Tumgik
#mal bray artist
gammagouchie · 1 year
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Amazing portrait of Joe by Italian artist, Mal Bray at Rock Art!
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cariseca · 2 years
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Article in french about the often exhausting and unrecognised job colorist have done and still do for comic and the connection to the artists they work with. It's behind a paywall so what you absolutely shouldn't do is click under the read more, do NOT click the read more and go get a subscription with a currency you don't have!!
Que serait Tintin sans sa houpette rousse ? Lucky Luke sans son foulard rouge ? Bref, que serait la bande dessinée sans le travail minutieux et discret des coloristes ? Essentiel, leur rôle est pourtant très peu reconnu, en tout cas de ce côté de l’Atlantique. Mais la colère gronde.
Un métier de chien. Quand ils évoquent leur quotidien, les coloristes ont rarement les yeux qui brillent. Il est plutôt question de cadences infernales, de délais de fou, de journées interminables passées devant l’écran de son ordinateur à mettre en couleurs les planches en noir et blanc qu’ils reçoivent des dessinateurs de bande dessinée. Un travail minutieux, chronophage, souvent fait dans l’urgence, qui « bouffe les yeux », provoque lombalgies et tendinites. Ils sont une grosse cinquantaine en France à en vivre à plein temps, et sans doute le double à l’exercer de façon provisoire ou complémentaire d’une autre activité. « Personne n’a vocation à faire ce métier, c’est trop spécialisé, explique Clémence Sapin, on y entre toujours par hasard, presque par accident. » Au début des années 2000, pendant ses études de psychologie, la jeune femme accepte pour s’amuser et gagner un peu d’argent de donner un coup de main à Mathieu, son frère dessinateur… Depuis, elle n’a pas arrêté et collabore aussi à de nombreuses publications jeunesse.
Un parcours qui, curieusement, n’a rien de singulier. Derrière chaque coloriste se tient souvent un copain, ou une petite amie qui un jour a voulu rendre service. La tradition remonte aux origines de la bande dessinée franco-belge, quand les dessinateurs, déjà sous pression, confiaient le lettrage (la transcription de leurs textes) et les couleurs de leurs planches à leur épouse — ou, lorsqu’il existait des studios, à des équipes de petites mains. À l’époque, les couleurs étaient directement peintes sur des tirages papier, confiés ensuite aux imprimeurs. Si l’avènement de l’informatique et de Photoshop, au milieu des années 1990, a révolutionné le métier, l’anonymat, lui, est resté. Tout au bout de la chaîne de création, les coloristes demeurent les invisibles de la BD.
Des rapports subtils avec les dessinateurs
Leur rôle est pourtant crucial. Difficile d’imaginer Tintin sans sa houppette rousse, Obélix sans ses braies bleu et blanc, Lucky Luke sans son foulard écarlate. Et, sans son pelage canari, le Marsupilami serait bien fade… Des madeleines certes, mais pas seulement. Comme l’observait avec justesse le peintre Eugène Delacroix dans son journal, « la couleur est la partie de l’art qui détient le don magique. Alors que le sujet, la forme, la ligne s’adressent d’abord à la pensée, la couleur n’a aucun sens pour l’intelligence, mais elle a tous les pouvoirs sur la sensibilité ». Que seraient les grandes séries BD brutalement privées de couleurs ? Une suite de vignettes qui, telles quelles, auraient du mal à s’enchaîner, à fonctionner ensemble.
Que les mangas et les romans graphiques, en noir et blanc, soient plus denses et plus longs ne doit rien au hasard : il leur faut souvent plus de cases pour fluidifier le récit, faire passer des émotions, installer un climat. La couleur, elle, apporte aux images la lumière, l’heure du jour, le sens de la profondeur et de l’espace, mais renseigne aussi sur la psyché des personnages, l’ambiance d’une scène, le climat général de l’histoire. « C’est le premier contact avec l’album, estime le dessinateur Matthieu Bonhomme (Le Voyage d’Esteban, Charlotte impératrice, L’Homme qui tua Lucky Luke). Ce qui dans la librairie attire l’œil, donne envie de le feuilleter, de l’acheter ou non. Le lecteur découvre toujours les BD à rebours. D’abord la couleur, puis le dessin, et ensuite l’histoire. La séduction est une subtile affaire de tons, d’harmonies et de nuances. Mieux vaut ne pas se louper ! » Un enjeu qui pèse sur les relations entre dessinateurs et coloristes.
