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double-croche1 · 10 months
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[LOCARNO 2023] SÉLECTION
La 76ème édition du Festival de Locarno, qui se déroulera du mercredi 2 au samedi 12 août, a annoncé sa sélection. On y retrouve notamment ‘Yannick’ le film récemment annoncé par surprise de Quentin Dupieux, ‘Best Secret Place de nos chouchous Jonathan Vinel et Caroline Poggi avec notamment Vimala Pons, Vincent Macaigne et Félix Maritaud, ainsi que ‘Nous les barbares’ et ‘Rainer - A Vicious Dog in Skull Valley’ de Bertrand Mandico qui avec ‘Connan’ complèteront son ‘Cycle barbare’ (‘The Barbarian Cycle’). COMPÉTITION INTERNATIONALE
Films datés : 02/08 : ‘Yannick’ de Quentin Dupieux 27/09 : ‘N'attendez pas trop la fin du monde' de Radu Jude Films non datés : ‘Essential Truths of the Lake’ de Lav Diaz ‘The Vanishing Soldier’ de Dani Rosenberg ‘Home’ de Leonor Teles ‘Sweet Dreams’ d'Ena Sendijarevic ‘L’Image permanente’ de Laura Ferrés ‘Lousy Carter’ de Bob Byington ‘Animal’ de Sofia Exarchou ‘Critical Zone’ d'Ali Ahmadzadeh ‘Nuit obscure – au revoir ici, n’importe où’ de Sylvain George ‘The Invisible Fight’ de Rainer Sarnet ‘Mangfa O’Terra’ de Basil Da Cunha ‘Patagonia’ de Simone Bozzelli ‘El Auge del humano 3’ d'Eduardo Williams ‘Rossosperanza’ d'Annarita Zambrano ‘Stepne’ de Maryna Vroda COMPÉTITION CINÉASTES DU PRÉSENT Films non datés : ‘Family Portrait’ de Lucy Kerr ‘Camping du lac’ d'Eléonore Saintagnan ‘Excursion’ d'Una Gunjak ‘Dreaming & Dying’ de Nelson Yeo ‘La Morsure’ de Romain de Saint-Blanquat ‘Ein schöner Ort’ de Katharina Huber ‘On the Go’ de Marie Gisèle Royo et Julia de Castro ‘Rapture’ de Dominic Sangma ‘Rivière’ de Hugues Hariche ‘Todos los incendios’ de Mauricio Calderon Rico ‘Negu hurbilak’ de Colectivo Negu ‘Und dass man ohne Täuschung zu leben vermag’ de Katharina Lüdin ‘Whispers of Fire & Water’ de Lubdhak Chatterjee ‘Touched’ de Claudia Rorarius ‘West Border’ de Yan Luo PIAZZA GRANDE Films datés : 23/08 : ‘Anatomie d’une chute’ de Justine Triet 25/10 : ‘The Old Oak’ de Ken Loach Films non datés : ‘L’Étoile filante’ de Fiona Gordon et Dominique Abel – film d’ouverture ‘Continent magnétique’ de Luc Jacquet ‘La Paloma’ de Daniel Schmid ‘Dammi’ de Yann Mounir Demange ‘La Bella estate’ de Laura Luchetti ‘La Voie royale’ de Frédéric Mermoud ‘Première affaire’ de Victoria Musiedlak ‘Smugglers’ de Ryoo Seung-wan ‘Non sono quello che sono – The Tragedy of Othello di W. Shakespeare’ d'Edoardo Leo ‘Falling Stars’ de Richard Karpala et Gabirle Bienczycki ‘Theater Camp’ de Molly Gordon et Nick Lieberman ‘Cuvari formule’ de Dragan Bjelogrlic ‘Shayda’ de Noora Niasari – film de clôture FUORI CONCORSO Film daté : 29/11 : ‘Conann’ de Bertrand Mandico Films non datés : ‘Best Secret Place’ de Caroline Poggi et Jonathan Vinel ‘Nous les Barbares’ de Bertrand Mandico ‘Bonjour la langue’ de Paul Vecchiali ‘5 hectares’ d'Emilie Deleuze ‘Lovano Supreme’ de Franco Maresco ‘Mademoiselle Kenopsia’ de Denis Côté ‘Mimi – Il principe delle tenebre’ de Brando de Sica ‘Ricardo et la peinture’ de Barbet Schroeder ‘Procida’ de Leonardo di Constanzo ‘What Remains’ de Ran Huang ‘Triggered’ de Richard V. Somes A&B
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double-croche1 · 10 months
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[INTERVIEW] JULIE BYRNE
Son nouvel album ‘The Greater Wings’ est sublime. Rencontre avec la talentueuse artiste américaine Julie Byrne pour parler de ce disque, de renaissance personnelle et de poésie.
Est-ce que tu avais des idées précises de ce que tu voulais quand tu as commencé l’écriture pour ‘The Greater Wings’ ? Julie : Non, nous ne l’avons pas approché avec une vision conceptuelle. On a juste continué à travailler dessus et avec le temps, il est devenu ce qu’il est maintenant. 
Ton précédent album ‘Not Even Happiness’ (2017) est sorti il y a six ans. A quel moment tu t’es concentrée sur ce nouvel album ? Julie : J’ai commencé à écrire la première chanson en 2016 quand je vivais encore dans le quartier du Queens à New York. A ce moment-là, ce n’était que la structure de guitare. Je n’avais pas de paroles sur mes chansons pendant très longtemps. La première chanson a été Flare. Dans les années de tournée pour mon album précédent ‘Not Even Happiness’, je n’ai quasiment rien écrit. Ce n’est qu’après les tournées que je me suis lancée dans un déménagement vers Los Angeles après avoir vécu sur la route. J’ai conduit une voiture du Texas à Los Angeles avec toutes mes affaires. Les premières imageries en termes de paroles sont venues de cette traversée en voiture. 
Plusieurs chansons du nouvel album traitent de l’été, du soleil ou encore de l’idée de l’envol. Est-ce que tu penses que ce sont des éléments importants du disque ? Julie : C’est une question intéressante. Pour le soleil, c’est un plaisir simple d’incarnation de ressentir le soleil sur sa peau. J’ai grandi dans un climat très froid au niveau du lac Érié près de Buffalo dans l’Etat de New York. C’est peut-être pour cela que j’ai une relation particulière avec l’été parce qu’il peut être si bref dans cette région du monde. Le titre de l’album ‘The Greater Wings’ contient l’idée de l’envol mais il est plus interne. Sur les vingt-deux os du crâne humain, il y en a un au centre qui s’appelle l’os sphénoïde. Il a une forme très complexe et inhabituelle. Il ressemble à un papillon avec les ailes ouvertes. J’ai pu comprendre cela via mon amie Emily Fontana. C’est une écrivaine et elle était en formation de massage thérapeutique. Elle s’entraînait sur moi et quand elle a mis ses mains sur mes tempes, elle m’a dit qu’elle recouvrait mes « greater wings ». Il y a tout de même un sens de l’envol dans cette expression, mais cette notion n’est pas présente dans son sens premier.
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Est-ce qu’il y a d’autres inspirations externes que tu pourrais nommer ? Julie : J’ai trouvé beaucoup d’inspiration dans le fait d’aimer comme il faut, dans des moments éphémères entre mes amis et moi. J’ai pu expérimenter cela lorsque j’étais seule également. Une bonne partie du disque vient de la romance, de l’amitié et d’essayer d’aller de l’avant dans la vie ensemble. Sur l’album, il y a une chanson instrumentale Lightning Comes Up from the Ground et sur le reste du disque, on a pu entendre plus de synthétiseurs et de harpe que dans tes précédents disques. Est-ce que tu peux nous en parler ? Julie : Les synthétiseurs sont des choses qu’Eric Littmann a apportées dans ma vie. [Eric Littmann a été un fidèle ami et collaborateur de Julie Byrne, il a co-écrit la quasi-totalité des chansons de ce nouvel album et en a co-enregistré la moitié avant de décéder tragiquement à 31 ans.] C’est à travers sa présence et son influence que le son de mon œuvre a évolué à partir du moment où il en a fait partie. Le fait d’avoir des chansons uniquement centrées autour des synthétiseurs a été une chose que nous avons développée ensemble au cours du temps. C’est aussi via Eric que nous avons commencé à travailler avec la harpiste Marilu Donovan. Elle a fait la tournée avec nous pour mon précédent album ‘Not Even Happiness’ et quand le moment est venu d’enregistrer le nouvel album, nous avions espoir qu’elle soit une des principales musiciennes, ce qui a été le cas.
Est-ce que tu as pu jouer les nouveaux morceaux en concert ? Julie : Je suis en pleines répétitions à l’heure actuelle ! Je vis avec ces chansons en ce moment même. Nous allons adapter l’album à la performance live mais nous avons envie de rester fidèles à ce qu’il est autant que possible. 
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Crédits photo : Tonje Thilesen Quand a été ta dernière visite à Paris ? Julie : Cela a été pour l’anniversaire de Laetitia Tamko, alias Vagabon [notre interview par ici], qui est une de mes meilleures amies et elle sortait en 2019 son premier album éponyme. Un des concerts pour fêter la sortie de son album était à Paris [au Hasard Ludique, le 24 octobre 2019].  Les pochettes de ton nouvel album et des singles sont très soignées, avec notamment une belle typographie. Comment a notamment été choisie la photographie de la pochette de l’album ? Julie : Cette photographie a été prise sur le parking de l’aquarium de Coney Island au sud de Brooklyn. Je faisais une séance photo avec un.e de mes ami.es proches Tonje Thilesen. J’avais fait plusieurs séances photo avec cet.te artiste par le passé. Nous étions également proches avec Eric. On est allés à Coney Island et on a décidé de prendre des photos sur place. J’ai fini par me mettre sur le toit de ma voiture, probablement à travers les instructions de Tonje. Eric s’asseyait sur la place du passager dans la voiture. J’ai vendu cette voiture depuis mais je suis contente que ce moment existe d’une certaine façon. Tu as sorti une seule vidéo pour l’instant, pour le morceau Summer Glass. Pourrais-tu nous parler de sa conception ? On t’y voit notamment faire des gestes chorégraphiés. Julie : Cette vidéo a été dirigée par Le'Andra LeSeur, un des amours de ma vie. C’est une vidéaste, poète et professeure incroyable ! J’avais toujours espéré travailler avec elle. Elle a généreusement accepté. Je voulais faire cette vidéo avec quelqu’un que j’aimais et en qui j’avais confiance, et qu’on puisse voir l’endroit d’où la musique était venue. Elle voit à travers moi. Nous avons fini par enregistrer une bonne partie de la vidéo entre New York et Albuquerque dans l’état du Nouveau Mexique. Nous avons également incorporé des images d’archive de notre communauté. D’ailleurs, c’est drôle que vous m’ayez posé une question à propos de mon dernier passage à Paris pour l’anniversaire de Laetitia Tamko/Vagabon, il y a un extrait du clip de Summer Glass qui vient de cette nuit-là. On peut voir des étincelles de lumière et cela vient de là !
