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Croatian Amor - Isa (Posh Isolation, 2019)
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QU'on se le dise ISA = JESUS.
Hello voici un disque qui parle de jésus, de technologie, et d'humains.
Il commence avec des voix, des tas de voix, comme un patchwork de voix qui se déchirent et se brisent comme du verre. En fond, des anges. All angels meet again, c'est une phrase qui revient encore et encore. Ça flotte, c'est synthétique.
Des robots qui chantent avec de l'autotune, une boite à rythme d'ordinateur, des violons échappés de twin peaks. Vous n'avez pas l'impression vous, qu'un nouveau genre de musique est en train d'apparaitre, et que pas grand monde n'ose le dire, le théoriser, en parler à part quelques hurluberlus sur Tiny Mixtapes ?
C'est quoi ce style là, de musique d'ordinateur qui parle de cyborgs, de mutants et de fin du monde, qui ne ressemble à rien, qui pioche dans tout, le psychédélisme, la techno, la pop, la musique industrielle, et des milliards de petites niches venant se loger dans les interstices.
C'est la musique qui décrit le mieux le monde tel qu'il est aujourd'hui. On vit dans ce monde là, où la disparition de toute autorité morale ou spirituelle, entraine une explosion des formes d'expression, des modes de vie, des looks,
et donc on se pose dans sa chambre d'hôtel avec son petit macbook, on crée un projet vierge dans Live, et on essaie des tas de choses, des sons bizarres de toute origine, des effets improbables, on fait sa tambouille avec des samples de taylor swift et des kits de batterie téléchargés via bittorent, et puis on invite quelques copains comme Puce Mary ou Yves Tumor parce que c'est plus marrant de faire de la musique à plusieurs, et tout ça est guidé par la seule force valide et pertinente dans le monde de l'art et dans la musique en particulier : l'intuition.
On sent bien que cette musique est faite avec le ventre. C'est pas parce que des voix synthétiques peuplent ces pistes que c'est pas fait avec le ventre. Tout ça n'est que pure impression, sensation,
Il se trouve que lorsqu'on s'arrête 5 minutes et qu'on écoute ce que son ventre a à nous dire, ça fait peur.
Le monde court à sa perte. C'est triste. Tout ce que l'humanité a construit est sur le point d'être démoli, le beau comme le laid, le bien comme le mal. Sans parler de ce qui était avant que nous soyons. Notre intellect est submergé par la réalité tangible, les éboulements, explosions, incendies, inondations, mutilations. On sort de notre bulle pour la simple raison que celle ci a éclaté contre un mur plein de gros piquants rouillés dégueulasses.
Arca, Oneohtrix Point Never, Daniel Ferraro, Croatian Amor, Sophie, Elysia Crampton, Chino Amobi, Rabit, même Bjork parce qu’elle est toujours solidement ancrée à la proue. 
Ils nous racontent tous la même histoire.
Ce qui est intéressant, ce n'est pas leur description de l'effondrement, parce qu'il suffit d'écouter les infos pour en avoir le tableau le plus précis, à condition de savoir lire entre les lignes bien sûr. C’est plutôt leur exploration du champ des possibles qu’offre cette période pré apocalypique.
Le bonheur est possible, la beauté est possible, et les germes d'un nouvel âge d'or sont déjà là. Même en sachant que nous sommes tous condamné à mourir de faim ou d'ennui sur un bateau qui coule, nous sommes capables de créer de belles choses, de vivre de belles histoires, pour la simple raison que la beauté est consubstantielle au cosmos et elle en est probablement la vérité première. Le monde est beauté. C'est un message d'espoir. C'est pas du black metal. C'est chiant le black metal. Ici nous avons affaire à un nouveau Gospel, le véritable gospel mutant et syncrétique du 3e millénaire.
Certes c'est aussi une musique qui parle de solitude. Malgré quelques invités plus ou moins prestigieux (ça dépend où tu te situe sur l'échelle de la hype), c'est quand même le produit de longues nuits de bidouillages solitaire, dans l'obscurité, avec pour seul éclairage l'interface sobre et fonctionnelle d'une "digital audio workstation". Bref c'est pas très convivial. L'expérience de cette musique aussi, côté auditeurs, est éminemment solitaire. On ne parle pas en écoutant ça. On ne va pas au concert pour boire de la bière en dansant avec ses amis. Dans le meilleur des cas on invite quelques potes, on allume quelques bougies et on fait tourner un joint en disant peut être quelques mots entre deux chansons. C'est la solitude de l'humanoïde qui a fusionné avec ses appareils électroniques, et dont le rapport au monde est médiatisé par un système de collecte, de traitement et de restitution de données numériques.
C'est une musique numérique. Mais c'est pas un problème pour moi. Jeff Mills, Burial, et quelques autres, ont contribué à prouver qu'il était possible d'insuffler de l'âme à des machines. OK. L'homme possède ce pouvoir magnifique, d'animer tout ce qu'il touche. C'est peut-être qu'il n'est pas si spécial que ça. C'est ce que je crois. L'homme n'a pas plus été fait à l'image de dieu qu'un chat, qu'un poisson rouge ou qu'un caillou.
Dans tout ce bazar apocalyptique, les gens vraiment éveillés aboutiront à la révélation suivante, la même qui se transmet de génération en génération aux quatre coins du monde depuis l’aube de l’humanité : le cosmos est UN, nous participons tous de la même substance divine, et notre véritable but est d'accéder à la Conscience.
La mélancolie s'ancre tout autant dans le futur que dans le passé. Les buzzcocks chantaient : nostalgia for an age yet to come. C'est peut-être la meilleure manière de décrire ce disque de Croatian Amor.
C'est en tout cas ma conclusion provisoire.
Bye.
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Bendik Giske - Surrender (Smalltown Supersound, 2019)
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Ce disque commence par une corne de brume. sorte de petit fil tout blanc qui résonne dans un espace laiteux aux dimensions indéfinies. Tout petit, on sent qu'il s'étoffe, devient plus râpeux, se pare de nuances, commence à onduler, onduler, il devient tranchant  un rasoir, un rasoir vibrant, un rasoir électrique, attention à ta tête, attention à tes fesses, non si elles sont poilues ça peut être pas mal, mais en tout cas ressens ces vibrations et STOP. Ça s'échappe au loin.
Ensuite une petite bestiole qui monte qui monte vers le soleil. plein de petites pattes, chacune a sa propre note. Le Soleil rouge droit devant et tout autour le monde, les montagnes, la pierre qui fait rebondir les sons et les mélange en une crème onctueuse.
Au fait ce jeune homme joue du saxophone. J'entends le cliquetis des clés. Il souffle en continu comme Colin Stetson, et il est queer et c'est une soirée au Berghain qui lui a inspiré cette musique qui parle de lâcher prise ou un truc comme ça.
Je suis dans une église, j'écoute un concert de sax solo. Le lâcher prise oui. Je me donne au soleil. Sans retenue je me donne au Soleil rouge. Il me dit quoi faire : reste là, respire, profite de la crème de son qui arrive à tes oreilles, profite de la lumière teintée qui traverse tous ces beaux vitraux.
Surrender by Bendik Giske
Le saxophone peut aussi se faire serpent. Il rampe, il te charme, il ondule, il laisse une marque sur le sable de bruit blanc. Tu sens des petites fuites d'air à la jointure entre les lèvres et la hanche. Plus d'autres bruits, ça en fait du monde mine de rien. L'air qui entre par les narines projette aussi des ondes de crème sableuse dans l'espace. Les harmoniques de l'instrument sont à géométrie variable, parfois on est proche de la sinusoïde, parfois c'est comme un peigne qui vient te caresser les cils. 
Et encore tout un tas d'autres sons que je n'identifie pas, à la marge du saxophone. Beau travail de placement des micros, c'est sûr. Je me demande si la réverbération est naturelle. J'ai un doute, j'en sais rien en fait. C'est pas grave, parce que ça fait de jolis arcs en ciel. Juste un saxophone dans une salle immense. C'est cool de n'avoir besoin de rien d'autre pour faire de la belle musique. Et puis ça change d’Anthony Braxton. 
Oula moula. Le morceau 6 est bien répétitif et il se sert des bruits externes du saxophone pour la rythmique. L'équalisation aussi est très travaillée. C'est un joli travail de sculpture, et ça marche. On dirait que le sax s'est transformé en machine à coudre. Il y a aussi du chant mais je crois que c'est un re recording parce que souffler et chanter en même temps ça doit pas être évident quand même à moins qu'il s'agisse d'un INVITÉ. ? Mystère mystère. Le motif est répété encore et encore et puis à un moment il dévie change de tonalité et finit par se stabiliser quelques tons en dessous je crois et donc l'énergie libérée est partie se perdre dans l'espace. Bonne idée.
Morceau suivant = HIGH et c'est encore un petit motif mais joué bien plus vite cette fois, plus simple aussi, c'est une pulsation bien disciplinée mais qui laisse échapper une note rebelle de temps en temps, puis de plus en plus souvent avant de se métamorphoser, ou plutôt de muter, et cette frénésie me rappelle des choses infiniment petites comme des paquets de photons, ou le mouvement des électrons autour d'un noyau, ou l'agitation des atomes lorsqu'il sont chauffés, et puis toujours le bruit des clés qu'on entend, avec la régularité d'un métronome lancé à fond la caisse.
Ensuite il y a ce morceau appelé EXIT, tout aussi rapide mais un peu plus charnu et velouté comme une jolie paire de fesses. L'instrument passe de la sinusoïde au rasoir électrique et retour et retour et retour et il y a encore du chant et cette fois non mais c'est dur de penser à autre chose que cette cathédrale avec de jolis vitraux et ce saxophoniste gay debout sur l'autel, l'instrument dirigé vers ces jolis vitraux, et le Ciel derrière.
Donc ce disque trace un chemin direct de ton cul à Dieu en 28 minutes. Merci c'est tout à pluss.
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Xiu Xiu - Girl With Basket Of Fruit (Polyvinyl, 2019)
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Le disque démarre et on est assommé de sons et de voix et de mots aussi étranges que "The baby duck in you has died / Push it out and F-word a duck / It's a bad time to be a duck"
Sachant qu'il dit vraiment "F-Word" et pas FUCK. La musique est du même tonneau c'est à dire brutale, absurde et pourtant parfaitement cohérente. C'est percussif, exotique, mais très occidental quand même, j'imagine bien un John Lennon défoncé imaginer ce genre de musique à l'époque du White Album. Il aurait tellement adoré ce disque. Ça frappe, ça visse, ça sature, ça sautille, ça tinte. Je conseille d'écouter plutôt fort et de danser tout nu. Avec des colliers de dents autour du cou et des fruits des fruits pourris partout. Et le symbole BLUETOOTH dessiné au marqueur indélébile sur le torse. Animal Collective a pu faire des trucs de ce genre il y a longtemps, tout comme le comte de Lautréamont, et surtout surtout surtout Black Dice. Oui vous vous rappelez de Black Dice, Eric Copeland, tout ça ? Vous feriez bien d'aller voir, surtout un disque qui s'appelle Hermaphrodite. Moi ça me rappelle tout une époque de drogues hallucinogènes et d'ambitions socio politiques absolument démesurées. C'était avant Netflix et Uber.
Le second morceau est un peu plus dark mais tout aussi surréaliste, genre Nurse With Wound surréaliste, avec en bonus un petit riff d'orgue qui me fait légèrement penser à "Sing Hallelujah" mais ok ça c'est ma tendance à toujours tout ramener à l'eurodance des années 90 et aux années 90 de manière générale. Cette musique transpire la folie. C'est bien. Ce monde n'est pas assez fou. Ceux qui se prétendent fous ne le sont généralement pas trop voire pas du tout, et ceux qui le sont réellement s'autodétruisent assez vite. Il reste une poignée de vrai dingues en équilibre au bord du précipice, dont une partie vit enfermée en prison ou en institution, l'autre essaie tant bien que mal d'extraire tous ces monstres de sa tête sans formément y arriver.
Le troisième morceau me rappelle un peu Scott Walker, mais en plus surexcité. Avec du violoncelle et c'est a peu près tout. Ça parle de mort, de Dieu, de chair, et il y a beaucoup d'onomatopées. Encore une fille. C'est probablement celle avec un panier de fruits. Y aurait il un concept derrière cet album  ? mh ça ne m'étonnerait pas.
Ok j'arrive au 4e morceau et j'ai toujours du mal à m'acoutumer à cette ambiance infernale. Une belle grosse métastase surréaliste, une psychanalise punk qui doit autant à Jerôme Bosch qu’aux albums récents de Scott Walker. C'est pas totalement n'importe quoi donc, il y a du skill. Les paroles sont intéressantes, je crois qu'en les analysant bien on peut en tirer pas mal de choses. Il est souvent question d'une fille aux cheveux peut-etre blonds et qui pourrait être ou ne pas être morte ? Qu'il y ait ou pas un fil conducteur entre les morceaux, c'est de la très belle poésie, qui parle du MAL, et de la souffrance, et de tellement de choses.