« Rares sont ceux qui viennent me trouver en sachant exactement ce qu’ils veulent, et heureusement , sourit Delphine Chédru, sinon mon travail n’aurait guère d’intérêt. » Illustratrice de livres pour enfants, la Parisienne, qui a notamment travaillé avec Émile Bravo, Matthieu Bonhomme et Joann Sfar, fonctionne à l’admiration. « Je ne dessine pas, mais je suis fascinée par le trait, les planches en noir et blanc que je découvre. Certains dessinateurs sont d’authentiques grands artistes qui imaginent non seulement les histoires, mais aussi les personnages, les décors, la mise en scène. Pour passer autant de temps sur l’œuvre d’un autre, il faut être motivé. » Reste à entamer le dialogue, à trouver des références et un langage communs, chose peu aisée, car, en matière de couleur, le vocabulaire courant s’avère vite limité. « Les dessinateurs ont souvent une perception floue et intuitive de ce qu’ils veulent et ont beaucoup de mal à l’exprimer. Le plus difficile est de capter, de deviner cette petite musique, et de leur proposer quelque chose qui s’y accorde, même si c’est inattendu. Il faut beaucoup écouter l’autre sans s’oublier ni manquer de personnalité. »
Un art de “l’accouchement des âmes”
Cet art de la maïeutique, de « l’accouchement des âmes », Isabelle Merlet le pratique en experte. À 52 ans, la coloriste, installée en Gironde dans une petite maison qui domine les vignes, est devenue une référence, l’une des rares à se battre pour sortir la profession de l’ombre. Très sollicitée, elle choisit ses collaborations (Blutch, Catherine Meurisse, Jean-Marc Rochette), les enchaîne à son rythme (deux à cinq albums par an) et tient un blog où elle explique et montre le cœur de son travail. À ses yeux, le rôle du coloriste s’apparente à celui du chef opérateur, le responsable des lumières sur un tournage, voire à celui d’un compositeur de musiques de film. « Même si le dessinateur reste le seul maître à bord, nous partageons un idéal commun, porter au plus haut le potentiel de son œuvre. Les planches en noir et blanc que je reçois sont comme une partition de musique, à moi, tout en restant au service du récit, de l’interpréter, de jouer les solistes. » Une vision qui ne cadre pas forcément avec celle de l’auteur, ayant souvent du mal à confier son « bébé » à des bras étrangers et multipliant les recommandations.
« Je passe beaucoup de temps à discuter avec eux, à éplucher les références qu’ils m’envoient, des images glanées dans des films ou d’autres albums. Évidemment je m’en imprègne, mais la vraie création ne peut pas reposer uniquement sur la mémoire ou la répétition de quelque chose d’existant, il n’y a pas de recette. Il faut chercher, travailler, essayer, et soudain la couleur jaillit et s’impose comme une évidence. » Quitte à violer parfois quelques tabous, en remplaçant par exemple le noir du trait d’origine par du mauve comme sur Lune l’envers, de Blutch. Des choix audacieux qui expliquent donc qu’un grand auteur comme Taiyô Matsumoto ait tenu à ce qu’elle mette en couleur son manga Les Chats du Louvre. Ou qu’un Français comme Jean Harambat (Opération Copperhead, Le Detection Club) vante la créativité d’Isabelle Merlet, « son regard artistique, sa capacité à comprendre au-delà des mots et à traduire l’ironie en gamme Pantone ». D’autres en revanche s’en agacent. Sa collaboration longtemps étincelante avec Blutch s’est achevée avec perte et fracas sur le dernier album du virtuose, Mais où est Kiki ? L’ego et les couleurs, parfois
« L’Europe nourrit encore cette illusion que la bande dessinée est le fait d’une seule personne, sans aide extérieure », affirme José Villarrubia. Coloriste vedette des plus grands éditeurs de comics américains, collaborateur attitré de Richard Corben, le maestro espagnol, qui vit depuis des lustres aux États-Unis, s’étonne qu’on puisse « encore laisser croire que le travail n’est pas divisé entre dessinateur, encreur, coloriste et calligraphe » — en France particulièrement, où depuis le XIXe siècle on a mis l’auteur sur un piédestal, en oubliant que tout objet imprimé est le fruit d’un travail collectif.
