Tumgik
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" La dernière chose que j’ai vécu comme une épreuve est mon arrivée au Fresnoy, une école d’art basée à Tourcoing. Ça faisait 12 ans que je vivais à Paris et j’ai senti que j’avais besoin de quitter ma zone de confort. C’est compliqué de savoir pourquoi on fait ça mais j’ai senti que je piétinais, que quelque chose ronronnait. J’avais besoin de perdre mes repères. Le problème quand on s’inflige ces changements, c’est que c’est brutal et les premiers mois ont été vraiment très durs. Je me suis beaucoup remise en question. J’étais venue pour ça bien sûr... mais je me jugeais, je me comparais aux étudiants qui eux, venaient des Beaux Arts alors que j’étais autodidacte. J’avais l’impression que ça ne marcherait pas. Je suis sur Youtube depuis quelques années maintenant, où je publie des vidéos et venir dans cette école, c’était me confronter au monde de l’art contemporain et essayer autre chose que du virtuel. Au lieu de parler de moi, de rester dans mon nombril, ce qui se passe beaucoup avec mon travail sur Youtube, j’ai voulu créer un objet. Pas de virtualité, pas de fichiers, pas d’internet. J’ai collé, vissé, peint. Et plein de fois je me suis dit que je n’y arriverais pas ou que ça ne me plairait pas. Maintenant que c’est fini, je me rends compte que j’y arrive et qu’en plus ça me plaît. Et puis je suis assez sauvage, c’est vrai que je me livre peu, je me suis fait peu d’amis. Quand je commence tout juste à comprendre avec qui je pourrais m’entendre, la promo change, les gens s’en vont. Et puis être ici, c’était surtout pour savoir « ce que je suis, qu’est ce que ça vaut ? » et faire le mieux possible. Pouvoir changer quatre fois d’idée, chercher ce qui a du sens, pourquoi on le fait. Dans nos carrières, à nos âges, on a l’impression qu’on ne peut jamais faire un choix pour de bon, qu’il faut avoir trois plans B, C, D. On ne peut compter sur rien parce que tout est à court terme. On ne sait pas se définir parce qu’on est des tas de choses en même temps... du coup on se sent fragile, tout est précaire et on pense manquer de sens. Mais je crois qu’il faut accepter qu’il y ait parfois des trous d’air dans nos vies qui participent de l’ensemble... (rires). Alors voilà, je suis venue ici et bientôt je me demanderai à nouveau, où habiter. Je vais finir par faire des castings de ville (rires) ! C’est une chance d’avoir un métier mobile, mais ça peut être une angoisse également. Changer d’air, de lieu, de discipline, faire des sauts de puce, c’est fondamental pour moi. C’est comme ça que je trouve du sens à ma vie et que je me définis. Quelque chose de très insécurisant mais très excitant aussi. "
2 notes · View notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" - On est tous les deux très actifs dans la communauté LGBT+, chacun dans nos domaines. Lui est vidéaste, moi illustrateur. Au fur et à mesure de ma vie, j’ai commencé à comprendre qui j’étais. Aujourd’hui je me considère comme non binaire, c'est-à-dire ne me sentir ni homme, ni femme. Être parfois un peu l’un, un peu l’autre ou aucun des deux. Je préfère qu’on utilise le pronom « il » pour me nommer. Petit à petit, mes parents ont compris. Aujourd’hui ils sont au courant, on en parle pas trop. Parfois on aborde le sujet, parfois non. Pour l’instant on ne me pose pas vraiment de question. Certains me nomment toujours au féminin, parfois mes parents utilisent « il » mais reviennent au « elle » aussi. Je les comprends totalement, ils ont eu l’habitude et le fait qu’ils aient été ouverts à la discussion et m’aient compris, ça m’a fait chaud au cœur. Un jour ma mère m’a dit « maintenant que tu m’en as parlé je me renseigne beaucoup sur ça ». Ça m’a touché qu’elle le fasse, parce qu’elle-même vient d’une génération où on ne se posait pas vraiment la question. Elle n’a jamais remis en question son genre. Je me rends compte que j’ai vraiment de la chance d’avoir des parents compréhensifs et à l’écoute. On a une très bonne entente, ils savent tout de moi et on ne se dispute quasi jamais. - Mon père à moi est né dans les années 60 et jusqu’à 15 ans, il ne savait pas que l’homosexualité existait. C’est bête mais aujourd’hui c’est impossible de passer à côté de ça, les gens sont plus informés. On vit dans une époque bien plus libérée qu’avant. On accède grâce à internet aux histoires des uns et des autres, au savoir et on peut en parler entre nous, selon les communautés où on va. On est informés tout simplement. Par contre, on garde toujours en tête qu’en France, malgré le mariage pour tous, le combat doit continuer. On milite pour qu’il n’y ait plus jamais de tuerie comme à Boston, dans un club gay ou mettre en avant la condition insupportable des homosexuels en Tchétchénie. Pour l’instant chez nous, on est dans une espèce de faux calme, mais il faut toujours se battre. Pour se faire respecter et se faire accepter tel que l’on est. Dans notre travail de création à tous les deux, chacun de son côté, on fait en sorte d’en parler, beaucoup pour informer et répondre aux questions. Même si se montrer non-binaire, ou pansexuel sur les réseaux sociaux donne l’envie à beaucoup de monde de nous poser toujours les mêmes questions et qu’à force c’est fatiguant, il ne faut jamais s’énerver, se renfermer dans sa bulle. Expliquer c’est faire comprendre et faire comprendre c’est accepter."
