Tumgik
#arbre à thé
pompadourpink · 1 year
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Les virelangues
Seize chaises sèchent - Sixteen chairs are drying
Le petit chat chassait les souris qui sont sous les coussins - The little cat chased the mice that are under the cushions
Didon dîna dit-t-on du dos dodu d’un dodu dindon - Dido dined, or so they say, on the plump back of a plump turkey 
Si six scies scient six cyprès, six scies scient six cyprès - If six saws saw six cypresses, six saws saw six cypresses
Choisis 600 chouchous et si ces 600 chouchous sont chouettes, choisis-en 600 autres - Choose 600 scrunchies and if those 600 scrunchies are nice, choose 600 more
Piano, panier, panier, piano - piano, basket, basket, piano
Un pâtissier qui pâtissait chez un tapissier qui tapissait, demanda un jour au tapissier qui tapissait : vaut-il mieux pâtisser chez un tapissier qui tapisse ou tapisser chez un pâtissier qui pâtisse ? - A pastry chef who was baking at an upholsterer who upholstered's once asked the upholsterer who upholstered: Is it better to bake for an upholsterer who upholders or to uphold for a pastry chef who bakes?
Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches ou archisèches ? - Are the archduchess's socks dry or very dry?
Tu t'entêtes à tout tenter, tu t'uses et tu te tues à tant t'entêter - You persist in trying everything, you wear yourself out and kill yourself by being so stubborn
Trois ogres ocre griment trois autres ogres d’encre ocre - Three ochre ogres scratch three other ogres with ochre ink
Trois tristes tigres trônaient dans un arbre qui trônait au milieu d'un trianon - Three sad tigers were seated in a tree that was seated in the middle of a trianon
Ah ! pourquoi Pépita, sans répit, m'épies-tu ? Dans les bois Pépita, pourquoi te tapis-tu ? Tu m'épies sans pitié, c'est piteux de m'épier ! - Ah, why do you spy on me, Pepita, without respite? In the woods, Pepita, why do you lurk? You spy on me without mercy, it's pitiful to spy on me!
Un chasseur sachant chasser sans son chien est un chasseur qui chasse sans chien mais qui chasse quand même - A hunter who knows how to hunt without his dog is a hunter who hunts without a dog but who still hunts
Si vous voulez vous venger, rendez-vous vite - If you want to get revenge, surrender quickly
Douze douches douces - Twelve sweet showers
Je veux et j'exige les joyaux de ces jolis et joyeux oiseaux jasant - I want and demand the gems of these pretty and cheerful chattering birds 
Étant sorti sans parapluie, il m'eût plus plu qu'il plût plus tôt - Having gone out without an umbrella, I would have liked it better if it had rained earlier
Satan montant des cendres s’attend à descendre mon thé. Sentant mon thé, je monte. Satan m’entendant monter, redescend cendres et mon thé, mais Satan s’étend, et cendres et mon thé descendent - Satan rising from the ashes expects to down my tea. Smelling my tea, I go upstairs. Satan hearing me coming upstairs, brings down ashes and my tea, but Satan extends, and ashes and my tea come down
Fait faire à Fabien fourbe et fautif force farces fausses et fantasques - Makes the deceitful and faulty Fabien play many false and fantastic pranks
Le cri du cygne qui crissait dans le cristal des cris d'oiseaux qui crissaient - The cry of the swan that was screeching in the crystal of the cries of birds that were screeching
Seize jacinthes jaunes sèchent dans seize sachets sales - Sixteen yellow hyacinths are drying in sixteen dirty bags
Un généreux déjeuner régénérerait des généraux dégénérés - A generous lunch would regenerate degenerate generals
Le chaton qui chassait le chat qui chassait la souris qui chassait le rat qui mangeait du fromage - The kitten who chased the cat who chased the mouse who chased the rat who ate cheese
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Movie: Les demoiselle de Rochefort - Jacques Demy, 1967
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5 avril
j'aimerais pouvoir instaurer un quota de temps de pensée quotidien consacré à un sujet. j'accorderais quinze minutes par jour au sujet r. par exemple, quinze minutes quotidiennes que j'aurais épuisées dès 8h15 du matin et hop je serais tranquille pour le reste de la journée. je lui ai parlé de pessoa et il m'a dit qu'en grand romantique il avait adoré le berger amoureux ou un truc comme ça, j'étais assise sur la marche devant la véranda au soleil et je me suis pris la tête dans les mains en gémissant. autre sujet: ce soir dans le train pour revenir de sète je parlais du sud avec maman, je disais que vivre ici était plus sain que vivre au luxembourg, et puis j'ai vu mon reflet dans la vitre avec ma casquette mes nouvelles lunettes de soleil et mon double denim et j'ai imaginé que c'était le reflet de mon moi d'ici. mon moi qui est là où elle est censée être.
6 avril
cet après-midi dans la voiture pour aller à pézenas je me disais que je devais rediriger mon énergie et remplacer r. par le sud de la france. ne plus tomber amoureuse que de territoires. me concentrer sur les arbres et les champs et les vignes qui défilent par la fenêtre ouverte de la voiture et le vent qui s'engouffre dedans et qui fait du bruit par dessus nostalgie et la colline de sète et celles d'agde et les bateaux qui rentrent dans l'hérault et ceux amarrés aux quais et sur le vocabulaire marin et le bruit des vagues sur la plage et l'odeur de marée et le pin du port de la pointe courte et les falaises du cap d'agde et les marais du bagnas et les flamants roses qui marchent avec la tête dans l'eau et les mouettes qui crient dans le ciel quand le soleil commence à se coucher. ne plus tomber amoureuse que de territoires et de littérature. j'ai trouvé la nouvelle édition décensurée de ravages dans une librairie à pézenas, le gros livre mauve qui trônait en exposition sur la table en ellipse de la librairie exc quand j'y avais lu géotropismes. maman me l'a acheté et je l'ai serré contre moi jusqu'à la voiture. autres cadeaux de la journée: une glace caramel beurre salé-chocolat à la mirondela, une vieille chemise de nuit à bords rouges que j'ai trouvée en triant des cartons chez mamie dans la pièce du fond, une bouteille de thé glacé rooibos-pastèque-menthe que h. avait déposée sur la table en bas parce que j'avais dit que j'adorais la bouteille rouge et rose quand on était chez elle.
ce matin j'étais encore en train de feuilleter le catalogue immobilier de sète et je me disais que quand je sortirais de ma non-vie, ce serait comme si je revenais de la mort. et quand on revient de la mort, tout est du bonus. quand on revient de la mort les choses sont moins graves et elles pèsent moins lourd, la gravité perd de son pouvoir, le centre de la terre n'a plus le même attrait. j'imagine. quand je reviendrai de la non-vie je veux faire les choses sans réfléchir. je sais pas quelle forme ça prendra de revenir de la non-vie, peut être que j'arriverai jamais à en sortir, mais dans ma tête ça va quand même finir par arriver.