Un certain mépris cultivé par les éditeurs
Du côté des éditeurs, un grand flou entoure les coloristes. Si en privé ils reconnaissent volontiers qu’un bon coloriste peut sublimer un trait ou nourrir un dessin un peu pauvre, rares sont ceux (excepté Guy Delcourt) qui mettent leurs noms sur la couverture des albums. Pas question non plus de les créditer comme coauteurs, car ce statut, expliquent-ils, leur donnerait un droit de regard sur l’œuvre et, en cas de désaccord, la possibilité de bloquer une série en cours. « Foutaises ! C’est juste une question de gros sous », s’indigne Christian Lerolle. Pilier de l’Atelier 510 TTC, à Reims, et très actif au sein du Syndicat national des auteurs et compositeurs (Snac), le coloriste a depuis vingt-cinq ans travaillé pour la plupart des éditeurs de BD. « Les éditeurs brandissent ce genre d’argument pour ne pas avoir à nous verser de droits d’auteur. Ils nous paient à la page ou au forfait selon des barèmes très variables (de 50 à 120 euros la page). Pour le reste, c’est au bon vouloir des dessinateurs, qui peuvent, s’ils le désirent, nous reverser une partie de leurs royalties, sous forme de rétrocession. Ce qui évidemment ne les arrange pas, tant aujourd’hui les contrats sont serrés. L’éditeur, lui, s’en bat l’œil du moment qu’il n’a pas à mettre la main au porte-monnaie ! »
Des usages un brin cyniques que l’invisibilité des coloristes rend possibles. Alors que les prix les plus prestigieux de la BD américaine (Eisner, Harvey) leur sont depuis longtemps accordés, rien de semblable n’existe de ce côté de l’Atlantique. Pas de récompenses, d’expositions, ni de mise en valeur au festival d’Angoulême ou dans d’autres institutions ou manifestations nationales. Idem du côté des écoles de BD, qui ne proposent aucune formation spécifique. Bref, il reste bien du chemin à parcourir, et le ministre de la Culture, qui a voulu placer 2020 sous le signe du neuvième art, serait bien inspiré de saisir l’occasion. Il est grand temps que la BD défende enfin ses couleurs.
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Histoire n°6
Histoire n°6 révèle-toi ! Voilà, nous sommes bientôt ! 8) Les idées étaient donc : -Une héroïne française avec des parents divorcés -L'héroïne doit rejoindre son père en Australie -Voyage en avion seule, elle fait une escale et décide de partir dans un pays d'Asie du Sud-Est Je vous laisse apprécier cette (longue) histoire : Victorine est le résultat de l'union de deux personnes qui furent un temps fous amoureux, deux personnes qui aujourd'hui seraient incapables de rester aux côtés de l'autre plus d'une minute. Comment était-ce arrivé ? Victorine, du haut de ses 16 ans avait du mal à se remémorer ces instants qui lui semblait si loin. Que se reprochaient-ils, qu'est-ce qui avait changé ? Sa mère, Natasha, était peut être trop occupée avec sa galerie d'art et sa volonté de la faire grandir. De son côté Paul était, lui, peut être trop aveuglé par son manque de confiance en soi et son envie de se prouver ce qu'il valait. Peu importe la raison, leur mariage s'éloignait lentement du rivage, et le point d'ancrage qu'était Victorine fût vite insuffisant pour le garder attaché. C'en était fini. 12 février 2006, Victorine assiste au jugement. Sa mère obtient la garde et Paul pourra la voir lors des vacances. À pas même 7 ans, elle observe tout ce qu'elle a toujours connu s'effondrer sans rien pouvoir y faire. 9 longues années se sont écoulées, des années d'innocences où elle continuait de penser que papa et maman s'étaient séparés parce qu'ils ne s'aimaient plus. Nous sommes le 12 février 2015, et Victoire se projette dans une semaine pile, le jour de ses 16 ans. 18 février, elle attend patiemment sa mère pour leur habituel voyage sur la côte. La semaine du divorce sa mère a décidé de l'emmener dans une petite maison sur le bord de mer, à Bray-Dunes. Ce n'était pas la saison idéale mais l'endroit était chargé de souvenir. Elles roulaient de nuit en se gavant de friandises, et lorsqu'elles arrivaient, elles s'installaient sur la plage en observant les étoiles. Cet infini teinté de points lumineux pouvait accaparer leur attention pendant des heures, parfois jusqu'au lever du soleil. Son portable se mit à vibrer, c'était un message de sa mère : « Salut Vivi', je suis désolée mais on ne pourra pas