve soucieux et ensevelis de trop de responsabilités, de tiédeurs d'adulte, chaque soupçon d'insouciance devient une insulte. Le sourire, narquois, une grimace presque, qu'on nous jette à la gueule comme une provocation. On sature du rire auquel on aspire pourtant le reste du temps
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aigreur de passage
Je ne supporte plus de voir des bras et
Des jambes ou
Des pensées
Différentes des miennes.
Je les déteste,
Tous ces gens qui continuent à marcher droit
Quand moi je n'ai plus de trajectoire
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les vagues
Nous sommes ces phares à flanc de falaise,
Abîmés par l'écume et le sel ;
Ces phares sans superbe,
Maltraités par le temps et les concessions.
Nous sommes les feux qui pointons nos lumières vers
Un avenir plus radieux.
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et
Il faut s'aimer un peu pour se sentir libre. Du moins, il faut s'estimer assez pour se sentir légitime d'exister librement. Sans trop de poids pour nous lester. La liberté, c'est s'envoler pour de bon.
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entâcher
Quelle est cette pluie
Qui tombe sur le toit
D'un automne brûlant ?
Une moiteur,
Un corps qui sue.
Le jus d'une poubelle cachée
Dans les entrailles de la terre.
Mais qui sommes nous
Pour avoir tant souillé
Celle qui nous a vu naître ?
Comment peut-on
Avoir si peu de remords
Et tant d'empressement,
Encore,
À lui marcher dessus ?
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le puits doré
S'il n'est pas de lumière sans ombre,
La réciproque est vraie :
Il n'est pas non plus d'abysse
Sans puits doré.
Tout est superposé à son envers.
L'existence est un équilibre permanent,
Une dynamique chancelante
Dont le principe, invisible à l’œil nu
N'est qu'une exigence de contraste
Alors, chaque fois que la vie vous tourne le dos,
Prenez le temps de la contourner
Pour voir, au loin
Tout ce que cela va assurément
Vous apporter de positif
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demain
Demain
Sonne toujours à nos portes,
Celles que l'on pense déjà franchies ou
Celles que l'on considère dépassées.
Ce passage est un seuil
Qu'on ne traverse qu'avec courage
Et envie puis
Avec la curiosité
De voir à quoi elle ressemblera
Cette prochain heure,
Cette prochaine lune :
On se réveillera demain
Pour voir si nos planètes
Sont toujours les mêmes
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ondulations
Mais on bouge toujours.
Nos corps ne sont jamais parfaitement immobiles.
Il reste toujours un tressaillement,
Une fébrilité
Ou un soupçon de tremblement.
Personne n'a les pieds bien ancrés
Dans le sol.
Chacun flagelle en silence
Dans l'espoir de se stabiliser
Mais, même la plus belle rose
Se laisse couper par la tempête
Et caresser par la brise
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désert
Désordre et poussière,
Tout s'entasse.
L'expérience ne fait pas place nette.
Elle empile le faits les uns sur les autres,
Jusqu'à former une immense pyramide ruisselante.
Une colline creusée par le mouvement de l'eau
Qui lui assure sa brillance.
Cette ondine, c'est peut-être le temps qui coule.
Chaque goutte qui perle est une seconde attendrie par nos chants.
Nous y nageons, sans trop savoir où l'on se destine :
Le fond est sombre, mais le ciel est clair.
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le beau des jours
La beauté des élucubrations du quotidien est triviale et profonde. Là où réside l'ardeur la plus pure, jamais lissée. Jamais sur son trente-et-un. Un sens du beau un peu terreux et difficilement maniable. Un sourire, une sottise, un rire, des pleurs, cent regards, une chansonnette, un parapluie, plein de silences, des confessions, une complicité. Un mélange de bruits et de souffles. La vie remue. Elle est tortueuse et c'est dans ses fins sillons que sont semés les grains délicats, les perles qui brillent et reflètent les lumières.
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les prières
On se fait des promesses à nous-même en permanence.
Comme si nous étions nos propres autels,
Notre propre juge et notre propre curé.
Alors on se juge fidélité
Puis l'on renouvelle cet acte au gré de nos idéaux
Qui changent,
Se voient s'additionner avec d'autres au fil du temps.
Chaque tronçon de vie nous apporte un élément de réponse
Sur le tout,
Le ciel, autrui et soi.
Nos pensées se polissent ;
Le vent de la temporalité érode la montagne de nos illusions
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c'est le plus important
La plus belle des certitudes, la seule louable peut-être, c'est de savoir que l'on apprendra toujours. Que le monde n'a jamais fini de se dévoiler à nous et à notre impuissance, celle qui éclot et sort parfois d'elle-même, par l'effet d'un quelconque éclat : et là, ébahi, nous pouvons observer les conséquences de nos actes.
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un peu d'aigreur et un peu de lucidité
Je suis toujours sidérée par le zèle dont font preuve ces gens qui se prennent pour des seigneurs. Qui s'enorgueillissent de leur aisance sociale, comme si elle était un gage de sérieux. Qui ont la bouche basse et les yeux graves. Ils jouent dans leur propre spectacle et certaines scènes sont plus travaillées que d'autres. Celles où les masques font corps avec ces individus qui pensent appartenir à l'image qu'ils aimeraient renvoyer. Personnages pourtant façonnés tant bien que mal par de milliers de petites discussions insignifiantes. Courroie de transmission de leur vertu. "Je suis un honnête homme", pense-t-il. Tout le monde se regarde en chien de faïence, là-dedans, à l'affut du moindre faux pas, à la recherche d'une béquille en forme de moralité. Lui n'est pas ce qu'il prétend être alors, moi qui le pointe du doigt, peut-être le suis-je à sa place ? Ca se balance sous le chapiteau rouge vif, couleur farce. Les acrobates ont une peur morbide de la chute. Ne pas perdre la face, voilà l'objectif. La finalité de cette sur conscience de soi qui ne fait qu'effleurer le concept de dignité. Je me demande souvent ce que font ces gens quand ils sont perdus au beau milieu de leur intimité. Embrassent ils leur conjointe ou leur conjoint avec un peu de tendresse ou bien avec distance, pour continuer à jouer leur rôle de personne affairée ? Sourient ils vainement ? Dansent ils seuls ? Que font ils, quand personne ne les regarde ? Qui les a déjà vraiment vu nus ? Même pas eux-mêmes. À force de se cacher à soi de la sorte, on finit par ne plus jamais se trouver. Une petite mort, en somme. Ces gens acceptent de se flinguer sans cran. Ils épongent leur sang invisible en portant de grands draps déchirés, comme ceux sous lesquels se planquent les enfants en mal de sensation. Ils cherchent à se faire remarquer, ces fantômes. Mais personne ne les cherche. On ne cherche pas quelqu'un qu'on ne connaît pas.
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plein d'épithètes
Les débris des âmes amoindries,
La clarté des cœurs assombris,
La musique des bruits muets.
Les éloges des dédaigneux,
La patience des incompris,
Les vifs scintillements du ciel.
Les fines échardes à nos doigts,
Les sourires plein de tristesse,
Les oublis indélébiles.
Les sirènes repoussantes,
Les fleurs à moitié écloses,
La sagesse des fous :
Et de toute autre chose
Nos existences sont parsemées
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