8 avril
petit journal d'amour qui était caché dans ma banane toute la soirée d'hier dans les loges de la maison poème puis sur mes genoux pendant ma discussion intime interminable avec r. assis sur l'accoudoir du canapé puis sur la banquette du bar avec l., d. et c. et les autres et enfin sous la pluie de bruxelles pour rentrer chez m. en chantonnant don't go wasting your emotions lay all your love on me toute seule dans les rues de st. gilles. au bar l. m'a dit qu'elle adorait ma banane et je l'ai ouverte pour lui montrer sa meilleure qualité: mon journal rentre dedans! et elle a dit c'est de là que viennent tes poèmes! elle a fait une remarque sur le pendentif en perles et j'avais envie de lui raconter l'histoire de r. qu'y a derrière mais c'était pas trop le moment. ils se sont rencontrés hier soir. j'étais en train de discuter avec l. et d. quand je l'ai vu accoudé au bar en train de discuter avec la serveuse mais j'ai fait semblant de pas le voir, jusqu'à ce qu'il se retourne et me voie. je lui ai pas sauté dans les bras comme dans mes fantasmes, je l'ai pas serré fort contre moi, j'étais trop timide, et lui aussi était timide, c'était un peu bancal, et puis l. a dit mais tu connais des gens ici! et je me suis rapprochée de lui en disant c'est mon seul ami. elle a demandé comment on s'était rencontrés et j'ai dit ici à la maison poème et on aurait dit que je racontais une histoire de rencontre amoureuse très romantique.
j'ai passé la soirée à discuter avec lui au lieu de me joindre aux autres. il parlait beaucoup et parfois je m'ennuyais et je me disais est-ce que je suis vraiment amoureuse de lui au point de me priver de discussions avec mes pairs poètes? visiblement oui. il m'a confié plein de trucs intimes sur ses névroses et j'ai remis les deux pieds en plein dans la delulu. j'ai de nouveau réussi à me persuader qu'il était juste terrorisé de m'avouer et surtout de s'avouer à lui-même qu'il avait des sentiments amoureux pour moi. je veux pas en démordre. il m'a confié qu'il aimerait avoir une expérience homosexuelle et je me demandais s'il me disait ça parce qu'il me prend pour une lesbienne et que donc il a moins peur d'être jugé. il m'a dit que ça coinçait encore un peu parce qu'il craignait le regard des autres mais ok OK non mais j'y crois pas, est-ce que je suis vraiment en train de parler de la sexualité de r. alors que hier soir j'étais de retour sur les planches, derrière un micro, j'avais de nouveau les genoux qui tremblaient mais à part ça j'étais archi à l'aise, même avec les gens, quand j'étais pas prise en otage par les états d'âme de r. j'étais avec l. et d. et c. et j'étais normale et l. était un coeur avec moi, je me sentais même presque jolie, je portais mon double denim de sète et j'étais bronzée de la mer mon amour merci ma peau coopératrice. r. m'a écrit que j'avais l'air dans un méga mood en rentrant et je sais pas trop ce que ça veut dire mais j'ai dit ça c'est parce que je reviens de la mer lol. j'allais pas lui dire que c'était à cause de lui. ça c'est parce que t'étais là r. la vérité c'est que j'étais pompée à bloc parce que j'avais des interactions sociales avec des gens qui n'étaient ni des retraités ni des gens de ma famille, j'ai rencontré des nouveaux gens cool j'étais dans mon monde et les gens m'aimaient bien ET j'étais contente d'être avec r. c'était tout ça à la fois.
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icariebzh · 14 days
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 « Deir al-Balah, Gaza, 11 mars 2024, Chère Michelle, Ton nom est la seule chose que je connais de toi pour l’instant. Moi, je m’appelle Tala. Jamais je n’ai imaginé parler un jour à une Israélienne. Encore moins faire ta connaissance alors qu’une guerre est en cours contre mon peuple. Lorsqu’on m’a proposé de t’écrire une lettre, je me suis sentie mal sur le moment, effrayée par l’idée de coopérer inconsciemment avec l’ennemi et de trahir les miens. J’ai peur que cette conversation me mette en danger ainsi que ma famille.  Mais j’ai quand même décidé de t’écrire. D’abord, pour te raconter ce que je vis depuis six mois maintenant. Et surtout pour honorer mon ami Yousif Dawas, tué le 14 octobre par une bombe israélienne. Il n’avait que 20 ans et rêvait de devenir thérapeute. C’était mon camarade d’université. Nous nous retrouvions régulièrement devant l’hôpital Al-Shifa pour aller ensemble à l’université.  
Je suis née à Gaza City il y a vingt ans. Je n’ai jamais quitté l’enclave, qui est une vraie prison à ciel ouvert, tu sais. A l’université, j’étudie le droit. Pendant mon temps libre, j’écris. Les gens disent de moi que je suis un vrai rat de bibliothèque. Avant la guerre, je travaillais du matin jusqu’au soir. Puis, une fois rentréechez moi, j’adorais dévorer un énième livre de ma bibliothèque tout en buvant du thé vert, ma boisson préférée. Je pourrais te parler des heures de mon université. Elle est si belle : on y entend le chant des oiseaux, le bruissement des arbres, on y respire l’air frais et on y trouve des espaces agréables où se reposer. Maintenant, il faudrait que j’écrive ces mots au passé. Car il n’en reste qu’un tas de ruines. Quant à mon diplôme, que j’étais censée obtenir l’an prochain, je ne sais pas quand je pourrai le décrocher.
Désormais, je suis réfugiée à Deir al-Balah, après avoir fui le nord de Gaza, en passant par Khan Younès, où je suis restée quarante jours sans mes parents et mes petites sœurs, qui étaient restés dans le Nord pour garder notre maison. Ils ont fini par partir eux aussi, et on s’est retrouvés en décembre. Nous avons la chance d’avoir trouvé un abri, un toit, des murs. Même s’il me paraît toujours étrange d’appeler ça un abri, étant donné que nous ne sommes protégés ni des bombes ni d’une famine ou d’une épidémie. 
Ce n’est pas courant de parler avec une Israélienne comme toi, Michelle. Personne n’est ami avec des Israéliens ici. D’ailleurs, je ne connais pas grand-chose de votre culture, de vos traditions. A Gaza, on est élevés pour vous haïr. Vous n’êtes rien d’autre que des voleurs de maisons, des auteurs de massacres innombrables qui visent à nous expulser de force ou nous exterminer.
Mais, dans ma famille, on pense qu’il est impossible de tout résoudre par la force. Je partage ce point de vue. Je crois qu’apprendre à connaître les personnes qui revendiquent leur droit à cette terre peut servir notre cause. Et toi, qu’en penses-tu ? Pourquoi as-tu accepté d’entamer cette conversation avec moi ?
Malgré notre adversité, je reste ouverte d’esprit et curieuse d’écouter et de comprendre ton opinion. Peut-être que nous ne pensons pas si différemment finalement, et que nous avons même des choses en commun. Où habites-tu ? Etudies-tu ? Connais-tu des Palestiniens ? 
Ecrire cette lettre me demande un effort colossal. Ces derniers jours, j’ai été incapable de m’exprimer correctement. J’aimerais partager ce que je vis. Ça pourrait me soulager, me faire sortir un peu du chagrin. Je n’ai plus de projet, plus de vie depuis le 7 octobre. Je commence même à me désintéresser de mes activités favorites comme la broderie palestinienne. Mes amis sont morts ou ont fui. Tous sont partis sans dire au revoir. Beaucoup de Palestiniens meurent de malnutrition, des femmes, des nourrissons. Imagines-tu que des enfants font la queue pour remplir une gamelle de soupe ? Nous avons du mal à trouver des légumes, tout est cher ou inexistant. Je déteste voir les rues inondées d’ordures et d’eau sale, les écoles et universités bombardées ou fermées. Je suis fatiguée de sentir la fumée de notre four en argile qui s’incruste dans tous nos vêtements. Et de devoir me déplacer en âne ou en charrette. La ville où j’ai grandi a été ravagée. Mes souvenirs ont disparu. Ma bibliothèque aussi. J’ai vu une photo de ma rue à Gaza City, elle est méconnaissable. C’est devenue une ville fantôme. Michelle, que fais-tu pendant que mon peuple meurt sous les bombes ? Est-ce que ça te fait de la peine ?
Notre situation est indescriptible. Nous avons perdu toute forme de vie sensée. Nous installons des tentes sur les ruines de maisons détruites. Très peu de centres de santé peuvent aider les femmes enceintes. Le taux de fausses couches a augmenté, tout comme les accouchements précoces en raison des bombardements violents. Je hais de voir comment la vie est en train de quitter nos corps. Soutiens-tu cette agression ? Pourquoi rien ne marche dès qu’il s’agit du sort de la Palestine ? Quelle offense avons-nous commise, nous Gazaouis, pour vivre de telles horreurs ? 
Michelle, je me demande si tu as déjà questionné la légitimité de ton Etat, ses lois ou ses actions. Personne ne se soucie de la discrimination que nous subissons depuis cent ans. Et le monde est aveugle face à l’apartheid que nous vivons. Comment l’Etat d’Israël peut-il se qualifier d’Etat démocratique ? Crois-tu que nous pourrons un jour vivre en paix ?
