Berger des Pyrénnées
Le berger d’Aydius
Pierre Loustaunau est né et baptisé le 16 août 1754. Ses parents, âgés d’environ 35 ans, modestes paysans, s’appelaient lors de leurs noces, neuf ans plus tôt, Martin Latourette et Marie Bergès. S’ils sont nommés ensuite Loustaunau, c’est sans doute en raison la maison qu’ils habitaient. Pierre est le cinquième enfant, mais les trois aînés meurent jeunes, et sa sœur Madeleine, d’un an plus âgée, s’éteint elle-même alors qu’il a 17 ans, ce qui le laisse seul héritier. Ce n’est donc plus une condition de cadet qui peut le pousser à l’émigration ; mais sans doute y avait-t-il songé auparavant.
Participa-t-il, entre ses quinze et ses vingt ans, comme nous l’avons supposé à la suite de Yan Priat auteur “La main d’argent”, aux grands travaux de la mâture, qui dureront jusqu’en 1780 ? C’est possible, mais rien ne le prouve. Son départ pour Bordeaux puis vers les Indes parait en revanche certain. L’historien Roger Dupierris a montré que la communauté d‘Aydius élisait alors chaque année des jurats et des employés communaux dont un “gardien des chèvres” Mais ce n’est pas à ce titre, que Loutaunau, sur ses vingt ans, pourra partir. En 1776, le gardien des chèvres est François Casnoube, dit Pacq. De plus, la transhumance n’est pas dans ses attributions. Elle devait être l’affaire de chaque famille. Pour les riches maisons possédant vaches et brebis, c’était un fils ou un oncle cadet qui les conduisait vers le piémont. Mais les familles n’ayant qu’une ou quelques chèvres (la vache du pauvre) devaient bien être forcées de s’entendre et de trouver, un gardien commun. Pierre Loustaunau fut certainement celui-là. Sinon, l’on ne voit pas l’intérêt qu’il aurait pù avoir, par la suite à s’accuser d’un abus de confiance,.
L’embarquement à Bordeaux
Le voici donc à Bordeaux, deux années de suite, en 1775 et 1776. faisant brouter ses chèvres dans les campagnes proches , puis les menant dans les rue de la ville en criant comme tant d’autres : “Leyt de crabe, qui en booù ?” .. Un marin rencontré sur les quais de la Gironde le tente de partir avec lui pour les Indes. Il vend les chèvres dont il avait la garde pour constituer son pécule et s’embarque le 17 novembre 1776 à bord du vaisseau “Le Sartines”, armé par Lafond de Labedat, commandé par le capitaine le Coronat, en partance pour les Indes. Embarqué comme mousse, Loustaunau ne tarde pas à être embauché comme valet et secrétaire par un passager , le Chevalier de Saint Lubin.. Qu’il sache écrire va de soi. On connait le fort taux d’alphabétisation des garçons en Aspe. Son père avait lui-même signé de sa main “Martin” sur le registre de baptême, et son parrain Gradiou était le “régent” du village,.
Après de cinq mois de navigation autour de l’Afrique, le Sartines accoste le 11 avril 1777 au port de Chaoul près de Bombay en territoire Mahratte. Les Mahrattes sont une confédération de tribus brahmaniques peu favorables aux Anglais, plutôt alliés du Grand Mogol, empereur musulman du Bassin du Gange, d’où le souci du royaume de France de leur apporter des aides et des armes.
Depuis le Traité de Paris en 1763, la France ne conserve plus aux Indes que les cinq comptoirs naguère récités par le écoliers : Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Mahé et Karikal. Mais elle continue à mener contre les Anglais qui dominent le pays, une lutte d’influences. Et une nouvelle guerre franco-anglaise va éclater en 1778.
Le vaisseau Le Sartines, arrive aux Indes avec un chargement d’armes et le sieur Pallebot de Saint-Lubin est agent double (et trouble) mentionné parmi les “Aventuriers aux Indes “ de Maurice Besson .Ayant déjà séjourné aux Indes et a eu, avant le départ, un entretien avec le ministre de Sartines. Sitôt débarqué; il prend l’initiative d’une ambassade auprès des Mahrattes et pour les impressionner, constitue une escorte d’apparat avec l’équipage du bateau, “turquerie” qui amuse beaucoup son secrétaire Loustaunau. Mais Saint-Lubin va trop loin : il s’approprie aussi pour faire des présents à ses hôtes des biens que l’armateur comptait revendre. Son délégué à bord, le subrécargue, veut intervenir. Les Mahrattes l’emprisonnent comme un trublion. Saint-Lubin, voyant les choses mal tourner, s’est enfui sans demander son reste ; il connait bien le pays. Voilà donc notre Loustaunau sans navire et sans emploi.