Le 5e morceau ne m'aide pas beaucoup. Il faut imaginer la dictée magique dans une boum de clochards du XXIIe siècle, sous un pont. Elle est assise sur un petit tabouret et elle chante "Loner, loner, right, right, loner, loner, right, right". Pendant ce temps un vieux clodo joue une seule note sur sa contrebassine et il y a aussi des jeunes qui tapent sur diverses choses avec des petits batons. Un mec a aussi son smartphone avec une appli de TR 909. On comprend pas tout. Est-ce que j'ai mentionné David Lynch ? Non. Voilà c'est fait. Décidément je ne comprends pas ces multiples références et niveaux de lecture et pistes et tortillons et c'est tant mieux. C'est très rafraîchissant et aussi ça me rappelle que je n’ai pas ingurgité de CHAMPIGNONS (oui, ceux là) depuis un million d’années bordel.
Petite séquence émotion ensuite, une sorte de fantômatique collage de mots et d'expressions "Charismatic, a trapped rabbit / Carpet beetle, huhu grub / Rice weevil, flatworm / Mealy bug, field cricket / Grass grub, caterpillar / Head louse, utopia“
Musique TRISTE. Joli violoncelle une fois encore. Merci beaucoup c'est un très bel instrument. On dirait un peu ce morceau instrumental de The Downward Spiral. Mais là il y a des paroles. Je me rappelle avoir vu Xiu Xiu dans la cave du Saint Ex un soir. C'était pas aussi beau, pas aussi fou, et malheureusement c’est à peu près tout ce dont je me rappelle. Ah si, en début de soirée j’avais fais connaissance avec une superbe poubelle à couvercle automatique chez Mathilde. Et on avait bu de l’alcool. Bref. Ici on est dans la 5e dimension et demi, un peu coincés, désorientés, et franchement c'est dur de penser à autre chose qu'à cette musique, c'est vraiment pas de l'ambient, c'est de la musique SUPER PRÉSENTE.
Le morceau suivant mentionne une certaine MARY TURNER qui serait morte à 19 ans. Elle était noire et elle a été tuée dans les années 10 parce qu'elle a protesté contre le lynchage à mort de son mari. Aussi, elle était enceinte de 8 mois. C'est bien triste. Donc bon, ne pas mettre cette chanson le soir où tu invites des gens à moins qu'ils ne soient un peu bizarres. 
On arrive presque à la fin. Il y a ce morceau qui commence par des petites bulles cracra puis un orchestre d'Amazonie, un accord dissonant, des bestioles de la jungle, toujours l'Amazonie mais l'Amazonie pas cool, l'Amazonie style Cannibal Holocaust, et chose étonnante elle parle d'une sorte de refuge pour drogués et SDF à Los Angeles qui existe vraiment et qui s'appelle SIMONE HOTEL. Toujours les clochards, la frange, la marge, la folie, mais qu'est-ce qui te fascine là dedans JAMIE, dans toute cette bizarrerie. Toi même je ne pense pas que tu sois si fou que ça mais tu sais t'imprégner de folie, tu la comprends, et tu l'aimes.
Dernière chanson, magnifique. C’est un peu le HURT de l’album. D’ailleurs il y a une ligne de parole qui est exactement comme dans la chanson de Nine inch Nails. Normal Love. "What have you become? / I can't say so / Yet run full-on to / Run towards nothing"
J'aime ce style qui hocquette, qui zigzague, qui s'adresse plus à ton inconscient qu'à ton MOI débile. C'est peut-être ça que tu aimes Jamie, le fait que chez les fous c'est l'inconscient qui a pris le pouvoir. Ils vivent dans les profondeurs de leur âme. Ils côtoient des monstres que les gens normaux gardent enfouis bien profond dans leur tête. Mais il n'y a pas que des monstres. Il y a tout un tas de choses tellement belles, et vraies, et dangereuses, signifiantes, absurdes mais signifiantes OUI, il y a la liberté aussi, la puissance créatrice et destructrice, la puissance infinie du cerveau humain, qui n'est que le réceptacle de la conscience cosmique, d'une puissance infinie. Les fous sont une avant garde de l'humanité, ils sont en contact direct avec toutes ces choses, ils méritent respect et bienveillance. Personne n'aime autant qu'un fou, même si ça ne dure qu'une semaine, une journée, une seconde. Les fous détiennent la vérité, les fous Voient. Le monde réel ressemble à ce disque de Xiu Xiu, que tu le veuilles ou non. Te l'infliger une fois par jour, c'est comme méditer devant un tas de cadavres, ou partir vivre un mois dans une cabane en Alaska, ou devenir bénévole dans une association d'aide aux clochards schizo.
Merci les copains.  
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Merzbow - Pulse Demon (Release Entertainment, 1996)
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Hé chérie qui c'est qui a déréglé la télé ? C'est que de la neige et du sang gicle des hauts parleurs mais merde il y avait le foot et un reportage sur l'affaire Benalla mais M E R D E je vais faire quoi de ma vie / ma vie est fichue / mon existence n'a plus aucun sens etc... j'ai plus qu'à préparer une pancarte 'avez vous trouvé jésus" et descendre dans la rue pour parler aux gens. Voilà à quoi j'en suis réduit mais M E R D E.
Oui bon c'est une situation imaginaire qui tente de restituer l'ambiance de ce disque de Merzbow. Pour Jésus je suis pas sûr mais on peut dire en tout cas que t'as besoin d'une bouée de sauvetage pour ne pas devenir fou à l'écoute de cette heure de tempête électrique qui n'agresse pas seulement tes oreilles mais aussi et par débordement, tous tes autres sens. Comment induire une synesthésie de force chez l'auditeur, en bourinant un max. Ce disque c'est l'anarchie electromagnétique ultime un torrent d'électricité qui ne cherche pas à être agréable d'ailleurs qu'est ce que c'est chiant la musique agréable vous ne trouvez pas bon au début c'est vrai c'est plaisant d'être carressé dans le sens du poil mais au bout d'un moment on s'endort comme après un bon repas ou après l'amour alors que
ça
ça maintient l'esprit éveillé et alerte et tu restes prêt à bondir sur le premier ninja venu qui croit te berner en portant une chemise assortie à tes rideaux. Tu n'as plus qu'à lui asséner un violent coup d'énergie concentrée dans la tranche de ta main pour le neutraliser sur le champ tchaak.
Bon au risque de vous étonner je trouve qu'il y a de la beauté malgré tout dans ce disque. Oui Merzbow c'est pas l'agression pure c'est aussi une esthétique. C'est une esthétique de la déflagration / du contraste et aussi (mais c'est lié) de la subtilité. C'est la survenue permanente d'événements inatendus et la luxuriance discrète de la périphérie, de la marge, autour du centre massif et super saturé. Contrastes forts et éprouvants (notamment pour ma voisine du dessus, mais elle est gentille alors j'en profite un peu sinon oui il y a le casque, mais vous savez bien que c'est pas pareil et puis le voisin d'en face martelle et scie et parle fort depuis tôt ce matin donc ça ira et puis la voisine pas sûr qu'elle comprenne que j'écoute de la musique)
Il y a aussi la forme simple d'oscillations basse fréquence qui modulent un filtre c'est pas ce que je préfère mais heureusement M E R Z B O W l'utilise avec retenue. Heureusement. Je préfère les saturations cramées qui explosent à droite et à gauche ah oui autre point notable : l'espace est très ouvert la stéréo marche à fond autrement dit c'est bien IMMERSIF je me noie facilement dans cet ouragan de bruit blanc qui m'évoque le film 'en pleine tempête" et aussi un peu une tempête de neige en altitude. Toutes sortes de tempêtes. On pourrait d'ailleurs associer certaines sensations / matières / teintes : neige, froid, blizzard, plasma, électricité, orage magnétique, l'atmosphère des géantes gazeuses, un tuyau sous pression qui se tortille comme un serpent, le cerveau en ébulition d'un génie du mal qui prépare son prochain méfait,
Plein de serpents robots hyper véloces, un nid de serpents qui grouillent les uns sur les autres comme dans Indiana Jones, un nid de serpents dans une usine robotisée à atmosphère conditionnée, Humidité zéro, proche du zéro absolu, sauf dans les zones de contact entre les outils et les surfaces.
Petite question : est ce que le TEMPS est un paramètre pertinent ici ? Y aurait il un constant enchainement de cause à effet qui donnerait un semblant de sens à cette histoire ? Alors à cette question j'ai envie de répondre : いいえ (c’est une manière de dire non en japonais il parait). Le Pulse Demon vit hors du temps, il domine notre bulle spatio-temporelle mais bon c'est normal, c'est un démon. Par conséquent, il peut intervenir sur notre réalité sans qu'on s'en apperçoive, et aussi il peut te voir tel que tu es, c'est à dire un humain de taille à peu près normale dans les trois dimensions classiques, et un asticot tout en longueur dans la quatrième dimension. Il peut éventuellement te prendre par un bout et te tordre dans tous les sens histoire que pour toi aussi, le temps n'existe plus pendant quelques instants. Relax petit asticot quadri dimentionnel, tu ne risques rien.
vers la fin, il y a le morceau Tokyo Times Ten qui possède une sorte de batterie de rituel. On peut se demander dans quelle mesure ça ressemble à Tokyo multiplié par 10 mais je crois que c'est au niveau de l'agitation incessante qui a cours dans cette mégalopole. Beaucoup beaucoup de japonais qui travaillent d'arrâche pied à la limite du burn out et s'amusent aussi comme des petits fous à d'autres moments par exemple quand ils vont jouer à la salle d'arcade qui grouille et bruisse comme une capitale / usine mignature, capitale-usine de F U N fun fun où les activités consistent à jouer à la guerre (pour de faux) par écrans interposés, à se mettre des lattes par écrans interposés et aussi à donner des coups de maillet sur les têtes des petites taupes et à danser sur le tapis de DDR.
Je me demande pourquoi certains bruits sont aussi jouissifs. Râpeux et satisfaisants comme le fait de zester un citron ou nettoyer des trucs au Karcher ou passer le rotofil : des expériences de destruction jouissive. On pourrait aussi rapprocher Merzbow d'un forain qui tient un stand de jeu de massacre. C'est bien d'être forain, c'est un métier qui apporte du bonheur aux gens. Merzbow apporte du bonheur aux gens, en tout cas à certaines personnes, bon oui c'est une niche mais on a besoin de niches dans la vie, parce qu'on est vraiment tous différents. Ce que les gros acteurs du monde de la musique ne semblent pas avoir compris. Ils organisent l'uniformisation de l'offre en se gargarisant du moindre succès populaire style maître Gimsouille ou Louanne mais leur seul critère c'est ce qui est quantifiable : combien de gogos consomment cette musique. Beaucoup = top, pas beaucoup = flop. C'est très binaire mais bon on sait bien que l'humanité est en train de se transformer en une armée de petits robots débiles qui marchent au oui/non blanc/noir. En vrai il faut pas se féliciter des cartons populaires. C'est pas parce que des millions de personnes se résignent à écouter et à chanter des paroles aussi débiles que "je vais te gunshot gunshot oui je suis calibré" qu'elles apprécient vraiment, que ça les enrichit, que ça les aide à affronter la vie, qu'elles en feront un petit repère intimement lié à une époque particulière, blah. J'aurais tendance à penser qu'un disque multi platiné, c'est un échec de la culture et de la civilisation, parce qu'on est tous différents, on peut pas tous aimer les mêmes trucs à part de rares êtres ou groupes d'exceptions à rapprocher de bouddha ou de jésus, du style les beatles, ou amy winehouse. Je sais, ça rassure les gens d'écouter les mêmes merdes que leurs copains, et les petits malins des maisons de disques l'ont bien compris, ils font des économies d'échelle en exploitant une des nombreuses faiblesses de la psyché humaine, la peur du rejet. Après le problème c'est que l'humain finit par s'habituer à tout et même par s'attacher à ce qui constitue son environnement quotidien et notamment NRJ et compagnie sans parler de Deezer et ses immondes playlists automatiques. On appelle ça le syndrome de Stockholm. Tout ça pour dire que Merzbow, faut pas se leurer, c'est pas pour tout le monde et notamment pas pour ma mère qui risque de ne pas savoir faire la différence entre une télé cassée et ça. Mais il faut s'en réjouir, l'humanité c'est riche et complexe comme un univers entier.
