Tumgik
#'tous ces gens là sont antisémites' etc
girafeduvexin · 5 months
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J'écoute un podcast sur Proust et une femme qui a écrit un livre sur la Recherche explique qu'elle a compris le vide de la noblesse (étant elle-même extraite de ce milieu) en lisant Proust. Et elle dit "la noblesse dans Proust, c'est le vide, les nobles n'ont aucune culture" ce qui est vrai mais tout le monde est "wahou ! Révolutionnaire !" Et. Hm.
Je ne la critique pas du tout et d'ailleurs, j'ai envie d'acheter son livre parce qu'elle parle de sa propre famille et elle compare avec la Recherche, ce qui doit être fascinant(Proust, un roman familial). Je maintiens néanmoins que seuls les feujs et les homos peuvent comprendre Proust du premier coup parce que c'est évident qu'il n'y que Charlus et Swann qui ont un tant soit peu de culture dans ce bouquin ! La culture vient d'un mondain juif et d'un noble homosexuel et ils sont tous les deux rejetés, ingratitude suprême de la noblesse.
Et c'est tellement agaçant quand des films et des analyses fantasment sur la noblesse chez Proust alors que franchement. C'est une fausse piste. Ils tombent dans le même piège que le narrateur, persuadé que cette élite est à la hauteur de sa réputation. Mais ce n'est que du vent...
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tar-one · 4 years
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Tar One – Pas raciste mais… - Juskomsa S2E05
   Beat : Smimooz
   Mix : Smimooz
   Cover : Daex
Comment présenter ce morceau dont je traîne le texte depuis un bail… En disant que les problèmes de racisme m’ont toujours touché au plus profond de ma chair ? Que je suis heureux de voir certaines préoccupations longtemps invisibilisées devenir mainstream ? Je ne sais pas. Ce n’est pas facile de débiter des horreurs pendant 3 couplets, florilège d’arguments moisis pas inventés, tous déjà lus et entendus. C’est un morceau supposé piquer, bousculer, mettre mal à l’aise, faire réfléchir.
 L’islamophobie et la negrophobie/racisme de colon, je ne les vois heureusement que très peu émaner de mes contacts. Je les vois dans des discussions Internet, les médias, dénoncés sur des comptes et médias militants ou via les témoignages de mes potes qui les subissent. L’antisémitisme, je l’ai malheureusement vu plus d’une fois jaillir chez mes contacts, souvent convaincus profondément qu’ils n’y sont pas sujets. Le cœur déchiré par les horreurs subies par le peuple palestinien (qui me déchirent le cœur tout autant), ils mélangent tout, s’abreuvent à de mauvaises sources, croient au complot juif et à tous les éternels fantasmes à des degrés divers. Malheureusement, on entend beaucoup plus souvent dans le rap des rimes antisémites que anti-antisémites ! Combattons cette merde avec la même vigueur que toutes les insupportables formes de discours haineux et déshumanisants.
 Il est très facile en 2020 de trouver essais, articles, vidéos, podcasts, outils pédagogiques et autres autour de l’antiracisme et des combats cousins. Écouter, lire, réfléchir en fermant sa gueule, mettre son ego et ses susceptibilités à l’épreuve me semblent être de cruciaux pas vers l’évolution. Soyons meilleurs, ne ressemblons pas aux infâmes personnages que j’interprète dans ce morceau difficile.
 J’ai grandi dans un environnement très majoritairement blanc puis la diversité a pris de plus en plus de place via des rencontres, les potes, les petites copines, l’école, le basket, le Hip Hop, un taf dans une assoc’ présidée par un congolais, mon taf actuel de formateur en alphabétisation ou mon quartier dans une petite ville où cohabitent pourtant plus de 100 nationalités. Le « vivre ensemble » est devenu mon quotidien, une évidence et non un lointain concept. Je SAIS que les ponts sont possibles, je le vis et ai toujours été très fier d’avoir des liens avec des gens aux backgrounds infiniment variés. Je pensais naïvement que notre génération éradiquerait le racisme, visiblement ya encore du boulot ! Je ne rechignerai jamais à me retrousser les manches pour continuer le combat. One Love y’all
  « Pas raciste mais… » lyrics :
  Je ne suis pas raciste mais j’ai comme une hantise des juifs
Mais attention je suis antisioniste, pas antisémite
Ce dont on nous traite dès qu’on critique
Tous ces traîtres, moi je rêve d’une Palestine libre
Ils tuent des enfants et les médias se taisent
À fond derrière Dieudo qui glisse des tas de quenelles
Il y a des pactes secrets, ils occupent des places de rêve
Que faire contre leur argent et leur pouvoir de merde ?