Je suis sûre que tu es, comme tous les êtres humains, dotée de sentiments. Tu ressens l’amour, la haine, la colère, la compassion. S’il te plaît, prends pitié de nous. Dis à ton peuple de cesser de nous priver de notre humanité. Notre destin, c’est nous qui devons le choisir.
Respectueusement, Tala » 
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 « Zoran, centre d’Israël, 25 mars 2024, Chère Tala, Je te remercie pour ta lettre. Bien que je n’habite qu’à quelques kilomètres de Gaza, je n’ai jamais parlé à quelqu’un de là-bas. Premièrement, je souhaiterais te dire que je suis désolée de ce que tu vis et t’exprimer mes plus sincères condoléances pour la perte de ton ami Yousif Dawas. Que sa mémoire soit honorée.
 Permets-moi tout d’abord de me présenter. J’ai 24 ans et, comme toi, je suis étudiante en droit. Je m’intéresse au droit pénal et au droit international. J’aime également faire du bénévolat. Avant la guerre, j’aidais les habitants de ma ville qui avaient besoin d’une assistance pour trouver un logement ou obtenir une aide financière de la part de l’Etat. Désormais, ma ville, Sdérot, comme toute la région limitrophe de Gaza, s’est vidée de ses habitants. 
 J’ai quitté ma maison depuis l’attaque du 7 octobre. Depuis, je suis hébergée par la famille de mon petit ami à Zoran, dans le centre d’Israël. C’est plus calme ici, contrairement à ce qui se passe dans le nord ou le sud du pays. Ma maison me manque beaucoup. Je crains que les missiles lancés quotidiennement de Gaza sur le sud d’Israël détruisent tout ce que j’ai. Mon université est fermée, mais nous pouvons suivre nos cours à distance, en visio. 
Je suis née et j’ai grandi à Jérusalem. J’étais scolarisée à l’école “Hand in Hand” [“main dans la main”], où la moitié des élèves sont des Israéliens juifs et l’autre moitié des Palestiniens citoyens d’Israël ou résidents de Jérusalem-Est. Oui, je connais donc des Palestiniens. J’ai fréquenté cet établissement jusqu’à la fin des études secondaires. C’est le seul lycée mixte en Israël où enfants juifs et palestiniens étudient ensemble.
Mon éducation était donc très différente des autres enfants de Jérusalem. Je parlais quotidiennement à des Palestiniens, des Arabes. Les mêmes que la société nous apprend à haïr. Je me souviens que des enfants de mon quartier ne voulaient pas me fréquenter, m’affirmaient que j’étais devenue amie avec des Arabes qui, une fois adultes, viendraient me tuer. Lorsque j’avais 14 ans, des suprémacistes israéliens ont même mis le feu à mon école. Ces années ont fait évoluer ma vision de la société israélienne.
Le 7 octobre au matin, j’ai appris que des terroristes palestiniens s’étaient infiltrés en Israël. Avec mon petit ami, nous nous sommes précipités dans notre abri antimissiles. Nous y sommes restés enfermés pendant près de deux jours, sans électricité ni réseau téléphonique. Nous entendions des coups de feu et des roquettes à l’extérieur, sans pouvoir ni voir ni comprendre ce qui se passait. Le père et la sœur de mon petit ami sont finalement venus nous chercher et nous ont mis en sécurité, dans le centre d’Israël. Quand je suis sortie de chez moi, j’ai vu des corps sur le sol. J’étais horrifiée. As-tu entendu parler de ce qui s’est passé en Israël ce jour-là ? Qu’as-tu ressenti ? 
Des Israéliens ont terriblement souffert ce jour-là. Nous n’en sommes toujours pas remis. Des familles ont été brutalement tuées, kidnappées. Et il y a encore des otages israéliens à Gaza dont on ne connaît pas l’état. Je connais personnellement l’un d’entre eux et je prie tous les jours pour qu’il revienne sain et sauf [130 personnes – dont 34 seraient mortes – sont encore détenues à Gaza, selon les autorités israéliennes]. Dans mon quartier, les premières victimes des massacres du 7 octobre sont un groupe de personnes âgées d’une maison de retraite. Près de chez moi [au kibboutz Be’eri], Vivian Silver, qui était pourtant une militante pacifiste de longue date, a été tuée. Peux-tu me dire ce que les habitants de Gaza pensent de ces victimes innocentes, prises dans une guerre qu’elles n’ont jamais voulue ? Je ne comprends pas que des personnes utilisent les actions et les décisions du gouvernement israélien pour justifier la violence à l’égard des civils. Ce mode d’action ne peut être une réponse à l’occupation. Si je comprends la nécessité de la résistance palestinienne, j’estime qu’elle ne doit pas viser des innocents.
Il est aussi vrai que de nombreuses personnes en Israël sont, depuis le 7 octobre, incapables de voir au-delà de leur propre douleur et de comprendre ce qui se passe à Gaza. Il leur est difficile d’éprouver de la compassion pour les habitants de Gaza, surtout après avoir vu des vidéos dans lesquelles des Palestiniens célébraient l’attaque du 7 octobre. 
Moi, je ne crois pas que nous soyons ennemis. Je m’opposerai toujours à la violence et à la cruauté, quels qu’en soient les auteurs. Les innombrables atrocités commises par Israël contre les Palestiniens au fil des années, de même que la violence subie par les Israéliens, sont également condamnables. La violence ne fait qu’engendrer plus de violence. La guerre menée actuellement par l’armée israélienne nous le prouve. Serais-tu d’accord pour dire qu’il existe de meilleurs moyens pour obtenir justice ? Y a-t-il encore des personnes à Gaza qui croient en une solution pacifique ?
Tala, tu m’as demandé si j’avais déjà remis en question la légitimité de mon pays. Tu sais, mon peuple, le peuple juif, a une longue histoire de persécution à travers le monde. Que ce soit les ancêtres de mon petit ami en Pologne ou les parents de ma mère au Maroc, ils ont été persécutés parce qu’ils étaient juifs. Cette histoire ne justifie en rien les souffrances des Palestiniens ou la Nakba [“catastrophe” en arabe, désignant l’exode en 1948, à la création de l’Etat d’Israël, de 700 000 Palestiniens, contraints de fuir des massacres ou expulsés par les nouvelles autorités]. Mais il est important pour moi de te rappeler le désir profond et l’urgence qu’il y a eu pour nous, Juifs, d’obtenir un Etat en Terre sainte. 
Toutefois, il m’est arrivé de remettre en question la politique et les lois de mon pays. Quand j’avais 14 ans, j’ai rencontré un groupe d’hommes druzes qui refusaient de servir dans les forces de défense israéliennes, alors qu’ils ont l’obligation de le faire. Ces druzes se sentaient Palestiniens et avaient le sentiment qu’Israël tentait de les assimiler pour les affaiblir et les séparer des autres Arabes israéliens. Ça m’a fait réfléchir. Personnellement, j’ai eu la chance d’être exemptée de service militaire pour raison médicale, mais mon petit ami, qui a refusé de servir, a passé six mois dans une prison militaire israélienne.
Nous sommes une minorité en Israël à questionner la guerre actuelle. Les gens ont peur de s’exprimer. Beaucoup ont été arrêtés pour avoir manifesté ces derniers mois. Parfois, j’ai l’impression que la meilleure chose à faire serait de partir, d’aller quelque part où des horreurs ne sont pas commises en mon nom. Mais partir, ce serait égoïste. Je ne peux pas abandonner mon peuple qui souffre. Je m’inquiète de ce qu’Israël deviendra si toutes les personnes qui se battent pour la paix partent. Parfois, j’ai l’impression que nous sommes si peu nombreux que personne ne remarquerait notre absence.
Et puis, j’aime cette terre. Ma famille a vécu en Palestine parmi des musulmans et d’autres juifs pendant de nombreuses générations avant la création de l’Etat d’Israël. J’espère que nous pourrons un jour être tous égaux et libres. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussée à étudier le droit international : ne plus être impuissante face à l’injustice. 