Heureusement pour lui, un diplomate français, M de Montigny, présents aux Indes, ayant eu vent de l’affaire, le 30 juillet 1778 dans les parages. Loustaunau se présente à lui, et lui fait un récit si plaisant de “la turquerie” que Montigny, à son tour, le prend à son service. C’est donc à ses côtés que le berger d’Aydius fait une deuxième entrée à la cour de Poona, Son patron le présente au prince Scindiah qui, bientôt, prend lui-même le Béarnais à son service.
Les souverains indiens sont souvent en guerre les uns contre les autres, Tous ont des armées, constituées de “partis” souvent dirigés par des aventuriers européens, exercés dans l’art de la guerre, Ainsi dans le camp de Scindiah, le Portugais de Norogne, neveu d’un évêque, commande 800 hommes. Assistant à un défilé de ces troupes, avec leurs uniformes et leurs éléphants, Pierre Loustaunau sent naître en lui une vocation de guerrier. Montigny consent à lui donner une lettre de recommandation auprès de Norogne.
Cela tombe bien. Les hostilités s’ouvrent entre Scindiah et son rival, un autre Mahratte le prince Ragoba, armé par les Anglais Les soldats de Scindiah ont encerclé l’adversaire, mais ceux -cid fortifiés sur une hauteur, résistent bien avec leur artillerie. Loustaunau remarque une autre éminence voisine et propose à Norogne d’y percher ses propres canons. Le Portugais prend mal cette remarque d’un jeune civil ; mais elle est rapportée par un officier mahratte, au Prince..-”En somme, dit Scindiah, ce Français ne veut pas d’argent, mais seulement des canons? - Donnez-les lui, avec mes meilleurs canonniers.” - Loustaunau met en place les canons. La bataille est gagnée et c’est pour lui le début d’une fulgurante carrière.
Le général à la main d’argent
Le Prince Scindia, qui, lui offre une bourse d’or, un cheval, un sabre symbolique, et lui propose de commander une de ses armées. Loustaunau hésite d’abord, mais Montigny, à court d’argent, quittant l’Inde. il finit par accepter; il lève un “parti ” de 2000 hommes, faisant de la tribu des Rouillas, dont il a vu la bravoure, sa garde d’honneur. Les Anglais envoient contre les Mahrattes de Poona un corps de 5000 Cipayes. Scindia, furieux, veut faire attacher à la bouche de canons, deux officiers britanniques prisonniers. mais Loustaunau le faire renoncer à cette mesure inhumaine. et plus tard, ce geste, et quelques autres, lui vaudront une certaine tolérance de la part des Anglais.
À la bataille de Chassipachner, le 16 janvier 1780 une charge de Loustaunau à la tête de ses Rouillas permet une nouvelle victoire Mahratte. Le chef aspois y a perdu une partie de la main gauche emportée par la mitraille. Mais un orfèvre hindou réussit à ciseler pour lui une prothèse et il sera désormais connu comme “le chef invincible à la main d’argent”. En outre Scindia lui offre, à Agra , à cent kilomètres de Dehli, un véritable palais où il peut loger ses troupes, cent cinquante chevaux et trente éléphants de combat.
L’année 1782 est celle de la dernière tentative française de conquête des Indes. avec le Bailly de Suffren et le marquis de Bussy, tous deux âgés. Elle échoue. Le 14 novembre 1783, le Traité de Versailles laisse définitivement l’Inde à l’Angleterre, la France ne conservant que ses fameux cinq comptoirs . Cette période guerrière aura attiré de nouveaux mercenaires français, dont le fameux Le Borgne, qui se fera bientôt appeler de Boigne, plus tard rival de Loustaunau, pour l’heure, son allié.