1 note · View note
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
Nous sommes quatre femmes transgenres et nous sommes très fières d’être ce que nous sommes. Nous nous sommes rencontrées à Lille mais nous venons du même pays, la Colombie. En Amérique du Sud, être transgenre est interdit. Venir en Europe, c’était démarrer une nouvelle vie. Moi (en rouge), à partir de 20 ans, j’ai décidé de m’assumer comme une femme. Et quand je dis femme, je ne parle pas des gens qui se déguisent en femme. Être une femme transgenre c’est être femme jour et nuit. Aujourd’hui, tout ce que nous demandons, c’est d’être respectées de tous. La condition des transsexuels est très difficile, même à l’intérieur de la communauté LGBT qui n’est pas toujours amicale envers nous. Dans la rue, on reçoit beaucoup d’insultes et je dois dire que la police française est très dure et particulièrement homophobe. Tous les jours, nous devons nous défendre. Être toutes les quatre nous permet de nous soutenir entre nous. Nous savons que des gens sans éducation, sans culture, qui nous insultent, il y en aura toujours. Alors être ensemble c’est bien. La vie n’est pas parfaite, il faut lutter pour continuer de rêver, et surtout avoir la force et le courage de vivre comme on le souhaite.
2 notes · View notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
Nous nous sommes rencontrées il y a un an jour pour jour, en habitant ensemble. Un an, ça a été suffisant pour qu’on devienne des piliers pour chacune. Sur le plan émotionnel, on partage énormément en vivant ensemble, on est jamais seules quand ça ne va pas. Quand l’une n’a pas le moral, elle sait qu’elle peut compter sur l’autre. Comme on ne se connaissait pas avant, on s’est vraiment construite ensemble et on peut dire aujourd’hui que c’est une vraie rencontre qui s’est passée. Même si on venait à ne plus être coloc l’année prochaine, on serait toujours là pour l’autre. Il y a un truc qu’on aime partager ensemble, c’est le petit dej’. C’est vraiment un moment où on apprend beaucoup de l’autre, ce qu’elle aime ou n'aime pas. On a appris à se décoder, autant dans les mimiques que dans l’écoute. Vivre avec quelqu’un ce n'est vraiment pas anodin. Je pense qu’on apprend d’abord à vivre ensemble avant d’apprendre à être amie. Comme de très bons amis ne pourraient pas forcément vivre ensemble. On finit par partager un quotidien et rencontrer l'entourage de l’autre. On a fait en sorte que notre colocation soit bienveillante. Ce n’est pas parce qu’on se connait qu’on va prendre ou fouiller dans les affaires de l’autre. On applique des règles de base : le respect, la bienveillance, les petites attentions. Et dire « merci ». Des choses simples, mais finalement essentielles.
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
(Retour sur la Braderie 2017) On a participé à la Braderie de Lille tous ensemble, certains pour la première fois, d'autres non. On a décidé de faire le tour de la ville avec notre renard empaillé et nos lunettes orange. On pense qu’on est devenu un peu les mascottes de la Braderie mais personne ne le sait encore (rires) ! On a appelé ce renard Foxanne. Certes, elle est morte, mais grâce à nous elle est dans sa nouvelle deuxième vie. On lui redonne une image qu’elle n’a sûrement jamais eu dans sa première vie de renard (rires). On l’a prise avec nous tout le week-end et elle nous suivra toute l’année aussi. Il n’y a bien qu’à la braderie qu’on peut faire ça, on attends que France 3 vienne nous voir pour une interview (rires) ! En tout cas cet évènement est juste génial, il suffit de s'y retrouver pour se marrer ensemble et faire des choses improbables comme avec Foxanne le renard (rires) !