Bon sinon la musique oui la musique : Pulse Demon c'est un peu la même chose du début à la fin, entre le Kärcher et la tempête de neige. Il y a des sirènes, des petites choses intrigantes par ci par là, mais il ne faut vraiment pas chercher à y trouver un sens ou une histoire, il y en a pas. C'est de la musique mystique, bouddhiste zen, sans forme, impermanente, insaisissable, elle ne s'adresse pas à ton MOI, à moins que tu ne sois fan de chalumeaux (?), elle opère à un autre niveau, donc pas facile de la décrire avec des mots, peut être juste une enfilade de lettres du style grrfrrtkrrchchchchcfrrrrzzzzzzzzzzzzzkrkrkrrrrrrrrrrtttttttttr prprprprprprprprppbrrrrrrrrrrrtktktktktktktktktktktk craouiiiiiiiitruuutruuutruuuuuu rrrrrrtruuuuuuruuuuuuuuuu frrrrrrouaaaaaargggg crcrcrrkckrkrkrkrkrrrkrkrkrruuuuuuuuuhuuuuuuuiiiiiiiiiiiiuuuiiiiiiiiiii frrrrrrrruiiiiiiiiiiiiicruicruiiiicruiiiouiouiouiiiiiiiii ouinnnnnnnouinnnnnnnnchuuuuuiiiiiitktktktkt ouiiiiiitktktkttouiiitktktktktktktkfrouuuuuiiiitktktktktktktkkkkrrrrrrrrrr
Enfin vous voyez quoi. La mort de la Raison, la mort du language. La mort de plein de choses en fait. C’est un violent et radical décrassage dégazage ; éjection du superflu et du toxique et du malsain, il y aurait presque un côté hygiénique, désinfectant, purifiant, comme au Yoga quand la prof te dit "maintenant expirez en visualisant une fumée noire qui sort de vos poumons" voici la fumée noire produit de 33 ans (dans mon cas) de tensions d'anxiété de troubles mentaux divers et d'envie de jalousie d'insatisfaction de tristesse de peur de malaise de colère de haine (pas trop dans mon cas). On devrait s'envoyer ce disque une fois par semaine comme on se lave les dents après chaque repas (oui c'est conseillé). Aussi, c'est super cliché mais comme forme de méditation, c'est tout à fait valable. La méditation c'est juste le fait de se nettoyer l'esprit. Enfin, se calmer l'esprit mais moi je me calme pas en mettant la poussière et les crottes de nez sous le tapis. Je les aspire, je les mets à la poubelle et ensuite les lundi, mercredi et vendredi (au choix) je descends le sac dans la rue et il part direct se faire incinérer la gueule.
Conclusion : si ton esprit est agité, si tu aimes le nettoyage par jet d'eau à haute pression ou les chalumeaux, si tu aimes un peu avoir mal (pas de pb, c'est le cas de plein de gens bien), si tu niques le Sens de l'Histoire et l'Apocalypse, alors achète ce disque, je crois même qu'il a été réédité en vinyle.
C'est tout à plus bisous.
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Massive Attack - Mezzanine (Virgin Records, 1998)
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Je suis un lucane cerf volant. Je sors juste de mon tronc d’arbre; je déploie mes ailes. La pureté de mon vol lourd et bruyant ne peut être qu’innée : je suis un code, une double hélice, je tourne. Je ne sers à rien ; je suis.
Ma vie ne rime à rien, je me rends juste du point a au point b, c'est tout. Qui m'aime me suive. Je suis pas cool, je choisis pas, je suis un code. Tout est écrit. Parle à mon ventre. Ma carapace est solide comme une armure, je sécrète différents liquides, mon système digestif est enroulé à l'intérieur de mon abdomen. Je voudrais me reproduire.
Il y a d'autres lucanes ; il y a le soleil, l'herbe, de l'eau, des fleurs. Tout est à sa place ; ce ne sont que des engrenages aux formes baroques mais justifiées. Tous ont un but mais pas de sens. Couler, pousser, briller, tourner et tourner encore. Les choses tournent, personne ne peut les arrêter. Essaie, et tu seras entrainé. La poésie c'est de la merde, je fais que suivre le mouvement. Je ne choisis pas.
Il n'est pas question d'inertie parce que l'impulsion est permanente. La vie est une impulsion, pas une trainée de fumigène et encore moins un déclin de la matière. La vie est une amplification du courant, et le lucane ne fait que prolonger le minéral. Une pierre tombe : je tombe. Une pierre roule : je roule. J'ai la tête dure. Certes moi je rebondis. Et je m'envole : ce n'est que l'étape suivante de l'inflation cosmique, les choses se déploient autour d'un nouvel axe : l'information. L'information est la cinquième dimension. Tant mieux.
Dans un tel contexte, peut on encore parler de fuite : non. Il n'y a pas de fuite, il n'y a que des trajectoires. Et advienne que pourra. C'est une bonne nouvelle, Marc Aurèle : rien ne peut être changé. T'y crois, mais non. Ce que tu interprètes comme une volonté conscience n'est qu'une justification a posteriori. C'est prouvé, c'est scientifique. Tu ne fais que te déployer. Comme un plan de courgette, comme une stalagmite. Tout va bien puisque rien ne peut aller autrement. C'est la première leçon à retenir de la vie. Toi, une plante, quelle différence. Mais c'est tant mieux : rien n'est plus beau qu'une plante. La musique et les fleurs, c'est exactement la même chose. Les idées sont des fleurs. Même les fleurs sont des fleurs.
Je rebondis : décembre 1999, coupure de courant, pas d'électricité pendant 3 jours. Je suis ma mère au centre commercial, elle me laisse au rayon des disques et il se trouve que j'ai un billet. Il y a cet insecte noir. Il s'appelle Mezzanine, et chose étonnante, je vais l'écouter pour la première fois sur la mezzanine, chez moi. D'abord debout, puis à genoux. C'est bien. Ça devait arriver, c'était inscrit dans l'air. J'ai pleuré : je venais de tomber sur la Beauté, sur l'Intelligence, sur la Grâce. Et quel bonheur de découvrir cette chose enrobée dans un noir à faire pâlir Anich Kapoor. Le noir est la plus merveilleuse absence de couleur. L'espace est noir. La pupille de l'oeil. L'obsidienne. Non c'est pas triste, c'est juste très absorbant : ça ne réfléchit pas. Quelle belle leçon de vie. Je réfléchis trop, tu réfléchis trop, nous réfléchissons tous trop : Mezzanine ne réfléchit pas. Mezzanine se déploie. C'est une idiosyncrasie. Donne moi un disque qui lui ressemble. Non il n'y en a pas. Il n'y en aura pas.
Que dire de plus. Sampler les Cure, faire chanter la fille de Cocteau Twins, teindre le cd en orange. Juste faire de l'art, faire ce qu'il faut, se déployer.
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Sophie - Oil of Every Pearl’s Un-Insides (Transgressive Records, 2018)
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HEY
SOPHIE !
Le disque commence avec une sorte de chanson d'amour qui pourrait presque passer sur NRJ. Elle s'appelle It's okay to cry. Bon ok c'est peut être pas forcément une chanson d'amour. En tout cas Sophie chante avec sa voix quand même bien masculine ; elle rassure quelqu'un qui se sent pas bien et qui a envie de pleurer. C'est chouette. Ça me rappelle un peu l'ambiance très réconfortante des chansons de Yo La Tengo, qui s'adressent directement à l'auditeur et lui disent : hé mon pote, la vie parfois c'est pas facile, c'est normal de souffrir de temps en temps, tu as le droit de te sentir mal, vas y pleure ça fait du bien mais t'inquiète, je suis là pour toi, je vais t'aider à remonter la pente. C'est une chanson chouette, avec un rapide feu d'artifice à la fin.
Ensuite les choses sérieuses commencent. C'est Ponyboy, grosse rythmique d'Aphex Twin transgenre, voix de jeune fille mangafluocoquine qui fait des bulles avec son chewing gum (la chanteuse s’appelle Cecile Believe). Plus des barrissement d'éléphant, et le tout agrémenté de gimmicks de house music à l'ancienne. Ce kick est vraiment punitif, écrasant, d'abord rond puis avec une traine de saturation liquide trop cool.
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Ensuite, Faceshopping. Les paroles : my face is the real shop front. Globalement, c'est Sophie dans toute sa splendeur, avec les toboggans fluos, les sons de fête foraine, mais toujours plus de muscle, toujours ce kick de guérilla du futur, mélange intéressant.
J'ai bu une bière maintenant mes doigts ne veulent pas taper les bonnes touches c'est l'enfer mais je continue.
Petite cassure style Mariah Carrey VS Christian Fennesz ou quoi. C'est le futur : on mélange des trucs a priori inconciliables et le résultat est merveilleux. Il y a plusieurs niveaux d'écoute, premier plan les voix et grossièrement la rythmique, derrière, tout ce qui fait les petites subtilités du son, comme une fractale dont les détails se révèlent en zoomant. Sophie n'étale pas sa virtuosité, n'empêche qu'en creusant un peu c'est presque effrayant de richesse, de vie et le tout enrobé dans des mélodies bubble gum du 3e millénaire, bubble gum écossais (bien que délocalisé à LA, calif.) donc cool as fuck, et bon il faut aimer la house music et les bébés mutants bien sûr, je connais des personnes qui sont tout à fait insensibles à ce genre de fantaisies et pourtant, c'est beau, c'est comme un petit marteau piqueur qui creuse un trou dans ta poitrine jusqu'à ton coeur en faisant vibrer chacune de tes putains de cellules jusqu'aux orteils. Sophie sort la grosse artillerie mais c'est pour mieux te tirer des émotions et te sortir de ton apathie de jeune millenial surconnecté ; elle tente de concilier la technologie top futuriste avec ces émotions simples intemporelles qui n'étaient étrangères ni à Sophocle ni à Shakespeare ni aux scénaristes de Dawson. L'amour, l'aliénation, l'angoisse existentielle, ce genre de trucs. Il faut bien cet arsenal non conventionnel ° de nos jours pour percer nos carapaces de geeks 2.0 (c'est à dire, de néo beaufs ? ).
° = un mélange de hard techno breakée dans tous les sens, de stabs old school, de métal liquide à la terminator.
Le mix est extrêmement précis, chirurgical, propre, lumineux comme une salle d'opération gérée par des robots. 
Morceau notable : Pretending, notable parce que c'est pas comme les autres, c'est opaque, indifférencié et mouvant comme si en perçant profondément dans ta tête avec ses drum kits indus (de chez Elektron) Sophie avait trouvé un raccourci menant directement au plan astral, celui où des êtres immatériels flottent dans une béatitude éternelle. Si tu trouves ça oppressant, c'est que tu n'es pas encore prêt pour ça. Sinon, le morceau s'appelle Pretenting, tu vois. Peu importe. Moi je vois juste des corps astraux ou éventuellement des bracchiosaures qui broutent paisiblement.
Justement le morceau suivant s'appelle Immaterial. Il est quand même assez joyeux, même vibe que le générique de fin du Club Dorothée. Celui là devrait passer à la radio, ça donnerait beaucoup de bonne humeur à tous ces gens qui travaillent en écoutant la radio, aux étudiants qui partent à la fac et qui sont coincés dans les bouchons aussi. Ce morceau parle d'immaterial boys & girls. Plus de corps, plus de limites entre les gens, entre les sexes, gender fluid, société liquide, etc. “Les êtres qui me sont chers sont toujours en moi donc fous moi la paix je préfère être seule”. C'est intrigant parce que ce morceau décrit un truc vers lequel la société tend, et n’essaie pas de prendre partie du moins en apparence, entre Black Mirror et Ray Kurzweil.
Le dernier morceau s'appelle Whole New World / Pretend World. Les paroles n'aident pas trop à comprendre. Elles s'adressent encore à quelqu'un qui cherche à établir une connexion profonde avec son interlocuteur. Bref on sent qu'il y a un besoin de contact humain quand même chez Sophie. C'est le morceau le plus bourrin de l'album il pourrait presque figurer sur une des compiles Biomechanik de manu le malin.
Je pense que ce disque en plus d'être très fun à écouter, est un appel à la réflexion sur tous ces changements qu'amènent les nouvelles technologies. Bon ok dit comme ça, c’est un peu banal. Mais sérieusement, Sophie cherche vraiment à te dire quelque chose. C'est pas seulement de la pop, c'est aussi de la prospective. C'est un peu comme ces trucs de Oneohtrix Point Never, James Ferraro, Arca et compagnie. C'est de la musique consciente de son époque et du caractère inédit de la situation actuelle de l'humanité. Il y en a pas tant que ça des artistes qui arrivent à produire quelque chose de beau, de bizarrement accessible et en même temps très pertinent et intelligent. C’est pas Florent Pagny ou Maître Gims qui sortiraient un album qui parle de transhumanisme. 
Malgré la relative neutralité du propos, je peux pas m'empêcher de ressentir une certaine nostalgie quand j'écoute ce disque. Il y est beaucoup question de tristesse, de solitude, et ce mot, "pretend", qui revient souvent. Comme si la dématérialisation, les réseaux sociaux et tout, en t'offrant la possibilité d'être qui tu veux, un mec, une fille, un orc, un poney boy, te coupent de ton vrai moi intérieur, celui qui est évoqué dans le morceau "Pretending" qui se présente comme une sorte de drone ambient introspectif. Le lien est coupé, ta vie est peut être très riche dans le cyber espace (qui de plus en plus empiète sur le monde réel, comme la carte finit par recouvrir le territoire chez Baudrillard). Mais en vérité, tu es comme amputé d'un tout petit truc de rien du tout, ton corps. Et fatalement, tu es privé de ton âme, parce que ton âme reste collée à ton corps, faut pas se leurrer. Ton âme, c'est ton humanité, ce qui te différencie de la machine. Bref. Je pense que dans ce disque, on entend ce qu'on a envie d'entendre. Personnellement la dématérialisation croissante de nos vies me rend un peu triste. Les réseaux sociaux me rendent un peu triste. Le monde virtuel me rend triste. C'était la promesse de relier les gens entre eux, la connaissance infinie à portée d'Iphone, en fait c'est juste une entreprise de formatage des cerveaux à grande échelle. Internet c'est juste le plus grand centre commercial de la planète. On vit tous dans un mall géant. Même ce qui est gratuit à première vue, ne l'est pas du tout. My face is the real shop front : je refais la vitrine à coup de filtres snapchat, et l'unité de base qui s'échange et se monnaie, c'est l'attention. Sauf que toi et moi on n'en retire aucun bénéfice. On bosse, mais c'est ZUkerberg qui encaisse à la fin, comme si on était ses esclaves. Et la finalité c’est quoi, le bien de l'humanité ? Il y a de quoi en douter. Le but c'est le pouvoir avant tout. Il faut s'intéresser au projet politique des dirigeants de la silicon valley, étant donné que Mark Zuckerberg a l'air bien chaud pour briguer la maison blanche un de ces jours. Mais bon rassurez vous, cet individu se force à lire je sais pas combien de dizaines de bouquins par ans. ouf on est sauvés.