En 1784, aidé des Anglaises le rajah de God à s’empare de la forteresse de Gwalior; Loustaunau, avec ses Rouillas et trois mille Mogols, la reprend le 30 juillet. Blessé u à l’épaule, il est cette fois proclamé “Lion de l’État et tigre de la guerre”
Marié et père de famille
Profitant de la paix revenue, il épouse une jolie “créole” de 17 ans, fille d’un officier et d’une française établie aux Indes, Marie -Suzanne Poulet, e 16 mai 1785, elle lui donne, à Delhi, son premier enfant, une fille, prénommée Madeleine, La même année, Gulam Kadir, sultan musulman de Lahore, (aujourd’hui au Pakistan) déclare la guerre aux Mahrattes. Elle sera longue et parfois indécise. Loustaunau qui est encore intervenu pour sauver des prisonniers menacés est maintenant passé au service d’un autre chef mahratte, Ranjit Singh, rajah des Jath. Dans un ultime épisode, Guam Kadir, dont les cruautés ont fit l’unanimité contre lui est vaincu et décapité le 18 juin 1788 à la bataille de Chapsana. Loustaunau a pu mettre la main sur le trésor du sultan et va le conserver.
Fortune faite
“Il a mangé la grenouille” écrit un mémorialiste. . En fait, son comportement s’explique .Il y a douze ans qu’il guerroie et il a le droit d’être fatigué, d’autant que ses rivaux, comme de Boigne, montent en gloire. Et le 16 septembre, en son palais d’Accra, Marie Loustaunau donne le jour à un deuxième bébé, un garçon, cette fois, prénommé Jean-Baptiste. L’humanité dont il a plusieurs fois fait preuve vis à vis de ses adversaires lui assure un accueil courtois en zone anglaise. Il y restera six ans. Des pièces d’un “procès Loustaunau contre Fortier”, indiquent qu’il a vendu son palais et s’adonne au commerce. Il aurait retrouvé à Chandernagor son protecteur de Montigny, mais celui-ci est destitué en 1790 par le Comité révolutionnaire de la colonie. Notre Aspois se replie à Calcutta, et prépare son voyage retour vers la France, cependant que naît en 1792 son troisième enfant, une fille, Marie-Zoé. Il peut bientôt s’embarquer avec sa femme, leurs trois enfants, une servante nommée “jolie-fille”, et sa belle-mère, Élisabeth de Bellefleur, veuve Omar-Poulet.
Châtelain en Bigorre
La famille débarque à Marseille début 1793, alors que Louis XVI est décapité Et Loustaunau voit ses roupies converties en 200.000 francs d’assignats en papier. Il lui reste heureusement diamants et pierres précieuses. Prudemment, il met pied à terre, à Tarbes, rue de la Cité, (aujourd’hui rue de la Victoire) et c’est là que la petite Marie-Françoise-Zoé est déclarée à l’état-civil. Loustaunau s’empresse de transformer ses assignats en bien foncier, en achetant le ler février 1793 le château de Lacassagne et ses 200 ha au nord de la ville au ci-devant de Castelbajac, qui, veut payer ses dettes et se faire oublier.
C’est là , selon l’état-civil, que le 4 floréal an IV (13 avril 1794) “la citoyenne Jolie-Fille, noire indienne restante chez le citoyen Pierre Loustaunau est accouchée d’un enfant mâle auquel on a donné le prénom de Guillaume”. Peut-être ne faut-il pas chercher loin le “père inconnu” ? Mais en l’absence de tout autre document, restons prudents.
D’autres enfants, légitimes ceux-ci, vont bientôt grandir au château : Marianne, ou Marie-Anne, née le 4 floréal an IV (7 avril 1795), Jean Pierre né le 3 pluviôse an X (25 janvier 1802).
En 1801, Loustaunau se rend à Paris pour inscrire son aîné, Jean-Baptiste, qui a 14 ans, au Lycée impérial. En1799 puis en 1801 il écrit à Bonaparte pour lui proposer un plan détaillé de reconquête des Indes, mais sans réponse. Il ne reste à Loustaunau que les affaires.