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Est-ce que ton travail a été influencé par des films ? Julie : J’ai peur que ma réponse soit un peu décevante parce que je regarde peu de films, au moins ces deux dernières années. En y réfléchissant, je pense néanmoins au film ‘The Rider’ de Chloé Zhao (2017), qui a aussi réalisé ‘Nomadland’ (2020). Je me suis beaucoup identifiée à l’histoire de ‘The Rider’. Je pense que cela suit une exploration très dépouillée de la réponse au deuil. ‘Nomadland’ parle également de cela à travers toutes les personnes que nous rencontrons au cours de ce travail de deuil. J’ai aussi toutes ces images de l’Arizona en tête. A propos de ‘The Rider’, j’avais cette histoire visuellement en esprit quand j’écrivais le morceau Death is the Diamond [morceau de clôture du disque et seul morceau à avoir été écrit après la mort d’Eric Littmann].  Les paroles de tes chansons sont très poétiques. Quelle est ta relation avec la poésie ? Julie : Ma relation avec la poésie est une relation d’honnêteté. C’est pour cela que la poésie a été si fondatrice pour moi. La poésie me permet de me transformer et de m’articuler dans un processus sans fin. Je pense que c’est une des premières choses que j’ai vraiment aimées. Je suis devenue une musicienne mais j’ai toujours été d’abord une poétesse. Est-ce que tu nous pourrais nous recommander un projet à suivre ? Julie : Je recommande vivement l'EP 'Verdant Banks' de Kamra (2021). Ils devraient sortir leur premier album cette année ! Crédits photo de couverture : Tonje Thilesen Le nouvel album de Julie Byrne ‘The Greater Wings’ est maintenant sorti et hautement recommandé !  A&B
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double-croche1 · 10 months
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[PLAYLIST] JUILLET 2023 (1/2)
En avant pour l'exploration avec la nouvelle playlist ! 🦑 LE LIEN : 🌀 https://tinyurl.com/2674msh9 🌀 Au programme : Slowdive / Anohni / Hand Habits / Youth Lagoon / Anna St. Louis / Julie Byrne / Saint DX / Kit Sebastian / Faye Webster / King Krule / Puma Blue / The Lemon Twigs / Chai / Woods / Motorama / Angelo De Augstine / Nicholas Allbrook / The Drums / Westerman / John Andrews & the Yawns / Moses Sumeny / Beach Fossiles / Devandra Banhart / Georgia Gets By / Jess Williamson / Mazey Haze / Sun Entire / Beck feat. Phoenix / Moodoïd / Paula / Jayda G EXCLU : Interview de Julie Byrne bientôt sur cette page ! 🌟 Crédits illustration :  ‘Les Herbes sèches' de Nuri Bilge Ceylan (en salles le 12 juillet) Bonne écoute ! ♬
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double-croche1 · 10 months
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[CONCOURS] JEUX EN COURS
On vous invite pour voir tous nos chouchous ces prochains mois à Paris : Connan Mockasin + Iceage, Buck Meek, U.S. Girls, Puma Blue, CHAI, Black Country, New Road, Alice Phoebe Lou, Gents et Mega Bog. Toutes les dates et salles concernées sont sur les affiches, froncez les sourcils et vous verrez ! Pour participer, deux petites étapes : 1) Likez notre page sur Instagram. 2) Commentez notre post sur Instagram avec le nom de l’artiste que vous voulez voir et en taguant la personne qui vous accompagnera. Et le tour est joué ! Chaque gagnant sera contacté par MP sur Instagram l’avant-veille du concert concerné. A&B
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double-croche1 · 10 months
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[PROGRAMMATION] PITCHFORK MUSIC FESTIVAL PARIS
Le merveilleux Pitchfork Music Festival Paris annonce 17 nouveaux noms et la répartition de ses deux soirées Pitchfork Avant-Garde pour sa douzième édition du lundi 6 au dimanche 12 novembre dans pas moins de onze salles à Paris. Les nouveaux noms : Cumgirl8, Dumb Buoys Fishing Club, Hagop Tchaparian, Haley Blais, hemlocke springs, Hyd, Jonah Yano, Leith Ross, Lutalo, Nourished By Time, Picture Parlour, Sam Akpro, Saya Gray, Special Interest, The Dare, Tkay Maidza et Vagabon. La programmation : Lundi 6 novembre Youth Lagoon @ Eglise Saint Eustache Dream Wife, Pillow Queens, Been Stellar @ Trabendo Mardi 7 novembre Namasenda, blackwinterwells, Hyd @ Petit Bain Mercredi 8 novembre Weyes Blood, Ichiko Aoba, Vagabon @ Salle Pleyel Crumb, Helado Negro, pablopablo @ Trabendo Mavi, Bawo @ La Place Jeudi 9 novembre Special Interest, Sam Akpro, Picture Parlour @ Petit Bain Ivorian Doll, Lojay, Bellah @ La Place Vendredi 10 novembre - Pitchfork Avant-Garde J1 * Jonah Yano, The Dare, Tkay Maidza @ Café de la Danse * MAFRO, Sofia Kourtesis, Memphis LK @ Badaboum * Eli Smart, eee gee, Kneecap, Hagop Tchaparian @ Pop-Up du Label * Water From Your Weyes, Ritchy Mitch & The Coal Miners @ Supersonic Records * Curriers, Cumgirl8, Fat Dog @ Supersonic * Medium Build, Kara Jackson @ Atelier Basfroi * Skinny Pelembe, Anjimile, Ray Laurel @ Les Disquaires Samedi 11 novembre - Pitchfork Avant-Garde J2 * Lana Lubany, bar italia, Hemlocke Springs @ Café de la Danse * Khakikid, venbee @ Badaboum * POiSON ANNA, Mercury, Dumb Buoys Fishing Club @ Pop-Up du Label * Girl and Girl, Lip Critic @ Supersonic Records * Bingo Fury, University, Militarie Gun @ Supersonic * Nourished By Time @ Atelier Basfroi * Sophie May, kid apollo, Lutalo @ Les Disquaires Dimanche 12 novembre Leith Ross, Haley Blais, Saya Gray @ Petit Bain Billetterie : https://bit.ly/3B1dmEe A noter que le concert initialement prévu de JAWNY le samedi 11 novembre dans le cadre du Pitchfork Avant-Garde est finalement annulé. Le festival aura également lieu à Berlin du mercredi 1er au dimanche 5 novembre et à Londres du mardi 7 au lundi 13 novembre avec des programmations spécifiques. Pitchfork Festival London : https://pitchforkmusicfestival.co.uk Pitchfork Festival Berlin : https://www.pitchforkmusicfestival.de A&B
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double-croche1 · 10 months
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[INTERVIEW CINÉ] IRA SACHS
Le magnifique nouveau film ‘Passages’ du réalisateur américain Ira Sachs est maintenant en salles, après sa sélection à la dernière Berlinale. On a eu la chance de rencontrer Ira Sachs à Paris, alors que le film faisait l’ouverture du Champs-Elysées Film Festival.
Quelles ont été vos premières idées pour ‘Passages’ ? Ira : Je voulais faire un film très intime à propos des relations. J'avais envie d'un triangle amoureux dans l'histoire, ce que j'avais déjà fait par le passé. Cela apporte un aspect dramatique intéressant. J'ai vu ‘L'Innocent’ de Luchino Visconti (1976), qui a été son dernier film. J'ai été très attiré par l’actrice Laura Antonelli, notamment par son corps. J'étais intéressé, en tant qu’homme gay, par le fait qu'on peut avoir une idée fixe de la sexualité, alors que c'est une chose mouvante. J'étais conscient de cela. C'est ce qui a donné le germe de l'idée de ce couple homosexuel, avec un des hommes ayant une relation avec une femme. Ce qui est intéressant, c'est que cette notion est devenue secondaire dans le film. L'orientation sexuelle des personnages a peu d'importance par rapport à leurs actions. C'est un film d'exualité [syndrome affectant la personne récemment séparée qui consiste à trouver son "ex" plus séduisant que jamais], d'événements et d'actions. Cela ne parle pas de théorie et d'identité. C’est aussi lié à un changement générationnel entre mon expérience et celle des acteurs dans le film, avec l'émergence du terme queer en tant qu'existence ouverte. Tout cela était intéressant pour moi Est-ce que l’action du film devait se passer à Paris dès le départ ? Ira : Ce n’était pas le cas dans la première version du scénario, mais très rapidement nous avons situé l'action à Paris. C’était très facile pour moi parce que j'avais eu des expériences amoureuses ici, dont des ruptures. J'ai pleuré et j'ai également fait l’amour à Paris ! (Rires) Je ne peux pas dire cela de beaucoup de villes.
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Est-ce que la décision de tourner à Paris a eu une influence sur le scénario ? Ira : Bien sûr. C’est ma façon de faire. Il y a toujours un scénario de base que j'écris avec mon co-scénariste Mauricio Zacharias. On a écrit une première version ensemble, puis au moment du tournage cela devient un nouveau scénario basé sur le processus de création du film. Par exemple, le travail du personnage de Ben Whishaw vient du fait que j’ai découvert le studio Idem dans le 14e arrondissement et j’ai inséré cela dans le film [Idem Paris est une réelle imprimerie d'art dans le quartier de Montparnasse à Paris]. J’ai également découvert l’histoire des Apaches, ces gangsters parisiens du début du XXe siècle [les apaches sont des bandes criminelles du Paris de la Belle Époque (1871-1914)], et c’est devenu le film que fait le personnage de Franz Rogowski. J'ai lu une fois que Jean Renoir a dit : « Quand tu fais un film, garde la fenêtre ouverte et laisse entrer le monde. » J’essaie de me mettre dans cette situation. Est-ce que vous trouvez encore des idées de scénario pendant le tournage ? Ira : L'acteur John Lithgow et moi avons fait le film ‘Love Is Strange’ (2014) ensemble. Il m'a dit que le challenge de travailler avec moi est que je veux être totalement libre, mais que je veux aussi que les acteurs disent les répliques comme elles sont écrites. (Rires) Je dirais que le film suit le scénario à 90% mais les 10% restants sont très importants. Dans ces 10%, il y a notamment des éléments de la scène d’ouverture et de celle du déjeuner avec les parents. Il y a ces moments où le scénario disparaît et la scène continue. Tu penses que c’est toujours possible, mais cela ce n’est pas le cas. C'est arrivé dans ces scènes par exemple. La scène d’ouverture est surprenante comparée au reste du film. Comment vous l’avez conçue ? Ira : C'est à vrai dire la scène qui m’empêchait de dormir la nuit. Je savais qu’il fallait capturer quelque chose d’authentique et il y avait le risque que cela ne fonctionne pas. Pour cette séquence, le scénario était basé sur un documentaire du tournage de ‘Police’ de Maurice Pialat (1985). On a par exemple utilisé dans le film une conversation entre Maurice Pialat et un figurant. On a fini par travailler avec deux caméras et chaque caméra pouvait à la fois filmer et apparaître à l’écran. Quand je tourne une scène, j’essaie de créer quelque chose qui a tous les éléments de la réalité pour qu'il n'y ait en fait aucune réalité à créer parce qu’elle existe déjà. On tournait ainsi réellement un film dans cette scène !
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En tant que spectateur, c'est également une des seules scènes dans le film où on peut voir Tomas dans son travail de réalisateur. Ira : Mon producteur Saïd Ben Saïd m'a fait remarquer qu'Eric Rohmer ne montre jamais ses personnages en train de travailler, même si on connaît leurs professions. Il faut donc donner juste suffisamment d’informations pour que le travail soit tangible sans y donner trop d'attention. C’est un équilibre intéressant qu'on a essayé de créer.
Le travail des personnages a son importance dans les relations de domination qui régissent ce triangle amoureux, que ce soit au niveau économique ou culturel. Par exemple, Tomas et Martin semblent vivre dans un confort matériel plus important qu’Agathe. Pour ce qui est de l’aspect culturel, il y a notamment la scène où Agathe vient dans leur maison de campagne et qu’elle rencontre leur entourage. Ira : Vous parlez de la scène de film d’horreur, en mode « sors de la maison » ? (Rires) Vous avez tout à fait raison. Avec mon co-scénariste, nous avons beaucoup pensé au film ‘Le Droit du plus fort’ de Rainer Werner Fassbinder (1975) à cause de cette relation entre un couple bourgeois et cet homme issu de la classe ouvrière. Il y a un peu de misogynie dans le traitement d'Agathe dans le film, ce qui, je pense, peut parfois être ancré dans certaines communautés gay. Cette violence me semble possible. Par ailleurs, j'ai dit à un journaliste que j'avais déjà dormi dans cet hôtel en 1972 [l’interview s’est déroulée dans un hôtel luxueux près des Champs-Elysées]. Je l’ai dit avec un peu de malice : « C’est drôle que je revienne ici cinquante ans plus tard en tant que cinéaste. » Et le journaliste m’a répondu : « Vous étiez donc riche. » J’ai pâli parce qu’il a compris mieux que moi ce que je disais réellement, à savoir que je venais d’un milieu privilégié. Les romans restent très formateurs pour moi. Les romans du XIXe siècle notamment parlent beaucoup du fait que les classes sociales sont des personnages et que le drame vient des corps.
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En plus de ces aspects économiques et culturels, le personnage de Tomas semble également jouer d’une forme de domination émotionnelle. On ne sait pas toujours s’il est conscient qu'il fait du mal aux autres. Ira : Pour moi, il est sous certains aspects sociopathe [un sociopathe est un individu qui souffre d'un trouble de la personnalité antisociale]. Je sais que cela n’est pas très intéressant de définir les gens mais je pense que les personnes sociopathes sont souvent à la limite d’être vraiment diagnostiquées comme telles. Je pense qu’on peut penser que Tomas éprouve de réels sentiments. Il n’est donc pas psychotique [les troubles psychotiques affectent le fonctionnement du cerveau en modifiant les pensées, les croyances ou les perceptions]. Dans deux scènes du film, Tomas fait des révélations à son conjoint de manière tout à fait impromptue : « J’ai passé la dernière nuit avec une femme » et « Agathe est enceinte ». La façon dont le personnage fait ces deux révélations est étonnante ! Ira : Dans le film ‘L'Innocent’ de Luchino Visconti (1976) dont je vous ai parlé plus tôt, il y a exactement cela ! C’est un film en costumes au tournant du XIXe siècle. Le privilège de cet homme aristocratique est parfaitement aligné avec celui du personnage de Tomas. Il fait exactement la même chose que lui dans le film ! Il y a trois scènes de sexe dans ‘Passages’. Chacune est très identifiable : plus ou moins romantique, brute ou même joueuse. Comment vous faites au moment du tournage pour que la scène véhicule l’intention que vous voulez donner ? Ira : Pour les scènes de sexe, on se repose beaucoup sur les acteurs et on ne sait pas ce qui va se passer jusqu’au moment du tournage. Quand cela fonctionne, on se sent si soulagés parce qu'on n'aurait pas pu construire seul ce que les acteurs te donnent. J'avais confiance en eux. Ces scènes sont les plus improvisées parce que les acteurs écrivent des dialogues et de la narration sans mots. Le sexe au cinéma est assez ennuyeux quand rien ne se passe. Des choses se passent ici dans la narration du sexe et de la passion. Tous les détails sont écrits par les acteurs et non par moi. Je ne crois pas en Dieu mais dans de telles situations, tu as la foi qu'un miracle va arriver !
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Comment s’est passée l’alchimie entre vos trois acteurs principaux, qui sont exceptionnels dans le film ? Ira : Franz Rogowski a dit quelque chose d’intéressant à propos du film et je peux maintenant dire que c'était mon intention. Cela a même été le cas tout au long de ma carrière. Il a dit : « Quand on regarde le film, on alterne entre regarder Tomas, Agathe et Martin, et regarder Franz, Adèle et Ben. Tu as l’impression de regarder les deux à la fois. » C’est l’intimité que je recherche, parce que d'une certaine façon, un film de fiction est une forme de documentaire. On regarde des gens qui se révèlent à nous. Le plaisir voyeuriste réside dans cette révélation. Le film contient beaucoup de souffrance et des émotions brutes, mais le tournage a été très bienveillant et doux.  On peut ressentir dans le film un sentiment de bienveillance entre les personnages, même quand ils se font du mal. Ira : Oui ! Et cela existait également entre les acteurs. Dans une des scènes, Agathe chante Le Temps des cerises, dont une des versions les plus connues a été celle d’Yves Montand en 1955 [à écouter par ici]. Pourquoi avez-vous choisi cette chanson ? Ira : Il y a une scène dans ‘La Maman et la putain’ de Jean Eustache (1973) où le personnage de Bernadette Lafont met un vinyle et écoute une chanson révélatrice [Les Amants de Paris d’Edith Piaf (1956), la scène est à (re)voir par là]. Cela m’a donné envie de me plonger dans toutes les chansons françaises que j’avais sur mon ordinateur et je suis tombé sur Le Temps des cerises. C’est drôle, parce que je sais maintenant que c'est une chanson très engagée. [Les paroles ont été écrites en 1966 par Jean Baptiste Clément. Bien que lui étant antérieure, cette chanson est devenue l'hymne de la Commune de Paris, l'auteur étant lui-même un communard ayant combattu pendant la Semaine sanglante (21-28 mai 1871, période la plus meurtrière de la guerre civile de 1871 et signant la fin de la Commune de Paris). Cette chanson a été dédiée en 1882 par son auteur à Louise, une ambulancière morte à Paris pendant la Semaine sanglante.] Adèle Exarchopoulos m’a dit qu’elle ne savait pas chanter et je lui ai répondu que c’était parfait. (Rires) Comme nous n’avions pas fait de répétitions, la première fois que je l'ai vue chanter a été au moment du tournage. La scène la représente donc chez elle en train de répéter. J’aime cette idée que c’est Adèle Exarchopoulos qui répète cette chanson chez elle. C’est presque aussi intime que ce qu’on voit dans le film.