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
« La question du genre homme/femme chez moi, ne compte pas. Ça n’est pas ça qui me défini. Le genre c’est quelque chose qui a été crée et moi ça me gêne, c’est pas comme ça que je vois les choses. En tant que personne, je cherche surtout à savoir qui je suis, qui je veux être et qui je pense être. Je ne m’identifie pas au masculin ou au féminin même si j’ai toujours eu tendance à aller plus facilement vers les femmes. Ça a joué sur ce que je suis devenu. Mais aujourd’hui je ne prétends pas vouloir changer de sexe ou de quoi que ce soit… Il y a des moments où je me sens une femme, des moments où je me sens un homme. Alors oui, au sens physiologique du terme, je suis un homme. Mais j’aime pouvoir me laisser libre de choisir entre les deux. Dans le relationnel, je parle de la même façon aux hommes qu’aux femmes même si c’est avec ces dernières que je suis le plus à l’aise. Ça doit venir de mon enfance, je suis beaucoup passé par des modèles et j’avais pris l’habitude d’imiter des personnages féminins aux caractères très forts. Je mettais un feutre dans ma bouche et une couverture sur moi pour imiter Cruella par exemple (rires). Quand j’adoptais des attitudes féminines, qu'on se déguisait en fille... dans les yeux de tes parents, tu vois qu’il y a un truc qui cloche. Et c’est beaucoup à travers leur regard que tu fais les choses. Je voyais bien ce que ça provoquait… j’ai des souvenirs assez précis de ça. Et puis plus tard, j’ai senti le besoin de passer par l’étape du coming out, qui était nécessaire vis-à-vis de moi-même déjà, puis vis-à-vis de ma famille. Je l’ai compris que très tard, cette attirance pour les hommes. Dans ma famille tout le monde était dans une acceptation sans que personne n’en parle vraiment. Et puis j’ai décidé de le dire, même si c’est un système que je ne cautionne pas. On ne devrait pas avoir à le dire. Aujourd’hui, quand t’es dans une soirée et qu’on vient te demander « Hey t’es hétéro toi ? », j’ai envie de dire « déjà tu me dis bonjour, tu me demandes comment je m’appelle et après on discute et certainement pas de ça ». (rires). Parce que c’est pas quelque chose qui doit rentrer en compte si t’as envie de me connaitre ! C’est comme si tu dis que tu préfères manger du chocolat au lieu du melon c’est tout. Je veux dire, ça ne t’aidera pas à savoir mieux qui je suis. Pour mes proches c’était différent. J’en ai d’abord parlé à une amie, en passant par des détours impossibles (rires). Et pour ma famille ça a été plus compliqué. Le plus important c’était ma grand-mère. Elle est ouverte sur la question mais c’est toujours mieux quand c’est chez les autres ! (rires) Un jour, après une engueulade elle m’as sorti « mais tu crois que j’ai pas compris ? ». J’ai juste répondu « bah oui... voilà ». Elle ne s’attendait pas à ce que ça sorte ce jour là. Et puis j’avais été très très sage pendant mon adolescence et d’un coup je rattrapais toutes mes conneries en une année, alors c’était un peu la goutte d’eau. On en a pas reparlé vraiment mais elle m'a dit un truc un peu maladroit un jour : « tu sais, même si t’étais un assassin, je t’aimerai pour toujours ». Et même si c’est touchant qu’elle te dise qu’elle t’aimera pour toujours, c’est dur d’entendre qu’on te compare à un truc aussi horrible que tuer quelqu’un… (rires) Mais voilà, c’est une génération différente et maintenant ça va très bien. Elle est super ouverte là dessus, elle milite pour cette cause et surtout, on s’aime plus que tout. »
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
« Je suis au lycée et la plupart des gens de ma génération prennent l’homosexualité très facilement. Chez les filles c’est même facile de le dire, nos potes s’en foutent. Chez les garçons, être gay est beaucoup plus compliqué. Il y a parfois des espèces de concours de celui qui sera le plus viril. C’est con parce que la notion de virilité, ça ne veut pas dire grand chose. On peut retrouver des filles viriles ! Mais être un « vrai gars » c’est vraiment ce qui revient le plus dans les bandes de mecs et ça peut être très mal vécu. Quand on voit des rassemblements comme la gaypride, on se dit qu’il faut venir, qu’il faut supporter cette communauté et participer pour montrer qu’on vit dans un pays où on a la chance de pouvoir sortir dans la rue et dire « je suis gay ». Tout le monde s’en fout. Les gens pour qui c’est compliqué de l’assumer, trouve dans ces rassemblements une communauté qui peut-être super importante. Un ami à moi a fait son coming-out il y a quelques semaines, je l’ai vu danser pendant la gaypride, fier de ce qu’il était et c’était beau à voir. »