Le 18 février 1801 il revend le domaine de Lacassagne, cette fois en bonne monnaie, au préfet Bertrand Lannes, frère du maréchal. Puis le 26 février 1802) , dans l’étude de Me Desberts, notaire tarbais, il achète, au nom de son épouse, à Daniel Guichard une part de “Ferreries d’Urdos”. Il s’agit des Forges, dénommées par la suite Forges d’Abel,
Le maître de forges
L’ancien chevrier ne peut pas remettre les pieds en Aspe sans quelques précautions. C’est à Pau qu’il achète pour pied à terre la maison voisine de l’actuel Hôtel de Ville. Puis il va indemniser les petits propriétaires d’Aydius qu’il avait jadis dépouillés de leurs chèvres. Il se serait présenté à l’entrée du village en homme de loi chargé d’une mission par un ancien berger pour remettre aux victimes un sac d’or et c’est alors seulement que dévoilant son identité, il aurait lancé “Adiù Aydius, nou-m bédéras plus jamey” (Adieu Aydius, tu ne me reverras plus). Aucun document n’atteste cet épisode. M. Dupierris l’estimait pure légende. Au contraire, Lucien Labarrère pensait avoir recueilli un témoignage crédible de la part d’un habitant, M Loustau, descendant d’un Manauthon, adjoint au maire de l’époque,.
Voici donc Loustaunau Maître de Forges. À la place des traditionnelles forges catalanes, il édifie le premier haut-fourneau des Pyrénées et embauche une cinquantaine d’ouvriers dont des Basques et des Espagnols, et bâtit des logements pour eux. Utilisant comme combustible le bois des forêts d’Etsaut, et comme minerai les “pierres noires” ferrugineuses de Peyranère, il va pendant trois ans produire fonte et acier.
Cependant une série de malheurs vont s’abattre sur lui. Le 1er juillet 1805 meurt à Tarbes sa fille Marie-Françoise-Zoé. La maman, son épouse, la rejoint dans la tombe le 21 septembre .
Dans le même temps, Loustaunau semble avoir perdu sa fortune, car les filles de l’ancien châtelain seront plus tard déclarées “indigentes”. La rentabilité des Forges était doute décevante et un long procès l’a opposé à l’Oloronais Jacques Fourcade, son commis, qu’il a licencié pour absence. Le 1er novembre 1806 devant Me Pourilhon, notaire impérial à Sarrance, il signe un contrat avec un associé, M. Feytout qui, en fait, percevra les deux-tiers des bénéfices.
Seule bonne nouvelle en début d’été 1808 : son fils aîné est nommé sous-lieutenant et sera même bientôt promu lieutenant, au combat, en Espagne. Mais cela, son père ne le saura pas, car, ultime malheur, le 27 octobre 1808 un raid des guérilleros espagnols incendie et détruit les Forges. On ne retrouve de lui que son cheval, et on le croit mort. Il a seulement disparu.
Le prisonnier des Barbaresques
La période qui suit, de 1808 à 1812, est la plus obscure de toutes. Selon son récit, Loustaunau, errant à demi fou , est fait prisonnier par les Espagnols et conduit à Mahon, aux Baléares. Là, la ci-devant Duchesse d’Orléans, qui voyage à bord d’un brick anglais, lui donne quelque secours qui lui permettent de s’embarquer vers l’Égypte Mais son navire est capturé par des pirates, et le voilà en Algérie; esclave des Barbaresques. Au bout de trois ans, il s’évade vers Alexandrie puis gagne en Syrie Saint-Jean d’Acre pensant se joindre à une caravane vers l’Asie. Mais sa raison a vacillé, il ne trouve point de caravane, il a dû pour survivre vendre sa main d’argent ; il erre, son moignon enveloppé d’un chiffon rouge, prophétisant, bible en main, et recueillant des aumônes. Un résident européen le prend en pitié. et obtient pour lui un poste de surveillant des jardins de Haiffa.
L’ami de la Châtelaine du Liban
Dernière chance de sa vie : l’aventurière anglaise Lady Hester Stanhope, prototype de “la Châtelaine du Liban” est séduite par ses récits merveilleux. Elle envoie un jour, par l’intermédiaire d’un commerçant de Marseille, 1.000 frs à la famille Loustaunau restée à Tarbes. Bientôt Jean Baptiste Loustaunau, brillant capitaine sous l’Empire mais demi-solde sous la Restauration le rejoint. Il débarque le 3 janvier 1820 à Saïda où arrivée est notée par le consul. L’Anglaise aux 44 printemps s’éprend de ce beau soldat de 32 ans. Mais, hélas, le 18 août 1820, Jean-Baptiste Loutaunau meurt chez lady Stanhope. On ne saura jamais si c’est de maladie ou de poison.