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En chantant cela, Agathe fait une performance artistique. C’est à ce moment-là que Tomas lui dit qu’il est amoureux d’elle. On pourrait ainsi le comprendre comme si l’aspect artistique chez Agathe était la seule chose qui manquait chez elle aux yeux de Tomas. Ira : C’est intéressant que vous disiez cela. C’est le sommet romantique et aussi le dernier moment vraiment heureux dans le film. Les acteurs pensaient qu'ils jouaient une histoire d’amour, mais je savais que nous n'étions qu’à la page 20 du scénario. Le reste du film est très différent. Mon film préféré de François Truffaut est ‘La Peau douce’ (1964). C’est un triangle amoureux entre un homme, sa femme et une hôtesse de l’air jouée par Françoise Dorléac. Ce film a été un échec commercial. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi ce film n'avait pas été un succès, François Truffaut a répondu : « C’est un film qui commence mal et tout s’étiole à partir de là. » (Rires) J’aime beaucoup cela ! L'autre principale scène musicale du film est celle de fin avec Tomas sur son vélo avec la mélodie de La Marseillaise. Ira : C’est une pièce de jazz du saxophoniste américain Albert Ayler. Pour être honnête, je n'ai pas reconnu que c’était la mélodie de La Marseillaise jusqu'à ce le film soit fini. J'aimais juste la cacophonie de cette pièce. Albert Ayler était un musicien brillant et libre, bien que son histoire soit tragique. [Il a été retrouvé le 25 novembre 1970 noyé dans le port de New York à trente-quatre ans. Il s’agirait vraisemblablement d’un suicide.] Patrice Chéreau avait utilisé sa musique dans son film ‘L’Homme blessé’ (1983). La bande-originale de ce film est très mémorable pour moi. Au montage, nous l’avons écoutée à nouveau et nous avons trouvé ce morceau. Je pense qu'elle représente l’ambiance du film d’une certaine façon. [Le morceau d’Albert Ayler Spirits Rejoice (La Marseillaise) est à ré-écouter par ici dans sa version intégrale de 10 minutes].
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Cette scène clôt le film. Vous saviez que vous alliez finir le film de cette façon ? Ira : Non, c’est un des exemples pour lesquels je me suis rendu compte que Franz Rogowski est un cycliste extraordinaire et qu'il aimait pédaler à New York. Il se disait lui même être sans peur et assez stupide dans sa conduite ! (Rires) Je voulais que le film se termine avec de l’action. J'ai simplement bénéficié de son talent de cycliste. C’est une scène très physique. On a également pensé au film ‘Mauvais Sang’ de Leos Carax (1986) avec Denis Lavant sur sa moto et Juliette Binoche courant sur la piste d’aéroport. Il y avait cette énergie qui m'excitait. Franz Rogowski est allé à 35 km/heure dans les rues de Paris pendant quatre ou cinq heures pour cette scène ! C’est presque une course olympique. Cette scène est une des rares scènes d’extérieur du film. Comment vous avez travaillé sur les lumières dans les scènes d’intérieur ? Ira : Ma directrice de la photographie Josée Deshaies est géniale et son éclairagiste Marianne Lamour est merveilleuse. Je leur ai demandé de considérer la lumière dans chaque scène comme la possibilité d’une émotion. Je pense qu’elles ont rempli cette tâche avec succès. Crédits photo de couverture : Jeong Park ‘Passages’ d’Ira Sachs est maintenant en salles et hautement recommandé ! Pour retrouver notre interview de Franz Rogowski, c’est par ici. A&B
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double-croche1 · 10 months
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[INTERVIEW CINÉ] FRANZ ROGOWSKI
Notre acteur préféré est allemand et s’appelle Franz Rogowski. Par ses choix audacieux et son interprétation à chaque fois exceptionnelle, il s’est imposé pour nous comme un chouchou de premier plan. Alors qu’on l’a vu récemment dans le galvanisant ‘Disco Boy’ de Giacomo Abbruzzese, on le retrouve demain dans le magnifique ‘Passages’ d’Ira Sachs. Nous l’avons rencontré à Cannes alors qu’il faisait partie du jury de la Semaine de la Critique 2023. Nous avons lu que pour le rôle de Tomas dans ‘Passages’, le réalisateur Ira Sachs t’a parlé de l’acteur James Cagney (1899-1986) qui était notamment connu pour ne pas avoir peur de devoir mal se comporter. Ton personnage Tomas a deux relations en parallèle, qui peuvent blesser chacun des deux amants, sans forcément qu’il en prenne conscience. Par ailleurs, Tomas est par moments peu aimable. Comment était ton approche du personnage par rapport à cela ? Franz : Vous avez tout à fait raison sur le fait qu’Ira est fasciné par James Cagney. Il y avait aussi l’aspect de la bonne personne et de la mauvaise qui se mélangent ensemble, dans un effet qui ne te permet pas en tant que spectateur d'avoir une expérience simple de ta propre morale ou de lire une histoire. Qui est le bon ? Qui est le mauvais ? Où est-ce que je me positionne ? C’est quelque chose dont on a parlé et qui nous a inspirés dès le début. Pour moi en tant qu’acteur, je n’ai jamais essayé de jouer quelqu’un qui a envie que des mauvaises choses se produisent. Tomas est un homme qui veut être aimé, qui veut aimer. Il veut vivre. Il a peut-être des difficultés à s’aimer lui-même et donc il lutte souvent dans ses relations avec les autres. Il a du mal à voir le tableau complet, il est tellement piégé dans le présent et ses désirs personnels. C’est très facile de le juger et de le voir comme une personne égocentrique et malveillante mais je trouve qu’en fait les personnages de ‘Passages’ aspirent tous à la même chose : ils veulent que leur vie soit épanouie, ils veulent vivre et aimer. Ils ont tous besoin d’intimité et être aimés tels qu’ils sont.
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Dans ‘Passages’ (2023) d’Ira Sach avec Adèle Exarchopoulos Il y a peut-être aussi un aspect immature chez Tomas : il veut tout, ne gère pas bien la frustration et manque de confiance en lui. Il y a une scène notamment où en tant que réalisateur, il parle de la première projection de son film qui était une catastrophe et va voir Martin pour que ce dernier le rassure malgré les événements récents qui les a distancés l’un de l’autre. Est-il un enfant pour toi ? Franz : Je crois qu’il y a un enfant dans chacun de nous. L’enfant en Tomas est peut-être un peu plus visible. Je peux comprendre cela. J’essaie souvent de me rapprocher de l’enfant qui est en moi et de le protéger pour être mon propre père, mais ça ne marche pas ! On a tous besoin d’un véritable père. Dans ‘Passages’, est-ce que tu vois un peu de toi dans le personnage de Tomas ou c’est un personnage différent de qui tu es comme personne ? Franz : Je me le demande !
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Dans ‘Passages’ (2023) d’Ira Sachs avec Ben Whishaw Il y a une importante part physique dans les récents films dans lesquels tu as joué : du sexe dans ‘Passages’, de l’entraînement militaire et de la danse dans ‘Disco Boy’ [2023, notre interview du réalisateur Giacomo Abbruzzese par ici] et tu as notamment du perdre pas mal de poids pour ‘Great Freedom’ [2022, notre interview du réalisateur Sebastian Meise par là]. D’ailleurs, il y a une scène dans ‘Disco Boy’ où on te voit en entraînement militaire faire des tractions assez aisément sur une barre horizontale. C’était vraiment toi ou il y avait un trucage ? Franz : C’est un mélange, un peu des deux ! (Rires) Est-ce que cet aspect physique est un élément important quand tu choisis un rôle ? Franz : Non, je ne cherche pas particulièrement à choisir des rôles qui soient très physiques. Néanmoins, on a tous un corps qui bouge dans le temps et dans l’espace et quand en tant qu’acteur je contribue à un film, ce que je peux faire est de structurer le temps et l’espace avec mon corps. J’ai tendance à traduire des émotions en actions. J’ai une petite allergie envers les paroles qui exprimeraient ton monde intérieur en expliquant ton état mental, tes ambitions ou tes motivations. On voit souvent des conversations dans les films qui ne consistent qu’en informations qu’un scénariste a besoin de mettre dans une scène pour que les gens comprennent ce qui se passe. J’ai toujours aimé l’espace indéfini où en tant que public, on a besoin de décider où on se positionne et ce qu’on ressent par rapport à ce qu’on voit. Souvent, j’essaie de ne pas donner de réponse à ce que ressent le personnage ou quel est l’objet d’une scène donnée, mais je crée un espace où les choses pourraient résonner. C’est une approche physique. L’espace est toujours en trois dimensions.
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Dans ‘Great Freedom’ (2022) de Sebastian Meise avec Thomas Prenn Tu penses d’abord à l’aspect physique et après à la façon d’interpréter les paroles ? Franz : Cela dépend du personnage. Pour certains, ils ont un aspect physique si fort qu’on ressent beaucoup leur corps, alors que pour d’autres ce sera plus dans la tête ou dans le cœur, ou dans la douleur. Je ne pense pas que j’ai une méthode, mais je suis toujours moi-même. Comment appréhendes-tu les scènes de sexe ? Nous savons que c’est une question sensible. Franz : Aucun souci. C’est aussi un sujet sensible. Imaginez comment le sexe peut être sacré mais aussi terrifiant parfois. Créer cet espace exprès devant une caméra et une équipe, c’est une chose à laquelle vous ne vous habituerez probablement jamais à moins d’être une star du X. On essaie des choses au tournage. Par exemple telle position peut ne pas convenir car tu es trop exposé. On fait cela étape par étape et on finit avec une sorte de chorégraphie dans laquelle on se sent en sécurité. Mais c’est une chose très bizarre à faire. Chaque fois, c’est une grande aventure. Dans ‘Passages’, ces scènes disent beaucoup de choses d’un point de vue narratif. Franz : C’est vrai ! Il y a tellement de façons de faire l’amour.
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Dans ‘Disco Boy’ (2023) de Giacomo Abbruzzese Dans tes deux derniers films ‘Passages’ et ‘Disco Boy’, tu es à Paris ! Tu parles un peu français dans chacun des deux. Ces deux films ont été faits par des réalisateurs étrangers : Ira Sachs est américain et Giacomo Abbruzzese est italien. As-tu déjà envisagé de faire un film avec un réalisateur français ? Quelle est ta relation au cinéma français ? Franz : Oui ! En Europe, le cinéma français est très important. La concentration de cinémas à Paris est assez unique aujourd’hui. L’importance du cinéma en France est quelque chose d’assez impensable dans la plupart des pays. Même aujourd’hui après la pandémie et une assez difficile pour le cinéma, je suis toujours impressionné par combien de personnes vont au cinéma voir des films de façon hebdomadaire. C’est merveilleux à voir ! Evidemment, il y a des acteurs et réalisateurs incroyables en France avec qui je rêverais de travailler. Vous avez une culture très puissante en matière de cinéma. Le système dans lequel on vit est assez différent des Etats-Unis. On n’approche pas vraiment son réalisateur préféré. En fait, c’est plutôt un modèle où tu lis des scripts et tu choisis le meilleur que tu puisses atteindre. Je ne voudrais pas citer un nom en particulier. J’aimerais travailler ici, mais je ne me concentre pas sur une nationalité en particulier quand je choisis un script. Cela pourrait être dans ton jardin ou dans une île éloignée, on ne sait jamais vraiment quand cela apparaît ! Les deux films ‘Disco Boy’ et ‘Passages’ ont été tournés dans la foulée à Paris ? Franz : Oui ! C’était assez intense, parce que j’ai fini ‘Disco Boy’ où j’étais ce mec rigide, musclé et tendu. Puis je suis devenu dans ‘Passages’ un homme qui a un code de conduite et un comportement complètement différents, qui vit avec un autre homme. C’était un changement assez rapide et drastique ! Mais c’est également un privilège de pouvoir expérimenter des physicalités si différentes l’une après l’autre. Le tout premier jour du tournage de ‘Passages’ était un peu bizarre. Tout le monde était encore en train d’arriver sur le tournage. Mais dès le deuxième jour, tout le monde était sur la même page. Faire un film, c’est toujours découvrir au fur et à mesure ensemble. Même si tu te prépares autant que tu veux, c’est aussi à propos de faire des erreurs ensemble pour comprendre ce que tu veux vraiment et ce que tu recherches. Un réalisateur va toujours devoir faire des compromis, dans une certaine mesure, avec la réalité, mais en contrepartie la réalité, quand tu la laisses entrer, va apporter tellement d’autres couleurs à ton script que tu en sors gagnant. Dans ‘Passages’ tu parles un peu français. Dans ‘Disco Boy’ tu joues un biélorusse qui parle russe et français. Est-ce que le fait de parler dans d’autres langues est quelque chose de libérateur pour toi ou au contraire de plus contraignant ? Franz : Un peu des deux. D’un côté, j’aimerais m’exprimer de manière un peu plus éloquente. Je ressens la limitation même là maintenant à essayer de m’exprimer avec vous en anglais, à constamment devoir surmonter cette barrière du langage. D’un autre côté, quand tu joues, tu mets toujours des couches de fiction sur toi. Ce que tu dis est fictionnel et ce qui est réel est qu’il y a des phrases. Si la phrase est dite dans une autre langue, cela souligne le fait que c’est comme un objet qui participe dans la scène. La phrase ne m’appartiennent pas à moi, mais au film. Parfois, parler dans une langue étrangère ajoute un peu à cet élément.