Sur le net j’ai maté des tas de trucs trop graves
Des reportages, des docus, des interviews de Soral
Veulent contrôler le monde, protocoles des Sages de Sion
Ya du vrai sinon pourquoi tant de persécutions
Oui je parle de complots, traite-moi de fou, vas-y
Illuminatis, Israël pire que les nazis
Je t’avoue, parfois je me demande
Si on aurait pas dû laisser finir le taf aux allemands
Refrain :
Pas raciste mais…
Ya toujours un truc qui pue après le « mais »
Tant d’énergie perdue à tenter d’argumenter
Dans ton cœur de la haine qui n’aurait pas dû entrer (x2)
Je ne suis pas raciste mais peut-être un peu islamophobe
Les arabes, j’sais pas, déjà ils parlent trop fort
C’est con, je sais, mais faut bien reconnaître
Que c’est toujours avec eux qu’il y a des problèmes
Pas tous, y’en a des biens, j’peux pas dire que j’en connais plein
Mais j’ai 2-3 copains qui déconnent bien et ne volent rien ni rien…
Ceux-là d’accord mais qu’ils n’oublient pas qu’on les accueille
Et que celui qui paye peut encore ouvrir sa gueule
Ici ya des valeurs qui nous tiennent à cœur, des traditions
Qu’ils s’adaptent, se mettent à l’heure, nous lâchent avec leur religion
La racaille au travail, ah ça, le CPAS c’est pas mal
Et pourquoi on devrait bouffer halal ?!?
Qu’il serait anormal d’être contre le voile, pour la laïcité
Dans le journal ça parle attentats, fête de l’ Aïd, cités
Qu’ils quittent ce pays si on est ennemis et qu’ils ne s’y plaisent
Ils s’plaignent mais chez eux construis une église ? Ils t’crèvent !
Refrain :
Pas raciste mais…
Ya toujours un truc qui pue après le « mais »
Tant d’énergie perdue à tenter d’argumenter
Dans ton cœur de la haine qui n’aurait pas dû entrer (x2)
Je ne suis pas raciste mais j’ai travaillé des années à la Gécanine
Jusqu’en 60 quand ils nous ont chassés moi et ma famille
Oui moi j’connais l’Afrique, j’y ai passé 30 années
Magnifiques, y ai même gardé des amis
C’est fini, c’est la vie et quoi qu’ils disent comme conneries
Dans l’ensemble c’était positif le temps des colonies
Ils n’avaient rien avant et ils n’ont rien depuis
Seraient bel et bien gagnants s’ils nous demandaient de revenir
Nous on les traitait bien, ils étaient reconnaissants
Du moins ceux assez malins croyant au labeur comme les blancs
Maintenant ils s’y prennent comme des glands
Nous jugent coupables et responsables de tous leurs maux gênants
Morigénant, raisonnement douteux comme leur hygiène
C’est méchant mais ils vont faire quoi ? Me jeter un sortilège ?!
C’est bon, je rigole et puis d’abord
Je ne suis pas raciste, ma belle-sœur est noire et toute la famille l’adore
Refrain :
Pas raciste mais…
Ya toujours un truc qui pue après le « mais »
Tant d’énergie perdue à tenter d’argumenter
Dans ton cœur de la haine qui n’aurait pas dû entrer (x2)
Retrouve mes trucs passés et présents ici :
 tar-one.tumblr.com/ (NEW shit)
 dopeadn.tumblr.com/tagged/tar-one (Archives)
 losermagnifique.tumblr.com/ (Mixtape gratuite 27 tracks, dope shit only)
 taroneledopeemcee.tumblr.com/ (HH/musique US-Fr-B-UK et autres trucs divers que je kiffe)
 www.instagram.com/thomastarone/ (selfies de pute, matérialisme-fétichisme de geek et pics de wannabe photographe)
 tontoncause.tumblr.com/ (articles, billets d'humeur, saintes paroles etc)
 et www.facebook.com/taronedope (réseau social aussi relou qu'incontournable)
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soulthom · 5 years
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Nouveaux réacs
Je reviens d’une marche en ce dimanche ensoleillé bien agréable et que vois-je écrit sur une affiche de pub représentant une femme assise, de profil, dans une pose assez neutre et vraiment pas provocante, mais oh mon Dieu, nue (oui NUE vous avez bien lu) ??!! On la voit recouverte d’un absurde « SEXISME - VANDALISME » ! Le genre d’affiche que je ne remarquerais même pas (oui je sais, c’est gravissime !), comme la plupart des gens à mon avis, tellement elle est peu provocante (et du fait que ce journal ne m’intéresse pas particulièrement), il me semble un numéro de Elle...
« Sexiste » ne signifie pas pourtant « provocant » (donc même si ça l’était ça ne serait pas une remarque appropriée), mais dégradant pour un genre ou un autre. Or j’ai déjà vu des hommes nus dans des poses similaires (en couverture de ce même journal par exemple) ou différentes, peu importe. Représenter des femmes nues serait sexiste si on ne pouvait jamais voir d’hommes nus eux-mêmes (signifiant par là qu’ils seraient « au-dessus » de ça, comme si c’était rabaissant...), or ce n’est pas le cas. Que disent ces nouveaux réacs déguisés en « anti-sexistes » devant des affiches représentant des hommes nus, ils s’évaporent tout d’un coup ou perdent leurs yeux ?
« Anti-sexiste » ne signifie pas non plus « anti-sexe » sauf peut être pour des analphabètes qui dans ce cas feraient bien d’apprendre à s’exprimer ! Et quel rapport entre le mépris (désolé) chrétien ou autre pour le corps et le désir charnel, ou encore contre la « provocation » (artistique ou autre), et nos combats pour la justice sociale ? Rien du tout ! Le jour où toutes les femmes seront voilées en France sera-t-il vu comme le jour de l’émancipation ultime ?
Ce qui est sexiste vis-à-vis des femmes n’est certainement pas de montrer leur corps nu (c’est un contresens grave) mais d’en dégrader l’image en les représentant comme des êtres inférieurs ou à moitié stupides, ce qui certes arrive et m’horripile terriblement d’ailleurs. Mais cela peut se faire sans les représenter nues.