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" J’ai vécu, comme 100% des femmes, du harcèlement de rue. J’avais 14 ans, je prenais le bus pour rejoindre une amie en ville. Je me suis assise au fond comme j’en avais l’habitude, et là, un homme qui devait avoir l’âge de mon père est venu se coller à moi. J’étais contre la vitre, il me bloquait le passage et il a commencé à me parler. Il m’a dit qu’il cherchait une femme, il m’a demandé si j’avais un copain. J’étais très jeune, j’avais peur et ce qui m’a le plus marqué ce n’est pas cet homme, bien que ça a été dur à vivre, mais les réactions autour de moi. Le bus était rempli, beaucoup de gens ont croisé mon regard et je suis certaine qu’à cet instant là, mon regard disait clairement « au secours, j’ai peur, aidez-moi ». Personne n’a bougé. J’ai vu qu’il continuait de me bloquer, et attendait que je veuille descendre pour me suivre. Alors je suis allée à l’avant, j’ai demandé au chauffeur de m’ouvrir la porte et j’ai couru jusqu’au métro. Ça c’est la première expérience de harcèlement que j’ai vécu. Aujourd’hui, des années après, je vois qu’on réussi à en parler de plus en plus dans les médias. À l’époque, quand j’étais ado, personne n’en parlait. Je sentais que ce n’était pas normal, que ça me faisait chier mais c’était « comme ça ». Et moi-même j’en parlais à personne. On voit bien que les médias relaient le sujet et ça me rassure mais je trouve aussi qu’ils ne visent pas les bonnes personnes. À les écouter, c’est toujours des hommes jeunes, qui zonent, qui viennent des banlieues. Moi, le mec qui m’a touché la cuisse une fois dans le métro, c’était un vieux. Il ne zonait pas, il n’était ni jeune, ni de banlieue. C’était bien un vieux qui m’a touché. Après, quand on vit tout ça, quand on en est consciente du problème et que ça nous révolte, on ne peut plus faire machine arrière. Alors je me suis engagée dans une asso qui s’appelle Lille sans relou et qui permet à toutes les personnes qui sont victimes de harcèlement de rue, pas seulement les personnes lesbiennes, gay, bi, trans... (LGBTQI+), mais aussi les gens victimes de racisme, de grossophobie, de validisme, de nous rejoindre pour créer un vrai espace de parole. "
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" - Plus tard je sais pas encore ce que je veux faire mais j’ai trois idées : vétérinaire ou archéologue et j’ai ma copine qui m’a dit que c’était une bonne idée si je faisais décoratrice. - Moi je veux faire du marathon. J’ai des bonnes jambes. - Et moi peut-être docteur. Je sais pas trop. En fait je pense vraiment que je veux être docteur mais je sais pas encore comment. "
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" Ma fille a fait sa première tentative de suicide à 7 ans. Puis une deuxième à 10 ans. À l’époque, je vivais seule avec elle et je ne comprenais pas ce mal-être, les raisons de sa phobie scolaire, de ses scarifications. C’était beaucoup trop tôt pour tenter de se tuer. Dès l’enfance, je l’ai passé d’hôpitaux en centres plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle trouve vers l’âge de 17 ans un centre à Fives où elle était accompagnée et où elle s’y sentait enfin bien. Malgré ses très bons résultats scolaires, elle avait beaucoup de mal à se rendre au lycée. D'ailleurs, elle n’a pas réussi à finir sa seconde comme les autres élèves et a préféré continuer des cours à distance. En parallèle à ça, moi je me suis faite opérer à deux reprises d’une hernie discale, qui s’est terminé en « syndrome de la queue de cheval ». C’est une urgence chirurgicale rare, qui doit être opéré dans les 6 heures. Ça n’a pas été mon cas. Après expertise, on a décrété une erreur médicale. Avant tout ça, j’allais très bien : heureuse d’être une maman, exerçant un métier que j’aimais... sans fauteuil bien sûr. J’ai fini par être opérée trois fois, dû changer de métier, d'éducatrice je suis devenue agent d'État civil, plus compatible avec mon état de santé. Pour finir par ne plus travailler du tout. À la suite de ces lourdes opérations, je suis rentrée en centre de rééducation pour apprendre à remarcher. À cette époque, ma fille était presque majeure et notre appartement était un peu sordide, alors à sa demande je lui ai loué un petit studio pas loin de son centre et du centre de rééducation où j'étais hospitalisée. Elle avait très envie d’autonomie. Et puis sa grand-mère n’était pas