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Dans ‘Passages’ (2023) d’Ira Sachs Il y a quelques scènes qui ont été tournées et qui ont été coupées au montage pour ‘Passages’ ? Franz : Je ne crois pas trop. Il a jeté deux ou trois scènes pour une raison de rythme, pour maintenir une certaine allure, mais peut-être que je ne suis pas la bonne personne à qui poser cette question, parce que je suis presque dans toutes les scènes. Souvent quand on est un acteur secondaire, cela peut parfois être une surprise. Tu es venu une dizaine de jours et tu n’es pas dans le film. Par rapport à cela, il y a un élément amusant dans ‘Passages’ qui est que tu joues toi-même le rôle d’un réalisateur d’un autre film. Le film s’ouvre d’ailleurs sur cet autre tournage ! Est-ce qu’Ira Sachs t’a donné des indications précises à ce sujet, vu qu’il est lui-même un réel réalisateur ? Ou est-ce qu’il fait la part des choses en te laissant aller à plus de liberté ? Franz : C’était une situation très amusante ! Je dirigeais une scène et lui me dirigeait en train de diriger cette scène ! Et moi je le dirigeais en train de me diriger, parce que j’étais un réalisateur ! (Rires) Je crois qu’on a fait un peu des deux : de la façon avec laquelle je voulais qu’on tourne et de celle qu’il voulait ! Pendant tout le processus, cela a été très collaboratif. Il y avait de l’espace pour de l’improvisation ? Franz : Parfois un peu, mais pas beaucoup. On avait un très bon scénario. La scène avec les parents, quand je quitte la table et que la conversation est finie, puis je reviens à table et que je finis la conversation, c’était une improvisation. Je savais que la scène était finie et qu’on l’avait, puis j’ai voulu rajouter certaines choses et finalement on l’a gardée dans le film !
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Dans ‘Passages’ (2023) d’Ira Sach avec Adèle Exarchopoulos Dans ‘Passages’, c’est un cocktail assez étonnant d’acteurs : tu formes un triangle amoureux avec le britannique Ben Whishaw et la française Adèle Exarchopoulos. Franz : Ira a créé un créé un groupe super fonctionnel de gens. Il nous a dit qu’il nous avait déjà en tête avant même d’écrire le scénario. On voulait tous y participer et on a vraiment apprécié travailler ensemble. C’était un choix évident pour moi. C’est aussi un peu le résultat d’une histoire de survie : Ira s’est beaucoup battu pour financer ce film, même s’il est très connu, qu’il avait été à Cannes [son précédent film ‘Frankie’ (2018) était présenté en Compétition] et qu’il a été plusieurs fois à Sundance [ses trois premiers films ‘The Delta’ (1996), ‘Fourty Shades of Blue’ (2005) et ‘Keep the Lights On’ (2012) y étaient présentés]. De nos jours, c’est dur de financer ce genre de film indépendant. Son script avait été écrit à l’origine pour une histoire à Brooklyn à New York. Il ne pouvait pas trouver l’argent. Puis, il en a parlé avec le producteur français Saïd Ben Saïd [qui avait déjà produit le précédent film ‘Frankie’ d’Ira Sachs]. Il a cru au script et il lui a donc attribué cet argent. C’était dur d’obtenir assez d’argent car Ira est américain, Ben est britannique, la production et Adèle sont français et moi allemand. On est tous super reconnaissants et heureux qu’au final cela ait pu se concrétiser ainsi, mais l’histoire d’Ira a commencé bien avant et il a eu un long combat pour faire ce film. Il a du faire quelques compromis. Le long-métrage n’est pas seulement dans un autre ville, mais aussi dans un autre continent, dans la culture européenne. Je trouve que c’est un mélange très coloré de plein d’influences. Dans ce film, tu portes des vêtements assez exubérants : moulants, colorés et souvent dépareillés. Il y a juste un moment où au contraire tu es dressé de façon très formelle avec un costume. Est-ce que tous ces vêtements exubérants t’ont aidé pour entrer dans le personnage ? Franz : Ils étaie durs à porter, mais très aidants pour le personnage ! Notre costumière est une artiste incroyable. Elle était toujours là pour nous à nous aider. Elle créait des vêtements qui allaient nous inspirer. Je me souviens que j’ai eu les vêtements à notre première répétition ensemble. C’était très personnel, dès le départ. C’étaient mes chaussures, son pull, la veste d’un ami à elle... Peut-que les sous-vêtements étaient au producteur Saïd Ben Saïd, je ne sais pas ! (Rires)
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Dans ‘Ondine’ (2020) de Christian Petzold avec Paula Beer Nous pouvons parler du réalisateur allemand Christian Petzold [notre interview par ici]. Tu joues dans ses deux films ‘Transit’ (2018) et ‘Ondine’ (2020), avec d’ailleurs Paula Beer [notre interview par là] qui est également jury à Cannes cette année, dans la section Un Certain Regard. Tu n’es pas présent dans le nouveau film ‘Le Ciel rouge’ de Christian Petzold [présenté à la dernière édition de la Berlinale et qui sortira en salles française le 6 septembre prochain]. Tu savais d’emblée que tu ne serais pas dans le film ? Quelle est ta relation de travail avec Christian Petzold ? Franz : Je pense qu’on a eu deux films très intenses ensemble. On est fiers de ce qu’on a fait. J’ai entendu Christian dire plusieurs fois qu’il voulait tourner trois films avec Paula et moi. Je sens que ce dernier film ‘Le Ciel rouge’ n’était pas le bon troisième film pour finir cette trilogie. Je pense qu’on va retravailler ensemble, mais personne ne le sait. Il a besoin de trouver la bonne couleur pour sa prochaine peinture. Pour moi, ce n’était pas le bon rôle à jouer. On ne sait jamais. Il a deux ou trois scripts prêts. Je crois aussi que la pandémie a changé sa pensée. Celui qu’il voulait faire originalement était un peu trop lourd et les gens avaient besoin de quelque chose d’un peu plus léger et entraînant. Il a donc changé d’avis et a trouvé une histoire différente. C’est vrai que Paula est ici à Cannes, on aurait pu le faire ici ! (Rires)
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Dans ‘Une vie cachée’ (2019) de Terrence Malick Tu as fait une apparition dans le précédent film ‘Une vie cachée’ (2019) de Terrence Malick et tu as apparemment tourné un peu dans son prochain long-métrage ‘The Way of the Wind’. Tu peux nous dire quelques mots sur ton travail avec Terrence Malick ? Franz : C’était un grand plaisir de travailler avec lui. On s’est juste rencontré brièvement, mais c’était intense. On a gardé contact, on s’envoie des messages. Travailler avec Terrence Malick est quelque chose d’assez spécial. Tu ressens que ce mec te connaît après à peine 5 minutes. Comment fait-il cela ? C’est un peu un mentaliste ! (Rires) Il va entrer dans la scène alors que la caméra est en train de tourner et il va te murmurer quelque chose dans l’oreille. Il va te donner des notes le matin même avant de tourner la scène. Sur le tournage, il créé un espace très intime. Tu vois qu’il y a toute la machinerie, mais tu finis par tourner comme dans un film étudiant ! Une configuration simple. On cherche juste une belle lumière. Il est amoureux de l’heure bleue [plus d’infos par ici], du coucher et du lever de soleil. Souvent, on n’utilisait pas de lumière artificielle. On attendait que la magie opère avec la lumière naturelle. Je n'ai aucune idée de comment rendra son nouveau film [‘The Way of the Wind’], j’ai été sur le tournage uniquement deux ou trois jours. J’ai très hâte de le voir. Je crois qu’il est en montage / post-production depuis trois ans maintenant ! Je ne sais même pas si je suis dans le film. Dans tous les cas, je ne devrais pas le prendre personnellement. Il collecte des couleurs, des énergies et atmosphères. C’est différent d’un script où tu sais ce que tu vas faire. Ici, il y a beaucoup d’improvisation. Tu as commencé dans le théâtre. On a vu que tu avais notamment travaillé au théâtre expérimental Kammerspiele à Munich. Franz : Oui, j’étais là-bas dans un ensemble pendant deux ans mais c’est déjà il y a cinq ans maintenant. Il n’y a plus de spectacle prévu. Ma vie de théâtre a duré dix ans à tourner et à faire des représentations et chorégraphies. J’ai fait plein de choses différentes. J’ai fermé ce chapitre et je suis pleinement dans le cinéma désormais. Quand tu joues un rôle, est-ce que tu essaies de regarder dans ton passé pour interpréter le personnage ? Ou est-ce que tu te sépares complètement de ta vie privée ? Franz : J’essaie, je cherche dans le passé et le futur. Puis j’essaie d’être dans le ici et maintenant.
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Dans ‘Passages’ (2023) d’Ira Sachs avec Ben Whishaw Tu fais partie du jury de la Semaine de la Critique, qui a pour particularité de ne sélectionner que des premiers et deuxièmes films. Y a-t-il des réalisateurs dont tu te souviendrais du premier film ? Franz : J’ai peut-être vraiment tort, mais est-ce que ‘Sans toit ni loi’ (1985) était le premier film d’Agnès Varda ? Attendez je regarde. [Il sort son téléphone.] Oh mon Dieu, pas du tout en fait ! Elle l’a fait après une vingtaine d’années de films. (Rires) [Il s’agit de son huitième long-métrage de fiction.] J’aime beaucoup ‘Japón’ (2003) qui est le tout premier film du réalisateur mexicain Carlos Reygadas. [Son dernier film en date ‘Nuestro Tiempo’ (2018) était sélectionné en Compétition à la Mostra de Venise.] J’ai été très impressionné de voir à quel point ce film était élégant et mature pour un premier film. Cette semaine, on va voir plein de premiers films qui vont être super, j’en suis sûr. C’est si rafraîchissant ! C’est un lieu spécial dans lequel tu ne peux être qu’une fois dans ta vie, quand tu montres pour la première fois ton travail dans le grand monde. Tu fais ta déclaration. Les gens ne te connaissent pas. Tu as tous les choix, mais en même temps, il y a beaucoup de pression. Le fait déjà que ces personnes fassent leur premier film est dingue en soi. Qu’écoutes-tu comme musique en ce moment ? Franz : J’aime bien Mac Miller ! J’aime bien le rap, mais ça pourrait très bien être Jean-Sébastien Bach demain ! Quand tu as un rôle à jouer, est-ce que l’élément musical est important dans la préparation pour toi ? Franz : Non, je dirais que c’est plus après quand tu vois le film fini que parfois je me demande pourquoi il mettent autant de musique, pourquoi ils me font ressentir une émotion que je n’aurais peut-être pas sans cette musique. Ce n’est pas le cas dans ‘Passages’, mais de manière générale quand je regarde des films, je me dis que les bandes-originales ont souvent une tendance à manipuler le public. Un peu moins de musique de temps à autre serait une bonne chose. A la fin de ‘Passages’, tu fais du vélo triomphalement sur une version remodelée de La Marseillaise ! Le résultat est superbe ! Franz : Oui, c’était très amusant ! C’était aussi très fatiguant de faire du vélo comme cela toute la journée. Le plan final est moi en train de maintenir le rythme à côté du camion qui me filmait, le tout dans un trafic normal. J’étais un peu retardé, mais le résultat est super ! J’ai toujours fait du vélo et c’est une façon personnelle de vivre. Je peux me référer à cela, dans le fait de ressentir toutes sortes d’émotions en rentrant chez soi ou en allant chercher des réponses dans l’avenir. Crédits photo de couverture : Aurélie Lamachère // Semaine de la Critique 2023 ‘Passages’ sort demain en salles. Il est hautement recommandé ! A&B  
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[INTERVIEW] KIRIN J CALLINAN
L’australien déjanté Kirin J Callinan devait initialement sortir aujourd’hui son cinquième album ‘If I Could Sing’. Il a finalement décidé d’organiser à partir d’aujourd’hui et sur les prochaines semaines des sessions d’écoute impromptues à travers le monde. Il nous a parlé de la conception du disque, de culturisme et de cinéma. Ce nouvel album sort sur ton propre label Worse Records. C’est apparemment une filiale du label Terrible [The Voidz, Empress Of et anciennement Blood Orange] sur lequel étaient sortis tes précédents disques. Kirin : A l’origine, Worse Records était en effet affilié à Terrible. J’ai lancé ce label en 2021, mais je n’ai pas parlé aux gens de Terrible depuis quelques temps. C’est donc un peu bizarre. J’ai besoin de leur reparler. Mon manager de l’époque ne travaille plus là-bas maintenant. Il fait d’autres choses, il manage mon ami et némésis artistique Alex Cameron [qui est notamment présent sur son morceau Good Enough, nos interviews par ici et par là]. S’il manage Alex Cameron, alors il fallait que je m’en aille. Ton “némésis artistique” ? Vous n’êtes pas amis ? Kirin : Si, on est amis, mais c’est également mon némésis artistique. Je lui ai appris tout ce qu’il sait. Je plaisante, bien sûr ! (Rires) Il y a d’autres artistes que toi sur ton label Worse Records ? Kirin : J’ai fait trois sorties en dehors de moi-même : * L’album ‘Musique directe’ (2021) de Hubert Lenoir [l’artiste est également présent sur le morceau Young Drunk Driver du nouvel album de Kirin J Callinan] * L’album ‘Hijack!’ (2021) de Jack Ladder avec son projet Jack Ladder & the Dreamlanders. [L’artiste se produira le 28 juillet prochain au Point Ephémère.] Jack Ladder joue de la basse avec moi et on a fait ce nouvel album ‘If I Could Sing’ ensemble à Florence en Italie. * Le morceau NEW MUSIC FRIDAY™(𝔸𝕝𝕘𝕠𝕣𝕚𝕥𝕙𝕞&𝔹𝕝𝕦𝕖𝕤) du projet Seconds Flat. “Seconds flat” est une expression signifiant “en un clin d’œil”, les dernières paroles du morceau sont : “We wrote this song in seconds flat”. C’était un groupe que j’avais commencé à Los Angeles en 2019-2020 avec Mac DeMarco, Michael [Collins] de Drugdealer [notre interview par ici], Colin [Caulfield] de DIIV et Brad [Bowers] qui joue dans le groupe The Growlers et avec Sky Ferreira. Puis du fait du Covid, j’étais bloqué en Australie. Je ne savais pas quoi faire du projet et j’avais quelques chansons. Du coup, au lieu de faire la vidéo avec eux, j’ai fait appel à des mannequins masculins en Australie et on a monté un faux groupe ! La chanson était à propos d’un groupe se formant, créant cette chanson en quelques jours à peine jusqu’à ce qu’elle arrive dans la playlist “New Music Friday” de Spotify, ils font un bon concert et ils essaient de faire une seconde chanson et après une autre semaine ils se séparent. C’est donc la vie d’un groupe qui a duré deux semaines. La chanson est bien apparue dans la playlist “New Music Friday” ! (Rires) C’est Mac DeMarco qui avait trouvé ce nom “Seconds Flat”. On s’est dit que si on fait vraiment quelque chose avec ce projet dans le futur, alors on l’appellera “The Real Seconds Flat” ou “Seconds Flat Again” ! En 2021, tu avais sorti aussi des singles titrés You Are Going To Miss Me (When I Am Gone) et Dumb Enough. Proviennent-ils des sessions de ton nouvel album ? Kirin : Non, ce sont des chansons que j'avais faites à Los Angeles en 2018 avant de me lancer sur mon précédent disque ‘Return to Center’ (2019). Elles ne sont finalement sorties qu’en 2021. Je préparais cet autre album titré ‘Artifacts’ [jamais sorti]. Je creusais pour trouver ces anciennes mélodies et chansons qui ont toujours existé et je les rassemblais. J’essayais d’être un archéologue zen de chansons qui ne m’appartenaient pas et que je me trouvais être le premier à trouver. C’est pourquoi ces deux chansons sont du rock assez classique. J’en avais marre de faire de la musique un peu folle ou conceptuelle. Pourquoi ne pourrais-je pas faire des chansons comme Neil Finn ou Paul McCartney ? Mais la vérité est que je m’en suis finalement lassé. Cela m’est vite paru poussif et je n’étais pas inspiré. Je n’ai donc jamais fini ce projet. Je pense que c’était un peu trop cérébral. J’avais finalement besoin de spontanéité et de folie. C’est cela qui me maintient intéressé.