La fin du héros et de sa lignée
Désormais, les traces de Pierre Loustaunau se font rares. En 1838, une correspondance de Lady Stanhope et du Dr Meryon indique que “le prophète vit confortablement dans sa nouvelle maison”. Mais elle-même expire de tuberculose l’année suivante le 11 mars 1839.
En 1840, Ferdinand Perrier, aide de camp de Soliman Pacha en Égypte, regagnant la France et passant par Saïda, décrit ce “vieillard extrêmement remarquable qui se tient à la porte de l’hospice français, à la physionomie toujours noble ,à la main gauche mutilée (…)” dont il recueille le récit;
C’est la dernière vision que l’on ait de Pierre Loustaunau. Il avait 86 ans On suppose qu’il est mort peu après.
Quant à ses autres enfants, Anne et Marianne Loustaunau, toutes deux institutrices sont mortes célibataires. Jean-Pierre Loustaunau, né le 25 janvier 1802, officier d’administration, est mort en Algérie à 55 ans. Il était marié, mais sans enfants Aucun des quatre enfants survivants n’aura donc eu de descendance connue et légitime. Une incertitude demeure sur une concertiste de la deuxième moitié du XIXe qui se selon un journal présentait comme “la petite fille du général des Indes”. On ignore tout d’elle.’
0 notes
Comino presto mengez Spaguetti
-On va avoir besoin du 4 roues (VTT) certain pour aller là-bas!
Me dit mon père.
-J’ai vraiment beaucoup de matériel à amener, j’ai emprunté une autre remorque à mon ami Martin. Va falloir monter à deux véhicules.
C’est donc par un beau matin que je vais chercher le VTT à papa.
-Je sais plus trop si je pars avec ma voiture, les pneus sont finis et ta mère ne veut pas que je roule avec. J’ai rendez-vous avec mon vendeur tantôt. Tiens-toi bien! Il a une occasion en or à m’offrir et surtout une carte de fidélité qui me donne le droit à un paquet d’affaires. 20 ans mon gars que je vais à ce concessionnaire pour l’entretien de mes véhicules!
Quelques heures plus tard, ma mère m’appelle du concessionnaire:
-On s’est acheté un camion neuf, mais il n’a pas de boule (attache-remorque).
Plan B: je retourne le VTT à sa place et je commence à remplir ma remorque.
Ma mère me rappelle alors que je vissais le frigo au plancher de la remorque, c’est loin où je vais.
-Ton père fait dire qu’il va avoir une boule à son camion. Tu vas pouvoir amener le 4 roues à ton père!?!?
- Il est trop tard maintenant, je l’ai déjà retourné, mais c’est bon je vais pouvoir remplir l’autre remorque.
J’aime voyager léger. J’ai aussi un jardin à transporter, mon chien Pauline la borgne et mes outils.
La veille de mon départ, le vendredi vers 13h, je remarque sur ma remorque:
-Peux-tu me faire un miracle? Pour me changer des pneus maintenant.
-Viens t’en, on va te changer ça!
Me dit mon garagiste. Quand je suis arrivé au garage, le pneu était déformé et fissuré.
-R’cule moi ça dans la ‘‘UN’‘, on va le l’ver ton trailer plein.
C’est avec le réfrigérateur et tout le reste dans remorque qu’on remplaça les deux pneus. Comme son frère l’autre était fatigué aussi.
Le matin même, mon père arrive avec son nouveau VUS entièrement équipé, une aubaine. J’en étais jaloux avec mon véhicule qui surchauffe quand je ne mets pas assez de ‘’prestone’’. Il me tend une radio émettrice.
-J’ai le système mains libres, mais je ne sais pas encore comment il fonctionne. J’ai mis des piles neuves, on va pouvoir communiquer. Testing, testing, one, two, m’entends-tu là?
Le voyage se fit sans encombre. On arrêta dîner ‘‘Chez Monica’‘, ils font les meilleurs hot dog au monde.
Notre première mission du lendemain était de démonter la plate-forme construite plusieurs années avant la construction du chalet pour la transformer en abri en haut de la montagne.
C’est grand et lourd à transporter en cette région accidentée:
Nous dûment faire plusieurs aller-retour:
Accompagné par de la mouche noire particulièrement affamée. Le chasse moustique n’était qu’une petite sauce piquante pour ces diptères excités.
C’est à cet emplacement que nous pûmes fabriquer une base pour le futur pavillon.
En vrai chef, j’ai reculé le squelette de forêt en montagne.