Penser que la nudité est en soi dégradante n’a rien à voir avec l’anti-sexisme mais avec le christianisme, l’islam et autres religions dominantes, et si je déteste le mépris sexiste (qui peut aussi s’appeler mysandrie d’ailleurs), je déteste tout autant le mensonge de ces nouveaux réacs qui cachent leur véritable combat par amalgames ! Qu’ils se réclament franchement de ce qu’ils sont et ok, soit, je ne suis pas pour interdire la bêtise et la religion, ça n’arrangerait rien certes. Mais là il s’agit d’une hypocrite manipulation sémantique et idéologique, d’un contresens grave.
Ces religieux masqués (qu’ils s’en rendent compte ou pas) sont très dangereux pour la pérénité des idées de gauche car ils infiltrent la gauche (enfin ce qu’il en reste, c’est à dire pas grand chose) et autres courants « libertaires », « anars » etc. Et ils risquent de dégoûter les ouvriers et salariés qui ne sont pas forcément intellectuellement armés, des dites idées de gauche, des idées d’émancipation, autogestionnaires etc., et c’est d’ailleurs ce qui arrive depuis un certain temps déjà, la fameuse droitisation de la « classe ouvrière ».
Pour ma part je dis et dirai toujours :
À bas les réacs, à bas l’exploitation, à bas tous les sexismes et nationalismes (y compris les antisémites pouvant enfin défendre une « bonne cause », quelle jubilation j’imagine !) qui visent à diviser la classe ouvrière (qui n’a pour ainsi plus d’existence autre aujourd’hui que de marchandise sur pattes, il faut bien le dire...) ! Mais quand on voit ces crétins du NPA confondre le mouvement ouvrier avec les jaunes (*) (qui portent bien leur nom !) on sent qu’on peut attendre longtemps avant de voir les choses changer. Trotsky doit se retourner dans sa tombe, y compris face au soi-disant « insoumis » qui se délectent de manifs de flics, voient une issue à la crise dans la sortie de l’UE (au lieu d’exiger un gouvernement européen digne de ce nom, pour commencer) et autres fariboles tout aussi délectables... sur ce je dévie quelque peu, bonsoir à tous (oui « à tous » car je rappelle aux analphabètes néo-féministes à tendance réac et autres « antisexistes » qu’il s’agit là de l’emploi du neutre et non pas du « masculin »).
(*) À propos du mouvement des « gilets jaunes » (ils s’appellent eux-même « jaunes » parfois) : qu’il y ait en son sein une partie d’exploités, dont la rage est certes légitime, ne doit pas nous faire oublier que c’est un mouvement plus populiste de droite qu’autre chose (en atteste d’ailleurs ce qui en est sorti politiquement en terme de listes électorales). Qu’un mouvement ouvrier digne de ce nom se doive d’être inclusif vis-à-vis de toutes les victimes du capitalisme, y compris les petit-patrons, ne doit pas nous faire ignorer que la plupart des salariés le sont de PME, et que leur boulot n’en est pas forcément moins pénible ni mal payé (même s’il est vrai que ça peut être dû à la condition pas forcément mirobolante des dits petits patrons et autres “auto-entrepreneurs” (1)) ! Que des patrons n’aient pas réussi aussi bien qu’ils l’auraient souhaité (mais il est vrai que c’est parfois le chômage ou la misère qui pousse certains à se reconvertir en petit patrons) ne doit pas nous faire oublier qu’ils emploient des gens qui manifestent à leurs côtés et dont les intérêts historiques sont à terme opposés. Nous sommes pour l’autogestion de toutes les entreprises (incluant pourquoi pas des ex-patrons “convertis”), bien que cela ne doive reposer que sur la volonté des employés des dites-entreprises et sur rien d’autre. Un État (ouvrier) ne servant qu’à servir cette cause (non au dirigisme “socialiste”) et à la défendre. L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes (et de toutes les couches sociales qui seront décidées à mettre la main à la patte) !
(1) Notons que le statut d’auto-entrepreneur, terme fourre-tout incluant autant des patrons en réalité (qui détiennent le capital) que des employés tout aussi corvéables qu’avant mais précarisés, flexibilisés etc., concerne une bonne partie de ce qui jadis aurait été appelé salariat. Les auto-entrepreneurs constituent une bonne partie du mouvement des Gilets Jaunes, tous ces employés qui eux aussi ont accepté ce statut et qui aujourd’hui se plaignent du libéralisme, banques etc. Mais n’oublions pas que les banques ne sont nourries que de ce qu’on y laisse, emprunte etc.
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reseau-actu · 5 years
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Quand le PDG de Facebook fait l'apologie du réseau social, il ne manque pas de glisser sous le tapis bien des points gênants.
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Mark Zuckerberg va fêter en février les 15 ans de Facebook, et à cette occasion il publie une tribune dans "le Monde", le "Wall Street Journal" et plusieurs titres européens. Ces journaux auraient plutôt dû lui vendre une page de publicité, tant ce texte de 8.000 signes, titré dans "le Monde" "Je souhaite clarifier la manière dont Facebook fonctionne", est un tissu d’omissions intéressées et d’approximations.
Pour le fondateur du réseau social, qui a connu de 2016 à 2018 des années agitées, cet exercice de com est autrement confortable que de devoir répondre à des questions, par exemple sous le feu des parlementaires américains.