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Pourrais-tu nous décrire ton nouvel album ‘If I Could Sing’ ?  Kirin : Il peut être décomposé en deux parties : la première est très théâtrale et excitante et la seconde est bien plus introspective et triste. A la fin, ce sont un peu les différentes étapes du deuil. Cela devient assez réflectif sur le déni : il est un peu en colère au début, puis assez dépressif. Il y a peut-être de la rédemption, je n’en suis pas sûr. Je l’ai écrit en majorité en 2021, puis je l’ai mixé l’an dernier. Après j’ai pas mal voyagé. Je l’ai un peu oublié depuis et maintenant je le sors. Il parle aussi de certaines choses liées au Covid, ce qui aujourd’hui semble assez déconnecté. J’ai fait environ 26 démos de chansons, puis j’ai réduit cela à 10 chansons et j’en ai ajouté 2 autres à la dernière minute. J’ai presque de quoi faire un autre album entier, que je sortirai peut-être plus tard. Le premier single que tu as sorti pour ton nouvel album est ...in ABSOLUTES. Il est plus long et plus doux que tes autres morceaux. Il semble assez différent de ce que tu as fait auparavant, non ? Kirin : C’est la première chanson que j’ai finie pour cet album, bien avant le reste. J’avais déjà fait un peu la même chose pour mon album ‘Bravado’ (2017) où The Teacher [feat. Connan Mockasin] avait été finie de la même façon bien avant, en 2015. Cette fois aussi, cela m’a pris bien plus de temps que je pensais pour finir l’album. La différence est que je n’avais pas mis The Teacher sur le disque à l’époque, ce que j’ai regretté depuis. Là j’ai retenu la leçon et j’ai placé ...in ABSOLUTES en avant-dernier morceau du disque car ce morceau est plus solennel. Cette chanson est plus proche de la musique que je faisais à mes débuts, avant mon album ‘Embracism’ (2013), avec des ballades faites de cordes imposantes. J’en ensuite voulu faire quelque chose d’un peu plus physique, violent et pop.
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Tu as déclaré sur les réseaux sociaux que ta musique est “100% autobiographique”. Sur le deuxième single Young Drunk Driver, tu dis : “Do you remember, 1st of September, we got pulled over?” [Qui pourrait se traduire par : “Tu te souviens le 1er septembre quand on nous a demandé de garer la voiture sur le côté ?”] Cela fait référence à un événement qui t’est vraiment arrivé et que quelqu’un pourrait comprendre ? Kirin : Oui, en fait c’est un événement qui m’est arrivé alors que j’étais avec Connan Mockasin. Lui et son père produisent leur propre bière artisanale en Nouvelle-Zélande et on a pas mal bu ensemble là-bas ! Je suis reparti en voiture chez les parents de mon ex-copine et j’ai été arrêté par la police. Je me suis dit que j’étais foutu et qu’on allait me renvoyer en Australie. L’agent m’a fait souffler dans un ethylotest. Quand je l’ai fait, j’ai senti ce grand vent qui était mon ange gardien ! L’appareil n’a donc pas identifié que j’étais soûl et on m’a laissé partir ! C’est pour cela que je dis aussi dans le morceau : “Do you believe in angels?” [“Crois-tu aux anges ?”] (Rires) J’ai écrit les paroles du morceau peu de temps après cet événement. Je ressens cette présence d’anges, j’ai des signes que je vois tous les jours. Je crois en Dieu. On a remarqué deux choses dans la vidéo pour Young Drunk Driver : les personnes qui jouent le couple de personnes âgées ont le même nom de famille que le réalisateur et tu possèdes un t-shirt avec écrit dessus : “Mahne Frame shirts coming soon...”. Kirin : Oui exactement ! Ce sont les grands-parents du réalisateur Ollie Birt. Quant à Mahne Frame, c’est mon frère ! Enfin on a des pères différents... et des mères différentes aussi ! (Rires) C’est un artiste musical australien, il fait de la batterie avec moi. Il est super. Sinon, j’ai aussi une casquette “KIRIN”, qui est en fait un goodies de la marque de bière japonaise Kirin !
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A propos des t-shirts, tu as posté sur les réseaux sociaux des t-shirts à propos de concerts futurs à Paris, Londres, Rome et New York. On voit même Fishbach en porter un ! Tu as l’intention de venir jouer à Paris bientôt ? Kirin : Je lui en ai donné un en effet ! Oui, j’espère jouer d’ici la fin d’année à Paris. Le concert n’est pas encore booké pour l’instant. Sur l’album, tu as également un morceau titré The Ghost I Love the Most avec Fishbach [notre récente interview dans laquelle elle nous a parlé de Kirin J Callinan est à retrouver par ici ; Kirin J Callinan avait fait la première partie de son concert à l’Olympia en novembre dernier] ! Comment l’as-tu rencontrée ? Kirin : Elle connaissait ma musique et m’a contactée. Elle est géniale, elle a une voix très spéciale. Personne ne chante comme elle. Elle a un sens des mélodies et des refrains. Cela me semble très “français”. Cela pourrait provenir d’une autre époque. Elle a sorti une vidéo [pour son morceau Presque beau] où on la voit dans la forêt, habillée de façon médiévale. C’est comme cela qu’elle sonne ! Il y a trois featurings sur l’album : Young Drunk Driver avec Hubert Lenoir, The Ghost I Love the Most avec Fishbach et aussi un autre morceau avec le rappeur américain Naeem [sur son dernier album ‘Startisha’ sorti en 2020, figure notamment un morceau titré Simulation avec Justin Vernon de Bon Iver]. Ces trois collaborations ont été faites à distance. Pour chacune, ce ne sont pas vraiment des duos. Ce sont plutôt des chansons que j’avais et sur lesquelles je leur ai demandé d’ajouter quelques voix. Fishbach est celle qu’on entend le plus. Naeem rappe entre certaines de mes paroles et pour Hubert Lenoir, c’étaient surtout des “Wouhouhou” à l’arrière. (Rires) C’est un peu comme sur mon ancien album ‘Bravado’ (2017), où Weyes Blood et Sean Nicholas Savage chantaient de la même façon des petites choses que j’avais écrites.
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On peut parler de ton troisième single titré ANÆMIC ADONIS (you made me a promise). Il y a un effet sur ta voix dans ce morceau, n’est-ce pas ? Aussi, elle est plus en retrait par rapport au reste de la musique. Kirin : Oui il y a plein d’effets dessus, mais je l’ai aussi performée ainsi. Cela me semblait très naturel pour moi au moment de jouer un autre personnage. Souvent, la plupart des chansons sont dirigées par les paroles. J’aime les paroles dans les chansons, mais ici l’important était l’énergie. Si on avait des paroles plus élevées, alors on ressentirait que la musique est moins forte. Même si c’est le même volume en terme de mastering, c’est une question de relativité. Là on a volontairement souhaité donné plus d’importance aux instrumentations. J’ai réécouté une bonne partie de ma musique passée et je me suis dit que la voix est assez souvent trop élevée. Sans le savoir consciemment, je voulais être confiant et pop. Je ne voulais pas me cacher derrière quoi que ce soit, je voulais que ce soit audacieux et ambitieux. Adonis est un personnage dans la mythologie grecque. Il est humain et amant de la déesse de l’amour Aphrodite. Au début de la vidéo de ce morceau, on peut voir des statues grecques. C’est lui ? Kirin : Exactement ! Dans la vidéo, on a reconnu plusieurs références à des films de combat : ‘Rocky’ (1977) avec Sylvester Stallone, ‘Arnold le magnifique’ (1977) avec Arnold Schwarzenegger, ‘Perfect’ (1985) avec John Travolta et Jamie Lee Curtis ou encore ‘The King of the Kickboxers’ (1990). Kirin : Il y a aussi Jean-Claude Van Damme quelque part il me semble. Je n’ai pas fait la vidéo. D’habitude, quand je suis dans les vidéos, je suis plus impliqué dans le concept et avec le réalisateur. Celle-ci a été réalisée par ce jeune artiste vidéo nommé @KINGCON2K11, spécialisé dans l’intelligence artificielle. Il m’a envoyé une première version que j’ai ensuite commentée et puis une autre version qui était parfaite. Le visage ressemble un peu au mien, mais ce n’est pas du tout moi ! Il a été créé en intelligence artificielle. @KINGCON2K11 a aussi fait un teaser pour mon album. D’où vient cette idée de faire une vidéo principalement centrée sur des culturistes ? Kirin : En 2020 durant la période Covid, je suis beaucoup allé à la salle de sport pendant environ 6 mois. Je n’avais jamais fait cela avant. J’y allais cinq fois par semaine à 6h du matin. Cela a changé ma vie. Je me joignais parfois à un groupe de mecs, ou à deux ou trois personnes. On se parlait pas mal de nos histoires du moment. Parfois certains se mettaient à pleurer. La musique était à fond et chacun se donnait au maximum physiquement.
