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Les réseaux sociaux
entre émerveillement et terreur
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La technologie, et son développement rapide, suscite de grandes émotions, allant de l’émerveillement à la terreur. La prise de parole sur les réseaux sociaux participe de ce débat entre la fascination d’une parole libre et la peur du pouvoir destructeur de l’extrême polarisation. Entre les deux, des voix s’élèvent, soit pour remettre en perspective l’impact réel des réseaux sociaux sur nos sociétés, soit pour réclamer des lois et autres mesures pour mieux les encadrer.
Les controverses et les échanges polarisants foisonnent sur les médias sociaux qui les amplifient à la manière d’un porte-voix. Or, des études statistiques démontrent que ces opinions partagées sur les réseaux sociaux ne sont le fait que d’une petite minorité qui forme, certes, « une voix de l’opinion publique dont nous devons tenir compte, leur " micro "étant particulièrement audible. Mais ils ne sont pas l’opinion publique » (Giguère, 2019). Ces données tendent à dédramatiser les angoisses que la parole déchaînée sur Internet engendre. Pourtant, nombre d’événements sociaux et politiques survenus à l’internationale ces dernières années ravivent ces angoisses. Par exemple :
[En] France, l’assassinat en octobre 2020 du professeur d’histoire Samuel Paty après une violente campagne de haine en ligne, et aux États-Unis l’assaut de manifestants pro-Trump sur le Capitole en janvier 2021, en partie planifié via Facebook et Twitter (Nocetti, 2022).
La prise de parole polarisante sur les réseaux sociaux ne serait ainsi le fait que de quelques individus au profil psychologique bien défini : des individus ayant de grands besoins de reconnaissance, de stimulation, d’expression de leur individualité, de connexion avec autrui et de sentir qu’ils ont le pouvoir d’influer sur le monde (Giguère, 2019). La majorité des gens se contenteraient plutôt de consulter le contenu disponible sur ces plateformes sans y contribuer eux-mêmes. Il est néanmoins possible d’inférer que ces contenus peuvent avoir un effet d’influence sur ceux qui les consultent. Le rôle politique des médias sociaux n’est plus à prouver. Ils facilitent le regroupement de personnes autour de sujets divers et leur mobilisation autour de revendications. Apparaît ici une première face d’Internet, positive, « voire prométhéenne, censée favoriser ou du moins fluidifier la démocratie » (Nocetti, 2022), la faisant passer de représentative à participative et collaborative. Mais cette démocratie se heurte à une deuxième face d’Internet, « plus récente, vectrice de désordre et, plus largement, d’aliénation de nos sociétés au discours acéphale que génèrent les réseaux sociaux » (Nocetti, 2022) alors que leur structure algorithmique favorise la diffusion de fausses nouvelles à une vitesse fulgurante au détriment des informations vraies, soit six fois plus vite (Nocetti, 2022).
Il convient donc d’accorder le juste niveau d’attention à cette parole polarisante qui hurle sur les réseaux sociaux en reconnaissant qu’elle n’est représentative que d’une frange de la société, mais il faut aussi savoir reconnaître le pouvoir de déstabilisation que ces réseaux font peser sur la vulnérabilité de nos démocraties.
BIBLIOGRAPHIE
NOCETTI Julien, « Internet contre la démocratie ? », Questions internationales, 2022/3-4 (n°113-114), p. 122-128. DOI : 10.3917/quin.113.0122. URL : https://www-cairn-info.acces.bibl.ulaval.ca/magazine-questions-internationales-2022-3-page-122.htm
GIGUÈRE, Alain (2019, 26 fév.). « Non, les médias sociaux ne sont pas le reflet de la société ». L’actualité [journal], sur le site lactualite.com. Consulté le 14 avr. 2024. https://lactualite.com/societe/non-les-medias-sociaux-ne-sont-pas-le-reflet-des-opinions-de-la-societe/
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