partir cette année. J'ai reçu l'appel d'un artiste qui aimerait exposer ses œuvres dans ma galerie et je dois le rejoindre immédiatement à Paris. Tu pourrais en profiter pour inviter Louise. Je t'aime, bisous. » Victorine avait grandie, elle n'était plus une enfant, mais son cœur n'en restait pas moins déchiré par ce nouvel abandon. Deux années auparavant elle avait déjà appris que son père avait lui même décidé de ne la voir que pendant les vacances. La seule personne qui ne l'avait pas encore trahie c'était Louise, sa meilleure amie. Elle s'empressa de lui demander si elle pouvait la rejoindre pour son anniversaire. Louise se mit en route aussi vite qu'elle put, et rejoignit Victorine dans l'heure qui suivit. La soirée s'annonçait simple, des discussions sur tout et rien, puis vint minuit. Louise s'exclama « JOYEUX ANNIVERSAIRE VIVI' ! Alors, ça fait quoi d'être grande ? » Victorine prit Louise dans ses bras, toute souriante et cria : « Ça me donne envie de... Voyager ! Ouais, je vais voyager dans le monde entier ! » La soirée continua et leurs discussions aussi, Victorine avait totalement oublié que sa mère l'avait abandonnée. Et c'était peut être mieux ainsi. Le temps passa, à une vitesse fulgurante, et la fin de l'année scolaire était là. Pour Victorine cela ne signifiait pas qu'elle était enfin libre mais que le temps de voir son père était arrivé. Après le divorce, son père avait rejoint sa famille dans leur villa en Australie. Il appartenait à une famille très riche qui n'avait jamais approuvé son union avec Natasha, et Victorine ne trouvait pas sa place à leurs côtés. De toute manière elle les connaissait à peine. Elle devait partir le 10 juillet, dans huit petits jours qui semblaient s’écouler comme des minutes. Deux jours avant de partir, elle alla au magasin avec Louise afin de préparer son « kit de survie » pour l’Australie. Et elles se comportèrent comme deux enfants à qui les parents avaient donné l’autorisation de se promener dans le magasin. Arrivées au rayon des confiseries, Victorine se mit à remplir son sac de friandises. Louise, étonnée, l’interpella tout en rigolant « Hey, si tu manges tout ça tu vas exploser avant d’atterrir, pense aux autres passagers ! » Victorine rétorqua alors « Mais ce n’est pas juste pour le trajet, c’est juste que chez les coincés le seul truc sucré qu’on peut manger, c’est un fruit ! » Louise mima alors un air choquée et s’écria « Mais il faut que tu en prennes beaucoup plus, tu pars presque 2 mois ! » Les deux amies se mirent à rire et embarquèrent avec eux tout ce qui avait pu attirer leur regard. Elles se dirigèrent ensuite vers l’étape cruciale de leur virée, la librairie. Une espèce d’endroit magique, dès lors que l’on franchissait cette porte, nous avions accès au monde entier, et même à d’autres mondes. Et c’est ça qui leur plaisait. Victorine était passionnée de lecture. Elle n’avait jamais reçu sa lettre pour aller à Poudlard mais elle connaissait l’endroit mieux que sa propre maison, elle avait observé de braves gens se battre pour leur district, elle avait traversé les époques pour faire connaissance avec Michel-Ange, elle avait vu la guerre à travers les yeux d’un homme qui ne voulait plus se battre. Elle voulait voyager, voir le monde entier, et la lecture lui en donnait déjà un aperçu. Elles se baladèrent dans les rayons, voguant au gré des styles littéraires, papillonnant dans les allées et survolant quelques pages des livres qui attiraient leur attention. Victorine prit alors 4 livres, et réalisa son petit rituel. Lorsqu’elle venait acheter des livres, elle avait pris pour habitude de prendre celui qui était recommandé par la librairie. Aujourd’hui ce livre était intitulé « Les Coréens ». Ce livre ne racontait pas une histoire, si ce n’est celle de la vie des coréens du sud. Cela sortait de l’ordinaire pour Victorine mais elle était ouverte d’esprit, et elle se laissa tenter. Les filles passèrent le reste de la journée ensemble avant de se dire au revoir pour de longues semaines. 