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Sur la pochette du nouvel album, on te voit torse nu avec ton tatouage “SFC” apparent. Que signifie-t-il ? Kirin : “Sydney Football Club” ! (Rires) Ce tatouage est également visible sur les pochettes de mes précédents albums ‘Bravado’ (2017) et ‘Embracism’ (2013). Sur la pochette arrière, il y a une carte de la Terre qui aurait supposément été trouvée dans un temple japonais bouddhiste et estimée à environ un millier d’années. Il y a notamment l’Australie et la Nouvelle Zélande dessus, on se demande comment les Japonais savaient cela il y a un millier d’années. C’est une carte très mystérieuse. C’est une Terre plate et vers l’extérieur on voit d’autres îles. [Plus d’infos par ici] Ça pourrait être un hoax [mensonge créé de toute pièce], mais je trouve cela très beau et j’aime beaucoup les théories de Terre plate, parce qu’il y a l’idée que c’est ta Terre et qu’elle peut avoir toute forme que tu voudrais qu’elle ait. J’aime les théories alternatives et qu’il y ait des mondes en dehors du notre qui sont mes chansons. Tu apparais souvent torse nu, voire complètement nu : sur la pochette de l’album et dans les vidéos de ...in ABSOLUTES et Young Drunk Driver. La vidéo de ton troisième single ANÆMIC ADONIS (you made me a promise) montre également des culturistes quasi tous torse nu. Ça fait beaucoup de nu ! Kirin : C’est vrai ! Souvent les gens parlent du fait que je suis tout le temps nu, alors que j’adore les vêtements en fait. Cependant, quand il s’agit d’une déclaration artistique, le fait de porter un vêtement dit quelque chose d’autre. Cela marque notamment une temporalité. Je cherche à atteindre une vérité pleine et entière. Quels sont les films que tu as vus récemment et aimés ? Kirin : Je vais vous en citer deux. Mon film préféré est ‘Dingo’ (1992) du réalisateur australien Rolf De Heer [son prochain film ‘The Survival of Kindness’ sortira en France le 27 septembre prochain et nous l’avons vu à la dernière édition de la Berlinale, notre chronique par ici]. C’est le seul film dans lequel apparaît Miles Davis. Il se déroule en Australie et à Paris. Il parle d’une ville fictionnelle reculée en 1969 nommée Poona Flat. Au début du film, il y a deux enfants d’environ 12 ans qui font un bras de fer et le gagnant a le droit d’embrasser la fille. L’un des enfants s’arrête et entend cette musique. Là on voit un énorme Boeing 747 qui vole au-dessus. Ils courent à la piste d’atterrissage en plein désert. Les locaux sont stupéfaits qu’un si gros avion atterrisse dans leur toute petite ville isolée. Et là Miles Davis sort de l’avion sur le tarmac avec son groupe de musiciens jazz de New York et Paris. Ils font une performance improvisée de jazz directement au pied de l’avion pour les gens locaux, qui sont très confus. Cet enfant John Anderson s’avance vers Miles Davis en disant que c’est la meilleure chose qu’il ait jamais entendue. Miles Davis lui conseille d’essayer de faire de la musique. Puis il remonte dans l’avion. Le film commence comme cela et c’est complètement dingue ! [La séquence à voir en intégralité par ici.] Vingt ans plus tard, John Anderson est toujours dans sa petite ville reculée et il chasse les dingos sauvages [race de chien très présente en Australie et en Asie du Sud Est] car ils tuent les moutons. C’est son boulot et il est marié à la petite fille du début, ils ont des enfants. A ses heures perdues, il joue de la trompette parce qu’il est inspiré par Miles. Il imite le son du groupe dans le désert au début. Chaque week-end il joue au pub local avec son groupe, mais personne ne le comprend vraiment. Il veut faire du jazz et le public souhaite entendre de la country. Il souhaite aller à Paris pour trouver Miles et voir s’il est assez bon pour y arriver. Il envoie ses démos à Miles à Paris. Je ne veux pas spoiler, mais à la fin il va à Paris pour retrouver Miles Davis ! Ce film est extra ! A moitié en français et à moitié en anglais. Pour ce qui est de l’autre film, j’ai vu récemment ‘La Nuit du chasseur’ (1955) de Charles Laughton, en noir et blanc. Ce long-métrage est assez terrifiant. La fin est assez bizarre. C’est comme si le studio avait modifié la fin, contrairement à l’avis du réalisateur. Mais le film est très cool. Un ami me l’a recommandé et j’ai adoré. Tu as joué récemment en tant que premier rôle dans un court-métrage titré ‘Kilter’ (2020) [de Rob Stanton-Cook, la bande-annonce à voir par ici]. Tu avais aussi eu un rôle dans la seconde saison de la série ‘Top of the Lake’ (2017) de Jane Campion. Kirin : J’ai joué un peu, oui ! Je suis des cours de théâtre en ce moment et j’aimerais obtenir plus de rôles. Cela demande beaucoup d’implication. C’est dingue de voir les gros acteurs avec le nombre de rôles qu’ils peuvent jouer, cela nécessite tant de préparation et surtout d’investissement émotionnel. Cela me sidère ! Kirin J Callinan organise à partir d’aujourd’hui et sur les prochaines semaines des sessions d’écoute impromptues de son nouvel album ‘If I Could Sing’ à travers le monde. Ces sessions seront annoncées avec un très court délai de prévenance. Plus d’infos à venir sur son compte Instagram concernant notamment d’éventuelles sessions parisiennes à venir. A&B
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double-croche1 · 11 months
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[INTERVIEW] HAND HABITS
Notre bien aimé.e Hand Habits dévoile aujourd’hui une superbe collection de six chansons intitulée ‘Sugar the Bruise’. Jamais deux sans trois, nouvelle interview avec cet.te artiste qui n’arrêtera pas de nous surprendre.
Pour retrouver les deux premières interviews qu’on a faites avec l’artiste, c’est par ici : * en 2017 pour l’album ‘Wildly Idle (Humble Before the Void)’ :  https://bit.ly/2Vdj6U6 * en 2019 pour l’album ‘placeholder’ :  https://bit.ly/2XJXDnT
Peux-tu nous dire comment tu as trouvé l’inspiration pour cette nouvelle collection de chansons ? Meg : Je n’avais pas vraiment de plan en terme d’écriture mais plutôt une palette que je voulais utiliser en studio. Je désirais travailler avec mon ami Luke Temple. J’avais fait une playlist de chansons avec des territoires que j'avais envie d’explorer au niveau sonore. Je ne me suis pas lancé.e dans l’écriture de ce disque avec des idées de thèmes ou quoi que ce soit. Je voulais juste voir ce qui allait sortir de moi-même. Composer, c’est déjà de l’improvisation en soi. Tu ne sais pas ce qui va sortir jusqu’à ce que tu l’explores par toi-même. Quand je suis allé.e en studio, je connaissais donc la palette que je voulais explorer et j’avais cette playlist avec Frank Ocean, Björk, Talk Talk, de la techno minimale, des albums de Warp Records et des bandes-originales de films. Je voulais de l’espace et de l’improvisation et m’éloigner d’une écriture traditionnelle. J’avais donc tous ces éléments et l’idée était d’en faire des chansons. Je me souviens que lorsque je suis allé.e en studio avec Luke Temple, soit Luke n’avait pas écouté ma playlist d’inspirations, soit il l’avait fait mais il m’a dit : « Est-ce qu’on n’essaierait pas d'utiliser plutôt deux guitares sèches sans effet ? » Et je lui ai répondu : « Ce n’est pas du tout ce qui m’a inspiré.e récemment ! » (Rires) On avait un nombre restreint de jours en studio. On avait seulement cinq jours pour la première session. Au début, j’étais frustré.e. Je fais souvent cela avec moi-même de me mettre dans des situations inconfortables et de trouver des moyens de m’en sortir. Les deux premiers jours ont été un challenge de ce point de vue parce que la palette n’était pas ce que j’attendais. Le troisième jour, je me suis réveillé.e et je me suis dit : « OK, je n’ai plus que trois jours, il faut que j’écrive des vraies chansons. » Cela s’est donc mis en place et Luke a beaucoup influencé les morceaux. Cela m’a allégé l’esprit pour pouvoir écrire les chansons que je voulais vraiment.
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Dans cette optique d’improvisation, tu ressens que pour ces chansons, tu as plus utilisé tes premières inspirations que par le passé ? Meg : Oui. D’habitude, je vais en studio avec des chansons que je joue parfois depuis des années. Je sais de quoi elles parlent et comment je veux qu’elles sonnent. Je sais comment elles commencent et comment elles finissent. Cette fois, j’ai fini des idées que j’avais mais qui n’étaient pas très avancées. J’ai voulu jouer plus avec cela et me laisser aller. C’était un challenge pour moi mais la façon dont j’ai approché cette collection de chansons a été différente. Je pense que c’est devenu un avantage en fin de compte.
Les morceaux Gift of the Human Curse et Andy in Stereo semblent tous les deux parler du fait d’écrire des chansons et de les jouer. Est-ce que ce choix de parler de la vie de musicien a été conscient pour toi ? Meg : Je pense c’était conscient parce que je l’ai fait, que je les ai enregistrées et que j’ai voulu les sortir. (Rires) Chaque choix sur l’album est conscient, que ce soit prémédité ou non. Je côtoie tellement d’artistes musiciens et je fais des tournées depuis près de dix ans, cela a un impact sur les choses auxquelles je pense comme la vie de musicien.
Sur la chanson Gift of the Human Curse, ta voix est d’ailleurs méconnaissable. Meg : Effectivement ! Je prends des hormones depuis près de quatre ans et cela a vraiment changé ma voix. J’ai fait mon premier album ‘Wildly Idle (Humble Before the Void)’ (2017) quand j’avais 27 ans. Je n’étais pas encore identifié.e comme transgenre à l’époque et je n’avais pas encore pris d’hormone. Je pense aussi qu’il y a plusieurs personnages en moi que j’ai envie d’explorer. Je m’autorise à être plus joueur.se. Je voulais jouer avec cette idée de qui je pense être en tant qu’auteur.e-compositeur.trice. Cela est souvent influencé par ce que pensent les autres de moi. On a l’opportunité de pouvoir être qui on veut et cela devient de plus en plus un challenge. En musique, c’est un des domaines où je me sens privilégié.e et en sécurité pour explorer qui je suis à un moment donné. J’ai voulu aller plus loin avec ma voix et ne pas juste rester dans une unique facette de moi-même. J’ai été défini.e comme une auteure-compositrice femme, ce qui n’est vraiment pas ce à quoi je m’identifie. J’ai envie d’étendre cette identité à ma voix d’une nouvelle façon. Cela a été très fun et libérateur à faire.
Qui chante les « lalala » à la fin du morceau. Meg : C’est encore moi !
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Crédits photo : Aubrey Trinnaman
La seconde moitié du morceau Andy in Stereo prend une tournure étonnante. Comment tu as écrit cette chanson ? Meg : Encore une fois, l’improvisation est une grande part de mon processus et cela m’apporte de la joie dans la musique. Peut-être que les gens ne s’en rendent pas compte en se basant sur mes albums en tant que Hand Habits mais j’ai un autre projet qui s’appelle yes/and et on a fait un album éponyme en 2021. La seconde moitié de cette album est de l’improvisation pure. Je fais de la musique expérimentale en ce moment avec mon ami Nick Sanborn. Donc Hand Habits n’est qu’une facette de mon écriture. Je l’ai montré dans Andy in Stereo et dans une grande partie de cet album. Il y a seulement deux chansons plus traditionnelles qui sont Something Wrong et Private Life, mais pour le reste, je voulais incorporer des influences de bandes-originales, de musique expérimentale et d’écriture non conventionnelle dans ma musique. Quand je fais des concerts, on a des sections d’improvisation et je joue de la guitare en essayant de créer des nouvelles sensations avec la musique. Andy in Stereo est venue comme cela, ça a été très fun. Il y a tellement de moments comme ça dans mes chansons qui ne sont pas sur mes albums et j’ai voulu les montrer un peu plus.
La dernière chanson s’appelle The Bust of Nefertiti. Dans les paroles, tu mentionnes que ce buste se trouve en Allemagne, ce qui est le cas. Il se trouve actuellement au Neues Museum à Berlin. La statue a été découverte par des archéologues allemands au début du 20e siècle et a ensuite été exposée dans plusieurs musées allemands. L’Egypte la réclame mais l’Allemagne n’a jamais voulu la lui céder. Comment as-tu pensé à écrire une chanson à propos de cette statue ? Meg : J’ai appris cela via une amie. Quand j’ai écrit la chanson, je n’avais jamais encore vu cette statue de mes yeux. Cette amie a ressenti beaucoup de choses en la voyant et cela a influencé son art. On collaborait beaucoup à l’époque. Je me souviens avoir vu une photo et elle m’a demandé si j’avais été au musée égyptien à Berlin. Je me souviens que la première pensée que j’ai eue a été : « Pourquoi le buste de Néfertiti se trouve en Allemagne ? » Cela ne faisait pas sens pour moi. Ne devrait-il pas être en Egypte d’où vient Néfertiti ? Comme je l’ai dit, pour plusieurs de ces chansons je ne les avais pas écrites avant d’arriver en studio mais plutôt au dernier moment en utilisant les éléments que je trouvais. J’ai donné un mois de cours d’écriture de musique en 2021 à la School of Sound [école en ligne d’écriture musicale dans laquelle ces autres artistes ont également donné des cours : Robin Pecknold de Fleet Foxes, David Longstreth de Dirty Projectors ou encore Buck Meek de Big Thief]. On m’a demandé d’aider des compositeurs pour dépasser leurs blocages et laisser les choses venir. J’ai été très influencé.e par Jeff Tweedy et son livre sur l’écriture de chanson ‘How to Write One Song’ (2020). J’ai aussi fait de la recherche littéraire sur le sujet. Il y a des instructions qui sont très simples et qui peuvent marcher. Mount Eerie a aussi écrit la chanson When I Walk Out of the Museum (sur l’album ‘Lost Wisdom Pt. 2’, 2019) à propos d’aller dans un musée. Je voulais incorporer dans mon art l'influence de l’art pictural. C’est la même chose pour Andy in Stereo et Gift of the Human Curse. Les gens, moi inclus, ressentent des choses dans l’art. Leonard Cohen parle souvent de cela dans ses chansons. C’est une chose commune en musique de rappeler aux auditeurs que les artistes font aussi l’expérience de l’art d’autres artistes et peuvent en être émus. J’ai pu voir le buste de Néfertiti à Berlin avant que je finisse la chanson. J’ai aussi voulu incorporer la fin du morceau qui est plus dance parce qu’à Berlin, la vie nocturne est si dynamique, avec le Berghain par exemple. J’ai pensé que c’était fun d’incorporer cela dans cette chanson. Je voulais qu’elle commence comme si on se baladait dans le musée, il y a cette rencontre avec la statue qui te déboussole, tu sors du musée pour aller au Berghain et tu fais la fête !