Plus subtil que Trump, Zuckerberg ne ment pas frontalement mais biaise en permanence, arrivant ainsi lui aussi à des "faits alternatifs" au rapport modéré avec la réalité. Revenons sur trois sujets : le filtrage publicitaire, les données personnelles et le RGPD.
Pubs ciblées : du bon oubli de la discrimination
Tout le texte publié ce vendredi veut justifier son modèle économique, gratuit et fondé sur la publicité. Il explique donc :
"Les gens nous disent que s’ils doivent voir des publicités, celles-ci doivent être pertinentes pour eux. Pour cela, nous devons comprendre leurs centres d’intérêt. Nous créons donc des catégories – par exemple, 'personne aimant le jardinage et vivant en Espagne' – à partir des pages qu’ils aiment ou encore des contenus sur lesquels ils cliquent. Puis, nous facturons les annonceurs pour qu’ils puissent montrer leurs publicités à ces catégories de personnes. […] Internet permet aussi d’offrir une plus grande transparence et un plus grand contrôle sur les publicités que vous voyez, par rapport à la télévision, la radio ou la presse écrite."
Cette ode à la transparence et au contrôle oublie un point clé : ce filtrage par catégories est régulièrement dénoncé pour ses effets pervers, ni transparents ni contrôlés – sinon a posteriori quand ils ont été signalés de l’extérieur.
Revenons à Facebook et au ciblage publicitaire des antisémites
Ces options de filtrage offertes aux annonceurs ont permis des discriminations, notamment racistes. En octobre 2016, une enquête du journal en ligne ProPublica révélait que le système d'achat de publicités permettait aux annonceurs de cibler leurs destinataires de façon à exclure des catégories d'internautes selon des critères de race ou d'origine, entre autres.
On pouvait choisir qu'un message publicitaire ne soit pas vu de personnes ayant une affinité avec les Afro-Américains, les Américains d'origine asiatique ou les hispaniques. Ce qui pouvait amener à des discriminations illégales aux Etats-Unis en matière de logement par exemple, interdisant de discriminer selon de tels critères. Facebook a réagi en promettant de mettre fin à cette situation, et en février 2017 il a annoncé un système automatique pour détecter les publicités problématiques.
Raté : en septembre 2017, ProPublica montrait que des publicités pouvaient cibler des utilisateurs affichant leur antisémitisme. En novembre de la même année, ProPublica débusquait de nombreuses possibilités de filtrage discriminant : ses journalistes ont pu acheter des publicités invisibles aux "Afro-Américains, mères de lycéens, personnes intéressées par des fauteuils roulants, Juifs, expatriés d'Argentine et personnes de langue espagnole".
Facebook réagissait en admettant "un raté technique" auquel il allait mettre bon ordre. En vain semble-t-il, puisqu’en août 2018 le ministère américain du Logement portait plainte contre l’entreprise, accusée d’autoriser des pratiques discriminatoires. Cette fois, Facebook a annoncé supprimer plus de 5.000 options de filtrage publicitaire pour éviter des publicités discriminatoires.
On ne peut pas faire confiance à Facebook pour s'autoréguler, selon un ex-salarié
La plupart de ces options permettaient d’identifier et d’exclure des groupes ethniques ou religieux. Ainsi en bloquant les personnes intéressées par "Passover" (en anglais, la fête juive de Pessah), un annonceur pouvait empêcher des internautes juifs de voir ses publicités. Une annonce de location immobilière excluant les personnes intéressées par la culture amérindienne pouvait empêcher des Amérindiens de louer, etc.
Des incidents techniques malheureux... ou la conséquence répétée d'un système ? En 2017, Olivier Ertzscheid, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, auteur entre autres de "l'Appétit des géants" (C&F Editions), commentait :
"Je ne crois pas un seul instant que ce ménage sera effectué de manière pérenne et que ces biais, sortis par la porte de l'opinion publique effarouchée, ne reviendront pas par la fenêtre de l'intérêt commercial supérieur."
Il estime aujourd'hui à propos du plaidoyer de Zuckerberg :
"Si Facebook souhaite réellement devenir un média citoyen respectueux des droits des utilisateurs il doit commencer par assumer la charge pleine et entière de la régulation, ce que rend totalement impossible son modèle économique actuel."
Données personnelles : Cambridge Analytica, vous connaissez ?
C’est peut-être le sujet le plus brûlant pour Facebook : la montagne d’informations personnelles que le réseau social accumule sur ses utilisateurs.
Des chercheurs estiment depuis des années pouvoir extrapoler l’âge, l’orientation politique, sexuelle, la religion et d’autres données individuelles en se basant sur les "j’aime" (like) sur le réseau social. Selon une équipe de Cambridge, sur la base de 68 "j'aime" d'un utilisateur, ils pouvaient prédire la couleur de peau (à 95% d'exactitude), l'orientation sexuelle (à 88% d'exactitude), et l'affiliation aux républicains ou aux démocrates (à 85%). Et d'autres traits pouvaient aussi être estimés, comme la religion, la consommation d'alcool, de tabac ou de drogues...