loin, elle n’était pas seule. Elle venait me voir tous les soirs, pour manger avec moi. Une fois, elle m’a appelé pour me dire qu’elle ne passerait pas mais que tout allait bien. Pour être sûre, j'ai envoyé une amie pour vérifier et passer un peu de temps avec elle, moi j'étais clouée au lit, toujours incapable de me déplacer. Le lendemain matin, j’ai appelé ma fille mais son téléphone ne répondait pas. J’ai senti que quelque chose n’allait pas. Alors j’ai appelé mes proches mais personne ne pouvait se déplacer. J’ai fini par demander à mon compagnon de l’époque d'aller jusqu’à son appartement pour voir si tout allait bien. Il y avait de la musique et de la lumière sous sa porte. Mais elle ne répondait pas. Il a appelé les pompiers qui sont passés par sa fenêtre et l’ont découverte morte. Tout était fini, c’était trop tard. Elle n’avait pas encore 18 ans. Je n’ai rien vu de tout ça, c’est lui qui est venu me l’annoncer le soir. Je m’en souviendrai toujours, il était sur le pas de la porte, un médecin se tenait à ses côtés avec une piqure de calmant pour m’éviter le choc. Et puis là, tout s’écroule. J’ai sombré comme jamais je n’avais sombré auparavant. Comme je le disais au début, elle avait déjà fait des tentatives de suicide...mais on ne s’attend jamais à ça. Surtout qu’elle allait mieux, qu’elle avait un métier en tête... En tant que parent, on n’est pas préparé à perdre son enfant. Malgré l’enterrement, j’ai fait un déni qui a duré 6 mois. Et au moment où les choses sont devenues réelles, ça a été la dépression la plus totale. " (Part. 1/3)
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" 15 jours après que ma fille se soit suicidée, toute ma vie s’est écroulée. En plus, à la suite de l’erreur médicale que j’ai subi au même moment, j’étais devenue handicapée. J’étais totalement à côté de mes pompes, sous antidépresseurs, antidouleurs qui entrainaient des troubles de l’humeur. Alors arrive la seconde peine : les gens qui s’en vont parce qu’ils ne savent pas comment gérer notre tristesse. On s’attend à ce qu’ils soient très solidaires quand on vit des drames comme ça mais non. Les gens n’ont pas eu la patience que ça aille mieux et ça a été très douloureux. Personne n’a résisté au tsunami qui m’est passé dessus. Beaucoup se sont éloignés. J’ai été très dépressive pendant un temps, très en colère, puis dans un déni total. Toutes les phrases du deuil. Alors je me suis fait d’autres amis, qui ne me connaissait pas avant tout ça. Mais aujourd’hui je ne leur en veux pas. Je suis consciente de la transformation que j’ai pu vivre. Je peux imaginer que les gens n’aient pas su quoi dire ou quoi faire. Devenir handicapé d’un seul coup à cause d’une erreur, puis perdre son enfant... c’est la hantise de tout le monde. À une époque, j’avais l’impression que c’était marqué sur mon front. Qu’on me fuyait parce que mon histoire faisait peur. J’ai également dit adieu à ma féminité en prenant 30 kg. Pas de gourmandise bien sûr, mais à cause des médicaments très forts contre les douleurs neuropathiques. Et mon compagnon de l’époque a fini par s’en aller aussi. Alors que c’était la seule personne que j’acceptais. Notre aventure a duré 8 ans après la mort de Marion mais avec de très longues pauses parfois. On était très amoureux, en tout cas, moi. Ma peine était trop lourde, il avait aussi ses casseroles. Il était devenu trop distant, pas assez là... On a rompu il y a un an et demi et il me manque terriblement. Il est pour moi l’homme de ma vie. Aujourd’hui je n’envisage de rencontrer personne d’autre, mon coeur et mon esprit sont encore trop occupé par lui. Je peux imaginer la belle et grande histoire d’amour que j’aurais vécu avec lui sans que tout ça ne se soit produit. Aujourd’hui, moralement c’est très dur, je suis seule et enfermée, ma vie sociale est devenu peau de chagrin. En moi, j’ai un espèce de chagrin épouvantable. Autant lié à la mort de ma fille que des gens que je ne vois plus. De mon homme que je ne vois plus. L’arrivée du fauteuil électrique dans ma vie, ça a été un moment très dur aussi. Le fauteuil mécanique on peut toujours se dire « c’est provisoire ». Mais au bout d’un moment, les bras ne sont pas des jambes, l’électrique l’a remplacé et le regard des gens a changé. J’ai eu l’impression de n’être définie que par ça. Qu’on ne me reconnaissait pas ni par mon visage ou mes yeux mais par mon fauteuil. Et puis les gens débordent de gentillesse. Je leur en suis reconnaissante, mais parfois cet excès de gentillesse montre que tu es différente. Maintenant je l’oublie. Sauf quand on me dit « ça va aller madame ? ». Là il revient. Il est là à nouveau. Je peux m’accorder 3h de position assise deux fois par semaine, sinon je suis alitée tout le temps. Ce qui me fait du bien pour l’instant c’est… (silence). C’est difficile à dire. Je suis dans une douleur permanente, physique ou morale… alors ce qui me fait du bien c’est de dormir. Je ne suis pas quelqu’un de dépressif mais je suis pleine de chagrin, c’est différent. Comme un verre d’eau qu’on aurait rempli. Moi on m’a rempli avec du chagrin. Ça déborde et je ne sais pas trop quoi en faire." (Part. 2/3)