Tu m’as dit que tu lisais beaucoup, j’aime aussi lire. J’aime la littérature russe classique, comme Dostoïevski ou Tolstoï. Mon livre préféré est “Anna Karénine”. Quel genre de livres aimes-tu ? Je suis curieuse de savoir ce qui t’a poussée à étudier le droit.
J’aimerais aussi en savoir plus sur l’histoire de ta famille. Comment était ta vie avant la guerre ? Où vivait ta famille avant 1948 ?
Je suis heureuse de pouvoir t’écrire. J’imagine à quel point cela doit être difficile pour toi. Je me réjouis d’avoir de tes nouvelles et te souhaite un bon ramadan.
Sincèrement, Michelle »
Lettres et Photos- source: Le Nouvel Obs
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laurierthefox · 3 months
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Bonjour a toustes et bonne grève !
On fait une petite pause douceur (avant de repartir à la bagarre) avec les illustrations que je réalise pour ma mécène qui à pris l'abonnement "Arbre Vénérable" sur Patreon. Comme d'habitude cette illustration est faite sous Manga Studio et la prochaine que je posterais sera en tradi' au crayon de couleur.
Elles on été réalisées en Septembre, je n'ai eu aucune indication (donc carte blanche) et je voulais rendre une chaleur cocooning typique de l'automne ou il fait doux, mais un peu brumeux et frais. On commence à porter le pyjama en pilou, boire du thé, chercher des châtaignes... (Alors que dans la réalité au même moment il faisait 25° ^^' ).
J'espère que cela vous plairas, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaire !
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Je posterais régulièrement d'autres illustration déjà vu en avant-première par mes mécènes.
Si vous voulez me soutenir c'est par ici : https://www.patreon.com/LaurierTheFox
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a-room-of-my-own · 2 months
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Pour les lits en carton pourris pour les JO apparemment les mêmes ont déjà été utilisés pour les JO de Tokyo. Les pauvres 😂
(En vrai pour des milliers de lits qui vont servir que quelques semaines c’est pas une si mauvaise idée si ça permet de les recycler)
Par contre pour la Nakamura une pompe à vélo de la marque du même nom ferait sans doute plus l’affaire 🤣
Il paraît mais entre ça et le village olympique dans le 93 coincé entre le périphérique et l’autoroute, question hospitalité à la française on se pose là 😂
J’ai pas du tout compris pourquoi ils voulaient construire ça en petite couronne alors qu’il suffit de s’écarter un peu pour être à l’air. Là ces cons ils ont mis des « capteurs de particules fines » dans leur grosse dalle de béton alors qu’il existe ce miracle de la technologie qui s’appelle UN ARBRE BORDEL DE MERDE.
Nan mais je sais que l’époque est à la plus flamboyante médiocrité, à des niveaux que j’aurais jamais crus possible, mais là on passe le mur du çon toutes les deux minutes.
Et il faudrait réussir à avoir une putain de ligne directrice en terme de communication, parce qu’embaucher Dominique Hervieux pour la danse des JO - qui du coup a fait de la danse contemporaine impossible à reproduire pour le commun des mortel - puis vouloir Aya Nakamura pour la cérémonie d’ouverture, j’y comprends rien, c’est quoi le plan? En plus pour chanter du Edith Piaf? Mais pourquoi?
Je veux dire, soit on l’invite et on assume, soit on fait autre chose mais là c’est du foutage de gueule pour tout le monde. Même pour elle! Ses chansons c’est pas ma tasse de thé, mais lui envoyer le message qu’en gros ce qu’elle fait c’est de la daube mais qu’on a besoin d’elle comme caution « black-blanc-beur » comme en 98, c’est juste du mépris.
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it-is-i-a-retard · 2 years
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Fluent Forever 625: French
For those of you who can’t be assed to get all the 625 words in French I’ve done it for you (I might do other languages as well)
-Repost from my old account
Animals: chien, chat, poisson, oiseau, vache, cochon, souris, cheval, aile, animal
Transport: train, avion, voiture, camion, vélo, bus, bateau, navire, pneu, essence, moteur, billet, transport
Lieux: Ville, maison, appartement, rue/route, aéroport, gare, pont, hôtel, restaurant, ferme, cour, école, bureau, chambre, commune, université, club, bar, parc, camp, boutique/magasin, théâtre, bibliothèque, hôpital, église, marché, pays, bâtiment, terre, espace, banque, lieu
Vêtements: chapeau, robe, combinaison, jupe, t-shirt, pantalon, chaussures, poche, manteau, tache, vêtements
Couleur: rouge, vert, bleu (clair, foncé), jaune, marron, rose, orange, noir, blanc, gris, couleur
Personnes: fils, fille, mère, père, parent, bébé, homme, femme, frère, sœur, famille, grand-père, grand-mère, mari, femme, roi, reine, président, voisin, garçon, fille, enfant, adulte, humain, ami, victime, joueur, amateur, foule, personne
Travails: professeur, étudiant, avocat, docteur, patient, serveur, secrétaire, prêtre, police, armée, soldat, artiste, auteur, directeur, journaliste, acteur, travail
Société: religion, paradis, enfer, décès, médicament, argent, dollar, facture, mariage, mariage, équipe, race, rapports sexuels, sexe, meurtre, prison, technologie, énergie, guerre, pais, attaque, élection, magazine, journal, poison, arme à feu, course, exercice, balle, jeu, prix, contrat, drogue, marque, sciences, dieu
Art: bande, chanson, instrument de musique, musique, film, art
Boissons: café, thé, vin, bière, jus, eau, lait, boisson
Nourriture: œuf, fromage, pain, soupe, gâteau, poule, porc, bœuf, pomme, banane, orange, citron, maïs, riz, huile, graine, couteau, cuillère, fourchette, assiette, tasse, petit déjeuner, déjeuner, dîner, sucre, sel, bouteille, nourriture
Maison: table, chaise, lit, rêver, fenêtre, porte, chambre à coucher, cuisine, salle de bains, crayon, stylo, photo, savon, livre, page, clé, peinture, lettre, note, mur, papier, plancher, plafond, piscine, verrou, téléphone, jardin, jardin, aiguille, sac, boîte, cadeau, carte, bague, outil
Électronique: horloge, lampe, ventilateur, téléphone portable, réseau Wi-Fi, ordinateur, programme d’ordinateur, laptop, écran, appareil photo, télévision, radio
Corps: tête, cou, visage, barbe, chevaux, œil, bouche, lèvre, nez, dent, oreille, larme, langue, dos, orteil, doigt, pied, main, jambe, bras, épaule, cœur, sang, cerveau, genou, sueur, maladie, os, voix, peau, corps
Nature: mer, océan, rivière, montagne, pluie, neige, arbre, soleil, lune, monde, terre, forêt, ciel, plant, vent, sol, fleur, vallée, racine, lac, étoile, gazon, feuille, air, sable, plage, vague, feu, glace, île, colline, chauffer, nature
Matériels: verre, métal, plastique, bois, pierre, diamant, argile, poussière, or, cuivre, matériel
Mathématiques/dimensions: mètre, centimètre, kilogramme, pouce, pied du roi, demi, cercle, carré, température, date, poids, bord, coin
Noms divers: carte, point, consonne, voyelle, lumière, son, oui, non, pièce, douleur, blessure, trou, image, modèle, nom, verbe, adjectif
Directions: haut, bas, côté, devant, derrière, à l’extérieur, à l’intérieur, en haut, vers le bas, gauche, droit, nord, sud, est, ouest, direction
Saisons: été, printemps, hiver, automne, saison
Nombres: zéro, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt, vingt et un, vingt deux, trente, trente et un, trente deux, quarante, quarante et un, quarante deux, cinquante, cinquante et un, cinquante deux, soixante, soixante et un, soixante deux, soixante-dix, soixante-onze, soixante-douze, quatre-vingt quatre-vingt-un, quatre-vingt-deux, quatre-vingt-dix, quatre-vingt-onze, quatre-vingt-douze, cent, cent un, cent deux, cent dix, cent onze, mille, mille un, dix mille, cent mille, million, milliard, première, deuxième, troisième, quatrième, cinquième, nombre
Moie: janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet, août, septembre, octobre, novembre, décembre
Jours de la semaine: lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche
Temps: année, mois, semaine, jour, heure, minute, second, matin, après-midi, soir, nuit, temps
Verbes: travailler, jouer, marcher, courir, conduire, voler, nager, aller, arrêter, suivre, penser, parler/dire, manger, boire, tuer, mourir, sourire, rire, pleurer, acheter, payer, vendre, tirer, apprendre, sauter, sentir, écouter, écouter, goûter, toucher, voir, regarder, donner un bisou, brûler, fondre, creuser, exploser, asseoir, supporter, adorer, passer à côté, couper, se battre, s’allonger, danser, dormir, se réveiller, chanter, compter, marier, prier, gagner, se perdre, mélanger, plier, laver, trouver, tomber, pousser, tirer, porter, casser, porter, pendre, secouer, signer, battre, soulever
Adjectives: long, court, grand, petit, large, étroit, grand, petit, lent, vite, chaud, froid, chaleureux, frais, nouveau, ancien, jeune, vieux, bon, mal, mouillé, sec, malade, sain, bruyant, tranquille, heureux, triste, belle, moche, sourd, aveugle, gentil, méchant, riche, pauvre, épais, mince, cher, pas cher, plat, courbé, mâle, femelle, serré, ample, haut, bas, doux, dur, plongé, peu profond, propre, sale, fort, faible, mort, vivant, lourd, léger, foncé, clair, nucléaire, célèbre
Pronoms: je, tu, il, elle, ce, nous, vous, ils/elles
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Journal d'un survivant : jour 3
Ce trek ressemble de plus en plus aux 10 petits negres, j'ai peur d'être la suivante. En attendant, la prochaine victime a été la motivation du Dr Rathatton. Réveillées dans la nuit par une douce pluie, nos espoirs qu'elle s'arrête au petit matin ont été réduits à néant par les arbres se vidant sur notre crânes de façon continue. Dr Rathatton a donc fait la pom pom girl pendant que je roulais la tente (mais faut mettre les mains dans l'eau et les caillouuuuuuuux), et cest grommelant et malheureuses que nous avons pris la route vers 10h.