Enquête sur l’algo le plus flippant de Facebook
Zuckerberg écrit :
"Parfois, les gens en déduisent que nous faisons des choses que nous ne faisons pas. Par exemple, nous ne vendons pas les données des gens, contrairement à ce qui est souvent rapporté. En réalité, vendre les données des utilisateurs aux annonceurs irait à l’encontre de nos intérêts commerciaux, car cela réduirait la valeur intrinsèque de notre service pour ces derniers. Il est donc dans notre intérêt de protéger les données personnelles et d’empêcher qu’elles soient accessibles à d’autres."
La tribune compte 1.369 mots, mais n’y figurent pas ces deux-ci : Cambridge Analytica. C’est pourtant avec la révélation en mars 2018 par le "New York Times" et le "Guardian" du rôle de cette entreprise de marketing politique dans la victoire de Trump, pour lequel elle disait avoir profilé la totalité de la population américaine, que les ennuis de Facebook sont devenus importants.
Après la victoire du milliardaire, le PDG de Cambridge Analytica, Alexander Nix, publiait ce communiqué triomphaliste (supprimé ensuite, mais archivé là) :
"Nous sommes ravis que notre approche révolutionnaire de la communication, fondée sur les données, ait joué un rôle si important dans la victoire extraordinaire du président élu Trump."
Cambridge Analytica, détenue par le discret milliardaire ultraconservateur Robert Mercer et alors dirigée par Steve Bannon, qui sera ensuite directeur de campagne puis conseiller spécial de Trump (avant d’être viré avec fracas), a récolté des données sans autorisation, en 2014, auprès de dizaines de millions d'utilisateurs Facebook, profitant d’une fonctionnalité, supprimée ensuite par le réseau social.
A la source de ces révélations, un scientifique des données (data scientist), Christopher Wylie, a expliqué :
"Nous avons utilisé Facebook pour récolter des millions de profils de gens. Et construit des modèles pour exploiter ce que nous savions d'eux et cibler leurs démons intérieurs. C'était la base sur laquelle a été construite toute la compagnie."
Christophe Wylie a été alors bloqué sur Facebook, de même qu’Instagram et WhatsApp (qui appartiennent à Facebook). La transparence a ses limites.
En avril 2018, une autre ex-employée, Brittany Kaiser, a estimé devant des parlementaires britanniques que des informations personnelles de citoyens du Royaume-Uni ont été utilisées abusivement pendant la campagne pour le référendum sur le Brexit, et que le nombre d'utilisateurs de Facebook dont les données avaient été siphonnées par CA était bien plus grand que les 87 millions admis par le réseau social.
"Nous ne vendons pas les données des gens", écrit Mark Zuckerberg aujourd’hui : nuance… il les a échangées pendant des années avec d’autres géants du Web comme Amazon ou Microsoft, selon une enquête en décembre 2018 du "New York Times".
Le RGPD, pour mémoire
Puisqu’il est question de données personnelles, le PDG pouvait difficilement faire l’impasse sur le RGPD, ce règlement européen  qui oblige les acteurs du Net, même hors UE, à améliorer leurs pratiques. Ce qui donne dans la tribune :
"Lorsque, en accord avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD), nous avons demandé aux gens la permission d’utiliser ces informations pour améliorer les publicités qu’ils voient, la grande majorité a donné son accord, car ils préfèrent voir des réclames plus pertinentes."
Le RGPD, c’est simple, Zuckerberg n’en pense quasiment que du bien, d’ailleurs sa compagnie affirmait en avril 2018 : "Facebook se conforme au RGPD et offre de nouvelles protections à tous, partout dans le monde."
Facebook va mettre hors de portée de la loi européenne 1,5 milliard d'utilisateurs
Sauf que… le réseau social s’est empressé avant l’entrée en vigueur, le 25 mai 2018, du RGPD, de mettre hors de portée d’application 1,5 milliard de ses utilisateurs(ou plus exactement de ses comptes – certains internautes en ayant plusieurs – sur les 2 milliards atteints fin 2018). Auparavant rattachés à Facebook Irlande, une filiale créée en 2008 pour profiter de la fiscalité locale très tempérée, 1,5 milliard d'utilisateurs de Facebook d'Afrique, Asie, Australie et Amérique latine, ont opportunément été "rapatriés" aux Etats-Unis.
Mark Zuckerberg avait argumenté en citant la concurrence chinoise (où Facebook, comme Twitter ou Google parmi d’autres, est toujours interdit) en déclarant devant le Congrès américain, en avril 2018 :
"Il y a un équilibre extrêmement important à trouver quand il faut donner un consentement spécial pour des choses sensibles comme la reconnaissance faciale. Mais ne faites pas... Mais nous devons toujours faire en sorte que les entreprises américaines puissent innover dans ces domaines. Ou sinon, nous allons passer derrière les concurrents chinois et d'autres dans le monde qui ont des régimes différents pour de nouvelles fonctionnalités comme celle-là."
  Facebook, Google... Tous fichés
Par ailleurs, si "la grande majorité a donné son accord" comme le dit dans sa tribune ce vendredi Zuckerberg, ont-ils le choix ? Comment leur sont présentées les conditions (sur la reconnaissance faciale, par exemple, glissée dans un recoin) ? La Cnil a justifié sa condamnation de Google cette semaine (50 millions d'euros, un montant record permis par le RGPD, et qui aurait pu aller jusqu'à 4% du chiffre d'affaires mondial) par la complication qui empêche l’internaute de régler facilement ses exigences de vie privée.