Bref. Le problème de ce whole new world, c'est que c'est pas le vrai monde. C'est comme un immense jeu de rôle auquel se livrerait les trois quarts de l'humanité. Pendant ce temps IRL, tu n’est qu’un larbin, quand t'as la chance d'avoir un job ; la démocratie est un champ de ruine dominé par des idéologues forcenés et bien évidemment, il y a l'effondrement des écosystèmes.
Y O U P I
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Eliane Radigue - Transamorem - Transamorem (Important Records, 2011)
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Petit sifflement strident inoffensif que tu crois. Survolé par un vaisseau spatial. On est dans x files ou dans un salon parisien ou autre, en 1973. A gauche un petit clic régulier, au début je croyais que c'était un craquement extérieur à la musique, mais non pas du tout.
C'est marrant parce que réflexion faite, un chat intelligent ferait probablement ce genre de musique qui mélange infra ronron et couinement strident régulier. Les chats aiment les infraronrons.
Ok petite précision : il y a un seul morceau, il dure 1h et 7 minutes. C'est un lac ronron de une heure et sept minutes.
Un lac calme à première vue mais approche toi tu verras l'eau onduler micro + la marée.
A 4 minutes à peu près un autre OVNI quitte l'hyper espace pour se planter juste à côté de l'autre. Autant te dire que ça ronronne de plus belle. La souris est toujours là. Elle n'est pas vraiment une souris. C'est juste pour te donner une idée. En réalité, c'est juste la résultante d'un mini frottement quelque part dans la machinerie de ces vaisseaux géants. Ou un sifflement, plutôt.
Il y a des petits déphasages. Le sifflement est constant par contre le psycho ronron frotte c'est normal il y en a plusieurs ils ne sont pas tous identiques, il faut dire qu'on parle là d'une technologie des années 70. Et puis Eliane essaie de te raconter quelque chose, tu dois être attentif aux petites subtilités. Par exemple là à 9 minutes, petite agression aigue désagréable. Pourquoi ? Est ce que c'était voulu d'ailleurs ? Je sais pas. Honnêtement, le son est moins agréable que dans mes souvenirs. Et puis il y a un sacré déséquilibre entre le canal gauche et le canal droit, sur des enceintes c'est ok mais ok casque, ouille ouille ouille. C'est comme si mes deux hémisphères étaient découpés séparés de force alors que j'ai besoin des 2 ! Quelle violence ! Ce disque est violent. Il n'a pas l'air comme ça, mais c'est brutal. Il faut de la force mentale pour l'endurer d'une traite.
Toujours à gauche, un clic. J'aurais bien aimé qu'il n'y ait pas de clic.
Ecouter un disque d'Eliane Radigue, c'est une expérience pas ordinaire. Ça demande de la volonté, de la concentration, et il faut savoir écouter son corps, parce que je crois que l'essentiel se joue à la jonction entre l'esprit et le corps. C'est de la musique subliminale, elle ne s'adresse pas à ton Moi. Ton moi n'est pas capable de comprendre, il est aveugle, et bête. Il n’entend qu'un vulgaire sifflement, une basse ronron, un truc statique sans intérêt. Sauf que dans ta tête, il y a plusieurs strates, n'est-ce pas. Ton mental, c'est la partie émergée de l'iceberg. Tu es bien plus que ton mental. Ton âme est autrement plus sensible, elle détecte des signaux subtils, mais les messages qu'elle te renvoie sont eux mêmes très subtils. Tu dois apprendre à les sentir. Subtil, c'est le maître mot. Une personne est éveillée quand elle sait observer les phénomènes subtils qui la parcourent. Ce disque est un bon entrainement. Assieds toi, la colonne vertébrale bien droite, ferme les yeux, laisse ces vibrations t'envahir. Ne pense pas trop. Observe comment le turbo ronron agit sur ton organisme. Ton cerveau et ta peau et tes organes sont massés par les enceintes. Il s'agit bien d'une action physique avant tout. C'est pas une Idée qui te fait du bien ici. C'est pas la 9e symphonie de Beethoven ou les variations Goldberg. Ici la musique est comme une masseuse Thaïlandaise qui aurait appris à te papouiller le corps astral.
Je me demande à quoi sert ce sifflement strident. Ce craquement à gauche. Ce déséquilibre spatial. Je sais qu'en concert, Eliane aime disposer ses sources sonores en X pour que tout l'espace soit sonorisé de la même manière. Il me faudrait peut être un autre jeu d'enceinte. Peut-être qu'il n'est pas censé y avoir de gauche et de droite. Peut-être que je m'y prends mal.
Ce morceau prend vraiment son temps. Il faut savoir apprécier le son qui te parvient sur le moment, et surtout ne pas anticiper ce qui va suivre. L'immersion doit être totale sinon ça ne marche pas. Mais les efforts sont payants : tu te sens bien, c'est clair.
Ce turbo ronron tournoie dans les airs, du fait de son déphasage. Je suis fox mulder. je me situe actuellement dans le désert du nouveau mexique, et je contemple du sol un gros objet noir qui flotte immobile dans le ciel. Autour de moi l'espace temps est un peu chamboulé, les lois de la physique ramollissent comme une montre surréaliste. Le temps n'existe plus, je flotte dans un présent perpétuel où mon corps est comme un long fil reliant ma naissance à ma mort. un être aux dimensions infinies se déplaçant avec aisance dans les 4 dimensions, pour l'éternité. Quand j'écoute ce disque, je ne suis plus Guy-Jean, je suis un lac. Je m'étale, j'ondoie, je reflète.
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J'ai dépassé la moitié. Toujours presque aucun changement. Je pensais que le paysage serait un peu plus bariolé, j'ai en tête ces longs rouleaux de partition où chaque potentiomètre du gros synthétiseur est représenté sur une ligne. Ce sont de jolis objets d'ailleurs. Donc la; Transamortem Transamorem, bof pas grand chose. Ou alors je suis pas assez attentif. Ah si à 40 minutes et 40 secondes environ, et pendant une demi secondes, le sifflement a changé. Mais était-ce volontaire ? En partant du principe que oui, à quoi ça a servi ? Peut-être, à faire parler les bavards. Ou plutôt, à réveiller les endormis, comme un coup de kyosaku sur les épaules. Oh puis quelques minutes plus tard, il se passe la même chose. Je dois dire que ça réveille un peu. Je m'étais presque assoupi. Comme dans la méditation zen, le piège c'est l'endormissement. C'est pour ça qu'il faut garder les yeux ouverts, et maintenir la posture juste. La colonne droite tendue vers le ciel, la tête comme accrochée au plafond avec une ficelle nouée au sommet du crâne.
Non, cette musique ne peut pas s'écouter n'importe quand. Vous allez me dire : comme toutes les musiques. A chacune son lieu, son moment, son occasion. Son rituel, serais-je tenté d'ajouter. Il s'agit d'une forme de méditation, dans le cas de ce disque. Il ne faut pas systématiquement méditer avec une musique de fond aussi lacustre soit-elle. De temps en temps, oui, à titre d'expérience. C'est comme le sexe dans un lieu inhabituel. Sous les pins, à l'océan, par exemple (se munir d'une serviette de plage, de préférence). La musique d'Eliane Radigue est donc quelque chose qui doit rester rare, dans ta vie. Tu ne vas pas l'écouter en boucle comme un album de Sonic Youth, des Beach Boys ou de Carly Rae Jepsen. Non la musique d'Eliane Radigue est comme une étoile filante, une éclipse de lune, une soirée de nouvel an réussie. Un instant précieux, qui restera gravé éternellement dans ta mémoire, mais dont les occurrences restent exceptionnelles. C'est exactement ce que dit Brandon Lee, ce grand philosophe mort trop tôt, dans une interview sur le tournage de The Crow. Paix à son âme.
(petite parenthèse : je me rends compte qu'en levant la tête et en regardant vers le plafond, j'entends un bruit que je n'entendais pas jusque là, une rapide pulsation très aigue, comme un language extraterrestre de film hollywoodien des années 90 avec Will Smith. C'est troublant : ce son parvenait à mes oreilles jusqu'à maintenant, est-ce qu'une partie de moi immergée l'a reçu et décodé ? Maintenant, j'ai juste envie de regarder au plafond jusqu'à la fin du disque mais ça risque d'être délicat pour taper sur mon clavier.)
Je sens un reflux imperceptible. On s'approche de la fin on dirait. C'est vraiment très subtil comme la course du Soleil. Les ombres s'allongent s'allongent s'allongent. L E N T E M E N T. Ou alors j'ai rêvé, je sais pas. Cette musique possède une inertie incroyable, le meilleur hand spinner du monde ne peut pas rivaliser. Bref. Le Soleil est de plus en plus bas sur l'horizon. Je peux le voir avancer à vue d'oeil maintenant. Le ciel se teinte de rouge, et puis le disque finit par toucher l'horizon, il s'enfonce dans des sables mouvants, pris au piège, la pénombre s'installe, les insectes nocturnes se réveillent, tranquillité, sérénité, tu es arrivé, tu es chez toi, tu es arrivé, tu es chez toi.
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Oneohtrix Point Never - Age Of (Warp, 2018)
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Je sais pas si vous vous rappelez aussi bien que moi du précédent, Garden Of Delete. De ces intros délicates avec un son rappelant le clavecin. Sur Animals par exemple, ou Sticky Drama. Ce nouvel album commence pareil. Clavecin, juno tubulaire, style baroque du futur. Je vois la tête du François 1er du futur. Qui arrive après le moyen âge du futur, celui que nous sommes en train de mettre en place aujourd'hui, lentement mais avec méthode et application.
Second morceau : c'est presque du Kanye West. Un individu parle à Babylone. Comme si c'était une personne. C'est une chanson étrange, elle est un peu mélancolique, avec une sorte d'autotune, formes mouvantes, ambiance urbaine d'altitude, à la Blade Runner, nuages de pollution, voitures volantes, sérénité maximum. Histoire de dire : c'était ça la civilisation à son apogée, un truc beau mais pollué, et comme pourri de l'intérieur. Un truc qu'on peut aimer et regretter, mais dont la disparition était inéluctable. C'est une tragédie à l'échelle de l'Histoire. Donc au ralenti, pas vraiment de quoi pleurer. C'est comme ça. C'est une mélancolie agréable.
La suite : pas trop de paroles. On est entre les vieux OPN des années 00, et les choses plus plastiques et futuristes d'aujourd'hui. C'est plutôt calme et bref.
Ensuite : encore du Kanye West qui parle d'une station qui brûle suite à une infestation. Un peu de romantisme à bord, de la harpe, des cordes, c'est délicat mais pas trop quand même (c’est de la musique pour les robots hein). Ce disque reste dans la retenue. Le précédent était rebelle, punk, marginal. Celui-ci, c'est l'album moyen tiède, représentatif. Il décrit quelque chose du point de vue de la classe moyenne du futur. Ces gens qui n'aiment pas trop ce qui est rugueux et bruyant. Ils savent apprécier la beauté, mais la beauté douce et consensuelle. Bon ok, les standards auront un peu évolué dans le futur, parce que les gens auront le nez dans la merde, encore plus qu’aujourd’hui, Daniel l'anticipe, c'est pour ça que cette musique peut choquer un peu les oreilles du citoyen moyen version 2018, celui qui écoute Virgin Radio. Mais patientez un peu vous verrez. Lopatin sera sur la FM dans quelques années.
Bref. C'est un disque un peu défaitiste. On ne sent plus l'envie de se battre. Plutôt, la contemplation, teintée de mélancolie, de ce que nous sommes en train de perdre : une belle planète, la richesse et la subtilité des émotions humaines, la vie sans robots. Les machines du futur seront obsédées par les hommes. Elles voudront leur ressembler. De toutes leurs forces. Ce sera leur principale source de névrose robotique, comme la peur de la mort est la nôtre. Eux, c'est la peur d'être déjà mort qui les plongera dans la dépression.
AUtotune encore, la chanson s'appelle Black Snow. Minimaliste : une basse faussement acoustique, des snaps sur les temps pairs, une voix filtrée de toutes ses basses, quelques petits bruits marrants. Du bruit blanc. Cette chanson prend le point de vue d'un témoin de l’holocauste. La neige noire en est le signe visible. On nous intime de mettre tout ce qu'on peut à l'abri : des graines. Pour que les choses puissent repartir ensuite, pour qu"un petit bout de l'ancien monde survive. On en est là. Vous avez déjà entendu parler de la Réserve mondiale de semences du Svalbard ? Il parait qu'elle est déjà en danger, à cause du réchauffement climatique. Autrement dit : il y a du boulot.