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Une fois en bas de notre montée, la motivation du Dr Rathatton a fondu comme une barbe à papa plongée dans l'eau, sous mes yeux de raton laveur éploré. Être soluble s'il en est, et refusant d'affronter le froid, la pluie, et le vent, elle préféra donc m'attendre en bas, me laissant braver les éléments seule.
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S'ensuivent donc 4-5h de marche, très mignonne au demeurant, avec de nombreux points de vue sur de très beaux nuages. Je pense que des 4j de trek, avec beau temps, c'est la plus belle !
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En plein milieu, un doux blizzard m'accueille dans ses bras glacials, et c'est une Touille transie qui arrive au point de vue. La chance est avec moi : les pics se découvrent (sisi).
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Je rentre donc au campement retrouver Dr Rathatton. Celle-ci s'était transformée en fantôme de l'opéra au rabais des toilettes du Campo Italiano. Après l'avoir observée faire de pathétiques sauts de moineau misérable pour se réchauffer, les gardes du parc la prirent en pitié, et l'inviterent à prendre le thé dans leur refuge chauffé. Dr Rathatton fit alors des adieux déchirant à son araignée de compagnie, avec qui elle s'était nouée d'amitié et avait partagé ses gants durant les dernières heures.
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Les derniers 8km se font en partie sous la pluie, en partie au soleil, mais toujours avec un sac à dos loooooooourd.
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Une fois au campement de paine grande, après avoir tenté vainement de me motiver à faire le poteau de drapeau pour faire sécher la tente, Dr Rathatton se résout à la monter seule pendant que je me vautre dans la pelouse, où un Dr X nous saute dessus par surprise ! Il est vivaaaaaaaant \o/
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Cest un repas plein de purée et de bonheur qui célèbre ces retrouvailles.
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marie-chatelaine · 1 year
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L'heure T
Inventeur de la médecine, l'empereur Chen Nung avait ordonné à tous ses sujets de faire bouillir l'eau avant de la boire. Un jour de grande chaleur, l'empereur qui se reposait à l'ombre d'un arbre sauvage eut soif. Il fit bouillir de l'eau, lorsqu'une brise légère détacha de l'arbre quelques feuilles qui vinrent se poser délicatement sur l'eau frémissante. Chen Nung porta le bol à ses lèvres. L'eau, devenue infusion, avait un goût étrange et merveilleux. Cela se passait en 2737 avant Jésus-Christ: l'empereur Chen Nung venait de créer le thé... 
- Gérard de Cortanze, Assam -
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ohtumbly · 10 months
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M. chatouille chatouille tout le monde
Bienvenue à Misterland ! C'est une matinée claire et ensoleillée et tout le monde se lève.
M. chatouille se réveille et, toujours au lit, utilise son long bras mobile pour attraper un biscuit en bas. Puis il a sauté du lit.
M. chatouille s'est brossé les dents et a fait cuire une grosse saucisse, un œuf au plat et a fait du thé pour le petit-déjeuner.
Savez-vous à quoi ressemblait son petit déjeuner ? Disons que la saucisse ressemble au numéro 1, puis l'œuf et la tasse de thé, du haut, ressemblaient à une paire de zéros. L'avez-vous déjà deviné ?
C'est exact! Cela ressemblait au nombre cent.
Et M. chatouille a des centaines de personnes à chatouiller aujourd'hui.
Le premier qu'il chatouilla fut après avoir ouvert la porte. Il y avait Monsieur Timbre le facteur.
"Bonjour, M. chatouille!" Accueilli Monsieur Timbre le facteur.
Et avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit de plus, M. chatouille les chatouilla, ramassa les lettres et s'en alla.
Il y avait madame propette qui pendait des serviettes sur une corde à linge. M. chatouille a étiré ses bras agités et l'a chatouillée. Une serviette est tombée sur madame propette.
M. chatouille est passé devant la maison de Robinson et a chatouillé Mr. Robinson par la fenêtre. Il a utilisé son autre main pour chatouiller M. petit après être sorti de chez lui.
M. chatouille a continué à chatouiller les gens qu'il voyait.
Il chatouillé madame tête-en-l'air qui en avait perdu la tête.
M. silence qui avait hurlé de rire.
M. grand qui s'était plié en deux.
Madame risette qui en avait eu les larmes aux yeux.
M. glouton qui en avait eu mal au ventre.
Madame timide qui était devenue rouge comme une pivoine.
Il a chatouillé madame beauté jusqu'à ce que son chapeau glisse,
et M. avare jusqu'à ce que son portefeuille sorte,
et madame têtue le fera,
et M. inquiet le fera pas,
et madame coquette a laissé tomber son sac à main,
et M. bagarreur recule,
et madame follette a dansé,
et M. rigolo tombe,
et madame sage recommence à réfléchir,
et M. pressé s'enfuie,
et madame double tournent,
et M. peureux a sauté sur un arbre,
et madame vite-fait a perdu l'équilibre,
et M. joyeux est tombé sur le sol en riant,
et madame boulot s'est cogné la tête contre une barre,
et M. etourdi jusqu'à ce qu'il se souvienne.
M. chatouille est allé chercher des œufs à Farmer Fields.
« Bonjour, Farmer Fields ! Puis-je avoir des œufs de vous, s'il vous plaît ? »
"Prenez votre temps, M. chatouille." Champs d'agriculteurs répondus.
M. chatouille est entré dans le poulailler, a attrapé douze œufs, les a mis dans un panier et est parti. Puis ses longs bras chatouillèrent les poulets.
Il n'a pas seulement chatouillé les poulets, il a chatouillé une vache, un cochon, les canards, le champ de maïs, le champ de blé,
et madame petite.
"Merci Farmer Fields." A remercié M. chatouille, et il a donné un petit chatouillement à Farmer Fields.
M. chatouille était en route pour Seatown et est tombé sur une école. Il chatouillait le professeur, un garçon à lunettes, une fille à couettes, et Jack. M. rêve sort en riant sur le bureau de Jack.