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" Dans le deuil, il n’y a pas de moment de répit, pas de moment où je ne pense pas à ma fille, décédée beaucoup trop tôt. Mais j’essaye d’être discrète, de ne pas faire de deuil ostentatoire. Je ne veux pas que les gens soient mal à l’aise chez moi. Je vais rarement sur sa tombe car pour moi elle n’est pas là bas. Elle est en moi, je continue à l’aimer. La littérature étant ma passion, j’ai même écrit un livre qui raconte toute cette histoire mais que je n’ai jamais publié. Je l’ai gardé pour moi et ça a été thérapeutique. C’était devenu une espèce de furie d’écrire. Je l’ai écrit en 3 mois. Ce qui est douloureux, c’est qu’aujourd’hui elle aurait eu 26 ans et son image m’échappe. Plus le temps passe, plus elle aurait grandit et moins je réussis à l’imaginer. Ça m’a pris 6 ans à faire mon deuil. Mais la douleur ne s’arrête jamais. J’ai une culpabilité énorme par rapport à sa mort, de ne pas avoir appelé les pompiers tout de suite, tout le monde sauf eux. Mais dans un deuil, la culpabilité ne s’en va jamais et ça me rassure d’avoir compris que c’était normal. Ce que j’ai découvert, c’est que depuis mon enfance, j’ai pris un médicament qui s’appelle la Dépakine, contre l’épilepsie. Je l’ai pris quand j’étais enceinte de ma fille. Le scandale vient d’éclater au niveau mondial, le médicament a été reconnu responsable des troubles mentaux chez les enfants exposés puisqu’il touche l’ADN du fœtus. J’ai la conviction que ce médicament a tué Marion qui y a été exposée et je suis soutenue par l’association APESAC qui vient en aide aux victimes. Mon seul but est d'aller au bout, devant la justice quel qu'en soit l'issue, faire de mon mieux pour lui rendre justice. Mon ex est présent tout le temps aussi, ils sont liés à jamais, sans lui je n'aurais pas survécu à tout cela et même si nous sommes séparés c’est un homme profondément bon. En plus ils s’adoraient tous les deux, elle était contente que j’ai enfin retrouvé quelqu’un et quand elle s’est donné la mort je pense qu’elle était rassurée que je ne sois plus seule. Alors ce qui me fait vivre aujourd’hui c’est aussi l’amour que j’ai pour ma fille et mon ancien compagnon. Tout est très mêlé entre sa mort et ma rencontre avec lui. C’est lui qui l’a trouvé et l’a annoncé. Je ne peux pas démêler les choses entre eux deux. Je les aimais tellement. C’est pour ça que je n’arrive pas à détricoter tout ça. Et j’ai dû mal à te dire ce qui me maintient en vie. C’est bizarrement la nostalgie de ces deux êtres qui me manquent profondément et physiquement. Quelque part si je disparaissais elle disparaitrait aussi. J’ai fait beaucoup de tentatives de suicides après sa mort. Le traitement n’était plus bon, j’ai fait un espèce de burn-out. J’avais tellement mal, j’étais tellement fatiguée de la douleur que j’ai pris 80 médicaments d’un coup. Aujourd’hui cette période suicidaire est passée, j’y pense plus du tout du tout. C’est sûr que je ne pourrais plus travailler dans ma branche : j’étais animatrice sociale avec différents publics mais beaucoup de parents. Je leur apportais un soutien, j’adorais faire ça. Avec la mort de ma fille, je ne me sentais plus crédible dans mon rôle éducatif. Si moi-même j’ai échoué, je n’ai pas su la sauver, comment aurais-je pu donner des conseils aux autres ? Je n’avais plus de recul, j’étais trop touchée et ça n’aurait pas été professionnel. Bien sûr, j’ai fait une thérapie. Mais voilà, on fait le tour. Le deuil n’est pas une maladie, c’est un chagrin normal. Aujourd’hui, je veux rester en vie et vivre ma vie jusqu’au bout. J’ai des neveux et nièces que j’aime de tout mon cœur. Et j’arrive à m’assumer comme je suis. Et les gens que je rencontre doivent m’accepter comme ça : grosse ou mince, moche ou belle, valide ou non, vieille ou non. J’ai besoin de ça, de gens qui m’aiment vraiment pour ce que je suis." (Part.3/3)