Après avoir poussé, tiré, roulé des roches d’un poids supérieur à un poêle de fonte rempli de plomb, il fallut l’aide d’Archimède pour le plus copieux de tous. La pointe de cette pierre était pour ainsi dire pas mal dans le milieu de notre projet. C’est mon procréateur qui eut l’idée du principe du levier. On se rappelle tous de la citation de ce grand maître à penser, Lissa Marcotte. Désolé, Archimède:
-Donne-moi où je puisse me tenir ferme, et j'ébranlerai la Terre.
C’est pas trop clair, mais LE roc est parti, c’est le principal. J’ai eu l’idée un peu plus niaise de faire un trou dans le plancher pour la faire passer, mais:
-Ben voyons don Chrisenfeu! Ça ne peut pas fonctionner de même! Aweille, met un bloc en dessous pour avoir de la pogne!
J’aime bien travailler avec ce grand homme. On s’obstine souvent, mais tout s’efface après comme de la magie. On se connait tellement bien que tout ce qu’on touche devient de l’or. Je t’aime papa!
Ça semble simplet comme cela, mais ça nous a pris un bon deux ou trois jours de dur labeur. C’est solide et fait entièrement avec des matériaux recyclés même les vis.
-Ah! Non! Câlisse!
En faisant une étagère à épices pour ma douce, le marteau est tombé sur ma Bodum à café. Je dois vous avouer que c’est la troisième que je brise depuis la construction de ce rêve.
-T’es pas sérieux!
Mon paternel connait très bien cet anathème qui me pend au nez. Au magasin du village, j’ai le choix entre le traditionnel ou 10$ de plus en métal, je prends le coutumier.
Le soir, on va au point de vue pour le coucher du soleil. La chance qu’on a!
Un couple arrive et vient s’installer pour assister au spectacle. Mon père sur un ton de partir une conversation entre deux peuples:
-Vous venez d’où?
L’homme répond en anglais:
-I’m from italy, Naples.
-Tu viens des États-Unis à Anus?
Là je dis à mon père plus bas :
-Il est italien, il vient de Naples.
-Eille l’italie, c’est loin ça! Good place to be pour vouaire l’immensité. Comment on dit ça Christian l’immensité? C’est mon fils ça, on a construit un chalet nous même. We construct a house, juste là!
Il pointe du doigt l’endroit invisible d’ici. Il me dit aussi qu’il connait les langues.
Il lance à l’homme alors que le couple se lève pour profiter du Québec:
-Comino presto mengez Spaguetti!
L’italien, appelons-le Rocky, lui dit en anglais que le seul mot qu’il a compris c’est le mot spaghetti. Je ris aux larmes et papa de rajouter:
-Y connait rien dans l’italien, j’te jure Chrisenfeu que ça veut dire quelque chose.
Il me dit aussi connaitre l’allemand :
-Commenzi frachen frolaï.
En détachant chaque syllabe à l’extrême.
-Ça veut dire: viens avec moi dans le sens de prostituée! Ce n’est pas trop gentil, mais j’ai appris ça.
Me dit-il, en riant aussi.
Autre projet que je voulais accomplir pendant ma semaine, fabriquer des jardins pour pouvoir avoir de quoi à manger pour les périodes de disette.
On en fait trois dans ce style là. J’ai pu y planter tout ce que j’ai pu amener.
Conversation avec un enfant de trois ans:
-tu vas faire un tour de bateau avec nous?
Que je lui dis.
-Oui, on va aller vite, vite avec des affiches. R’garde, je vais te montrer comment faire...
C’était le clou de la semaine. Mes voisins vont participer à une manifestation contre le projet du gazoduc dans le fjord. Ils ont un voilier et nous avons été engagés comme matelots de quatrième classe. De toutes les manifestations que j’ai fait, et j’en ai pas fait gros de par mon tempérament, c’est celle qui m’a le plus rejoint.
Je suis dans le voilier en arrière-plan. J’étais couché sur le pont et je criais les slogans au bon moment. Un pur délice.
La veille de notre départ:
-Ah! Ben! Ben, voyons! Câlisse de tabarnac!
-Qu’est-ce qu’il y a mon gars?
-J’ai échappé la Bodum, câlisse de crisse!
Comme dirait Richard Desjardins:
- J’aurais dû, ben dû, donc dû, prendre la Bodum en métal...
1 note
·
View note