Il a continué son chemin vers Seatown et est passé devant le cabinet du médecin. Il a chatouillé M. atchoum, M. malchance, et Doctor.
Madame canaille attendait dans une boîte aux lettres bleue. Elle voit M. chatouille et a attaché ses bras en un nœud. Cela n'a pas arrêté M. chatouille, car il a utilisé ses doigts chatouilleux et a chatouillé madame canaille.
Il voit M. grincheux quitter l'épicerie. M. chatouille ne peut tout simplement pas s'en empêcher, peu importe à quel point un gars peut être grincheux. Il a chatouillé M. grincheux et son épicerie est tombée par terre.
M. chatouille a continué à marcher dans la rue quand madame prudente a marché dans la direction opposée avec son parapluie, ses bottes de pluie et son chapeau de pluie. Ses bras se tendirent et la chatouillèrent. Le parapluie s'ouvrit et fit rebondir les mains.
M. chatouille est arrivé à Seatown et s'est assis sur le sable. Une main sortit un sandwich et il en prit une bouchée. Puis l'autre main a chatouillé une mouette.
M. chatouille a continué à chatouiller plus de gens alors qu'il était assis là.
Il a chatouillé madame tintamarre construisant un château de sable,
et M. rapide levant un drapeau,
et madame indécise se promenant,
et M. malin lisant un livre,
et madame range-tout a laissé tomber une boîte de coquillages,
et M. parfait debout dans la brise marine.
Il a chatouillé madame geniale tirant sa planche de surf vers le sable,
et M. maigre sur un voilier,
et madame je-sais-tout sur un kayak,
et M. méli-mélo,
et madame autoritaire,
et M. etonnant,
et madame dodue.
M. chatouille voit M. incroyable sur un nuage. Il essaya de le chatouiller d'en haut en étirant ses longs bras. Ses bras ne sont pas assez longs pour chatouiller M. incroyable. Il a essayé, essayé et essayé.
Le vent a chassé le nuage de M. incroyable et il est tombé dans les bras de M. chatouille.
Il a continué à marcher et a rencontré Monsieur Pinceau le peintre. Il peint une clôture. Il a chatouillé Monsieur Pinceau et il est tombé par terre. M. curieux a regardé par-dessus la clôture et a vu M. chatouille. Avant que M. curieux ne dise quoi que ce soit, il a été chatouillé par une paire de mains orange. Les mains de M. chatouille !
Après le déjeuner, il se dirigea vers un arrêt de bus, M. maladroit marchait le long et enfila un couvercle de trou d'homme.
« Oh non ! » Dit M. maladroit.
M. chatouille lui a donné un chatouillement.
M. chatouille a attendu un bus. Il se tenait derrière M. heureux, debout derrière M. bruit, debout derrière madame catastrophe, debout derrière madame porquoi, debout derrière M. non, debout derrière M. nigaud, debout derrière M. costaud, debout derrière M. farceur, debout derrière madame oui, debout derrière madame tout-va-bien, dans une file d'attente de bus.
Lorsque le bus est arrivé, M. chatouille s'est assis à l'arrière, a étiré son bras et les a tous chatouillés.
C'était un long voyage, mais cela n'ennuierait pas M. chatouille.
En cours de route, il a chatouillé M. neige à Coldland,
M. malpoli près d'une fontaine,
et les bavards à la maison bavard.
Il a chatouillé M. tatillon dans une cabine téléphonique,
et madame bonheur dans un supermarché,
et madame chance au bord d'un lac,
et M. farfelu sous la pluie,
et madame collet-monté dans un bureau de poste,
et M. bing sur un terrain de basket,
et madame boute-en-train en jouant au frisbee,
et madame acrobate quelque part.
Il est descendu du bus et a poursuivi son voyage de retour.
Il a chatouillé madame chipie en rigolant.
Il a chatouillé madame en retard en courant vers la maison.
Il a chatouillé madame casse-pieds bavardant.
Il a chatouillé M. sale dans un tas de bric-à-brac.
Il a chatouillé M. endormi sur un hamac.
Il a même chatouillé un ver.
Il a chatouillé M. bizarre, M. á l'envers, madame vedette, M. courageux, M. grognon, madame moi je, madame contrarie et M. lent !
Ha ha !
M. chatouille avait encore une personne à chatouiller. Tard dans la soirée, madame magie était sur son tapis magique. M. chatouille étendit ses bras par la fenêtre et la chatouilla. Le tapis a atterri en toute sécurité.
M. chatouille a soupé, s'est brossé les dents et est allé se coucher.
Il y a quelqu'un que M. chatouille n'a pas encore chatouillé. Savez-vous qui ?
C'est M. chatouille, lui-même ! Il posa sa main sur sa tête et chatouilla dans son sommeil.
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inhushedwhispershp · 1 year
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Famille Lovegood
tw : harry potter, guerre, violences, dictature, expériences, contrôle des naissances et des unions, classicisme
Nationalité : Anglais
Origines : Venant d’islande par le passé, mais ces racines se sont enfouies profondément.
Nature du sang : Mêlé, les lovegood sont très libres et maîtres de leur choix jusqu’alors. 
Corps de métier : Sports et arts magique
Classe sociale : moyenne
Caractère : Artiste, esprit libre, roublard, malin, lunaire, tendre, naïf, sportif, franc.
Histoire : Pour connaître plus en détail les Lovegood, il faut remonter dans leur arbre généalogique au temps où, d’un pari un peu éméché, on pouvait récupérer une terre. Ce fut le cas lorsque la matriarche Lovegood, au 17ème siècle, autour d’une tasse de thé, a tenté le patriarche McGonagall avec un jeu bien à elle qui lui permettait de s’enrichir. Elle disait à qui voulait l’entendre qu’elle avait trouvé la preuve que les joncheruines existaient. Comme les Mcgonagall, plus terre à terre, n’y croyaient pas, parièrent l’une de leurs terres : l’île de Skye. Grâce à une certaine luminosité dans une pièce particulièrement ensoleillée, un suncatcher très efficace, et une fenêtre qu’on considèrerait comme écoeurante à ce jour, l’affaire fut rondement menée. Le patriarche fut convaincu alors même qu’il regardait un phénomène naturel (quand on déplorerait aujourd’hui un manque d’hygiène consternant) à travers une entrée pleine de saleté, reflétant comme un diamant de fausses bêtes imaginaires. C’est ainsi, par une ruse enfantine et amusante, que les Lovegood eurent leur terrain d’exploration, qu’ils n’exploitèrent jamais réellement, laissant les terres vides et sans construction, simples montagnes à découvrir, en recherche de fantaisie. 
Ce fut la solution idéale, quand la guerre débuta. Ainsi, philanthropes, les Lovegood invitèrent la communauté sorcière à se protéger et à se reconstruire. Par ce don généreux, ils furent privilégiés, non forcé de s’investir activement dans la reconstruction, certains les appellaient même les bouffons du ministère : plus investis à réinventer les fêtes et les événements sorciers, notamment les mariages, les Lovegood sont devenus les portes paroles du Gouvernement et de leur politique maritale. 
Ils se sont également appliqués à inventer un jeu moins voyant que le quidditch, désormais interdit : le roller derbitch, un jeu dangereux où le souaffle, le cognard et le vif d’or sont réutilisés, mais le moyen de déplacement premier est une paire de rollers, dont les roues sont améliorés en fonction de vos finances. Très vite devenu populaire, les Lovegood s’attachent à rendre la vie plus légère quand le monde semble tomber en ruines, ce qui n’est pas vu d’un bon oeil par tout le monde.
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des-paroles · 1 year
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Des arbres ici il y en a partout et de toutes sortes. Impressionnants et rassurants, ils veillent.
Un joli salon de thé installé dans l'ancienne école du village nous reçoit pour goûter. Cette ancienne école est la sœur jumelle de celle que j'ai fréquentée, et malgré tout ce que cela impliquerait à bien des niveaux, je m'imagine revenir vivre ici parmi les grands arbres.