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Un instrumental ensuite. Avec des voix hachées, des cris, un peu de saturation, du verre qui se brise. et presque pour unique parole : WARNING WARNING WARNING etc... C'est un avertissement mais pourquoi le placer après Black Snow, qui acte la fin du monde, je sais pas. Peut-être pour nous signifier que c'est déjà trop tard, comme le disent tout un tas d'experts qui me paraissent assez compétents et raisonnables.
Bon la suite, c'est le monde d'après, les ruines, les T-1000 qui avancent lentement mais sûrement parmi les décombres, les tas de crânes qui s'amoncèlent au fond des cratères, la violence, le chaos, l'absence de vie ou presque. Terminator 2, c'est un très grand film.
Ensuite il y a cette chanson un peu plus symphonique qui s'appelle Same. Qui contient les lignes suivantes : "Undo Us", "same above, fool to dream machine to dust". C'est court et je comprends pas exactement mais je crois que c'est Anohni qui chante. D'ailleurs, je crois que cette personne a eu une influence déterminante sur cet album. Son côté désespéré et catastrophiste et inquiet.
Bon, ensuite, des trucs japonais du futur, classique OPN version 2. Très classe. L'équivalent lopatinesque de la fin de Alone in Kyoto du groupe Air. Salon bien rangé, meubles et objets de designers minimalistes, ambiance japonisante, fenêtre qui donne sur l'océan. Vous savez pourquoi les cyber punks et autres futurologues pop s’intéressent autant à l’Asie ? C’est parce que les gens là bas sont plus pragmatiques, s’adaptent mieux au réel et survivront plus longtemps que nous autres occidentaux illuminés. Un jour bientôt, le centre du monde sera la mer de Chine. C’est tout. 
Grand blanc, cassure, pause, puis dernier acte, on retourne à la chanson autotunée. Celle ci est un peu jazzy, avec une caisse claire caressée par un balais, et tout. Bon. Ces arpèges de harpe, encore et toujours. Plus le juno en onde carrée. Au moins, on peut dire que le disque est très homogène. C'EST bien ça fait sérieux. Daniel avait un objectif, un programme, il s'y est tenu. C'est un disque d'adulte conscient, concerné et concentré. Il va nous faire une belle carrière à la Peter Gabriel ou toutes ces pop stars très intelligentes qui ont quelque chose à dire sur l'état du monde et qui donnent des concerts où on se sent presque tenu de venir en costume. D'ailleurs, Barak Obama traine souvent dans le coin. Brian Eno, un peu jaloux, se contente de regarder le concert sur Youtube. Comme d'autres ont vu le concert de Jon Hassell au World Trade Center en VHS. 
Bref. C'est pas ton disque préféré. C'est pas le disque qui te met à genoux en pleurant. C'est le disque que tu vas mettre en fond en faisant la cuisine, ou éventuellement quand tu reçois des amis un peu cultivés et sophistiqués, avec qui tu pourras parler de ce bouquin de Pablo Servigne et Raphael Stevens. Evidemment, tu peux aussi l'écouter lors d'une session champis (ça reste du Dan Lopatin). Personnellement, je regrette le côté cyberpunk adolescent de Garden Of Delete, cette célébration des mutants et des laissés pour compte qui bouillonnait et grouillait d'excroissances crasseuses. Mais bon. L'heure n'est plus à la célébration. Comme je le disais, Daniel a pris conscience des événements catastrophiques qui se profilent pour l'humanité, grâce à son amie Anohni avec qui il a eu de sérieuses discussions sur l'état de la planète. Je le sais parce que je l'ai lu dans une interview. Lisez Noise Magazine, c'est bien. Mais si vous êtes sur mon blog, vous connaissez sûrement Noise. Alors voyez ceci comme un rappel : il faut acheter et lire Noise. (non je ne travaille pas pour ce journal).
Sacré Daniel. C'est un bon gars.
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J.C. Satàn - Centaur Desire (Born Bad, 2018)
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Voila un disque qui démarre avec quelques coups de baguettes qui te disent : HEY SALUT, JE SUIS UNE VRAIE BATTERIE :) Ensuite, grosse caisse bien couillue, caisse claire tout aussi burnée, un petit shaker à droite, un piano autoroute, une basse saturée élastique, une guitare fuzz, et plein d'autres trucs qui s'empilent, oui bon, une intro quoi. Mais pas n'importe laquelle, celle du dernier Satàn. On peut dire qu'ils savent comment faire leur entrée en scène. Que de muscle ! Quelle belle évocation de la sueur et de la gonflette.
Bon est-ce qu'il faut parler des paroles ? Oui vite fait. En gros elles disent, je suis ton gars, tu peux compter sur moi, mais quelque chose a changé cette fois je reviendrai pas. C'est pas très logique, mais ça sonne bien. Ce qui me fait dire que peut-être, c'est pas de la chanson à texte.
Deuxième chanson : mince ça ressemble beaucoup à Queens Of The Stone Age. Schéma classique, assaut suspension assaut suspension, centaur desire, refrain. C'est vraiment efficace et le son est agréable, la stéréo pète de partout, le spectre est rempli comme il faut, la batterie est OUHLALA il y a un peu de guitare sèche. Quelle surprise et puis il y a cette espèce de cassure sortie de nulle part avant un solo et une partie heavy metal puis reprise et fin. Bon alors comment dire. C'est fun et c'est tout. Mais c'est déjà pas mal. C'est l'Amérique, à Bordeaux. C'est du bel artisanat, muscles saillants genre Bruce Springsteen dans les années 80@, entertainement grand luxe, le top du top de sa catégorie. A Bordeaux, oui.
Bref. La suite. Le morceau suivant est plus du genre balade des années 70. Ou plutôt revival 70, pas tout à fait la même chose, ici la production est tout à fait optimisée. C'est moitié bouseux moitié spatial, du genre on construit un télescope dans une grange à foin au kansas. Cool.
La chanson suivante : là je me rends compte qu'elles se ressemblent toutes un peu, bon c'est pas forcément une critique, mais à force de chercher le muscle, l'efficacité et tout, on finit par toujours faire la même chose. OK, j'exagère un peu. Il y a de petites oasis à l'intérieur de chaque chanson, entre deux assauts de Panzer Massey Ferguson.
Ce groupe a peut-être fait trop de concerts. Bon ok, c'est sa Voie. Le live c'est cool, et la musique qui se construit au contact du public possède une vérité qui est tout simplement irréfutable. Elle suit sa Voie. Peut-Être que la prochaine fois, les mecs et filles, il faudra enregistrer dans les conditions du live, alors. Ross Robinson, Steve Albini, ou leurs équivalents français, je sais pas. Les conditions d'enregistrements déterminent souvent la nature finale d'un disque. Relationship of command est comme un ouragan. 
Je suis un peu nostalgique de l'album au pigeon. Il était un peu plus touchant. Un peu moins Helter Skelter. D'ailleurs, saviez vous que Paul a écrit Helter Skelter avec l'intention de créer la chanson la plus brutale et vulgaire au monde ? Elle était pourtant 1000 fois moins brutale et vulgaire que les derniers morceaux de Satan ! Ils sont plus forts que les Beatles c'est tout.
Bon quelque chose d'intéressant à la moitié du disque, ça s'appelle Complex Situation et il y a une sorte de delay flanger sur la voix, un peu moins de gras, du synthé et même probablement de la basse synthé. Sauf qu'au bout d'un moment, retour à la normale, aux multicouches de power fuzz panoramiques et bof. En concert oui mille fois oui quand tu veux où tu veux, par contre sur disque, bof. J'ai déjà Faraway Land en vinyle, ça me suffit. Même si ok, la batterie est une fausse sur le disque sus nommé. Franchement c’est pas si révolutionnaire que ça, une vraie batterie dans un disque de Satàn. C'est amusant 5 minutes, et puis on oublie. Le truc qui changerait vraiment la donne, c'est les conditions du live sur le disque. Waou.
Non mais par contre, quels jolis sons de guitare. Ça oui je prends. Et cette grosse basse sur "the end". avec les deux premières notes de Ashes To Ashes. SATAN, on veut plus de bowie ! Plus d'accords bizarres, plus de dentelle, moins de chars d'assauts ! N'empêche que The End, elle est assez cosmique, on dirait presque les Warlocks. Satan et les Warlocks, les deux meilleurs trucs vus au café pompier. Avec Deerhunter et R stevie moore. Je crois. 
Ensuite, il y a un truc avec de la caisse claire sur tous les temps et un petit synthé mignon et des guitares d'halloween, ça me fait penser à un épisode de scooby doo. SATAN est une sorte de scooby gang, ils voyagent en camion en tout cas. Ça leur fait un point commun. Scooby dans l'espace. Des fantômes dans la base lunaire. Genre.
CENTAUR DESIRE by JC SATAN
Plus que deux chansons. Intro de batterie tout à fait samplable (à condition que ce mot existe) avant de tomber dans tous les clichés satan mid tempo. Je reconnais que le refrain atteint un nouveau palier dans l'efficacité optimisée, on se rapproche de plus en plus des gros bras de Bruce Springsteen époque gonflette, voire Josh Homme. Ces musiciens qui prennent du tour de biceps avec l'âge, c'est pas anodin, ce n'est que le reflet de l'évolution de leur musique. Maîtrise, efficacité. Et oui bon, dépression aussi, dans le cas de Bruce Springsteen. Courage les SATAN la vie c'est dur mais ça vaut le coup. Vous savez qui a des gros bras aussi ? Trent Reznor. Et aussi, mon chef, au travail.
Dernier morceau :  mais oui enfin autre chose. La guitare bloubloute et il y a de l'ESPACE, de la respiration, et cette impression enfin qu'on tente une petite aventure intérieure et non plus dans l'espace. Petit plus de cette chanson qui s'appelle Libera : elle est chantée en espagnol. Les chansons de Satan qui ne sont pas en anglais, sont chouettes en général. Celle ci, c'est un nuggets espagnol optimisé qui se termine avec le bruit des vagues, une scène digne du foetus cosmique de 2001, et puis une dernière convulsion comme à la fin de A Day in a life. Genre.
Bref. Je suis blasé. Le rock est mort. Je souhaite une très longue postérité à David Bowie.
BISOUS.
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Gnod - Chapel Perilous (Rocket Recordings, 2018)
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Oui il faut parler de GNOD. C'est une obligation morale. Si je parle pas de GNOD, je vois pas à quoi sert ce blog.
Pourtant, à première vue, c'est juste une resucée des Swans old school. Oui mais non.
Le premier morceau est basé sur cet accord genre triton satanique, dissonance max, batterie groovy, c'est du CAN mélangé à du SWANS, et il y a ce mec qui raconte des trucs, je comprends pas grand chose mais ça ressemble à un programme politique. C'est un groupe politique, oui, comme MC5. C'est CAN VS SWANS VS MC5. Les guitares ne caressent pas les oreilles dans le sens des cils c'est clair, elles ont l'air de chercher quelque chose d'autre, comme un sursaut, comme une manifestation de volonté, elles ont un programme qui pourrait peut être ce résumer à ces quelques lignes tirées de La Zone Du Dehors : 1) liberté inconditionnelle des forces de vie ; 2) volonté de créer ; 3) exaltation de la multiplicité des pensées, des perceptions et des sentiments donc du non-conforme, du hors-norme et du subversif qui en sont la condition ; 4) Vitalité.
Le chanteur hurle "there's no space for me" c'est une des rares choses que j'arrive à comprendre au milieu de cette éruption volcanique. Pas d'espace, c'est malheureusement la condition de l'homme moderne aliéné, il n'a plus de place ni autour de lui ni dans sa tête. Ouvrir l'espace c'est un beau programme je trouve. Donc GNOD se propose de faire péter quelques barrières physiques et mentales à coups d'éruptions électriques. Un bon gros flux ultra haute température qui vise à dissoudre tout ce qui gène, bloque, encombre. Autrement dit, c'est de la musique bélier, on en a besoin de nos jours c'est vrai, à vrai dire on en a toujours eu besoin. Cette violence là est légitime, utile et conforme au Dharma. Elle ne fait de mal à personne, c'est du même ordre que se moucher, faire des pompes ou fendre du bois : haute concentration d'énergie et expulsion.
Bon ça c'était le premier morceau qui dure un quart d'heure.
Ensuite il y a Europa. Visiblement, le premier son est synthétique, c'est une basse sous marine qui se répète en écho. Petites percussions métalliques, une voix féminine qui sort d'un haut parleur, guitare spatiale laiteuse, bref c'est une toute autre ambiance, c'est plus trop les swans, c'est plutôt future sound of london, nurse with wound et les films ABYSS et BLADE RUNNER. Pourquoi, je ne sais pas. En tout cas, ça parle d'Europe. Nique les frontières, nique le brexit ?