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Crédits photo : Ivanna Baranova
Comment as-tu fait cette partie dance du morceau ? Meg : Mon producteur Luke Temple a eu une influence énorme sur cette section. Il a un projet qui s’appelle Art Feynman qui est très dance. Il faisait des concerts hebdomadaires où il jouait des versions rallongées de ses chansons avec ce projet et les gens improvisaient dessus. Mon autre producteur Jeremy Harris connaît bien aussi les synthés. Une fois qu’on a entendu le motif rythmique du “four on the floor” [plus d’infos par ici] sur cette fin, cela a immédiatement fait sens. Quand j’ai écrit la chanson, cela ressemblait plus à du Leonard Cohen mais je voulais dépasser ma vision de compositeur.trice. Sur un album, on peut faire sonner la musique comme on veut. Je me suis dit : « Allons-y, amusons nous ! Il n’y a pas de règle. » Ce sera très fun de jouer ce genre de chansons en concert. Ça a aussi été une idée principale pour ces morceaux : « Comment je vais faire des chansons que je vais aimer jouer en concert ? » Perfume Genius venait de sortir l’album ‘Ugly Season’ (2022) et je joue dans son groupe. A la base, cet album est destiné à la danse pour un spectacle qui s’appelle ‘The Sun Still Burns Here’. Plusieurs de ces chansons sont dance. Sur une d’elles, je joue les bongos pendant les concerts. C’est de la musique de club et c’est super à jouer en live : c’est euphorisant, tout le monde danse et cela ne requiert pas autant d’attention émotionnelle pour moi. Je peux profiter de la musique dans son euphorie, plus que quand je chante à propos du deuil de ma mère. C’est un sentiment différent. Je venais de tourner pour mon album ‘Fun House’ (2021) où les chansons sont si personnelles et si littérales, demandant beaucoup de moi d’un point de vue émotionnel. Je me suis demandé ce que cela ferait si j’enregistrais des morceaux un peu plus fun et conceptuels. J’ai hâte de jouer ces chansons sur scène parce que je ne revivrai pas le deuil de perdre ma mère d’un suicide à chaque fois que je jouerai un concert. (Rires) Je suis excité.e de m’amuser avec ces chansons.
Les deux autres chansons sur le disque sont Something Wrong, qui est le premier single que tu as sorti, et Private Life. Selon nous, ces deux chansons semblent liées : au niveau des paroles, ce sont notamment les deux plus personnelles. Dans la première, tu te demandes s’il n’est pas étrange d’appeler quelqu’un ton ami.e, faisant vraisemblablement référence à une séparation. Et dans la seconde, tu parles d’une relation avec une femme qui a honte de le dire à sa mère. Est-ce que cette connexion entre ces deux morceaux est réelle pour toi ? Meg : Oui, assurément. Ce sont les deux chansons que j’avais écrites avant d’aller en studio. J’avais vécu avec depuis un moment, elles étaient un peu plus vieilles et elles ont été écrites de manière plus traditionnelle.
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Crédits photo : Aubrey Trinnaman
La dernière chanson dont on n’a pas encore parlé est The Book on How to Change Part 3. Il y avait déjà les chansons Book On How to Change sur l’album ‘Wildly Idle (Humble before the Void)’ (2017) et the book on how to change part II sur ‘placeholder’ (2019). Les deux premières contenaient des paroles alors que celle-ci est instrumentale. Peux-tu nous en dire plus sur leurs liens ? Meg : Les deux premières contiennent des paroles très personnelles. Sur cette nouvelle chanson, j’ai voulu que la musique parle d’elle-même. Perdre ma mère a influencé toute mon écriture et ces chansons sont directement liées à elle dans mon esprit. C’est mon moyen de lui rendre hommage et j’ai été intéressé.e cette fois de laisser la musique parler par elle-même. Je fais de la musique pour parler à ma place, je ne suis pas toujours doué.e avec mes mots. Pour celle-ci, j’ai ainsi voulu avoir de cet espace et laisser l’atmosphère être informée par la musique et non les paroles.
Est-ce que tu as vu des bons films récemment ? Meg : J’ai beaucoup aimé ‘Tár’ (Todd Field, 2023, notre interview du réalisateur par ici). C’était très beau, la mise en scène est incroyable. Sinon, j’ai vu peu de films récemment mais j’ai commencé à regarder ‘Stargate : La Nouvelle Génération’ (série crée par Gene Roddenberry, 1987-1994, 7 saisons). Je pense que c’est une des meilleures séries jamais créées. Cela me surprend à chaque épisode. Les couleurs sont incroyables et les costumes sont si cools.
Est-ce que tu aurais des groupes à nous recommander ? Meg : Olivia Kaplan est une artiste qui m’inspire beaucoup. Elle est en haut de ma liste. Gregory Uhlmann, qui joue dans mon groupe et dans celui de Perfume Genius, vient de sortir un nouvel album ‘Again and Again’ [le 28 avril dernier] qui est très beau. Vous connaissez peut-être déjà Claire Rousay. C’est de la musique experimentale emo et ambient. Et ML Buch, une musicienne danoise, je suis obsédé.e par son album ‘Skinned’ (2020). Crédits photo de couverture : Aubrey Trinnaman
La nouvelle collection de chansons ‘Sugar the Bruise’ de Hand Habits est maintenant disponible et hautement recommandée !
A&B
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double-croche1 · 11 months
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[PLAYLIST] JUIN 2023 (2/2)
On entre dans la danse avec la nouvelle playlist ! 💫 LE LIEN : 💃 https://tinyurl.com/yc5nz3xd 🕺 Au programme : Youth Lagoon / Cut Worms / Alice phoebe Lou / Beach Fossils  / Julie Byrne / Westerman / John Andrews & The Yawns / Helena Deland / Anna St. Louis / The Lemon Twigs / Nicholas Allbrook / John Parish feat. Aldous Harding / Motorama / Grian Chatten / King Krule / Antonin Appaix / Jayda G / Moodoïd feat. Laetitia Sadier / Sorry Girls / Locate S,1 / Beach House / Mega Bog / Daughter / Pégase feat. SLVY / Keep Dancing Inc. / Being Dead / Jimmy Whispers / Sarah Grace White / LA Priest / Weyes Blood Pour retrouver les interviews qu'on a faites avec les artistes présents sur cette playlist, c'est par ici : https://double-croche.com/interviews-1 https://double-croche.com/interviews-2 https://double-croche.com/interviews-3 Crédits illustration : ‘Passages' d’Ira Sachs (en salles le 28 juin) EXCLU : Interview de Franz Rogowski à venir ! Bonne écoute ! ♬
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double-croche1 · 11 months
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[PLAYLIST] JUIN 2023 (1/2)
Nouvelle playlist plus efficace que n’importe quel cachet ! 💊 LE LIEN : 🌀 https://tinyurl.com/4ytd4npe 🌀 Au programme : Anohni / Buck Meek / Youth Lagoon / Sofie Royer / Marci / The Lemon Twigs / Motorama / Hand Habits / Obongjayar / Kacey Johansing / John Andrews & The Yawns / Nicholas Allbrook / Westerman / Beach Fossils / The Drums / Beach House / Anna St. Louis / Antonin Appaix / King Krule / Kevin Morby / Jessy Lanza / kwes feat. Sampha & Tirzah / The Saxophones / Daughter / Claire Rousay & Helena Deland / Angel Olsen / Jess Williamson / Moodoïd with Prudence / Sorry Girls / The National Crédits illustration : ‘Sick of Myself’ de Kristoffer Borgli (en salles le 31 mai) Bonne écoute ! ♬
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double-croche1 · 11 months
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[CANNES 2023] NOTRE TOP
Le Festival de Cannes est désormais terminé. On a vu pas moins de 85 films (dont 19 sur les 21 de la Compétition), toutes catégories confondues ! Le classement de nos films préférés parmi ceux-ci, avec les dates annoncées de sortie en salles, ci-dessous :  1. ‘Eureka’ de Lisandro Alonso (CPR) 2. ‘Le Procès Goldman’ de Cédric Kahn (QC, 27/09) 3. ‘Anatomie d’une chute’ de Justine Triet (SOC, 23/08) 4. ‘Jeunesse (Le Printemps)’ de Wang Bing (SOC, 03/01/24) 5. ‘L'Enlèvement’ de Marco Bellocchio (SOC, 01/11) 6. ‘Les Feuilles mortes’ d’Aki Kaurismaki (SOC, 20/09) 7. ‘Fermer les yeux’ de Victor Erice (CPR, 16/08)  8. ‘May December’ de Todd Haynes (SOC) 9. ‘La Zone d’intérêt’ de Jonathan Glazer (SOC, 31/01/24) 10. ‘L'Eté dernier’ de Catherine Breillat (SOC, 13/09) 11. ‘The Sweet East’ de Sean Price Williams (QC) 12. ‘Los Delincuentes’ de Rodrigo Moreno (UCR, 27/03/24) 13. ‘La Grâce’ d’Ilya Povolotsky (QC) 14. ‘Only the River Flows’ de Shujun Wei (UCR) 15. ‘Les Herbes sèches’ de Nuri Bilge Ceylan (SOC, 12/07) 16. ‘Conann’ de Bertrand Mandico (QC, 28/11) 17. ‘La Chimère’ d’Alice Rohrwacher (SOC, 06/12) 18. ’La Fille de son père’ d’Erwan Le Duc (SM, 20/12) 19. ’Lost Country’ de Vladimir Perisič (SC, 11/10) 20. ‘Conte de feu’ de Weston Razooli (QC) 21. ‘Mars Express’ de Jérémie Périn (CPL, 22/11) 22. ‘Vers un avenir radieux’ de Nanni Moretti (SOC, 28/06) 23. ‘L’Autre Laurens’ de Claude Schmitz (QC, 04/10) 24. ‘Elémentaire’ de Peter Sohn (HC, 21/06) 25. ‘Banel & Adama’ de Ramata-Toulaye Sy (SOC, 30/08) 26. ‘Anselm, le bruit du temps’ de Wim Wenders (SS, 18/10) 27. ‘Le Règne animal’ de Thomas Cailley (UCR, 04/10) 28. ‘Simple comme Sylvain’ de Monia Chokri (UCR, 08/11) 29. ‘Ama Gloria’ de Marie Amachoukeli (SC, 30/08) 30. ‘Club Zéro’ de Jessica Hausner (SOC, 27/09) 31. ‘Linda veut du poulet !’ de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (ACID, 18/10) 32. ‘Si seulement je pouvais hiberner’ de Zoljargal Purevdash (UCR, 27/12) 33. ‘L’Amour et les forêts’ de Valérie Donzelli (CPR, en salles) 34. ‘La Mère de tous les mensonges’ d’Asmae El Moudir (UCR) 35. ‘Légua’ de Filipa Reis et João Miller Guerra 36. ‘The Feeling That the Time for Doing Something Has Passed’ de Joanna Arnow (QC) 37. ‘Augure’ de Baloji (UCR, 22/11) 38. ‘Les Colons’ de Felipe Galvez (UCR, 20/12) 39. ‘Vincent doit mourir’ de Stéphan Castang (SC, 15/11) 40. ‘De nos jours...’ de Hong Sang-soo (QC, 19/07) 41. ‘Merle merle mûre’ d’Elene Naveriani (QC) 42. ‘Dans la toile’ de Kim Jee-woon (HC, 08/11) 43. ‘The Old Oak’ de Ken Loach (SOC, 25/10) 44. ‘Monster’ de Hirokazu Kore-eda (SOC, 27/12) 45. ’Sleep’ de Jason Yu (SC) 46. ‘Occupied City’ de Steve McQueen (SS) 47. ‘Bonnard, Pierre et Marthe’ de Martin Provost (CPR) 48 ‘Goodbye Julia’ de Mohamed Kordofani (UCR, 08/11) 49. ‘L’Arbre aux papillons d’or’ de Thien An Pham (QC, 13/09) 50. ‘Chambre 999’ de Lubna Playoust (CC) 51. ‘Le Livre des solutions’ de Michel Gondry (QC, 13/09) 52. ‘Les Meutes’ de Kamal Lazraq (UCR, 19/07) 53. ‘Le Ravissement’ d’Iris Kaltenbäck (SC, 11/10) 54. ‘Little Girl Blue’ de Mona Achache (SS, 01/11) 55. ‘Creatura’ d’Elena Martín Gimeno (QC) 56. ‘Perfect Days’ de Wim Wenders (SOC, 29/11) 57. ‘Lost in the Night’ d’Amat Escalante (CPR, 04/10) 58. ‘La Fleur de Buriti’ de João Salaviza et Renée Nader (UCR) 59. ‘Le Syndrome des amours passées’ d’Ann Sirot et Raphaël Balboni (SC, 25/10) 60. ‘Un hiver à Yanji’ d’Anthony Chen (UCR, 22/11) 61. ’Power Alley’ de Lillah Halla (SC, 22/11) 62. ‘Asteroid City’ de Wes Anderson (SOC, 21/06) 63. ‘Une nuit’ d’Alex Lutz (UCR, 05/07) 64. ‘Les Filles d'Olfa’ de Kaouther Ben Hania (SOC, 05/07) 65. ‘Indiana Jones et le cadran de la destinée’ de James Mangold (HC, 28/06) 66. ‘Chroniques de Téhéran’ d’Ali Asgari & Alireza Khatami (UCR, 27/12) 67. ‘Acide’ de Just Philippot (SM, 20/09) 68. ‘Un prince’ de Pierre Creton (QC, 18/10) 69. ‘Déserts’ de Faouzi Bensaïdi (QC, 20/09) 70. ’Il pleut dans la maison’ de Paloma Sermon-Daï (SC) 71. ‘Rien à perdre’ de Delphine Deloget (UCR, 22/11) 72. ‘La Passion de Dodin Bouffant’ de Tran Anh Hung (SOC, 08/11) 73. ‘How to Have Sex’ de Molly Manning Walker (UCR, 15/11) 74. ‘Le Jeu de la reine’ de Karim Aïnouz (SOC, 28/02/24) 75. ‘A Song Sung Blue’ de Zihan Geng (QC, 06/12) 76. ‘Jeanne du Barry’ de Maïwenn (HC, en salles) 77. ‘Rosalie’ de Stéphanie di Giusto (UCR, 24/01/24) 78. ‘In Flames’ de Zarrar Kahn (QC) 79. ‘Hopeless’ de Kim Chang-hoon (UCR) 80. ’Tiger Stripes’ d’Amanda Nell Eu (SC, 13/03/24) 81. ‘The Idol’ (série, épisodes 1 et 2) de Sam Levinson (HC, 05/06) 82. ‘The New Boy’ de Warwick Thornton (UCR) 83. ‘Omar la Fraise’ d’Elias Belkeddar (SM, en salles) 84. ‘Hypnotic’ de Robert Rodriguez (SM, 23/08) 85. ‘Agra’ de Kanu Behl (QC) SOC : Sélection Officielle - Compétition UCR : Un Certain Regard CPR : Cannes Première CPL : Cinéma de la Plage HC : Hors Compétition QC : Quinzaine des Cinéastes SC : Semaine de la Critique SM : Séances de Minuit CC : Cannes Classics ACID : L’ACID Nos chroniques de ces films sont à retrouver dans les articles Daily #1 à #11 sur notre page dédiée.