Voir aussi les griefs de la plainte collective déposée par l’association La Quadrature du Net (qui s’est appuyée sur le RGPD pour lancer sa campagne contre les Gafam, dont le premier effet a été la condamnation de Google). Cette plainte est du ressort de l’Irlande ; l’autorité locale équivalente de la Cnil sera-t-elle convaincue par les arguments de Zuckerberg sur cette merveille de transparence que serait Facebook ?
Thierry Noisette
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blogpresso · 7 years
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New Post on Actualités
Nouveau post sur http://www.blogpresso.com/comment-le-terrorisme-a-reveille-la-betise-politique-francaise/
comment le terrorisme a réveillé la bêtise politique française.
  Où l’on évoque cette horreur à laquelle on s’habitue, sans pour autant l’accepter, cette violence qui appelle la bêtise, le manque de sang-froid et de retenue, les esprits qui s’échauffent et ceux qui font ainsi le jeu des terroristes. 
La semaine précédente s’était achevée sur des images improbables de nazis vociférant dans les rues d’une ville de Virginie, une voiture précipitée contre les contre-manifestants pour tuer et blesser, et un défilé de milices surarmées. La suivante s’est achevée dans l’horreur d’un nouvel attentat à Barcelone, répliquant le modèle de Nice le 14 juillet 2016.
youtube
Terrorisme nazi
 A Charlottesville en Virginie, la menace de dépôt de la statue d’un général sudiste a attiré une manifestation de quelques milliers de soutiens. On a pu voir défiler des skinheads, des pères de famille exhibant leur tatouage de croix gammées, des suprémacistes blancs et autres antisémites vociférant leur haine de l’autre, ou des nostalgiques du KKK. Ce défilé était une démonstration de force, il visait à faire peur, à terroriser « l’ennemi ». Il n’en fut rien.
Devant ces images d’un autre temps, la cohorte des contre-manifestants a au contraire rapidement grandi, puis des heurts, des coups de poing ou de matraque, et, samedi, l’un de ces nazis précipite sa voiture pour tuer et blesser dans la foule. Cet attentat est mollement dénoncé par Trump le samedi. Puis le président se reprend le dimanche.
Mais mardi, Trump récidive devant la presse. Il fait un parallèle entre ce général Lee et George Washington. Il explique qu’il y avait des gens « bien » parmi ces suprémacistes blancs qui brandissaient leurs torches comme au sale temps du KKK. Il renvoie dos-à-dos nazis et anti-nazis, « ultra-droite » et antifa. La presse américaine découvre le terme antifa, sans se souvenir que parmi les plus efficaces des premiers antifascistes, il y avait justement ces milliers de GIs américains venus déloger Mussolini dès 1943 puis Hitler l’année suivante de l’Europe de l’Ouest. Ce mardi-là, une partie conservatrice de l’Amérique politique refusait cet héritage et oubliait ses racines.
La réaction indigne de Donald Trump a suscité quelques réactions sans surprise et indécentes en Sarkofrance.
La pudeur élyséenne a d’abord surpris. Alors que les manifestations d’indignation se multiplient aux États-Unis et ailleurs, Macron suit sa ligne clémente, incroyablement clémente avec le clown dangereux de la Maison Blanche. Comme lors de l’épisode nord-coréen où il fut l’un des rares dirigeants occidentaux à éviter de critiquer Trump, Jupiter une fois encore épargne Trump d’une quelconque critique directe. L’attentat de Charlottesville serait-il une affaire si strictement intérieure qu’il ne mérite rien de mieux ? Macron attend donc 5 longs jours, perché dans sa luxueuse villégiature marseillaise, entre deux visites touristiques scénarisées, pour pondre un tweet tout en retenue: « Aux côtés de ceux qui combattent le racisme et la xénophobie. Notre combat commun, hier comme aujourd’hui. #Charlottesville ».
Macron n’est pas seul. Quelques médias français dérapent. Valeurs Actuelles dénonce le « racisme anti-blanc », d’autres minimisent l’évènement, n’évoquant que « violences » et « voiture folle« .
Macron est agacé. Son agenda de communication est perturbé. Des paparazzi l’ont attrapé alors qu’un joli publi-reportage à la gloire de Brigitte était diffusé sur ELLE. Jupiter a du menacer des photographes qui insistaient pour refuser le cadre lisse et scénarisé de son agence de publicité. Il exige d’être accompagné quand il rend visite aux joueurs de l’OM (en exhibant leur maillot), ou quand il visite la Cité Radieuse, « en toute discrétion ». Il a porté plainte pour harcèlement contre l’un d’entre eux, sans rire. Pauvre Jupiter... Le Point titre quand même sur « Macron, l’homme le plus puissant du monde ».
Qu’il est dur d’être aimé par des cons.
Ne riez pas.
Terrorisme islamiste Jeudi, le temps s’arrête. On oublie Charlottesville. Un terrorisme chasse l’autre. Et le second frappe à nos frontières, chez nos voisins espagnols, avec toujours cette ampleur inégalée. 
A Barcelone, 13 personnes sont tuées et des dizaines d’autres blessées par un terroriste au volant d’une camionnette dans les Ramblas. Puis la police tue 5 terroristes dans une station balnéaire à une centaine de kilomètres de là.
L’attentat de Barcelone réveille la bêtise et la mauvaise foi.