Ah le troisième morceau débute avec des tintements de cloches en LOFI, un grésillement de plus en plus fort, percussions, c'est la Chine, c'est le Japon, c'est la Mongolie, c'est surtout la guerre, on est pas très contents là. On se prépare à la bataille, petits soldats disciplinés en rang d'oignons, qui battent du pied au son des tambours, qui ne forment qu'une seule entité, une communauté soudée et focalisée sur un objectif, pas forcément tuer des gens d'ailleurs. Heureusement qu'il y a ces bols tibétains en contrepoint, ça permet d'avoir un peu de recul, je suis l'observateur de la scène, perché sur une petite colline, j'observe les phalanges, les canons qui se déploient, cette belle chorégraphie militaire de GI Joe chinois, ces uniformes aux couleurs chatoyantes, ces casques en os, et puis et puis, aussi en négatif, cette musique suggère autre chose, un truc qu'on ne voit pas, ce qu'il y a en face, l'ennemi qui justifie une telle démonstration de force et de discipline. QUI EST CE. Un monstre ? Un monstre tout noir, énorme, protoplasmique comme chtulu, prêt à tout détruire à grande échelle. Attention c'est une image évidemment.
Chapel Perilous by Gnod
Morceau suivant : du vent. Des courants d'air et potentiellement des courants magnétiques dans l'espace. Des aurores boréales. Le son est toujours aussi dégueu mais c'est tant mieux, ça me dérange pas du tout. Le monsieur parle, il parle de lui, c'est de l'introspection spatiale. Lui et son corps. 2001 l'odyssée de l'espace. Les sons illustrent son propos. Ils ne sont que la traductions d'idées en ondes. Convertibilité des universaux : le petit bout de riff de guitare qui se répète, c'est quoi ? Ceci est une psychanalyse ambient indus. Bien joué.
Ouille le morceau suivant démarre par un larsen qui fait mal aux oreilles (à condition de jouer ce disque à un volume correct c'est à dire le plus fort possible). Et puis le groupe s'y met : c'est lourd, répétitif et planant comme du 5ive (le groupe cool que tout le monde a oublié). Cette musique est efficace mais archi déjà entendue et pourtant ça marche vous savez pourquoi ? Parce c'est joué avec conviction. Gnod c'est un groupe important parce qu'ils ne mentent pas, ils font pas semblant, ils se forcent pas, ils jouent une musique qui leur ressemble, et elle est chouette parce que eux sont chouettes. Intégrité, jusqu'au boutisme, amour du prochain, curiosité, vitalité, volcanisme, c'est des vrais punks, des punks qui jouent ce magma heavy électronique indus psychédélique à la fois politique et spirituel, et ils le jouent bien, c'est normal parce que c'est VRAI, ça vient de leurs tripes, je le sais parce que je les ai vus en concert, j'ai pu les observer, et j'ai compris ce qu'ils étaient. Ils sont comme sortis de la matrice, débarrassés de toute la bêtise, de l'ignorance, de l'hypocrisie, de la mollesse, qui touche leurs contemporains qu'ils soient musiciens ou non.
Il faut plus de groupes comme GNOD, en tant qu'ensemble et en tant qu'addition d'individualités.
Amen.
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Autrenoir - Autrenoir (Distant Voices, 2017)
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Ce disque commence avec une petite loupiote qui s'allume au loin dans une grande caverne habitée. Des bestioles rondes intelligentes, enfin un peu, qui se déplacent en rebondissant contre les parois. Elles s'activent, elles font des choses, elles pratiquent la division des tâches, il y a les mineurs, le forgeron, le grand sage, le poète druide chaman des cavernes. Ils ne savent peut être pas ce qu'est le soleil, encore moins qu'il existe un monde extérieur. Ce sont des ewoks souterrains. Ils vivent dans un monde vaste et encore largement inexploré, plein de MYSTÈRE.
Cette musique est sombre et primitive OK. Synthétique aussi, et verticale, elle s'étire de bas en haut, à la recherche d'une sortie, à la recherche de la lumière ok. Une musique qui tente désespérément de communiquer avec le HAUT à grands renforts d'oscillateurs détunés et de mélodies pseudo orientales, de tambours et de cordes électriques frotées gratouillées qui bourdonnent.
Second track : on commence chez les mineurs, petit chariot qui achemine le minerai au village, tout à la fois nourriture, matériau de construction et objet de culte de base. Il est vivant, c'est un minerai hybride végétal, qui possède en lui la clé du MYSTÈRE : qui sommes nous, pourquoi sommes nous là, comment pouvons nous sortir. Mais pour avoir toutes ces réponses, il faut trouver la clé de l'énigme. Alors on s'affaire toute la journée, sans relâche, on creuse, on racle, on excave, on transporte, on fait fondre, on moule, on cuisine, on monte, on sculpte, on joue, on invoque. Mais toujours rien.
Bon. Oui ces ewoks connaissent aussi la cowbell de la TR 808. Surprenant mais pourquoi pas. C'est le soir, au coin du feu. Le chaman propose un spectacle d'ombres chinoises sur les parois de la grotte. Une scène épique digne du Maharabata. L'affrontement des forces cosmiques et plus précisément le dieu d'en bas contre le dieu d'en haut ou inversement. C'est un bon divertissement et par contre à la fin personne ne gagne évidemment : c'est l'équilibre mouvant. What else.
La nuit, Ensuite. Après le spectacle, ne restent que quelques initiés. Ils ingurgitent une certaine variété de ce minerai biologique qui leur dilate les pupilles et projette leur conscience hors de leur corps. C'est le temps de la transe, le voile se déchire et le contact avec la réalité provoque une sorte d'euphorie contagieuse. On rebondit très fort contre les parois de la grotte sans que cela soit particulièrement joyeux, n'empêche que ça fait du bien. Le MYSTÈRE est là, à portée de main, je peux presque le toucher, comme le saint graal coincé au bord du précipice dans un palais qui tombe en ruine. Mais non. Laisse tomber. C'est pas pour aujourd'hui. Ça fait du bien quand même.
Autrenoir by Autrenoir
Retour à la normale, au petit matin, rosée sur les parois, couloirs encore déserts, espoir, anticipations, vénération du monde tel qu'il est. Prière. Que le Dieu d'En Haut bénisse ce village, cette grotte, cette journée qui commence. Qu'il nous guide comme chaque jour vers le haut, vers la sortie, qu'il fasse de cette vie une source de joie malgré l'obscurité, malgré la monotonie de ces couloirs sombres et ce minerai qui est quand même très salissant, friable et pas très nourrissant. Prière et dévotion. Un jour ça sera mieux, on sera là haut. En haut les âmes de nos ancêtres dansent joyeusement en parfaite communion avec l'essence de la réalité ; ils ne forment qu'une seule grande conscience qui est le tissu même de l'espace temps et voilà.
Bises.
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James Ferraro - Four Pieces For Mirai (2018)
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Ça commence au bord de l'eau. Petites fontaines solaires, harpes, tout porte à croire qu'on est projeté au bord de la mer Egée à l'époque d'Hercule avec Kevin Sorbo sauf que finalement un nain nous apporte un modem Alcatel sur un plateau, grzzouiuouuouoouk tudutuduu tuduuu frrrrrrrouuuip oui allo c'est Kevin Costner je sens que vous êtes sur le point de plagier mon film Waterworld.
Ah merde. Ça commençait bien. Mais après ces quelques turbulences électriques on retrouve le calme du début enfin zut non encore des parasites et des petites bestioles qui nagent dans l'eau et tentent de manger un peu plus que tes peaux mortes.
Bon. Quelques instants plus tard on prend de la hauteur. 3d isométrique, ambiance Sim City 3000 et vibraphone minimaliste. C'est entre Sim City 3000 et Ecco le dauphin ; le futur tel que je l'imagine, un futur où seuls les êtres les plus évolués spirituellement auront survécu, évoluant dans les ruines d'un monde bâti par des hurluberlus beaucoup moins éveillés. Mélancolie.
Le monde tel qu'on le connait finira par disparaitre. Probablement, certaines ruines subsisteront alors que toute trace écrite aura disparu. Ou alors, l'information produite par l'humanité a déjà contaminé le réel de manière irréversible. Mais non. Une bonne éruption solaire, un changement de pôle magnétique et c'est bon, tout se casse la gueule.
La musique de James Ferraro explore le futur oui mais un futur qui ne sera pas forcément le nôtre. C'est le futur pessimiste qu'on pouvait prévoir en 1995, un futur fait de sounfonts, de soundblaster 32 voire 64, de films post apoco avec Kevin Costner et de jeux video 16 bits avec des dauphins écolos. C'est un futur possible mais peu probable. Qu'est-ce qu'on en sait, après tout. L'esthétique de nos jours, c'est plus ce que c'était. Ça va, ça vient. Ringard un jour, branché 15 jours plus tard. Attendez encore une petite semaine et ça devient mainstream, mes collègues l'ont tous dans leur playlist deezer, dans leur garde robe ou quoi. Au final, tout est bien, ou pas. Tout est moderne. La culture est une sorte de grosse bouillie fluide. C'est bien, parce que la culture c'est de la merde. Ce qui compte c'est la singularité et l'expérience immédiate. Et la pacification de la communauté par d'autres moyens que la propagande, les histoires de super héros et les leçons de morale. Aux chiottes la Bible, aux chiottes la Grande Librairie. Vive James Ferraro.
Bon avec tout ça j'en oublie les trucs vraiment importants : la musique. Il y a plein de voix, les voix fantomatiques de la 2e piste de "Music for Airports". Des synthés sans âge, des cristaux taillés aux millions de facettes, de l'eau plate et pétillante, un peu de générique de série d'action, des choeurs.
Impression de flux continu sans début ni fin : sans histoire ou même avec un grand H. 
L'Histoire se terminera avec les hommes. Ensuite, ce sera autre chose, l'histoire naturelle dont tout le monde se fout. James Ferraro a peur de la fin du monde. C'est normal. L'humanité est capable de très jolies choses. Les pyramides par exemple. Les sacrés de Birmanie. Les rizières. L'amour. Personne n'a envie que tout ça disparaisse. Il n'y a pas de super vilains dans la vraie vie. Seulement des ignorants qui se trompent sur les moyens. Hitler, Daesh, les bassistes fretless, ne sont que des brebis égarées.
Four Pieces For Mirai by James Ferraro
Tu te rappelles de ce truc dont je parle sans arrêt, Dolphins into the Future ? Non, alors va vite écouter Canto Archipelago. C'est globalement aussi bien que ce nouveau EP de James Ferraro, un peu moins ambitieux peut-être.
Oui James Ferraro est ambitieux, il essaie de faire de la musique compliquée, avec plein de mélodies qui s'enchainent et se superposent, de parties différentes, des instrument et des textures de son à la pelle, et malgré tout une incroyable homogénéité dans le droit fil de tout ce qu'il fait sous son propre nom depuis le début. C'est une sorte de petite symphonie. Un poème symphonique, comme l'oiseau de feu ou je sais pas quoi. James Ferraro c'est le nouveau Stravinsky. Il doit être pris méga au sérieux, parce que sa musique est méga sérieuse. Il est à la pointe de la pointe de l'avant garde. Pas sûr qu'il se renouvelle encore vraiment, mais personne ne l'a encore vraiment rattrapé. Tout le monde essaie, par contre. Lopatin, Arca, PC music, Fire Toolz, Orange Milk. Pour les plus avancés. Le reste, à la maxi traine, des années lumière derrière, et tout en queue à l'autre bout de l'univers, il y a Vianey et Soprano et ce gitan du périgord là.
Bon je résume : un immeuble en ruine, à moitié immergé. Un petit ilot de fortune aménagé pour des mutants centaures qui ne savent pas parler mais sirotent sans problème leur jus de sardine dans des verres à cocktail. Servis par des nains qui tiennent un modem 33.6 sur un plateau. Ils se le branchent directement dans le nombril, leurs yeux se couvrent d'un voile laiteux, ils sont propulsés dans le cyber espace. Là, ils cueillent des cerises et des fraises, dans  les ruines des sites VR des GAFA, sans savoir du tout à quoi ces endroits servaient, ni d'ailleurs ce qu'était un site web. Pour eux c'est juste deux plans de réalité différents qui ont toujours été là, et ils ne doivent qu’à leur instinct de pouvoir naviguer entre ces deux plans de réalité, instinct gravé dans leurs gènes et leur software (oui ce sont des hybrides mais chut), comme nous on a l’état de veille et le sommeil.
Ah tiens, à la fin une chanson. "A la OPN" /// Décidément, j'adore ces voix à la Brian Eno. Elles sont absolument inhumaines.