A&B
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double-croche1 · 11 months
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[CANNES 2023] PALMARÈS
Le palmarès de la 76ème édition du Festival de Cannes a été dévoilé. Sélection Officielle - Compétition : Palme d'Or : ‘Anatomie d’une chute’ de Justine Triet Grand Prix et Prix Fipresci : ‘La Zone d’intérêt’ de Jonathan Glazer Prix du Jury et Mention spéciale AFCAE : ‘Les Feuilles mortes’ d’Aki Kaurismaki Prix AFCAE : ‘La Chimère’ d’Alice Rohrwacher Prix du jury œcuménique : ‘Perfect Days’ de Wim Wenders Prix de la Mise en scène : ‘La Passion de Dodin Bouffant’ de Tran Anh Hung Prix du Scénario et Queer Palm : ‘Monster’ de Hirokazu Kore-eda Prix d'Interprétation féminine : Merve Dizdar dans ‘Les Herbes sèches’ de Nuri Bilge Ceylan Prix d'Interprétation masculine : Kōji Yakusho dans ‘Perfect Days’ de Wim Wenders L’Œil d’or : ‘Les Filles d'Olfa’ de Kaouther Ben Hania Prix Cannes Soundtrack : Mica Levi pour ‘La Zone d’intérêt’ de Jonathan Glazer Un Certain Regard : Prix Un Certain Regard : ‘How to Have Sex’ de Molly Manning Walker  Prix du Jury : ‘Les Meutes’ de Kamal Lazraq Prix de la Nouvelle Voix : ‘Augure’ de Baloji Prix d’Ensemble : ‘La Fleur de Buriti’ de João Salaviza et Renée Nader Prix de la Liberté : ‘Goodbye Julia’ de Mohamed Kordofani Prix de la Mise en scène et L’Œil d’or : ‘La Mère de tous les mensonges’ d’Asmae El Moudir  Quinzaine des Cinéastes : Label Europa Cinemas : ‘Creatura’ d’Elena Martín Gimeno Prix SACD : ‘Un prince’ de Pierre Creton Caméra d’or : ‘L’Arbre aux papillons d’or’ d’An Pham Thien Semaine de la Critique : Grand Prix : ‘Tiger Stripes’ d’Amanda Nell Eu Prix French Touch du jury : ‘Il pleut dans la maison’ de Paloma Sermon-Daï Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation : ‘Lost Country’ de Vladimir Perisič Prix SACD : ‘Le Ravissement’ d’Iris Kaltenbäck Prix Fondation Gan à la diffusion : ‘Inchallah, un fils’ d’Amjad Al Rasheed Prix Fipresci : ‘Power Alley’ de Lillah Halla Prix Canal+ du court-métrage et Prix Découverte Leitz Cine : ‘Boléro’ de Nans Laborde-Jourdàa On a déjà vu la quasi totalité de ces films, nos chroniques Daily #1 à #11 sont à retrouver sur notre page dédiée. A&B
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double-croche1 · 11 months
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[CANNES DAILY #11] SAMEDI 27 MAI
‘Vers un avenir radieux’ de Nanni Moretti Compétition, sortie le 28/06 Après son très décevant ‘Tre Piani’ (2020), Nanni Moretti est de retour en forme dans son plaisant nouveau long-métrage ‘Vers un avenir radieux’ toujours en Compétition. On est certes dans un terrain assez connu du réalisateur italien (psychanalyse, Nanni qui joue lui-même le premier rôle accompagné par Margherita Buy). La réussite du film tient surtout à l’autodérision du réalisateur et sa conscience d’être en décalage du monde qui l’entoure, que ce soit du fait de son usure personnelle de la vie ou une passion intacte pour le cinéma qu’il voit péricliter (dans des clichés de genres cinématographiques ou de satisfaction d’un public mondialisé, qui serait prêt à sacrifier singularité pour coller à une réalité historique). Nanni joue avec lui-même et nous convie à ses facéties. Un bon cru. ‘May December’ de Todd Haynes Compétition, sortie le 24/01/24
Changement de registre pour Todd Haynes avec ‘May December’, trois ans après le film à charge ‘Dark Waters’ (2020). Attention, ‘May December’ est un soap opéra à prendre au second degré, au risque de passer à côté du film. Car s’il utilise tous les codes du genre de façon évidente (musique kitsch et répétitive, couleurs ouatées, acteurs proprets et osant le non/surjeu), c’est pour mieux tordre le coup à la culture américaine des « dents blanches » mortifères, au puritanisme daté et surtout à la mise en spectacle du fait divers. Julianne Moore rejoue ainsi une partition proche de celle de ‘Safe’ (1995) du même Todd Haynes qui la voyait confrontée à une peur clinique de la contamination de l’air, et Natalie Portman, nouvelle venue dans l’univers du réalisateur, joue habilement le rôle de l’actrice américaine à succès devenue un véritable robot sans âme, avec ce qu’il faut de sournoiserie et de surjeu. La beauté des plans, les sentiments romantiques appuyés et l’élégante musique kitsch nous ont fait penser par moments à l’ambiance intrigante des deux premières saisons de ‘Twin Peaks’. Un soap opéra de grande classe. ‘The Old Oak’ de Ken Loach Compétition, sortie le 25/10
Le cinéma de Ken Loach est souvent difficile à appréhender tant il est marqué par son engagement social (généralement ancré dans des milieux britanniques défavorisés) tout en choisissant le prisme de la fiction. Il ne fonctionne pas vraiment cette fois dans ‘The Old Oak’. L'artificialité du film se fait franchement ressentir, la faute à des situations archi-revues (le sabotage par les opposants au projet caritatif), incohérentes (le bar peu fréquenté qui se met tout à coup à afficher complet du jour au le demain) ou montées grossièrement en épingle (la mort du petit chien et du père). Néanmoins, louons chez le réalisateur sa foi en l’humain et sa prévalence de la solidarité, même si les ficelles sont un peu trop grosses ici. A&B
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double-croche1 · 11 months
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[CANNES DAILY #10] VENDREDI 26 MAI
‘L’Été dernier’ de Catherine Breillat Compétition, sortie le 20/09
Catherine Breillat effectue son retour à la réalisation dix ans après son précédent long-métrage avec ‘L’Été dernier’ présenté en Compétition. Si son sujet peut paraître commun, c’est dans le point de vue de la réalisatrice que le film est singulier : déjouant les attentes et créant un trouble persistant, notamment après sa fin abrupte, ‘L’Été dernier’ jouit de dialogues bien écrits et d’une interprétation merveilleuse de Léa Drucker, entre désir brûlant et froideur glaciale, et du débutant Samuel Kircher, (le frère de Paul Kircher notamment vu dans ‘Le Lycéen’ de Christophe Honoré et cette année dans ‘Le Règne Animal’ de Thomas Cailley) qui s’en sort avec honneur dans sa partition pourtant peu évidente. La radicalité de la mise en scène précise et mesurée a fini de nous convaincre.
‘La Chimère’ d’Alice Rohrwacher Compétition, sortie le 06/12
Pour son troisième film, notre réalisatrice chouchou Alice Rohrwacher est de retour en Compétition avec son poétique ‘La Chimère’. Comme dans ses précédents longs-métrages, la jeune femme met en avant toujours cette campagne italienne ensoleillée si seyante. L’histoire concerne cette fois un certain Arthur (interprété par le charismatique Josh O’Connor) qui possède un “don” lui permettant de ressentir la présence de trésors sous terre. Il entraîne donc avec lui un petit groupe de pilleurs de tombes. Le film dégage un charme fou et les images sont de toute beauté. Par contre, la narration n’avance quasiment pas et se contente de délivrer progressivement les informations sur le personnage par révélations successives (son “don” qui évolue vers autre chose, l’état de sa compagne Beniamina). Le caractère impressionniste du film, accompagné par une musique souvent entraînante (même les passages en “voix off” se font en chanson), laisse malheureusement une impression un peu confuse. Une légère déception vis-à-vis d’un tel potentiel. ‘La Fille de son père’ d’Erwan Le Duc Semaine de la Critique, sortie le 20/12
Le premier long-métrage d’Erwan Le Duc ‘Perdrix’ en 2019 nous avait déjà beaucoup plu. Le réalisateur français récidive avec brio avec ‘La Fille de son père’, comédie dramatique douce amère pleine de fraîcheur. Loufoque, pétillant et émouvant, le film suit une relation monoparentale père fille. La mise en scène, qui enchaîne les belles idées, et le rythme enlevé emportent tout sur leur passage, à commencer par notre adhésion. Le casting, dont la jeune Céleste Brunnquell, est excellent et participe à la singularité du film. Ne nous privons pas, ‘La Fille de son père’ est un film qui fait du bien !
A&B
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double-croche1 · 11 months
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[CANNES DAILY #9] JEUDI 25 MAI
‘La Mère de tous les mensonges’ d’Asmae El Moudir Un Certain Regard, prochainement
La jeune réalisatrice marocaine Asmae El Moudir nous raconte l’histoire douloureuse de sa famille lors des Années de Plomb (à partir de 1965) à Casablanca dans ce très beau film ‘La Mère de tous les mensonges’ présenté à Un Certain Regard. Le long-métrage s’intéresse notamment à l’effort de représentation : la rareté des photos de l’époque laisse place ici à de fabuleuses maquettes miniatures confectionnées artisanalement. Ce travail mémoriel associe les différents membres de sa famille avec en tête de proue la (grand)-mère à forte tête citée dans le titre. L’ensemble sonne plutôt juste et emporte notre adhésion. ‘Rien à Perdre’ de Delphine Deloget  Un Certain Regard, sortie le 22/11
Premier long-métrage pour la réalisatrice Delphine Deloget avec ce ‘Rien à Perdre’ peu intriguant. Le film narre le combat d’une mère dont le jeune enfant est placé en foyer contre le système judiciaire et administratif. Grosses ficelles, manichéisme (la gentille maman vs. la méchante institution) et dialogues peu inspirés, rien n’est très convaincant. Le casting est pourtant intéressant, entre Virigine Effira, Félix Lefebvre, Arieh Worthalter, India Hair ou encore Mathieu Demy mais la sauce ne prend pas. Instructif sur le sujet mais décevant sur ses questionnements. ‘La Passion de Dodin Bouffant’ de Tran Anh Hung Compétition, sortie le 08/11
Ce film possède bien des défauts : scénario rachitique, mise en scène sans inspiration et un mal fou à véhiculer de l’émotion. Le seul rôle avec un minimum de consistance est celui du protagoniste interprété par Benoît Magimel. L’acteur ne convainc même pas totalement, la faute à des dialogues très rébarbatifs qu’il est compliqué de délivrer sans que cela paraisse récité. Le long-métrage ne fait quasiment rien à part nous faire passer sous les yeux une suite interminable de plats certes particulièrement alléchants. On est très loin des sous-textes érotiques amusants dans les scènes de dégustation culinaire de ’Phantom Thread’ (2018), mais plutôt ici dans quelque chose d’affreusement chaste. En un mot : insipide. A&B
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double-croche1 · 11 months
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[CANNES 2023] REPRISES À PARIS
Si vous n’avez pas eu la chance d’aller au Festival de Cannes, pas d’inquiétude, plein de reprises sont déjà prévues à Paris ces prochaines semaines ! 🎥 Des chances uniques de voir les films plusieurs mois avant leur sortie ! ✨ Les informations par ici :
Du vendredi 26 au dimanche 28 mai : Sélection Officielle @ Pathé Opéra / https://www.pathe.fr/actualites/le-festival-de-cannes-dans-les-cinemas-pathe
Du dimanche 28 mai au dimanche 4 juin : Sélection Officielle @ MK2 Bibliothèque / https://www.mk2.com/evenement/cannes-au-mk2-bibliotheque
Du mercredi 31 mai au mardi 6 juin : * Un Certain Regard @ L’Arlequin / http://dulaccinemas.com/cinema/2625/l-arlequin/article/150796/reprise-de-la-selection-officielle-un-certain-regard-2023-a-paris * Un Certain Regard @ MK2 Quai de Seine / https://www.mk2.com/evenement/reprise-selection-un-certain-regard-en-salle
Du mercredi 7 au lundi 12 juin : Semaine de la Critique @ Cinémathèque / https://www.cinematheque.fr/cycle/semaine-de-la-critique-2023-1097.html
Du mercredi 7 au mardi 13 juin : * Quinzaine des Cinéastes @ MK2 Beaubourg / https://www.mk2.com/evenement/la-quinzaine-des-cineastes-2023 * Quinzaine des Cinéastes @ Louxor / https://www.cinemalouxor.fr/evenements/
Du mercredi 7 au dimanche 18 juin : * Quinzaine des Cinéastes @ Reflet Medicis / http://dulaccinemas.com/portail/article/150684/reprise-de-la-quinzaine-des-cineastes-au-reflet-medicis-cannes-2023 * Quinzaine des Cinéastes @ Forum des Images / https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/la-quinzaine-en-salle * Quinzaine des Cinéastes @ Le Méliès (Montreuil) / http://meliesmontreuil.fr/FR/94/lesfestivalsaumelies.html
A&B
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