10 juillet, nous y sommes, c’est le départ. Victorine entre dans l’avion et se trouve assise à côté d’un vieil homme, tellement vieux que ce vol pourrait très bien être son dernier. Le capitaine fait son habituelle annonce avant le décollage de l’appareil : « Bonjour chers passagers, je suis le commandant de bord Frank Monikz. Le décollage sera effectué dans cinq minutes en direction de l’aéroport de Delhi où nous ferons une escale d’une heure et demie, pour enfin arriver à l’aéroport de Sydney-Kingsford. La durée totale du voyage est estimée à 22h30, je vous souhaite un agréable voyage. ». Elle prend sur elle son « Kit de survie » et en sort son livre sur la Corée ainsi que les bonbons à la violette qu’elle et Louise avaient déjà à moitié dévoré. Après une heure de vol, elle décide de se plonger dans sa lecture. Au même moment le vieil homme à ses côtés s’endort et se met à ronfler aussi fort qu’une scierie à plein rendement. Malgré ça elle essaye tout de même de se mettre à lire, en vain, les ronflements sont trop dérangeants. Il ne lui restait plus que sa musique pour couvrir ce bruit qui faisait trembler l’appareil tout entier. Alors qu’ « Every Breaking Wave » démarrait, sa lecture débuta. Elle se passionnait peu à peu pour cette lecture qui décrivait le mode de vie des Coréens, en particulier à Séoul. Leur vie semblait simple et tellement différente de ce qu’elle a pu connaître. Elle s’imaginait aux côtés des habitants de cette ville énorme, riche de nouvelles cultures. Elle voyait ces temples bouddhistes érigés il y a des centaines d’années, elle s’imaginait les pénétrer et y observer le calme olympien qui les caractérise, s’y sentir sereine. Elle voyait les grands… C’est à ce moment qu’elle s’est endormie. Il s’était déjà écoulé plus de cinq heures, et elle était tombée de sommeil, la figure posée sur son livre. Elle ne se réveilla que dix minutes avant l’escale à Delhi et ne put pleinement profiter des paysages exceptionnels qui s’offraient à elle. Lors de l’escale, les bagages furent redistribués suite à un problème technique survenu sur l’appareil. Ce temps d’escale lui permit de se promener dans les Duty Free, elle alla ensuite voir le paysage qui entourait l’aéroport. L’Inde ce n’est définitivement pas ce qu’elle imaginait, l’image que les films renvoyaient de ce pays était erronée. Ce qui l’entourait c’était une ville immense, des buildings à perte de vue, une espèce de New-York avec 10 années de retard. Son observation terminée elle tâcha de se diriger vers les portes d’embarcation afin de ne pas se perdre. Avant d’y arriver, elle fit une courte pause devant le tableau des vols. Le Kazakhstan, la Mongolie, le Japon, la Chine, le Vietnam et… La Corée du Sud. C’est là qu’elle s’est arrêtée, avant de partir pour réembarquer. C’est à ce moment que son envie de voyager l’a transcendé. Pourquoi devrait-elle se rendre là où elle n’a pas envie d’aller ? Pour aller voir quelqu’un qui ne désire pas même la voir ? Non, c’en était fini, elle était grande. Elle ne voulait plus se cantonner à obéir à ceux qui étaient responsables d’elle. Pourquoi subir la vie lorsque l’on peut la vivre pleinement ? Elle était décidée. Elle se dirigea vers l’accueil et s’adressa à l’hôtesse dans un anglais approximatif : « Hello… I want to change… my ticket to travel to Korea because this one is bad. I go to Korea not Australia. » . C’est sans rechigner que l’hôtesse s’exécuta, quand un voyageur de première classe exige quelque chose, ils ne peuvent lui refuser. Elle n’en revenait pas, ça avait fonctionné, l’hôtesse lui a donné un ticket en direction de l’aéroport international d’Incheon. Dans 15 minutes elle allait embarquer vers l’inconnu, seule. C’était le plus beau moment de sa vie. Dix heures de vol, c’est ce qui lui fallait pour atteindre sa destination, et elle avait largement le temps de finir ce livre qui lui avait définitivement ouvert les portes de ce voyage. Encore une fois, le sommeil prit le dessus sur son envie de lire. Et c’est une demi-heure avant l’atterrissage qu’elle se réveilla, déboussolée par le jet-lag, la musique bourdonnant dans ses oreilles. Mais tout cela s’évapora dès lors qu’elle vit que l’avion survolait Séoul. Ce n’était pas un rêve, elle y était vraiment, et dans quelques heures elle marchera dans les rues de cette gigantesque cité. Une fois débarquée et ses bagages récupérés, elle se mit en quête d’un taxi. Elle avait eu pour ses vacances 250€ comme argent de poche, en Corée du Sud cela était largement assez pour se loger, se nourrir et dans son cas, payer un taxi. Le trajet fût assez rapide, et elle se retrouva vite