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tristesseclub · 2 years
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Le goût des secondes chances
J’ai essayé de reprendre une histoire avec mon ex, celle grâce/à cause de qui, j’ai commencé ce Tumblr, car après tout, tout le monde a droit à une seconde chance (même si je suis certain que peu de gens ne m’en laisserait une si je les avais blessé comme on m’a blessé) et que moi, j'ai droit à une énième déception.
Je n'ai aucune honte à ravaler mon vomi, à avouer à mon entourage "Voilà, je revois mon ex, oui, oui, celle pour qui j'avais dit de m'attacher à un arbre et de me jeter de l'eau glacée au visage si je la fréquentait de nouveau. Alors, tiens, voici mes poignées, attache-moi". Sauf que personne ne m'a fait la morale, ils ont juste à la rigueur soufflé un petit coup, levé les yeux au ciel mais personne ne m'a attaché à un tronc. Sûrement car c'est toujours plus divertissant de voir les autres se mettre dans des situations foireuses tandis que l'on reste dans notre coin à siroter du thé en trempant des cookies dedans.
Bien entendu, rapidement, j'ai compris pourquoi les secondes chances c'est quand même plus nul que les premières chances, que le vomi, ça a un goût dégoutant et que mon ex est une grosse ordure.
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joliedemeure · 1 year
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J’habite seule une petite maison
Pleine de livres de chaleur et de souvenirs
Isolée au milieu des arbres
Perdue au fond de la campagne
Une cabane de sorcière sauvage
Peu de mes amis peuvent en franchir le seuil
Ma peur y joue le chien de garde
Et piège à ma place le terrain des intimités
Ma maison a été le théâtre de guerres et de deuils
Les fleurs du jardin m’ont été arrachées
C’est depuis mes fenêtres que je vois défiler les saisons
Non que je me méfie des hommes mais je préfère il me semble
A leur présence celle des oiseaux sans plus d’autres raisons
A leur violence celle de la pluie qui tombe
Non que je me méfie mais mon corps se rappelle
J’ai semé cet été des graines de fleurs nouvelles
Aux couleurs de rivières de chansons et de rêves
Le verrou se défait c’est le monde à ma porte
Qui essuie doucement mes larmes de joie
Qui me dit mais ma douce nous n’attendions que toi
J’habite seule une petite maison
Une cabane de sorcière sauvage
Et depuis des semaines c’est le bouleversement
Des gâteaux cuisent au four et si je les prépare
Ce n’est plus pour moi seule mais bien pour un amant
Animal compagnon tour à tour feu et terre
Compagnon en toute chose évident partenaire
Les murs de la maison se sont comme écartés
Pour lui faire de la place et l’entendre chanter
C’est l’été quotidien et les fenêtres ouvertes
Le son d’une respiration autre que la mienne
Le plancher qui grince sous d’autres pas
Une vaisselle faite à quatre mains
La nuit qui tombe trop tôt
les bouillottes brulantes sur les pieds froids
Le thé toujours oublié avant de dormir
Mon jardin peine encore à donner de beaux fruits
Et je connais ma peur tapie dans la mousse et l’ombre
Mon coeur d’animal sauvage oublie parfois de vivre
Tant la vie est immense et moi si minuscule
Il y aura sûrement encore des nuits sans fins
Mais il y a aussi sous mon toit un oiseau adoré
L’espérance sinon l’espoir d’une vie à la lumière d’été
Malgré la pluie hiémale et les longues heures de peine
La clé qui ouvre ma maison
Est en bonne compagnie
Et cela me console
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cogitontos · 2 years
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"La vie dans les bois permet de régler sa dette. Nous respirons, nous mangeons des fruits, cueillons des fleurs, nous baignons dans l'eau de la rivière et puis un jour, nous mourons sans payer l'addition à la planète. L'existence est une grivèlerie."
"L'essentiel ? Ne pas peser trop à la surface du globe. Enfermé dans son cube de rondins, l'ermite ne souille pas la Terre. Au seuil de son isba, il regarde les saisons danser la gigue de l'éternel retour. Privé de machine, il entretient son corps. Coupé de toute communication, il déchiffre la langue des arbres. Sa cabane égaie et pourvoie au confort. Un jour on est las de parler de décroissance et d'amour de la nature. L'envie nous prend d'aligner nos actes et nos idées. Il est temps de quitter la ville et de tirer sur les discours le rideau des forêts.
La cabane, royaume de simplification. Sous le couvert des pins, la vie se réduit à des gestes vitaux. Le temps arraché aux corvées quotidiennes est occupé au repos, à la contemplation et aux menues jouissances. L'éventail des choses à accomplir est réduit. Lire, tirer de l'eau, couper le bois, écrire et verser le thé deviennent des liturgies. En ville, chaque acte se déroule au détriment de mille autres. La forêt resserre ce que la ville disperse."
- Dans Les Forêts De Sibérie
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rayondelun3 · 29 days
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salut quel sont les lieux que tu aimes particulièrement de visiter dans ta ville ?
bonsoir
je ne te réponds que maintenant car je comptais faire un montage photos avec canva de mes lieux favoris mais tu vas devoir faire ta propre enquête pour voir ou bien peut-être que ce n'est pas important pour toi
j'aime aller à Vacarme Vintage, c'est une friperie café stockages d'objets vintage et de plantes et d'autres choses encore. je trouve qu'ils servent le meilleur café de Rennes - je suis très chiante pour les boissons et particulièrement pour l'alcool et le café.
le parc que je préfère c'est celui du Thabor... Je trouve l'endroit tellement beau à chaque saison. avec les fontaines, toutes les variétés de plantes... j'aime particulièrement lire dans l'herbe sous un certain arbre à un endroit particulier du parc. j'aime aussi m'assoir près du bassin des carpes koï et me balader parmi les fleurs ; j'y passe un temps fou.
j'adore aller aux musée des Beaux Arts de Rennes ; on a des expo vraiment géniales et il y a un moment dans la semaine où on peut avoir une visite guidée commentée sur un thème ; on peut échanger avec le staff et poser des questions c'est vraiment chouette et c'est gratuit (je suis pauvre et sans le sous)
un autre endroit où je me rends beaucoup ce sont les Champs Libres... que dire à part qu'il y a tout ce qu'il faut pour me combler : des expositions gratuites temporaires, des évènements - la dernière fois par exemple j'ai confectionné un bouquet et j'ai également pu échanger autour d'un thé avec la mère d'inconnues, le planétarium - c'est précieux, et bien évidemment la gigantesque médiathèque où je cherche, fouille, fouine à tous les étages pour étudier ou trouver de quoi lire (toujours plus de livres, c'est nécessaire à mon bien-être)
enfin, un endroit que j'adore mais où j'ai rarement l'occasion de me rendre c'est le cinéma... alors il y a un cinéma que j'aime très fort qui s'appelle le Cinéma Arvor. bien que l'endroit ait bougé et que la déco ait changé j'aime toujours autant ce ciné ; il y a du bois, des salles pas bien grandes et souvent des films coréens ou du cinéma d'ailleurs ; pas juste des blockbusters (c'est rare) ; ils projettent aussi de vieux films c'est très sympa et le tarif est intéressant aussi
j'aime bien me balader le long de la Vilaine (qui porte bien son nom) ou errer dans la ville un peu à ma guise quand j'ai le temps et prendre des photos. ça fait bien longtemps d'ailleurs que je n'ai pas fait ça. j'aime aussi me rendre au cimetière, ça m'apaise.
PS : non, pas de bars je refuse de renforcer le cliché breton - et pourtant qu'est ce que j'aime le cidre et le vin rouge (surtout le chapeau melon)
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Et voici, sous vos yeux ébahis, le récit épique de notre dernière journée de traversée du grand nord de la jungle, à votre service.
La nuit a été très très froide, et si on rajoute à ça le fait que mon hamac touchait par terre quand j'y mettais mes grosses fesses, ça a créé une nuit assez courte ! Clem a l'air encore plus frigorifiée que moi, elle vide trois tasses en bambou de thé brûlant …
On est plus efficaces pour lever le camp que d'habitude, nous partons à 8h15 ! (Avec une Clémentine qui se cache dans les flaques de soleil pour se réchauffer)
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Le retour est un peu laborieux : j'ai un peu mal à la cheville, mais surtout peur d'un faux mouvement, et je suis fatiguée des trois derniers jours à mal dormir… comme on commence par remonter la montagne qu'on a descendue hier, le départ est dur ! On retrace nos pas pendant une bonne heure, ce n'est pas très drôle, mais le soleil joue avec les feuilles en créant une luminosité très sympa. On sent que les guides sont allégés, ils crapahutent à toute vitesse devant !