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" Je dessine depuis l’enfance, comme beaucoup de monde. Mais j’ai vraiment commencé à pratiquer l’illustration depuis un an. En grandissant, on perd un peu l’habitude de sortir ses crayons comme on le faisait quand on était petit. Quand je m’y suis remise, j’ai tenté des choses, essayé la peinture par exemple, mais ça ne donnait rien de terrible. Et puis j’ai commencé à tout faire aux marqueurs et à l’encre de chine, en noir et blanc. Je me suis créée un compte Instagram pour voir ma progression et des gens ont commencé à me suivre. Aujourd'hui j'arrive à vendre mes œuvres, des tee-shirts ou faire des collaborations ! C'est fou (rires). Quand je reviens sur mes dessins d’il y a un an, je me dis que le changement est total. Pour y arriver, j’ai vraiment beaucoup travaillé. Je dessine tous les jours, même quand je n'ai que dix minutes devant moi. Le faire quotidiennement, ça aide à progresser. Je vais beaucoup plus vite. Avant, ça pouvait me prendre une semaine pour créer quelque chose, qui en plus n'était pas forcément merveilleux (rires). Mes dessins sont assez « sombres » mais ça ne reflète pas ma personnalité. Je ne me considère pas comme quelqu’un de sombre ou triste. Au contraire, si je dessine c’est vraiment pour m’évader, me faire plaisir. La texture du papier, le contact avec les marqueurs, avec l’encre. Dans mon boulot je passe mes journées devant l’ordinateur alors quand je rentre, j’éteins tout et je déconnecte de cette façon là. C’est vraiment dur à expliquer ce que je ressens en dessinant. Si j’avais les mots, c’est pas du dessin que je ferais mais de l’écriture. Dessiner, pour moi, c’est parler autrement." ✎https://www.instagram.com/morganneborowczyk
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" Je peux te raconter l’histoire d’une femme qui était présente au rassemblement pour les droits des femmes à Lille avec moi. On l’a accompagnée pendant des années. Elle a été victime de violences par son mari pendant des années et elle a deux petites filles qui ont vu des choses qu’elles n’auraient jamais dû voir. Elles vont bien aujourd’hui mais elles ont vécu un scénario d’horreur. Quand elle est venue nous voir, elle venait de partir de chez elle. Il l’a menacé de mort, il a enfermé ses filles dans la cave, les a menacé au couteau etc… quand je te dis « scénario d’horreur », c’est vraiment ça. Elle a failli mourir et c’est ça qui l’a poussé à demander de l’aide pour elle et pour sauver ses enfants. Aujourd’hui encore, il vient les faire chier, toquer devant la maison ou laisser des traces. Elle attend que la justice fasse son travail. Les enfants vont bien même si c’est difficile pour elles d’exprimer ces choses-là. Elles gardent beaucoup de choses en elles. Ce qui donne du sens à mon travail, c’est qu’aujourd’hui elle s’en est sortie et elle veut à son tour aider d’autres femmes, crier haut et fort qu’il faut s’occuper des femmes victimes de ces violences. C’est quelqu’un qui a réussit à avancer sur sa propre histoire. Ces femmes sont super reconnaissantes de notre travail, même si on attends rien en retour, c’est normal. Quand elles s'en sortent, c’est là que mon travail prend tout son sens." (Part. 2/2)
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
" Je travaille depuis sept ans auprès de femmes victimes de violences conjugales et je fais de la prévention avec les enfants et adolescents sur le sujet de l’égalité homme-femme. Donc au quotidien, je suis confrontée aux différences de traitement et justement, la prévention permet d'éviter aux enfants, une fois adultes, qu’ils rentrent dans des schémas comme ça. Avec les dernières études, on sait qu’une femme sur 10 est victime de violence conjugale, ce qui est énorme. Tous les jours nous avons des appels au centre ! Moi-même, j’ai mis du temps à me rendre compte de tout ça. J’ai deux grands frères donc quand j’étais petite, je faisais les mêmes activités qu’eux. On ne m’offrait pas spontanément une Barbie. Et puis au lycée, j’ai commencé à prendre conscience de ces choses et quand j’ai fait des études de sociologie, là j’ai vraiment appris que la socialisation était différenciée pour les filles et les garçons. À partir de ça j’ai vu le monde d’une façon totalement différente. C’est ça qui m’a donné envie d’être éducatrice et de travailler avec les femmes. Je n’ai pas vécu d’évènements traumatisants mais beaucoup de sexisme oui, et puis des regards et des gestes mal placés alors qu’on ne nous demande pas notre avis ! Parler des violences conjugales avec les enfants c’est compliqué mais je pars toujours de leurs quotidiens pour discuter. Pour que ça marche, il faut aussi que les adultes autour d’eux tiennent ce discours. On leur dit qu’ils ont le choix d’accéder aux mêmes choses : qu’on peut être un garçon et pleurer, qu’on peut être une fille et avoir envie de faire de la boxe. Parfois ce n’est pas évident, parce que selon leur éducation, il y en a qui intègrent très vite qu’une femme c’est à la maison, que ça ne peut pas conduire, ou que les garçons ne peuvent pas jouer à la poupée. " (part. 1/2)