aux abords de la ville. Ce qu’elle y vit était magnifique. L’œuvre qui l’avait amenée ici était tout à fait précise, la cité prenait un tout autre visage dès lors que les rayons de la Lune venait frapper la cime du temple Bongeunsa. Une vie nocturne semblait s’être installée, des lanternes accrochées aux temples, des immeubles qui étaient d’un noir absolu, des bars qui s’éveillaient et des commerces ambulants qui, au rythme du passage de Victorine, s’éteignaient peu à peu. Les traditionnels bars-karaoké, les casinos qui peu à peu s’installaient lui apparaissaient sous toutes leurs coutures… Mais plus timidement se profilaient aussi les maisons où les hommes pouvaient se livrer à toutes les luxures dont seule l’imagination est la limite. Le taxi, avec qui elle n’avait pas pu réellement communiquer à cause de la barrière linguistique, la déposa près d’une auberge de jeunesse qu’elle avait indiquée sur une carte. Non loin de là se trouvait une borne afin de faire du change, ce qui lui permit de payer le taxi. L’auberge respirait l’authenticité. D’après les informations qu’elle avait pu trouver à son sujet, c’était la maison d’une noble famille, maintenant tenue par leur descendance qui assure la pérennité de cet établissement. Les décors étaient colorés mais restaient simples, aucune dorure comme elle avait pu en voir sur les temples, seule la porte qui accueillait les résidents de l’hôtel était similaire à celle des temples. Elle était majestueuse, et imposait une forte aura de calme pourtant invisible. Comme si celle-ci était chargée d’une histoire forte et ancienne. Victorine, assommée par son long périple et une anxiété qui avait pris le dessus sur son esprit rebelle, prit la sage décision de ne pas s’aventurer dans Séoul cette nuit-là. Elle monta dans sa chambre qui était assez simple, à l’image de l’établissement. Un lit, une table basse, un téléphone rudimentaire ainsi qu’une commode, rien de plus. Victorine se sentit sereine tout à coup, son anxiété se dissipa et laissa place à la fatigue qui eut vite raison d’elle. Elle s’endormit dans une position étrange, elle était allongée dans toute la largeur, la tête dans le vide. Mais cela ne l’empêcha pas de passer une nuit réparatrice. C’est toute gai qu’elle se réveilla, pleine d’énergie à... 5 heures du matin. Le jet-lag avait troublé son horloge interne. Elle s’en rendit vite compte lorsque les résidents voisins tapèrent pour lui dire de faire moins de bruit. Elle n’avait rien à faire et ne voulait pas se résigner à se rendormir. Elle se prépara donc pour aller observer le soleil se lever le long de sa ballade sur la promenade de Cheonggyecheon. C’était en plein centre de Séoul, à quelques minutes de l’auberge. Une fois arrivée, elle se promena le long du cours d’eau, l’esprit rêveur, son corps porté par une douce brise et son visage réchauffé par les rayons d’un soleil rasant. Sa démarche, lascive, ne semblait pas déranger les coureurs qui l’esquivaient avec une certaine aisance, ils venaient ici car c’était un endroit sain dans cette gigantesque ville. Ce véritable poumon dans Séoul permit à Victorine de se ressourcer, elle se laissait porter. Ses bras légers semblaient danser au gré de sa démarche, elle ferma les yeux quelques secondes en s’imaginant venir ici tous les matins et cela lui apparût étonnamment naturel. Elle était étrangère pour ceux qui l’entouraient mais elle se sentait ici comme chez elle. Après cette longue marche de presque 2 heures où elle pût observer le comportement des habitants, elle se décida à visiter cette ville qui regorgeait d’histoire et de lieux sublimes. Victorine ne voulait pas se comporter en touriste lambda, elle voulait, pour quelques instants, vivre aux côtés de ceux qui sont décris dans son livre et découvrir certaines de leurs habitudes. La plupart des bouddhistes avaient pour habitude de se rendre au temple Jogyesa. Elle commença par là, et s’y rendit à pieds pour ne pas gaspiller d’argent dans le taxi. La marche fut encore une fois longue mais cela ne la dérangeait pas, elle aimait se promener ainsi et observer le monde en activité constante autour d’elle. Tout autour d’elle entrait en action et elle n’était qu’une spectatrice étrangère à cet engrenage bien rodé qui démarrait. Au tournant d’une rue, elle aperçut ce qu’elle cherchait, le sublime