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On finit par atterrir sur un chemin que je ne reconnais pas (après avoir escaladé de nouveau tous les arbres couchés par la tempête), et on sort d'un coup de la forêt, un peu comme à l'aller.
On est en fait dans une zone en train d'être préparée pour la plantation de riz dans un gros mois : la tronçonneuse résonne pour couper les bambous géants, et des troncs jonchent déjà le sol. On nous explique que la zone appartenait à une famille qui a quitté les terres il y a trois ans (une maladie qui les a contraints à rejoindre le village plutôt que de continuer à vivre en ermites), ce n'est donc qu'un "petit défrichage"... C'est vrai que les bambous géants poussent en 2 ans, c'est donc cohérent, mais ça n'en reste pas moins impressionnant !
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Au détour d'un sentier, on aperçoit un buffle caché dans les arbres. En s'approchant, le guide nous fait remarquer qu'il a une grande blessure ouverte au derrière : c'est un coup de machette. Quand un buffle commence à manger les plantations d'un fermier à qui il n'appartient pas, certains lui font peur, d'autres l'attaquent comme ça. Vu que le buffle ne reste pas au même endroit tout le temps, c'est très difficile de savoir qui l'a blessé, donc il y a rarement des représailles… c'est assez dur à voir pour le coup!
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Le soleil tape très dur, on marche à peu près une heure et demie (plus les pauses, on a l'habitude) en plein cagnard, ça nous change de la jungle… on longe de nouveau les plantations de cajou, puis on arrive en vue d'un champ qu'on reconnaît, victoire, on est chez Mr Cho ! (Louk Cho, comme on dit en Khmer)
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Après avoir été chercher un coca frais au village en moto (ça fait tellement du bien !!), on partage le déjeuner sur le sol de la maison. On demande combien d'enfant Mr Cho a, et on apprend qu'il a perdu une de ses filles à 21 ans il y a trois ans, en même temps que son mari. Quand sa fille est tombée malade, ils ont fait un sacrifice de buffle aux esprits qui n'a pas fonctionné, puis l'ont emmenée à l'hôpital où ils n'ont pas trouvé ce qu'elle avait (L'hôpital coûte très très cher), elle y est malheureusement décédée le lendemain, laissant son fils de 1 ou 2 ans aux soins des parents. La vie au village n'est pas facile, et les soins difficiles d'accès (que ce soit au niveau financier ou au niveau routier).
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On repart après avoir remercié Mr Cho et lui avoir donné un petit pourboire, et on découvre sur le chemin du retour la pratique de ce qu'on nous expliquait ce matin : après le défrichage du plus gros, les fermiers mettent le feu aux champs pour se débarrasser des herbes (qui montent à plus de 2m de haut quand même, c'est sacrément plus rapide que de désherber à la main ..), ce qu'on constate sur tout le bord de la route ! (Et parfois au milieu, vu que certains ont balancé les branches en énorme tas en plein milieu, et qu'on galère à faire le tour). Je ne sais pas trop pourquoi on n'en a pas vus à l'aller, peut être qu'ils ne font ça que l'après midi? On résoud aussi enfin une énigme qui me turlupine depuis des jours : il y a parfois des grands bâtons épineux regroupés comme des boisseaux de blés dans les champs, et je ne comprenais pas à quoi ils servaient. Ce sont en fait les tiges des racines de manioc ! Le manioc est vendu aux chinois, et les tiges replantées (en effet, certaines font déjà des feuilles).
Sakal nous fait visiter le cimetière du village (la partie visible en tout cas, il s'étend sur plus de 10ha mais tout est envahi par la végétation, on ne voir rien). Lors du décès d'un habitant, il est d'abord veillé pendant 6 ou 7 jours. Une nuit de prière et de chants est organisée le premier jour, un buffle sacrifié. Un arbre est choisi dans la forêt pour être débité et faire le cercueil, et la dépouille est transportée dans sa demeure temporaire dans le cimetière. Il passera un an dans une structure assez basique en béton avec un toit, où la famille viendra une fois par mois boire du vin de riz et faire des offrandes. Un buffle est sacrifié le jour du transport. Au bout d'un an, la famille décidera d'un jour pour construire sa demeure finale: ils invitent tout le village pour faire la fête et les aider, et construisent une grande tombe, surmontée d'un préau en bois, en tuiles et en métal. Sur le toit, un bateau stylisé censé permettre à l'âme du défunt de pêcher, du coton pour lui permettre de s'habiller, et à l'entrée de la tombe deux grandes statues humaines représentant ses parents, qui l'accompagnent dans l'autre monde.
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Juste sous le toit, on trouve des grands tissus colorés, censés apaiser son âme et éviter une malédiction sur la famille. On y dépose le corps (avec quantité d'objets, sur la tombe : des vêtements, de l'argent, des bougies, du riz, etc… en fonction de la richesse de la famille ) on sacrifie un nouveau buffle, et on ne retournera plus jamais sur la tombe. Parfois, une zone autour de la tombe est dégagée et protégée par la famille pour pouvoir y installer les futurs décédés de la famille, qu'ils soient proches.
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Aucun entretien n'étant fait dans le cimetière "ancien" (c'est à dire toutes les tombes définitives terminées), la nature reprend ses droits très très vite et la végétation recouvre 95% des tombes. Le cimetière est couvert de déchets plastiques laissés là après les fêtes (le contraste avec les rues propres était assez frappant), c'est parfaitement normal pour les locaux.
Sakal nous parle également des coutumes dans le village : les enfants sont mariés très tôt (13 ans pour les filles, avec des garçons de 14 ou 15 ans), et ils font également des enfants très jeunes. Les mariages sont arrangés, même si c'est de moins en moins vrai : avec l'arrivée d'une éducation, certaines filles se marient jusqu'à 18 ans (le guide avait une certaine fierté dans la voix, difficile de lui dire que ça me paraît encore tellement jeune !) et choisissent leur futur conjoint.
Ici, l'école a été créée par une association. Celle ci passe un contrat avec l'état, où elle atteste s'occuper de la construction et du premier contrat avec le professeur (souvent sur deux ans), après quoi l'école appartient à l'État. Il lui revient alors de trouver un nouveau professeur, soit dans le village (difficile, il faut une éducation niveau lycée et c'est vraiment rare dans les anciennes Générations, où ils ne sont parfois même pas allés à l'école primaire), soit dans des plus grandes villes. Les uniformes se trouvent dans une ville à 40km de là, si j'ai bien compris une personne du village fait un stock là bas et les gens achètent donc sans avoir à se déplacer.
On retraverse le fleuve (en compagnie de deux petits porcelets dans une cage en bambou qui risquent fort de finir à la broche …), on se prend de nouveau 850 kg de poussière dans le visage, et on arrive enfin à l'auberge !
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Après avoir donné son pourboire à notre guide, on se sépare au tournant avant l'auberge (visiblement le propriétaire de l'agence et notre logeuse sont très fâchés), et on va enfin prendre cette douche dont nous rêvons depuis des jours! C'est marrant comme une douche froide peut être attrayante, selon les circonstances…
On partage le repas avec la famille, c'est un véritable festin ! On mange du boeuf sauté aux champignons, un mélange de légumes indéterminés avec de l'œuf et du tofu, un plat incroyable à base de porc haché très finement, de menthe, de citron (?), de condiments divers et d'oignon, à manger avec du concombre, un poisson au tamarin, le tout accompagné de riz. Mon appétit revient instantanément, je dévore ! On discute toute la soirée avec un couple français et un couple polonais/écossais super sympa, c'est génial :)
Et voilà, c'est la fin du feuilleton "aventures dans la jungle", nous espérons que cela vous a plu!
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