Tumgik
hpodotoc · 1 year
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Thésée – Ah ! père infortuné ! Et c'est sur votre foi que je l'ai condamné ! Cruelle, pensez-vous être assez excusée... Phèdre – Les moments me sont chers, écoutez-moi, Thésée, C'est moi qui sur ce fils chaste et respectueux Osai jeter un œil profane, incestueux. Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste ; La détestable Œnone a conduit tout le reste. Elle a craint qu'Hippolyte, instruit de ma fureur, Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur. La perfide, abusant de ma faiblesse extrême, S'est hâtée à vos yeux de l'accuser lui-même. Elle s'en est punie, et fuyant mon courroux, A cherché dans les flots un supplice trop doux. Le fer aurait déjà tranché ma destinée ; Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée. J'ai voulu, devant vous exposant mes remords, Par un chemin plus lent descendre chez les morts. J'ai pris, j'ai fait couler dans mes brûlantes veines Un poison que Médée apporta dans Athènes. Déjà jusqu'à mon cœur le venin parvenu Dans ce cœur expirant jette un froid inconnu, Déjà je ne vois plus qu'à travers un nuage Et le ciel et l'époux que ma présence outrage ; Et la mort, à mes yeux dérobant la clarté, Rend au jour qu'ils souillaient toute sa pureté.
Racine Jean, Phèdre (Act 5, Scene 7), 1677
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hpodotoc · 1 year
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Thésée – Théramène, est-ce toi ? Qu'as-tu fait de mon fils ? Je te l'ai confié dès l'âge le plus tendre. Mais d'où naissent les pleurs que je te vois répandre ? Que fait mon fils ? Théramène – Ô soins tardifs et superflus ! Inutile tendresse ! Hippolyte n'est plus.
Racine Jean, Phèdre (Act 5, Scene 6), 1677
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hpodotoc · 1 year
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Hé ! repoussez, Madame, une injuste terreur ! Regardez d'un autre œil une excusable erreur. Vous aimez. On ne peut vaincre sa destinée. Par un charme fatal vous fûtes entraînée. Est-ce donc un prodige inouï parmi nous ? L'amour n'a-t-il encor triomphé que de vous ? La faiblesse aux humains n'est que trop naturelle ; Mortelle, subissez le sort d'une mortelle.
Racine Jean, Phèdre (Act 4, Scene 6), 1677
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hpodotoc · 1 year
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Que fais-je ? Où ma raison se va-t-elle égarer ? Moi jalouse ! Et Thésée est celui que j'implore ! Mon époux est vivant, et moi je brûle encore ! Pour qui ? Quel est le cœur où prétendent mes vœux ? Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux. Mes crimes désormais ont comblé la mesure. Je respire à la fois l'inceste et l'imposture ;
Racine Jean, Phèdre (Act 4, Scene 6), 1677
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hpodotoc · 1 year
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Ah ! douleur non encore éprouvée ! À quel nouveau tourment je me suis réservée ! Tout ce que j'ai souffert, mes craintes, mes transports, La fureur de mes feux, l'horreur de mes remords, Et d'un cruel refus l'insupportable injure, N'était qu'un faible essai du tourment que j'endure.
Racine Jean, Phèdre (Act 4, Scene 6), 1677
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hpodotoc · 1 year
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Non, mon père, ce cœur, c'est trop vous le celer, N'a point d'un chaste amour dédaigné de brûler. Je confesse à vos pieds ma véritable offense : J'aime, j'aime, il est vrai, malgré votre défense. Aricie à ses lois tient mes vœux asservis ; La fille de Pallante a vaincu votre fils. Je l'adore, et mon âme, à vos ordres rebelle,  Ne peut ni soupirer ni brûler que pour elle.
Racine Jean, Phèdre (Act 4, Scene 2), 1677
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hpodotoc · 1 year
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C'est par là qu'Hippolyte est connu dans la Grèce. J'ai poussé la vertu jusques à la rudesse. On sait de mes chagrins l'inflexible rigueur. Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur.
Racine Jean, Phèdre (Act 4, Scene 2), 1677
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hpodotoc · 1 year
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Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes. Quiconque a pu franchir les bornes légitimes Peut violer enfin les droits les plus sacrés ; Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés, Et jamais on n'a vu la timide innocence Passer subitement à l'extrême licence.
Racine Jean, Phèdre (Act 4, Scene 2), 1677
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hpodotoc · 1 year
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D'un amour criminel Phèdre accuse Hippolyte ! Un tel excès d'horreur rend mon âme interdite ; Tant de coups imprévus m'accablent à la fois Qu'ils m'ôtent la parole et m'étouffent la voix.
Racine Jean, Phèdre (Act 4, Scene 2), 1677
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hpodotoc · 1 year
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Ah ! le voici. Grands dieux ! à ce noble maintien Quel œil ne serait pas trompé comme le mien ? Faut-il que sur le front d'un profane adultère Brille de la vertu le sacré caractère ? Et ne devrait-on pas à des signes certains Reconnaître le cœur des perfides humains ?
Racine Jean, Phèdre (Act 4, Scene 2), 1677
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hpodotoc · 2 years
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Un père, en punissant, Madame, est toujours père
Racine Jean, Phèdre (Act 3, Scene 3), 1677
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hpodotoc · 2 years
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Mourons. De tant d'horreurs qu'un trépas me délivre. Est-ce un malheur si grand que de cesser de vivre ? La mort aux malheureux ne cause point d'effroi ; Je ne crains que le nom que je laisse après moi.
Racine Jean, Phèdre (Act 3, Scene 3), 1677
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hpodotoc · 2 years
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Il oppose à l'amour un cœur inaccessible ; Cherchons pour l'attaquer quelque endroit plus sensible. Les charmes d'un empire ont paru le toucher ; Athènes l'attirait, il n'a pu s'en cacher ; Déjà de ses vaisseaux la pointe était tournée, Et la voile flottait aux vents abandonnée
Racine Jean, Phèdre (Act 3, Scene 1), 1677
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hpodotoc · 2 years
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Il n'est plus temps. Il sait mes ardeurs insensées. De l'austère pudeur les bornes sont passées. J'ai déclaré ma honte aux yeux de mon vainqueur, Et l'espoir malgré moi s'est glissé dans mon cœur. Toi-même rappelant ma force défaillante, Et mon âme déjà sur mes lèvres errante, Par tes conseils flatteurs tu m'as su ranimer ; Tu m'as fait entrevoir que je pouvais l'aimer.
Racine Jean, Phèdre (Act 3, Scene 1), 1677
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hpodotoc · 2 years
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Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite. La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ! Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper. Voilà mon cœur : c'est là que ta main doit frapper. Impatient déjà d'expier son offense, Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance. Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups, Si ta haine m'envie un supplice si doux, Ou si d'un sang trop vil ta main serait trempée, Au défaut de ton bras prête-moi ton épée.
Racine Jean, Phèdre (Act 2, Scene 5), 1677
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hpodotoc · 2 years
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J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine, Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine. De quoi m'ont profité mes inutiles soins ? Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. Tes malheurs te prêtaient encore de nouveaux charmes. J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes. Il suffit de tes yeux pour t'en persuader, Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.
Racine Jean, Phèdre (Act 2, Scene 5), 1677
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hpodotoc · 2 years
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Ah ! cruel, tu m'as trop entendue ! Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur. Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur. J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime, Innocente à mes yeux, je m'approuve moi-même, Ni que du fol amour qui trouble ma raison, Ma lâche complaisance ait nourri le poison. Objet infortuné des vengeances célestes, Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes.
Racine Jean, Phèdre (Act 2, Scene 5), 1677
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