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
«  Quand j’étais petit, j’étais en pension chez les cathos et ma sœur, chez les bonnes sœurs. Déjà à l’époque, il y avait une grosse différence de traitement entre elle et moi : par exemple, on lui conseillait de choisir le métier d’infirmière et de faire des enfants. Comme si c’était la seule voie pour les femmes. Et inversement on n’imaginait pas proposer le métier d’infirmier à un homme. Aujourd’hui, j’ai 39 ans, je suis homosexuel donc je fais aussi partie d’une minorité. J’ai également des des droits à défendre. Et comme je pense qu’entre minorités, on ne peut pas s’exclure, alors je me bat pour les droits des femmes comme elles se battent pour moi. De toute façon, on tape sur les immigrés, sur les filles, sur les trans, sur les pédés, sur les pauvres… donc on est obligé de s’entre-aider ! Et puis oui, je suis un homme mais né d’une mère, avec une grand mère, une sœur, des cousines… Quand ma mamie est née, elle n’avait pas le droit de vote, elle devait tout donner à ses parents, puis plus tard à son mari… donc on vient de loin et on peut facilement revenir en arrière. La fois où j’ai imaginé à quel point les femmes devaient se sentir exclues, c’est quand moi-même, en tant qu’homosexuel, je n’ai retrouvé aucune information au centre de documentation LGBT de Lille. Là tu te dis « ok, il y a des infos pour les femmes. Les hommes homosexuels, rien ». Donc voilà, il faut se battre, c’est jamais acquis. Et surtout ne pas penser que les femmes entre elles sont toutes forcément des féministes ! J’ai déjà entendu une collègue dire à une autre (enceinte) « ah bah tu vas démissionner et arrêter de travailler puisque tu es enceinte ». Ou alors « olala, il est 20h, je ne suis pas encore rentrée pour faire à manger. » Quand je lui ai répondu que son mari était là depuis 17h et qu’il pouvait s’en occuper, elle m’a répondu « Oh non, c’est quand même moi la femme ». Alors même si le mot « féminisme » ça fait peur, parce qu’il y a sûrement des extrêmes, il faut qu'on change les choses. Si on est tout le temps dans la demi-mesure, rien ne va bouger. On va continuer de dire « c’est pas un truc de pédé », « ne pleure pas comme une fillette », « c'est une femmelette ! ». Est-ce que je suis féministe parce que je fais moi-même partie d’une minorité ? Je ne sais pas, mais je continuerai à défendre les femmes. Parce que dans « égalité hommes-femmes », on entend bien « égalité » et les hommes ont tout à y gagner. » #4
0 notes
humansoflille · 7 years
Photo
Tumblr media
« Il n’y a pas longtemps et un peu par hasard, je me suis engagée auprès du planning familial. J’y ai découvert un milieu militant, féministe et engagé qui m’a bouleversé. Moi, j’ai grandi dans une famille qui était féministe sans que le mot « féminisme » ne soit jamais prononcé. Ce n’est qu’aujourd’hui que je me rends compte de ça. En arrivant au planning familial, j’ai vu qu’il y avait encore énormément de boulot à faire, des luttes qui méritent d’être suivies et d’être alimentées pour que les femmes aient autant de droits que les hommes. En 2017, ce n’est pas du tout gagné. On peut parler des États-Unis avec Trump, mais aussi en France avec la montée des extrêmes et des conservateurs. Parfois je me demande si on ne fait pas un bond en arrière. Mais le contexte fait aussi que les gens sont plus attentifs et sensibles aux comportements sexistes. Le combat est de plus en plus médiatisé, il faut qu’un grand nombre de personnes se rendent compte de ce qu’il se passe. Lâchez-nous l’utérus ça représente la liberté mais aussi un symbole de fierté et de résistance : en tant que femme on doit pouvoir disposer de notre corps de la manière que l’on veut et personne ne peut nous empêcher d’avorter par exemple. Lâchez-nous l’utérus c’est " laissez-moi le choix avant tout et ne m'enfermez pas dans une représentation sociale réductrice de ce que "devrait être" une femme ! » #3
0 notes