temple de Jogyesa. Victorine sentit que plus elle approchait de ce temple, plus le calme autour d’elle s’installait. Cet endroit était sacré, et bien qu’il fut en pleine ville, les gens respectaient cela, qu’ils soient croyants ou pas. Dès lors qu’elle eut franchit les portes, elle se confronta à un bâtiment orné d’une multitude de couleurs. Un mélange dynamique qui donnait au lieu une atmosphère atypique et qui sut immédiatement envoûter Victorine. Elle pénétra à l’intérieur du temple et marqua un arrêt. Face à elle s’imposaient trois statues énormes de Buddha. Elles étaient massives, d’une dorure sans défauts et leur regard semblait fixé sur Victorine qui ressentit un léger malaise ; il se dissipa assez vite et l’intérieur du temple se révéla. À la base des statues se trouvaient des autels où l’on pouvait déposer des offrandes, des lanternes éclairaient et surplombaient les statues mais la source de lumière principale émergeait des lustres de forme florale. Entre ces icônes se dressaient des colonnes rougeâtres décorées de quelques fresques qui semblaient porter tout l’édifice. Victorine sortit les yeux emplis de merveilles, tant de richesses utilisées dans un but si noble et sans prétention, elle en était sans voix. Son estomac vint cependant troubler ce calme, appelant désespérément à l’aide, et Victorine se mit en quête d’un restaurant où elle pourrait manger du bibimbap, un plat traditionnel. Sa recherche fut courte et fructueuse puisqu’elle trouva un petit restaurant reculé dans lequel ce fameux plat semblait être préparé. Elle s’installa alors, redoutant le moment où elle devrait passer la commande. Le serveur qui se présenta à elle était vêtu d’un vêtement ample, similaire à un kimono. Il s’adressa à Victorine dans un anglais tout à fait correct, remarquant que la jeune fille n’était visiblement pas d’ici : « Hello, what would you like to order Ma’am ? » Victorine, peu aidée par sa timidité, hésita quelques secondes, rassemblant les mots pour former une phrase compréhensible afin de commander son plat. C’est en pointant du doigt le bibimbap sur le menu qu’elle dit : « Hi, I want to order this thing please. » Le serveur lui sourit et alla informer le chef de sa commande. Le service était rapide, et en à peine 5 minutes, l’estomac affamé de Victorine put voir ce qui allait le rassasier. Le plat était joliment présenté, riche d’aliments de couleurs différentes. Du riz, de la viande, des légumes ainsi qu’une étrange pâte rouge mise sur le côté. Le serveur prit alors l’initiative d’expliquer à Victorine comment manger ce plat : « I’ll show you how you have to eat it. You take this stick to mix the rice and the condiment then you take this spoon to eat everything at the same time. » Victorine, gênée, suivit les instructions du serveur et par des gestes malhabiles, s’exécuta. « That’s It ! » s’exprima le serveur, affichant un sourire un peu moqueur. Victorine, souriante, s’empressa de le remercier avant qu’il ne prenne congé. Elle se concentra alors sur son plat, comme l’avait conseillé le serveur, elle prit une cuillerée remplie de tous les aliments qui le composait. Le résultat ne se fit pas attendre, une explosion de saveurs prit place dans sa bouche, tous les aliments se mélangeaient sans pour autant perdre de leur goût. L’étrange pâte était douce, comme du poivron écrasé… Puis vient frapper la véritable nature de l’aliment, le piquant. C’était de la pâte de piment, et cela l’a tellement étonné qu’elle fut prise d’une toux qui ne voulait plus s’arrêter. Elle mit près de 2 minutes à se remettre de cette bouchée. Elle était rouge écarlate et quelques clients observaient la scène avec un œil presque moqueur. Maintenant avertie, Victorine dégusta le plat avec un réel plaisir, savourant chaque bouchée de ce qu’elle appelait les saveurs de l’inconnu. Ce repas l’avait ancré dans son voyage, cette spécialité lui affirmait qu’elle se trouvait bien dans un restaurant au cœur d’une ville dont elle avait seulement entendu parler dans ses cours d’histoire. Victorine se rendit compte d’une chose, le temps passait vite, il était déjà 14h37 et se déplacer était long pour elle. De toute manière elle savait qu’elle ne pourrait pas rester, elle aurait dû déjà être arrivée en Australie depuis un long moment. Son père avait sûrement déjà prévenu les