Trump, qui expliquait 48 heures avant qu’il avait attendu 36 heures avant de réagir sur les évènements de Charlottesville, réagit dans les minutes qui suivent l’annonce du drame. Il prône immédiatement l’exécution sommaire des terroristes (nous sommes sûrs que cet argument fera hésiter nombre de candidats à l’attentat-suicide… sic!) en tweetant sur une légende dénoncée par les historiens.
Marine Le Pen et sa troupe de suppôts braillards, qui étaient visiblement tous plongés dans un profond coma politique tant ils étaient silencieux depuis les défilés nazis de Charlottesville, se réveillent sur les réseaux sociaux et devant les micro pour brailler contre le « terrorisme islamissssssste« . Il y a des épouvantails plus efficaces que d’autres, n’est-ce pas ? « Il ne faut JAMAIS s’habituer à vivre avec le terrorisme islamiste » explique-t-elle.  
Et rien sur les nazis ?
La droite n’est pas en reste. Quelques supporteurs de Fillon expliquent sur les réseaux sociaux que les attentats auraient été évité si leur ancien mentor avait été élu à l’Elysée (sic!): « Français, vous pouviez agir contre le totalitarisme islamique en votant François Fillon, et ne l’avez pas fait. Assumez » écrit ainsi un élu du mouvement d’ultra-droite Sens Commun. D’autres sous-ténors accusent la macronista de refuser de nommer l’ennemi. « le terrorisme islamiste quand aurez-vous le courage de le dénommer pour le combattre Emmanuel Macron? » tweete Nadine Morano. « Nous devons nommer le mal pour le combattre! » renchérit Eric Ciotti.
Vraiment ? Qui ne sait ni ne veut voir que ce terrorisme est islamiste ? Qui ne comprend que Daech attend précisément cette « reconnaissance » officielle ?
Le Figaro publie opportunément un reportage sur ces « 460 enfants revenants » de Daech: « les services ont comptabilisé environ 460 enfants résidant sur le territoire de Daech susceptibles de rentrer. » Le titre claque comme un appel au stress: « la moitié des mineurs listés par la France en Irak et en Syrie ont moins de 5 ans.« 
Fichtre ! Tremblez, citoyen(ne)s, la menace est partout, ces lionceaux de Daech sont partout.
Les morts de Barcelone n’étaient pas enterrés que d’autres « fous de Dieu » poignardent au hasard dans les rues de Turku, en Finlande. Deux passants sont tués. Ils en ont tué 18 à Ouagadougou, 5 jours avant. Paris n’a pourtant pas illuminé sa Tour Eiffel.
La violence reprend ses droits. Sur les ondes radiophoniques, le sinistre Gérard Collomb déboule pour justifier sa prochaine loi sécuritaire: « Nous avons besoin de protéger les Français. De permettre à nos services d’agir. C’est le sens du projet de loi sécurité que nous portons. » Vraiment ? Ce projet, présenté fin juin en Conseil des ministres, adopté en première lecture par le Sénat le 18 juillet, est à l’agenda de l’Assemblée pour la rentrée. Ce projet intègre toutes les mesures de surveillance attentatoires à la vie privée dans le droit commun, et autorise la création de zones temporaires de protection de manière préventive où les contrôles de sécurité seront similaires à ceux en pratique en situation d’état d’urgence (perquisitions, fouilles corporelles, etc.).
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La violence permet aussi d’éviter de parler des sujets qui fâchent. A l’international, la déstabilisation du Moyen Orient ou les surenchères diplomatiques de Trump. En France, le programme de destruction sociale de Jupiter. Le gouvernement plancherait sur le remboursement intégral des frais d’optique et dentaires, une promesse de campagne du candidat Macron. Trop cher, préviennent les syndicats médicaux. Mais la ministre de la Santé pense avoir trouvé la martingale, les mutuelles de santé. Autre sujet, tout aussi social, le ministère du Travail prévient qu’il faut supprimer 110 000 emplois aidés. La rentrée sera chaude puisque la moitié de ces postes bénéficient à l’Éducation nationale. La droite cache sa joie.
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La violence appelle la bêtise. A Charlottesville, il fallait au contraire expliquer que les nazis et autres suprémacistes qui manifestaient ne représentaient qu’eux-mêmes, c’est-à-dire des racistes, malgré la dénomination mensongère (« unité des droites« ) dont ils avaient affublé leur manifestation. A Barcelone comme à Turku ou à Ouagadougou, Daech est dans une démarche similaire, s’attribuer une représentativité au nom de l’islam qu’il n’a pas. Ne pas comprendre cela revient à passer à côté de l’Histoire.
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reseau-actu · 5 years
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Accueillie à l’université britannique par des manifestants anti-fascistes, l’ancienne députée FN a livré son analyse du mouvement des « gilets jaunes ».
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« Le Pen plus jamais ! » La neige tombe depuis des heures sur le bitume anglais. Gil, dont la capuche désormais vaine laisse deviner une tignasse péroxydée, tient à bout de bras une pancarte où un « Fuck » menace de s’effacer. L’étudiant en sciences des matériaux de 22 ans est venu protester, mardi 22 janvier, contre la venue de Marion Maréchal à la Oxford Union, une association d’étudiants de la prestigieuse université britannique.