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Ostraca - Last (Skeletal Lightning, 2017)
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J'ai un 501 one wash, je remonte un peu les ourlets, histoire de montrer mes belles chevilles et mes converse basses. quelques badges accrochés aux poches de devant. J'ai aussi un t shirt d'Orchid, Chaos is me, avec un petit squelette marrant. Il y a beaucoup de colère dans ma grosse tête, et aussi de la tristesse, parce que les filles veulent pas de moi en général, et puis les gens c'est tous des beaufs, ils écoutent britney spears et boivent des despé. La télé c'est une horreur, j'ai envie de commettre un crime quand je tombe sur le Big Deal. J'ai envie de me casser d'ici sauf que je suis encore au lycée, j'ai pas le permis et de toute façon je ne suis pas assez mûr pour survivre seul dans le grand monde. Je reste dans ma petite banlieue bordelaise isolée et propre sur elle, trois ou quatre bus par jour pour aller en ville, trop chiant. Je préfère jouer à Half Life, de toute façon il n'y a pas grand chose à faire à Bordeaux pour quelqu'un qui n'a pas d'amis et qui n'a pas beaucoup d'argent à dépenser. Juste j'aimerais passer une journée à trainer au jardin public ou je sais pas où avec L. ou V. ou E. ou A. ou n'importe quelle jolie fille qui s'intéresserait un peu à moi. En réalité, ce dont j'ai besoin c'est surtout d'apprendre à respirer convenablement, à bien traiter mon corps, à me tenir droit, à faire un peu d'exercice. Je suis une loque, mais je m'en rends pas compte. Je me rends surtout compte que j'ai envie de pleurer presque tout le temps et les seules choses qui me consolent sont : le fromage, le jus de pamplemousse, les disques, les jeux video, ma guitare. Bientôt, j'aurai un groupe de rock et je partirai sur les routes, je serai charismatique, j'aurai plein de filles à mes pieds, elles seront belles, elles auront un super look et elles seront aussi cool et intelligentes que Daria et Jane. Pour l'instant je suis un peu trop timide, mais dès que possible je déposerai une annonce chez mon disquaire : "guitariste pas très fort cherche d'autres musiciens pas très forts pour former un groupe de rock, dans le genre : Orchid, Stooges, Melvins et Surf Music". En attendant... Je bois du jus de pamplemousse, je regarde Starship Troopers pour la cinquantième fois, je discute de communisme sur des forums dont ce n'est pas le sujet, je fais le zouave tous les soirs avec ma petite soeur, je sors la nuit pour trainer dans les vignes, cueillir des fleurs et fumer des cigarettes (c'est dégueu), et surtout, surtout, je fais pas mes devoirs. Plutôt crever. Les profs, c'est tous des cons. D'ailleurs, j'envisage de commettre un attentat non violent dans mon lycée, un truc impressionnant mais inoffensif, juste pour emmerder les adultes, avec un mégaphone, quelques pots de peinture et un masque de zombie. Le problème, c'est que je suis trop timide pour acheter un mégaphone. Les disquaires, c'est une chose que je maitrise assez (et j'en suis fier), par contre, les bazars et les magasins de bricolage, c'est trop pour moi. Dommage. Aussi, dommage que je n'arrive pas à rendre ses baffes à mon moniteur d'auto école qui me terrorise, m'insulte et me fout des petites claques à l'occasion. C'est inadmissible, mais il faut dire que je suis particulièrement mauvais. C'est juste que lorsque je suis au volant, je ne suis pas là. Chaque fois, mon esprit quitte mon corps au moment où je pose mes fesses sur le siège conducteur de cette 206 diesel qui pue le désodorisant pour bagnole. Cette odeur horrible me hantera toute ma vie, ainsi que ses postillons et ses acronymes à la con du style VICFA (vitesse - intérieur - clignotant - frein à main - angle mort ?? je me souviens pas).
Bref. Ostraca c'est cool. Ça crie, ça joue fort, ça mélange les styles et ça rappelle des souvenirs d'adolescence. Le screamo ne mourra jamais. Bisous.
last by ostraca
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Jupiterian - Terraforming (Transcending Obscurity, 2017)
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Ce disque commence avec des grillons, des shakers grillons, ça crépite doucement, comme dans une poêle. La basse, des tambours, ambiance champ de bataille au petit matin. Enfin le morceau démarre vraiment : des guitares ! Elles sont un peu tendues, l'ambiance n'est pas à la rigolade, c'est même plutôt inquiétant. Le gars a une voix d'orque. Oui vous l'avez compris, c'est la guerre et on est plutôt du côté des méchants (?). Ils veulent marcher sur le monde, le dominer, l'écraser, imposer leur programme de mort et de destruction. Oh un petit break marrant. Grands coups de cymbales, le tempo est lourd, lent, comme un tank géant qui planterait ses chenilles cramponnées bien profond dans le sol. Un tank super stable et puissant, armé d'un canon à plasma. Bon musicalement on est pas chez les plus primitifs des vikings scandinaves, il y a quelques fantaisies. Ce qui me dérange surtout, c'est ce côté sinistre. La musique inquiétante, c'est bien, la musique vraiment sinistre, je sais pas. J'aime pas être triste. J'aime bien être déboussolé par contre, ne plus savoir où je suis. Ici je connais, j’ai déjà vu le Seigneur des Anneaux. Par contre ça se passait pas dans l’espace j’avoue.
Le second morceau commence ; il est un peu introspectif. Comme si on se focalisait sur un participant, un capitaine héroïque qui fonce dans la mêlée au mépris du danger. Il s'en fout de mourir, mais il a un truc à venger. Peut-être que les ennemis on sauvagement violé et dépecé sa fiancée. Ah la vengeance, c'est un plat délicieux, chaud ou froid. Elle était probablement enceinte, et ils ont dû brûler sa maison. Bref la totale, le gars a tout perdu, ça s'entend. Il a hurlé son désespoir toute la nuit, avalé des litres d'alcool de pomme de terre pour oublier, mais ça n'a pas marché, et maintenant sa voix est toute éraillée. Si ça se trouve, avant tout ça il chantait comme Andrea Bocelli. Mais c'est bien, ça fait peur aux ennemis. On a l'impression que ses tripes vont s'échapper par sa bouche à chaque fois qu'il lance un growl. Tiens, rien à voir mais je crois entendre une double pédable. Je suis pas sûr parce que c'est bien en retrait dans le mix, à vrai dire on entend surtout un magma d'infrabasses. Bon maintenant le morceau peut s'arrêter parce qu'il est un peu lent et mou. C'est vrai quoi, j'écoute pas un album de funeral doom ou de post rock, hein les gars. On a compris, émotion, introspection, c'est bon. Maintenant vous pouvez recommencer les trucs bourrins. Allez hop on y va. Merci.
Donc c'est le troisième morceau. J'espère qu'il est un peu plus rapide. Il commence une fois de plus avec des petites percussions, clochettes, breloques, on est sous la tente du Général, décorée comme un gros bourgeois, et il y a un peu de vent. C'est bon, la stratégie a été arrêtée en petit comité de squelettes, de vikings aux beaux cheveux, et d'orques débiles : on va bourrer dans le tas en faisant appel à Jean-Michel, le gros géant qui mesure 5 mètres et pèse environ 10 tonnes. Il est un peu gros et ne craint ni les balles, ni les flèches. Par contre, il ne supporte pas la vue du sang, alors on lui a mis des oeillères, même si il trouve ça un peu dégradant. C'est un enfant assis sur son épaule (et bien sanglé ne vous inquiétez pas) qui le guide à travers ce merdier. Le morceau n’est pas vraiment plus rapide. En fait, cette musique me fait penser à ISIS, vous savez, ce groupe à la mode il y a 10 ou 15 ans, qui faisait un mélange de hardcore, de post rock, de metal, et puis c'était un peu triste, et puis il y avait des interludes instrumentaux qui ressemblaient à des indicatifs de france info. J'aimais bien, surtout l'album Oceanic. Alors, certes Jupiterian c'est plus velu, mais c'est souvent des tempos similaires, et puis ces guitares bavardes et larmoyantes ne sont vraiment pas loin. 
Terraforming (Atmospheric Doom/Sludge Metal) by JUPITERIAN (Brazil)
Il y a un morceau ensuite qui s'appelle Terraforming. Il est intéressant, c'est un interlude, il est fait de bourdonnements graves et aigus, d'une voix de sorcier, pas de batterie, et non ça ressemble pas à la musique de france info des années 90. On est plutôt au centre d'un sanctuaire, avec un mage barbu qui lance une invocation pour modifier la composition chimique de l’atmosphère. Il convoque pour l'occasion quelques démons qui s'infiltrent dans notre réalité par un portail tourbillonnant. Bref. Il faut bien ça pour augmenter les performances physiques de nos braves soldats.
Puis la chanson suivante est une sorte de cavalcade urgente voire bien tendue. Tagada tagada sur un raccourci de Mario Kart qui mène de l'autre côté du champ de bataille, juste derrière les troupes ennemies. Surprise et grosse panique, bien évidemment. Nos copains sont contents, ils ont l'avantage, ils sont ultra chauds, ça tranche, ça décapite, ça explose, ça éviscère, ça écrase avec enthousiasme. Frenégonde n'a pas été assassinée en vain. Les méchants ennemis vont regretter d'être nés. Tiens encore un petit rythme syncopé marrant comme tout à l'heure. Le problème de ce disque, c'est qu'il n'y a pas assez de petits rythmes syncopés. C'est un peu trop lourd et indigeste. Si c'était seulement lourd, ça ne me poserait aucun problème, mais c'est tout le temps pareil, je sature assez vite. C'est comme le Succès que j'ai mangé l'autre jour : trop de biscuit, pas assez de crème. Oui la musique et la pâtisserie c'est pareil : il faut un juste équilibre entre les texture et les goûts. Sinon, c'est écoeurant.
Il reste un morceau : il est assez lourd. OK comme tout le reste. Il y a ce passage qui ressemble à une prière entrecoupée de petits refrains mélodiques, comme à la messe. Je suis pas contre. On sent qu'on s'approche du climax quand même. Enfin je crois, non je suis pas sûr. Ah un solo de guitare. Ok, ça fait un peu Still Loving You, ça doit être pour le passage en radio. On se situe là dans un registre carrément héroïque guerrier : “ouais les gars on fonce dans le tas tous ensemble, si on crève on s'en fout, on fait ça un peu pour la cause c'est vrai, mais surtout parce que c'est juste super marrant de courir la plaine avec des armes hyper lourdes dans les mains, et de trucider des gens qui sont pas comme nous et qui veulent nous tuer aussi. C'est trop cool l'adrénaline, les yeux injectés de sang, les veines qui ressortent, l'envie de meurtre qui donne la bave aux lèvres... On sera des héros, et si on rentre vivants ben on aura qu'à recommencer la semaine prochaine !! Youpiiii.”
Bon j'ai rien à ajouter à propos de ce disque.
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Chino Amobi - Paradiso (NON, 2017)
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Quelle étrange introduction : de l'eau, un monstre, un poème d'Edgar Poe. Ça parle d'une ville très loin. Difficile de se concentrer sur le texte et sur la musique, mais c'est un peu comme arriver dans une cité qu'on croyait disparue, certes un peu décrépie mais toujours là. Elle est peuplée de mutants qui autrefois étaient très beaux. Ils n'ont pas de mental, ils sont comme des animaux, ils avancent, ils agissent sans réfléchir, ils sont présents. Ce sont des sages, mais un peu violents, et portés sur la bouteille. Ils sont directement connectés au ciel, il leur suffit de lever les yeux pour regarder le Tout Puissant droit dans les yeux. Il ne leur fait plus peur depuis très longtemps, ils coexistent, ils lui fournissent son quota de jeunes vierges et de petites chèvres à la chair tiède et tendre. Mais ils ne le respectent pas vraiment. Bref.
Un peu plus loin on a droit à une sorte d'EBM au ralenti, avec un synthé tout ce qu'il y a de plus synthétique ; un arrière goût de Look O Look. C'est probablement une scène de sacrifice, ah mais oui, c'est pas du sucre, c'est du sang, ce goût un peu métallique. Bien sûr.
Je me rappelle de cette cassette signée Smurphy, l'année dernière. Bien chouettos. C'est un peu le même style ici : le gros n'importe quoi post civilisation. Akira, Claude Levi Strauss, Lain, Metropolis, LSD. On croise même des percussions vaguement japonaises, une chambaresque castagne de Sumos du futur qui cassent des bouteilles de bière avec leurs pieds en émettant des grognements, en plein air et par temps d'orage bien évidemment. Tout est feedback, aiguilles pour les oreilles, micro diamants, perceuses et machines outils, le but probable est l'ivresse voire la nausée, l'activité noire et destructrice, le Mordor, la destruction systématique.
Stop : petite voix modérément flippée au téléphone, c'est ta pote qui te raconte ce qui lui est arrivé quand vous vous êtes séparés, dans ce couloir là, alors que des robots dinosaures étaient à vos trousses. Tu es parti débloquer un passage, tandis qu'elle surveillait le corridor munie d'une arme de poing à rechargement pranique. Mélange Jurassik Park / Aliens / Doom, allées métalliques, humidité, odeur pestilentielle, bref, c'est la merde mais ce n'est qu'un divertissement je vous rassure.
Heureusement la suite n'est pas aussi anxiogène, il y a des cors, des trompettes, comme si on était projetés plusieurs centaines d'années en arrière, dans "l’ansien tant”. Musique encore plus étrange que tout le reste jusqu'à présent : imaginez Fade To Grey, version Game Of Thrones. New Wave Of Westeros Ceremonial Horns. Tricky n'a jamais osé, Chino l'a fait. J'aime bien ces gens qui tentent, ils voient une petite trouée dans les buissons, ils s'y engouffrent, cherchent une source, ou un gisement quelconque, et si ça marche, d'autres finissent par arriver, un sentier se creuse, on construit quelques cabanes, un hôtel, un saloon, un shérif, une banque, une blanchisserie, on finit par couper quelques arbres pour élargir la route, on goudronne, on accorde des titres de propriété, on exploite, on tue tout ce qui ne rapporte pas, on fait passer la fibre, merde, ça devient chiant, mais Chino lui, il est parti depuis longtemps, je veux dire, lui ou un autre.