autorités afin qu’ils retrouvent sa fille, et le fait d’être arrivée ici était déjà pour elle un exploit. Elle essaya de sortir ces idées négatives de sa tête assez vite. Elle se mit alors en quête d’un centre-commercial pour voir quelles étaient leurs habitudes ici. Heureusement, il ne lui fallut qu’une dizaine de minutes pour en repérer un et y pénétrer. Elle se souvint alors du moment avant de partir où elle fit les courses avec Louise, et décida de se prêter à ce même rituel ici. Mais tout était si différent, la façon de disposer les produits, les publicités, les affiches, les indications… Mais elle considérait cela comme un challenge, elle devait trouver un magasin où elle pourrait acheter des confiseries. C’est après avoir marché 11 minutes exactement qu’un paradis aux milles couleurs et saveurs se présenta à elle. Des rayons de bonbons de toutes sortes se dressaient devant elle, et en particulier une gamme infinie de bonbons appelés « Mychu ». Il y en avait à tous les goûts : melon, pêche, pastèque, poire, pomme, amande, cacahuètes. Elle se résigna donc à en prendre un de chaque sorte ainsi qu’un peu de chocolat pour partager ça avec Louise. Elle rejoignit ensuite la librairie qui se trouvait juste en face, et ce passage était purement symbolique. En se promenant dans les allées, et en voyant toutes ces œuvres qui étaient à sa portée mais qu’elle ne pouvait pas comprendre, elle se résigna à ne prendre qu’un manga. Elle se fit la promesse de maîtriser suffisamment bien le coréen pour être un jour capable de le lire, cela aurait été pour elle un accomplissement. Avant de partir du centre commercial, Victorine se mit à regarder dans les bacs pour trouver un CD de musique qu’elle pourrait reconnaître, elle ne trouva aucune musique occidentale. En revanche elle remarqua un grand nombre de CD de K-Pop, elle en avait déjà entendu parler et ici cela semblait être une mode très répandue. Elle reconnut même certains artistes qui étaient affichés sur les grands panneaux publicitaires dans la ville ou sur les bus. Par curiosité elle embarqua l’un de ces CD afin de découvrir ce qui est ici tant populaire. Il était déjà temps pour Victorine de prendre la route du retour pour l’auberge, et sur cette route elle comptait aller voir la Porte du sud. Ce monument avait la réputation d’être particulièrement beau lorsque le soleil est couché et que seuls les éclairages le font émerger de l’obscurité. Le temps qu’elle s’y rende, la nuit était déjà tombée. Le monument était visible de loin, il se dressait fier au milieu de ces buildings et ne semblait pas moins imposant que ces derniers. Il était le vestige d’une ancienne puissance et cela se ressentait lorsqu’on en approchait, Victorine se sentait écrasée par la masse d’un tel édifice mais elle admirait sa beauté impérieuse. Victorine savait pertinemment que cette porte lui ouvrirait le chemin du retour vers l’Australie, et c’est avec une certaine tristesse qu’elle quitta l’endroit pour rejoindre l’auberge. Elle marchait, en traînant le pas, et se repassait en boucle le chemin qu’elle avait parcouru depuis qu’elle avait débarquée. Peu à peu, l’auberge se rapprochait, et ses flashbacks s’accéléraient, comme si elle avait peur qu’une fois partie ses souvenirs restent ici. Elle passa le seuil de la grande porte et pénétra dans l’auberge. Elle n’eut pas même le temps de voir qui était dans la pièce que deux officiers de police se rapprochèrent d’elle et la saisirent. Son père avait contacté un ami de la famille qui travaillait à la mairie en tant que conseiller et qui a donné l’ordre aux patrouilles de trouver Victorine afin de la ramener à l’aéroport. Et c’est ce qu’ils firent, dès lors que Victoire eut fermé ses bagages et rassemblé ses affaires. Ils l’accompagnèrent pour s’assurer qu’elle embarque. Victorine était restée silencieuse durant le trajet, obéissant sans rechigner aux instructions des officiers, elle savait qu’elle ne pouvait rien y faire. Victorine n’avait jamais fini sa lecture. Lorsqu’elle se rendit compte qu’elle arrivait à la dernière page de l’ouvrage, elle ferma le livre, il ne devait pas y avoir de fin.. Peut être avait elle franchie cette porte pour partir mais rien ne l’empêchait de la traverser dans le sens inverse la prochaine fois.
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