Gil n’est pas certain de bien placer l’invitée sur l’arbre de la famille Le Pen. En revanche, il n’a aucun doute quant au rang qu’il attribue à la nièce de Marine Le Pen et petite-fille de Jean-Marie Le Pen, sur l’échiquier politique : « Elle peut relooker son nom comme elle veut, on sait ce qu’il y a derrière. Le fascisme. »
Fabriquer les élites conservatrices de demain
Derrière la grille de la bâtisse aux briques rouges et son comité d’accueil sonore, Marion Maréchal tient pourtant à préciser pour la énième fois qu’elle se déplace sans sa particule politique. « Je ne suis plus une femme politique », répète encore la « retraitée » même pas trentenaire, dans le faste des boiseries anglaises.
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Aujourd’hui départie de son tiret Le Pen, l’ancienne députée Front national (FN) de Vaucluse s’est reconvertie en directrice d’école (de sciences politiques) avec un objectif affiché : fabriquer les élites conservatrices de demain.
Depuis la présidentielle perdue par l’extrême droite française, elle a en effet abandonné à sa tante la bataille électorale, pour s’emparer de son propre territoire, non moins politique : l’infusion des idées, jusqu’à récupérer la figure du penseur marxiste italien Antonio Gramsci, selon lequel toute victoire politique passerait d’abord par une conquête des esprits.
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Mais elle qui brandit sa nouvelle vie « métapolitique » depuis un an et demi sait se rappeler à la mémoire des électeurs. En laissant glisser ici une petite phrase sur le président Macron ou l’actualité des « gilets jaunes » ; en profitant là d’une invitation internationale pour faire passer un message politique français. A Oxford, entre vitraux et Doc Marteens, elle est même parvenue à conjuguer les deux.
Tournée mondiale
Après une virée très observée à Washington, il y a un an, chez les conservateurs américains, puis un rendez-vous italien plus discret, à l’été 2018 ; et avant deux rendez-vous murmurés au Brésil et en Russie, Marion Maréchal venait donc discourir de la fracture entre l’élite et le peuple... devant quelques 200 étudiants de l’université pour le moins élitiste d’Oxford.
Et comme tout bon discours politique, le sien a démarré sur une citation de de Gaulle, devant cette même Oxford Union en 1941 : « La France et l’Angleterre ont été les champions de la liberté des hommes. La liberté périra si ces champions ne s’unissent pas. »
Avant de passer au cœur du sujet : le mouvement des « gilets jaunes ». « Bien des membres de l’élite, de notre président à nos ministres ou journalistes (...) qualifient les “gilets jaunes” de “troupeau sauvage, peste, ploucs, racistes, antisémites, homophobes” etc... », avance ainsi Marion Maréchal. Les mêmes mots, selon elle, que ceux utilisés « pour décrire ceux qui ont soutenu le Brexit ». Les mêmes mots également, ou presque, que ceux utilisés par Steve Bannon en mars 2018, lorsque l’ancien conseiller de Donald Trump exaltait la foule du congrès frontiste d’un « laissez les vous appeler racistes, xénophobes, islamophobes. Portez-le comme un badge d’honneur ».
Comme lui, Marion Maréchal est loin de renier l’avancée et le terme même de populisme. « Le populisme est le nom donné aux gens par la gauche lorsque les gens ne sont pas d’accord avec eux, s’amuse-t-elle. Et nous sommes au cœur d’un moment populiste. » Brexit, « gilets jaunes » : mêmes causes, mêmes effets, selon elle. Et une colère contre les élites partagée par tous ceux qui ont « l’impression que l’histoire est en train de s’écrire sans eux ».
Le « système » pointé du doigt
Car l’ancienne cadre du parti d’extrême droite n’en oublie pas de pointer celui qu’elle estime responsable de la rupture : le « système ». « Le mouvement des “gilets jaunes” est la réponse des gens à ce système (...) qui prône l’immigration comme une obligation morale » ou « la mondialisation incontrôlée comme un véhicule de prospérité », tance la conservatrice anti-procréation médicale assistée (PMA) et anti-mariage pour tous, invoquant des « principes hérités de notre civilisation chrétienne et gréco-romaine » avant de conclure que « deux choses doivent être préservées : l’identité et la souveraineté ».
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Dehors, les « honte à vous » se sont tus. « C’est moins le bordel que la dernière fois », sourit une étudiante en droit. En décembre 2018, elle était venue écouter Steve Bannon au même endroit. Ses parents sont iraniens, tient-elle à préciser, comme un va-tout la protégeant des slogans qui ont résonné tout au long de l’après-midi.
« Venir les écouter, ce n’est pas adhérer à leurs idées, insiste-t-elle, ajoutant qu’elle trouve contre-productif de tenter de les en empêcher. Cela ne fait que les conforter. Après, ils peuvent dire : “Regardez ils veulent m’interdire de parler, c’est que je suis important”. »
Son voisin de banc, Nathan, n’a pas davantage l’impression d’être devenu « nazi » en passant la grille en fer forgé. D’ailleurs, le jeune Irlandais est plutôt « dans l’autre camp », « fan fan fan » d’Emmanuel Macron au point d’avoir affiché des articles sur le président français, dans sa chambre d’étudiant en histoire. Mais Nathan, à tout juste 20 ans, avoue ne pas comprendre l’utilité de ceux qui veulent leur interdire l’entrée. « Regardez Trump, regardez le Brexit, ça a étonné tout le monde. Ce n’est pas en les ignorant ou en leur interdisant de venir qu’on peut les combattre. Mais justement, en les écoutant. »
Lucie Soullier (Oxford, envoyée spéciale)
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