Tumgik
avocatdudiable · 2 years
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Vous avez dit fin de l’histoire ?
Cela devait être la fin de l’histoire. Le début d’un voyage paisible, d’une journée sans fin pour cette génération.
Elle ne devait plus connaitre de guerres à ses frontières, la Russie a frappé à la porte de l’Ukraine, de l’Europe. En attendant peut être la Chine et Taïwan.
Elle ne devait plus vivre d’épidémie, le Covid a fragilisé pendant 2 ans la vie de chaque citoyen entre craintes réelles et mesures qui n’auront pas toujours brillé par leurs rationalités.
Elle devait s’affranchir du fait religieux, il prend de nouveau une place inattendue dans la société entre les mains d’idiots utiles qui en font une instrumentalisation politique au service de leurs soif de pouvoir.
Elle devait s’avachir dans la société de consommation, la voilà tête de pont de certains combats pour la frugalité si ce n’est, pour les plus radicaux, en rêvant au mirage de la décroissance.
Elle devait construire sa vie et porter la génération suivante dans une prospérité économique éternelle, elle devra composer avec l’inflation ou anticiper sa retraite pour ne pas être le dindon de la farce d’une pyramide de Ponzi connue et intenable.
Elle avait devant elle une succession d’années sans craintes toujours renouvelées.
L’histoire a cependant brusquement rappelé son caractère tragique. Et avec une intensité aussi inattendue que singulière, miroir du rythme effréné de nos vies. Ces épreuves sonnent probablement la fin de la naïveté et ouvrent à un monde cette fois ci réellement incertain.
Alors qu’elle est à son tour en âge de s’engager, de devenir parent, de transmettre, cette génération peut ainsi légitimement se poser un certain nombre de questions sur son avenir et sa raison d’être.
Elle pourrait effectivement se sentir victime passive d’une succession d’événements qui la précipite parmi les spectres de ce qu’elle croyait appartenir au passé. Elle est pour cela, il est vrai, bien aidé par la partition de catastrophismes jouée par médias ou politiques à la recherche de l’attention ou par la puissance des réseaux sociaux qui donnent au complotiste et à l’extrémiste la même capacité d’influence que l’érudit.
A une époque où le projet de société d’une majorité est remplacé par les revendications catégorielles des minorités, la caricature dressée par chaque camp radicalise les prises de positions, l’absence de nuance pèse et renforce les craintes d’un chaos proche. Il ne nous resterait que 3 ans, les élections de la dernière chance, la fin du modèle français…  Le catastrophisme tue à petit feu la capacité de discernement si ce n’est la bienveillance vis-à-vis de ceux qui pensent heureusement différemment de nous.
Cette injonction à la radicalité et à l’immédiateté a malheureusement fait perdre de vue les effets bénéfiques de l’histoire de l’humanité que l’on observe aisément en analysant son évolution récente que ce soit en terme économiques ou sociaux. Elles privent d’une capacité à agir sur le long terme avec confiance.
Cette génération qui arrive aux manettes navigue à vue et prend peur de s’échouer entre les dangers qui la guette comme le souligne les différentes études sur le niveau de confiance en l’avenir des français. Les formations politiques extrêmes sont aux aguets et se retrouvent malgré elles renforcées par le poids du centre (qui dramatise désormais les élections appelant à « l’intérêt supérieur de la nation »), mettant en péril le modèle d’alternance démocratique permettant au plus grand nombre de se retrouver dans un projet de société équilibré, raisonnable. Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.
Court-termisme, intérêts politiques, préemption par la sphère publique de chaque espace au détriment de la responsabilité et de la liberté de chacun ou quoi qu’il en coûte terriblement inquiétant qui asservit contribuent à infantiliser au détriment de la valorisation des capacités de chaque individu. Dès lors que nous ne serons plus en capacité de gérer nos propres vies sans l’intervention de l’Etat, comment ne pas douter de soi, de l’autre, de l’avenir ?
L’émotion de chaque nouvelle négative raisonne comme autant de coups de semonces sur le réel créant un macro-pessimisme pesant et freine la capacité à prendre des décisions basées sur la raison, la science et l’humanisme.
Pour donner des perspectives plus réjouissantes et reprendre la main avec sérénité sur son avenir, cette génération a grand intérêt à éviter l'irrationalité qui l’entoure pour privilégier la rationalité heureuse et à se détacher de la main généreuse qui l’empêche d’être le maitre de sa propre vie.
Et se souvenir de Spinoza : « les hommes que la raison gouverne ne désire rien pour eux-mêmes qu’ils ne désirent également pour tous les autres »
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