Ce morceau qui s'appelle Eigengrau : c'est Eminem produit par Oneohtrix Point Never. Tout simplement. Autant dire que c'est puissant, plein de rage, et assez moderne, style fête foraine ou Neo Tokyo, au choix. Je veux bien, j'achète, ça me donne l'impression de vivre ailleurs qu'à AGEN, dans le Lot Et Garonne. Ici, on n'est pas vraiment à Neo Tokyo. Le Time Out local s'appelle Maxi Loisirs, et au programme, il y a que des Lotos du dimanche après midi, des vide grenier, et des animations musicales "pour toutes les générations".
Paradiso = Neo Tokyo = Hell
Chino est une sorte de collapsologue. Oui vous connaissez pas la collapsologie ? C'est une nouvelle discipline transversale inventée par Raphaël et Pablo qui étudie les signes avant coureurs et les manifestations visibles de l'effondrement de notre civilisation, c'est à dire de l'humanité, en quelque sorte. Paul Jorion nous dit : “Le dernier qui s'en va éteint la lumière”. Chino Amobi explique comment sera la vie pour les derniers survivants, à l’époque où la disparition totale et imminente du genre humain de fera plus aucun doute, "In a strange city, Paradiso / Far down within the dim West / Where the good and the bad and the worst and the best / Have gone to their eternal rest" (Edgar Poe).
Une époque sombre. On y est presque à vrai dire, pour ne pas dire qu'on y est déjà franchement. Les gens n'en sont pas conscients. Notre mode de vie est déjà largement construit autour de cette idée que l'humanité n'en a plus pour très longtemps. On s'en fout de tout, on binge trinque le samedi soir, on conduit des voitures, on fait nos courses à Intermarché, on sait que c’est mal, on s'en bat le steak. On ne perd plus de temps à faire de la politique, on laisse ça aux teubés et aux premiers de la classe. Les bonnes manières, les assurances vie, les CDI = meh. Toute la superstructure se délite. C'est dur, mais c'est cool : je préfère vivre en 2017 qu'au XIXe siècle, largement. Bref. La seule règle c'est l'efficacité. Tu as un but, tu te démerdes pour l'atteindre, que ce soit en passant un diplôme bidon, en achetant des armes, en faisant de la musique avec ton ordinateur, en taguant "Ta vie est un mensonge" en très gros sur les immeubles de ton quartier (c'est quand même plus rigolo que "pas de fachos dans nos quartiers").
Bref. Chino, il a compris tout ça. Il fait donc feu de tout bois, il utilise un poème d'Edgar Poe, de l'autotune, des instruments VST, un piano, un tremblement de terre, des sirènes de police, la voix humaine masculine et féminine, Daft Punk Veridis Quo, des cocottes de funk, des gros beats, encore de l'autotune qui chante "oh my god". On est autant chez Rihanna et Kanye que chez Pierre Henry. Comme un poisson dans l'eau, un petit malin, un débrouillard né en 1984. C'est une année intéressante pour naître, 1984. On a eu 15 ans en 1999, on a acheté quelques disques de Massive Attack à Auchan, on a découvert les Breeders sur Skyrock, on a même acheté des magazines, et puis Wanadoo est arrivé, et Free, et les modems ADSL, les connexions internet 24h/24, napster, kazaa, émule, soulseek, bittorrent... Tout ça se bouscule dans notre tête. On est des hybrides, on pourrait potentiellement sauver le monde, mais on est pas encore certains que ça vaille le coup.
Justement, l'avant dernier morceau s'appelle Kollaps, c'est du rap avec des poulets. Ça nous pend au nez : Chino Amobi est un véritable collapsologue. D'ailleurs j'ai une question : qui survivra à l'autre, l'homme, ou le poulet ? Je ne sais pas. Leur principal problème, c'est qu'ils ne savent pas voler. Et puis, ils sont avant tout de la bouffe, si on ne les mange plus, il en restera combien ? C'est probablement pas l'endroit ni le moment pour répondre à cette question. On verra plus tard.
Ensuite, il y a la dernière chanson : elle s'appelle END (THE CITY IN THE SEA). Elle sent le vaudou. Encore des sirènes de flics aussi, il y a un truc dans ce disque avec les flics. Une basse qui va et qui vient comme un maxi battement de coeur, le coeur de la Terre, et puis il y a ces criquets, ces shakers, ces cris et borborygmes en tout genre, qui recouvrent tout. Pour finir, une fanfare tout à fait professionnelle, qu'on imagine jouer devant la Maison Blanche ; et puis un moteur de Harley, qui s'évanouit avant d'avoir réellement démarré. Si ce disque est une histoire, on peut dire que la fin est ouverte : où va cette moto ? On ne le saura sans doute jamais. En tout cas je vous conseille de l'écouter très attentivement, seul, au casque, les yeux fermés, comme si vous regardiez Akira, Metropolis ou Angel Heart à la télé. C'est tout bisous à plus.
PARADISO by Chino Amobi
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Machine Girl - ...BECAUSE I'M YOUNG ARROGANT AND HATE EVERYTHING YOU STAND FOR (Orange Milk, 2017)
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Attention ça va très très vite. Après une petite sirène d'introduction, on se prend direct un train dans la gueule. À bord, un mécano un peu fou. Il sort juste de l'adolescence, il porte des fringues fluo, il hurle à s'en arracher les cordes vocales. Il est arrogant, ça ne fait aucun doute mais en même temps il peut se le permettre parce qu'à ma connaissance personne n'a atteint ce niveau de pure brutalité, même pas Death Grips dans leurs moments les plus sauvages. Disons que si Death Grips c'était Son Goku contre Freezer, Machine Girl ce serait Son Goku contre Cell. Une autre division, de quoi être fier parce que la brutalité, c’est bien. 
Des choses qui sont contenues dans cette musique :
-Atari Teenage Riot -Acen, Prodigy et "hardcore you know the score" -Les jeux Cave (dodonpachi, Esp Ra De, Esp Galuda etc) -James Ferraro et Daniel Lopatin -Les voix digitales de Mac Os -Rick et Morty et Adventure Time -les modems 56k -Les blood brothers -Beaucoup d'hormones : dopamine, serotonine, adrénaline... -les restes de la culture New Age -Thunderdome, gabber et MDMA -Public Ennemy -Aphex Twin évidemment. -Teklife
je me sens un peu paralysé quand j'écoute cette cassette. Trop d'information. Il y a surchauffe. A côté Richard d James c'est un papy un peu mou du bulbe.
Mais c'est logique : on est dans un monde de plus en plus rapide, on a pas trop le choix, sinon on est un loser. Il faut aller très vite, Machine Girl est plus rapide que tout le monde, c'est un winner. C'est comme pour être président de la république : il faut en avoir envie plus que les autres et c'est gagné. De manière générale dans la vie, tu obtiens ce que tu désires vraiment vraiment beaucoup, généralement. Donc lui, il avait envie de prendre tout le monde de vitesse. Probablement que son cerveau tourne à 500 à l'heure, on appelle ça surefficience mentale, pensée en arborescence, cerveau droit dominant.
Je suis pas super bien placé pour écrire des choses à propos de cette musique, je l'aime trop. Je n'ai qu'un mot en tête : perfection.
La perfection d'une tête qui gonfle qui gonfle qui gonfle et finit par exploser en un feu d'artifice de petits bouts de chair de toutes les couleurs, décorant les murs de la pièce façon Jakson Pollok, sauf que c'est comestible et super bon, les meilleurs bouts de cervelle que tu n'as jamais mangés, ils te donnent une sorte de flash, tes pupilles se dilatent un max, et à ton tour tu as envie de sauter partout, de t'asperger de lait et de céréales Kellog's, d'acheter une kalachnikov sur le dark net pour démolir toutes les oeuvres d'art installées dans la rue par la municipalité, tous ces trucs plus moches les uns que les autres, et puis si une balle se perd et atterrit dans le ventre d'un pigeon c'est pas grave, on le mangera au dîner avec de la mayonnaise et quelques dragibus et puis on vomira tout dans la baignoire, c'est pas grave c'est de l'art, on rigolera bien, on mettra des photos de vomi sur instagram et des MILLIONS de like trop de like partout on partagera sur Facebook sur Myspace sur Linkedin toutes nos belles photos de vomi de pigeon avec un petit bec qui flotte dedans et deux trois dragibus mal digérés. Mais n'allez pas croire qu'on s'arrêtera là, il y a tellement de choses marrantes à faire quand on est un peu excité, qu'on a de l'imagination et pas trop trop d'amour pour son prochain, par exemple tirer les cheveux des filles au hasard dans la rue, balancer ses kleenex usagés sur le trottoir, péter dans la file d'attente du cinéma, voler des choses dans les boutiques, se déguiser en clown et proposer des bonbons hyper pimentés aux enfants à la sortie de l'école, acheter plein de boites de sauterelles à l'animalerie et les libérer dans un tram bondé, et enregistrer les cris des gens sur son zoom h4n, cacher un couteau suisse dans son caleçon avant de rentrer à l'iboat et sectionner discretos tous les cables des enceintes pendant un concert.
Et puis après, rentrer à la maison, se servir un bol de chocapic, et se poser devant Pokémon en soufflant un peu. C'est ça la vraie liberté : c'est jouissif, c'est un peu fatigant aussi, et puis, faut pas rêver, tout ça ne se produit jamais parce qu'on est un peu conditionnés par la télé, par les profs, les parents, les vieux, les jeunes-vieux, les moniteurs d'auto école, Charlie et Lulu, Dorothée, Michel Edouard Leclerc, cette enflure de Mark Zuckerberg, les parents de tes potes. etc. Il ne reste plus qu'un truc : faire de la musique violente à rendre fou, sortir tous ses synthés dans le rade du coin et se défouler devant quelques personnes tout aussi frustrées. C'est pas très politique, mais c'est un point d'équilibre, l'équilibre est bon, j'aime l'équilibre.
...BECAUSE I'M YOUNG ARROGANT AND HATE EVERYTHING YOU STAND FOR by Machine Girl
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H ø R D - EP#3 - Futures (Sacred Court, 2017)
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Alors voyons voir. On est dans un film gris, la batterie est totalement cendrée, on se croirait sur Faith, mais plus lent, plus laiteux, et quand même un peu plus geek. Il y a des synthés, plein, ils forment un lac à la surface peu agitée mais pas totalement calme non plus. Mis à part la batterie, tout semble plus ou moins liquide dans cette musique. Aussi, c'est très triste, mais je comprends. La vie, c'est triste, la vie, c'est la souffrance. C'est une noble vérité.
Le second morceau : tout aussi fluide, du genre gazeux pour être plus précis, mais un gaz plutôt dense ; en fait je pense à une sorte de fumée bien noire, comme un incendie de pneus. Il y a ces nappes très étirées, un poil de chorus, quelques notes de guitares, un kick qui fait boum boum, c'est un appel à la danse. Le monsieur chante à la cool, comme Mark Gardener, ou Anthony Gonzalez, sauf qu'il doit avoir un peu plus de bootleg des Cure dans sa collec.
Ensuite, on est réveillés par une strobo sirène qui annonce l'arrivée de gens très cool dans une boite gothique. C'est Matrix, mais sans les horribles manteaux en cuir, plutôt jean + t-shirt noirs. Le but du jeu c'est de boire un max de trucs alcoolisés, et de danser en remuant la tête dans tous les sens pour se sentir comme dans un manège. C'est une euphorie délicieuse mais qui a des conséquences fâcheuses en général : on s'en fout. Il faut s'amuser et il faut stimuler son corps, même quand on ressemble au cousin geek de Mercredi Adams. La danse, c'est du Yoga et si il y a bien un truc dont tous les êtres humains ont besoin, c'est de YOGA. Donc par exemple, danser sur un disque de H ø R D, en jean noir + t shirt noir, dans une boite noire, avec des lumières noires et de la fumée noire non toxique.
Le morceau suivant me donne encore envie de bouger la tête. Cette fois on est appelés par une sorte de trompette de la mort, elle annonce un cortège, ou plutôt une caravane, une tribu nomade de geeks vêtus de noir qui se déplace de spot wifi en spot wifi, en vélo, en skate board et autre. Ils tracent tous ensemble au ralenti en fusillant du regard les inconscients qui osent se mettre en travers de leur route. Certains portent des manteaux en simili cuir qui leur arrive aux chevilles, mais c'est totalement assumé. C'est une bande de hackers émogoth qui cherche à détruire l'Occident en injectant des lignes de code malicieux dans les intranets du Conseil Départemental et de Bordeaux Métropole : un bon début, une intension louable.
Le morceau suivant présente à peu près les mêmes caractéristiques synth wave curiste dancefloor friendly. Pour l'instant je n'entends pas de chant mais on sait tous que les intro des Cure durent une plombe. En attendant il y a de la batterie boum boum, et puis des bruits blancs filtrés qui font fiouuuu fiouuuu. Un synthé étrange fait alors son apparition, il sonne comme une boite à musique toute molle qui se dégonfle. Finalement, il n'y aura pas eu de chant, on appelle ça un instrumental. Par contre, il y a eu une sorte de nuée de corbeaux, au début et à la fin. OK.
Bilan : j'ai bien aimé, mais c'est une musique qui manque un peu d'angles à mon goût. Chacun son truc, je critique pas. C'est tout.
EP#3 - Futures by H ø R D
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